"Lisez cette œuvre et faites-la lire"
Jésus (Chapitre 38, Volume 10 ) à propos de
l’Évangile tel qu’il m’a été révélé.

L'Évangile de la Messe Paul VI
et l’Évangile tel qu’il m’a été révélé de Maria Valtorta.
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Dimanche 26 juillet 2009, Dix-septième dimanche du temps ordinaire

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 6,1-15.
Jésus était passé de l'autre côté du lac de Tibériade (appelé aussi mer de Galilée).Une grande foule le suivait, parce qu'elle avait vu les signes qu'il accomplissait en guérissant les malades. Jésus gagna la montagne, et là, il s'assit avec ses disciples. C'était un peu avant la Pâque, qui est la grande fête des Juifs. Jésus leva les yeux et vit qu'une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu'ils aient à manger ? » Il disait cela pour le mettre à l'épreuve, car lui-même savait bien ce qu'il allait faire. Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun ait un petit morceau de pain. » Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d'orge et deux poissons, mais qu'est-ce que cela pour tant de monde ! » Jésus dit : « Faites-les asseoir. » Il y avait beaucoup d'herbe à cet endroit. Ils s'assirent donc, au nombre d'environ cinq mille hommes. Alors Jésus prit les pains, et, après avoir rendu grâce, les leur distribua ; il leur donna aussi du poisson, autant qu'ils en voulaient. Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : « Ramassez les morceaux qui restent, pour que rien ne soit perdu. » Ils les ramassèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux qui restaient des cinq pains d'orge après le repas. A la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C'est vraiment lui le grand Prophète, celui qui vient dans le monde. » Mais Jésus savait qu'ils étaient sur le point de venir le prendre de force et faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira, tout seul, dans la montagne.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 4, Ch 136, p 328 - CD 4 (2ème cd), piste 137 -
C'est toujours le même endroit. Seulement le soleil ne vient plus de l'orient en filtrant à travers le fourré qui borde le Jourdain en ce lieu sauvage près de l'endroit où les eaux du lac débouchent dans le lit du fleuve, mais il arrive, pareillement oblique, du couchant, pendant qu'il descend dans une gloire de rouge, en rayant le ciel de ses derniers rayons. Et sous l'épais feuillage, la lumière est très adoucie et tend vers les teintes paisibles du soir. Les oiseaux, enivrés du soleil qu'ils ont eu tout le jour, de la nourriture abondante qu'ils ont prise dans les campagnes voisines, se livrent à une bacchanale de trilles et de chants au sommet des arbres. Le soir tombe avec les pompes finales de la journée. Les apôtres le font remarquer à Jésus qui donne toujours son enseignement d'après les exemples qui se présentent à Lui. “Maître, le soir approche, l'endroit est désert, éloigné des maisons et des villages, ombreux et humide. Sous peu, ici il ne sera plus possible de nous voir ni de marcher. La lune se lève tard. Renvoie le peuple pour qu'il aille à Tarichée ou aux villages du Jourdain pour acheter de la nourriture et chercher un logement.” “Il n'est pas nécessaire qu'ils s'en aillent. Donnez-leur à manger. ils peuvent dormir ici comme ils ont dormi en m'attendant.” “Il ne nous reste que cinq pains et deux poissons, Maître, tu le sais.” “Apportez-les-moi.” “André, va chercher l'enfant. C'est lui qui garde la bourse. Il y a peu de temps il était avec le fils du scribe et deux autres, occupé à se faire des couronnes de fleurs en jouant au roi.” André y va vivement et aussi Jean et Philippe se mettent à chercher Margziam. dans la foule toujours en déplacement. Ils le trouvent presque en même temps, avec son sac de vivres en bandoulière, un long sarment de clématite enroulé autour de la tête et une ceinture de clématite de laquelle pend, en guise d'épée, une massette dont la garde est la massette proprement dite, la lame sa tige. Avec lui, il y en a sept autres pareillement chamarrés, et ils font un cortège au fils du scribe, un enfant très grêle, avec l'œil très sérieux de qui a tant souffert qui, plus fleuri que les autres, tient le rôle de roi. “Viens, Margziam. Le Maître te demande!” Margziam. plante là ses amis et s'en va rapidement, sans même enlever ses… ornements floraux, mais les autres le suivent aussi et Jésus est vite entouré d'une couronne d'enfants enguirlandés. Il les caresse pendant que Philippe sort du sac un paquet avec du pain, au milieu duquel sont enveloppés deux gros poissons: deux kilos de poissons, un peu plus. Insuffisants même pour les dix-sept, ou plutôt les dix-huit avec Manaën, de la troupe de Jésus. On apporte ces vivres au Maître. “C'est bien. Maintenant apportez-moi dés paniers. Dix-sept, un pour chacun. Margziam donnera la nourriture aux enfants…” Jésus regarde fixement le scribe qui est toujours resté près de Lui et lui demande: “Veux-tu donner, toi aussi, la nourriture aux affamés?” “Cela me plairait, mais moi aussi j'en suis démuni.” “Donne la mienne. Je te le permets.” “Mais… tu as l'intention de rassasier presque cinq mille hommes, et en plus les femmes et les enfants, avec ces deux poissons et ces cinq pains?” “Sans aucun doute. Ne sois pas incrédule. Celui qui croit, verra s'accomplir le miracle.” “Oh! alors, je veux bien distribuer la nourriture, moi aussi!” “Alors, fais-toi donner un panier, toi aussi.” Les apôtres reviennent avec des paniers et des corbeilles larges et peu profonds, ou bien profonds et étroits. Et le scribe revient avec un panier plutôt petit. On se rend compte que sa foi ou son manque de foi lui l'a fait choisir comme le plus grand possible. “C'est bien. Mettez tout ici devant et faites asseoir les foules en ordre, en rangs réguliers, autant que possible.” Et pendant cette opération, Jésus élève les pains avec les poissons par dessus, les offre, prie et bénit. Le scribe ne le quitte pas un instant des yeux. Puis, Jésus rompt les cinq pains en dix-huit parts et de même les deux poissons en dix-huit parts. Il met un morceau de poisson, un bien petit morceau, dans chaque panier et fait des bouchées avec les dix-huit morceaux de pain. Chaque morceau en plusieurs bouchées. Elles sont nombreuses relativement: une vingtaine, pas plus. Chaque morceau est placé dans un panier, après avoir été fragmenté, avec le poisson. “Et maintenant prenez et donnez à satiété. Allez. Va, Margziam, le donner à tes compagnons.” “Oh! comme c'est lourd!” dit Margziam en soulevant son panier et en allant tout de suite vers ses petits amis. Il marche comme s'il portait un fardeau. Les apôtres, les disciples, Manaën, le scribe le regardent partir ne sachant que penser… Puis ils prennent les paniers, et en secouant la tête, se disent l'un à l'autre: “Le gamin plaisante! Ce n'est pas plus lourd qu'avant.” Le scribe regarde aussi à l'intérieur et met la main pour tâter au fond du panier parce qu'il n'y a plus beaucoup de lumière, là, sous le couvert où Jésus se trouve, alors que plus loin, dans la clairière, il fait encore assez clair. Mais pourtant, malgré la constatation, ils vont vers les gens et commencent la distribution. Ils donnent, ils donnent, ils donnent. Et de temps à autre, ils se retournent, étonnés, de plus en plus loin, vers Jésus qui, les bras croisés, adossé à un arbre, sourit finement de leur stupeur. La distribution est longue et abondante… Le seul qui ne manifeste pas d'étonnement c'est Margziam qui rit, heureux de remplir de pain et de poisson les mains de tant de pauvres enfants. Il est aussi le premier à revenir vers Jésus, en disant: “J'ai tant donné, tant, tant!… car je sais ce que c'est que la faim…” et il lève son visage qui n'est plus émacié qu'en un souvenir maintenant disparu, cependant il pâlit, en écarquillant les yeux… Mais Jésus le caresse et le sourire revient, lumineux, sur ce visage enfantin qui, confiant, s'appuie contre Jésus, son Maître et Protecteur. Tout doucement les apôtres et les disciples reviennent, rendus muets par la stupeur. Le dernier, le scribe qui ne dit rien. Mais il fait un geste qui est plus qu'un discours: il s'agenouille et baise la frange du vêtement de Jésus. “Prenez votre part, et donnez m'en un peu. Mangeons la nourriture de Dieu.” Ils mangent en effet du pain et du poisson, chacun selon son appétit… Pendant ce temps, les gens, rassasiés, échangent leurs impressions. Même ceux qui sont autour de Jésus se risquent à parler en regardant Margziam qui, en finissant son poisson, plaisante avec les autres enfants. “Maître” demande le scribe, “pourquoi l'enfant a-t-il tout de suite senti le poids, et nous pas? J'ai même fouillé à l'intérieur. Il n'y avait toujours que ces quelques bouchées de pain et cet unique morceau de poisson. J'ai commencé à sentir le poids en allant vers la foule, mais si cela avait pesé pour la quantité que j'ai donné, il aurait fallu un couple de mulets pour le transport, non plus le panier, mais un char complet chargé de nourriture. Au début, j'y allais doucement… puis je me suis mis à donner, à donner, et pour ne pas être injuste, je suis revenu vers les premiers en faisant une nouvelle distribution parce qu'aux premiers j'avais donné peu de chose. Et pourtant, il y en a eu assez.” “Moi aussi, j'ai senti que le panier devenait lourd pendant que j'avançais, et tout de suite j'ai donné abondamment, car j'ai compris que tu avais fait un miracle” dit Jean. “Moi, au contraire, je me suis arrêté et me suis assis, pour renverser sur mon vêtement le fardeau et me rendre compte… Alors j'ai vu des pains et des pains, et j'y suis allé” dit Manaën. “Moi, je les ai même compté pour ne pas faire piètre figure. Il y avait cinquante petits pains. Je me suis dit: "Je vais les donner à cinquante personnes, et puis je reviendrai". Et j'ai compté. Mais, arrivé à cinquante, il y avait toujours le même poids. J'ai regardé à l'intérieur. Il y en avait encore tant. Je suis allé de l'avant et j'en ai donné par centaine. Mais cela ne diminuait jamais” dit Barthélémy. “Moi, je le reconnais, je n'y croyais pas. J'ai pris dans mes mains les bouchées de pain et ce petit morceau de poisson et je les regardais en disant: "A quoi cela va servir? Jésus a voulu plaisanter!…" et je les regardais, je les regardais, restant caché derrière un arbre, espérant et désespérant de les voir croître. Mais c'était toujours la même chose. J'allais revenir quand Mathieu est passé et m'a dit: "Tu as vu comme ils sont beaux?". "Quoi?" ai-je dit. "Mais les pains et les poissons!… Tu es fou? Moi je vois toujours des morceaux de pain". "Va les distribuer avec foi, et tu verras". J'ai jeté dans le panier ces quelques bouchées et je suis allé avec réticence… Et puis… Pardonne-moi, Jésus, car je suis un pécheur!” dit Thomas. “Non, tu es un esprit du monde. Tu raisonnes comme les gens du monde.” “Moi aussi, Seigneur, alors” dit l'Iscariote. “Au point que j'ai pensé donner une pièce avec le pain en pensant: "Ils mangeront ailleurs. J'espérais t'aider à faire meilleure figure. Que suis-je donc, moi? Comme Thomas ou davantage?” “Bien plus que Thomas, tu es "monde".” “Mais pourtant j'ai pensé faire l'aumône pour être Ciel! C'étaient mes deniers à moi…” “Aumône à toi-même et à ton orgueil et non pas à Dieu. Ce dernier n'en a pas besoin et l'aumône à ton orgueil est une faute, pas un mérite.” Judas baisse la tête et se tait. “Moi, de mon côté” dit Simon le Zélote “je pensais que cette bouchée de poisson, ces bouchées de pain, il me fallait les fragmenter pour qu'elles suffisent. Mais je ne doutais pas qu'elles auraient suffi pour le nombre et la valeur nutritive. Une goutte d'eau, donnée par Toi, peut être plus nourrissante qu'un banquet.” “Et vous, que pensiez-vous?” demande Pierre aux cousins de Jésus. “Nous nous rappelions Cana… et nous ne doutions pas” dit sérieusement Jude. “Et toi, Jacques, mon frère, tu n'as pensé qu'à cela?” “Non. J'ai pensé que c'était un sacrement. Comme tu m'en as parlé… Est-ce ainsi ou je me trompe?” Jésus sourit: “Oui et non. A la vérité de la puissance nutritive d'une goutte d'eau, exprimée par Simon, il faut ajouter ta pensée pour une figure lointaine. Mais ce n'est pas encore un sacrement.” Le scribe garde une croûte entre ses doigts. “Qu'en fais-tu?” “Un… souvenir.” “Je la garde, moi aussi. Je la mettrai au cou de Margziam dans un sachet” dit Pierre. “Moi, je la porterai à notre mère” dit Jean. “Et nous? Nous avons tout mangé…” disent les autres, mortifiés. “Levez-vous. Faites de nouveau le tour avec les paniers, recueillez les restes. Séparez les gens les plus pauvres d'avec les autres et amenez-les-moi ici, avec les paniers. Et puis vous, mes disciples, allez tous vers les barques et prenez le large pour aller à la plaine de Génésareth. Je vais congédier les gens après avoir fait une distribution aux plus pauvres et puis je vous rejoindrai.” Les apôtres obéissent… et reviennent avec douze paniers combles de restes, et suivis d'une trentaine de mendiants ou de personnes très misérables. “C'est bien. Allez.” Les apôtres et ceux de Jean saluent Manaën et s'en vont avec un peu de regret de quitter Jésus. Mais ils obéissent. Manaën attend, pour quitter Jésus, que la foule, aux dernières lueurs du jour, s'en aille vers les villages ou cherche une place pour dormir parmi les joncs hauts et secs. Puis il fait ses adieux. Avant lui s'en est allé le scribe, un des premiers même, parce que, avec son petit garçon, il a suivi les apôtres. Lorsque tout le monde est parti ou s'est endormi, Jésus se lève, bénit les dormeurs et à pas lents se dirige vers le lac, vers la péninsule de Tarichée élevée de quelques mètres comme si c'était une avancée de colline dans le lac. Lorsqu'il en a rejoint le pied, sans entrer dans la ville, mais en la côtoyant, il gravit le monticule et s'installe sur un rocher, pour prier, face à l'azur et à la blancheur du clair de lune dans la nuit sereine.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 19 juillet 2009, Seizième dimanche du temps ordinaire.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 6,30-34.
Après leur première mission, les Apôtres se réunissent auprès de Jésus, et lui rapportent tout ce qu'ils ont fait et enseigné.Il leur dit : « Venez à l'écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, les arrivants et les partants étaient si nombreux qu'on n'avait même pas le temps de manger. Ils partirent donc dans la barque pour un endroit désert, à l'écart. Les gens les virent s'éloigner, et beaucoup les reconnurent. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. Jésus, voyant une grande foule de gens sur le bord du lac, fut saisi de pitié envers eux, parce qu'ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les instruire longuement.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 4, Ch 134, p 320 - CD 4 (2ème cd), piste 133 -
Il fait nuit quand Jésus revient à la maison. Il entre sans bruit dans le jardin, s'arrête un instant devant la cuisine sombre. Il voit qu'elle est vide. Il se rend dans les deux pièces où sont les nattes et les lits. Vides, elles aussi. Seuls les vêtements qu'on a changés, en tas par terre, indiquent que les apôtres sont revenus. La maison semble inhabitée, tant elle est silencieuse. Jésus, en faisant moins de bruit qu'une ombre, monte l'escalier, blancheur dans la blancheur de la pleine lune, et arrive sur la terrasse. Il la parcourt. Il semble un spectre qui se meut sans bruit, un spectre lumineux. Dans l'éclat de la lumière lunaire, il semble s'affiner, grandir encore. Il lève avec la main le rideau qui est à la porte de la chambre du haut. Il était resté abaissé depuis le moment où les disciples de Jean y étaient entrés avec Jésus. A l'intérieur, assis ça et là, en groupes ou seuls, il y a les apôtres avec les disciples de Jean et Manaën, et endormi avec la tête sur les genoux de Pierre, il y a Margziam. La lune se charge d'éclairer la pièce en entrant avec ses flots phosphoriques par les fenêtres ouvertes. Personne ne parle. Et personne ne dort, sauf l'enfant assis par terre sur une natte. Jésus entre doucement, et le premier qui le voit c'est Thomas. “Oh! Maître!” dit-il en sursautant. Tous les autres se secouent. Pierre, dans son impétuosité va se lever brusquement, mais il se souvient de l'enfant et le fait doucement, en appuyant la tête brune de Margziam sur son siège, de sorte qu'il arrive le dernier près de Jésus pendant que le Maître, avec la voix fatiguée de quelqu'un qui a beaucoup souffert, répond à Jean, Jacques et André qui Lui disent leur douleur: “Je le comprends. Mais seul celui qui ne croit pas doit se sentir désolé par une mort. Pas nous qui savons et croyons. Jean n'est plus séparé de nous. Il l'était auparavant. Auparavant, il nous séparait, même. Ou avec Moi, ou avec lui. Maintenant c'est fini. Où il est, Moi, je suis. Il est près de Moi.” Pierre passe sa tête grisonnante au milieu des têtes jeunes et Jésus le voit: “Toi aussi, tu as pleuré, Simon de Jonas?” et Pierre, d'une voix plus rauque qu'à l'ordinaire: “Oui, Seigneur, car moi aussi j'avais été disciple de Jean… Et puis… et puis… Et penser que vendredi dernier je m'attristais que la présence des pharisiens nous aurait rempli d'amertume le sabbat! Celui-ci, oui, c'est un sabbat d'amertume! J'avais amené l'enfant… pour avoir un sabbat encore plus beau… Au contraire…” “Ne te laisse pas abattre, Simon de Jonas. Jean n'est pas perdu. Je te le dis aussi à toi. Et, en échange, nous avons trois disciples bien formés. Où est l'enfant?” “Là, Maître. Il dort…” “Laisse-le dormir” dit Jésus en se penchant sur la petite tête brune qui dort tranquille. Et puis il demande encore: “Avez-vous soupé?” “Non, Maître. Nous t'attendions et nous étions préoccupé maintenant à cause du retard, ne sachant pas où te chercher… Il nous semblait t'avoir perdu Toi aussi.” “Nous avons encore le temps de rester ensemble. Allons, préparez le souper parce que, après, nous allons ailleurs. J'ai besoin de m'isoler parmi des amis et demain, si nous restons ici, il y aura toujours des personnes pour nous entourer.” “Et moi, je te jure que je ne les supporterais pas, spécialement ces manœuvres de serpents des âmes des pharisiens. Et ce serait dangereux s'il leur échappait même un sourire s'adressant à nous, dans la synagogue!” “Du calme, Simon!… Mais Moi, j'y avais pensé aussi. C'est pour cela que je suis revenu vous prendre avec Moi.” A la lueur des petites lampes allumées des deux côtés de la table, on voit mieux l'altération des visages. Seul Jésus garde sa majesté solennelle et Margziam sourit dans son sommeil. “L'enfant a déjà mangé” explique Simon. “Il vaut mieux alors le laisser dormir” dit Jésus. Et, au milieu des siens, il offre et distribue un peu de nourriture que l'on mange sans appétit. Et le souper est vite terminé. “Dites-moi, maintenant, ce que vous avez fait…” dit Jésus pour les encourager. “Moi, je suis allé avec Philippe dans les campagnes de Bethsaïda. Nous avons évangélisé et guéri un enfant malade” dit Pierre. “En réalité, c'est Simon qui l'a guéri” dit Philippe qui ne veut pas s'attribuer une gloire qui ne lui appartient pas. “Oh! Seigneur! Je ne sais pas comment j'ai fait. J'ai prié beaucoup, de tout mon cœur, parce que le petit malade me faisait pitié. Puis, je l'ai oint avec de l'huile et je l'ai frotté avec mes grosses mains… et il a guéri. Quand j'ai vu son visage se colorer et ses yeux s'ouvrir, revivre en somme, j'ai eu presque peur.” Jésus lui met la main sur la tête, sans parler. “Jean a beaucoup étonné parce qu'il avait chassé un démon, mais c'est à moi qu'il est revenu de parler” dit Thomas. “Ton frère Jude l'a fait aussi” dit Mathieu. “Alors même André” dit Jacques d'Alphée. “De son côté, Simon le Zélote a guéri un lépreux. Oh! Il n'a pas eu peur de le toucher! Mais il m'a dit ensuite: "Ne crains pas. Par la volonté de Dieu, aucun mal physique ne s'attaque à nous"“ dit Barthélémy. “Tu as bien parlé, Simon. Et vous deux?” demande Jésus à Jacques de Zébédée et à l'Iscariote, qui se trouvent un peu loin, le premier qui parle avec les trois disciples de Jean, le second seul et renfrogné. “Oh! Moi, je n'ai rien fait” dit Jacques. “Mais Judas a fait trois miracles formidables: un aveugle, un paralytique, un possédé. A moi, il me semblait un lunatique, mais les gens l'appelaient ainsi…” “Et toi, tu nous fais cette tête, alors que Dieu t'a tant aidé?” dit Pierre. “Je sais être humble, moi aussi” répond l'Iscariote. “Et ensuite nous avons été reçus par un pharisien. Moi, je me trouvais mal à l'aise. Mais Judas sait mieux s'y prendre et l'a vraiment apprivoisé. Le premier jour, il était sur ses gardes mais ensuite… N'est-ce pas, Judas?” Judas acquiesce sans parler. “Très bien. Et vous ferez toujours mieux. La semaine prochaine, nous restons ensemble. En attendant… Simon, va préparer les barques. Toi aussi, Jacques.” “Pour tous, Maître? Nous n'y tiendrons pas tous.” “Ne peux-tu pas en avoir une autre?” “En la demandant à mon beau-frère, oui. J'y vais.” “Va, et après l'avoir fait, reviens tout de suite et ne donne pas beaucoup d'explications.” Les quatre pêcheurs partent. Les autres descendent prendre sacs et manteaux. Il reste Manaën avec Jésus. L'enfant continue de dormir. “Maître, tu vas loin?” “Je ne sais pas encore… Eux sont fatigués et affligés. Moi aussi. Je compte aller à Tarichée, dans les campagnes, pour nous isoler et être en paix.” “J'ai mon cheval, Maître. Mais, si tu le permets, je vais venir en suivant le lac. Tu y resteras longtemps?” “Peut-être toute la semaine. Pas davantage.” “Alors, je vais venir. Maître, bénis-moi en ce premier adieu. Et enlève-moi un poids du cœur.” “Lequel, Manaën?” “J'ai le remords d'avoir laissé Jean. Peut-être, si j'y avais été…” “Non. C'était son heure. Et lui certainement a été content de te voir venir à Moi. N'aie pas ce poids. Cherche, au contraire, à te libérer vite et bien de l'unique poids que tu as: le goût d'être homme. Deviens esprit, Manaën. Tu le peux. Tu as en toi la capacité de l'être. Adieu, Manaën. Ma paix soit avec toi. Nous nous reverrons bientôt en Judée.” Manaën s'agenouille et Jésus le bénit. Puis il le lève et l’embrasse. Les autres rentrent et se saluent entre eux, aussi bien les apôtres que les disciples de Jean. Viennent, en dernier lieu, les pêcheurs: “C'est fait, Maître. Nous pouvons partir.” “C'est bien. Saluez Manaën qui reste ici jusqu'au crépuscule de demain. Rassemblez les vivres, prenez de l'eau et partons. Faites peu de bruit.” Pierre se penche pour réveiller Margziam. “Non, laisse-le. Il pourrait pleurer. Je le prends Moi dans mes bras” dit Jésus et il soulève délicatement l'enfant qui gémit un peu, mais instinctivement se met à l'aise dans les bras de Jésus. Ils éteignent les lampes. Ils sortent. Ils ferment la porte. Ils descendent. Au seuil du jardin, ils saluent de nouveau Manaën et puis, en file, le long du chemin plein de lune, ils se rendent au lac: immense miroir d'argent sous la lune au zénith. Trois taches rouges sur le miroir tranquille, c'est ce que paraissent les trois fanaux des proues déjà immergées. Ils montent en se répartissant dans les barques, les pêcheurs montent les derniers. Pierre et un garçon là où est Jésus, Jean et André dans la seconde, Jacques et un garçon dans la troisième. “Où allons-nous, Maître?” demande Pierre. “A Tarichée. Où nous avons débarqué après le miracle des Géraséniens. Maintenant il n'y aura pas de marécage et nous y serons tranquilles.” Pierre prend le large, et les autres avec les barques par derrière, dans le sillage de celle qui précède. Personne ne parle. Quand ils sont au large et que Capharnaüm s'évanouit dans la clarté de la lune qui uniformise tout par sa poussière d'argent, alors Pierre, comme s'il parlait à la barre du timon, dit: “Et cela me plaît. Demain, ils vont nous chercher, ma vieille, et grâce à toi ils ne nous trouveront pas.” “A qui parles-tu, Simon?” demande Barthélémy. “A la barque. Ne sais-tu pas que pour les pêcheurs elle est comme une épouse? Combien j'ai parlé avec elle! Plus qu'avec Porphyrée. Maître!… Est-il bien couvert, l'enfant? Il y a de la rosée, sur le lac, la nuit…” “Oui. Écoute, Simon. Viens ici. Je dois te parler…” Pierre passe la barre du timon au mousse et va vers Jésus. “J'ai dit Tarichée. Mais il suffira d'y être après le sabbat pour saluer de nouveau Manaën. Ne pourrais-tu pas trouver un endroit près de là où nous pourrions être en paix?” “Oh! Maître! En paix, nous ou aussi les barques? Pour elles, il faut Tarichée ou bien les ports de l'autre rive. Mais, si c'est pour nous, il suffit que tu t'enfonces au-delà du Jourdain où seuls les animaux te découvriront… et peut-être quelque pêcheur qui surveille des nasses. Nous pourrons laisser les barques à Tarichée. Nous y arriverons à l'aube et nous filerons rapidement au-delà du gué. Il est facile d'y passer en ce moment.” “C'est bien. Nous ferons ainsi…” “Le monde te dégoûte, Toi aussi, hein? Tu préfères les poissons et les moustiques, hein? Tu as raison.” “Je n'éprouve pas de dégoût. Il ne faut pas en avoir. Mais je veux éviter que vous fassiez des scandales et je veux me consoler en votre compagnie pendant ces heures de sabbat.” “Mon Maître!…” Pierre le baise au front et s'éloigne en essuyant une grosse larme qui veut vraiment couler de l'œil et descendre vers la barbe. Il revient à son timon et met le cap au sud avec décision pendant que la lumière de la lune décroît au coucher de la planète qui descend au-delà d'une colline, en dérobant son large visage à la vue des hommes, mais en laissant encore le ciel blanchi par sa lumière et une lueur d'argent sur la plage orientale du lac. Le reste est couleur d'indigo foncé qu'on distingue à peine à la lumière des fanaux de proue.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 12 juillet 2009, Quinzième dimanche du temps ordinaire

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 6,7-13.
Jésus appelle les Douze, et pour la première fois il les envoie deux par deux. Il leur donnait pouvoir sur les esprits mauvais, et il leur prescrivit de ne rien emporter pour la route, si ce n'est un bâton ; de n'avoir ni pain, ni sac, ni pièces de monnaie dans leur ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. » Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l'hospitalité dans une maison, restez-y jusqu'à votre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez en secouant la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. » Ils partirent, et proclamèrent qu'il fallait se convertir. Ils chassaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d'huile à de nombreux malades, et les guérissaient.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 4, Ch 128, p 269 - CD 4 (1er cd), piste 114 -
Jésus est avec les apôtres et ils sont tous là, ce qui montre que Judas Iscariote, son œuvre accomplie, a rejoint ses compagnons. Ils sont assis à table dans la maison de Capharnaüm. C'est le soir. La lumière du jour qui meurt entre par la porte et par les fenêtres grandes ouvertes, laissant voir la transformation de la pourpre du crépuscule en un rouge violet foncé irréel, qui s'effrange à ses bords en recroquevillements d'une couleur violet ardoise qui passe au gris. Cela me fait penser à une feuille de papier qu'on a jetée sur le feu, qui s'allume comme le charbon sur lequel on l'a jetée, mais qui, à ses bords, après la flambée, se recroqueville et s'éteint en une couleur de plomb bleuâtre qui finit en un gris perle presque blanc. “Ce sera de la chaleur” dit sentencieusement Pierre en montrant le gros nuage qui couvre l'occident de ces couleurs. “De la chaleur, pas d'eau. C'est du brouillard, pas un nuage. Moi, cette nuit, je dors dans la barque pour être plus au frais.” “Non. Cette nuit nous allons au milieu des oliviers. J'ai besoin de vous parler. Maintenant Judas est revenu. C'est le moment de parler. Je connais un endroit aéré. Nous y serons bien. Levez-vous et allons-y.” “C'est loin?” demandent-ils en prenant leurs manteaux. “Non, très proche. A un jet de pierre de la dernière maison. Vous pouvez laisser les manteaux. Cependant prenez l'amadou et un briquet pour y voir en rentrant.” Ils sortent de la chambre du haut et descendent l'escalier après avoir salué le maître de maison et sa femme qui prennent le frais sur la terrasse. Jésus tourne résolument le dos au lac et, après avoir traversé le pays, fait deux ou trois cent mètres parmi les oliviers d'une première petite colline qui se trouve en arrière du pays. Il s'arrête sur une butte qui, par sa situation dégagée et libre d'obstacles, profite de tout l'air dont on peut jouir en cette nuit de chaleur étouffante. “Assoyons-nous et prêtez-moi attention. L'heure est venue pour vous d'évangéliser. Je suis à peu près au milieu de ma vie publique pour préparer les cœurs à mon Royaume. C'est le moment que mes disciples aussi prennent part à la préparation de ce Royaume. Les rois agissent ainsi quand ils ont décidé la conquête d'un royaume. D'abord ils enquêtent et fréquentent les personnes pour se rendre compte des réactions et les gagner à l'idée qu'ils poursuivent. Puis ils développent la préparation de l'entreprise en envoyant des éclaireurs sûrs dans les pays à conquérir. Et ils les envoient de plus en plus nombreux jusqu'à ce que soit connu le pays dans toutes ses particularités géographiques et morales. Puis, après cela, le roi achève son œuvre en se proclamant roi du pays et en se faisant couronner. Et il coule du sang pour y arriver, car les victoires coûtent toujours du sang…” “Nous sommes prêts à combattre pour Toi et à verser notre sang” promettent unanimement les apôtres. “Je ne verserai d'autre sang que celui du Saint et des saints.” “Tu veux commencer la conquête par le Temple en faisant irruption à l'heure des sacrifices?…” “Ne divaguons pas, amis. L'avenir, vous le connaîtrez en son temps. Mais ne frémissez pas d'horreur. Je vous assure que je ne bouleverserai pas les cérémonies par la violence d'une irruption. Pourtant elles seront bouleversées et il y aura un soir où la terreur empêchera les prières rituelles. La terreur des pécheurs. Mais Moi, ce soir-là, je serai en paix. En paix, en mon esprit et en mon corps. Une paix totale, bienheureuse…” Jésus regarde, un par un, ses douze et c'est comme s'il regardait à douze reprises la même page et y lisait à douze reprises la parole qui y est inscrite: incompréhension. Il sourit et poursuit. “J'ai donc décidé de vous envoyer pour pénétrer plus avant et plus à fond que je ne pourrais le faire, Moi tout seul. Cependant entre ma manière d'évangéliser et la vôtre, il y aura des différences imposées par la prudence, dont je dois user pour ne pas vous exposer à de trop grandes difficultés, à des dangers trop sérieux pour votre âme et aussi pour votre corps, et pour ne pas nuire à mon œuvre. Vous n'êtes pas encore assez formés pour pouvoir aborder n'importe qui sans dommage pour vous ou pour lui, et vous êtes encore moins héroïques, au point de défier le monde par l'Idée en allant au devant des vengeances du monde. Aussi dans vos tournées, vous n'irez pas me prêcher parmi les gentils et n'entrerez pas dans les villes de samaritains, mais vous irez vers les brebis perdues de la maison d'Israël. Il y a encore tant à faire parmi elles, car en vérité je vous dis que les foules qui vous paraissent si nombreuses autour de Moi sont la centième partie de celles qui, en Israël, attendent encore le Messie et ne le connaissent pas et ne savent pas qu'il est vivant. Portez-leur la foi et la connaissance de ma personne. Sur votre chemin, prêchez en disant: "Le Royaume des Cieux est proche". Que ce soit la base de ce que vous annoncez. Appuyez sur elle votre prédication. Vous avez tant entendu parler par Moi du Royaume! Vous n'avez qu'à répéter ce que je vous ai dit. Mais l'homme, pour être attiré et convaincu par les vérités spirituelles, a besoin de douceurs matérielles comme s'il était un éternel enfant qui n'étudie pas une leçon et n'apprend pas un métier s'il n'est pas alléché par une douceur de la mère ou d'une récompense du maître d'école ou du maître d'apprentissage. Moi, afin que vous ayez le moyen que l'on vous croie et qu'on vous recherche, je vous accorde le don du miracle…” Les apôtres, sauf Jacques d'Alphée et Jean, bondissent debout, criant, protestant, s'exaltant, chacun suivant son tempérament. Réellement, pour se pavaner à l'idée de faire un miracle, il n'y a que l'Iscariote qui, avec l'inconscience d'une accusation fausse et intéressée, s'écrie: “Il était temps pour nous de le faire pour que nous ayons un minimum d'autorité sur les foules!” Jésus le regarde, mais ne dit rien. Pierre et le Zélote qui sont en train de dire: “Non, Seigneur! Nous ne sommes pas dignes d'une si grande chose! Cela revient aux saints”, interloquent Judas auquel le Zélote dit: “Comment te permets-tu de faire un reproche au Maître, homme sot et orgueilleux?” et Pierre: “Le minimum? Et que veux-tu faire de plus que le miracle? Devenir Dieu, toi aussi? As-tu la même démangeaison que Lucifer?” “Silence!” intime Jésus, et il poursuit: “Il y a une chose qui est plus que le miracle et qui convainc également les foules et avec plus de profondeur et de durée: une vie sainte. Mais, vous en êtes encore loin et toi, Judas, plus loin que les autres. Mais laissez-moi parler, car c'est une longue instruction. Allez donc, guérissant les infirmes, purifiant les lépreux, ressuscitant les morts du corps et de l'esprit, car le corps et l'esprit peuvent être également infirmes, lépreux, morts. Et vous aussi sachez comment on s'y prend pour opérer le miracle: par une vie de pénitence, une prière fervente, un désir sincère de faire briller la puissance de Dieu, une humilité profonde, une charité vivante, une foi enflammée, une espérance qui ne se trouble pas pour les difficultés d'aucune sorte. En vérité, je vous dis que tout est possible à celui qui possède en lui ces éléments. Même les démons s'enfuiront au Nom du Seigneur prononcé par vous, si vous avez en vous ce que j'ai dit. Ce pouvoir vous est donné par Moi et par notre Père. Il ne s'achète pas à prix d'argent. Seule notre volonté l'accorde et seule une vie juste le maintient. Mais comme il vous est donné gratuitement, donnez-le gratuitement aux autres, à ceux qui en ont besoin. Malheur à vous, si vous rabaissez le don de Dieu en le faisant servir à remplir votre bourse. Ce n'est pas votre puissance, c'est la puissance de Dieu. Usez-en, mais n'en faites pas votre propriété en disant: "Elle m'appartient". Comme elle vous est donnée, elle peut vous être enlevée. Il y a un instant Simon de Jonas a dit à Judas de Simon: "As-tu la même démangeaison que Lucifer?" Il a donné une juste définition. Dire: "Je fais ce que Dieu fait parce que je suis comme Dieu" c'est imiter Lucifer. Et son châtiment est connu. Comme est connu ce qui arriva aux deux du paradis terrestre qui mangèrent le fruit défendu, à l'instigation de l'Envieux qui voulait mettre des autres malheureux en son Enfer, en plus des anges rebelles qui déjà y étaient, mais aussi par leur démangeaison personnelle de parfait orgueil. L'unique fruit de ce que vous faites, qu'il vous est permis de prendre, ce sont les âmes que, par le miracle, vous conquerrez au Seigneur et qui doivent Lui être données. Voilà votre argent, rien d'autre. Dans l'autre vie vous jouirez de ce trésor. Allez sans richesses. Ne portez sur vous ni or, ni argent, ni pièces de monnaie dans vos ceintures, pas de sacs de voyage avec deux ou plusieurs vêtements, ni sandales de rechange, ni bâton de voyage, ni armes. Car, pour le moment, vos visites apostoliques seront courtes, et à chaque veille de sabbat nous nous retrouverons et vous pourrez changer vos vêtements humides de sueur sans avoir à emporter de vêtements de rechange. Pas besoin de bâton car le chemin est plus doux et ce qui sert sur les collines et les plaines est bien différent de ce qui sert dans les déserts et sur les hautes montagnes. Pas besoin d'armes. Elles sont bonnes pour les hommes qui ne connaissent pas la sainte pauvreté et qui ignorent le divin pardon. Mais vous n'avez pas de trésors à garder et à défendre des voleurs. Le seul à craindre, l'unique larron pour vous, c'est Satan. Et lui se vaine par la constance et la prière, pas avec les épées et les poignards. Si l'on vous offense, pardonnez. Si on vous dépouille de votre manteau, donnez aussi votre vêtement. Restez même tout à fait nus par douceur et détachement des richesses, vous ne scandaliserez pas les anges du Seigneur, ni non plus l'infinie chasteté de Dieu, car votre charité vêtirait d'or votre corps nu, la douceur ferait office de ceinture et le pardon à l'égard du voleur vous donnerait un manteau et aussi une couronne royale. Vous seriez donc mieux vêtus qu'un roi. Et non pas d'étoffes corruptibles, mais de matière incorruptible. N'ayez pas de préoccupations pour votre nourriture. Vous aurez toujours ce qui convient à votre condition et à votre ministère car l'ouvrier mérite la nourriture qu'on lui apporte. Toujours. Si les hommes n'y pourvoyaient pas, Dieu pourvoirait aux besoins de son ouvrier. Je vous ai déjà montré que, pour vivre et pour prêcher, il n'est pas nécessaire d'avoir le ventre plein de la nourriture que l'on a ingurgitée. C'est la destinée des animaux immondes dont la mission est celle de s'engraisser pour qu'on les tue et qu'ils engraissent les hommes. Mais vous, vous ne devez engraisser votre esprit et celui des autres que de nourritures qui apportent la sagesse. Et la Sagesse se dévoile à un esprit que n'obscurcit pas l'excès de nourriture et à un cœur qui se nourrit de choses surnaturelles. Vous n'avez jamais été aussi éloquents qu'après votre retraite sur la montagne. Et vous ne mangiez alors que l'indispensable pour ne pas mourir. Et pourtant, à la fin de la retraite, vous étiez forts et joyeux comme jamais. N'est-ce pas vrai, peut-être? Dans toute ville ou localité où vous entrerez, informez-vous qu'il y ait qui mérite de vous accueillir. Non parce que vous êtes Simon ou Judas ou Barthélémy ou Jacques ou Jean et ainsi de suite, mais parce que vous êtes les envoyés du Seigneur. Quand bien même vous seriez des rebuts, des assassins, des voleurs, des publicains, maintenant repentis et à mon service, vous méritez le respect parce que vous êtes mes envoyés. Je dis plus encore. Je dis: malheur à vous si vous vous présentez comme mes envoyés et si vous êtes intérieurement abjects et insatanisés. Malheur à vous! L'enfer c'est encore peu pour récompenser votre duperie. Mais même si vous étiez ouvertement des envoyés de Dieu et secrètement des rebuts, des publicains, des voleurs, des assassins, ou même si les cœurs avaient des soupçons à votre égard, presque une certitude, on doit encore vous donner honneur et respect parce que vous êtes mes envoyés. L'œil de l'homme doit dépasser l'intermédiaire, et voir l'envoyé et le but, voir Dieu et son œuvre au-delà de l'intermédiaire trop souvent défectueux. Ce n'est que dans les cas de fautes graves qui blessent la foi des cœurs, que Moi présentement, puis mes successeurs, devront décider de couper le membre corrompu. En effet il n'est pas permis qu'à cause d'un prêtre qui est un démon, les âmes des fidèles se perdent. Il ne sera jamais permis, pour cacher les plaies qui naîtraient dans le corps apostolique, de permettre qu'y restent des corps gangrenés qui éloignent les fidèles par leur aspect répugnant et les empoisonnent par leur puanteur démoniaque. Vous prendrez donc des renseignements sur la famille dont la vie est la plus correcte, là où les femmes savent rester à part, et où les mœurs sont intègres. Vous entrerez là et y demeurerez jusqu'à votre départ de la localité. N'imitez pas les faux-bourdons qui, après avoir sucé une fleur, passent à une autre plus nourrissante. Vous, que vous soyez pris en charge par des gens qui vous offrent bon gîte et bonne table, ou par une famille qui n'est riche que de vertus, restez où vous êtes. Ne cherchez jamais ce qui est le mieux pour le corps qui périt, mais au contraire donnez-lui toujours ce qu'il y a de pire, en réservant tous les droits à l'esprit. Et, je vous le dis parce qu'il est bien que vous le fassiez, donnez, dès que vous pouvez le faire, la préférence aux pauvres pour votre séjour. Pour ne pas les humilier, en souvenir de Moi qui suis et reste pauvre, et qui me fais gloire d'être pauvre, et aussi parce que les pauvres sont souvent meilleurs que les riches. Vous trouverez toujours des pauvres qui sont justes alors que vous aurez rarement l'occasion de trouver un riche sans injustice. Vous n'avez donc pas l'excuse de dire: "Je n'ai trouvé de bonté que chez les riches" pour justifier votre désir de bien-être. . En entrant dans une maison, saluez avec mon salut qui est le plus doux qui soit. Dites: "La paix soit avec vous, la paix soit dans cette demeure" ou bien: "Que la paix vienne dans cette maison". En effet, vous, envoyés de Jésus et de la Bonne Nouvelle, vous portez avec vous la paix, et votre venue dans un endroit est pour y apporter la paix. Si la maison en est digne, la paix viendra et demeurera en elle; si elle n'en est pas digne, la paix reviendra vers vous. Cependant, efforcez-vous d'être pacifiques pour que vous ayez Dieu pour Père. Un père aide toujours. Et vous, aidés par Dieu, ferez et ferez bien toutes choses. Il peut arriver aussi, et même certainement il arrivera, qu'il y aura une ville ou une maison qui ne vous recevra pas, où les gens ne voudront pas écouter vos paroles, vous chasseront, vous tourneront en dérision ou même vous poursuivront à coups de pierres comme des prophètes ennuyeux. Et alors vous aurez plus que jamais besoin d'être pacifiques, humbles, doux, dans votre manière de vivre. Autrement, en effet, la colère prendra le dessus et vous pécherez en scandalisant ceux que vous devez convertir et en augmentant leur incrédulité. Alors que si vous acceptez avec paix l'offense de vous voir chassés, ridiculisés, poursuivis, vous convertirez par la plus belle prédication: la prédication silencieuse de la vraie vertu. Vous retrouverez un jour les ennemis d'aujourd'hui sur votre chemin, et ils vous diront: "Nous vous avons cherchés, parce que votre manière d'agir nous a persuadés de la Vérité que vous annoncez. Veuillez nous pardonner et nous accueillir comme disciples. Car nous ne vous connaissions pas, mais maintenant nous vous connaissons pour saints et, si vous êtes saints, vous devez être les envoyés d'un saint, et nous croyons maintenant en Lui". Mais en sortant de la ville ou de la maison où vous n'avez pas été accueillis, secouez jusqu'à la poussière de vos sandales pour que l'orgueil et la dureté de ce lieu ne s'attache même pas à vos semelles. En vérité je vous dis: "Au jour du Jugement, Sodome et Gomorrhe seront traitées moins durement que cette ville". Voici que je vous envoie comme des brebis parmi les loups. Soyez donc prudents comme les serpents et simples comme les colombes. Car vous savez comment le monde, qui en vérité compte plus de loups que de brebis, agit même avec Moi qui suis le Christ. Moi, je puis me défendre par ma puissance, et je le ferai jusqu'à ce que ce soit l'heure du triomphe temporaire du monde. Mais vous, vous n'avez pas cette puissance, et vous avez besoin d'une plus grande prudence et de simplicité. Donc plus de sagacité pour éviter présentement les prisons et les flagellations. En vérité vous, pour le moment, malgré vos protestations que vous voudriez donner votre sang pour Moi, vous ne supportez même pas un regard ironique ou coléreux. Puis viendra le temps où vous serez forts comme des héros contre toutes les persécutions, plus forts que des héros, d'un héroïsme inconcevable pour le monde, inexplicable, et qu'on qualifiera de "folie". Non, ce ne sera pas de la folie! Ce sera l'identification de l'homme avec l'Homme-Dieu, par la force de l'amour, et vous saurez faire ce que j'aurai déjà fait. Pour comprendre cet héroïsme, il faudra le voir, l'étudier et le juger d'un point de vue ultra-terrestre. Car c'est une chose surnaturelle qui dépasse toutes les limites de la nature humaine. Mes héros seront des rois, des rois de l'esprit, éternellement rois et héros… En ce temps-là, ils vous arrêteront en mettant la main sur vous, ils vous traîneront devant les tribunaux, devant les chefs et les rois pour qu'ils vous jugent et vous condamnent pour ce qui est un grand péché, aux yeux du monde, d'être les serviteurs de Dieu, les ministres et les tuteurs du Bien, les maîtres des vertus. Et à cause de cela vous serez flagellés et punis de mille façons jusqu'à subir la mort. Et vous rendrez témoignage de Moi devant les rois, les présidents de tribunaux, les nations, confessant par votre sang que vous aimez le Christ, le Vrai Fils du Vrai Dieu. Quand vous serez dans leurs mains, ne vous mettez pas en peine de ce que vous devez répondre et de ce que vous aurez à dire. N'ayez alors aucune peine sauf l'affliction à l'égard des juges et des accusateurs que Satan dévoie au point de les rendre aveugles pour la Vérité. Les paroles à dire vous seront données à ce moment-là. Votre Père vous les mettra sur les lèvres, parce que, alors, ce ne sera pas vous qui parlerez pour convertir à la Foi et professer la Vérité, mais ce sera l'Esprit de votre Père qui parlera en vous. Alors le frère donnera la mort à son frère, le père à son fils, les fils se dresseront contre leurs parents et les feront mourir. Non, ne vous évanouissez pas et ne vous scandalisez pas! Répondez-moi. Pour vous, quel est le plus grand crime: de tuer un père, un frère, un enfant ou Dieu Lui-même?” “Dieu, on ne peut le tuer” dit sèchement Judas Iscariote. “C'est vrai. C'est un Esprit qu'on ne peut saisir” confirme Barthélémy. Et les autres, tout en se taisant, sont du même avis. “Moi, je suis Dieu et Chair” dit calmement Jésus. “Personne ne pense à te tuer” réplique l'Iscariote. “Je vous en prie: répondez à ma question.” “Mais il est plus grave de tuer Dieu! Cela s'entend!” “Eh bien: Dieu sera tué par l'homme, dans sa Chair d'Homme-Dieu et dans l'âme de ceux qui tueront l'Homme-Dieu. Donc, comme on arrivera à ce crime sans que son auteur en éprouve de l'horreur, on en arrivera pareillement au crime des pères, des frères, des fils, contre les fils, les frères, les pères. Vous serez haïs de tous, à cause de mon Nom, mais celui qui aura persévéré jusqu'à la fin sera sauvé. Et quand ils vous persécuteront dans une ville, fuyez dans une autre, non par lâcheté, mais pour donner le temps à l'Église du Christ qui vient de naître, d'arriver à l'âge, non plus d'un bébé faible et incapable, mais à l'âge de la majorité où elle sera capable d'affronter la vie et la mort sans craindre la Mort. A ceux auxquels l'Esprit conseillera de fuir, qu'ils fuient. Comme j'ai fui quand j'étais tout petit. En vérité, dans la vie de mon Église se répéteront toutes les vicissitudes de ma vie d'homme. Toutes. Depuis le mystère de sa formation à l'humilité des premiers temps, jusqu'aux troubles et aux embûches qu'amènera la férocité des hommes, jusqu'à la nécessité de fuir pour continuer à exister, depuis la pauvreté et le travail assidu, jusqu'à beaucoup d'autres choses que je vis actuellement, que je souffrirai par la suite, avant d'arriver au triomphe éternel. Pour ceux, au contraire, auxquels l'Esprit conseille de rester, qu'ils restent, car s'ils tombent morts, ils vivront et seront utiles à l'Église. Car c'est toujours bien ce que l'Esprit de Dieu conseille. En vérité je vous dis que vous ne finirez pas, vous et vos successeurs, de parcourir les rues et les villes d'Israël avant que vienne le Fils de l'Homme. Car Israël, à cause de son redoutable péché, sera dispersé comme la balle saisie par un tourbillon, et répandu sur toute la terre. Et des siècles et des millénaires, l'un après l'autre et davantage se succéderont avant qu'il soit de nouveau rassemblé sur l'aire d'Arauna le Jébuséen. Toutes les fois qu'il essaiera, avant l'heure marquée, il sera de nouveau pris par le tourbillon et dispersé, parce qu'Israël devra pleurer son péché pendant autant de siècles qu'il y a de gouttes qui pleuvront des veines de l'Agneau de Dieu immolé pour les péchés du monde. Et mon Église devra aussi elle, qui aura été frappée par Israël en Moi et en mes apôtres et disciples, ouvrir ses bras de mère et chercher à rassembler Israël sous son manteau comme une poule le fait avec ses poussins qui se sont écartés. Quand Israël sera tout entier sous le manteau de l'Église du Christ, alors je viendrai. Mais cela c'est l'avenir. Parlons des temps qui ne vont pas tarder de venir. Rappelez-vous que le disciple n'est pas plus que le Maître, et le serviteur plus que le Maître qui commande. Il suffit pas conséquent au disciple d'être comme le Maître et c'est déjà un honneur immérité, et le serviteur comme celui qui le commande et c'est déjà de la bonté surnaturelle de vous accorder qu'il en soit ainsi. S'ils ont appelé Belzébuth le Maître de maison, comment appelleront-ils ses serviteurs? Et les serviteurs pourront-ils se révolter si le Maître ne se révolte pas, ne hait, ni ne maudit, mais calme dans sa justice continue ses œuvres, en remettant le jugement à un autre moment quand, après avoir tout essayé pour les persuader, il aura constaté en eux l'obstination dans le Mal? Non. Les serviteurs ne pourront pas faire ce que leur Maître ne fait pas, mais plutôt l'imiter en pensant qu'eux sont aussi des pécheurs, alors que Lui était sans péché. Ne craignez donc pas ceux qui vous appelleront: "démons". Il arrivera un jour où la vérité sera connue et on verra alors qui était le "démon". Vous ou eux. Il n'y a rien de caché qui ne doive être révélé, ni rien de secret qui ne doive être connu. Ce que je vous dis maintenant dans l'obscurité et en secret, car le monde n'est pas digne de connaître toutes les paroles du Verbe, n'en est pas encore digne et ce n'est pas l'heure de le dire aussi aux indignes, vous, quand ce sera l'heure que tout doive être connu, dites-le en plein jour, criez du haut des toits ce que maintenant je vous dis tout bas m'adressant davantage à votre âme qu'à votre oreille. Car alors le monde aura été baptisé par le Sang et Satan aura contre lui un étendard grâce auquel le monde pourra, s'il le veut, comprendre les secrets de Dieu, alors que Satan ne pourra nuire qu'à ceux qui désirent la morsure de Satan et la préfèrent à mon baiser. Mais huit parties du monde sur dix ne voudront pas comprendre. Seule la minorité voudra savoir tout pour suivre tout ce qu'est ma Doctrine. Peu importe. Comme on ne peut séparer ces deux parties saintes de la masse injuste, prêchez aussi du haut des toits ma Doctrine, prêchez-la du haut des montagnes, sur les mers sans bornes, dans les entrailles de la terre. Quand bien même les hommes ne l'écouteraient pas, les divines paroles seront recueillies par les oiseaux et les vents, les poissons et les flots, et les entrailles de la terre en garderont l'écho pour le dire aux sources, aux minéraux, aux métaux, et tous en jouiront car eux aussi ont été créés par Dieu pour servir d'escabeau à mes pieds et être une joie pour mon cœur. Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer l'âme, mais craignez seulement celui qui peut envoyer votre âme à la perdition et, au Jugement Dernier, la réunir au corps ressuscité pour les jeter dans les feux de l'Enfer. Ne craignez pas. Est-ce que peut-être on ne vend pas deux passereaux pour un sou? Et pourtant, sans la permission du Père, pas un d'eux ne tombera malgré tous les pièges de l'homme. Ne craignez donc pas. Vous êtes connus de mon Père. Il connaît le nombre de cheveux que vous avez sur la tête. Vous avez plus de valeur qu'un grand nombre de passereaux! Et je vous dis que celui qui me reconnaîtra devant les hommes, je le reconnaîtrai, Moi, devant mon Père qui est aux Cieux. Mais celui qui me reniera devant les hommes, Moi aussi, je le renierai devant mon Père. Reconnaître, ici, veut dire suivre et mettre en pratique; renier veut dire abandonner mon chemin par lâcheté, par la triple concupiscence, ou par un calcul mesquin, par affection humaine envers un des vôtres qui m'est opposé. Parce que cela se produira. Ne pensez pas que je sois venu établir la concorde sur la terre et à travers la terre. Ma Paix est plus élevée que les paix faites par calcul pour se tirer d'affaire jour après jour. Je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive. Le glaive tranchant pour couper les lianes qui retiennent dans la boue et ouvrir les chemins aux vols du surnaturel. Je suis donc venu séparer le fils du père, la fille de la mère, la bru de la belle-mère. Car je suis celui qui règne et qui a tous les droits sur ses sujets. Car personne n'est plus grand que Moi quand il s'agit des droits sur les affections. Car c'est en Moi que tous les amours se centralisent et se subliment: Moi je suis Père, Mère, Époux, Frère, Ami et je vous aime comme tel, et comme tel je dois être aimé. Et quand je dis: "Je veux", il n'y a pas de lien qui puisse résister et la créature est mienne. C'est Moi qui l'ai créée avec le Père, c'est par Moi-même que je la sauve et Moi j'ai le droit de la posséder. En vérité, les ennemis de l'homme ce sont les hommes, en plus des démons; et les ennemis de l'homme, du chrétien, ce seront ceux de sa famille par leurs lamentations, leurs menaces ou leurs supplications. Qui donc désormais aimera son père et sa mère plus que Moi, n'est pas digne de Moi; qui aime son fils ou sa fille plus que Moi, n'est pas digne de Moi. Celui qui ne prend pas sa croix quotidienne, complexe, faite de résignation, de renoncement, d'obéissance, d'héroïsme, de douleurs, de maladies, de luttes, de tout ce que manifeste la volonté de Dieu ou une épreuve qui vient de l'homme, et ne me suit pas avec elle, n'est pas digne de Moi. Celui qui tient compte de la vie de la terre plus que de la vie spirituelle, perdra la vraie Vie. Celui qui aura perdu la vie de la terre par amour pour Moi la retrouvera, éternelle et bienheureuse. Celui qui vous reçoit, Me reçoit. Celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m'a envoyé. Celui qui reçoit un prophète en tant que prophète, recevra une récompense proportionnée à la charité qu'il donne au prophète. Celui qui reçoit un juste en tant que juste, recevra une récompense proportionnée à la charité qu'il donne au juste. Et cela parce que celui qui, dans un prophète reconnaît un prophète, c'est signe qu'il est prophète lui aussi, c'est-à-dire très saint, parce que l'Esprit de Dieu le tient dans ses bras; et celui qui aura reconnu un juste comme juste, prouve que lui-même est juste, car les âmes qui se ressemblent se reconnaissent. A chacun donc il sera donné selon sa justice. Mais à qui aura donné même un seul calice d'eau pure à un de mes serviteurs, fût-il même le plus petit - et sont des serviteurs de Jésus tous ceux qui le prêchent par une vie sainte, et peuvent l'être les rois comme les mendiants, les sages comme ceux qui ne savent rien, les vieillards comme les tout petits, car à tous les âges et dans toutes les classes on peut être mes disciples - qui donc aura donné à un de mes disciples ne serait ce qu'un calice d'eau en mon nom et parce que c'est mon disciple, en vérité je vous dis qu'il ne perdra pas sa récompense. J'ai parlé. Maintenant prions et allons à la maison. Vous partirez à l'aube et ainsi: Simon de Jonas avec Jean, Simon le Zélote avec Judas Iscariote, André avec Mathieu, Jacques d'Alphée avec Thomas, Philippe avec Jacques de Zébédée, Jude, mon frère, avec Barthélémy. Ainsi pour cette semaine. Puis je vous donnerai un nouvel ordre. Prions.” Et ils prient à haute voix…
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 5 juillet 2009, Quatorzième dimanche du temps ordinaire

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 6,1-6.
Jésus est parti pour son pays, et ses disciples le suivent. Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Les nombreux auditeurs, frappés d'étonnement, disaient : « D'où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N'est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses soeurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à cause de lui. Jésus leur disait : « Un prophète n'est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison. » Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains. Il s'étonna de leur manque de foi. Alors il parcourait les villages d'alentour en enseignant.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 4, Ch 109, p 126 - CD 4 (1er cd), piste 53 -
De nouveau la synagogue de Nazareth, le jour du sabbat, cependant. Jésus a lu l'apologue contre Abimélech et termine avec les paroles: "qu'il sorte de lui un feu, et qu'il dévore les cèdres du Liban".” Puis il rend le rouleau au chef de la synagogue. “Le reste, tu ne le lis pas? Ce serait bon pour faire comprendre l'apologue" Lui dit ce dernier. “Ce n'est pas nécessaire. Le temps d'Abimélech est très lointain. J'applique au moment présent l'apologue antique. Écoutez, gens de Nazareth. Vous connaissez déjà, par les enseignements du chef de votre synagogue, les applications de l'apologue contre Abimélech. En effet, il a été instruit en son temps par un rabbi et celui-ci par un autre encore et ainsi de suite au cours des siècles, et toujours avec la même méthode et les mêmes conclusions. De Moi, vous entendrez une autre application. Et je vous prie, du reste, de savoir appliquer votre intelligence et ne pas être comme les cordes disposées sur la poulie du puits, et qui tant qu'elles ne sont pas usées vont de la poulie à l'eau, de l'eau à la poulie sans jamais pouvoir changer. L'homme n'est pas un cordage lié, ni un instrument mécanique. L'homme est pourvu d'un cerveau intelligent et il doit s'en servir par lui-même selon les besoins et les circonstances. Car si la lettre de la parole est éternelle, les circonstances sont changeantes. Malheureux les maîtres qui ne savent pas vouloir la fatigue et la satisfaction d'en faire sortir à chaque fois un enseignement nouveau, c'est-à-dire l'esprit que les paroles anciennes et sages contiennent toujours. Ils seront semblables à l'écho qui ne peut que répéter dix et dix fois un seul mot sans rien y mettre du leur. Les arbres, c'est-à-dire l'humanité représentée par le bois où se trouvent les arbres, les arbustes et les herbes, éprouvent le besoin d'être conduits par quelqu'un qui se charge de toutes les gloires mais aussi, et cela pèse bien davantage, de toutes les charges de l'autorité, d'être responsable du bonheur ou du malheur de ses sujets, le responsable auprès des sujets, auprès des peuples voisins et, ce qui est redoutable, auprès de Dieu. Car les couronnes, ou les hautes situations sociales quelles qu'elles soient, sont données par les hommes, c'est vrai, mais avec la permission de Dieu, sans l'agrément duquel aucune force humaine ne peut s'imposer. C'est ce qui explique les changements impensables et imprévus de dynasties qui semblaient éternelles et de puissances qui semblaient intouchables et qui, quand elles dépassèrent la mesure dans leur rôle de punitions ou d'épreuves pour les peuples, ont été renversées par eux avec la permission de Dieu, réduites à n'être plus rien que poussière, parfois fanges d'égout. J'ai dit: les peuples sentent le besoin d'élire quelqu'un qui se charge de toutes les responsabilités, envers les sujets, envers les nations voisines et envers Dieu, ce qui est le plus redoutable de tout. Le jugement de l'histoire est terrible, et c'est en vain que les intérêts des peuples cherchent à le changer, car les événements et les peuples futurs le rendront à sa vérité première, terrible, mais plus dur est le jugement de Dieu qui ne subit aucunes pressions et qui n'est pas sujet à des changements d'humeur ou de jugement, comme trop souvent les hommes le sont, et encore moins sujet à des erreurs de jugement. Il faudrait donc que ceux qui sont élus pour être les chefs de peuples et les créateurs de l'histoire agissent avec la justice héroïque qui est propre aux saints pour n'être pas déshonorés dans les siècles futurs et punis par Dieu dans les siècles des siècles. Mais, revenons à l'apologue d'Abimélech. Les arbres donc voulurent élire un roi et allèrent trouver l'olivier. Mais ce dernier, arbre sacré et consacré à des usages surnaturels à cause de l'huile qui brûle devant le Seigneur et a une place prépondérante dans les dîmes et les sacrifices, qui fournit son huile pour former le baume saint pour l'onction de l'autel, des prêtres et des rois, et descend avec des propriétés, je dirais de thaumaturgie, dans les corps ou sur les corps malades, celui-ci répondit: "Comment puis-je manquer à ma vocation sainte et surnaturelle pour m'abaisser aux choses de la terre?" Oh! la douce réponse de l'olivier! Pourquoi n'est-elle pas apprise et pratiquée par tous ceux que Dieu choisit pour une sainte mission, au moins par eux, je dis au moins? Parce que, en vérité, il faudrait bien qu'elle soit dite par tout homme pour répondre aux suggestions du démon, étant donné que tout homme est roi et fils de Dieu, doué d'une âme qui le rend tel, royal, filialement divin, appelé à un destin surnaturel. Il a une âme qui est un autel et une demeure. L'autel de Dieu, la demeure où le Père des Cieux descend pour recevoir l'amour et le respect de celui qui est fils et sujet. Tout homme a une âme, et toute âme, étant un autel, fait de l'homme qui la contient un prêtre, gardien de l'autel, et il est dit dans le Lévitique: "Que le prêtre ne se contamine pas".L'homme donc aurait le devoir de répondre à la tentation du Démon, du monde et de la chair: "Puis-je cesser d'être spirituel pour m 1 occuper de choses matérielles et qui portent au péché?" Les arbres allèrent alors trouver le figuier en l'invitant à régner sur eux. Mais le figuier répondit: "Comment puis-je renoncer à ma douceur et à mes fruits si savoureux pour devenir votre roi?" Nombreux sont ceux qui se tournent vers celui qui est doux pour l'avoir comme roi, pas tant par admiration pour sa douceur que parce qu'ils espèrent qu'à force d'être doux il finira par devenir un roi de comédie duquel on peut attendre tout consentement et avec lequel on peut se permettre toutes libertés. Mais la douceur n'est pas la faiblesse, c'est la bonté. Elle est juste, intelligente, ferme. Ne confondez jamais la douceur avec la faiblesse. La première est une vertu, la seconde un défaut. Et parce qu'elle est une vertu, elle communique à celui qui la possède une droiture de conscience qui lui permet de résister aux sollicitations et aux séductions humaines, attentives à le tourner vers leurs intérêts, qui ne sont pas les intérêts de Dieu. Elle demeure à tout prix fidèle à sa destinée. Celui qui est doux ne rejettera jamais avec âpreté les réprimandes d'autrui. Il ne repoussera jamais avec dureté celui qui le réclame. Mais en pardonnant et en souriant, il dira toujours: "Frère, laisse-moi à ma douce destinée. Je suis ici pour te consoler et t'aider, mais je ne peux devenir un roi tel que tu l'envisages parce que je me soucie et me préoccupe d'une seule royauté, pour mon âme et la tienne: de celle de l'esprit". Les arbres allèrent trouver la vigne et lui demandèrent d'être leur roi. Mais la vigne répondit: "Comment puis-je, moi, renoncer à être l'allégresse et la force pour devenir votre roi?" Être roi, à cause de la responsabilité et des remords, car plus rare que le diamant noir est le roi qui ne pèche pas et ne se crée pas des remords, cela amène toujours à s'obscurcir l'esprit. La puissance séduit tant qu'elle brille de loin comme un phare, mais quand on l'a rejointe, on voit que ce n'est qu'une lumière de luciole et non d'étoile. Et encore: la puissance n'est qu'une force liée par les mille cordages des mille intérêts qui s'agitent autour d'un roi. Intérêts des courtisans, intérêts des alliés, intérêts personnels et de la parenté. Combien de rois se jurent, pendant que l'huile les consacre: "Moi, je serai impartial" et ensuite, ils ne savent pas l'être? Comme un arbre puissant qui ne se révolte pas au premier embrassement du lierre tendre ou fin en disant: "Il est si faible qu'il ne peut me nuire" et même il se plaît à en être enguirlandé et d'en être le protecteur qui le soutient quand il s'élève, souvent je pourrais dire: toujours, le roi cède au premier embrassement d'un intérêt courtisan, allié, personnel ou de parenté qui se tourne vers lui, et il se plaît à en être un munificent protecteur. "C'est si peu de chose!" dit-il quand la conscience lui crie: "Gare à toi!" et il pense que cela ne peut pas lui nuire ni dans sa puissance, ni dans son renom. L'arbre aussi le croit. Mais un jour vient où, branche après branche, croissant en force et en longueur, croissant par sa voracité de sucer la sève du sol et de monter à la conquête de la lumière et du soleil, le lierre embrasse tout entier l'arbre puissant, l'accable, l'étouffe, le tue. Et il était si faible! Et lui était si fort! Pour les rois aussi, c'est la même chose. Un premier compromis avec sa propre mission, un premier haussement d'épaules à la voix de la conscience parce que les louanges sont douces, parce que l'air de protecteur que l'on recherche est agréable, et il vient un moment où le roi ne règne pas mais où règnent les intérêts des autres et ils l'emprisonnent, le bâillonnent jusqu'à l'étouffer, et ils le suppriment si, devenus plus forts que lui, ils voient qu'il n'est pas pressé de mourir. L'homme ordinaire aussi, toujours roi en son esprit, se perd s'il accepte une royauté inférieure, par orgueil, par avidité. Et il perd sa sérénité spirituelle qui lui vient de l'union avec Dieu. Car le Démon, le monde et la chair peuvent donner un pouvoir et une jouissance illusoires, mais aux dépens de l'allégresse spirituelle qui lui vient de l'union avec Dieu. Allégresse et force des pauvres en esprit, vous méritez bien que l'homme sache dire: "Et comment puis-je accepter de devenir roi dans mon être inférieur si, en arrivant à m'allier avec vous, je perds la force et la joie intérieure et le Ciel et sa royauté vraie?" Et ils peuvent dire encore ces bienheureux pauvres en esprit qui ne visent qu'à posséder le Royaume des Cieux et méprisent toute richesse qui n'est pas ce royaume, et ils peuvent dire aussi: "Et comment pourrions-nous en venir à amoindrir notre mission qui est de faire mûrir des sucs fortifiants et porteurs de joie, pour cette humanité, notre sœur qui vit dans le désert aride de l'animalité et qui a besoin d'être désaltérée pour ne pas mourir, pour être nourrie de sucs vitaux comme un enfant privé de nourrice? Nous Sommes les nourrices de l'humanité qui a perdu le sein de Dieu, qui erre, stérile et malade, qui en arriverait à la mort désespérée, au noir scepticisme, si elle ne nous trouvait pas nous qui, par le joyeux labeur de ceux qui sont libres de toute attache terrestre, nous ne leur donnions pas la certitude qu'il existe une Vie, une Joie, une Liberté, une Paix. Nous ne pouvons renoncer à cette charité pour un intérêt mesquin". Les arbres s'en allèrent alors vers la ronce. Elle ne les repoussa pas mais leur imposa un pacte sévère: "Si vous me voulez pour roi, venez au-dessous de moi. Mais, si vous ne voulez pas le faire, après m'avoir élue, je ferai de toute épine un tourment ardent et je vous brûlerai tous, même les cèdres du Liban". Voici la royauté que pourtant le monde regarde comme vraie! L'humanité corrompue prend la tyrannie et la férocité pour la vraie royauté, alors que l'on considère la douceur et la bonté comme de la sottise et de la bassesse. L'homme ne se soumet pas au Bien, mais il se soumet au Mal. Il en est séduit et en conséquence il en est brûlé. C'est l'apologue d'Abimélech. Mais Moi, je vous en propose un autre, non pas lointain et pour des faits lointains, mais voisin, présent. Les animaux pensèrent à élire un roi et comme ils étaient astucieux pensèrent choisir un animal qui ne leur donnât pas la crainte d'être fort ou féroce. Ils écartèrent donc le lion et tous les félins. Ils déclarèrent ne pas vouloir des aigles à cause de leurs becs, ni d'aucun oiseau de proie. Ils se défièrent du cheval qui, grâce à sa rapidité, pouvait les rattraper et voir ce qu'ils faisaient. Ils se défièrent encore plus de l'âne dont ils connaissaient la patience, mais aussi les subites furies et les puissants sabots. Ils étaient horrifiés à l'idée d'avoir pour roi la guenon parce que trop intelligente et vindicative. Avec l'excuse que le serpent s'était prêté à Satan pour séduire l'homme, ils déclarèrent ne pas en vouloir pour roi malgré ses couleurs gracieuses et l'élégance de ses mouvements. En réalité, ils n'en voulurent pas parce qu'ils connaissaient sa marche silencieuse, la grande puissance de ses muscles, l'action redoutable de son venin. Se donner pour roi un taureau ou un autre animal armé de cornes pointues? Fi donc! "Le diable aussi en a" dirent-ils. Mais ils pensaient: "Si un jour nous nous révoltons, il va nous exterminer avec ses cornes". Après des recherches inutiles, ils virent un agnelet grassouillet et blanc qui gambadait joyeusement dans un pré vert et qui s'alimentait à la mamelle gonflée de sa mère. Il n'avait pas de cornes, mais il avait des yeux doux comme un ciel d'avril. Il était doux et simple. Il était content de tout: de l'eau d'un petit ruisseau où il buvait en y plongeant son petit museau rose; des fleurs de goûts différents qui plaisaient à son œil et à son palais; de l'herbe touffue où il était agréable de se coucher quand il était rassasié; et des nuées qui paraissaient être d'autres agneaux qui s'ébattaient là-haut, au-dessus des prés azurés et qui l'invitaient à jouer en courant dans le pré, comme eux dans le ciel, et surtout des caresses de la mère qui lui permettait encore de téter son lait tiède, pendant qu'elle léchait la blanche toison avec sa langue rose; du bercail bien protégé et à l'abri du vent, de la litière douce et parfumée sur laquelle il était agréable de dormir près de sa mère. "Il est facile à contenter. Il est sans armes ni venin. Il est naïf. Faisons-le roi". Et ils le firent roi. Et ils s'en glorifiaient parce qu'il était beau et bon, admiré des peuples voisins, aimé de ses sujets à cause de sa patiente douceur. Le temps passa et l'agneau devint mouton et il dit: "Maintenant c'est le moment de gouverner réellement. Maintenant je possède pleinement la connaissance de ma mission. La volonté de Dieu qui a permis que je fusse élu roi, m'a formé à cette mission en me donnant la capacité de régner. Il est donc juste que je l'exerce d'une manière parfaite, même pour ne pas négliger les dons de Dieu". Voyant des sujets qui faisaient des choses contraires à l'honnêteté des mœurs, ou à la charité, ou à la douceur, ou à la loyauté, à la tempérance, à l'obéissance, au respect, à la prudence et ainsi de suite, il éleva la voix pour les réprimander. Ses sujets se gaussèrent de son bêlement sage et doux qui ne faisait pas peur comme le rugissement des félins, ni comme le cri des vautours quand ils descendent d'un vol rapide sur leur proie, ni comme le sifflement du serpent, et ni même comme l'aboiement du chien qui inspire la crainte. L'agneau devenu mouton ne se borna pas à bêler, mais il alla trouver les coupables pour les ramener à leur devoir. Mais le serpent se glissa dans ses pattes. L'aigle s'éleva dans les hauteurs en le laissant en plan. Les félins, d'un coup de patte feutrée, le bousculèrent en le menaçant: "Tu vois ce qu'il y a dans notre patte feutrée qui pour l'instant te bouscule seulement? Les griffes". Les chevaux, et tous les coureurs en général, se mirent à courir au galop autour de lui, en le tournant en ridicule. Les éléphants massifs et autres pachydermes, d'un coup de museau, le jetèrent çà et là, pendant que les guenons du haut des arbres lui lançaient des projectiles. L'agneau devenu mouton finit par s'inquiéter et il dit: "Je ne voulais pas me servir de mes cornes ni de ma force car, moi aussi, j'ai une force dans ce cou et on la prendra comme modèle pour abattre les obstacles en temps de guerre. Je ne voulais pas m'en servir, parce que je voulais user d'amour et de persuasion, mais puisque vous m'attaquez avec ces armes, voilà que je vais user de ma force parce que, si vous manquez à votre devoir envers moi et envers Dieu, moi, je ne veux pas manquer à mon devoir envers Dieu et envers vous. J'ai été mis à cette place, par vous et par Dieu, pour vous conduire à la Justice et au Bien. Et je veux que règnent ici la Justice et le Bien, c'est-à-dire l'Ordre". Et il se servit de ses cornes pour punir, légèrement parce qu'il était bon, un roquet têtu qui continuait à importuner ses voisins et puis, de son cou puissant, il défonça la porte d'une tanière où un porc goulu et égoïste avait accumulé des vivres au détriment des autres, et il abattit aussi le buisson de lianes choisi par deux singes luxurieux pour leurs amours illicites. "Ce roi est devenu trop puissant. Il veut vraiment régner. Il veut absolument que nous vivions en sages. Cela ne nous plaît pas. Il faut le détrôner" décidèrent-ils. Mais un astucieux petit singe leur conseilla: "Ne le faisons que sous l'apparence d'un juste motif. Autrement nous ferions piètre figure auprès des peuples et nous serions odieux à Dieu. Épions donc chaque action de l'agneau devenu mouton pour pouvoir l'accuser avec un semblant de justice". "J'y pense, moi" dit le serpent. "Et moi aussi" dit la guenon. L'un, en se glissant dans les herbes, l'autre, en restant en haut des arbres ne perdirent plus de vue l'agneau devenu mouton. Chaque soir, quand lui se retirait pour se reposer des fatigues de la mission et réfléchir sur les mesures à adopter et les paroles à employer pour dompter la révolte et triompher des péchés de ses sujets, ceux-ci, à part quelques rares personnes honnêtes et fidèles, se réunissaient pour écouter le rapport des deux espions et des deux traîtres. Car c'était bien cela qu'ils étaient. Le serpent disait à son roi: "Je te suis parce que je t'aime et si je voyais qu'on t'attaque, je veux pouvoir te défendre". La guenon disait à son roi: "Comme je t'admire! Je veux t'aider. Regarde: d'ici je vois qu'au-delà du pré on est en train de pécher. Cours!" et ensuite, elle disait à ses compagnons: "Aujourd'hui aussi, il a pris part au banquet de certains pécheurs. Il a feint d'y aller pour les convertir mais ensuite, en réalité, il a été complice de leur ripaille". Et le serpent rapportait: "Il est allé jusqu'en dehors de son peuple, fréquentant les papillons, les mouches et les limaces visqueuses. C'est un infidèle. Il entretient des relations avec des étrangers immondes". Ainsi parlaient-ils aux dépens de l'innocent, s'imaginant que celui-ci ne savait rien. Mais l'esprit du Seigneur, qui l'avait formé pour sa mission, l'éclairait aussi sur les complots de ses sujets. Il aurait pu s'enfuir, indigné, en les maudissant. Mais l'agneau était doux et humble de cœur. Il aimait. Il avait le tort d'aimer, et il avait le tort encore plus grand de persévérer, en aimant et pardonnant, dans sa mission, au prix de sa vie, pour accomplir la volonté de Dieu. Oh! quels torts que ceux-là, auprès des hommes! Impardonnables! Et ils l'étaient tant qu'ils lui valurent la condamnation. "Qu'il soit tué! Pour qu'on soit délivré de son oppression". Et le serpent se chargea de le tuer, parce que le serpent est toujours le traître… C'est le second apologue. A toi de le comprendre, peuple de Nazareth! Quant à Moi, à cause de l'amour qui m'attache à toi, je te souhaite d'en rester au moins à l'hostilité, et de ne pas aller au-delà. L'amour de la terre où je suis venu tout enfant, où j'ai grandi en vous aimant et en recevant de l'amour, me fait vous dire à vous tous: "Ne soyez pas plus qu'hostiles. N'agissez pas de façon que l'histoire dise: 'C'est de Nazareth qu'est venu le traître qui l'a livré et aussi ses juges iniques' ". Adieu. Soyez droits dans vos jugements et constants dans votre volonté. La première chose, pour vous tous, mes concitoyens. La seconde pour ceux d'entre vous qui sont troublés par des pensées qui ne sont pas honnêtes. Je pars… La paix soit avec vous.” Et Jésus, au milieu d'un silence pénible, rompu seulement par deux ou trois voix qui l'approuvent, sort, triste, la tête baissée, de la synagogue de Nazareth. Il est suivi par les apôtres. Tout à fait en queue sont les fils d'Alphée et leurs yeux ne sont certainement pas les yeux d'un doux agneau… Ils regardent sévèrement la foule hostile et Jude Thaddée n'hésite pas à se planter droit en face de son frère Simon et à lui dire: “Je croyais avoir un frère plus honnête et ayant plus de caractère.” Simon baisse la tête et se tait, mais l'autre frère, encouragé par les autres de Nazareth, dit: “Tu n'a pas honte d'offenser ton frère aîné!” “Non. J'ai honte de vous, de vous tous. Ce n'est pas une marâtre, mais une marâtre dépravée qu'est Nazareth pour le Messie. Écoutez pourtant ma prophétie. Vous pleurerez des larmes, assez pour alimenter une fontaine, mais elles ne suffiront pas à effacer des livres de l'histoire le vrai nom de cette cité et le vôtre. Vous savez lequel? "Sottise". Adieu.” Jacques ajoute un salut plus large en leur souhaitant la lumière de la sagesse et ils sortent avec Alphée de Sara et deux jeunes garçons, si je les reconnais bien, ce sont les deux âniers qui escortèrent les ânes qui avaient servi pour aller à la rencontre de Jeanne de Chouza mourante. La foule, restée interdite, murmure: “Mais d'où Lui vient tant de sagesse?” “Et les miracles d'où en a-t-il le pouvoir? Car, pour en faire, il en f ait . Toute la Palestine en parle.” “N'est-ce pas le fils de Joseph le menuisier? Nous l'avons tous vu à son établi de Nazareth faire des tables et des lits, et ajuster des roues et des serrures. Il n'est même pas allé à l'école et sa Mère seule fut sa maîtresse.” “Un scandale aussi cela que notre père a critiqué” dit Joseph d'Alphée. “Mais tes frères aussi ont terminé l'école avec Marie de Joseph.” “Hé! mon père fut faible avec son épouse…” répond encore Joseph. “Et aussi le frère de ton père, alors?” “Aussi.” “Mais est-ce bien le fils du menuisier?” “Et tu ne le vois pas?” “Oh! il y en a tant qui se ressemblent! Moi je pense que c'est quelqu'un qui veut se faire passer pour lui.” “Et alors où est Jésus de Joseph?” “Crois-tu que sa Mère ne le connaît pas?” “Il a ici ses frères et ses sœurs et tous l'appellent parent. N'est-ce pas vrai, peut-être, vous deux?” Les deux aînés d'Alphée font signe que oui. “Alors il est devenu fou ou possédé, car ce qu'il dit ne peut venir d'un menuisier.” “Il faudrait ne pas l'écouter. Sa prétendue doctrine c'est du délire ou de la possession.” Jésus s'est arrêté sur la place, attendant Alphée de Sara qui parle avec un homme. Et pendant qu'il attend, un des deux âniers qui était resté près de la porte de la synagogue Lui rapporte les calomnies qu'on y a dites. “Ne t'en afflige pas. Un prophète généralement n'est pas honoré dans sa patrie et dans sa maison. L'homme est sot au point de croire que, pour être prophètes, il faut être des êtres pour ainsi dire étrangers à la vie. Et les concitoyens et ceux de la famille plus que tous connaissent et se rappellent le caractère humain de leur concitoyen et parent, mais la vérité triomphera. Et maintenant je te salue. La paix soit avec toi.” “Merci, Maître, d'avoir guéri ma mère.” “Tu le méritais parce que tu as su croire. Mon pouvoir, ici, est impuissant, car il n'y a pas de foi. Allons, amis. Demain à l'aube nous partirons.”
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/