Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 19,1-10.
Jésus traversait la ville de Jéricho. Or, il y avait un homme du nom de Zachée ; il était le chef des collecteurs d'impôts, et c'était quelqu'un de riche. Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il n'y arrivait pas à cause de la foule, car il était de petite taille. Il courut donc en avant et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui devait passer par là. Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et l'interpella : « Zachée, descends vite : aujourd'hui il faut que j'aille demeurer dans ta maison. » Vite, il descendit, et reçut Jésus avec joie. Voyant cela, tous récriminaient : « Il est allé loger chez un pécheur. » Mais Zachée, s'avançant, dit au Seigneur : « Voilà, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j'ai fait du tort à quelqu'un, je vais lui rendre quatre fois plus. » Alors Jésus dit à son sujet : « Aujourd'hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d'Abraham. En effet, le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 6, Ch 106, p 190 - CD 6, piste 68 -
Je vois une grande place qui semble un marché, ombragée de palmiers et d'autres arbres plus bas et feuillus. Les palmiers ont poussé çà et là, en désordre, et balancent leurs touffes de feuilles que fait craquer un vent chaud et élevé. Le vent soulève une poussière rougeâtre comme s'il venait d'un désert, ou au moins de terres incultes, de terres rougeâtres. Les autres arbres par contre forment une sorte de long portique le long des côtés de la place, un portique d'ombre, et dessous se sont réfugiés vendeurs et acheteurs dans une cohue agitée et hurlante. Dans un coin de la place, précisément là où débouche la rue principale, il y a un primordial office de collecteur d'impôts. Il y a des balances et des mesures, un banc sur lequel est assis un petit homme qui surveille, observe et encaisse. Tout le monde parle avec lui comme s'il était très connu. J'apprends que c'est Zachée le gabeleur parce que beaucoup l'appellent, les uns pour lui poser des questions sur les événements de la ville, et ce sont les étrangers, et les autres pour lui verser leurs taxes. Plusieurs s'étonnent de le voir préoccupé. En effet il paraît distrait et absorbé dans une réflexion. Il répond par monosyllabes et parfois par signes. Cela étonne beaucoup de gens et on comprend qu'à l'ordinaire Zachée est loquace. Quelqu'un lui demande s'il se sent mal, ou bien s'il a des parents malades. Mais il dit que non. Deux fois seulement il marque un vif intérêt. La première, quand il interroge deux hommes qui viennent de Jérusalem et qui parlent du Nazaréen en racontant ses miracles et ses prédications. Alors Zachée pose de nombreuses questions: “Est-il vraiment bon comme on le dit? Ses paroles correspondent-elles à ce qu'il fait? La miséricorde qu'il prêche en use-t-il ensuite réellement? Pour tous? Même pour les publicains? Est-il vrai qu'il ne repousse personne?” Et il écoute et réfléchit et soupire. Une autre fois c'est quand quelqu'un lui montre un homme barbu qui passe sur son âne, chargé de mobilier. “Tu vois, Zachée? C'est Zacharie, le lépreux. Depuis dix ans, il vivait dans un tombeau. Maintenant qu'il est guéri, il rachète du mobilier pour sa maison vidée par application de la Loi quand lui et les siens furent déclarés lépreux.” “Appelez-le.” Zacharie vient. “Tu étais lépreux?” “Je l'étais et, avec moi, ma femme et mes deux enfants. La maladie prit d'abord la femme, et nous ne nous en sommes pas aperçus tout de suite. Les enfants la prirent en dormant sur la mère, et moi en m'approchant de ma femme. Nous étions tous lépreux! Quand les gens s'en aperçurent, ils nous expulsèrent du village… Ils auraient pu nous laisser dans notre maison. C'était la dernière… au bout de la route. Nous ne leur aurions pas donné d'ennuis… Nous avions déjà laissé pousser la haie, haute, très haute pour n'être même pas vus. C'était déjà un tombeau… mais c'était notre maison… On nous a chassés. Dehors! Dehors! Aucun village ne voulait de nous. C'était juste! Même notre village ne voulait pas de nous. Nous nous sommes installés près de Jérusalem, dans un tombeau vide. Là il y a beaucoup de malheureux. Mais les enfants, dans le froid de la caverne, sont morts. La maladie, le froid et la faim les ont vite tués… C'étaient deux garçons… ils étaient beaux avant de tomber malades, robustes et beaux, bruns comme deux mûres d'août, bouclés, éveillés. Ils étaient devenus deux squelettes couverts de plaies… Plus de cheveux, les yeux fermés par des croûtes, leurs petits pieds et leurs mains tombaient en squames blanches. Ils sont tombés en poussière sous mes yeux, mes enfants!… Ils n'avaient plus figure humaine ce matin-là où ils sont morts à quelques heures d'intervalle… Je les ai ensevelis au milieu des cris de la mère, sous un peu de terre et beaucoup de pierres comme des charognes d'animaux… Quelques mois plus tard, la mère est morte… et je suis resté seul… J'attendais la mort, et je n'aurais même pas eu une fosse creusée de mains d'hommes… J'étais déjà presque aveugle quand un jour est passé le Nazaréen. De mon tombeau j'ai crié: "Jésus, Fils de David, aie pitié de moi!" Un mendiant, qui n'avait pas eu peur de m'apporter son pain, m'avait dit qu'il avait été guéri de sa cécité en appelant le Nazaréen par ce cri. Et il disait: "Il ne m'a pas seulement donné la vue des yeux, mais celle de l'âme. J'ai vu que Lui est le Fils de Dieu et je vois tout à travers Lui. C'est pour cela que je ne te fuis pas, frère, mais que je t'apporte du pain et la foi. Va vers le Christ. Qu'il y en ait un de plus pour le bénir". Je ne pouvais marcher. Mes pieds, ulcérés jusqu'à l'os, ne me permettaient pas de marcher… et puis… j'aurais été lapidé si on m'avait vu. Je suis resté attentif à son passage. Lui passait souvent pour aller à Jérusalem. Un jour j'ai vu, comme je pouvais voir, un nuage de poussière sur la route et une foule et j'ai entendu des cris. Je me suis traîné au sommet de la colline où étaient les grottes sépulcrales et, quand il m'a semblé voir une tête blonde qui brillait nue parmi les autres couvertes, j'ai crié, fort, de toutes mes forces. J'ai crié trois fois, jusqu'à ce que mon cri Lui arriva. Il s'est retourné, il s'est arrêté. Puis il s'est avancé, seul. Il est venu juste au-dessous de l'endroit où j'étais et il m'a regardé. Beau, bon, avec une voix, un sourire!… Il a dit: "Que veux-tu que je te fasse?" "Je veux être guéri". "Crois-tu que je le puisse? Pourquoi?" m'a-t-il demandé. "Parce que tu es le Fils de Dieu". "Tu le crois?" "Je le crois" ai-je répondu. "Je vois le Très-Haut étinceler de toute sa gloire sur ta tête. Fils de Dieu, aie pitié de moi!" Et Lui alors a étendu une main avec un visage qui était tout feu. Ses yeux semblaient deux soleils d'azur, et il a dit: "Je le veux. Sois purifié" et il m'a béni avec un sourire!… Ah! quel sourire! J'ai senti une force qui entrait en moi comme une épée de feu qui courait chercher mon cœur, qui courait dans les veines. Le cœur, qui était si malade, avait retrouvé ses vingt ans; le sang, glacé dans mes veines, est redevenu chaud et vif. Plus de douleur, plus de faiblesse et une joie, une joie!… Il me regardait et de son sourire, il me rendait bienheureux. Puis il a dit: "Va, montre-toi aux prêtres. Ta foi t'a sauvé". Alors j'ai compris que j'étais guéri et j'ai regardé mes mains, mes jambes. Les plaies n'existaient plus. Où l'os était avant découvert il y avait une chair rose et fraîche. J'ai couru à un ruisseau et je me suis regardé. Le visage aussi était pur. J'étais pur! J'étais pur après dix ans d'horreur!… Ah! pourquoi n'était-il pas passé avant, pendant les années où ma femme et mes enfants étaient vivants? Lui nous aurait guéris. Maintenant, tu vois? Je fais des achats pour ma maison… Mais je suis seul!…” “Tu ne l'as plus vu?” “Non. Mais je sais qu'il est dans les parages et je suis venu ici exprès. Je voudrais le bénir encore et qu'il me bénisse pour avoir la force dans ma solitude.” Zachée baisse la tête et se tait. Le groupe se sépare. Il passe du temps. L'heure devient chaude. Le marché se disperse. Le gabeleur, la tête appuyée sur la main, réfléchit assis à son banc. “Voici, voici le Nazaréen!” crient des enfants en montrant la rue principale. Femmes, hommes, malades, mendiants, s'empressent de courir à sa rencontre. La place reste vide. Seuls des mulets et des chameaux, attachés aux palmiers, restent à leurs places, et Zachée reste à son banc. Mais ensuite il se lève et il monte sur son banc. Il ne voit encore rien car beaucoup de gens ont détaché des branches et les balancent comme pour faire fête à Jésus qui apparaît penché sur des malades. Alors Zachée enlève son vêtement et, ne gardant que sa seule tunique courte, il grimpe sur l'un des arbres. Il monte non sans peine sur le tronc gros et lisse qu'il embrasse mal avec ses jambes et ses bras courts. Mais il y réussit, et il se met à califourchon sur deux branches comme sur un perchoir. Ses jambes pendent de cette balustrade et lui se penche, à partir de la ceinture, comme quelqu'un qui est à une fenêtre et qui regarde. La foule arrive sur la place. Jésus lève les yeux et il sourit au spectateur solitaire perché dans les branches. “Zachée, descends tout de suite. Aujourd'hui je reste chez toi” ordonne-t-il. Zachée, après un moment de stupeur, le visage tout rouge d'émotion, se laisse glisser à terre comme un sac. Il est agité et il n'en finit plus de remettre son vêtement. Il ferme ses registres et sa caisse avec des gestes qu'il voudrait rapides et qui n'en sont que plus lents. Mais Jésus est patient et, en attendant, il caresse des enfants. Enfin Zachée est prêt. Il s'approche du Maître et le conduit vers une belle maison entourée d'un vaste jardin et qui est au centre du village. C'est un beau village, et même une ville de peu inférieure à Jérusalem pour ses bâtiments, sinon pour son étendue. Jésus entre et, pendant qu'il attend que le repas soit préparé, il s'occupe des malades et des bien portants. Avec une patience… dont Lui seul est capable. Zachée va et vient en se donnant beaucoup de mal. Il ne se tient pas de joie. Il voudrait parler avec Jésus, mais Jésus est toujours entouré par une foule de gens. Finalement Jésus les congédie tous en disant: “Revenez au coucher du soleil. Maintenant rentrez chez vous. La paix à vous.” Le jardin se vide, et l'on sert le repas dans une salle belle et fraîche qui donne sur le jardin. Zachée a très bien fait les choses. Je ne vois pas de gens de sa famille, aussi je pense que Zachée était célibataire, entouré seulement de nombreux serviteurs. A la fin du repas, quand les disciples s'éparpillent à l'ombre des buissons pour se reposer, Zachée reste avec Jésus dans la salle fraîche. Et même pendant un moment Jésus reste seul car Zachée se retire comme pour laisser reposer Jésus. Mais ensuite il revient et il regarde en écartant un peu le rideau. Il voit que Jésus ne dort pas, mais réfléchit. Alors il s'approche. Il a dans ses bras un coffre pesant. Il le pose sur la table, près de Jésus, et il dit: “Maître… on m'a parlé de Toi, il y a un certain temps. Un jour, sur une montagne, tu as dit tant de vérités que nos docteurs ne savent plus dire. Elles me sont restées dans le cœur… et depuis lors, je pense à Toi… Puis on m'a dit que tu es bon et que tu ne repousses pas les pécheurs. Moi, je suis pécheur, Maître. On m'a dit que tu guéris les malades. J'ai le cœur malade, parce que j'ai fraudé, parce que j'ai pratiqué l'usure, parce que j'ai été vicieux, voleur, dur envers les pauvres. Mais maintenant, voici, je suis guéri parce que tu m'as parlé. Tu t'es approché de moi, et le démon de la sensualité et de la richesse s'est enfui. Et moi, à partir d'aujourd'hui, je suis tien, si tu ne me refuses pas, et pour te montrer que je nais de nouveau en Toi, voici que je me dépouille des richesses mal acquises. Je te donne la moitié de mon avoir pour les pauvres et l'autre moitié servira à restituer en quadruple ce que j'ai pris frauduleusement. Je sais qui j'ai fraudé. Et puis, après avoir rendu à chacun ce qui lui appartient, je te suivrai, Maître, si tu le permets…” “Je le veux. Viens. Je suis venu pour sauver et appeler à la Lumière. Aujourd'hui la Lumière et le Salut sont venus à la maison de ton cœur. Ceux qui, au-delà du portail, murmurent parce que je t'ai racheté en m'assoyant à ton banquet, oublient que comme eux, tu es fils d'Abraham et que je suis venu sauver ce qui était perdu et pour donner la Vie à ceux dont l'esprit était mort. Viens, Zachée. Tu as compris ma parole mieux que beaucoup de ceux qui me suivent seulement pour pouvoir m'accuser. Aussi, désormais, tu seras avec Moi.” La vision se termine ainsi.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/
Jésus traversait la ville de Jéricho. Or, il y avait un homme du nom de Zachée ; il était le chef des collecteurs d'impôts, et c'était quelqu'un de riche. Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il n'y arrivait pas à cause de la foule, car il était de petite taille. Il courut donc en avant et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui devait passer par là. Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et l'interpella : « Zachée, descends vite : aujourd'hui il faut que j'aille demeurer dans ta maison. » Vite, il descendit, et reçut Jésus avec joie. Voyant cela, tous récriminaient : « Il est allé loger chez un pécheur. » Mais Zachée, s'avançant, dit au Seigneur : « Voilà, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j'ai fait du tort à quelqu'un, je vais lui rendre quatre fois plus. » Alors Jésus dit à son sujet : « Aujourd'hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d'Abraham. En effet, le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 6, Ch 106, p 190 - CD 6, piste 68 -
Je vois une grande place qui semble un marché, ombragée de palmiers et d'autres arbres plus bas et feuillus. Les palmiers ont poussé çà et là, en désordre, et balancent leurs touffes de feuilles que fait craquer un vent chaud et élevé. Le vent soulève une poussière rougeâtre comme s'il venait d'un désert, ou au moins de terres incultes, de terres rougeâtres. Les autres arbres par contre forment une sorte de long portique le long des côtés de la place, un portique d'ombre, et dessous se sont réfugiés vendeurs et acheteurs dans une cohue agitée et hurlante. Dans un coin de la place, précisément là où débouche la rue principale, il y a un primordial office de collecteur d'impôts. Il y a des balances et des mesures, un banc sur lequel est assis un petit homme qui surveille, observe et encaisse. Tout le monde parle avec lui comme s'il était très connu. J'apprends que c'est Zachée le gabeleur parce que beaucoup l'appellent, les uns pour lui poser des questions sur les événements de la ville, et ce sont les étrangers, et les autres pour lui verser leurs taxes. Plusieurs s'étonnent de le voir préoccupé. En effet il paraît distrait et absorbé dans une réflexion. Il répond par monosyllabes et parfois par signes. Cela étonne beaucoup de gens et on comprend qu'à l'ordinaire Zachée est loquace. Quelqu'un lui demande s'il se sent mal, ou bien s'il a des parents malades. Mais il dit que non. Deux fois seulement il marque un vif intérêt. La première, quand il interroge deux hommes qui viennent de Jérusalem et qui parlent du Nazaréen en racontant ses miracles et ses prédications. Alors Zachée pose de nombreuses questions: “Est-il vraiment bon comme on le dit? Ses paroles correspondent-elles à ce qu'il fait? La miséricorde qu'il prêche en use-t-il ensuite réellement? Pour tous? Même pour les publicains? Est-il vrai qu'il ne repousse personne?” Et il écoute et réfléchit et soupire. Une autre fois c'est quand quelqu'un lui montre un homme barbu qui passe sur son âne, chargé de mobilier. “Tu vois, Zachée? C'est Zacharie, le lépreux. Depuis dix ans, il vivait dans un tombeau. Maintenant qu'il est guéri, il rachète du mobilier pour sa maison vidée par application de la Loi quand lui et les siens furent déclarés lépreux.” “Appelez-le.” Zacharie vient. “Tu étais lépreux?” “Je l'étais et, avec moi, ma femme et mes deux enfants. La maladie prit d'abord la femme, et nous ne nous en sommes pas aperçus tout de suite. Les enfants la prirent en dormant sur la mère, et moi en m'approchant de ma femme. Nous étions tous lépreux! Quand les gens s'en aperçurent, ils nous expulsèrent du village… Ils auraient pu nous laisser dans notre maison. C'était la dernière… au bout de la route. Nous ne leur aurions pas donné d'ennuis… Nous avions déjà laissé pousser la haie, haute, très haute pour n'être même pas vus. C'était déjà un tombeau… mais c'était notre maison… On nous a chassés. Dehors! Dehors! Aucun village ne voulait de nous. C'était juste! Même notre village ne voulait pas de nous. Nous nous sommes installés près de Jérusalem, dans un tombeau vide. Là il y a beaucoup de malheureux. Mais les enfants, dans le froid de la caverne, sont morts. La maladie, le froid et la faim les ont vite tués… C'étaient deux garçons… ils étaient beaux avant de tomber malades, robustes et beaux, bruns comme deux mûres d'août, bouclés, éveillés. Ils étaient devenus deux squelettes couverts de plaies… Plus de cheveux, les yeux fermés par des croûtes, leurs petits pieds et leurs mains tombaient en squames blanches. Ils sont tombés en poussière sous mes yeux, mes enfants!… Ils n'avaient plus figure humaine ce matin-là où ils sont morts à quelques heures d'intervalle… Je les ai ensevelis au milieu des cris de la mère, sous un peu de terre et beaucoup de pierres comme des charognes d'animaux… Quelques mois plus tard, la mère est morte… et je suis resté seul… J'attendais la mort, et je n'aurais même pas eu une fosse creusée de mains d'hommes… J'étais déjà presque aveugle quand un jour est passé le Nazaréen. De mon tombeau j'ai crié: "Jésus, Fils de David, aie pitié de moi!" Un mendiant, qui n'avait pas eu peur de m'apporter son pain, m'avait dit qu'il avait été guéri de sa cécité en appelant le Nazaréen par ce cri. Et il disait: "Il ne m'a pas seulement donné la vue des yeux, mais celle de l'âme. J'ai vu que Lui est le Fils de Dieu et je vois tout à travers Lui. C'est pour cela que je ne te fuis pas, frère, mais que je t'apporte du pain et la foi. Va vers le Christ. Qu'il y en ait un de plus pour le bénir". Je ne pouvais marcher. Mes pieds, ulcérés jusqu'à l'os, ne me permettaient pas de marcher… et puis… j'aurais été lapidé si on m'avait vu. Je suis resté attentif à son passage. Lui passait souvent pour aller à Jérusalem. Un jour j'ai vu, comme je pouvais voir, un nuage de poussière sur la route et une foule et j'ai entendu des cris. Je me suis traîné au sommet de la colline où étaient les grottes sépulcrales et, quand il m'a semblé voir une tête blonde qui brillait nue parmi les autres couvertes, j'ai crié, fort, de toutes mes forces. J'ai crié trois fois, jusqu'à ce que mon cri Lui arriva. Il s'est retourné, il s'est arrêté. Puis il s'est avancé, seul. Il est venu juste au-dessous de l'endroit où j'étais et il m'a regardé. Beau, bon, avec une voix, un sourire!… Il a dit: "Que veux-tu que je te fasse?" "Je veux être guéri". "Crois-tu que je le puisse? Pourquoi?" m'a-t-il demandé. "Parce que tu es le Fils de Dieu". "Tu le crois?" "Je le crois" ai-je répondu. "Je vois le Très-Haut étinceler de toute sa gloire sur ta tête. Fils de Dieu, aie pitié de moi!" Et Lui alors a étendu une main avec un visage qui était tout feu. Ses yeux semblaient deux soleils d'azur, et il a dit: "Je le veux. Sois purifié" et il m'a béni avec un sourire!… Ah! quel sourire! J'ai senti une force qui entrait en moi comme une épée de feu qui courait chercher mon cœur, qui courait dans les veines. Le cœur, qui était si malade, avait retrouvé ses vingt ans; le sang, glacé dans mes veines, est redevenu chaud et vif. Plus de douleur, plus de faiblesse et une joie, une joie!… Il me regardait et de son sourire, il me rendait bienheureux. Puis il a dit: "Va, montre-toi aux prêtres. Ta foi t'a sauvé". Alors j'ai compris que j'étais guéri et j'ai regardé mes mains, mes jambes. Les plaies n'existaient plus. Où l'os était avant découvert il y avait une chair rose et fraîche. J'ai couru à un ruisseau et je me suis regardé. Le visage aussi était pur. J'étais pur! J'étais pur après dix ans d'horreur!… Ah! pourquoi n'était-il pas passé avant, pendant les années où ma femme et mes enfants étaient vivants? Lui nous aurait guéris. Maintenant, tu vois? Je fais des achats pour ma maison… Mais je suis seul!…” “Tu ne l'as plus vu?” “Non. Mais je sais qu'il est dans les parages et je suis venu ici exprès. Je voudrais le bénir encore et qu'il me bénisse pour avoir la force dans ma solitude.” Zachée baisse la tête et se tait. Le groupe se sépare. Il passe du temps. L'heure devient chaude. Le marché se disperse. Le gabeleur, la tête appuyée sur la main, réfléchit assis à son banc. “Voici, voici le Nazaréen!” crient des enfants en montrant la rue principale. Femmes, hommes, malades, mendiants, s'empressent de courir à sa rencontre. La place reste vide. Seuls des mulets et des chameaux, attachés aux palmiers, restent à leurs places, et Zachée reste à son banc. Mais ensuite il se lève et il monte sur son banc. Il ne voit encore rien car beaucoup de gens ont détaché des branches et les balancent comme pour faire fête à Jésus qui apparaît penché sur des malades. Alors Zachée enlève son vêtement et, ne gardant que sa seule tunique courte, il grimpe sur l'un des arbres. Il monte non sans peine sur le tronc gros et lisse qu'il embrasse mal avec ses jambes et ses bras courts. Mais il y réussit, et il se met à califourchon sur deux branches comme sur un perchoir. Ses jambes pendent de cette balustrade et lui se penche, à partir de la ceinture, comme quelqu'un qui est à une fenêtre et qui regarde. La foule arrive sur la place. Jésus lève les yeux et il sourit au spectateur solitaire perché dans les branches. “Zachée, descends tout de suite. Aujourd'hui je reste chez toi” ordonne-t-il. Zachée, après un moment de stupeur, le visage tout rouge d'émotion, se laisse glisser à terre comme un sac. Il est agité et il n'en finit plus de remettre son vêtement. Il ferme ses registres et sa caisse avec des gestes qu'il voudrait rapides et qui n'en sont que plus lents. Mais Jésus est patient et, en attendant, il caresse des enfants. Enfin Zachée est prêt. Il s'approche du Maître et le conduit vers une belle maison entourée d'un vaste jardin et qui est au centre du village. C'est un beau village, et même une ville de peu inférieure à Jérusalem pour ses bâtiments, sinon pour son étendue. Jésus entre et, pendant qu'il attend que le repas soit préparé, il s'occupe des malades et des bien portants. Avec une patience… dont Lui seul est capable. Zachée va et vient en se donnant beaucoup de mal. Il ne se tient pas de joie. Il voudrait parler avec Jésus, mais Jésus est toujours entouré par une foule de gens. Finalement Jésus les congédie tous en disant: “Revenez au coucher du soleil. Maintenant rentrez chez vous. La paix à vous.” Le jardin se vide, et l'on sert le repas dans une salle belle et fraîche qui donne sur le jardin. Zachée a très bien fait les choses. Je ne vois pas de gens de sa famille, aussi je pense que Zachée était célibataire, entouré seulement de nombreux serviteurs. A la fin du repas, quand les disciples s'éparpillent à l'ombre des buissons pour se reposer, Zachée reste avec Jésus dans la salle fraîche. Et même pendant un moment Jésus reste seul car Zachée se retire comme pour laisser reposer Jésus. Mais ensuite il revient et il regarde en écartant un peu le rideau. Il voit que Jésus ne dort pas, mais réfléchit. Alors il s'approche. Il a dans ses bras un coffre pesant. Il le pose sur la table, près de Jésus, et il dit: “Maître… on m'a parlé de Toi, il y a un certain temps. Un jour, sur une montagne, tu as dit tant de vérités que nos docteurs ne savent plus dire. Elles me sont restées dans le cœur… et depuis lors, je pense à Toi… Puis on m'a dit que tu es bon et que tu ne repousses pas les pécheurs. Moi, je suis pécheur, Maître. On m'a dit que tu guéris les malades. J'ai le cœur malade, parce que j'ai fraudé, parce que j'ai pratiqué l'usure, parce que j'ai été vicieux, voleur, dur envers les pauvres. Mais maintenant, voici, je suis guéri parce que tu m'as parlé. Tu t'es approché de moi, et le démon de la sensualité et de la richesse s'est enfui. Et moi, à partir d'aujourd'hui, je suis tien, si tu ne me refuses pas, et pour te montrer que je nais de nouveau en Toi, voici que je me dépouille des richesses mal acquises. Je te donne la moitié de mon avoir pour les pauvres et l'autre moitié servira à restituer en quadruple ce que j'ai pris frauduleusement. Je sais qui j'ai fraudé. Et puis, après avoir rendu à chacun ce qui lui appartient, je te suivrai, Maître, si tu le permets…” “Je le veux. Viens. Je suis venu pour sauver et appeler à la Lumière. Aujourd'hui la Lumière et le Salut sont venus à la maison de ton cœur. Ceux qui, au-delà du portail, murmurent parce que je t'ai racheté en m'assoyant à ton banquet, oublient que comme eux, tu es fils d'Abraham et que je suis venu sauver ce qui était perdu et pour donner la Vie à ceux dont l'esprit était mort. Viens, Zachée. Tu as compris ma parole mieux que beaucoup de ceux qui me suivent seulement pour pouvoir m'accuser. Aussi, désormais, tu seras avec Moi.” La vision se termine ainsi.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/