"Lisez cette œuvre et faites-la lire"
Jésus (Chapitre 38, Volume 10 ) à propos de
l’Évangile tel qu’il m’a été révélé.

L'Évangile de la Messe Paul VI
et l’Évangile tel qu’il m’a été révélé de Maria Valtorta.
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Dimanche 27 octobre 2013, Trentième dimanche du temps ordinaire

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 18,9-14. 
Jésus dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d'être justes et qui méprisaient tous les autres : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L'un était pharisien, et l'autre, publicain. Le pharisien se tenait là et priait en lui-même : 'Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes : voleurs, injustes, adultères, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne. ' Le publicain, lui, se tenait à distance et n'osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : 'Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ! ' Quand ce dernier rentra chez lui, c'est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste, et non pas l'autre. Qui s'élève sera abaissé ; qui s'abaisse sera élevé. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris 
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 7, Ch 220, p 428 - CD 7 (2ème cd), piste 62 - 
Jésus sort de la maison de Zachée. La matinée est avancée. Il a avec Lui Zachée, Pierre et Jacques d'Alphée. Les autres apôtres sont peut-être déjà dispersés dans la campagne pour annoncer que le Maître est dans la ville. Derrière le groupe de Jésus avec Zachée et les apôtres, il y en a un autre, très… varié pour les physionomies, l'âge, les vêtements. Il n'est pas difficile de déclarer avec certitude que ces hommes appartiennent à des races différentes, peut-être même hostiles entre elles, mais les événements de la vie les ont amenés dans cette ville palestinienne et les ont réunis, pour que de leurs profondeurs, ils. remontent vers la lumière. Ce sont pour la plupart des visages flétris de gens qui ont usé et abusé de la vie de plusieurs manières, des yeux fatigués pour la plupart; chez d'autres: des regards que leur long entraînement à des occupations de… rapine fiscale ou de commandement brutal a rendu rapaces et durs, et parfois cet ancien regard réapparaît de dessous un voile humble et pensif qu'y a mis la nouvelle vie. Et cela se produit particulièrement quand quelqu'un de Jéricho les regarde d'un air méprisant ou murmure quelques insolences à leur adresse; puis leur regard redevient las, humble, et leurs têtes s'abaissent humiliées. Jésus se retourne par deux fois pour les observer et, les voyant en arrière, qui ralentissent leur marche à mesure qu'ils approchent de l'endroit choisi pour parler et déjà plein de gens, il ralentit sa marche pour les attendre, et à la fin il leur dit: “Passez devant Moi, et ne craignez pas. Vous avez défié le monde quand vous faisiez le mal, vous ne devez pas le craindre maintenant que vous vous en êtes dépouillés. Ce qui vous a servi alors pour le maîtriser: l'indifférence du jugement du monde, unique arme pour le lasser de juger, servez-vous en encore maintenant et il se lassera de s'occuper de vous, et il vous absorbera, bien que lentement, pour vous faire disparaître dans la grande masse anonyme qu'est ce misérable monde auquel, en vérité, on donne trop d'importance.” Les hommes, au nombre de quinze, obéissent et passent devant. “Maître, voilà là-bas les malades de la campagne” dit Jacques de Zébédée en allant à la rencontre de Jésus et en Lui montrant un coin attiédi par le soleil. “J'arrive. Les autres, où sont-ils?” “Parmi les gens, mais ils t'ont déjà vu et ils vont arriver. Avec eux il y a aussi Salomon, Joseph d'Emmaüs, Jean d'Éphèse, Philippe d'Arbela. Ils vont chez ce dernier et ils viennent de Joppé, Lidda et Modin. Ils ont avec eux des hommes de la côte et des femmes. Ils te cherchaient même, car ils ne sont pas d'accord entre eux pour le jugement à porter sur une femme. Mais ils vont te parler…” Jésus en effet est bientôt entouré des autres disciples qui le saluent avec vénération. Derrière eux se trouvent ceux qui sont nouvellement attirés à la doctrine de Jésus. Mais Jean d'Éphèse ne s'y trouve pas et Jésus en demande la raison. “Il s'est arrêté avec une femme et les parents de cette dernière dans une maison, loin des gens. Quant à la femme, on ne sait si elle est possédée ou prophétesse. Elle dit des choses merveilleuses au dire de ceux de son pays, mais les scribes qui l'ont entendue l'ont jugée possédée. Les parents ont appelé plusieurs fois les exorcistes, mais ils n'ont pas pu chasser le démon qui la tient et la fait parler. Pourtant l'un d'eux a dit au père de la femme - c'est une veuve vierge restée dans sa famille -: "Pour ta fille il faut le Messie Jésus. Lui comprendra ses paroles et il saura d'où elles viennent. Moi, j'ai essayé d'imposer à l'esprit qui parle en elle de s'en aller au nom de Jésus dit le Christ. Toujours les esprits de ténèbres se sont enfuis quand je me suis servi de ce Nom. Cette fois, non. Je dis à ce sujet: ou c'est Belzébuth en personne qui parle et réussit à résister même à ce Nom que je prononce, ou c'est l'Esprit même de Dieu et qui par conséquent ne craint pas puisqu'il est une seule chose avec le Christ. Je crois plutôt à cette dernière explication qu'à la première. Mais pour en être certain, seul le Christ peut juger. Lui comprendra les paroles et leur origine". Et il a été maltraité par les scribes présents, qui l'ont déclaré possédé lui aussi comme la femme et comme Toi. Pardonne-moi, si je dois le dire… Et des scribes ne nous ont plus lâchés et il y en a de garde auprès de la femme car ils veulent établir si elle a pu être avisée de ton arrivée. En effet elle dit qu'elle connaît ton visage et ta voix et qu'elle te reconnaîtrait entre des milliers, alors qu'il est prouvé qu'elle n'est jamais sortie de son village et même de sa maison depuis l'époque, il y a quinze ans, où son mari mourut la veille de la fête nuptiale; et il est prouvé aussi que tu n'es jamais passé par son village qui est Betléchi. Et les scribes attendent cette dernière preuve pour la déclarer possédée. Veux-tu la voir tout de suite?” “Non. Je dois parler aux gens et la rencontre serait trop bruyante ici au milieu de la foule. Va dire à Jean d'Éphèse et aux parents de la femme, et aux scribes aussi, que je les attends tous au début du coucher du soleil dans les bois le long du fleuve, sur le sentier du gué. Va.” Et Jésus, après avoir congédié Salomon qui a parlé au nom de tous, va trouver les malades qui demandent leur guérison et il les guérit. Il y a une femme âgée ankylosée par l'arthrite, un paralytique, un jeune homme idiot, une fillette que je dirais tuberculeuse, et deux qui ont les yeux malades. La foule pousse de bruyants cris de joie. Mais la série des malades n'est pas encore terminée. Une mère s'avance, défigurée par le chagrin, soutenue par deux amies ou parentes et elle s'agenouille pour dire: “J'ai mon fils qui se meurt. On ne peut l'amener ici… Aie pitié de moi!” “Peux-tu croire sans mesure?” “Tout, ô mon Seigneur!” “Alors, retourne chez toi.” “Chez moi!… Sans Toi!…” La femme le regarde un moment, angoissée, puis elle comprend. Le pauvre visage se transfigure. Elle crie: “J'y vais, Seigneur. Et béni sois-tu et le Très-Haut qui t'a envoyé!” Et elle s'en va en courant plus agile que ses compagnes elles-mêmes… Jésus se tourne vers quelqu'un de Jéricho, un digne habitant. “Cette femme est-elle hébraïque?” “Non. Du moins pas de naissance. Elle vient de Milet. Cependant elle a épousé l'un de nous et, depuis lors, elle partage notre foi.” “Elle a su croire mieux que beaucoup d'hébreux” observe Jésus. Puis, montant en haut du perron d'une maison, il fait son geste habituel d'ouvrir les bras, qui précède son allocution et sert à imposer silence. L'ayant obtenu, il rassemble les plis de son manteau, qui s'était ouvert sur la poitrine quand il faisait son geste, et il le tient de la main gauche, alors qu'il abaisse sa droite, dans le geste de qui fait un serment, en disant: “Écoutez, ô habitants de Jéricho, les paraboles du Seigneur et qu'ensuite chacun les médite dans son cœur et en tire la leçon pour nourrir son esprit. Vous pouvez le faire car ce n'est pas d'hier, ni de la dernière lune, ni même de l'autre hiver que vous connaissez la parole de Dieu. Avant que je sois le Maître, Jean, mon Précurseur, vous avait préparé à ma venue, et depuis que je le suis, mes disciples ont labouré ce sol sept et sept fois pour y semer toute la semence que je leur avais donnée. Vous pouvez donc comprendre la parole et la parabole. A qui comparerai-je ceux qui, après avoir été des pécheurs, se sont ensuite convertis? Je les comparerai à des malades qui guérissent. A qui comparerai-je les autres qui n'ont pas péché publiquement, ou qui, plus rares que des perles noires, n'ont jamais fait, même en secret, des fautes graves? Je les comparerai à des personnes saines. Le monde est composé de ces deux catégories: que ce soit pour l'esprit ou bien pour la chair et le sang. Mais si les comparaisons sont les mêmes, différente est la manière du monde d'en user avec les malades guéris, qui étaient malades dans leur chair, de celle dont il use avec les pécheurs convertis, c'est-à-dire avec les malades de l'esprit qui trouvent la santé. Voici ce que nous voyons: quand un malade, même de la lèpre, qui est le malade le plus dangereux et qu'il faut isoler à cause du danger, obtient la grâce de la guérison, après avoir été examiné par le prêtre et purifié, on l'admet de nouveau dans la société, et ceux de sa ville lui font même fête parce qu'il est guéri, revenu à la vie, à la famille, aux affaires. C'est une grande fête dans la famille et la ville quand quelqu'un qui était lépreux réussit à obtenir grâce et à guérir! C'est à qui parmi les membres de sa famille et les habitants lui apportera une chose ou l'autre, et s'il est seul et sans maison ou sans mobilier, lui offrira un lit ou du mobilier et tout le monde dit: "C'est un privilégié de Dieu. C'est son doigt qui l'a guéri, faisons lui donc honneur et honorons Celui qui l'a créé de nouveau". Et il est juste d'agir ainsi. Et quand, malheureusement au contraire, quelqu'un a les premiers signes de la lèpre, avec quel amour angoissé les parents et les amis le comblent de tendresse, tant qu'il est encore possible de le faire, comme pour lui donner en une seule fois le trésor des affections qu'ils lui auraient données en plusieurs années pour qu'il les emmène avec lui dans son tombeau d'être vivant. Mais pourquoi alors pour les autres malades n'agit-on pas ainsi? Un homme commence à pécher, et les membres de sa famille, et surtout ses concitoyens, le voient. Pourquoi alors ne cherchent-ils pas avec amour à l'arracher au péché? Une mère, un père, une épouse, une sœur encore le font, mais il est déjà difficile que les frères le fassent et je ne dis pas que le fassent les enfants du frère du père ou de la mère. Les concitoyens, enfin, ne savent que critiquer, se moquer, être insolents, se scandaliser, exagérer les péchés du pécheur, le montrer du doigt, le tenir éloigné comme un lépreux, ceux qui sont les plus justes, se rendre ses complices pour jouir à ses dépens, ceux qui ne sont pas justes. Mais ce n'est que bien rarement qu'une bouche, et surtout un cœur, va trouver le malheureux avec pitié et fermeté, avec une patience et un amour surnaturel, et se soucie de freiner la descente dans le péché. Et comment? Ne serait-elle pas plus grave, vraiment grave et mortelle, la maladie de l'esprit? Ne prive-t-elle pas, et pour toujours, du Royaume de Dieu? La première des charités envers Dieu et envers le prochain ne doit-elle pas être ce travail de guérir un pécheur pour le bien de son âme et la gloire de Dieu? Et quand un pécheur se convertit, pourquoi s'obstiner à le juger, à sembler regretter qu'il ait retrouvé la santé spirituelle? Voyez vous démentis vos pronostics d'une damnation certaine de l'un de vos concitoyens? Mais vous devriez en être heureux car Celui qui vous donne le démenti c'est le Dieu miséricordieux, qui vous donne une mesure de sa bonté pour vous faire reprendre courage après vos fautes plus ou moins graves. Et pourquoi persister à vouloir voir souillé, méprisable, digne de rester isolé ce que Dieu et la bonne volonté d'un cœur ont rendu net, admirable, digne de l'estime des frères, et même de leur admiration? Mais vous vous réjouissez bien si votre bœuf, votre âne ou votre chameau, ou une brebis du troupeau ou le pigeon préféré guérit d'une maladie! Vous vous réjouissez bien si un étranger, dont vous vous rappelez à peine le nom pour en avoir entendu parler à l'époque que où il fut isolé comme lépreux, redevient guéri! Et pourquoi alors ne vous réjouissez-vous pas pour ces guérisons de l'esprit, pour ces victoires de Dieu? Le Ciel est dans la jubilation quand un pécheur se convertit. Le Ciel: Dieu, les anges très purs, ceux qui ne savent pas ce que c'est que pécher. Et vous, vous les hommes, voulez-vous être plus intransigeants que Dieu? Rendez, rendez juste votre cœur et reconnaissez la présence du Seigneur, non seulement dans les nuages de l'encens et les cantiques du Temple, dans le lieu où seulement la sainteté du Seigneur, dans le Grand Prêtre, doit entrer et qui devrait être saint, comme son nom l'indique, mais aussi dans le prodige de ces esprits ressuscités, de ces autels à nouveau consacrés sur lesquels l'Amour de Dieu descend avec ses feux pour allumer le sacrifice.” Jésus est interrompu par la mère de tout à l'heure qui veut l'adorer avec des cris de bénédiction. Jésus l'écoute, la bénit et la renvoie chez elle, pour reprendre son discours interrompu. “Et si d'un pécheur qui autrefois vous a donné un spectacle scandaleux, vous recevez maintenant un spectacle édifiant, ne le méprisez pas, mais imitez-le. Car personne n'est tellement parfait qu'il soit impossible qu'un autre l'instruise. Et le Bien est toujours une leçon qu'il faut écouter, même si celui qui le pratique a été autrefois un objet de réprobation. Imitez et aidez. Car en agissant ainsi, vous glorifierez le Seigneur et vous montrerez que vous avez compris son Verbe. Ne soyez pas comme ceux qu'en votre cœur vous critiquez parce que leurs actions ne correspondent pas à leurs paroles. Mais faites en sorte que toutes vos bonnes actions viennent couronner toutes vos bonnes paroles. Et alors vous serez vraiment regardés et écoutés avec bienveillance par l'Éternel. Écoutez cette autre parabole pour comprendre quelles sont les choses qui ont de la valeur aux yeux de Dieu. Elle vous enseignera à vous corriger d'une pensée qui n'est pas bonne et qui est en beaucoup de cœurs. La plupart des hommes se jugent par eux-mêmes, et comme un homme sur mille est vraiment humble, il se produit ainsi que l'homme se juge parfait, lui seul parfait, alors que chez le prochain, il remarque des péchés par centaines. Un jour deux hommes qui étaient allés à Jérusalem pour affaires, montèrent au Temple, comme il convient à tout bon israélite chaque fois qu'il met les pieds dans la Cité Sainte. L'un était pharisien, l'autre publicain. Le premier était venu pour percevoir les revenus de certains magasins et pour faire ses comptes avec ses intendants qui habitaient dans les environs de la ville. L'autre pour verser les impôts perçus et pour demander la pitié au nom d'une veuve qui ne pouvait payer la taxe de sa barque et des filets, car la pêche, faite par l'aîné des fils, suffisait à peine pour donner à manger à ses nombreux autres fils. Avant de monter au Temple, le pharisien était passé chez les tenanciers des magasins et avait jeté un coup d'œil sur ces magasins qu'il avait vu remplis de marchandises et d'acheteurs. Il s'était complu en lui-même, il avait appelé le tenancier du lieu et lui avait dit: "Je vois que ton commerce marche bien". "Oui, grâce à Dieu, je suis content de mon travail. J'ai pu augmenter le stock de marchandises, et j'espère faire encore davantage. J'ai amélioré le magasin, et l'année qui vient je n'aurai pas les dépenses de bancs et d'étagères et j'aurai donc plus de gain". "Bien! Bien! J'en suis heureux! Combien paies-tu pour cet endroit?" "Cent didrachmes par mois. C'est cher, mais la situation est bonne…" "Tu l'as dit. La situation est bonne. Par conséquent je double la redevance". "Mais, seigneur" s'écria le marchand. "De cette manière, tu m'enlèves tout profit!" "C'est juste. Dois-je peut-être t'enrichir, et à mes dépens? Vite. Ou bien tu me donnes deux mille quatre cents didrachmes et tout de suite, ou je te mets dehors, et je prends la marchandise. Le lieu est à moi, et j'en fais ce que je veux". Ainsi fit-il pour le premier, le second, le troisième de ses tenanciers, doublant pour tous la redevance, restant sourd à toute prière. Comme le troisième, chargé de famille voulait résister, il appela les gardes et fit poser les scellés en mettant dehors le malheureux. Puis, dans son palais, il examina les registres des intendants pour trouver de quoi les punir comme paresseux et pour accaparer la part qu'ils s'étaient réservée de droit. L'un d'eux avait son fils mourant et, à cause de ses nombreuses dépenses, il avait vendu une partie de son huile pour payer les remèdes. Il n'avait donc rien à donner au maître exigeant. "Aie pitié de moi, maître. Mon pauvre fils va mourir, et après je ferai des travaux supplémentaires pour te rembourser ce qui te semble juste. Mais maintenant, tu le comprends, je ne puis". "Tu ne peux pas? Je vais te faire voir si tu peux ou si tu ne peux pas". Et étant allé au pressoir avec le pauvre intendant, il enleva le reste d'huile que l'homme s'était réservé pour sa misérable nourriture et pour alimenter la lampe qui lui permettait de veiller son fils pendant la nuit. Le publicain, de son côté, étant allé chez son supérieur et ayant versé les impôts perçus, s'entendit dire: "Mais ici, il manque trois cent soixante as. Comment donc cela?” "Voilà, je vais te le dire. Dans la ville il y a une veuve qui a sept enfants. Le premier seul est en âge de travailler, mais il ne peut aller loin de la rive avec la barque parce que ses bras sont encore faibles pour la rame et la voile et il ne peut payer un garçon de barque. Restant près de la rive, il prend peu de poissons, et sa pêche suffit à peine pour nourrir ces huit malheureuses personnes. Je n'ai pas eu le cœur d'exiger la taxe". "Je comprends, mais la loi c'est la loi. Malheur, si on savait qu'elle a pitié! Tout le monde trouverait des raisons pour ne pas payer. Que le jeune change de métier et vende la barque s'ils ne peuvent pas payer". "C'est leur pain pour l'avenir… et c'est le souvenir du père". "Je comprends, mais on ne peut transiger". "C'est bien. Mais moi, je ne puis penser à huit malheureux privés de leur unique bien. Je paie de ma bourse les trois cent soixante as. Après avoir fait ces choses, les deux montèrent au Temple. En passant dans la salle du Trésor, le pharisien tira avec ostentation de son sein une bourse volumineuse et il la secoua jusqu'à la dernière piécette dans le Trésor. Dans cette bourse se trouvait l'argent pris en plus aux commerçants et le prix de l'huile enlevée à l'intendant et vendue tout de suite à un marchand. Le publicain, de son côté, jeta une poignée de piécettes après avoir pris ce qui lui était nécessaire pour retourner chez lui. L'un et l'autre donnèrent donc ce qu'ils avaient et même, en apparence, le plus généreux était le pharisien car il avait donné jusqu'à la dernière piécette qu'il avait sur lui. Cependant, il faut réfléchir que dans son palais il avait d'autre argent et qu'il avait des crédits ouverts auprès des riches changeurs. De là, ils allèrent devant le Seigneur. Le pharisien tout à fait en avant près de la limite de l'Atrium. des Hébreux, vers le Saint; le publicain tout au fond, presque sous la voûte qui menait dans la Cour des Femmes, et il restait courbé, accablé par la pensée de sa misère par rapport à la Perfection divine. Et ils priaient l'un et l'autre. Le pharisien, tout droit, presque insolent, comme s'il était le maître du lieu et comme si c'était lui qui daignait rendre hommage à un visiteur, disait: "Voici que je suis venu te vénérer dans la Maison qui est notre gloire. Je suis venu bien que je sente que Tu es en moi, car je suis juste. Je sais l'être. Cependant, bien que je sache que e est par mon mérite que je suis tel, je te remercie, comme la loi le prescrit, de ce que je suis. Je ne suis pas rapace, injuste, adultère, pécheur comme ce publicain qui, en même temps que moi, a jeté dans le Trésor une poignée de piécettes. Moi, Tu l'as vu, j'ai donné tout ce que j'avais sur moi. Cet avare, au contraire, a fait deux parts et il t'a donné la plus petite, l'autre certainement il va la garder pour faire bombance et pour les femmes. Mais moi, je suis pur. Je ne me contamine pas, moi. Je suis pur et juste, je jeûne deux fois la semaine, je paie la dîme de tout ce que je possède. Oui, je suis pur, juste et béni car je suis saint. Gardes-en le souvenir, Seigneur". Le publicain, dans son coin éloigné, n'osait pas lever son regard vers les portes précieuses du Temple et, en se frappant la poitrine, il priait ainsi: "Seigneur, je ne suis pas digne de me tenir dans ce lieu. Mais Tu es juste et saint et Tu me le permets encore, car Tu sais que l'homme est pécheur et que s'il ne vient pas vers Toi, il devient un démon. Oh! mon Seigneur! Je voudrais t'honorer nuit et jour et je dois pendant tant d'heures être l'esclave de mon travail: dur travail qui m'humilie, parce qu'il est douleur pour mon prochain le plus malheureux, mais je dois obéir à mes supérieurs parce que c'est mon pain. Fais, ô mon Dieu, que je sache accommoder le devoir envers mes supérieurs, avec la charité envers mes pauvres frères, pour qu'en mon travail je ne trouve pas ma condamnation. Tout travail est saint s'il est fait avec charité. Garde ta charité toujours présente en mon cœur, pour que moi, le misérable que je suis, je sache avoir pitié de ceux qui me sont soumis, comme Tu as pitié de moi, grand pécheur. J'aurais voulu t'honorer davantage, ô Seigneur, tu le sais. Mais j'ai pensé que prendre l'argent destiné au Temple pour soulager huit cœurs malheureux était une chose meilleure que de le verser au Trésor et puis faire verser des larmes de désolation à huit innocents malheureux. Pourtant, si je me suis trompé, fais-moi le comprendre, ô Seigneur, et je te donnerai jusqu'à la dernière piécette et je retournerai au pays à pied en mendiant mon pain. Fais-moi comprendre ta justice. Aie pitié de moi, ô Seigneur, car je suis un grand pécheur". Voilà la parabole. En vérité, en vérité je vous dis que le pharisien sortit du Temple avec un nouveau péché ajouté à ceux déjà faits avant de monter au Moriah, alors que le publicain en sortit justifié et la bénédiction de Dieu l'accompagna à sa maison et y demeura, car il avait été humble et miséricordieux et ses actions avaient été encore plus saintes que ses paroles, alors que le pharisien n'était bon qu'en paroles et extérieurement alors qu'en son intérieur, il était l'ouvrier de Satan et faisait ses œuvres par orgueil et dureté de cœur, et Dieu le haïssait pour ce motif. Celui qui s'exalte sera toujours, tôt ou tard, humilié. Si ce n'est pas ici, ce sera dans l'autre vie. Celui qui s'humilie sera exalté particulièrement là-haut au Ciel où on voit les actions des hommes dans leur véritable vérité. Viens, Zachée. Venez vous qui êtes avec lui et vous, mes apôtres et disciples, et je vous parlerai encore en particulier.” Et s'enveloppant dans son manteau, il revient dans la maison de Zachée.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 20 octobre 2013, Vingt-neuvième dimanche du temps ordinaire

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 18,1-8.
Jésus disait une parabole pour montrer à ses disciples qu'il faut toujours prier sans se décourager : « Il y avait dans une ville un juge qui ne respectait pas Dieu et se moquait des hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : 'Rends-moi justice contre mon adversaire. ' Longtemps il refusa ; puis il se dit : 'Je ne respecte pas Dieu, et je me moque des hommes, mais cette femme commence à m'ennuyer : je vais lui rendre justice pour qu'elle ne vienne plus sans cesse me casser la tête. ' » Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge sans justice ! Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu'il les fait attendre ? Je vous le déclare : sans tarder, il leur fera justice. Mais le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris 
Correspondance dans "l'Evangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 7, Ch 202, p 288 - CD 7 (2ème cd), piste 4 - 
 Jésus est de nouveau à Jérusalem: une Jérusalem hivernale, venteuse et grise. Margziam est encore avec Jésus et de même Isaac. Ils se dirigent tout parlant vers le Temple. Avec les douze, parlant avec le Zélote plus qu'avec les autres, et avec Thomas, se trouvent Joseph et Nicodème. Mais ensuite ils se séparent et s'en vont en avant pour saluer Jésus sans s'arrêter. “Ils ne veulent pas faire remarquer leur amitié avec le Maître. C'est dangereux!” siffle l'Iscariote à l'oreille d'André. “Je crois qu'ils le font par une juste appréciation, pas par lâcheté” dit André pour les défendre. “Du reste ils ne sont pas disciples et ils peuvent le faire. Ils ne l'ont jamais été” dit le Zélote. “Non?! Il me semblait…” “Lazare non plus n'est pas disciple, ni…” “Mais si tu exclus et exclus, qui reste-t-il?” “Qui? Ceux qui ont la mission de disciples.” “Et eux, alors, que sont-ils?” “Des amis. Pas plus que des amis. Est-ce que, par hasard, ils quittent leurs maisons, leurs affaires pour suivre Jésus?” “Non. Mais ils l'écoutent avec plaisir et Lui donnent de l'aide et…” “Si c'est pour cela! Même les gentils le font, alors. Tu vois que chez Nike, nous en avons trouvé qui avaient pensé à Lui. Et ces femmes ne sont certainement pas des disciples.” “Ne t'échauffe pas! Je parlais ainsi seulement pour parler. Tiens-tu tant à ce que tes amis ne soient pas disciples? Tu devrais vouloir le contraire, me semble-t-il.” “Je ne m'échauffe pas, et je ne veux rien, pas même que tu leur fasses du mal en disant qu'ils sont ses disciples.” “Mais à qui veux-tu que je le dise? Je suis toujours avec VOUS…” Simon le Zélote le regarde si sévèrement que le sourire se fige sur les lèvres de Judas et il lui semble opportun de changer de sujet de conversation et il demande: “Que voulaient-ils aujourd'hui, les deux, pour parler ainsi avec vous?” “Ils ont trouvé une maison pour Nike, du côté des jardins, près de la Porte. Joseph connaissait le propriétaire, et il savait qu'il aurait vendu à un prix avantageux. Nous le ferons savoir à Nike.” “Quel désir de jeter l'argent!” “Il est à elle. Elle peut en faire ce qu'elle veut. Elle veut rester près du Maître. Elle obéit en cela à la volonté de son époux et à son cœur.” “Il n'y a, que ma mère qui est au loin…” soupire Jacques d'Alphée. “Et la mienne” dit l'autre Jacques. “Mais pour peu de temps. As-tu entendu ce qu'a dit Jésus à Isaac et à Jean et Mathias? "Quand vous reviendrez à la nouvelle lune de Scebat, venez avec les femmes disciples, en plus de ma Mère".” “Je ne sais pas pourquoi il ne veut pas que Margziam revienne avec elles. Il lui a dit: "Tu viendras quand je t'appellerai".” “Peut-être pour que Porphyrée ne reste pas sans aide… Si personne ne pêche, là-bas on ne mange pas. Si on n'y va pas, Margziam doit y aller. Ce n'est pas assez certainement du figuier, du rucher, de quelques oliviers et des deux brebis pour entretenir une femme, la vêtir, la nourrir…” observe André. Jésus, arrêté contre le mur d'enceinte du Temple, les regarde venir. Il a avec Lui Pierre, Margziam. et Jude d'Alphée. Des pauvres se lèvent de leurs grabats de pierre, placés sur le chemin qui vient vers le Temple - celui qui va de Sion vers le Moriah, non celui qui va de Ophel au Temple - et ils vont en se lamentant vers Jésus pour Lui demander l'obole. Aucun ne demande la guérison. Jésus commande à Judas de leur donner de l'argent, puis il entre dans le Temple. Il n'y a pas foule. Après la grande affluence des fêtes, il n'y a plus de pèlerins. Seuls ceux qui pour des affaires importantes sont obligés de venir à Jérusalem, ou ceux qui habitent dans la ville elle-même, montent au Temple. Aussi les cours et les portiques, sans être déserts, sont beaucoup moins fréquentés et semblent plus vastes et plus sacrés, en étant moins bruyants. Les changeurs aussi, et les marchands de colombes et autres animaux, sont moins nombreux, adossés aux murs du coté du soleil, un soleil blafard qui se fraie un chemin à travers les nuages gris. Après avoir prié dans la Cour des Israélites, Jésus revient sur ses pas et il s'adosse à une colonne pour observer… observé Lui-même. Il voit revenir, certainement de la Cour des Hébreux, un homme et une femme qui, sans pleurer ouvertement, montrent un visage plus douloureux que des larmes. L'homme essaie de réconforter la femme mais on voit que lui aussi est très affligé. Jésus se détache de la colonne et va à leur rencontre. “De quoi souffrez-vous?” demande-t-il avec pitié. L'homme le regarde, étonné de cet intérêt qui, peut-être, lui semble indélicat. Mais l'œil de Jésus est si doux qu'il en est désarmé. Pourtant, avant de parler de sa douleur, il demande: “Comment donc un rabbi s'intéresse-t-il aux souffrances d'un simple fidèle?” “C'est que le rabbi est ton frère, ô homme. Ton frère dans le Seigneur, et il t'aime comme le dit le commandement.” “Ton frère! Je suis un pauvre cultivateur de la plaine de Saron, vers Dora. Toi, tu es un rabbi.” “La souffrance est pour les rabbis comme pour tout le monde. Je sais ce qu'est la souffrance et je voudrais te consoler.” La femme écarte un instant son voile pour regarder Jésus et elle murmure à son mari: “Dis-le-lui. Peut-être il pourra nous aider…” “Rabbi, nous avions une fille, nous l'avons. Pour le moment, nous l'avons encore… Et nous l'avons mariée honorablement à un jeune homme, qu'un ami commun nous… garantissait bon mari. Ils sont mariés depuis six ans et ils ont eu deux enfants de leur mariage. Deux… car après l'amour a cessé… au point que maintenant… l'époux veut le divorce. Notre fille pleure et se consume, et c'est pour cela que nous t'avons dit que nous l'avions encore: car d'ici peu, elle mourra de chagrin. Nous avons tout essayé pour persuader l'homme, et nous avons tant prié le Très-Haut… Mais aucun des deux ne nous a écouté… Nous sommes venus ici en pèlerinage pour cela, et nous y sommes restés toute une lune. Tous les jours au Temple, moi à ma place, elle à la sienne… Ce matin un serviteur de ma fille nous a apporté la nouvelle que l'époux est allé à Césarée pour lui envoyer de là le libelle de divorce. Et c'est la réponse qu'ont eue nos prières…” “Ne parle pas ainsi, Jacques” supplie la femme à voix basse et elle dit pour finir: “Le Rabbi nous maudira comme blasphémateurs… et Dieu nous punira. C'est notre douleur, elle vient de Dieu… Et s'Il nous a frappés, c'est signe que nous l'avons mérité” achève-t-elle dans un sanglot. “Non, femme. Moi, je ne vous maudis pas, et Dieu ne vous punira pas. Ainsi que je vous le dis, ce n'est pas Dieu qui vous donne cette douleur, mais l'homme. Dieu la permet pour vous éprouver et pour éprouver le mari de votre fille. Ne perdez pas la foi et le Seigneur vous exaucera.” “C'est trop tard. Désormais notre fille est répudiée et déshonorée et elle va mourir…” dit l'homme. “Il n'est jamais trop tard pour le Très-Haut. En un instant et à cause de la persévérance d'une prière, Il peut changer le cours des événements. De la coupe aux lèvres, il y a encore du temps pour la mort d'insinuer son poignard et pour empêcher de boire celui qui approchait la coupe de ses lèvres, et cela par l'intervention de Dieu. Moi, je vous le dis. Retournez aux places où vous priez, et persévérez aujourd'hui, demain et après-demain encore, et si vous saurez avoir foi, vous verrez le miracle.” “Rabbi, tu veux nous réconforter… mais en ce moment… Ce n'est plus possible, et tu le sais, d'annuler le libelle une fois qu'il a été remis à la femme répudiée” insiste l'homme. “Aie foi, te dis-je. Il est vrai qu'on ne peut l'annuler. Mais sais-tu si ta fille l'a reçu?” “De Dora à Césarée, il n'y a pas un long chemin. Pendant que le serviteur arrivait ici, Jacob est certainement revenu à la maison et il a chassé Marie.” “Le trajet n'est pas long, mais es-tu certain qu'il l'ait accompli? Une volonté supérieure à celle de l'homme ne peut-elle pas avoir arrêté un homme si Josué, avec l'aide de Dieu, a arrêté le soleil? Votre prière persévérante et confiante, faite dans une bonne intention n'est-elle pas un vouloir saint opposé à la volonté mauvaise de l'homme? Et Dieu, puisque vous demandez une chose bonne à Lui, votre Père, ne vous aidera-t-Il pas pour arrêter la marche d'un fou? Ne vous aura-t-Il pas déjà aidé? Et si même l'homme s'obstinait encore à aller, le pourrait-il, si vous vous obstinez à demander au Père une chose juste? Je vous le dis: allez et priez aujourd'hui, demain et après-demain et vous verrez le miracle.” “Oh! allons, Jacques! Le Rabbi sait. S'il dit de prier, c'est signe qu'il sait que la chose est juste. Aie foi, mon époux. Je sens une grande paix, une forte espérance qui se lève là où j'avais tant de douleur. Que Dieu te récompense, ô Rabbi, Toi qui es bon, et qu'Il t'écoute. Prie pour nous Toi aussi. Viens, Jacques, viens” et elle réussit à persuader son mari qui la suit après avoir salué Jésus du salut habituel des hébreux: “La paix soit avec Toi” auquel Jésus répond par la même formule. “Pourquoi ne lui as-tu pas dit qui tu es? Ils auraient prié avec plus de paix” disent les apôtres, et Philippe ajoute: “Je vais le lui dire.” Mais Jésus le retient en disant: “Je ne veux pas. Il aurait en fait prié avec paix, mais avec moins de valeur, mais avec moins de mérite. Ainsi leur foi est parfaite et sera récompensée.” “Réellement?” “Et voulez-vous que je mente en trompant deux malheureux?” Il regarde les gens qui se sont rassemblés, une centaine de personnes, et il dit: “Écoutez cette parabole qui vous dira la valeur de la prière constante. Vous savez ce que dit le Deutéronome, en parlant des juges et des magistrats. Ils doivent être justes et miséricordieux en écoutant avec équanimité ceux qui ont recours à eux, en pensant toujours de juger comme si le cas qu'ils doivent juger était leur cas personnel, sans tenir compte des cadeaux ou des menaces, sans égards pour les amis coupables et sans dureté à l'égard de ceux qui sont en mauvais termes avec les amis du juge. Mais si les paroles de la Loi sont justes, les hommes ne le sont pas autant et ils ne savent pas obéir à la Loi. On voit ainsi que la justice humaine est souvent imparfaite, car rares sont les juges qui savent se garder purs de la corruption, miséricordieux et patients envers les pauvres comme envers les riches, envers les veuves et les orphelins, comme ils le sont envers ceux qui ne le sont pas. Il y avait dans une ville un juge très indigne de sa charge qu'il avait obtenue au moyen d'une parenté puissante. Il était outre mesure inégal dans ses jugements, car il était toujours porté à donner raison aux riches et aux puissants, ou à ceux qui étaient recommandés par des riches ou des puissants, ou bien à l'égard de ceux qui l'achetaient en lui faisant de grands cadeaux. Il ne craignait pas Dieu et il se riait des plaintes des pauvres et de ceux qui étaient faibles parce qu'ils étaient seuls et sans de puissants défenseurs. Quand il ne voulait pas écouter quelqu'un qui avait des raisons évidentes de l'emporter sur un riche et auquel il ne pouvait donner tort d'aucune manière, il le faisait chasser de sa présence en le menaçant de le jeter en prison. Et la plupart subissaient ses violences en se retirant vaincus et résignés à leur défaite avant que le procès ne fût ouvert. Mais dans cette ville, il y avait aussi une veuve chargée d'enfants. Elle devait recevoir une forte somme d'un homme puissant pour des travaux exécutés par son mari défunt pour le riche puissant. Elle, poussée par le besoin et l'amour maternel, avait essayé de se faire donner par le riche la somme qui lui aurait permis de rassasier ses enfants et de les vêtir pour le prochain hiver. Mais après que se furent révélées vaines toutes les pressions et les supplications adressées au riche, elle eut recours au juge. Le juge était un ami du riche qui lui avait dit: "Si tu me donnes raison, le tiers de la somme est pour toi". Aussi, il fut sourd aux paroles de la veuve qui le priait: "Rends-moi justice contre mon adversaire. Tu vois que j'en ai besoin. Tout le monde peut dire que j'ai droit à cette somme". Il se montra sourd et la fit chasser par ses commis. Mais la femme revient une, deux, dix fois, le matin, à sexte, à none, le soir, inlassable. Et elle le suivait sur la route en criant: "Rends-moi justice. Mes enfants ont faim et froid. Je n'ai pas d'argent pour acheter de la farine et des vêtements". Elle se faisait trouver sur le seuil de la maison du juge quand il y revenait pour s'asseoir à table avec ses enfants. Et le cri de la veuve: "Rends-moi justice contre mon adversaire car mes enfants et moi, nous avons faim et froid" pénétrait jusqu'à l'intérieur de la maison, dans la salle à manger, dans la chambre à coucher pendant la nuit, insistant comme le cri d'une huppe: "Fais-moi justice, si tu ne veux pas que Dieu te frappe! Fais-moi justice. Rappelle-toi que la veuve et les orphelins sont sacrés pour Dieu et malheur à celui qui les piétine! Rends-moi justice, si tu ne veux pas souffrir un jour ce que nous souffrons. Notre faim, notre froid, tu les trouveras dans l'autre vie si tu ne rends pas justice! Malheureux que tu es!" Le juge ne craignait pas Dieu et ne craignait pas le prochain. Mais à force d'être harcelé, de se voir devenu un objet de risée de la part de toute la ville à cause des poursuites de la veuve et aussi un objet de blâme, il en fut fatigué. Aussi un jour, il se dit en lui-même: "Bien que je ne craigne pas Dieu ni les menaces de la femme, ni ce qu'en pensent les habitants, cependant, pour en finir avec tant d'ennuis, je donnerai audience à la veuve et lui rendrai justice, en obligeant le riche à payer. Il me suffit qu'elle ne me poursuive plus et ne soit plus autour de moi". Et ayant appelé son riche ami, il lui dit: "Mon ami, il ne m'est plus possible de te satisfaire. Fais ton devoir et paie, car je ne supporte plus d'être harcelé à cause de toi. J'ai parlé". Et le riche dut débourser la somme conformément à la justice. C'est la parabole. Maintenant, à vous de l'appliquer. Vous avez entendu les paroles d'un homme inique: "Pour en finir avec tant d'ennuis, je donnerai audience à la femme". Et c'était un homme inique. Mais Dieu, le Père très bon, pourrait-Il être inférieur au juge mauvais? Ne rendra-t-Il pas justice à ses enfants qui savent l'invoquer jour et nuit? Et leur fera-t-Il attendre si longtemps la grâce jusqu'à ce que leur âme accablée cesse de prier? Je vous le dis: Il leur rendra promptement justice pour que leur âme ne perde pas la foi. Mais il faut pourtant aussi savoir prier sans se lasser après les premières prières, et savoir demander des choses bonnes. Et aussi se confier à Dieu en disant: "Pourtant que soit fait ce que ta Sagesse voit pour nous de plus utile". Ayez foi. Sachez prier avec foi dans la prière et avec foi en Dieu votre Père. Et Lui vous rendra justice contre ceux qui vous oppriment, que ce soit des hommes ou des démons, des maladies ou d'autres malheurs. La prière persévérante ouvre le Ciel et la foi sauve l'âme, quelle que soit la façon dont la prière est écoutée et exaucée. Allons!” Et il se dirige vers la sortie. Il est presque hors de l'enceinte quand, levant la tête pour observer le peu de gens qui le suivent et les nombreux indifférents ou hostiles qui le regardent de loin, il s'écrie tristement: “Mais quand le Fils de l'homme reviendra, trouvera-t-il peut-être encore de la foi sur la Terre?” et en soupirant, il s'enveloppe plus étroitement dans son manteau pour s'acheminer à grands pas vers le faubourg d'Ophel.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 13 octobre 2013, Vingt-huitième dimanche du temps ordinaire

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 17,11-19. 
Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s'arrêtèrent à distance et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. » En les voyant, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés. L'un d'eux, voyant qu'il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c'était un Samaritain. Alors Jésus demanda : « Est-ce que tous les dix n'ont pas été purifiés ? Et les neuf autres, où sont-ils ? On ne les a pas vus revenir pour rendre gloire à Dieu ; il n'y a que cet étranger ! » Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t'a sauvé. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris 
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 7, Ch 178, p 148 - CD 7, piste 55 - 
Ils sont toujours dans les montagnes, des montagnes escarpées, sur certains petits chemins où ne passent certes pas des chars, mais seulement des voyageurs à pied ou des gens montés sur des ânes vigoureux de la montagne, plus grands et plus robustes que les ânes que l'on rencontre habituellement dans les régions moins accidentées. Une observation qui à plusieurs paraîtra inutile, mais que je fais quand même. En Samarie il y a des usages différents de ceux des autres lieux, en fait de vêtements et pour beaucoup d'autres choses. Et l'un c'est la quantité de chiens, insolite ailleurs, qui me frappe, comme m'a frappée la présence des porcs dans la Décapole. Beaucoup de chiens peut-être parce que la Samarie a beaucoup de bergers et doit avoir beaucoup de loups dans ces montagnes si sauvages. Beaucoup aussi parce que les bergers, en Samarie, je les vois le plus souvent seuls, tout au plus avec un enfant, faisant paître leurs propres troupeaux, alors qu'ailleurs, la plupart du temps, ils sont à plusieurs pour garder des troupeaux nombreux de quelque riche. Le fait est qu'ici chaque berger a son chien ou plusieurs, selon le nombre de brebis de son troupeau. Une autre caractéristique c'est précisément ces ânes presque aussi grands qu'un cheval, robustes, capables d'escalader ces montagnes avec un lourd chargement sur le bât, même de grosses bûches, forts comme ils en descendent de ces magnifiques montagnes couvertes de bois séculaires. Autre particularité: les manières dégagées des habitants qui, sans être des “pécheurs” comme les jugent les juifs et les galiléens, sont ouverts, francs, sans bigoterie, sans toutes ces histoires qu'ont les autres, et hospitaliers. Cette constatation me fait penser que dans la parabole du bon samaritain, il n'y a pas eu seulement l'intention de faire ressortir que le bon et le mauvais existent partout, dans tous les lieux et chez toutes les races, et même chez les hérétiques il y en a qui peuvent avoir le cœur droit, mais vraiment aussi la description réelle des habitudes samaritaines envers ceux qui ont besoin d'être aidés. Ils se sont arrêtés au Pentateuque - je ne les entends parler que de cela - mais ils le pratiquent, du moins envers le prochain, avec plus de droiture que les autres, avec leurs six-cent-treize articles de préceptes, etc. Les apôtres parlent avec le Maître, et bien qu'ils soient incorrigiblement israélites, ils doivent reconnaître et louer l'esprit qu'ils ont trouvé chez les habitants de Sichem qui, je le comprends par les conversations que j'entends, ont invité Jésus à séjourner au milieu d'eux. “Tu as entendu, hein?” dit Pierre “comme ils ont dit clairement qu'ils connaissent la haine des juifs? Ils ont dit: "Pour Toi et sur Toi il y a plus de haine que pour nous samaritains pour tous ceux que nous sommes et que nous avons été. Leur haine pour Toi est sans bornes".” “Et ce vieillard? Comme il a bien parlé: "C'est juste, au fond, qu'il en soit ainsi, parce que tu n'es pas un homme mais tu es le Christ, le Sauveur du monde et donc tu es le Fils de Dieu, car seul un Dieu peut sauver le monde corrompu. Par conséquent, étant sans limites comme Dieu, sans limites dans ta puissance, dans ta sainteté et dans ton amour, comme sera sans limites ta victoire sur le Mal, ainsi il est naturel que le Mal et la Haine, qui n'est qu'une seule chose avec le Mal, soient sans limites contre Toi". Il a vraiment bien parlé! Et cette raison explique tant de choses!” dit le Zélote. “Qu'explique-t-elle, selon toi? Moi… je dis qu'elle explique seulement que ce sont des sots” dit Thomas expéditif. “Non. La sottise serait encore une excuse, mais ils ne sont pas sots.” “Ils sont ivres alors, ivres de haine” réplique Thomas. “Pas même. L'ivresse cède après s'être déchaînée. Cette rancœur ne cède pas.” “Et plus déchaînée que cela! Et depuis si longtemps… qu'elle aurait dû tomber maintenant.” “Amis, elle n'a pas encore touché le but” dit Jésus avec calme comme si le but de la haine n'était pas son supplice. “Non?! Mais s'ils ne nous laissent jamais en paix?!” “Maître, eux ne sont pas encore convaincus que j'ai dit la vérité. Mais je l'ai dite. Oh! oui, je l'ai dite! Et je dis aussi que si cela avait dépendu de vous, vous seriez tous tombés dans le piège comme y est tombé le Baptiste. Mais ils ne réussiront pas, car je veille…” dit l'Iscariote. Et Jésus le regarde. Et je le regarde, moi aussi, me demandant, et je me le demande depuis quelques jours, si la conduite de l'Iscariote est due à un bon et réel retour sur le chemin du bien et de l'amour pour son Maître, une libération des forces humaines et extra-humaines qui le possédaient, ou si c'est un travail plus raffiné de préparation au coup final, un asservissement plus grand aux ennemis du Christ et à Satan. Mais Judas est un être tellement spécial, qu'il est impossible de le déchiffrer. Seul Dieu peut le comprendre. Et Dieu: Jésus, laisse tomber un voile de miséricorde et de prudence sur toutes les actions et la personnalité de son apôtre… un voile qui se déchirera, en éclairant parfaitement tant de pourquoi, maintenant mystérieux, quand seront ouverts les livres des Cieux. Les apôtres sont tellement préoccupés par l'idée que la haine des ennemis n'a pas encore atteint son but, qu'ils ne parlent plus pendant un moment. Puis Thomas s'adresse encore au Zélote pour lui dire: “Et alors, s'ils ne sont ni ivres ni sots, si leur haine explique tant de choses sans expliquer celle-ci, qu'explique-t-elle alors? Que sont-ils? Tu ne l'as pas dit…” “Que sont-ils? Des possédés. Ils sont ce qu'ils disent de Lui. Cela explique leur acharnement qui ne connaît pas de trêve, qui au contraire croît davantage à mesure que se manifeste sa puissance. Il a bien parlé, ce samaritain. En Lui, Fils du Père et de Marie, Homme et Dieu, existe l'Infinité de Dieu, et infinie est la Haine qui s'oppose à cette Infinité parfaite, même si tout en étant sans limites la Haine n'est pas parfaite, car seul Dieu est parfait dans ses actions. Mais si la Haine pouvait atteindre l'abîme de la perfection, elle descendrait pour l'atteindre, se précipiterait même pour l'atteindre, pour rebondir ensuite, par la violence même de sa chute dans l'abîme infernal, contre le Christ, afin de le blesser avec toutes les armes arrachées à l'abîme infernal. Le firmament, réglé par Dieu, a un seul soleil. Il se lève et rayonne et disparaît, en laissant la place au soleil plus petit qu'est la lune, et celle-ci, après avoir rayonné à son tour, se couche pour céder la place au soleil. Les astres enseignent beaucoup de choses aux hommes, car ils se soumettent aux volontés du Créateur, mais les hommes non. Et c'en est un exemple de vouloir s'opposer au Maître. Qu'arriverait-il si, à une aurore, la lune disait: "Je ne veux pas disparaître, et je reviens par le chemin déjà fait"? Certainement, elle irait heurter le soleil, avec horreur et au détriment de toute la Création. C'est ce qu'eux veulent faire, croyant pouvoir briser le Soleil…” “C'est la lutte des Ténèbres contre la Lumière. Nous la voyons chaque jour dans les aubes et les soirées, les deux forces qui se combattent, qui exercent, tour à tour, leur empire sur la Terre. Mais les ténèbres sont toujours vaincues car elles ne sont jamais absolues. Il émane toujours un peu de lumière, même dans la nuit la plus privée d'étoiles. On dirait que l'air la crée de lui-même dans les espaces infinis du firmament et la répande, même si elle est très limitée, pour persuader les hommes que les astres ne sont pas éteints. Et je dis que pareillement, dans ces ténèbres particulières du Mal contre la Lumière qu'est Jésus, toujours, malgré tous les efforts des Ténèbres, la Lumière sera là pour réconforter ceux qui croient en Elle” dit Jean en souriant à sa pensée, tout recueilli en lui-même comme s'il monologuait. Sa pensée est recueillie par Jacques d'Alphée. “Dans les Livres, le Christ est appelé "Étoile du matin". Lui aussi connaîtra donc une nuit, et - je m'en épouvante - nous aussi la connaîtrons, une nuit, un moment où la Lumière semblera avoir perdu sa force et où les Ténèbres sembleront victorieuses. Mais puisqu'il est appelé "Étoile du matin" d'une manière qui exclut toute limite dans le temps, je dis qu'après la nuit momentanée, Lui sera la Lumière matinale, pure, fraîche, virginale, qui renouvellera le monde, pareille à celle qui succéda au Chaos le premier jour. Oh! oui, le monde sera créé de nouveau dans sa Lumière.” “Et la malédiction sera sur les réprouvés qui auront voulu lever la main pour frapper la Lumière, en répétant les erreurs déjà faites, depuis Lucifer jusqu'aux profanateurs du peuple saint. Jéhovah laisse l'homme libre de ses actions, mais par amour pour l'homme lui-même, Il ne permettra pas que l'Enfer prévale.” “Oh! heureusement qu'après un si long assoupissement des esprits, qui semblait les fermer et les engourdir comme par l'effet d'une vieillesse précoce, la sagesse refleurisse sur nos lèvres! Nous ne semblions plus être nous! Maintenant je retrouve le Zélote, et Jean, les deux frères d'autrefois!” dit l'Iscariote, en se félicitant. “Il ne me semble pas que nous ayons changé au point de ne plus paraître nous-mêmes” dit Pierre. “Si nous sommes changés! Tous. Toi le premier, et puis Simon et les autres, moi y compris. S'il y a quelqu'un qui est à peu près ce qu'il a toujours été, c'est Jean.” “Hum! Je ne sais vraiment pas en quoi…” “En quoi? Nous sommes taciturnes, comme las, indifférents, pensifs… Jamais plus on n'entendait de conversations semblables à celles d'autrefois, semblables à celle de maintenant, qui sont si utiles…” “Pour se disputer” dit le Thaddée en rappelant comme souvent, en effet, elles dégénéraient en prises de becs. “Non. Pour nous former, car nous ne sommes pas tous comme Nathanaël, ni comme Simon, ni comme vous d'Alphée, par naissance et par sagesse, et celui qui l'est moins apprend toujours de celui qui l'est plus” réplique l'Iscariote. “Vraiment… moi je dirais qu'il est par-dessus tout nécessaire de se former en justice, et de cela Simon nous en a donné de magnifiques leçons” dit Thomas. “Moi? Tu y vois mal. Je suis le plus sot de tous” dit Pierre. “Non. Tu es celui qui a le plus changé. Pour cela Judas de Kériot a raison. Il n'y a plus beaucoup en toi du Simon que j'ai connu quand je suis venu avec vous et qui, pardonne-moi, resta quelque temps ce qu'il était. Depuis le moment où je t'ai retrouvé, après la séparation pour les Encénies, tu n'as fait que te transformer. Maintenant tu es… oui, je le dis, plus paternel et en même temps plus austère. Tu compatis avec tous tes pauvres frères, alors qu'avant… Et on le voit, moi du moins, je le vois, que cela te coûte, mais tu te domines. Et tu ne nous inspirais jamais le respect comme maintenant que tu parles peu et que tu ne nous fais que peu de reproches…” “Mais, mon ami! Tu es bien bon de me voir ainsi… Moi, à part l'amour que j'ai pour le Maître, et qui grandit toujours, je n'ai vraiment changé en rien.” “Non. Thomas a raison, tu as beaucoup changé” confirment plusieurs. “Mais, c'est vous qui le dites…” dit Pierre en haussant les épaules. Et il ajoute: “Il n'y a que le jugement du Maître qui serait sûr. Mais je me garde bien de le Lui demander. Il connaît ma faiblesse, et il sait que même une louange intempestive pourrait nuire à mon esprit. Aussi il ne me louerait pas, et il ferait bien. Je comprends de mieux en mieux son cœur et sa méthode et j'en vois toute la justice.” “C'est que tu as l'âme droite et que tu aimes de plus en plus. Ce qui te fait voir et comprendre, c'est ton amour pour Moi. Ton Maître, le véritable et plus grand Maître, qui te fait comprendre ton Maître, c'est l'Amour” dit Jésus qui jusqu'à ce moment a écouté sans parler. “Je crois que… c'est aussi la souffrance que j'ai là-dedans…” “Souffrance? Pourquoi?” demandent quelques-uns. “Oh! pour tant de choses qui, au fond, ne sont qu'une seule chose: tout ce que souffre le Maître… et la pensée de ce qu'il souffrira. On ne peut plus être distraits comme les premiers temps, distraits comme des enfants qui ne savent pas, maintenant que l'on connaît de quoi sont capables les hommes et comme on doit souffrir pour les sauver. Oh! nous croyions tout facile les premiers temps! Nous croyions qu'il suffirait de nous présenter pour que les autres viennent de notre bord! Nous croyions que de conquérir Israël et le monde, ce serait comme… de jeter le filet sur un fond poissonneux. Pauvres de nous! Je pense que si Lui ne réussit pas à faire bonne pêche, nous, nous ne ferons rien. Mais cela n'est rien encore! Je pense qu'eux sont méchants et le font souffrir. Et je crois que c'est là le motif de notre changement en général…” “C'est vrai. Pour mon compte, c'est vrai” confirme le Zélote. “Pour moi aussi, pour moi aussi” disent les autres. “Moi, il y a si longtemps que j'étais inquiet pour cela et j'ai cherché à … avoir des aides valables. Mais ils m'ont trahi… et vous vous ne m'avez pas compris… Et moi, je ne vous ai pas compris. Je croyais que vous étiez comme vous êtes par lassitude de l'esprit, par découragement, par déception…” “Moi, je n'ai jamais espéré des joies humaines et par conséquent je ne suis pas déçu” dit le Zélote. “Mon frère et moi, nous le voudrions victorieux, mais pour sa joie. Nous l'avons suivi par amour de parents avant de le faire comme disciples. Nous l'avons toujours suivi depuis l'enfance, Lui le plus jeune de nous, ses frères, mais toujours tellement plus grand de nous…” dit Jacques, avec son admiration sans bornes pour son Jésus. “Si nous avons une souffrance, c'est que nous tous de sa parenté nous ne l'aimons pas en esprit et avec notre seul esprit. Mais nous ne sommes pas les seuls en Israël à l'aimer mal” dit le Thaddée. Judas l'Iscariote le regarde, et peut-être il parlerait, mais il en est empêché par un cri qui arrive à eux d'un monticule dominant le petit village qu'ils sont en train de côtoyer, en cherchant la route pour y entrer. “Jésus! Rabbi Jésus! Fils de David et notre Seigneur, aie pitié de nous.” “Des lépreux! Allons, Maître, autrement le village va accourir et nous retenir dans ses maisons” disent les apôtres. Mais les lépreux ont l'avantage d'être en avance sur eux, montés sur le chemin, mais à cinquante mètres au moins du village. Ils descendent en boitant et courent vers Jésus en répétant leur cri. “Entrons dans le village, Maître, eux ne peuvent pas y entrer” disent certains apôtres, mais d'autres répliquent: “Déjà des femmes viennent regarder. Si nous entrons, nous éviterons les lépreux, mais pas d'être reconnus et retenus.” Et pendant qu'ils se demandent ce qu'il faut faire, les lépreux s'approchent de plus en plus de Jésus, qui sans souci des mais et des si des apôtres, poursuit son chemin. Les apôtres se résignent à le suivre alors que des femmes, avec des enfants à leurs jupons, et quelques vieillards restés dans le village viennent voir, en se tenant à distance prudente des lépreux, qui cependant s'arrêtent à quelques mètres de Jésus et supplient encore: “Jésus, aie pitié de nous!” Jésus les regarde un instant, puis sans s'approcher de ce groupe de douleur, il demande: “Êtes-vous de ce village?” “Non, Maître, de différents endroits. Mais cette montagne où nous restons donne de l'autre côté sur la route de Jéricho et cet endroit est bon pour nous…” “Allez alors au village le plus proche de votre montagne, et montrez-vous aux prêtres.” Et Jésus reprend sa marche en se déplaçant sur le bord du chemin pour ne pas effleurer les lépreux qui le regardent avancer, sans avoir autre chose qu'un regard d'espoir dans leurs pauvres yeux malades. Et Jésus, arrivé à leur hauteur, lève la main pour les bénir. Les gens du village, déçus, retournent dans leurs maisons… Les lépreux grimpent de nouveau sur la montagne pour aller vers leur grotte ou vers le chemin de Jéricho. “Tu as bien fait de ne pas les guérir. Ceux du village ne nous auraient plus laissé aller…” “Oui, et il faudrait arriver à Ephraïm avant la nuit.” Jésus marche en silence. Désormais le village est caché à la vue par les détours de la route très sinueuse car elle suit les caprices de la montagne au pied de laquelle elle est taillée. Mais une voix les rejoint: “Louange au Dieu Très-Haut et à son vrai Messie. En Lui se trouve toute puissance, sagesse et pitié! Louange au Dieu Très-Haut, qui en Lui nous a accordé la paix. Louez-le, vous tous, hommes de Judée et de Samarie, de la Galilée et d'au-delà du Jourdain, jusqu'aux neiges du très haut Hermon, jusqu'aux pierres brûlées de l'Idumée, jusqu'aux sables baignés par les eaux de la Mer Grande, que résonne la louange au Très-haut et à son Christ. Voici accomplie la prophétie de Balaam. L'Étoile de Jacob resplendit sur le ciel rétabli de la patrie réunie par le vrai Berger. Voilà accomplies aussi les promesses faites aux patriarches! Voici, voici la parole d'Élie qui nous aima. Écoutez-la, ô peuples de Palestine, et comprenez-la. On ne doit plus boiter des deux côtés, mais on doit choisir pour la lumière de l'esprit, et si l'esprit est droit, il fera un bon choix. Lui est le Seigneur, suivez-le! Ah! jusqu'à présent nous avons été punis parce que nous ne nous sommes pas efforcés de comprendre! L'homme de Dieu a maudit le faux autel en prophétisant: "Voici que va naître de la maison de David un Fils appelé Josias qui immolera sur l'autel et consumera les os d'Adam. Et alors l'autel se déchirera jusqu'aux viscères de la Terre et les cendres de l'immolation se répandront au nord et au midi, à l'orient et là où le soleil se couche". Ne faites pas comme le sot d'Ochosias, qui envoyait consulter le dieu d'Acaron alors que le Très-Haut était en Israël. Ne soyez pas inférieurs à l'ânesse de Balaam qui pour son respect à l'esprit de lumière aurait mérité la vie, alors que serait tombé frappé le prophète qui ne voyait pas. Voici la Lumière qui passe parmi nous. Ouvrez les yeux, ô aveugles de l'esprit, et voyez” et l'un des lépreux les suit de plus en plus près même sur la grand-route désormais rejointe, en indiquant Jésus aux pèlerins. Les apôtres, fâchés, se retournent deux ou trois fois en intimant au lépreux, parfaitement guéri, l'ordre de se taire. Et ils vont jusqu'à le menacer la dernière fois. Mais lui, cessant d'élever ainsi la voix pour parler à tout le monde, répond: “Et que voulez-vous? Que je ne glorifie pas les grandes choses que Dieu m'a faites? Voulez-vous que je ne le bénisse pas?” “Bénis-le dans ton cœur et tais-toi” lui répondent-ils, fâchés. “Non, je ne puis me taire. Dieu met les paroles sur mes lèvres” et il reprend à haute voix: “Gens des deux endroits de frontière, gens qui passez par hasard, arrêtez-vous pour adorer Celui qui régnera au nom du Seigneur. Je me moquais de tant de paroles, mais maintenant je les répète car je les vois accomplies. Voici que toutes les nations s'ébranlent et viennent joyeuses vers le Seigneur par les chemins des mers et des déserts, par les collines et les monts. Et nous aussi, peuple qui avons cheminé dans les ténèbres, nous allons marcher vers la grande Lumière qui a surgi, vers la Vie, en sortant de la région de la mort. Loups, léopards et lions que nous étions, nous allons renaître dans l'Esprit du Seigneur et nous nous aimerons en Lui, à l'ombre du Rejeton de Jessé devenu un cèdre sous lequel campent les nations rassemblées par Lui aux quatre coins de la Terre. Voici venir le jour où la jalousie d'Ephraïm prendra fin parce qu'il n'y a plus Israël et Juda, mais un seul Royaume: celui du Christ du Seigneur. Voilà, je chante les louanges du Seigneur qui m'a sauvé et consolé. Voilà, je dis: louez-le et venez boire le salut à la source du Sauveur. Hosanna! Hosanna aux grandes choses que Lui fait! Hosanna au Très-Haut qui a placé au milieu des hommes son Esprit en le revêtant de chair, pour qu'il devienne le Rédempteur!” Il est inépuisable. Les gens viennent plus nombreux, se groupent, encombrent la route. Ceux qui étaient en arrière accourent, ceux qui étaient en avant rebroussent chemin. Les gens d'un petit village, près duquel ils sont maintenant, s'unissent aux passants. “Mais fais-le taire, Seigneur. C'est un samaritain: les gens le disent. Il ne doit pas parler de Toi si tu ne permets même pas que nous te précédions en t'annonçant!” disent les apôtres indisposés. “Mes amis, je répète les paroles de Moïse à Josué, fils de Num, qui se lamentait de ce que Eldad et Madad prophétisaient dans les campements: "Es-tu jaloux pour moi, à ma place? Oh! si le peuple tout entier prophétisait ainsi et si le Seigneur pouvait donner à tous son esprit!" Mais cependant je vais m'arrêter et je vais le renvoyer pour vous faire plaisir.” Et il s'arrête en se retournant et en appelant à Lui le lépreux guéri, qui accourt et se prosterne devant Jésus en baisant la poussière. “Lève-toi. Et les autres où sont-ils? N'étiez-vous pas dix? Les neufs autres n'ont pas éprouvé le besoin de remercier le Seigneur. Et quoi? Sur dix lépreux dont un seul était samaritain, il ne s'est trouvé que cet étranger pour éprouver le besoin de revenir pour rendre gloire à Dieu, avant de se rendre lui-même à la vie et à sa famille? Et on l'appelle "samaritain". Ils ne sont plus ivres alors les samaritains, puisqu'ils voient sans avoir la berlue et accourent sans chanceler sur le chemin du Salut? La Parole parle donc un langage étranger, s'il est compris par les étrangers et pas par ceux de son peuple?” Il tourne ses yeux magnifiques sur une foule de tous les lieux de la Palestine qui se trouve là. Et ces yeux dans leur éclat sont insoutenables… Plusieurs baissent la tête et poussent leurs montures ou s'éloignent… Jésus abaisse les yeux sur le samaritain agenouillé à ses pieds, et son regard devient très doux. Il lève la main, qui pendait le long de son côté, en un geste de bénédiction et dit: “Lève-toi et va-t-en. Ta foi a sauvé en toi quelque chose de plus que ta chair. Avance dans la Lumière de Dieu. Va.” L'homme baise de nouveau la poussière et, avant de se lever, demande: “Un nom, Seigneur. Un nom nouveau, puisque tout est nouveau en moi, et pour toujours.” “Dans quelle terre nous trouvons-nous?” “Dans celle d'Ephraïm.” “Et désormais tu t'appelleras Ephrem, parce que c'est deux fois que la Vie t'a donné la vie. Va.” L'homme se lève et s'en va. Les gens de l'endroit et quelques pèlerins voudraient retenir Jésus, mais Lui les subjugue par son regard qui n'est pas sévère, mais au contraire est très doux quand il les regarde, mais qui doit dégager une puissance car personne ne fait un geste pour le retenir. Et Jésus quitte la route sans entrer dans le petit village, traverse un champ, puis un ruisselet et un sentier, et il monte sur le coteau oriental couvert de bois, et s'y enfonce avec les siens en disant: “Pour ne pas nous tromper, nous allons suivre la route, mais en restant dans le bois. Après cette courbe, la route s'appuie à cette montagne. Nous y trouverons quelque grotte pour dormir, pour franchir à l'aube Ephraïm…”
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 6 octobre 2013, Vingt-septième dimanche du temps ordinaire

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 17, 5-10. 
Les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! » Le Seigneur répondit : « La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde, vous diriez au grand arbre que voici : 'Déracine-toi et va te planter dans la mer', et il vous obéirait. « Lequel d'entre vous, quand son serviteur vient de labourer ou de garder les bêtes, lui dira à son retour des champs : 'Viens vite à table' ? Ne lui dira-t-il pas plutôt : 'Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et que je boive. Ensuite tu pourras manger et boire à ton tour. ' Sera-t-il reconnaissant envers ce serviteur d'avoir exécuté ses ordres ? De même vous aussi, quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : 'Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n'avons fait que notre devoir. ' »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l'Evangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 6, Ch 113, p 232 - CD 6, piste 83 - 
 La grève blanchit dans la nuit sans lune, mais éclairée par des milliers d'étoiles, des étoiles larges, invraisemblablement larges d'un ciel d'Orient. Ce n'est pas une lumière intense comme celle de la lune, mais c'est déjà une douce phosphorescence qui permet à celui, dont l'œil est fait à l'obscurité, de voir où il marche et ce qui l'entoure. Ici, sur la droite des voyageurs qui remontent vers le nord en côtoyant le fleuve, la douce luminosité stellaire découvre la frontière végétale que forment les roseaux, les saules et les arbres de haute futaie et, comme la lumière est très légère, ils semblent former une muraille compacte, continue, sans interruption, sans possibilité de pénétration, à peine rompue là où le lit d'un ruisseau ou d'un torrent, complètement à sec, trace une ligne blanche qui s'en va vers l'orient et disparaît au premier coude du minuscule affluent maintenant à sec. À leur gauche, par contre, les voyageurs discernent le reflet des eaux qui descendent vers la Mer Morte en murmurant, soupirant, bruissant, tranquilles et sereines. Et entre la ligne brillante des eaux couleur d'indigo, dans la nuit, et la masse noire opaque des herbes, des arbustes et des arbres, la bande claire de la grève, tantôt plus large, tantôt plus étroite, est parfois interrompue par un minuscule étang, reste d'une ancienne crue, avec encore un peu d'eau que le sol peu à peu absorbe, et où il reste des touffes d'herbes encore vertes alors qu'ailleurs elles se sont desséchées sur la grève certainement brûlante aux heures de soleil. Ces mares ou les touffes de joncs secs qui peuvent blesser les pieds nus dans les sandales, obligent les apôtres à se séparer de temps à autre pour ensuite se réunir en groupe autour du Maître qui avance de son pas allongé, toujours majestueux, le plus souvent en silence, le regard levé vers les étoiles plutôt que courbé vers le sol. Les apôtres, non, ils ne se taisent pas. Ils parlent entre eux, récapitulant les événements de la journée, en tirant des conclusions ou bien en prévoyant les développements futurs. Quelque rare parole de Jésus, souvent dite pour répondre à une question directe ou pour corriger quelque raisonnement défectueux ou peu charitable, ponctue le bavardage des douze. Et la marche se poursuit dans la nuit, en rythmant le silence nocturne d'un élément nouveau sur ces rives désertes: les voix humaines et le bruit des pas. Et les rossignols se taisent dans les feuillages, étonnés d'entendre des sons discordants et désagréables qui se mêlent, en la troublant, à l'habituelle rumeur des eaux et des brises, accompagnement habituel de leurs soli de virtuoses. Mais une question directe, qui ne concerne pas le passé mais l'avenir, vient rompre avec la violence d'une révolte, sans parler du ton plus aigu des voix agitées par le dédain ou la colère, la paix non seulement de la nuit mais celle plus intime des cœurs. Philippe demande s'ils seront à leurs maisons et dans combien de jours. Un secret besoin de repos, un désir inexprimé mais sous entendu d'affections familiales, se trouve dans la simple question de l'apôtre déjà âgé, qui est mari et père en plus qu'apôtre, et qui a des intérêts dont il doit s'occuper… Jésus se rend compte de tout cela et il se retourne pour regarder Philippe. Il s'arrête pour l'attendre, car Philippe est un peu en arrière avec Mathieu et Nathanaël. Arrivé près de Lui, il lui passe un bras autour des épaules en lui disant: “Bientôt, mon ami. Cependant je demande à ta bonté un autre petit sacrifice pourvu que tu ne veuilles pas te séparer auparavant de Moi…” “Moi, me séparer? Jamais!” “Et alors… je vais t'éloigner encore quelque temps de Bethsaïda. Je veux aller à Césarée Maritime, en passant par la Samarie. Au retour, nous irons à Nazareth et resteront avec Moi ceux qui n'ont pas de famille en Galilée. Puis, après quelque temps, je vous rejoindrai à Capharnaüm… Et là je vous évangéliserai pour vous rendre encore plus capables. Mais, si tu crois que ta présence à Bethsaïda est nécessaire… vas-y, Philippe. Nous nous retrouverons là…” “Non, Maître. Il est plus nécessaire de rester avec Toi! Mais, tu sais… Elle est douce la maison… et mes filles… Je pense que dans l'avenir je ne les aurai pas beaucoup avec moi… et je voudrais jouir un peu de leur chaste douceur. Mais si je dois choisir entre elles et Toi, c'est Toi que je choisis… et pour plusieurs raisons…” conclut Philippe en soupirant. “Et tu fais bien, mon ami, car je te serai enlevé avant tes filles…” “Oh! Maître!…” dit l'apôtre attristé. “C'est ainsi, Philippe” termine Jésus en baisant l'apôtre sur les tempes. Judas Iscariote, qui a bougonné entre ses dents depuis que Jésus a parlé de Césarée, élève la voix comme si d'avoir vu le baiser donné à Philippe lui avait fait perdre le contrôle de ses actes. Et il dit: “Que de choses inutiles! Moi, je ne sais vraiment pas quelle nécessité il y a d'aller à Césarée!” et il le dit avec une impétuosité débordante de fiel. Il semble vouloir sous entendre: “Toi qui y vas, tu es un sot.” “Ce n'est pas toi, mais le Maître qui doit juger de la nécessité des choses que nous faisons” lui répond Barthélemy. “Oui, hein? Comme si Lui se rendait bien compte des nécessités naturelles!” “Ohé! Tu es fou ou tu es sain? Sais-tu de qui tu parles?” lui demande Pierre en le secouant par le bras. “Je ne suis pas fou. Je suis le seul qui ait le cerveau sain, et je sais ce que je dis.” “Les belles choses que tu dis!” “Prie Dieu qu'Il ne te les compte pas!” “La modestie n'est pas ton fort!” “On dirait que tu as peur que l'on puisse te reconnaître pour ce que tu es, en allant à Césarée” disent ensemble et respectivement Jacques de Zébédée, Simon le Zélote, Thomas et Jude d'Alphée. L'Iscariote répond à ce dernier: “Je n'ai rien à craindre et vous rien à savoir. Mais je suis las de voir que l'on va d'erreur en erreur et que l'on se ruine. Des heurts avec les synhédristes, disputes avec les pharisiens, il ne manque plus que les romains…” “Comment? Mais il n'y a pas deux lunes tu étais fou de joie, tu étais plein d'assurance, tu étais, tu étais, tu étais… tu étais tout car tu avais pour amie Claudia!” observe ironiquement Barthélemy qui, tout en étant le plus… intransigeant, est le seul qui uniquement pour obéir au Maître ne se refuse pas à des contacts avec les romains. Judas reste un moment silencieux, car la logique de la question ironique est évidente et, à moins de paraître illogique, il ne peut démentir ce qu'il avait dit auparavant, mais ensuite il se reprend: “Ce n'est pas pour les romains que je dis cela. Je veux dire pour les romains comme ennemis. Elles, car au fond elles ne sont que quatre dames romaines, cinq ou six au maximum, ont promis de l'aide et seront fidèles à leurs promesses. Mais c'est parce que cela augmentera la rancœur de ses ennemis et Lui ne le comprend pas et…” “Leur rancœur est complète, Judas. Et tu le sais comme Moi, et encore mieux que Moi” dit calmement Jésus en appuyant sur le “mieux”. “Moi? Moi? Que veux-tu dire? Qui sait les choses mieux que Toi?” “Tu viens de dire que toi seul connais les nécessités et la façon de s'y comporter…” lui réplique Jésus. “Mais pour les choses naturelles, oui. Je dis que tu connais les choses surnaturelles mieux que tous.” “C'est vrai, mais justement je te disais que tu connais mieux que Moi les choses, laides si tu veux, avilissantes si tu veux, naturelles, comme la rancœur de mes ennemis, comme leurs projets…” “Moi, je ne sais rien! Je ne sais rien. Je le jure sur mon âme, sur ma mère, sur Jéhovah…” “Assez! Il est dit de ne pas jurer” lui intime Jésus avec une sévérité qui semble Lui durcir jusqu'aux traits du visage qui s'immobilisent comme ceux d'une statue. “Eh bien, je ne vais pas jurer. Mais il me sera permis de dire, car je ne suis pas un esclave, qu'il n'est pas nécessaire, qu'il n'est pas utile, qu'il est même dangereux d'aller à Césarée, de parler avec les romaines…” “Et qui te dit que cela arrivera?” demande Jésus. “Qui? Mais tout! Tu as besoin de t'assurer d'une chose. Tu es sur les traces d'une…” il s'arrête, comprenant que la colère le fait trop parler. Puis il reprend: “Et moi, je te dis que tu devrais aussi penser à nos intérêts. Tu nous as tout enlevé: maison, gain, affections, tranquillité. Nous sommes des persécutés pour ta cause, et nous le serons aussi par la suite. Parce que Toi, tu le dis sur tous les tons, un beau jour tu t'en iras. Mais nous, nous restons, mais nous resterons ruinés, mais nous…” “Tu ne seras pas persécuté lorsque je ne serai plus parmi vous. Je te le dis, Moi qui suis la Vérité. Et je te dis que j'ai pris ce que vous m'avez donné spontanément, d'une manière insistante. Tu ne peux donc pas m'accuser de vous avoir enlevé d'autorité un seul de vos cheveux qui tombent quand vous les peignez. Pourquoi m'accuses-tu?” Jésus est déjà moins sévère, il est maintenant d'une tristesse qui veut ramener avec douceur à la raison, et je crois que la miséricorde qu'il montre, si pleine, si divine, est un frein pour les autres qui ne l'auraient pas, assurément, pour le coupable. Judas lui-même s'en rend compte et dans un de ces brusques revirements de son âme, sollicitée par deux forces contraires, il se jette à terre, se frappant la tête et la poitrine et criant: “Parce que je suis un démon, je suis un démon. Sauve-moi, Maître, comme tu sauves tant de possédés, sauve-moi! Sauve-moi!” “Que ne soit pas inerte ta volonté d'être sauvé.” “Elle existe, tu le vois. Je veux être sauvé.” “Par Moi. Tu exiges que je fasse tout. Mais je suis Dieu, et je respectes ton libre arbitre. Je te donnerai la force pour arriver à "vouloir". Mais vouloir n'être pas esclave, cela doit venir de toi.” “Je le veux! Je le veux! Mais ne va pas à Césarée! N'y va pas! Écoute-moi, comme tu as écouté Jean quand tu voulais aller à Acor. Nous avons tous les mêmes droits. Nous te servons tous de la même manière. Tu es obligé de nous satisfaire, à cause de ce que nous faisons… Traite-moi comme Jean! Je le veux! Quelle différence y a-t-il entre lui et moi?” “Il y a l'esprit! Mon frère n'aurait jamais parlé comme tu parles. Mon frère ne…” “Silence, Jacques. C'est Moi qui parle et à tous. Et toi, lève-toi et comporte-toi en homme, comme Moi je te traite, non comme un esclave qui gémit aux pieds de son maître. Sois homme, puisque tu tiens tant à être traité comme Jean qui, en vérité, est plus qu'un homme parce qu'il est chaste et qu'il est saturé de Charité. Allons, il est tard et je veux passer le fleuve à l'aube. C'est à cette heure que les pêcheurs rentrent ayant retiré les nasses, et il est facile de trouver une embarcation. La lune en ses derniers jours lève toujours plus haut son fin croissant. Nous pouvons, grâce à sa plus grande lumière, aller plus vite. Écoutez. En vérité je vous dis que personne ne doit se vanter de faire son propre devoir et exiger pour cela, qui est un devoir, des faveurs spéciales. Judas a rappelé que vous m'avez tout donné, et il m'a dit qu'en retour j'ai le devoir de vous satisfaire pour ce que vous faites. Mais rendez-vous un peu compte. Parmi vous, il y a des pêcheurs, des propriétaires terriens, plus d'un qui possède un atelier, et le Zélote qui avait un serviteur. Eh bien, quand les garçons de la barque, ou les hommes qui comme serviteurs vous aidaient à l'oliveraie, à la vigne ou dans les champs, ou les apprentis de l'atelier, ou simplement le serviteur fidèle qui s'occupait de la maison ou de la table, avaient fini leur travail, vous mettiez-vous par hasard à les servir? Et n'en est-il pas ainsi dans toutes les maisons et toutes les affaires? Quel homme, ayant un serviteur qui laboure ou qui fait paître, ou un ouvrier à l'atelier, lui dit quand il a fini le travail: "Va tout de suite à table"? Personne. Mais soit qu'il revienne des champs, soit qu'il ait déposé ses outils, tout patron dit: "Fais-moi à manger, mets-toi en tenue et, avec des vêtements propres, sers-moi pendant que je mange et bois. Après, tu mangeras et boiras". Et on ne peut pas dire que cela soit dureté de cœur. En effet le serviteur doit servir son maître et le maître ne lui a pas d'obligation, parce que le serviteur a fait ce que son maître au matin lui avait commandé. En effet, si le maître a le devoir d'être humain avec son propre serviteur, le serviteur a aussi le devoir de ne pas être paresseux et dissipateur, mais de coopérer au bien-être de celui qui l'habille et le nourrit. Supporteriez-vous que vos mousses, vos ouvriers agricoles ou autres, votre domestique, vous disent: "Sers moi, puisque j'ai travaillé"? Je ne crois pas. De même vous, en regardant ce que vous avez fait et ce que vous faites pour Moi - et, dans l'avenir, en regardant ce que vous ferez pour continuer mon œuvre et continuer à servir votre Maître -vous devez toujours dire, parce que vous verrez aussi que vous avez toujours fait beaucoup moins que ce qu'il était juste de faire pour être au pair avec tout ce que vous avez eu de Dieu: "Nous sommes des serviteurs inutiles car nous n'avons fait que notre devoir". Si vous raisonnez ainsi, vous ne sentirez plus de prétentions ni de mécontentements s'élever en vous, et vous agirez avec justice.” Jésus se tait. Tous réfléchissent. Pierre donne un coup de coude à Jean qui réfléchit en tenant ses yeux bleu clair fixés sur les eaux, qui de la couleur indigo passent à l'argent azuré sous les rayons de la lune, et il lui dit: “Demande-lui quand quelqu'un fait plus que son devoir. Moi, je voudrais arriver à faire plus que mon devoir…” “Moi aussi, Simon. Je pensais justement à cela” lui répond Jean avec son beau sourire sur les lèvres, et il demande à haute voix: “Maître, dis-moi: l'homme, ton serviteur, ne pourra-t-il jamais faire plus que son devoir pour te dire avec ce plus, qu'il t'aime complètement?” “Enfant, Dieu t'a tant donné, qu'en toute justice, ton héroïsme serait toujours peu. Mais le Seigneur est si bon qu'Il ne mesure pas ce que vous Lui donnez avec sa mesure infinie, mais qu'Il le mesure avec la mesure limitée de la capacité humaine. Et quand Il voit que vous avez donné sans parcimonie, avec une mesure comble, débordante, généreuse, alors Il dit: "Ce serviteur m'a donné plus que son devoir ne lui imposait. Aussi Je lui donnerai la surabondance de mes récompenses".” “Oh! comme je suis content! Moi, alors, je te donnerai une mesure débordante pour avoir cette surabondance!” s'écrie Pierre. “Oui, tu me la donneras, vous me la donnerez. Tout homme aimant la Vérité, la Lumière, me la donnera. Et ils seront avec Moi surnaturellement heureux.”
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/