"Lisez cette œuvre et faites-la lire"
Jésus (Chapitre 38, Volume 10 ) à propos de
l’Évangile tel qu’il m’a été révélé.

L'Évangile de la Messe Paul VI
et l’Évangile tel qu’il m’a été révélé de Maria Valtorta.
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Dimanche 29 mars 2020, Cinquième dimanche de Carême

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 11,1-45.
Un homme était tombé malade. C"était Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de sa soeur Marthe. (Marie est celle qui versa du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux. Lazare, le malade, était son frère.) Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. » En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura pourtant deux jours à l'endroit où il se trouvait ; alors seulement il dit aux disciples : « Revenons en Judée. » Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment, les Juifs cherchaient à te lapider, et tu retournes là-bas ? » Jésus répondit : « Ne fait-il pas jour pendant douze heures ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu'il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n'est pas en lui. » Après ces paroles, il ajouta : « Lazare, notre ami, s'est endormi ; mais je m'en vais le tirer de ce sommeil. » Les disciples lui dirent alors : « Seigneur, s'il s'est endormi, il sera sauvé. » Car ils pensaient que Jésus voulait parler du sommeil, tandis qu'il parlait de la mort. Alors il leur dit clairement : « Lazare est mort, et je me réjouis de n'avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais allons auprès de lui ! » Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) dit aux autres disciples : « Allons-y nous aussi, pour mourir avec lui ! » Quand Jésus arriva, il trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie était tout près de Jérusalem - à une demi-heure de marche environ - beaucoup de Juifs étaient venus manifester leur sympathie à Marthe et à Marie, dans leur deuil. Lorsque Marthe apprit l'arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. Mais je sais que, maintenant encore, Dieu t'accordera tout ce que tu lui demanderas. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » Marthe reprit : « Je sais qu'il ressuscitera au dernier jour, à la résurrection. » Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle répondit : « Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois ; tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. » Ayant dit cela, elle s'en alla appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : « Le Maître est là, il t'appelle. » Marie, dès qu'elle l'entendit, se leva aussitôt et partit rejoindre Jésus. Il n'était pas encore entré dans le village ; il se trouvait toujours à l'endroit où Marthe l'avait rencontré. Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie, et lui manifestaient leur sympathie, quand ils la virent se lever et sortir si vite, la suivirent, pensant qu'elle allait au tombeau pour y pleurer. Elle arriva à l'endroit où se trouvait Jésus ; dès qu'elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. » Quand il vit qu'elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus fut bouleversé d'une émotion profonde. Il demanda : « Où l'avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Viens voir, Seigneur. » Alors Jésus pleura. Les Juifs se dirent : « Voyez comme il l'aimait ! » Mais certains d'entre eux disaient : « Lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? » Jésus, repris par l'émotion, arriva au tombeau. C'était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du mort, lui dit : « Mais, Seigneur, il sent déjà ; voilà quatre jours qu'il est là. » Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l'ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m'as exaucé. Je savais bien, moi, que tu m'exauces toujours ; mais si j'ai parlé, c'est pour cette foule qui est autour de moi, afin qu'ils croient que tu m'as envoyé. » Après cela, il cria d'une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains attachés, le visage enveloppé d'un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. » Les nombreux Juifs, qui étaient venus entourer Marie et avaient donc vu ce que faisait Jésus, crurent en lui.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris 
Correspondance dans "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta
  • Traduction de 2017 : Tome 8, Ch 547, p 433
  • Ancienne traduction :  Tome 8, Ch 7, p 47        (CD 8, piste 15)
(chapitre 8) Jésus vient à Béthanie par Ensémès. Ils doivent avoir fait une marche vraiment fatigante par les sentiers casse-cou des monts Adamin. Les apôtres, essoufflés, ont du mal à suivre Jésus qui va rapidement, comme si l'amour l'emportait sur ses ailes de feu. Jésus sourit radieux alors qu'il marche en avant de tous, la tête droite sous les rayons tièdes du soleil de midi. Avant qu'ils arrivent aux premières maisons de Béthanie, les voit un jeune garçon déchaussé qui va vers la fontaine près du village avec un broc de cuivre vide. Il pousse un cri, met le broc par terre et s'en va en courant, de toute la vitesse de ses petites jambes, vers le village. “Certainement il va prévenir que tu arrives” observe Jude Thaddée après avoir souri comme tous de la résolution… énergique du jeune garçon qui a même abandonné son broc à la merci du premier passant. La petite ville, vue ainsi d'auprès de la fontaine, qui est un peu en haut, paraît tranquille, comme déserte. Seule la fumée grise qui s'élève des cheminées indique que dans les maisons les femmes sont occupées à préparer le repas de midi. Quelque grosse voix d'homme parmi les oliviers et les vergers vastes et silencieux avertit que les hommes sont au travail. Malgré cela Jésus préfère prendre un petit chemin qui passe en arrière du village pour pouvoir arriver chez Lazare sans attirer l'attention des habitants. Ils sont presque à moitié route quand ils entendent derrière eux le jeune garçon de tout à l'heure qui les dépasse en courant et puis s'arrête au milieu de la route pour, pensif, regarder Jésus… “Paix à toi, petit Marc, tu as eu peur de Moi que tu t'es enfui?” demande Jésus en le caressant. “Moi, non, Seigneur, je n'ai pas eu peur. Mais comme pendant plusieurs jours Marthe et Marie ont envoyé des serviteurs sur les routes qui viennent ici pour voir si tu venais, maintenant que je t'ai vu, je suis accouru pour dire que tu venais…” “Tu as bien fait. Les sœurs vont préparer leurs cœurs à me voir.” “Non, Seigneur. Les sœurs ne vont rien se préparer car elles ne savent rien. Ils n'ont pas voulu que je le dise. Ils m'ont pris quand j'ai dit, en entrant dans le jardin: "Il y a le Rabbi", et ils m'ont chassé dehors en disant: "Tu es un menteur ou un sot. Lui désormais ne vient plus car il est certain désormais qu'il ne peut pas faire le miracle". Et comme je disais que c'était bien Toi, ils m'ont donné deux gifles comme je n'en avais encore jamais reçues… Regarde ici mes joues rouges. Elles me brûlent! Et ils m'ont poussé dehors en disant: "Cela pour te purifier d'avoir regardé un démon". Et je te regardais pour voir si tu étais devenu un démon. Mais je ne le vois pas. Tu es toujours mon Jésus beau comme les anges dont parle maman.” Jésus se penche pour baiser ses petites joues souffletées en disant: “Ainsi va passer la démangeaison. Je suis peiné que tu aies souffert pour Moi…” “Moi, non, Seigneur, car ces gifles m'ont valu deux baisers de Toi” et il s'attache en en espérant d'autres. “Dis un peu, Marc, qui t'a chassé? Ceux de Lazare?” demande le Thaddée. “Non. Les juifs. Ils viennent pour le deuil tous les jours. Il y en a tant! Ils sont dans la maison et dans le jardin. Ils viennent tôt, et s'en vont tard. Ils semblent les maîtres. Ils maltraitent tout le monde. Tu vois qu'il n'y a personne dans les rues? Les premiers jours, on venait pourvoir… mais ensuite… Maintenant il n'y a que nous les enfants qui tourniquons pour… Oh! mon broc! Maman qui attend l'eau… Elle va me battre elle aussi!…” Tous sourient de sa désolation devant la perspective d'autres claques et Jésus lui dit: “Va vite alors…” “C'est que… je voulais entrer avec Toi et te voir faire le miracle…” et il termine. “… et voir leurs figures… pour me venger des gifles…” “Cela non. Tu ne dois pas désirer la vengeance. Tu dois être bon et pardonner… Mais ta mère attend l'eau…” “Moi, j'y vais, Maître. Je sais où habite Marc. J'expliquerai à la femme et je te rejoindrai…” dit Jacques de Zébédée. Et il s'en va en courant. Ils se remettent en marche lentement et Jésus tient par la main l'enfant ravi… Les voilà à la grille du jardin. Ils la suivent. De nombreuses montures y sont attachées, surveillées par les serviteurs de chaque propriétaire. Le chuchotement qui vient d'eux attire l'attention de quelques juifs qui se tournent vers le portail ouvert, juste au moment où Jésus pose le pied à la limite du jardin. “Le Maître!” disent les premiers qui le voient, et ce mot court comme le bruissement du vent d'un groupe à l'autre, se propage, s'en va, comme une vague venue de loin et qui se brise sur la rive, jusque contre les murs de la maison et y pénètre, apporté certainement par de nombreux juifs présents ou par quelques pharisiens, rabbi ou scribe ou sadducéen, répandus çà et là. Jésus y entre très lentement alors que tous, tout en accourant de tous côtés, s'écartent du sentier où il marche. Et comme personne ne le salue, Lui ne salue personne comme s'il ne connaissait même pas un grand nombre de ceux qui sont rassemblés là pour le regarder la colère et la haine dans les yeux, sauf un petit nombre qui sont secrètement ses disciples ou qui du moins ont le cœur droit et qui, s'ils ne l'aiment pas comme disciples, le respectent comme juste. De ce nombre sont Joseph, Nicodème, Jean, Eléazar, un autre Jean scribe, vu à la multiplication des pains, et encore un autre Jean, qui rassasia les gens à la descente de la montagne des béatitudes, Gamaliel avec son fils, Josué, Joachim, Manaën, le scribe Joël d'Abia, rencontré au Jourdain dans l'épisode de Sabéa, Joseph Barnabé disciple de Gamaliel, Chouza qui regarde Jésus de loin, un peu intimidé de le revoir après sa méprise, ou peut-être retenu par le respect humain et n'osant pas s'avancer comme ami. Il est certain qu'il n'est salué ni par les amis, ni par ceux qui l'observent sans rancœur, ni par ses ennemis, et Jésus ne salue pas. Il a seulement fait une vague inclination en mettant le pied dans l'allée. Puis il a continué tout droit comme s'il était étranger à la foule nombreuse qui l'entoure. Le jeune garçon marche toujours à son côté, dans ses vêtements de petit paysan, avec ses pieds nus d'enfant pauvre, mais le visage lumineux de quelqu'un qui est en fête, avec ses petits yeux noirs, vifs, bien ouverts pour tout voir… et pour défier tout le monde… Marthe sort de la maison au milieu d'un groupe de juifs venus pour rendre visite et parmi lesquels se trouvent Elchias et Sadoc. De sa main elle protège ses yeux las de pleurer, gênés par la lumière, pour voir où est Jésus. Elle le voit. Elle se détache de ceux qui l'accompagnent et court vers Jésus à quelques pas du bassin rendu tout brillant par les rayons du soleil. Elle se jette aux pieds de Jésus après s'être inclinée et elle les baise et, en éclatant en sanglots, elle dit: “Paix à Toi, Maître!” Jésus aussi, dès qu'il l'a vue près de Lui, lui a dit: “Paix à toi!” et il a levé la main pour la bénir, en laissant aller celle de l'enfant que Barthélemy a prise tout en l'attirant un peu en arrière. Marthe poursuit: “Mais il n'y a plus de paix pour ta servante.” Elle lève son visage vers Jésus en restant encore à genoux. Et dans un cri de douleur que l'on entend bien dans le silence qui s'est fait elle s'écrie: “Lazare est mort! Si tu avais été là il ne serait pas mort. Pourquoi n'es-tu pas venu plus tôt, Maître?” Elle a un ton involontaire de reproche en posant cette question. Puis elle revient au ton accablé de quelqu'un qui n'a plus la force de faire des reproches et dont l'unique réconfort est de rappeler les dernières actions et les derniers désirs d'un parent auquel on a cherché à donner ce qu'il désirait et pour qui on n'a pas de remords dans le cœur: “Il t'a tant appelé, Lazare, notre frère!… Maintenant, tu vois! Je suis désolée et Marie pleure sans pouvoir se donner la paix. Et lui n'est plus ici. Tu sais si nous l'aimions! Nous espérions tout de Toi!…” Un murmure de compassion pour la femme et de reproche à l'adresse de Jésus, un assentiment à la pensée sous-entendue: “et tu pouvais nous exaucer car nous. le méritions à cause de l'amour que nous avons pour Toi, et Toi, au contraire, tu nous as déçues” court de groupe en groupe parmi des hochements de tête ou des regards moqueurs. Seuls quelques secrets disciples, disséminés dans la foule ont des regards de compassion pour Jésus qui écoute, très pâle et affligé, la femme désolée qui Lui parle. Gamaliel, les bras croisés dans son ample et riche vêtement de laine très fine, orné de nœuds bleus, un peu à part dans le groupe de jeunes où se trouve son fils et Joseph Barnabé, regarde fixement Jésus, sans haine et sans amour. Marthe, après s'être essuyée le visage, recommence à parler: “Mais même maintenant j'espère car je sais que tout ce que tu demanderas à ton Père, te sera accordé.” Une douloureuse, héroïque profession de foi, dite d'une voix que les larmes font trembler, avec un regard qui tremble d'angoisse, avec l'ultime espérance qui lui tremble dans le cœur. “Ton frère ressuscitera. Lève-toi, Marthe.” Marthe se lève tout en restant courbée en vénération devant Jésus auquel elle répond: “Je le sais, Maître. Il ressuscitera au dernier jour.” “Je suis la Résurrection et la Vie. Quiconque croit en Moi, même s'il est mort, vivra. Et celui qui croit et vit en Moi ne mourra pas éternellement. Crois-tu tout cela?” Jésus, qui d'abord avait parlé d'une voix plutôt basse uniquement à Marthe, élève la voix pour dire ces phrases où il proclame sa puissance de Dieu, et son timbre parfait résonne comme une trompette d'or dans le vaste jardin. Un frémissement presque d'épouvante secoue l'assistance. Mais ensuite certains raillent en secouant la tête. Marthe, à laquelle Jésus semble vouloir transfuser une espérance de plus en plus forte en tenant la main appuyée sur son épaule, lève son visage qu'elle gardait penché. Elle le lève vers Jésus, en fixant ses yeux affligés dans les lumineuses pupilles du Christ et serrant ses mains sur sa poitrine, elle répond avec une angoisse différente: “Oui, Seigneur. Je crois cela. Je crois que tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant, venu dans le monde. Et que tu peux tout ce que tu veux. Je crois. Maintenant, je vais prévenir Marie” et elle s'éloigne rapidement en disparaissant dans la maison. Jésus reste où il était, ou plutôt il fait quelques pas en avant et s'approche du parterre qui entoure le bassin. Le parterre est tout éclairé de ce côté par la fine poussière du jet d'eau qu'un vent léger pousse de ce côté comme un plumet d'argent, et il paraît se perdre, Jésus, dans la contemplation du frétillement des poissons sous le voile de l'eau limpide, dans leurs jeux qui mettent des virgules d'argent et des reflets d'or dans le cristal des eaux frappées par le soleil. Les juifs l'observent. Ils se sont involontairement séparés en groupes bien distincts. D'un côté, en face de Jésus, tous ceux qui Lui sont hostiles, habituellement divisés entre eux par esprit sectaire, maintenant d'accord pour s'opposer à Jésus. À côté de Lui, derrière les apôtres, auxquels s'est réuni Jacques de Zébédée, Joseph, Nicodème et les autres d'esprit bienveillant. Plus loin, Gamaliel, toujours à sa place et avec la même attitude, est seul, car son fils et ses disciples se sont séparés de lui pour se répartir entre les deux groupes principaux pour être plus près de Jésus. Avec son cri habituel: “Rabboni!” Marie sort de la maison en courant, les bras tendus vers Jésus. Elle se jette à ses pieds qu'elle baise en sanglotant. Divers juifs, qui étaient dans la maison avec elle et qui l'ont suivie, unissent à ses pleurs leurs pleurs d'une sincérité douteuse. Maximin aussi, Marcelle, Sara, Noémi ont suivi Marie ainsi que tous ses serviteurs et de fortes lamentations s'élèvent. Je crois que dans la maison il n'est resté personne. Marthe, en voyant pleurer ainsi Marie, redouble elle aussi ses pleurs. “Paix à toi, Marie. Lève-toi! Regarde-moi! Pourquoi ces pleurs semblables à ceux des gens qui n'ont pas d'espérance?” Jésus se penche pour dire doucement ces paroles, ses yeux dans les yeux de Marie qui, restant à genoux, reposant sur ses talons, tend vers Lui ses mains dans un geste d'invocation et ne peut parler tant elle sanglote: “Ne t'ai-je pas dit d'espérer au-delà de ce qui est croyable pour voir la gloire de Dieu? Est-ce que par hasard ton Maître est changé pour que tu aies raison d'être ainsi angoissée?” Mais Marie ne recueille pas les mots qui veulent déjà la préparer à une joie trop forte après tant d'angoisse, et elle crie, finalement maîtresse de sa voix: “Oh! Seigneur! Pourquoi n'es-tu pas venu plus tôt? Pourquoi t'es-tu tellement éloigné de nous? Tu le savais que Lazare était malade! Si tu avais été ici, il ne serait pas mort, mon frère. Pourquoi n'es-tu pas venu? Je devais lui montrer encore que je l'aimais. Il devait vivre. Je devais lui montrer que je persévérais dans le bien. Je l'ai tant angoissé, mon frère! Et maintenant! Maintenant que je pouvais le rendre heureux, il m'a été enlevé! Tu pouvais me le laisser, donner à la pauvre Marie la joie de le consoler après lui avoir donné tant de douleur. Oh! Jésus! Jésus! Mon Maître! Mon Sauveur! Mon espérance!” et elle s'abat de nouveau, le front sur les pieds de Jésus qui se trouvent de nouveau lavés par les pleurs de Marie, et elle gémit: “Pourquoi as-tu fait cela, ô Seigneur?! Même à cause de ceux qui te haïssent et se réjouissent de ce qui arrive… Pourquoi as-tu fait cela, Jésus?!” Mais il n'y a pas de reproche dans le ton de la voix de Marie comme dans celui de Marthe, il y a seulement l'angoisse de quelqu'une, qui outre sa douleur de sœur, a aussi celle d'une disciple qui sent amoindrie dans le cœur d'un grand nombre l'opinion de son Maître. Jésus, très penché pour entendre ces paroles qu'elle murmure la face contre terre, se redresse et dit à haute voix: “Marie, ne pleure pas! Ton Maître aussi souffre de la mort de l'ami fidèle… car il a dû le laisser mourir…” Oh! quelles railleries et quels regards de joie livide il y a sur les visages des ennemis du Christ! Ils le voient vaincu, et s'en réjouissent, alors que les amis deviennent de plus en plus tristes. Jésus dit encore plus fort: “Mais, je te le dis: ne pleure pas. Lève-toi! Regarde-moi! Crois-tu que Moi qui t'ai tant aimée j'ai fait cela sans motif? Peux-tu croire que je t'ai donné cette douleur inutilement? Viens. Allons vers Lazare. Où l'avez-vous mis?” Jésus, plutôt que Marie et Marthe, qui ne parlent pas prises comme elles le sont par des pleurs plus forts, interroge tous les autres, surtout ceux qui, sortis avec Marie de la maison, semblent les plus troublés. Ce sont peut-être des parents plus âgés, je ne sais pas. Et ceux-ci répondent à Jésus, visiblement affligé: “Viens et vois” et ils se dirigent vers l'endroit où se trouve le tombeau à l'extrémité du verger, là où le sol a des ondulations et des veines de roche calcaire qui affleurent à la surface du sol. Marthe, à côté de Jésus qui a forcé Marie à se lever et il la conduit, car elle est aveuglée par ses larmes, montre de la main à Jésus où se trouve Lazare et quand ils sont près de l'endroit elle dit aussi: “C'est ici, Maître, que ton ami est enseveli” et elle indique la pierre posée obliquement à l'entrée du tombeau. Jésus pour s'y rendre, suivi de tout le monde, a dû passer devant Gamaliel. Mais ils ne se sont pas salués. Ensuite Gamaliel s'est uni aux autres en s'arrêtant comme tous les pharisiens les plus rigides à quelques mètres du tombeau, alors que Jésus s'avance tout près avec les sœurs, Maximin et ceux qui sont peut-être des parents. Jésus contemple la lourde pierre qui sert de porte au tombeau et forme un lourd obstacle entre Lui et l'ami éteint, et il pleure. Les larmes des sœurs redoublent et de même celles des intimes et familiers. “Enlevez cette pierre” crie Jésus tout d'un coup, après avoir essuyé ses larmes. Tous ont un geste d'étonnement et un murmure court dans le rassemblement qui a grossi de quelques habitants de Béthanie qui sont entrés dans le jardin et se sont mis à la suite des hôtes. Je vois certains pharisiens qui se touchent le front en secouant la tête comme pour dire: “Il est fou!” Personne n'exécute l'ordre. Même chez les plus fidèles, on éprouve de l'hésitation, de la répugnance à le faire. Jésus répète plus fort son ordre, effrayant encore davantage les gens pris par deux sentiments opposés et qui, après avoir pensé à fuir, s'approchent tout à coup davantage pour voir, défiant la puanteur toute proche du tombeau que Jésus veut faire ouvrir. “Maître, ce n'est pas possible” dit Marthe en s'efforçant de retenir ses pleurs pour parler: “Il y a déjà quatre jours qu'il est là dessous. Et tu sais de quel mal il est mort! Seul notre amour pouvait le soigner… Maintenant la puanteur est certainement plus forte malgré les onguents… Que veux-tu voir? Sa pourriture?… On ne peut pas… même à cause de l'impureté de la corruption et…” “Ne t'ai-je pas dit que si tu crois tu verras la gloire de Dieu? Enlevez cette pierre, je le veux!” C'est un cri de volonté divine… Un “oh!” étouffé sort de toutes les poitrines. Les visages deviennent blêmes, certains tremblent comme s'il était passé sur tous un vent glacial de mort. Marthe fait un signe à Maximin et celui-ci ordonne aux serviteurs de prendre les outils pouvant servir à remuer la lourde pierre. Les serviteurs s'en vont rapidement pour revenir avec des pics et des leviers robustes. Ils travaillent en faisant entrer la pointe brillante des pics entre la roche et la pierre, et ensuite ils remplacent les pics par des leviers robustes et enfin ils soulèvent avec attention la pierre en la faisant glisser d'un côté et en la traînant ensuite avec précaution contre la paroi rocheuse. Une puanteur infecte sort du sombre trou et fait reculer tout le monde. Marthe demande tout bas: “Maître, tu veux y descendre? Si oui, il faut des torches…” mais elle est livide à la pensée qu'il doit le faire. Jésus ne lui répond pas. Il lève les yeux vers le ciel, met ses bras en croix et prie d'une voix très forte, en scandant les mots: “Père! Je te remercie de m'avoir exaucé. Je le savais que Tu m'exauces toujours, mais je le dis pour ceux qui sont présents ici, pour le peuple qui m'entoure, pour qu'ils croient en Toi, en Moi, et que Tu m'as envoyé!” Il reste encore ainsi un moment et il semble ravi en extase tellement il est transfiguré alors que, sans plus émettre aucun son, il dit des paroles secrètes de prière ou d'adoration, je ne sais. Ce que je sais, c'est qu'il a tellement outrepassé l'humain, qu'on ne peut le regarder sans se sentir le cœur trembler dans la poitrine. Il semble devenir lumière en perdant son aspect corporel, se spiritualiser, grandir et même s'élever de terre. Tout en gardant la couleur de ses cheveux, de ses yeux, de sa peau, de ses vêtements, au contraire de ce qui se passa à la transfiguration du Thabor durant laquelle tout devint lumière et éclat éblouissant, il paraît dégager de la lumière et que tout ce qui est de Lui devient lumière. La lumière semble l'entourer d'un halo, en particulier son visage levé vers le ciel, certainement ravi dans la contemplation du Père. Il reste ainsi quelque temps, puis redevient Lui: l'Homme, mais d'une majesté puissante. Il s'avance jusqu'au seuil du tombeau. Il déplace ses bras - que jusqu'à ce moment il avait gardés ouverts en croix, les paumes tournées vers le ciel - en avant, les paumes vers la terre, et par conséquent les mains se trouvent déjà à l'intérieur du tunnel du tombeau, toutes blanches dans ce tunnel obscur. Il plonge le feu bleu de ses yeux, dont l'éclat miraculeux est aujourd'hui insoutenable, dans cette obscurité muette, et d'une voix puissante, avec un cri plus fort que celui par lequel il commanda sur le lac aux vents de tomber, d'une voix que je ne Lui ai jamais entendue dans aucun miracle, il crie: “Lazare! Viens dehors!” L'écho répercute sa voix dans la cavité du tombeau et se répand ensuite à travers tout le jardin, se répercute contre les ondulations du terrain de Béthanie, je crois qu'il s'en va jusqu'aux premiers escarpements au-delà des champs et revient de là, répété et amorti, comme un ordre qui ne peut faillir. Il est certain que de tous les côtés, on entend à nouveau: “dehors! dehors! dehors!” Tous éprouvent un frisson plus intense, et si la curiosité les cloue tous à leurs places, les visages pâlissent et les yeux s'écarquillent alors que les bouches s'entrouvrent involontairement avec déjà dans la gorge le cri de stupeur. Marthe, un peu en arrière et de côté, est comme fascinée en regardant Jésus. Marie tombe à genoux, elle qui ne s'est jamais écartée de son Maître, elle tombe à genoux au bord du tombeau, une main sur sa poitrine pour calmer les palpitations de son cœur, l'autre qui inconsciemment et convulsivement tient un pan du manteau de Jésus, et on se rend compte qu'elle tremble car le manteau a de légères secousses imprimées par la main qui le tient. Quelque chose de blanc semble émerger du plus profond du souterrain. C'est d'abord une petite ligne convexe, puis elle fait place à une forme ovale, puis à l'ovale se substituent des lignes plus amples, plus longues, de plus en plus longues. Et celui qui était mort, serré dans ses bandes, avance lentement, toujours plus visible, fantomatique, impressionnant. Jésus recule, recule, insensiblement, mais continuellement à mesure que Lazare avance. La distance entre les deux reste donc la même. Marie est contrainte de lâcher le pan du manteau, mais elle ne bouge pas de l'endroit où elle est. La joie, l'émotion, tout, la cloue à l'endroit où elle était. Un “oh!” de plus en plus net sort des gorges d'abord fermées par la douleur de l'attente. C'est d'abord un murmure à peine distinct qui se change en voix, et la voix devient un cri puissant. Lazare est désormais au bord du tombeau et il s'arrête là, raide, muet, semblable à une statue de plâtre à peine ébauchée et donc informe, une longue chose, mince à la tête, mince aux jambes, plus large au tronc, macabre comme la mort elle-même, spectrale, dans la blancheur des bandes contre le fond sombre du tombeau. Au soleil qui l'enveloppe, les bandes paraissent çà et là laisser couler la pourriture… Jésus crie d'une voix forte: “Débarrassez-le et laissez-le aller. Donnez-lui des vêtements et de la nourriture.” “Maître!…” dit Marthe, et elle voudrait peut-être en dire davantage, mais Jésus la regarde fixement, la subjuguant de son regard étincelant, et il dit: “Ici! Tout de suite! Tout de suite, apportez un vêtement. Habillez-le en présence de tout le monde et donnez-lui à manger.” Il commande et ne se retourne jamais pour regarder ceux qui sont derrière et autour de Lui. Son œil regarde seulement Lazare, Marie qui est près du ressuscité sans souci de la répulsion que donnent à tous les bandes souillées, et Marthe qui halète comme si son cœur allait éclater et qui ne sait si elle doit crier sa joie ou pleurer… Les serviteurs se hâtent d'exécuter les ordres. Noémi s'en va en courant la première et la première revient avec les vêtements qu'elle tient pliés sur son bras. Quelques-uns délient les lacets des bandelettes après avoir retroussé leurs manches et relevé leurs vêtements pour qu'ils ne touchent pas la pourriture qui coule. Marcelle et Sara reviennent avec des amphores de parfums, suivies de serviteurs les uns avec des bassins et des brocs fumants d'eau chaude, les autres avec des plateaux, des bols pleins de lait, du vin, des fruits, des fouaces recouvertes de miel. Les bandelettes étroites et très longues, de lin, me semble-t-il, avec des lisières des deux côtés, certainement tissées pour cet usage, se déroulent comme des rouleaux de ganse d'une grande bobine et s'entassent sur le sol, alourdies par les aromates et la pourriture. Les serviteurs les écartent en se servant de bâtons. Ils ont commencé par la tête, et là aussi il y a la pourriture qui s'est écoulée du nez, des oreilles, de la bouche. Le suaire placé sur le visage est tout trempé de ces souillures et le visage de Lazare que l'on voit très pâle, squelettique, avec les yeux tenus fermés par des pommades mises dans les orbites, avec les cheveux collés et de même la barbiche du menton, en est tout souillé. Le drap descend lentement, le suaire mis autour du corps, à mesure que les bandelettes descendent, descendent, descendent, libérant le tronc qu'elles avaient comprimé pendant de nombreux jours, et rendant une forme humaine à ce qu'elles avaient d'abord rendu semblable à une grande chrysalide. Les épaules osseuses, les bras squelettiques, les côtes à peine couvertes de peau, le ventre creusé, apparaissent lentement. À mesure que les bandes tombent, les sœurs, Maximin, les serviteurs, s'empressent d'enlever la première couche de crasse et de baume, et s'y appliquent en changeant continuellement l'eau rendue détergente par les aromates qu'on y a mis jusqu'à ce que la peau apparaisse nette. Lorsqu'on a dégagé le visage de Lazare et qu'il peut regarder, il dirige son regard vers Jésus avant même de regarder ses sœurs. Il oublie tout et s'abstrait de tout ce qui arrive pour regarder, avec un sourire d'amour sur ses lèvres pâles et une larme lumineuse au fond des yeux, son Jésus. Jésus aussi lui sourit et a une lueur de larme dans le coin de l'œil, mais sans parler il dirige le regard de Lazare vers le ciel. Lazare comprend et remue les lèvres dans une prière silencieuse. Marthe croit qu'il veut dire quelque chose sans avoir encore de voix et elle demande: “Que me dis-tu, mon Lazare?” “Rien, Marthe. Je remerciais le Très-Haut.” La prononciation est assurée, la voix forte. Les gens poussent de nouveau un “oh!” étonné. Désormais ils l'ont dégagé jusqu'aux hanches, libéré et propre, et ils peuvent le revêtir de la tunique courte, une sorte de chemisette qui dépasse l'aine pour retomber sur les cuisses. On le fait asseoir pour dégager ses jambes et les laver. Quand elles apparaissent, Marthe à Marie poussent un grand cri en montrant les jambes et les bandelettes. Sur les bandelettes qui serraient les jambes, et sur le suaire posé par dessous, les écoulements purulents sont si abondants qu'ils forment des grosses gouttes sur les toiles, mais les jambes visiblement sont tout à fait cicatrisées. Seules les cicatrices rouges-bleuâtres indiquent où elles étaient gangrenées. Tous les gens crient plus fort leur étonnement. Jésus sourit et aussi Lazare qui regarde un instant ses jambes guéries, puis s'abstrait de nouveau pour regarder Jésus. Il semble ne pouvoir se rassasier de le voir. Les juifs, pharisiens, sadducéens, scribes, rabbis, s'approchent avec précaution pour ne pas souiller leurs vêtements. Ils regardent de tout près Lazare, ils regardent de tout près Jésus. Mais ni Lazare ni Jésus ne s'occupent d'eux: ils se regardent et tout le reste est inexistant. Voilà que l'on met les sandales à Lazare. Il se lève, agile, sûr de lui. Il prend le vêtement que Marthe lui présente et l'enfile tout seul, lie sa ceinture, ajuste les plis. Le voilà, maigre et pâle, mais semblable à tout le monde. Il se lave encore les mains et les bras jusqu'aux coudes après avoir retroussé ses manches. Et puis avec une nouvelle eau il se lave de nouveau le visage et la tête, jusqu'à ce qu'il se sente tout à fait net. Il essuie ses cheveux et son visage, rend la serviette au serviteur et va tout droit vers Jésus. Il se prosterne, Lui baise les pieds. Jésus se penche, le relève, le serre contre son cœur en lui disant: “Bien revenu, mon ami. Que la paix soit avec toi et la joie. Vis pour accomplir ton heureuse destinée. Lève ton visage pour que je te donne le baiser de salutation.” Il dépose un baiser sur les joues et Lazare Lui rend son baiser. C'est seulement après avoir vénéré et embrassé le Maître que Lazare parle à ses sœurs et les embrasse, puis il embrasse Maximin et Noémi qui pleurent de joie, et certains autres dont je crois qu'ils lui sont apparentés ou amis très intimes. Puis il embrasse Joseph, Nicodème, Simon le Zélote et quelques autres. Jésus va personnellement trouver un serviteur qui a sur les bras un plateau avec de la nourriture et il prend une fouace avec du miel, une pomme, une coupe de vin et il offre le tout à Lazare, après les avoir offerts et bénits, pour qu'il se restaure. Et Lazare mange avec l'appétit de quelqu'un qui se porte bien. Tout le monde pousse encore un “oh!” d'étonnement. Jésus semble ne voir que Lazare, mais en réalité il observe tout et tout le monde. Voyant qu'avec des gestes de colère Sadoc avec Elchias, Canania, Félix, Doras et Cornelius et d'autres sont sur le point de s'éloigner, il dit à haute voix: “Attends un moment, Sadoc. J'ai un mot à te dire, à toi et aux tiens.” Ils s'arrêtent avec une figure de criminels. Joseph d'Arimathie fait un geste effaré et fait signe au Zélote de retenir Jésus. Mais Lui est déjà en train d'aller vers le groupe haineux, et il dit à haute voix: “Est-ce que cela te suffit, Sadoc, ce que tu as vu? Tu m'as dit un jour que pour croire tu avais besoin, toi et tes pareils, de voir recomposé, en bonne santé, un homme décomposé. Es-tu rassasié de la putréfaction que tu as vue? Es-tu capable de reconnaître que Lazare était mort et que maintenant il est vivant et sain comme il ne l'était pas depuis des années? Je le sais. Vous êtes venus ici pour les tenter, pour mettre en eux plus de douleur et le doute. Vous êtes venus ici pour me chercher, espérant me trouver caché dans la pièce du mourant. Vous êtes venus ici, non par un sentiment d'amour et le désir d'honorer celui qui s'était éteint mais pour vous assurer que Lazare était réellement mort, et vous avez continué de venir, vous réjouissant toujours plus à mesure que le temps passait. Si les choses étaient allées comme vous l'espériez, comme désormais vous croyiez qu'elles iraient, vous auriez eu raison de vous réjouir. L'Ami qui guérit tout le monde, mais ne guérit pas l'ami. Le Maître qui récompense la foi de tout le monde, mais pas celle de ses amis de Béthanie. Le Messie impuissant devant la réalité de la mort. Voilà ce qui vous donnait raison de vous réjouir. Mais voilà: Dieu vous a répondu. Nul prophète n'a jamais pu rassembler ce qui était décomposé, en plus que mort. Dieu l'a fait. Voilà le témoignage vivant de ce que je suis. Il y eut un jour où Dieu prit de la boue, lui donna une forme et y insuffla l'esprit de vie et ce fut l'homme. J'y étais pour dire: "Que l'on fasse l'homme à notre image et à notre ressemblance", car je suis le Verbe du Père. Aujourd'hui, Moi, le Verbe, j'ai dit à ce qui était encore moins que de la boue: à la corruption: "Vis" et la corruption s'est faite de nouveau chair, une chair intègre, vivante, palpitante. La voici qui vous regarde. Et à la chair j'ai réuni l'esprit qui gisait depuis des jours dans le sein d'Abraham. Je l'ai rappelé par ma volonté car je puis tout, Moi, le Vivant, Moi, le Roi des rois auquel sont soumises toutes les créatures et toutes les choses. Maintenant, que me répondez-vous?” Il est devant eux, grand, fulgurant de majesté, vraiment Juge et Dieu. Ils ne répondent pas. Lui insiste: “Ce n'est pas encore assez pour croire, pour accepter l'inéluctable?” “Tu n'as tenu qu'une partie de la promesse. Ce n'est pas le signe de Jonas…” dit brutalement Sadoc. “Vous aurez aussi celui-là. J'ai promis et je tiendrai ma promesse” dit le Seigneur. “Un autre présent ici, attend un autre signe, et il l'aura. Et comme c'est un juste, il l'acceptera. Vous non. Vous resterez ce que vous êtes.” Il fait un demi-tour sur Lui-même et il voit Simon, le synhédriste, fils d'Éli-Anna. Il le fixe, le fixe. Il laisse de côté ceux de tout à l'heure et, arrivé en face de lui, il lui dit, à voix basse mais nette: “C'est heureux pour toi que Lazare ne se rappelle pas son séjour parmi les morts! Qu'as-tu fait de ton père, Caïn?” Simon s'enfuit en poussant un cri de peur qui se change en un hurlement de malédiction: “Sois maudit, Nazaréen!” à laquelle Jésus répond: “Ta malédiction monte vers le Ciel et du Ciel le Très-Haut te la renvoie. Tu es marqué du signe, ô malheureux!” Il revient en arrière, parmi les groupes étonnés, presque effrayés. Il rencontre Gamaliel qui se dirige vers la route. Il le regarde et Gamaliel le regarde. Jésus lui dit sans s'arrêter: “Tiens-toi prêt, ô rabbi. Le signe viendra bientôt. Je ne mens jamais.” Le jardin se vide lentement. Les juifs sont abasourdis, mais la plupart giclent de la colère par tous leurs pores. Si leurs regards pouvaient le réduire en cendres, Jésus serait complètement pulvérisé. Ils parlent, discutent entre eux en s'en allant, si bouleversés maintenant par leur défaite qui ne peuvent plus cacher sous une apparence hypocrite d'amitié le but de leur présence à cet endroit. Ils s'en vont sans saluer ni Lazare ni ses sœurs. Il reste en arrière certains qui ont été conquis au Seigneur par le miracle. Parmi eux se trouve Joseph Barnabé qui se jette à genoux devant Jésus et l'adore. Un autre est le scribe Joël d'Abia qui fait la même chose avant de partir à son tour, et d'autres encore que je ne connais pas mais qui doivent être influents. Pendant ce temps, Lazare, entouré de ses plus intimes, s'est retiré dans la maison. Joseph, Nicodème et les autres bons saluent Jésus et s'en vont. Partent avec de profondes salutations les juifs qui étaient restés auprès de Marthe et Marie. Les serviteurs ferment la grille. La maison redevient tranquille. Jésus regarde autour de Lui. Il voit de la fumée et des flammes au fond du jardin, dans la direction du tombeau. Jésus, seul, debout au milieu d'un sentier, dit: “La putréfaction qui va être annulée par le feu… La putréfaction de la mort… Mais celle des cœurs… de ces cœurs, aucun feu ne l'annulera… Pas même le feu de l'Enfer. Elle sera éternelle… Quelle horreur!… Plus que la mort… Plus que la corruption… Et… Mais qui te sauvera, ô Humanité, si tu aimes tant d'être corrompue! Tu veux être corrompue. Et Moi… Moi j'ai arraché au tombeau un homme par une seule parole… Et avec un flot de paroles… et de douleurs, je ne pourrai arracher au péché l'homme, les hommes, des millions d'hommes.” Il s'assoit et avec ses mains se couvre le visage, accablé… Un serviteur qui passe le voit. Il va à la maison. Peu après Marie sort de la maison. Elle va trouver Jésus, légère comme si elle ne touchait pas le sol. Elle s'approche, Lui dit doucement: “Rabboni, tu es las… Viens, ô mon Seigneur. Tes apôtres fatigués sont allés dans l'autre maison, tous, sauf Simon le Zélote… Tu pleures, Maître? Pourquoi?…” Elle s'agenouille aux pieds de Jésus… l'observe… Jésus la regarde. Il ne répond pas. Il se lève et se dirige vers la maison, suivi de Marie. Ils entrent dans une salle. Lazare n'y est pas, ni non plus le Zélote, mais il y a Marthe, heureuse, transfigurée par la joie. Elle s'adresse à Jésus pour expliquer: “Lazare est allé au bain pour se purifier encore. Oh! Maître! Maître! Que te dire!” Elle l'adore de toute elle-même. Elle remarque la tristesse de Jésus et elle dit: “Tu es triste, Seigneur? Tu n'es pas heureux que Lazare…” Il lui vient un soupçon: “Oh! Tu es réservé avec moi. J'ai péché. C'est vrai.” “Nous avons péché, ma sœur” dit Marie. “Non, pas toi… Oh! Maître. Marie n'a pas péché. Marie a su obéir, moi seule ai désobéi. Je t'ai envoyé appeler, parce que… parce que je ne pouvais plus les entendre insinuer que tu n'étais pas le Messie, le Seigneur… et je pouvais plus le voir souffrir… Lazare te désirait tant. Il t'appelait tant… Pardonne-moi, Jésus.” “Et toi, tu ne parles pas, Marie?” demande Jésus. “Maître… moi… Je n'ai souffert alors que comme femme. Je souffrais parce que… Marthe, jure, jure ici, devant le Maître que jamais, jamais tu ne parleras à Lazare de son délire… Mon Maître… je t'ai connu tout à fait, ô Divine Miséricorde, dans les dernières heures de Lazare. Oh! mon Dieu! Mais comme tu m'as aimée, Toi, Toi qui m'as pardonnée, Toi, Dieu, Toi, Pur, Toi… si mon frère, qui pourtant m'aime, mais qui est homme, seulement homme, au fond de son cœur ne m'a pas tout pardonné?! Non, je m'exprime mal. Il n'a pas oublié mon passé et quand la faiblesse de la mort a émoussé en lui sa bonté que je croyais oublieuse du passé, il a crié sa douleur, son indignation pour moi… Oh!…” Marie pleure… “Ne pleure pas, Marie. Dieu t'a pardonnée et a oublié. L'âme de Lazare aussi a pardonné et a oublié, a voulu oublier. L'homme n'a pas pu tout oublier, et quand la chair a dominé par son dernier spasme la volonté affaiblie, l'homme a parlé.” “Je n'en éprouve pas d'indignation, Seigneur. Cela m'a servi à t'aimer davantage et à aimer encore plus Lazare. Dès lors moi aussi je t'ai désiré, car j'étais trop angoissée de penser que Lazare était mort sans paix à cause de moi… et ensuite, ensuite, quand je t'ai vu méprisé par les juifs… quand j'ai vu que tu ne venais pas même après la mort, pas même après que je t'avais obéi en espérant au-delà de ce qui est croyable, en espérant jusqu'à ce que le tombeau s'ouvre, alors mon esprit aussi a souffert. Seigneur, si j'avais à expier, et certainement je l'avais, j'ai expié, Seigneur…” “Pauvre Marie! Je connais ton cœur. Tu as mérité le miracle et que cela t'affermisse dans ton espérance et ta foi.” “Mon Maître, j'espérerai et je croirai toujours désormais. Je ne douterai plus, jamais plus, Seigneur. Je vivrai de foi. Tu m'as donné la capacité de croire ce qui est incroyable.” “Et toi, Marthe, as-tu appris? Non, pas encore. Tu es ma Marthe mais tu n'es pas encore ma parfaite adoratrice. Pourquoi agis-tu au lieu de contempler? C'est plus saint. Tu vois? Ta force, parce qu'elle était trop tournée vers les choses terrestres, a cédé à la constatation de faits terrestres qui semblent parfois sans remède. En vérité les choses humaines n'ont pas de remède, si Dieu n'intervient pas. La créature, à cause de cela, a besoin de savoir croire et contempler, d'aimer jusqu'au bout des forces de l'homme tout entier, avec sa pensée, son âme, sa chair, son sang, avec toutes les forces de l'homme, je le répète. Je te veux forte, Marthe. Je te veux parfaite. Tu n'as pas su obéir parce que tu n'as pas su croire et espérer complètement, et tu n'as pas su croire et espérer parce que tu n'as pas su aimer totalement. Mais Moi, je t'en absous. Je te pardonne, Marthe. J'ai ressuscité Lazare aujourd'hui. Maintenant je te donne un cœur plus fort. À lui j'ai rendu la vie. À toi, j'infuse la force d'aimer, croire et espérer parfaitement. Maintenant soyez heureuses et en paix. Pardonnez à ceux qui vous ont offensé ces jours-ci…” “Seigneur, en cela j'ai péché. Il y a un instant j'ai dit au vieux Canania qui t'avait méprisé les autres jours: "Qui a triomphé? Toi ou Dieu? Ton mépris ou ma foi? Le Christ est le Vivant et il est la Vérité. Moi, je savais que sa gloire aurait resplendi plus grande, et toi, vieillard, refais ton âme si tu ne veux pas connaître la mort".” “Tu as bien parlé. Mais ne discute pas avec les méchants, Marie. Et pardonne. Pardonne si tu veux m'imiter… Voici Lazare. J'entends sa voix.” En effet Lazare rentre, vêtu à neuf et bien rasé, bien peigné et la chevelure parfumée. Avec lui se trouvent Maximin et le Zélote. “Maître!” Lazare s'agenouille encore pour l'adorer. Jésus lui met la main sur la tête et sourit en disant: “L'épreuve est surmontée, mon ami. Pour toi et pour tes sœurs. Maintenant soyez heureux et forts pour servir le Seigneur. Que te rappelles-tu, ami, du passé? Je veux parler de tes derniers moments?” “Un grand désir de te voir et une grande paix au milieu de l'amour des sœurs.” “Et qu'est-ce qui t'affligeait le plus de quitter en mourant?” “Toi, Seigneur, et mes sœurs. Toi parce que je ne pouvais plus te servir, elles parce qu'elles m'ont donné toute joie…” “Oh! moi, frère!” soupire Marie. “Toi, plus que Marthe. Tu m'as donné Jésus et la mesure de ce qu'est Jésus. Et Jésus t'a donnée à moi. Tu es le don de Dieu, Marie.” “Tu le disais aussi en mourant…” dit Marie et elle étudie le visage de son frère. “Parce que c'est ma constante pensée.” “Mais moi, je t'ai donné tant de douleur…” “La maladie aussi m'a donné de la douleur. Mais, par elle, j'espère avoir expié les fautes du vieux Lazare et d'être ressuscité, purifié pour être digne de Dieu. Toi et moi: tous deux ressuscités pour servir le Seigneur, et Marthe au milieu de nous, elle qui fut toujours la paix de la maison.” “Tu l'entends, Marie? Lazare dit des paroles de sagesse et de vérité. Maintenant je me retire et vous laisse à votre joie…” “Non, Seigneur, reste avec nous. Ici. Reste à Béthanie et dans ma maison. Ce sera beau…” “Je resterai. Je veux te récompenser de tout ce que tu as souffert. Marthe, ne sois pas triste. Marthe pense m'avoir affligé. Mais ma peine n'est pas autant pour vous que pour ceux qui ne veulent pas se racheter. Eux haïssent de plus en plus. Ils ont le venin dans le cœur… Eh bien… pardonnons.” “Pardonnons, Seigneur” dit Lazare avec son doux sourire… et sur cette parole tout prend fin.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 22 mars 2020, Quatrième dimanche de Carême (Laetare)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 9,1-41. 
En sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme qui était aveugle de naissance. Ses disciples l'interrogèrent : « Rabbi, pourquoi cet homme est-il né aveugle ? Est-ce lui qui a péché, ou bien ses parents ? » Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents. Mais l'action de Dieu devait se manifester en lui. Il nous faut réaliser l'action de celui qui m'a envoyé, pendant qu'il fait encore jour ; déjà la nuit approche, et personne ne pourra plus agir. Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » Cela dit, il cracha sur le sol et, avec la salive, il fit de la boue qu'il appliqua sur les yeux de l'aveugle, et il lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » (ce nom signifie : Envoyé). L'aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait. Ses voisins, et ceux qui étaient habitués à le rencontrer - car il était mendiant - dirent alors : « N'est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? » Les uns disaient : « C'est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c'est quelqu'un qui lui ressemble. » Mais lui affirmait : « C'est bien moi. » Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-il ouverts ? » Il répondit : « L'homme qu'on appelle Jésus a fait de la boue, il m'en a frotté les yeux et il m'a dit : 'Va te laver à la piscine de Siloé. ' J'y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j'ai vu. » Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. » On amène aux pharisiens cet homme qui avait été aveugle. Or, c'était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. A leur tour, les pharisiens lui demandèrent : « Comment se fait-il que tu voies ? » Il leur répondit : « Il m'a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et maintenant je vois. » Certains pharisiens disaient : « Celui-là ne vient pas de Dieu, puisqu'il n'observe pas le repos du sabbat. » D'autres répliquaient : « Comment un homme pécheur pourrait-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés. Alors ils s'adressent de nouveau à l'aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu'il t'a ouvert les yeux ? » Il dit : « C'est un prophète. » Les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme, qui maintenant voyait, avait été aveugle. C'est pourquoi ils convoquèrent ses parents et leur demandèrent : « Cet homme est bien votre fils, et vous dites qu'il est né aveugle ? Comment se fait-il qu'il voie maintenant ? » Les parents répondirent : « Nous savons que c'est bien notre fils, et qu'il est né aveugle. Mais comment peut-il voir à présent, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s'expliquer. » Ses parents parlaient ainsi parce qu'ils avaient peur des Juifs. En effet, les Juifs s'étaient déjà mis d'accord pour exclure de la synagogue tous ceux qui déclareraient que Jésus est le Messie. Voilà pourquoi les parents avaient dit : « Il est assez grand, interrogez-le ! » Pour la seconde fois, les pharisiens convoquèrent l'homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. » Il répondit : « Est-ce un pécheur ? Je n'en sais rien ; mais il y a une chose que je sais : j'étais aveugle, et maintenant je vois. » Ils lui dirent alors : « Comment a-t-il fait pour t'ouvrir les yeux ? » Il leur répondit : « Je vous l'ai déjà dit, et vous n'avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous m'entendre encore une fois ? Serait-ce que vous aussi vous voulez devenir ses disciples ? » Ils se mirent à l'injurier : « C'est toi qui es son disciple ; nous, c'est de Moïse que nous sommes les disciples. Moïse, nous savons que Dieu lui a parlé ; quant à celui-là, nous ne savons pas d'où il est. » L'homme leur répondit : « Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d'où il est, et pourtant il m'a ouvert les yeux. Comme chacun sait, Dieu n'exauce pas les pécheurs, mais si quelqu'un l'honore et fait sa volonté, il l'exauce. Jamais encore on n'avait entendu dire qu'un homme ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si cet homme-là ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. » Ils répliquèrent : « Tu es tout entier plongé dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors. Jésus apprit qu'ils l'avaient expulsé. Alors il vint le trouver et lui dit : « Crois-tu au Fils de l'homme ? » Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : « Tu le vois, et c'est lui qui te parle. » Il dit : « Je crois, Seigneur ! », et il se prosterna devant lui. Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. » Des pharisiens qui se trouvaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : « Serions-nous des aveugles, nous aussi ? » Jésus leur répondit : « Si vous étiez des aveugles, vous n'auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : 'Nous voyons ! ' votre péché demeure.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris 
Correspondance dans "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta
  • Traduction de 2017 : Tome 8, Ch 510, p 89
  • Ancienne traduction :  Tome 7, Ch 207, p 323        (CD 7 (2ème cd), piste 20)
Jésus sort avec ses apôtres et Joseph de Sephoris se dirigeant vers la synagogue. La journée, limpide et sereine, réjouit comme une promesse de printemps après les jours venteux et couverts, vrais jours d'hiver. Beaucoup de gens de Jérusalem sont donc sur les routes, les uns allant vers les synagogues, d'autres en revenant ou venant d'autres lieux, certains avec leur famille afin de sortir de la ville pour jouir du soleil dans la campagne. De la Porte d'Hérode, visible de la maison de Joseph de Sephoris, on voit les gens quitter les murs pour des distractions joyeuses, en plein air. Un plongeon dans la verdure, dans l'espace, dans la liberté, en dehors des rues étroites entre les hautes maisons. Je crois que la ceinture champêtre qui entourait Jérusalem avait été voulue spontanément par les habitants qui voulaient concilier la mesure du chemin du sabbat avec leur désir d'air et de soleil, qu'ils prenaient sur les routes, et non seulement sur les terrasses des maisons. Mais Jésus ne va pas vers la porte d'Hérode. Au contraire, il lui tourne le dos pour se diriger vers l'intérieur de la ville. Mais il n'a fait que quelques pas sur la route plus large, où débouche le petit chemin où se trouve la maison de Joseph de Sephoris, que Judas de Kériot attire son attention sur un jeune homme qui s'avance vers eux, en tâtant les murs avec un bâton, en levant en l'air son visage sans yeux, avec la démarche particulière aux aveugles. Ses habits sont pauvres mais propres, et ce doit être une personne connue de beaucoup de gens de Jérusalem car plusieurs le montrent du doigt et certains lui disent: “Homme, aujourd'hui tu t'es trompé de route. Les chemins du Moriah sont tous dépassés, tu es déjà à Bézéta.” “Je ne demande pas d'argent aujourd'hui” répond l'aveugle avec un sourire et il avance toujours avec ce sourire vers le nord de la ville. “Maître, observe-le. Il a les paupières soudées ou plutôt je dirais qu'il n'a pas de paupières. Le front rejoint les joues sans aucune cavité et il semble que par dessous il n'y ait pas de globes oculaires. Il est né ainsi, le malheureux, et il mourra de même sans avoir vu une seule fois la lumière du soleil ni le visage d'un homme. Maintenant, Maître, dis-moi: pour être ainsi puni, il a certainement péché. Mais s'il est né aveugle, comme c'est certain, comment peut-il avoir péché avant de naître? Peut-être ses parents ont péché et Dieu les a punis en le faisant naître ainsi?” Les autres apôtres aussi, avec Isaac et Margziam, se serrent près de Jésus pour entendre sa réponse. Et pressant le pas, comme attirés par la haute taille de Jésus, qui domine la foule, accourent deux hiérosolymitains de condition aisée qui étaient un peu en arrière de l'aveugle et entre eux se trouve Joseph d'Arimathie qui ne s'approche pas mais, adossé a un portail élevé sur deux marches, tourne ses regards vers tous les visages pour les observer. Jésus répond et on entend clairement ses paroles dans le silence qui s'est fait: “Ni lui ni ses parents n'ont péché plus que ne pèche tout homme, et peut-être moins aussi, car souvent la pauvreté est un frein pour le péché. Mais il est né ainsi pour qu'une fois encore, soient manifestées en lui la puissance et les œuvres de Dieu. Je suis la Lumière venue dans le monde pour que ceux du monde, qui ont oublié Dieu ou perdu son image spirituelle, voient et se souviennent, et pour que ceux qui cherchent Dieu, ou Lui appartiennent déjà, soient confirmés dans la foi et dans l'amour. Le Père m'a envoyé pour que, dans le jour qui est encore accordé à Israël, je complète la connaissance de Dieu en Israël et dans le monde. Voici donc que je dois accomplir les œuvres de Celui qui m'a envoyé pour témoigner que je puis ce que Lui peut, parce que je suis Un avec Lui, et pour que le monde sache et voie que le Fils n'est pas dissemblable du Père et pour qu'il croie en Moi pour ce que je suis. Après viendra la nuit pendant laquelle on ne peut plus travailler, la ténèbre, et celui qui ne se sera pas gravé mon signe et la foi en Moi, ne pourra plus le faire dans les ténèbres et la confusion, la douleur, la désolation et la ruine qui couvriront ces lieux et étourdiront les esprits par la surexcitation des peines. Mais, tant que je suis dans le monde, je suis Lumière et Témoignage, Parole, Chemin et Vie, Sagesse, Puissance et Miséricorde. Va donc, rejoins l'aveugle et amène-le ici.” “Vas-y toi, André, je veux rester ici et voir ce que fait le Maître” répond Judas en montrant Jésus qui s'est penché sur le chemin poussiéreux, a craché sur un petit tas de terre et est en train de délayer avec le doigt la poussière dans la salive pour former une boulette de boue. Pendant qu'André, toujours condescendant va prendre l'aveugle qui va tourner dans le petit chemin où se trouve la maison de Joseph de Sephoris, Jésus étend la boue sur ses deux index en restant ainsi les mains tendues comme le prêtre pendant la Sainte Messe. Cependant Judas quitte sa place pour dire à Mathieu et à Pierre: “Venez ici, vous qui n'avez pas une grande taille, et vous verrez mieux.” Et il se met en arrière de tout le monde, presque caché par les fils d'Alphée et par Barthélemy, qui sont grands. André revient en tenant par la main l'aveugle qui s'époumone à dire: “Je ne veux pas d'argent. Laisse-moi aller. Je sais où se trouve celui qu'on appelle Jésus, et je vais pour demander…” “C'est Jésus qui est devant toi” lui dit André en s'arrêtant devant le Maître. Jésus, contrairement à son habitude, ne demande rien à l'homme. Il lui étend de suite sur les paupières closes un peu de la boue qu'il a sur les index et il lui commande: “Et maintenant va le plus rapidement possible à la citerne de Siloé, sans t'arrêter pour parler avec quelqu'un.” L'aveugle, avec son visage barbouillé de boue, reste un instant perplexe et il ouvre les lèvres pour parler, puis il les ferme et il obéit. Les premiers pas sont lents comme s'il était pensif ou bien déçu, puis il presse le pas en rasant le mur avec son bâton, de plus en plus vite, autant que le peut un aveugle, peut-être davantage, comme s'il se sentait guidé… Les deux hiérosolymitains ont un rire sarcastique et, en hochant la tête, ils s'en vont. Joseph d'Arimathie, et le fait m'étonne, les suit sans même saluer le Maître et il revient sur ses pas, c'est-à-dire vers le Temple, alors qu'il venait de cette direction. Ainsi, tant l'aveugle que les deux et que Joseph d'Arimathie, vont vers le sud de la ville, alors que Jésus tourne vers l'occident, et je le perds de vue car la volonté du Seigneur me fait suivre l'aveugle et ceux qui le suivent. Après avoir passé Bézéta, ils entrent tous dans la vallée qui se trouve entre le Moriah et Sion il me semble l'avoir entendu appeler Tiropéon d'autres fois ils la suivent toute entière jusqu'à Ophel, la côtoient, sortent sur la route qui va à la fontaine de Siloé, en restant toujours dans cet ordre: d'abord l'aveugle qui doit être connu dans ce quartier populaire, puis les deux, en dernier lieu, à quelque distance, Joseph d'Arimathie. Joseph s'arrête près d'une maisonnette insignifiante, à demi caché par une haie de buis qui fait saillie en contournant le jardinet de la pauvre maison. Mais les deux s'en vont tout près de la fontaine. Ils observent l'aveugle qui s'approche avec précaution du vaste bassin et, en tâtant le mur humide, plonge une main qu'il retire toute ruisselante et il se lave les yeux, une, deux, trois fois. La troisième fois, il presse aussi sur son visage l'autre main en laissant tomber son bâton et en poussant un cri que semble provoquer la douleur. Puis il enlève lentement les mains et son précédent cri de douleur se change en un cri de joie: “Oh! Très-Haut! Je vois!” et il se jette à terre comme vaincu par l'émotion, met ses mains pour protéger ses yeux, les serre aux tempes, anxieux de voir, mais gêné par la lumière et il répète: “J'y vois! J'y vois! C'est donc cela la terre! La lumière! L'herbe que je ne connaissais que par sa fraîcheur…” Il se lève tout en restant courbé, comme quelqu'un qui porte un poids, le poids de sa joie, va au ruisselet qui évacue le trop-plein d'eau et il le regarde courir, scintillant et riant et il murmure: “Et ceci, c'est l'eau… Voilà! C'est ainsi que je la sentais entre mes doigts (il y plonge la main) froide et coulante, mais je ne la connaissais pas… Ah! Belle! Belle! Comme tout est beau!” Il lève le visage et voit un arbre… il s'en approche, le touche, étend la main, attire à lui une branchette, la regarde et rit, il rit, abrite ses yeux de la main, et il regarde le ciel, le soleil, et deux larmes tombent de ses paupières vierges qu'il a ouvertes pour contempler le monde… Et il abaisse les yeux sur l'herbe où une fleur se balance sur sa tige et il voit son image que reflète l'eau du ruisselet, il se regarde et dit: “C'est ainsi que je suis!” Il observe avec étonnement une tourterelle qui est venue boire un peu plus loin et une chevrette qui arrache les dernières feuilles d'un rosier sauvage, puis une femme qui vient à la fontaine avec un bébé sur son sein. Et cette femme lui rappelle sa mère, sa mère au visage inconnu, et levant les bras au ciel, il s'écrie: “Sois béni, Très-Haut, pour la lumière, pour la mère et pour Jésus!” et il s'en va en courant, laissant par terre son bâton désormais inutile… Les deux n'ont pas attendu de voir tout cela. Dès qu'ils ont vu que l'homme y voyait, ils sont partis en courant vers la ville. Joseph, au contraire, reste jusqu'à la fin et quand l'aveugle qui ne l'est plus, lui passe devant pour entrer dans le dédale des ruelles du quartier populeux d'Ophel, à son tour il quitte sa place et revient sur ses pas, vers la ville, tout pensif… Le quartier d'Ophel, toujours bruyant, est maintenant en pleine ébullition. On court à droite, à gauche, on questionne, on répond. “Mais vous l'aurez confondu avec un autre…” “Non, te dis-je. Je lui ai parlé et lui ai dit: "Mais est-ce bien toi, Sidonia surnommé Bartolmaï?” et lui m'a dit: "C'est moi". Je voulais lui demander comment c'était arrivé, mais il est parti en courant.” “Où est-il maintenant?” “Chez sa mère, certainement.” “Qui? Qui l'a vu?” demandent des gens qui accourent. “Moi. Moi” répondent plusieurs. “Mais comment est-ce arrivé?” “… Je l'ai vu qui courait sans bâton avec deux yeux au visage et j'ai dit: "Regarde! Ce serait bien Bartolmaï si…"“ “Je te dis que j'en suis toute tremblante. En entrant, il a crié: "Mère, je te vois!"“ “Une grande joie pour les parents. Maintenant il pourra aider son père et gagner sa nourriture…” “La pauvre femme! Elle a eu un malaise par la joie. Oh! une chose! Une chose! J'étais allée pour demander un peu de sel et…” “Courons chez lui, pour savoir…” Joseph d'Arimathie se trouve pris au milieu de ce vacarme et, je ne sais si c'est par curiosité ou par esprit d'imitation, il suit le courant et aboutit dans une impasse, qui se dirigerait vers le Cédron, et où la foule se presse, empêchant d'entendre à cause de ses cris le bruit du torrent, gonflé par les pluies d'automne. Et Joseph y arrive quand, d'une autre ruelle qui débouche dans l'impasse, arrivent les deux de tout à l'heure avec trois autres: un scribe, un prêtre et un troisième que son vêtement ne me permet pas d'identifier. Ils se fraient un passage, autoritaires, et cherchent à entrer dans la maison bondée. La maison comprend une vaste cuisine noire comme du goudron, avec un coin qui en est séparé par une cloison rustique au-delà de laquelle se trouve un grabat et une porte qui donne dans une autre pièce avec un lit plus grand. Une porte, ouverte dans le mur opposé, fait voir un jardinet de quelques mètres carrés. Et c'est tout. L'aveugle guéri parle appuyé à une table, répondant à ceux qui l'interrogent, tous de pauvres gens comme lui, menu peuple de Jérusalem, de ce quartier, qui est peut-être le plus pauvre de tous. Sa mère, debout près de lui, le regarde et elle pleure en s'essuyant les yeux avec son voile. Le père, un homme usé par le travail, se tourmente la barbe de sa main agitée par un tremblement. L'entrée dans la maison est impossible, même aux juifs et aux docteurs autoritaires, et les cinq doivent écouter du dehors les paroles de l'homme guéri. “Comment ils se sont ouverts? Cet homme, que l'on appelle Jésus, m'a barbouillé les yeux avec de la terre mouillée, et il m'a dit: "Va te laver à la fontaine de Siloé". J'y suis allé, je me suis lavé et mes yeux se sont ouverts et j'ai vu.” “Mais comment as-tu fait pour trouver le Rabbi? Tu disais toujours que tu étais malheureux, car jamais tu ne le rencontrais même quand il passait par ici pour aller chez Jonas au Gethsémani. Et aujourd'hui, maintenant qu'on ne sait jamais où il est…” “Hé! hier soir, un de ses disciples est venu et il m'a donné deux pièces de monnaie en disant: "Pourquoi ne cherches-tu pas de voir?" Je lui ai dit: "J'ai cherché, mais je ne trouve jamais ce Jésus qui fait des miracles. Je le cherche depuis qu'il a guéri Annalia qui est de mon quartier, mais si je vais dans un endroit, il est dans un autre…" Et il m'a dit: "Je suis un de ses apôtres, et ce que je Lui dis, moi, il le fait. Viens demain à Bézéta et cherche la maison de Joseph le galiléen, celui du poisson sec, Joseph de Sephoris, près de la Porte d'Hérode et du tournant de la place, du côté de l'orient, et tu verras que tôt ou tard il passe par là ou entre dans la maison et moi, je t'indiquerai au Maître". J'ai dit: "Mais demain, c'est le sabbat". Je voulais dire qu'il ne ferait rien pendant le sabbat. Il m'a dit: "Si tu veux guérir, c'est le jour, car après on quitte la ville et tu ne sais pas si tu pourras le rencontrer". Moi, j'ai dit encore: "Je sais qu'on le persécute. J'ai entendu depuis les portes de l'enceinte du Temple où je vais mendier. Aussi je dis que maintenant qu'ils le persécutent ainsi, il voudra encore moins qu'on le persécute et il ne me guérira pas le jour du sabbat". Et lui: "Fais ce que je te dis et le jour du sabbat tu verras le soleil". Et j'y suis allé. Qui n'y serait pas allé? Alors que c'est son apôtre qui le dit! Il m'a dit aussi: "Je suis celui qu'il écoute le plus, et je viens exprès car tu me fais pitié et je veux que sa puissance resplendisse après qu'ils l'ont méprisé. Toi, aveugle de naissance, tu la feras resplendir. Je sais ce que je dis. Viens et tu verras!". Et j'y suis allé et je n'étais pas encore arrivé à la maison de Joseph lorsqu'un homme m'a pris par la main, mais d'après la voix ce n'était pas celui d'hier, et il m'a dit: "Viens avec moi, frère" et je ne voulais pas aller, je croyais qu'il voulait me donner du pain et de l'argent, peut-être des vêtements, et je lui disais de me laisser aller parce que je savais où trouver Celui qu'on appelle Jésus. Et l'homme m'a dit: "Voici Jésus. Il est devant toi". Mais je n'ai rien vu car j'étais aveugle. J'ai senti deux doigts couverts de terre mouillée qui me touchaient des deux côtés et une voix qui disait: "Va vivement à Siloé et lave-toi et ne parle à personne" et je l'ai fait. Mais j'étais découragé car j'espérais y voir tout de suite et j'ai failli croire que c'était une plaisanterie de jeunes gens sans cœur et je me refusais presque à y aller, mais j'ai entendu une sorte de voix me dire: "Espère et obéis" et alors je suis allé à la fontaine et je me suis lavé et j'ai vu.” Et le jeune s'arrête extasié pour repenser à la joie de sa première vision… “Faites sortir l'homme. Nous voulons l'interroger” crient les cinq. Le jeune homme se fraie un chemin et sort sur le seuil. “Où est Celui qui t'a guéri?” “Je ne le sais pas” dit le jeune homme auquel un ami a murmuré: “Ce sont des scribes et des prêtres.” “Comment ne le sais-tu pas? Tu disais tout à l'heure que tu le savais. Ne mens pas aux docteurs de la Loi et au prêtre! Malheur à celui qui cherche à tromper les magistrats du peuple!” “Je ne trompe personne. Ce disciple m'a dit: "Il est dans cette maison" et c'était vrai, car j'en étais tout près quand j'ai été pris et conduit à Lui. Mais où il est maintenant, je ne le sais pas. Le disciple m'a dit qu'ils s'en vont. Il pourrait déjà avoir franchi les portes.” “Mais où allait-il?” “Qu'est-ce que j'en sais?! Peut-être en Galilée… Pour la façon dont on le traite ici!…” “Imbécile et impoli! Fais attention à la façon dont tu parles, lie du peuple! Je t'ai demandé par quelle route il se dirigeait.” “Mais comment voulez-vous que je le sache puisque j'étais aveugle? Un aveugle peut-il dire où va un autre?” “C'est bien. Suis-nous.” “Où voulez-vous me conduire?” “Chez les chefs des pharisiens.” “Pourquoi? Qu'ont-ils à faire avec moi? M'ont-ils guéri, par hasard, eux, pour que je doive les remercier? Quand j'étais aveugle et que je mendiais, mes mains n'ont jamais palpé leur argent, mes oreilles n'ont jamais entendu d'eux un mot de pitié, et mon cœur n'a jamais connu leur amour. Que dois-je leur dire? Il n'y en a qu'un à qui je doive dire "merci" après mon père et ma mère, qui pendant tant d'années m'ont aimé malheureux. Et c'est ce Jésus qui m'a guéri en m'aimant de tout son cœur, comme mes parents avec le leur, Moi, je ne vais pas trouver les pharisiens. Je reste avec ma mère et mon père pour jouir de voir leurs visages, et eux mes yeux qui sont nés maintenant, après tant de printemps depuis celui où je suis né, mais sans voir la lumière.” “Pas tant de paroles. Viens et suis-nous.” “Que non! Je ne viens pas! Avez-vous jamais par hasard essuyé une larme à ma mère humiliée par mon malheur, ou une sueur à mon père épuisé par le travail? Maintenant je puis le faire par mon aspect et je devrais les quitter et vous suivre?” “Nous te le commandons. Ce n'est pas toi qui commandes, mais le Temple et les chefs du peuple. Si l'orgueil d'être guéri te ferme l'intelligence pour te rappeler que nous commandons, nous te le rappelons. Avance! Marche!” “Mais pourquoi dois-je venir? Que voulez-vous de moi?” “Pour que tu fasses une déposition. C'est le sabbat. Œuvre accomplie pendant le sabbat. Elle doit être enregistrée à cause du péché, de ton péché et de celui de ce satan.” “C'est vous qui êtes satan! Vous qui êtes péché! Et je devrais venir déposer contre celui qui m'a fait du bien? Vous êtes ivres! Je viendrai au Temple pour bénir le Seigneur et rien de plus. J'ai été pendant tant d'années dans l'ombre de la cécité, mais mes paupières closes n'ont produit de ténèbres que pour mes yeux. Mon intelligence est restée dans la lumière, malgré cela, dans la grâce de Dieu, et elle me dit que je ne dois pas faire de tort à l'Unique Saint qui soit en Israël.” “Homme, assez! Tu ne sais pas qu'il y a des châtiments pour ceux qui s'opposent aux magistrats?” “Moi, je ne sais rien. Je suis ici et j'y reste. Et vous n'avez pas intérêt à me nuire. Vous voyez que Ophel tout entier est de mon côté?” “Oui! Oui! Laissez-le! Chacals! Dieu le protège. Ne le touchez pas! Dieu est avec les pauvres! Dieu est avec nous, affameurs et hypocrites!” Les gens crient et menacent dans une de ces manifestations spontanées du peuple qui sont les explosions de l'indignation des humbles envers ceux qui les oppriment, ou d'amour pour ceux qui les protègent. Et ils crient: “Malheur à vous si vous frappez notre Sauveur! L'Ami des pauvres! Le Messie trois fois Saint. Malheur à vous! On n'a pas craint les colères d'Hérode, ni celles des Chefs, quand on a voulu. Nous ne craignons pas les vôtres, vieilles hyènes aux mâchoires édentées! Chacals aux ongles coupés! Inutiles autoritaires! Rome ne veut pas de tumulte et n'opprime pas le Rabbi car Lui est paix, mais elle vous connaît. Hors d'ici! Hors des quartiers de ceux que vous opprimez par des dîmes plus fortes que leurs ressources, afin d avoir de l'argent pour satisfaire vos désirs et conclure des marchés honteux. Descendants de Jason! De Simon! Tortionnaires des vrais Eléazar, des saints Onias. Vous méprisez les prophètes! Hors d'ici! Hors d'ici!” Le tumulte s'enflamme toujours plus. Joseph d'Arimathie, écrasé contre un muret, jusqu'alors spectateur attentif mais inactif des faits, avec une agilité insoupçonnable chez un homme âgé et de plus empêtré dans ses vêtements et ses manteaux, saute debout sur le muret et crie: “Silence, habitants. Et écoutez Joseph l'Ancien!” Une, deux, dix têtes se tournent dans la direction du cri. Elles voient Joseph, on crie son nom. Il doit être connu et jouir de la faveur populaire car les cris d'indignation font place aux cris de joie: “Il y a Joseph l'Ancien! Vive lui! Paix et longue vie au juste! Paix et bénédiction au bienfaiteur des malheureux! Silence, pour que Joseph parle! Silence!” Le silence s'établit non sans mal et, pendant quelques minutes, on entend le bruit du Cédron au-delà de l'impasse. Toutes les têtes sont tournées vers Joseph, oublieuses de l'objet qui les tournait en direction opposée: les cinq malheureux et imprévoyants qui ont provoqué le tumulte. “Habitants de Jérusalem, hommes d'Ophel, pourquoi vous laissez-vous aveugler par les soupçons et la colère? Pourquoi manquer au respect et aux coutumes, vous toujours si fidèles aux lois des pères? Que craignez-vous? Peut-être que le Temple soit un Moloch qui ne rend pas ce qu'il accueille? Peut-être que vos juges soient tous aveugles, plus que votre ami, aveugles de cœur et sourds en matière de justice? N'est-il pas d'usage qu'un fait prodigieux soit déposé, écrit et conservé par qui de droit pour les Chroniques d'Israël? Permettez donc que même pour l'honneur du Rabbi que vous aimez, le miraculé monte faire une déposition pour l'œuvre que Lui a accomplie. Vous hésitez encore? Eh bien je me porte garant qu'il n'arrivera aucun mal à Bartolmaï, et vous savez que je ne mens pas. Comme un fils qui m'est cher, je l'accompagnerai là-haut, et je vous le ramènerai ici ensuite. Fiez-vous à moi, et ne faites pas du sabbat un jour de péché en vous révoltant contre vos chefs.” “Il a raison! On ne doit pas, nous pouvons le croire. C'est un juste. Dans les bonnes délibérations du Sanhédrin, il y a toujours sa voix.” Les gens changent d'idée et finissent par crier: “A toi, oui, notre ami, nous te le confions!” Et en s'adressant au jeune homme: “Va! Ne crains pas. Avec Joseph d'Arimathie, tu es en sécurité comme avec ton père et davantage” et ils ouvrent leurs rangs pour que le jeune homme puisse rejoindre Joseph qui est descendu de sa tribune improvisée, et quand il passe, ils disent: “Nous venons nous aussi. Ne crains pas!” Joseph, dans ses riches vêtements de laine luxueuse, met une main sur l'épaule du jeune homme, et il se met en route. La tunique bise et usagée du jeune homme, son petit manteau, frottent l'ample vêtement rouge foncé et le riche manteau encore plus foncé du vieux synhédriste. Par derrière, les cinq, et ensuite les innombrables gens d'Ophel… Les voilà au Temple, après avoir traversé les rues centrales, attirant l'attention d'une foule de gens qui se montrent du doigt l'ancien aveugle en disant: “Mais c'est l'aveugle qui mendiait! Et maintenant il a des yeux! Mais peut-être est-ce quelqu'un qui lui ressemble! Non, c'est certainement lui, et ils le conduisent au Temple. Allons nous rendre compte” et le cortège grossit toujours plus, jusqu'au moment où les murs du Temple les engloutissent tous. Joseph conduit le jeune homme dans une salle, ce n'est pas le Sanhédrin, où il y a des pharisiens et des scribes nombreux. Joseph entre, et avec lui Bartolmaï et les cinq. Les gens du peuple d'Ophel sont repoussés dans la cour. “Voilà l'homme. Je vous l'ai amené moi-même ayant, sans être vu, assisté à sa rencontre avec le Rabbi et à sa guérison, et je puis vous dire que ce fut tout à fait fortuit de la part du Rabbi. L'homme, vous l'entendrez dire vous aussi, fut amené ou plutôt invité à aller où était le Rabbi, par Judas de Kériot, que vous connaissez. Et moi j'ai entendu, et aussi ces deux ont entendu comme moi car ils étaient présents, comment ce fut Judas qui engagea Jésus de Nazareth à faire le miracle. Maintenant je dépose ici que s'il y a lieu de punir quelqu'un, ce n'est pas l'aveugle ni le Rabbi, mais l'homme de Kériot qui, Dieu me voit si je mens en disant ce que pense mon intelligence, est le seul auteur du fait en tant qu'il l'a provoqué par une manœuvre préméditée. J'ai parlé.” “Ta déclaration n'annule pas la faute du Rabbi. Si son disciple pèche, le Maître ne doit pas pécher. Et Lui a péché en guérissant le jour du sabbat. Il a accompli une œuvre servile.” “Cracher par terre n'est pas faire œuvre servile, et toucher les yeux d'un autre n'est pas faire œuvre servile. Moi aussi je touche l'homme et je ne crois pas pécher.” “Il a fait un miracle le jour du sabbat: c'est en cela qu'est le péché.” “Honorer le sabbat par un miracle est une grâce de Dieu et de sa bonté. C'est son jour. Et le Tout Puissant ne peut-Il pas le célébrer par un miracle qui fait resplendir sa puissance?” “Nous ne sommes pas ici pour t'écouter. Tu n'es pas accusé. C'est l'homme que nous voulons interroger. À toi de répondre. Comment as-tu obtenu la vue?” “Je l'ai dit et eux m'ont entendu. Le disciple de ce Jésus m'a dit hier: "Viens et je te ferai guérir". Et je suis venu, et j'ai senti qu'on me mettait de la boue ici et une voix qui me disait d'aller à Siloé et de me laver. Je l'ai fait et j'y vois.” “Mais sais-tu qui t'a guéri?” “Bien sûr que je le sais! Jésus. Je vous l'ai dit.” “Mais sais-tu exactement qui est Jésus?” “Moi, je ne sais rien. Je suis un pauvre et un ignorant, et il y a peu de temps, j'étais aveugle. Cela, je le sais et je sais que Lui m'a guéri et s'il a pu le faire Dieu est certainement avec Lui.” “Ne blasphème pas! Dieu ne peut être avec celui qui n'observe pas le sabbat” crient certains. Mais Joseph et les pharisiens Eléazar, Jean et Joachim font remarquer: “Et pourtant un pécheur ne peut faire de tels prodiges.” “Vous êtes séduits vous aussi par ce possédé?” “Non. Nous sommes justes, et nous disons que si Dieu ne peut être avec celui qui opère le jour du sabbat, il n'est pas possible non plus qu'un homme sans l'aide de Dieu fasse qu'un aveugle-né y voie” dit avec calme Eléazar, et les autres sont de son avis. “Et le démon, où le mettez-vous?” crient, hargneux, les mauvais. “Je ne puis croire, et vous non plus ne le croyez pas, que le démon puisse faire des œuvres capables de faire louer le Seigneur” dit le pharisien Jean. “Et qui le loue?” Le jeune homme, ses parents, Ophel tout entier, et moi avec eux, et avec moi tous ceux qui sont justes et ont une crainte sainte de Dieu” réplique Joseph. Les mauvais, tout penauds, ne sachant qu'objecter, s'en prennent à Sidonia dit Bartolmaï: “Toi, que dis-tu de celui qui t'a ouvert les yeux?” “Pour moi, c'est un prophète, et plus grand qu'Élie avec le fils de la veuve de Sarepta. Car Élie a fait revenir l'âme dans l'enfant, mais ce Jésus m'a donné ce que je n'avais jamais perdu, ne l'ayant jamais eu: la vue. Et si, en un éclair, il m'a fait des yeux avec rien, sauf un peu de boue, alors qu'en neuf mois ma mère, avec sa chair et son sang n'a pas réussi à me les faire, il doit être grand comme Dieu qui avec de la boue a fait l'homme.” “Va-t'en! Va-t'en! Blasphémateur! Menteur! Vendu!” et ils chassent l'homme comme si c'était un damné. “L'homme ment. Ce ne peut être vrai. Tous peuvent le dire que celui qui est aveugle de naissance ne peut guérir. C'est peut-être quelqu'un qui ressemble à Bartolmaï, et que le Nazaréen a préparé… ou bien… Bartolmaï n'a jamais été aveugle.” Devant cette affirmation surprenante, Joseph d'Arimathie réplique: “Que la haine aveugle, on le sait depuis le temps de Caïn, mais qu'elle rende stupide, on ne le savait pas encore. Vous semble-t-il que quelqu'un arrive au plein développement de la jeunesse en feignant d'être aveugle pour… attendre un présumable événement éclatant et très éloigné? Ou que les parents de Bartolmaï ne connaissent pas leur fils ou se prêtent à ce mensonge?” “L'argent peut tout, et eux sont pauvres.” “Le Nazaréen l'est plus qu'eux.” “Tu mens! Il Lui passe par les mains des sommes de satrape.” “Mais elles ne s'y arrêtent pas un instant. Ces sommes appartiennent aux pauvres. Elles servent pour le bien, non pour le mensonge.” “Comme tu le défends! Et tu es un des Anciens!” “Joseph a raison. Il faut dire la vérité, quelle que soit la charge que l'homme occupe” dit Eléazar. “Courez rappeler l'aveugle et amenez-le de nouveau ici, et que d'autres aillent chercher les parents et les ramènent ici” crie Elchias en ouvrant la porte toute grande et en donnant ses ordres à certains qui attendent dehors. Et sa bouche est presque couverte de bave tant la colère l'étrangle. Les uns courent d'un côté, les autres de l'autre. Le premier qui revient c'est Sidonia dit Bartolmaï, étonné et ennuyé. Ils le fichent dans un coin le regardant comme une meute de chiens qui guette un gibier… Puis, après un bon moment, voilà qu'arrivent ses parents entourés de la foule. “Vous, venez dedans et les autres dehors!” Les deux entrent épouvantés et ils voient leur fils là-bas au fond, en bonne forme, mais en état d'arrestation. La mère gémit: “Mon fils! Et ce devait être un jour de fête pour nous!” “Écoutez-nous. C'est votre fils, cet homme?” demande avec rudesse un pharisien. “Oui, c'est notre fils! Et qui voulez-vous que ce soit sinon lui?” “Vous en êtes vraiment sûrs?” Le père et la mère sont tellement abasourdis par la question que avant de répondre ils se regardent. “Répondez!” “Noble pharisien, peux-tu penser qu'un père et une mère puissent se tromper à propos de leur enfant?” dit humblement le père. “Mais… pouvez-vous jurer que… Oui. Que pour une somme d'argent il ne vous a pas été demandé de dire que c'est votre fils alors que c'est quelqu'un qui lui ressemble?” “Demandé de dire? Et par qui donc? Jurer? Mais mille fois, et sur l'autel et le Nom de Dieu, si tu veux!” Et ils l'affirment avec tant d'assurance que le plus obstiné en serait démonté. Mais les pharisiens ne se démontent pas! Ils demandent: “Mais votre fils n'était pas né aveugle?” “Si, il était né ainsi. Avec les paupières closes et par dessous le vide, rien…” “Et comment donc y voit-il maintenant? Il a des yeux sur lesquels s'ouvrent des paupières. Vous ne voudriez tout de même pas dire que des yeux puissent naître ainsi, comme des fleurs au printemps, et qu'une paupière s'ouvre absolument comme le fait le calice d'une fleur!…” dit un autre pharisien avec un rire sarcastique. “Nous savons que cet homme est vraiment notre fils depuis presque trente ans, et qu'il est né aveugle, mais comment maintenant il y voit, nous ne le savons pas et nous ne savons pas qui lui a ouvert les yeux. Du reste, demandez-le-lui. Il n'est pas idiot et ce n'est pas un enfant. Il a l'âge. Interrogez-le et il vous répondra.” “Vous mentez” s'écrie un des deux qui avaient toujours suivi l'aveugle. “Lui, dans votre maison, a raconté comment il a été guéri et par qui. Pourquoi dites-vous que vous ne le savez pas?” “Nous étions tellement abasourdis par la surprise que nous n'avons pas entendu” disent les deux en s'excusant. Les pharisiens s'adressent à Sidonia dit Bartolmaï: “Avance ici, toi, et donne gloire à Dieu s'il t'est possible! Tu ne sais pas que celui qui t'a touché les yeux est un pécheur? Tu ne le sais pas? Eh bien apprends-le. Nous te le disons, nous qui le savons.” “Mais, ce sera comme vous dites. Pour moi, si c'est un pécheur, je ne le sais pas. Je sais seulement qu'avant j'étais aveugle et que maintenant j'y vois, et clair.” “Mais que t'a-t-il fait? Comment t'a-t-il ouvert les yeux?” “Je vous l'ai déjà dit et vous m'avez entendu. Maintenant vous voulez l'entendre de nouveau? Pourquoi? Peut-être voulez-vous devenir ses disciples?” “Imbécile! Sois-le, toi, disciple de cet homme. Nous, nous sommes disciples de Moïse, et nous savons tout de Moïse et que Dieu lui a parlé. Mais de cet homme nous ne savons rien, ni d'où il vient, ni qui il est, et aucun prodige du Ciel ne l'indique comme prophète.” “C'est là précisément que se trouve le merveilleux! Que vous ne savez pas d'où il est et que vous dites qu'aucun prodige n'indique qu'il soit juste. Mais Lui m'a ouvert les yeux et personne de nous d'Israël n'avait jamais pu le faire, pas même l'amour d'une mère et les sacrifices de mon père. Une chose pourtant que nous savons tous, aussi bien vous que moi, c'est que Dieu n'exauce pas le pécheur, mais celui qui craint Dieu et fait sa volonté. On n'a jamais entendu dire que quelqu'un dans le monde entier ait pu ouvrir les yeux à un aveugle-né, mais cela, Jésus l'a fait. Si Lui n'était pas de Dieu, il n'aurait pas pu le faire.” “Tu es né entièrement dans le péché, et tu as l'esprit difforme autant et plus que ne l'était ton corps, et tu prétends nous faire la leçon? Va-t'en, misérable avorton, et fais-toi satan avec ton séducteur. Dehors! Dehors, tout le monde, plèbe imbécile et pécheresse!” et ils les jettent dehors: fils, père et mère comme si c'étaient trois lépreux. Les trois s'en vont rapidement, suivis par leurs amis, mais arrivé hors de l'enceinte, Sidonia se retourne et dit: “Et restez! Et dites ce que vous voulez. Ce qu'il y a de vrai c'est que j'y vois et j'en loue Dieu. Et satan, c'est vous qui le serez, et non pas le Bon qui m'a guéri.” “Tais-toi, fils! Tais-toi! Pourvu que cela ne nous fasse pas du mal!…” gémit la mère. “Oh! ma mère! L'air de cette salle t'a empoisonné l'âme, toi qui dans ma douleur m'enseignais à louer Dieu et qui maintenant dans la joie ne sais pas le remercier, et qui crains les hommes? Si Dieu m'a tant aimé et t'a aimée au point de nous donner le miracle, ne saura-t-Il pas nous défendre d'une poignée d'hommes?” “Ton fils a raison, femme. Allons à notre synagogue pour louer le Seigneur, puisqu'ils nous ont chassés du Temple. Et allons-y vivement avant la fin du sabbat…” Et, pressant le pas, ils se perdent dans les chemins de la vallée.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 15 mars 2020, Troisième dimanche de Carême

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 4,5-42. 
Jésus arrivait à une ville de Samarie appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph, et où se trouve le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s'était assis là, au bord du puits. Il était environ midi. Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l'eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » (En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter de quoi manger.) La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi qui es Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » (En effet, les Juifs ne veulent rien avoir en commun avec les Samaritains.) Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : 'Donne-moi à boire', c'est toi qui lui aurais demandé, et il t'aurait donné de l'eau vive. » Elle lui dit : « Seigneur, tu n'as rien pour puiser, et le puits est profond ; avec quoi prendrais-tu l'eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? » Jésus lui répondit : « Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. » La femme lui dit : « Seigneur, donne-la-moi, cette eau : que je n'aie plus soif, et que je n'aie plus à venir ici pour puiser. » Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. » La femme répliqua : « Je n'ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n'as pas de mari, car tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n'est pas ton mari : là, tu dis vrai. » La femme lui dit : « Seigneur, je le vois, tu es un prophète. Alors, explique-moi : nos pères ont adoré Dieu sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut l'adorer est à Jérusalem. » Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l'heure vient où vous n'irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous adorons, nous, celui que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l'heure vient - et c'est maintenant - où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l'adorent, c'est en esprit et vérité qu'ils doivent l'adorer. » La femme lui dit : « Je sais qu'il vient, le Messie, celui qu'on appelle Christ. Quand il viendra, c'est lui qui nous fera connaître toutes choses. » Jésus lui dit : « Moi qui te parle, je le suis. » Là-dessus, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que demandes-tu ? » ou : « Pourquoi parles-tu avec elle ? » La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens : « Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait. Ne serait-il pas le Messie ? » Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers Jésus. Pendant ce temps, les disciples l'appelaient : « Rabbi, viens manger. » Mais il répondit : « Pour moi, j'ai de quoi manger : c'est une nourriture que vous ne connaissez pas. » Les disciples se demandaient : « Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger ? » Jésus leur dit : « Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre. Ne dites-vous pas : 'Encore quatre mois et ce sera la moisson' ? Et moi je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs qui se dorent pour la moisson. Dès maintenant, le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit avec le moissonneur. Il est bien vrai, le proverbe : 'L'un sème, l'autre moissonne. ' Je vous ai envoyés moissonner là où vous n'avez pas pris de peine, d'autres ont pris de la peine, et vous, vous profitez de leurs travaux. » Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause des paroles de la femme qui avait rendu ce témoignage : « Il m'a dit tout ce que j'ai fait. » Lorsqu'ils arrivèrent auprès de lui, ils l'invitèrent à demeurer chez eux. Il y resta deux jours. Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de ses propres paroles, et ils disaient à la femme : « Ce n'est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant ; nous l'avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c'est vraiment lui le Sauveur du monde. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris 
Correspondance dans "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta
  • Traduction de 2017 : Tome 2, Ch 143, p 461
  • Ancienne traduction :  Tome 3, Ch 3, p 13        (CD 3, (1er cd) piste 3)
“Je m'arrête ici. Allez en ville. Achetez tout ce qu'il faut pour le repas. Nous mangerons ici.” “Nous y allons tous?” “Oui, Jean. C'est bien que vous alliez en groupe.” “Et Toi? Tu restes seul ... Ils sont samaritains ... ” “Ce ne seront pas les pires parmi les ennemis du Christ. Allez, allez. Je prie, en vous attendant, pour vous et pour eux.” Les disciples s'en vont à regret et à trois ou quatre reprises ils se retournent pour regarder Jésus qui s'est assis sur un muret exposé au soleil près du bas et large bord d'un puits. Un grand puits, presque une citerne, tellement il est large. En été il doit être ombragé par de grands arbres, maintenant dépouillés. On ne voit pas l'eau, mais le terrain, près du puits, montre clairement qu'on a puisé de l'eau à cause des petites mares et des empreintes circulaires laissées par les brocs humides. Jésus s'assied et médite, dans son attitude ordinaire, les coudes appuyés sur les genoux et les mains jointes en avant, le corps légèrement incliné et la tête penchée vers la terre. Puis il sent un bon petit soleil qui le réchauffe et il laisse glisser son manteau de dessus sa tête et de ses épaules tout en le gardant encore replié sur sa poitrine. Il lève la tête pour sourire à une bande de moineaux querelleurs qui se disputent une grosse mie de pain perdue par quelque personne près du puits. Mais les oiseaux s'enfuient à l'arrivée d'une femme qui vient au puits avec une amphore vide qu'elle tient par une anse de la main gauche, pendant que sa main droite écarte avec surprise son voile pour voir quel est l'homme assis là. Jésus sourit à cette femme sur les trente cinq à quarante ans, grande, aux traits fortement dessinés, mais beaux. Elle a, dirions-nous, le type presque espagnol avec son teint olivâtre, les lèvres très rouges et plutôt épaisses, des yeux démesurément grands et noirs sous des sourcils très touffus et les tresses couleur de jais que l'on voit sous le voile léger. Même les formes, qui tendent à l'embonpoint, présentent nettement le type oriental légèrement adouci comme celui des femmes arabes. Elle est vêtue d'une étoffe à rayures multicolores, serrée à la ceinture, tendue sur les hanches et la poitrine grassouillettes, et retombant ensuite en une sorte de volant ondulant jusqu'à terre. Quantité de bagues et de bracelets aux mains grassouillettes et brunes et aux poignets que l'on voit sous les manches de lin. Au cou un lourd collier d'où pendent des médailles, je dirais des amulettes car il y en a de toutes les formes. De pesantes boucles d'oreilles descendent jusqu'au cou et brillent sous le voile. “La paix soit avec toi, femme. Me donnes-tu à boire? J'ai beaucoup marché et j'ai soif.” “Mais, n'es-tu pas juif? Et tu me demandes à boire, à moi samaritaine. Qu'est-il donc arrivé? Sommes-nous réhabilités ou est-ce vous qui êtes humiliés? Sûrement un grand évènement est survenu si un juif parle poliment à une samaritaine. Je devrais cependant te dire: "Je ne te donne rien pour punir en Toi toutes les insultes que depuis des siècles les juifs nous adressent".” “Tu as bien parlé. Un grand évènement est survenu et pour cela beaucoup de choses sont changées et un plus grand nombre changeront. Dieu a fait un grand don au monde et pour cela beaucoup de choses sont changées. Si tu connaissais le don de Dieu et quel est Celui qui te dit: "Donne-moi à boire", peut-être toi-même, tu Lui aurais demandé à boire et Lui t'aurait donné de l'eau vive.” “L'eau vive est dans les veines de la terre, et ce puits la possède. Mais il est à nous.” La femme est railleuse et présomptueuse. “L'eau appartient à Dieu. Comme la bonté appartient à Dieu. Comme la vie appartient à Dieu. Tout appartient à un Dieu Unique, femme. Et tous les hommes viennent de Dieu: les samaritains comme les juifs. Ce puits n'est-il pas celui de Jacob? Et Jacob n'est-il pas le chef de notre race? Si par la suite une erreur nous a séparés, cela ne change rien à notre origine.” “Notre erreur, n'est-ce pas?” demande la femme agressive. “Ni la nôtre, ni la vôtre. Erreur de quelqu'un qui avait perdu de vue la Charité et la Justice. Moi, je ne t'attaque pas et je n'attaque pas ta race. Pourquoi veux-tu être agressive?” “Tu es le premier juif que j'entends parler ainsi. Les autres... Mais, pour revenir au puits, oui, c'est celui de Jacob et il a une eau si abondante et si claire que nous de Sychar nous la préférons aux autres fontaines. Mais il est très profond. Tu n'as pas d'amphore ni d'outre. Comment pourrais-tu donc atteindre pour moi l'eau vive? Es-tu plus que Jacob, notre saint Patriarche, qui a trouvé cette veine abondante, pour lui, ses enfants, ses troupeaux et nous l'a laissée en souvenir de lui et comme cadeau?” “Tu l'as dit. Mais qui boit de cette eau aura encore soif. Moi, au contraire, j'ai une eau telle que celui qui l'aura bue ne sentira plus la soif. Mais elle n'appartient qu'à Moi et je la donnerai à qui me la demande. Et en vérité je te dis que celui qui aura de l'eau que je lui donnerai, aura toujours en lui la fraîcheur et n'aura plus soif, car mon eau deviendra en lui une source intarissable, éternelle.” “Comment? Je ne comprends pas. Es-tu un mage? Comment un homme peut-il devenir un puits? Le chameau boit et fait une provision d'eau dans le creux de son ventre. Mais ensuite il la consomme et elle ne lui dure pas toute sa vie. Et tu dis que ton eau dure toute la vie?” “Davantage encore: elle jaillira jusqu'à la vie éternelle. En celui qui la boit elle jaillira jusqu'à la vie éternelle et donnera des germes de vie éternelle, car c'est une source de salut.” “Donne-moi de cette eau s'il est vrai que tu la possèdes. Je me fatigue à venir jusqu'ici. Si je l'ai, je n'aurai plus soif et je ne deviendrai jamais malade ni vieille.” “Il n'y a que cela qui te fatigue? Rien d'autre? Et tu n'éprouves pas d'autre besoin que de puiser pour boire, pour ton misérable corps? Penses-y. Il y a quelque chose qui est plus que le corps: c'est l'âme. Jacob n'a pas seulement donné de l'eau du sol, pour lui et pour les siens. Mais il s'est préoccupé de se procurer pour lui et de donner la sainteté, l'eau de Dieu.” “Vous nous dites: païens, vous ... Si c'est vrai ce que vous dites, nous ne pouvons pas être saints ...” La femme a perdu son ton impertinent et ironique et elle est soumise et légèrement confuse. “Même un païen peut être vertueux. Et Dieu, qui est juste, le récompensera pour le bien qu'il aura fait. Ce ne sera pas une récompense parfaite, mais, je te le dis, entre un fidèle souillé d'une faute grave et un païen sans faute, Dieu regarde avec moins de rigueur le païen. Et pourquoi, si vous savez être tels, ne venez-vous pas au Vrai Dieu? Comment t'appelles-tu?” “Fotinaï.” “Eh bien, réponds-moi, Fotinaï. Ne souffres-tu pas de ne pouvoir aspirer à la sainteté parce que tu es païenne, comme tu dis, parce que tu es dans les nuées d'une antique erreur, comme Moi je dis?” “Oui, que j'en souffre. ” “Et alors, pourquoi ne vis-tu pas au moins en païenne vertueuse?” “Seigneur! ... ” “Oui, peux-tu le nier? Va appeler ton mari et reviens avec lui.” “Je n'ai pas de mari...” La confusion de la femme grandit. “Tu as bien dit. Tu n'as pas de mari. Tu as eu cinq hommes et maintenant tu as avec toi quelqu'un qui n'est pas ton mari. Était-ce nécessaire, cela? Même ta religion ne conseille pas l'impureté. Le Décalogue, vous l'avez, vous aussi. Pourquoi alors, Fotinaï, vis-tu ainsi? Ne te sens-tu pas lasse d'être la chair de tant d'hommes, au lieu d'être l'honnête épouse d'un seul? N'as-tu pas peur de ta vieillesse, quand tu te trouveras seule avec tes souvenirs? Avec tes regrets? Avec tes peurs? Oui, même celles-là. La peur de Dieu et des spectres. Où sont tes enfants?” La femme baisse complètement la tête et ne parle pas. “Tu ne les as pas sur la terre. Mais leurs petites âmes, auxquelles tu as interdit de voir la lumière du jour, t'adressent des reproches. Toujours. Bijoux... beaux vêtements... riche maison... table bien garnie... Oui. Mais le vide, les larmes et la misère intérieure. Tu es une délaissée, Fotinaï. Et ce n'est qu'avec un repentir sincère, moyennant le pardon de Dieu et par conséquent de tes enfants que tu peux devenir riche.” “Seigneur, je vois que tu es un prophète, et j'ai honte ... ” “Et à l'égard du Père qui est aux Cieux, tu n'éprouvais pas cette honte, quand tu faisais le mal? Ne pleure pas de découragement devant l'Homme... Viens ici, Fotinaï, près de Moi. Je te parlerai de Dieu. Peut-être tu ne Le connaissais pas bien. Et c'est pour cela, certainement pour cela, que tu as tant erré. Si tu avais bien connu le vrai Dieu, tu ne te serais pas ainsi avilie. Lui t'aurait parlé et t'aurait soutenue ... ” “Seigneur, nos pères ont adoré sur cette montagne. Vous dites que c'est seulement à Jérusalem que l'on doit adorer. Mais, tu le dis: il n'y a qu'un seul Dieu. Aide-moi à voir où et comment je dois adorer ... ” “Femme, crois-moi. Bientôt viendra l'heure où ce ne sera ni sur la montagne de Samarie ni à Jérusalem que sera adoré le Père. Vous adorez Celui que vous ne connaissez pas. Nous adorons Celui que nous connaissons, car le salut vient des juifs. Je te rappelle les Prophètes. Mais l'heure viendra. Déjà elle est commencée où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, non plus suivant les rites antiques mais avec le rite nouveau où il n'y aura plus de sacrifices, ni d'hosties d'animaux consumés par le feu. Mais le sacrifice éternel de l'Hostie Immaculée brûlée par le Feu de la Charité. Culte spirituel dans un Royaume spirituel. Et il sera compris de ceux qui savent adorer en esprit et en vérité. Dieu est Esprit. Ceux qui l'adorent doivent l'adorer spirituellement. ” “Tu as de saintes paroles. Moi, je sais, car nous aussi nous savons quelque chose, que le Messie est sur le point de venir. Le Messie, Celui qu'on appelle aussi "le Christ". Quand il sera venu, il nous enseignera toutes choses. Tout près d'ici se trouve aussi celui qu'on dit être son Précurseur. Et beaucoup vont l'écouter. Mais il est si sévère!... Toi, tu es bon... et les pauvres âmes n'ont pas peur de Toi. Je pense que le Christ sera bon. On l'appelle le Roi de la Paix. Tardera-t-il beaucoup à venir?” “Je t'ai dit que son temps est déjà présent.” “Comment le sais-tu? Tu es peut-être son disciple? Le Précurseur a beaucoup de disciples. Le Christ aussi en aura.” “C'est Moi, qui te parle, qui suis le Christ Jésus.” “Toi!... Oh!...” La femme, qui s'était assise près de Jésus, se lève et va s'enfuir. “Pourquoi t'enfuis-tu, femme?” “C'est que je suis horrifiée de me mettre près de Toi. Tu es saint ... ” “Je suis le Sauveur. Je suis venu ici - ce n'était pas nécessaire -parce que je savais que ton âme était lasse d'être errante. Tu as la nausée de ta nourriture... Je suis venu te donner une nourriture nouvelle et qui t'enlèvera nausée et fatigue... Voici mes disciples qui reviennent avec mon pain. Mais déjà je suis nourri de t'avoir donné les premières miettes de ta rédemption.” Les disciples lorgnent plus ou moins discrètement la femme, mais personne ne parle. Elle s'en va sans plus penser à l'eau ni à son amphore. “Voici, Maître” dit Pierre. “Ils nous ont bien traités. Il y a du fromage, du pain frais, des olives et des pommes. Prends ce que tu veux. Cette femme a bien fait de laisser son amphore. Nous aurons plus vite fait qu'avec nos petites gourdes. Nous boirons et nous les remplirons sans avoir à demander autre chose aux samaritains, et sans les côtoyer aussi à leurs fontaines. Tu ne manges pas? Je voulais trouver du poisson pour Toi, mais il n'y en a pas. Peut-être cela t'aurait-il plu davantage. Tu es fatigué et pâle.” “J'ai une nourriture que vous ne connaissez pas. Ce sera mon repas. Je serai bien restauré.” Les disciples se regardent entre eux, s'interrogeant du regard. Jésus répond à leurs muettes interrogations: “Ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé pour achever l'œuvre qu'Il désire que j'accomplisse. Quand le semeur jette la semence, peut-il dire qu'il a déjà tout fait pour dire qu'il a la récolte? Non, certainement pas, combien il a encore à faire pour dire: "Voici que mon travail est achevé"! Et jusqu'à cette heure, il ne peut se reposer. Regardez ces champs sous le gai soleil de la sixième heure. Il y a seulement un mois, et même moins, la terre était nue, sombre parce que les pluies l'avaient battue. Maintenant, regardez. Des tiges innombrables de blé, qui viennent de percer, d'un vert très tendre qui dans cette grande lumière semble encore plus clair, la couvrent, pour ainsi dire, d'un voile léger presque blanc. C'est la moisson future et vous dites en la voyant: "Dans quatre mois, c'est la récolte. Les semeurs engageront des moissonneurs, parce que si un semeur suffit pour ensemencer, il faut un grand nombre d'ouvriers pour moissonner. Semeurs et moissonneurs sont heureux. Celui qui a semé un petit sac de grains et qui doit maintenant préparer ses greniers pour la récolte, aussi bien que ceux qui, en quelques jours, gagnent de quoi vivre pendant quelques mois". Dans le champ de l'esprit, aussi, ceux qui moissonnent ce que j'ai semé se réjouissent avec Moi et comme Moi, parce que je leur donnerai mon salaire et ce qu'il leur est dû. Je leur donnerai de quoi vivre dans mon Royaume éternel. Vous, vous n'avez qu'à moissonner; le travail le plus dur, c'est Moi qui l'ai fait. Et pourtant je vous dis: "Venez faire la moisson dans mon champ. Je suis heureux de vous voir chargés des gerbes de ma récolte. Quand j'aurai semé tout mon grain, inlassablement, partout, et que vous aurez fait la récolte, alors sera accomplie la volonté de Dieu et je m'assiérai au banquet de la céleste Jérusalem". Voici qu'arrivent les samaritains avec Fotinaï. Usez de charité envers eux. Ce sont des âmes qui viennent à Dieu.”
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/