"Lisez cette œuvre et faites-la lire"
Jésus (Chapitre 38, Volume 10 ) à propos de
l’Évangile tel qu’il m’a été révélé.

L'Évangile de la Messe Paul VI
et l’Évangile tel qu’il m’a été révélé de Maria Valtorta.
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Dimanche 28 mars 2021, Dimanche des Rameaux et de la Passion

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 14,1-72.15,1-47.
La fête de la Pâque et des pains sans levain allait avoir lieu dans deux jours. Les chefs des prêtres et les scribes cherchaient le moyen d'arrêter Jésus par ruse, pour le faire mourir. Car ils se disaient : « Pas en pleine fête, pour éviter une émeute dans le peuple. » Jésus se trouvait à Béthanie, chez Simon le lépreux. Pendant qu'il était à table, une femme entra, avec un flacon d'albâtre contenant un parfum très pur et de grande valeur. Brisant le flacon, elle le lui versa sur la tête. Or, quelques-uns s'indignaient : « A quoi bon gaspiller ce parfum ? On aurait pu le vendre pour plus de trois cents pièces d'argent et en faire don aux pauvres. » Et ils la critiquaient. Mais Jésus leur dit : « Laissez-la ! Pourquoi la tourmenter ? C'est une action charitable qu'elle a faite envers moi. Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, et, quand vous voudrez, vous pourrez les secourir ; mais moi, vous ne m'aurez pas toujours. Elle a fait tout ce qu'elle pouvait faire. D'avance elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement. Amen, je vous le dis : Partout où la Bonne Nouvelle sera proclamée dans le monde entier, on racontera, en souvenir d'elle, ce qu'elle vient de faire. » Judas Iscariote, l'un des Douze, alla trouver les chefs des prêtres pour leur livrer Jésus. A cette nouvelle, ils se réjouirent et promirent de lui donner de l'argent. Dès lors Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer. Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l'on immolait l'agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour ton repas pascal ? » Il envoie deux disciples : « Allez à la ville ; vous y rencontrerez un homme portant une cruche d'eau. Suivez-le. Et là où il entrera, dites au propriétaire : 'Le maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? 'Il vous montrera, à l'étage, une grande pièce toute prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. » Les disciples partirent, allèrent en ville ; tout se passa comme Jésus le leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque. Le soir venu, Jésus arrive avec les Douze. Pendant qu'ils étaient à table et mangeaient, Jésus leur déclara : « Amen, je vous le dis : l'un de vous, qui mange avec moi, va me livrer. » Ils devinrent tout tristes, et ils lui demandaient l'un après l'autre : « Serait-ce moi ? » Il leur répondit : « C'est l'un des Douze, qui se sert au même plat que moi. Le Fils de l'homme s'en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui qui le livre ! Il vaudrait mieux pour lui qu'il ne soit pas né. » Pendant le repas, Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit, et le leur donna, en disant : « Prenez, ceci est mon corps. » Puis, prenant une coupe et rendant grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, répandu pour la multitude. Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu'à ce jour où je boirai un vin nouveau dans le royaume de Dieu. » Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers. Jésus leur dit : « Vous allez tous être exposés à tomber, car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées. Mais, après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée. » Pierre lui dit alors : « Même si tous viennent à tomber, moi, je ne tomberai pas. » Jésus lui répond : « Amen, je te le dis : toi, aujourd'hui, cette nuit même, avant que le coq chante deux fois, tu m'auras renié trois fois. » Mais lui reprenait de plus belle : « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas. » Et tous disaient de même. Ils parviennent à un domaine appelé Gethsémani. Jésus dit à ses disciples : « Restez ici ; moi, je vais prier. » Puis il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean, et commence à ressentir frayeur et angoisse. Il leur dit : « Mon âme est triste à mourir. Demeurez ici et veillez. » S'écartant un peu, il tombait à terre et priait pour que, s'il était possible, cette heure s'éloigne de lui. Il disait : « Abba. . . Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! » Puis il revient et trouve les disciples endormis. Il dit à Pierre : « Simon, tu dors ! Tu n'as pas eu la force de veiller une heure ? Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation : l'esprit est ardent, mais la chair est faible. » Il retourna prier, en répétant les mêmes paroles. Quand il revint près des disciples, il les trouva endormis, car leurs yeux étaient alourdis. Et ils ne savaient que lui dire. Une troisième fois, il revient et leur dit : « Désormais vous pouvez dormir et vous reposer. C'est fait ; l'heure est venue : voici que le Fils de l'homme est livré aux mains des pécheurs. Levez-vous ! Allons ! Le voici tout proche, celui qui me livre. » Jésus parlait encore quand Judas, l'un des Douze, arriva avec une bande armée d'épées et de bâtons, envoyée par les chefs des prêtres, les scribes et les anciens. Or, le traître leur avait donné un signe convenu : « Celui que j'embrasserai, c'est lui : arrêtez-le, et emmenez-le sous bonne garde. » A peine arrivé, Judas, s'approchant de Jésus, lui dit : « Rabbi ! » Et il l'embrassa. Les autres lui mirent la main dessus et l'arrêtèrent. Un de ceux qui étaient là tira son épée, frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l'oreille. Alors Jésus leur déclara : « Suis-je donc un bandit pour que vous soyez venus m'arrêter avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, j'étais parmi vous dans le Temple, où j'enseignais ; et vous ne m'avez pas arrêté. Mais il faut que les Écritures s'accomplissent. » Les disciples l'abandonnèrent et s'enfuirent tous. Or, un jeune homme suivait Jésus ; il n'avait pour vêtement qu'un drap. On le saisit. Mais lui, lâchant le drap, se sauva tout nu. Ils emmenèrent Jésus chez le grand prêtre, et tous les chefs des prêtres, les anciens et les scribes se rassemblent. Pierre avait suivi Jésus de loin, jusqu'à l'intérieur du palais du grand prêtre, et là, assis parmi les gardes, il se chauffait près du feu. Les chefs des prêtres et tout le grand conseil cherchaient un témoignage contre Jésus pour le faire condamner à mort, et ils n'en trouvaient pas. De fait, plusieurs portaient de faux témoignages contre Jésus, et ces témoignages ne concordaient même pas. Quelques-uns se levaient pour porter contre lui ce faux témoignage : « Nous l'avons entendu dire : 'Je détruirai ce temple fait de main d'homme, et en trois jours j'en rebâtirai un autre qui ne sera pas fait de main d'homme. ' » Et même sur ce point, ils n'étaient pas d'accord. Alors le grand prêtre se leva devant l'assemblée et interrogea Jésus : « Tu ne réponds rien à ce que ces gens déposent contre toi ? » Mais lui gardait le silence, et il ne répondait rien. Le grand prêtre l'interroge de nouveau : « Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni ? » Jésus lui dit : « Je le suis, et vous verrez le Fils de l'homme siéger à la droite du Tout-Puissant, et venir parmi les nuées du ciel. » Alors, le grand prêtre déchire ses vêtements et dit : « Pourquoi nous faut-il encore des témoins ? Vous avez entendu le blasphème. Quel est votre avis ? » Tous prononcèrent qu'il méritait la mort. Quelques-uns se mirent à cracher sur lui, couvrirent son visage d'un voile, et le rouèrent de coups, en disant : « Fais le prophète ! » Et les gardes lui donnèrent des gifles. Comme Pierre était en bas, dans la cour, arrive une servante du grand prêtre. Elle le voit qui se chauffe, le dévisage et lui dit : « Toi aussi, tu étais avec Jésus de Nazareth ! » Pierre le nia : « Je ne sais pas, je ne comprends pas ce que tu veux dire. » Puis il sortit dans le vestibule. La servante, l'ayant vu, recommença à dire à ceux qui se trouvaient là : « En voilà un qui est des leurs ! » De nouveau, Pierre le niait. Un moment après, ceux qui étaient là lui disaient : « Sûrement tu en es ! D'ailleurs, tu es Galiléen. » Alors il se mit à jurer en appelant sur lui la malédiction : « Je ne connais pas l'homme dont vous parlez. » Et aussitôt, un coq chanta pour la seconde fois. Alors Pierre se souvint de la parole de Jésus : « Avant que le coq chante deux fois, tu m'auras renié trois fois. » Et il se mit à pleurer. Dès le matin, les chefs des prêtres convoquèrent les anciens et les scribes, et tout le grand conseil. Puis ils enchaînèrent Jésus et l'emmenèrent pour le livrer à Pilate. Celui-ci l'interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus répond : « C'est toi qui le dis. » Les chefs des prêtres multipliaient contre lui les accusations. Pilate lui demandait à nouveau : « Tu ne réponds rien ? Vois toutes les accusations qu'ils portent contre toi. » Mais Jésus ne répondit plus rien, si bien que Pilate s'en étonnait. A chaque fête de Pâque, il relâchait un prisonnier, celui que la foule demandait. Or, il y avait en prison un dénommé Barabbas, arrêté avec des émeutiers pour avoir tué un homme lors de l'émeute. La foule monta donc, et se mit à demander à Pilate la grâce qu'il accordait d'habitude. Pilate leur répondit : « Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? » (Il se rendait bien compte que c'était par jalousie que les chefs des prêtres l'avaient livré. )Ces derniers excitèrent la foule à demander plutôt la grâce de Barabbas. Et comme Pilate reprenait : « Que ferai-je donc de celui que vous appelez le roi des Juifs ? », ils crièrent de nouveau : « Crucifie-le ! » Pilate leur disait : « Qu'a-t-il donc fait de mal ? » Mais ils crièrent encore plus fort : « Crucifie-le ! » Pilate, voulant contenter la foule, relâcha Barabbas, et après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour qu'il soit crucifié. Les soldats l'emmenèrent à l'intérieur du Prétoire, c'est-à-dire dans le palais du gouverneur. Ils appellent toute la garde, ils lui mettent un manteau rouge, et lui posent sur la tête une couronne d'épines qu'ils ont tressée. Puis ils se mirent à lui faire des révérences : « Salut, roi des Juifs ! » Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui, et s'agenouillaient pour lui rendre hommage. Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau rouge, et lui remirent ses vêtements. et ils réquisitionnent, pour porter la croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d'Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs. Et ils amènent Jésus à l'endroit appelé Golgotha, c'est-à-dire : Lieu-du-Crâne, ou Calvaire. Ils lui offraient du vin aromatisé de myrrhe ; mais il n'en prit pas. Alors ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun. Il était neuf heures lorsqu'on le crucifia. L'inscription indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots : « Le roi des Juifs ». Avec lui on crucifie deux bandits, l'un à sa droite, l'autre à sa gauche. Les passants l'injuriaient en hochant la tête : « Hé ! toi qui détruis le Temple et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, descends de la croix ! » De même, les chefs des prêtres se moquaient de lui avec les scribes, en disant entre eux : « Il en a sauvé d'autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! Que le Messie, le roi d'Israël, descende maintenant de la croix ; alors nous verrons et nous croirons. » Même ceux qui étaient crucifiés avec lui l'insultaient. Quand arriva l'heure de midi, il y eut des ténèbres sur toute la terre jusque vers trois heures. Et à trois heures, Jésus cria d'une voix forte : « Éloï, Éloï, lama sabactani ? », ce qui veut dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » Quelques-uns de ceux qui étaient là disaient en l'entendant : « Voilà qu'il appelle le prophète Élie ! » L'un d'eux courut tremper une éponge dans une boisson vinaigrée, il la mit au bout d'un roseau, et il lui donnait à boire, en disant : « Attendez ! Nous verrons bien si Élie vient le descendre de là ! » Mais Jésus, poussant un grand cri, expira. Le rideau du Temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu'en bas. Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, s'écria : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu ! » Il y avait aussi des femmes, qui regardaient de loin, et parmi elles, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques le petit et de José, et Salomé, qui suivaient Jésus et le servaient quand il était en Galilée, et encore beaucoup d'autres, qui étaient montées avec lui à Jérusalem. Déjà le soir était venu ; or, comme c'était la veille du sabbat, le jour où il faut tout préparer, Joseph d'Arimathie intervint. C'était un homme influent, membre du Conseil, et il attendait lui aussi le royaume de Dieu. Il eut le courage d'aller chez Pilate pour demander le corps de Jésus. Pilate, s'étonnant qu'il soit déjà mort, fit appeler le centurion, pour savoir depuis combien de temps Jésus était mort. Sur le rapport du centurion, il permit à Joseph de prendre le corps. Joseph acheta donc un linceul, il descendit Jésus de la croix, l'enveloppa dans le linceul et le déposa dans un sépulcre qui était creusé dans le roc. Puis il roula une pierre contre l'entrée du tombeau. Or, Marie Madeleine et Marie, mère de José, regardaient l'endroit où on l'avait mis.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta
  • Traduction de 2017 : Tome 9, Ch 586, p 327
  • Ancienne traduction :  Tome 8, Ch 47, p 417
  • CD 8, piste 153
  • USB Tome 8, piste 153
La cène a été préparée dans la salle toute blanche où Jésus a parlé aux femmes disciples. C'est toute une splendeur de blanc et d'argent, où mettent une nuance moins neigeuse et moins froide des bouquets de branches de pommiers ou de poiriers, ou d'autres arbres fruitiers, candides comme la neige, mais avec un léger souvenir de rose qui fait penser à de la neige effleurée par un baiser d'une lointaine aurore. Elles se dressent de vases pansus ou de grêles amphores d'argent, sur des tables et sur des coffrets et des crédences qui sont le long des murs de la salle. Les fleurs répandent à travers la salle l'odeur caractéristique des fleurs des arbres à fruit, fraîche, un peu amère, du pur printemps… Lazare entre dans la salle à côté de Jésus. Derrière, deux par deux, ou en groupes plus nombreux, les apôtres. En dernier lieu, les deux sœurs de Lazare avec Maximin. Je ne vois pas les femmes disciples. Je ne vois pas même Marie. Peut-être elles ont préféré rester dans la maison autour de la Mère affligée. On approche du crépuscule. Mais il reste quelques rayons de soleil pour frapper la frondaison bruissante de quelques palmiers qui forment un groupe à quelques mètres de la salle, et la cime d'un laurier gigantesque où des passereaux se disputent avant de prendre leur sommeil. Au-delà du palmier et du laurier, au-delà des haies de roses et de jasmins, des parterres de muguets et d'autres fleurs, et des plantes odoriférantes, la tache blanche saupoudrée de vert tendre des premières feuilles d'un groupe de pommiers ou de poiriers tardifs. Elle semble une nuée restée accrochée dans les branches. Jésus, en passant près d'une amphore garnie de branches, observe: “Elles avaient déjà les premiers petits fruits. Regarde! À la cime des fleurs alors que plus bas la fleur est déjà tombée et que l'ovaire se gonfle.” “C'est Marie qui a voulu les cueillir. Elle en a apporté des bouquets aussi à ta Mère. Elle s'est levé à l'aube, craignant qu'un jour de soleil de plus n'abîmât ces fragiles corolles. J'ai appris depuis peu ce massacre, mais je n'en ai pas été indigné comme les serviteurs agricoles. J'ai pensé, au contraire, qu'il était juste de t'offrir toutes les beautés de la création, à Toi, Roi de toutes les choses.” Jésus s'assoit en souriant à sa place et il regarde Marie qui, avec sa sœur, se dispose à servir comme si elle était une servante, apportant les coupes pour la purification et les serviettes, puis versant le vin dans les calices et mettant les plateaux des mets sur la table à mesure que les serviteurs les apportent de la cuisine ou les présentent, après les avoir découpés sur les crédences. Naturellement, si les sœurs servent avec courtoisie tous les convives, leur empressement va spécialement aux deux convives qui leur sont les plus chers: Jésus et Lazare. A un certain moment Pierre, qui mange avec appétit, observe: “Regarde! Je m'en aperçois maintenant! Tous les plats comme on les sert en Galilée. Il me semble… mais oui! Il me semble être à un repas de noces. Cependant ici le vin ne manque pas comme il manqua à Cana.” Marie sourit en versant à l'apôtre un nouveau calice de vin ambré, très limpide, mais elle ne parle pas. C'est encore Lazare qui explique: “En effet, c'était l'intention des sœurs et spécialement de Marie: servir un repas dans lequel le Maître aurait l'impression d'être dans sa Galilée, certainement meilleure, bien meilleure, bien que pourtant imparfaite que ce qui se fait en cet endroit…”“Mais pour le Lui faire penser, il aurait fallu Marie à cette table. À Cana, elle y était. C'est par elle qu'arriva le miracle” observe Jacques d'Alphée. “Ce devait être un grand vin celui-là!” “Le vin est symbole de gaieté, et devrait l'être aussi de fécondité, puisque c'est le jus de la vigne féconde. Mais il ne me semble pas qu'il ait beaucoup fécondé: Suzanne n'a pas d'enfant” dit l'Iscariote. “Oh! c'était un vin! Il a fécondé notre esprit…” dit Jean, rêvant un peu comme il l'est toujours quand il contemple en son intérieur les miracles opérés par Dieu. Et il termine: “C'est par une vierge que cela a été fait… et une influence de pureté descendit en celui qui le goûta.” “Mais crois-tu Suzanne vierge?” demande l'Iscariote en riant. “Je n'ai pas dit cela. Vierge est la Mère du Seigneur. La virginité découle de tout ce qui est accompli par elle. Je ne cesse de penser comme sont virginisantes toutes les choses qui se font par Marie…” et il rêve de nouveau, souriant à je ne sais quelle vision. “Bienheureux ce garçon! Je crois qu'il ne se rappelle même plus le monde en ce moment. Observez-le” dit Pierre en montrant Jean qui, allongé sur son lit, déplace sans y penser des petits morceaux de pain, oubliant de manger. Jésus aussi se penche un peu pour regarder Jean qui est à un angle du côté de la table disposée en U, et par conséquent un peu en arrière du Seigneur qui est au milieu du côté central, avec son cousin Jacques à gauche et Lazare à droite, et après Lazare, il y a le Zélote et Maximin, comme après Jacques et l'autre Jacques se trouve Pierre. Jean, au contraire, est entre André et Barthélemy, puis il y a Thomas qui a Judas en face, avec Philippe et Mathieu, et le Thaddée qui est exactement à l'angle où commence la table longue, centrale. Marie de Lazare sort de la salle alors que Marthe met sur la table des plateaux remplis de fleurs de figues nouvelles, de tiges vertes de fenouil et d'amandes fraîches cueillies, des fraises ou des framboises, je ne sais, qui semblent encore plus rouges au milieu des fenouils vert pâle et des fleurs et à côté des amandes, des petits melons et autres fruits du même genre… qui me rappellent les melons verts de la basse Italie, et des oranges dorées. “Ces fruits déjà? Je n'en ai vu nulle part de mûrs” dit Pierre en écarquillant les yeux, en montrant les fraises et les melons. “Ils sont venus en partie de la côte au-delà de Gaza où j'ai un jardin de ces produits, et en partie des serres que j'ai au-dessus de la maison, les pépinières des petites plantes plus délicates qu'il faut protéger de la gelée. Un ami romain m'en a enseigné la culture… C'est tout ce qu'il m'a appris de bon…” Lazare s'assombrit, Marthe soupire… Mais Lazare redevient de suite l'hôte parfait qui n'attriste pas ses invités. “On est très habitué dans les villas de Baïes et de Syracuse, et le long du golfe de Sybaris, à cultiver ces délices par cette méthode pour les avoir de bonne heure. Mangez: les derniers fruits des oranges de Libye, les primeurs des melons d'Égypte, qui ont poussé dans les solariums et en eux les fruits latins, et les amandes blanches de notre patrie, les fèves tendres, les tiges digestives qui ont goût d'anis… Marthe, as-tu pensé à l'enfant?” “J'ai pensé à tout. Marie a été émue en se rappelant l'Égypte…” “Nous en avions quelques plantes dans notre pauvre jardin. Dans les grandes chaleurs, c'était une fête de plonger les melons dans le puits du voisin, qui était profond et frais, et en manger le soir… Je me souviens… Et j'avais une chèvre gourmande qu'il fallait garder car elle était avide de jeunes pousses et de fruits tendres…” Jésus, qui parlait la tête un peu inclinée, lève la tête et il regarde les palmiers qui bruissent dans le vent du soir qui tombe. “Quand je vois ces palmiers… Toujours quand je les vois, je revois l'Égypte, sa terre jaune et sableuse que le vent soulevait si facilement, et au loin tremblaient dans l'air raréfié les pyramides… et les hauts fûts des palmiers… et la maison où… mais il est inutile d'en parler. À chaque époque ses soucis… et avec ses soucis sa joie… Lazare, me donnerais-tu quelques-uns de ces fruits? Je voudrais les apporter à Marie et à Mathias, je ne crois pas que Jeanne en ait.” “Elle n'en a pas. Elle en parlait hier se proposant d'en mettre à Béther en faisant construire des solariums. Mais je ne te les donne pas maintenant. J'ai cueilli tout ce que j'en avais et pendant quelques jours on va manquer de fruits mûrs. Je te les enverrai, ou plutôt, envoie les prendre d'ici jeudi. Nous en préparerons une gracieuse corbeille pour ces enfants, n'est-ce pas, Marthe?” “Oui, mon frère. Et nous y mettrons les petits lys des vallées qui plaisent tant à Jeanne.” Marie-Magdeleine rentre. Elle a dans les mains une amphore au col très fin, qui se termine par un bec gracieux comme celui d'un oiseau. L'albâtre est d'une couleur précieuse jaune rose, comme certaines carnations de blondes. Les apôtres la regardent, croyant peut-être qu'elle apporte quelque friandise rare. Mais Marie ne va pas au centre, à l'intérieur de l'U de la table où se trouve sa sœur. Elle passe derrière les lits-sièges, et va se placer entre celui de Jésus et Lazare et celui où sont les deux Jacques. Elle ouvre le vase d'albâtre et met sa main sous le bec, pour recueillir quelques gouttes d'un liquide filant qui coule lentement de l'amphore ouverte. Une odeur pénétrante de tubéreuse et d'autres essences, un parfum intense et très agréable se répand à travers la salle. Mais Marie n'est pas contente du peu qui arrive. Elle se penche et casse d'un coup sûr le col de l'amphore contre le coin du lit de Jésus. Le col fin tombe par terre, répandant sur le marbre du pavé des gouttes parfumées. Maintenant l'amphore a une large ouverture et l'abondance de l'onguent en déborde en un jet épais. Marie se place derrière Jésus et répand l'huile épaisse sur la tête de son Jésus, elle en enduit toutes les boucles, les allonge et puis les met en ordre, sur la tête adorée, avec le peigne qu'elle enlève de ses cheveux. La tête blonde-rouge de Jésus resplendit comme de l'or foncé, très brillant après cette onction. La lumière du lampadaire, que les serviteurs ont allumé, se reflète sur la tête blonde du Christ, comme sur un très beau casque de bronze cuivré. Le parfum est enivrant; il pénètre dans les narines, monte à la tête, à force d'être piquant comme de la poudre à éternuer tant il est pénétrant, répandu ainsi sans mesure. Lazare tourne la tête en arrière. Il sourit en voyant avec quel soin Marie oint et peigne les boucles de Jésus pour que sa tête paraisse en ordre après l'odorante friction. Elle ne se soucie pas que ses tresses ne sont plus maintenues par le large peigne qui aide les épingles à les tenir en place, et elles tombent de plus en plus sur le cou, prêtes à tomber complètement sur les épaules. Marthe aussi regarde et sourit. Les autres parlent entre eux à voix basse et avec des expressions diverses sur le visage. Mais Marie n'est pas encore satisfaite. Il y a encore beaucoup d'onguent dans le vase brisé, et les cheveux de Jésus, si touffus qu'ils soient, en sont déjà saturés. Alors Marie répète le geste d'amour d'un soir lointain. Elle s'agenouille au pied du lit, dénoue les lacets des sandales de Jésus, déchausse ses pieds et, plongeant dans le vase les longs doigts de sa très belle main, elle en tire tout de qu'elle peut d'onguent, et l'étend sur les pieds nus, doigt par doigt, puis sur la plante et le talon et au-dessus à la cheville, qu'elle découvre en rejetant en arrière le vêtement de lin, et afin sur le dos du pied, elle s'attarde sur les métatarses où entreront les clous redoutables, insiste jusqu'à ce qu'elle ne trouve plus de baume dans le creux du vase. Alors elle le brise contre le sol et puis ayant les mains libres, enlève ses grosses épingles, défait rapidement ses lourdes tresses et emporte avec cet écheveau d'or, vivant, doux, coulant, ce qui reste de l'onction des pieds de Jésus, qui laissent dégoutter le baume.
Judas jusque là s'était tu, observant d'un regard impur de luxure et d'envie la femme très belle et le Maître dont elle oignait la tête et les pieds. Il élève la voix, seule voix d'un reproche déclaré. Les autres, pas tous, mais certains, avaient quelque peu murmuré ou fait un geste de désaccord étonné mais paisible. Mais Judas, qui s'est même mis debout pour mieux voir l'onction des pieds du Christ, dit avec mauvaise grâce: “Quel gaspillage inutile et païen! Pourquoi le faire? Et après cela, on ne veut pas que les Chefs du Sanhédrin parlent de péché! Ce sont des actes de courtisane lascive et ils ne s'harmonisent pas avec la nouvelle vie que tu mènes, ô femme. Ils rappellent trop ton passé!” L'insulte est telle que tous restent abasourdis. Elle est telle que tous s'agitent, les uns s'assoyant sur leurs lits, les autres se levant. Tous regardent Judas comme s'il était devenu subitement fou. Marthe rougit. Lazare se lève brusquement en donnant un coup de poing sur la table et il dit: “Dans ma maison…” mais ensuite il regarde Jésus et s'arrête. “Oui. Vous me regardez? Tous, vous avez murmuré dans votre cœur. Mais maintenant que je me suis fait votre écho et que j'ai dit ouvertement ce que vous pensiez, vous voilà prêts à me donner tort. Je répète ce que j'ai dit. Bien sûr je ne veux pas dire que Marie soit l'amante du Maître, mais je dis que certains actes ne conviennent ni à Lui, ni à elle. C'est une action imprudente, et même injuste. Oui. Pourquoi ce gaspillage? Si elle voulait détruire les souvenirs de son passé, elle pouvait me donner ce vase et cet onguent. Il y avait au moins une livre de nard pur, et de grand prix! Je l'aurais vendu pour trois cent deniers au moins car un nard de cette valeur va jusqu'à ce prix. Et je pouvais vendre le vase qui était beau et précieux. J'aurais donné cet argent aux pauvres qui nous assiègent. Il n'y en a jamais assez, et demain, à Jérusalem, innombrables seront ceux qui demanderont une obole.” “Cela c'est vrai!” admettent les autres. “Tu pouvais en employer un peu pour le Maître, et le reste…” Marie de Magdala est comme sourde. Elle continue à essuyer les pieds du Christ avec ses cheveux dénoués qui maintenant, surtout en bas, sont eux aussi alourdis par l'onguent et plus foncés que sur le sommet de la tête. Les pieds de Jésus sont lisses et doux avec leur couleur de vieil ivoire, comme s'ils étaient couverts d'un nouvel épiderme. Et Marie chausse de nouveau les sandales au Christ, et elle baise chaque pied avant et après de le chausser, sourde à tout ce qui n'est pas son amour pour Jésus. Jésus la défend en posant une main sur la tête de Marie inclinée dans le dernier baiser et en disant: “Laissez-la faire. Pourquoi lui donnez-vous peine et ennui? Vous ne savez pas ce qu'elle a fait. Marie a accompli envers Moi une action juste et bonne. Les pauvres il y en aura toujours parmi vous. Moi, je vais m'en aller. Eux, vous les aurez toujours, mais Moi, bientôt, vous ne m'aurez plus. Aux pauvres, vous pourrez toujours donner une obole. À Moi, d'ici peu, au Fils de l'homme parmi les hommes, il ne sera plus possible de donner aucun honneur, par la volonté des hommes et parce que l'heure est venue. Pour elle, l'amour est lumière. Elle sent que je vais mourir et elle a voulu donner à l'avance à mon corps les onctions pour sa sépulture. En vérité je vous dis que là où sera prêchée la Bonne Nouvelle, on fera mémoire de son acte d'amour prophétique. Dans le monde entier, dans tous les siècles. Plaise à Dieu de faire de toute créature une autre Marie, qui ne calcule pas la valeur, qui ne nourrit pas d'attachement, qui ne conserve pas de souvenir, même le plus petit du passé, mais détruit et piétine tout ce qui est de la chair et du monde, et se brise et se répand, comme elle a fait du nard et de l'albâtre, sur son Seigneur et par amour pour Lui. Ne pleure pas, Marie. Je te répète, à cette heure, les paroles que j'ai dites au pharisien Simon et à Marthe ta sœur: "Tout t'est pardonné parce que tu as su aimer totalement". Tu as choisi la meilleure part, et elle ne te sera pas enlevée. Va en paix, ma douce brebis retrouvée. Va en paix. Les pâturages de l'amour seront ta nourriture éternellement. Lève-toi. Baise aussi mes mains qui t'ont absoute et bénie… Combien elles en ont absous, bénis, comblés de bienfaits, mes mains! Et pourtant je vous dis que le peuple que j'ai comblé est en train de préparer pour ces mains la torture…”Il se fait un lourd silence dans la lourde atmosphère du parfum pénétrant. Marie, les cheveux dénoués sur les épaules pour lui servir de manteau et sur le visage pour lui servir de voile, baise la main droite que Jésus lui présente, et ne sait pas en détacher les lèvres…Marthe, émue, s'approche d'elle et rassemble ses cheveux, les tresse en la caressant ensuite et en laissant couler les larmes sur les joues en essayant de les essuyer…Personne n'a plus envie de manger… Les paroles du Christ les rendent pensifs. Le premier qui se lève, c'est Jude d'Alphée. Il demande la permission de se retirer. Son frère Jacques l'imite, et de même André et Jean. Il reste les autres, mais déjà debout, occupés à se purifier les mains dans les bassins d'argent que les serviteurs leur présentent. Marie et Marthe le font avec le Maître et Lazare. Un serviteur entre et se penche pour parler à Maximin. “Maître” dit ce dernier après l'avoir écouté “il y a des personnes qui voudraient te voir. Elles viennent de loin, disent-elles. Que faisons-nous?” Jésus appelle Philippe, Jacques de Zébédée et Thomas et ordonne: “Allez, évangélisez, guérissez, agissez en mon nom. Annoncez que demain je monterai au Temple.” “Sera-t-il bien de le dire, Seigneur?” demande Simon le Zélote. “Il est inutile de le taire, car c'est déjà dit par les ennemis, plus que par les amis, dans la Cité Sainte. Allez!” “Hum! Tant que le savent les amis… on le sait. Mais eux ne trahissent pas. Je ne sais pas comment peuvent le savoir les autres.” “Parmi les nombreux amis, il y a toujours quelqu'ennemi, Simon de Jonas. Trop nombreux sont désormais… les amis, et avec trop de facilité on les accueille comme tels. Quand on pense combien moi, j'ai dû prier et attendre!… Mais c'était les premiers temps et on était circonspect. Puis les triomphes ont ébloui et on ne fut plus circonspect. Et ce fut un mal. Mais cela arrive à tous ceux qui sont victorieux. Les victoires offusquent la limpidité du regard et affaiblissent la prudence dans l'action. Je parle de nous disciples, naturellement, pas du Maître. Lui est parfait. Si nous étions restés à douze, on ne devrait pas trembler par crainte de trahison!” dit Judas de Kériot en mentant effrontément. Il est impossible de décrire le regard que le Christ pose sur l'apôtre traître. Un regard de rappel et de douleur infinis. Mais Judas n'y prête pas attention. Passant devant la table, il se dirige pour sortir… Jésus le suit du regard et quand il voit que réellement il sort, il lui demande: “Où vas-tu?” “Dehors…” répond évasivement Judas. “Hors de cette pièce, ou hors de la maison?” “Dehors… Ainsi… Pour marcher un peu.” “Ne pars pas, Judas. Reste avec Moi, avec nous…” “Tes frères sont sortis et de même Jean avec André. Pourquoi ne dois-je pas sortir, moi?” “Tu ne sors pas pour te reposer comme eux…” Judas ne répond pas, mais entêté, il sort. Dans la salle, on ne parle plus. Les hôtes et les quatre apôtres qui sont restés se regardent entre eux. Jésus regarde dehors. Il s'est levé pour aller à une fenêtre afin de suivre les mouvements de Judas. Quand il le voit sortir de la maison avec le manteau qu'il a déjà endossé, et se diriger vers le portail que de là on ne voit pas, il l'appelle à haute voix: “Judas! Attends-moi. J'ai quelque chose à te dire” et il repousse doucement Lazare qui, devinant une douleur en son Maître, l'avait entouré d'un bras à la taille, et il sort de la salle pour rejoindre Judas qui a continué de marcher, bien que plus lentement. Il le rejoint à un bon tiers de la distance de la maison à l'enceinte du jardin, près d'un bosquet d'arbustes aux feuilles épaisses. Ces feuilles semblent de céramique vert sombre, toutes parsemées de petites fleurs à trochet, et chaque fleur est une petite croix avec de lourds pétales comme s'ils étaient faits de cire à peine jaunie, au parfum intense. Je n'en connais pas le nom. Il l'attire derrière ce massif et, en lui tenant la main toujours serrée sur l'avant bras, il lui demande de nouveau: “Où vas-tu, Judas? Je t'en prie, reste ici!” “Toi qui sais tout, pourquoi me le demandes-tu? Quel besoin as-tu de demander? Toi qui lis dans le cœur des hommes? Tu sais que je vais chez mes amis. Tu ne me permets pas d'y aller. Eux m'appellent. J'y vais.” “Tes amis! Ta ruine dois-tu dire! C'est vers elle que tu vas. Tu vas vers tes vrais assassins. N'y va pas, Judas! N'y va pas! Tu vas commettre un crime… Tu…” “Ah! tu as peur?! Tu as peur finalement?! Tu te sens homme, finalement! Tu es un homme! Rien de plus qu'un homme! Car l'homme seul a peur de la mort. Dieu sait qu'Il ne peut mourir. Si tu te sentais Dieu, tu saurais que tu ne peux mourir et tu n'aurais pas peur. En effet, Toi, maintenant, maintenant que tu sens la mort prochaine, tu l'as cette peur commune à tous les hommes et tu cherches par tous les moyens à l'éloigner, et tu vois partout et en toute chose un danger. Où sont tes belles audaces? Où sont tes affirmations pleines d'assurance que tu es content, que tu as soif d'accomplir le Sacrifice? Tu n'en as plus même un écho dans le cœur! Tu croyais qu'elle ne viendrait jamais cette heure, et alors tu faisais le brave, le généreux, tu disais des phrases solennelles. Va! Tu ne vaux pas mieux que ceux auxquels tu reproches d'être hypocrites! Tu nous as flattés et trahis. Et nous qui avions pour Toi quitté toutes choses! Nous, qui à cause de Toi, sommes haïs! Tu es la cause de notre ruine…” “Suffit. Va! Va! Il ne s'est pas passé beaucoup d'heures depuis que tu m'as dit: "Aide-moi à rester. Défends-moi!" Je l'ai fait. À quoi cela a-t-il servi? Dis-moi encore une chose et réfléchis avant de la dire. Est-ce ta pure volonté? Celle d'aller chez tes amis, de les préférer à Moi?” “Oui. C'est cela. Je n'ai pas besoin de réfléchir, car depuis longtemps je n'ai que cette volonté.” “Et alors, va! Dieu ne violente pas la liberté de l'homme” et Jésus lui tourne le dos pour revenir lentement vers la maison. Quand il en est proche, il lève la tête, attiré par le regard que Lazare, toujours debout à la même place, tient fixé sur Lui. C'est un visage bien pâle qui s'efforce de sourire à l'ami fidèle. Il rentre dans la salle où les quatre apôtres parlent avec Maximin, pendant que Marthe et Marie dirigent le travail des serviteurs qui remettent la salle en ordre en enlevant les nappes et les serviettes qui ont servi pendant le repas. Lazare est allé sur le seuil et entouré de nouveau Jésus à la ceinture et, en passant devant un serviteur, il lui dit: “Apporte-moi le rouleau qui est sur la table de mon cabinet de travail.” Il mène Jésus sur l'un de ces larges sièges qui sont dans l'encadrement des fenêtres pour qu'il s'y assoie. Mais Jésus reste debout, s'efforçant de prêter attention à ce que Lui dit Lazare… Mais il est visible que sa pensée est ailleurs et qu'il a le cœur très affligé, bien que quand il s'aperçoit qu'il est observé par les apôtres, il sourit pour dissiper le soupçon qui existe dans le cœur de qui l'a approché en l'entourant et qui bavarde avec son voisin et fait un clin d'œil qui désigne le Maître. Le serviteur revient avec le rouleau. Pierre qui a vu que ces parchemins contiennent des choses plus élevées que ce que sa tête peut comprendre, se retire en disant: “Les poissons ne mordent pas à certains appâts. Mieux vaut parler avec Maximin d'arbres et de cultures.” Marthe continue son travail. Marie, tout en se taisant, prend part à la conversation de Lazare qui signale au Maître certains passages écrits sur le parchemin, en disant: “N'a-t-il pas une voyance singulière, ce païen, plus que beaucoup d'entre nous? Peut-être… s'il avait été ici pendant que tu es notre Maître, il aurait été parmi tes disciples et un des meilleurs. Et il t'aurait compris comme beaucoup d'entre nous n'en sont pas capables. Et ce poème aurait attiré à son génie l'admiration pour Toi! Tes paroles recueillies et conservées par un esprit qui est lumineux tout en étant celui d'un païen! Ta vie écrite par cette intelligence ouverte et limpide! Nous n'avons plus d'écrivains ni de poètes. Tu es né trop tard, quand l'égoïsme et la corruption socioreligieuse ont éteint en nous la poésie et le génie. Ce que, sans te connaître, ont écrit de Toi nos sages et nos prophètes ne s'est pas rencontré dans la parole vivante de l'un de ceux qui te suivent. Tes préférés, tes fidèles sont, pour la plupart, des gens sans instruction. Et les autres… Non. Nous n'avons plus des Qoléhet pour transmettre aux foules les paroles de ta sagesse et ta figure. Nous ne les avons plus, car il manque l'esprit et la volonté, plus que la capacité de le faire. La partie la plus choisie humainement d'Israël, est sourde comme une trompette détériorée, et ne sait plus chanter les gloires et les merveilles de Dieu. Je crains que tout se perde ou soit altéré en partie par incapacité, en partie par mauvaise volonté…” “Cela n'arrivera pas. L'Esprit du Seigneur, quand il sera établi à l'intérieur des cœurs, répétera mes paroles et en expliquera le sens. C'est l'Esprit de Dieu qui parle sur les lèvres du Christ. Puis… Puis, Il parlera directement aux esprits et Il rappellera mes paroles.” “Oh! que ce soit bientôt! Bientôt, parce que tes paroles sont si peu écoutées et encore moins comprises. Je pense qu'il sera violent comme le feu qui flambe, le rugissement de l'Esprit Saint pour graver dans les esprits par la violence ce qu'ils n'ont pas voulu accueillir parce que c'était plein de douceur. Je pense que l'Esprit flamboyant brûlera de ses flammes les consciences tièdes et engourdies pour écrire sur elles tes paroles. Le monde devra t'aimer. Le Très-Haut le veut! Mais quand sera-ce?” “Quand je me serai consumé dans le Sacrifice d'amour. Alors l'Amour viendra. Il sera comme la belle flamme qui s'élève de la Victime immolée, et cette flamme ne s'éteindra pas car le Sacrifice ne cessera pas. Une fois établi, il durera pendant tout le temps de la Terre.” “Mais alors… Tu devrais être réellement immolé pour que cela arrive?” “C'est cela.” Jésus fait son geste habituel d'adhésion à son propre sort. Il étend les bras avec les mains tournées à l'extérieur et incline la tête. Puis il la relève pour sourire à Lazare affligé, et il dit: “Pourtant elle ne sera pas violente comme un rugissement la voix immatérielle de l'Esprit d'Amour, mais elle sera douce comme l'amour, qui est suave comme le vent de nisan et pourtant fort comme la mort. L'ineffable ministère de l'Amour! Le complément, l'accomplissement de mon ministère. La perfection de mon ministère de Maître… Je ne crains pas, comme tu le crains, que rien se perd de ce que j'ai donné. Au contraire, je te dis en vérité, que des rayons de lumières seront jetés sur mes paroles et que vous en verrez l'esprit. Moi, je m'en vais sereinement parce que je confie ma doctrine à l'Esprit Saint et mon esprit à mon Père.” Il baisse la tête en réfléchissant, et puis il pose le rouleau qui a été à l'origine de la conversation sur une espèce de haute crédence ou un coffre d'ébène, ou d'un autre bois de couleur foncée, tout marqueté d'ivoire jaune, que quatre serviteurs ont apporté de la pièce voisine et où Marthe range les nappes les plus précieuses. Il dit ensuite: “Lazare, viens dehors. J'ai besoin de te parler!” “Tout de suite, Seigneur” et Lazare se lève du siège sur lequel il était assis et il suit Jésus dans le jardin où la lumière baisse, car la dernière clarté du jour est en train de mourir dans le ciel et faiblement encore le clair de lune commence de se manifester.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 21 mars 2021, Cinquième dimanche de Carême

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 12,20-33.
Parmi les Grecs qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu durant la Pâque, quelques-uns abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée. Ils lui firent cette demande: « Nous voudrions voir Jésus. » Philippe va le dire à André ; et tous deux vont le dire à Jésus. Alors Jésus leur déclare : « L'heure est venue pour le Fils de l'homme d'être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s'il meurt, il donne beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perd ; celui qui s'en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle. Si quelqu'un veut me servir, qu'il me suive ; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera. Maintenant je suis bouleversé. Que puis-je dire ? Dirai-je : Père, délivre-moi de cette heure ? - Mais non ! C'est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! » Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l'ai glorifié et je le glorifierai encore. » En l'entendant, la foule qui se tenait là disait que c'était un coup de tonnerre ; d'autres disaient : « C'est un ange qui lui a parlé. » Mais Jésus leur répondit : « Ce n'est pas pour moi que cette voix s'est fait entendre, c'est pour vous. Voici maintenant que ce monde est jugé ; voici maintenant que le prince de ce monde va être jeté dehors ; et moi, quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai à moi tous les hommes. » Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta
  • Traduction de 2017 : Tome 9, Ch 598, p 481
  • Ancienne traduction :  Tome 9, Ch 17, p 148
  • CD 9, piste 52
  • USB Tome 9, piste 52
(...) Écoutez. Il est dit de Moi: "Un rejeton sortira de la racine de Jessé, une fleur viendra de cette racine et sur Lui reposera l'Esprit du Seigneur. Il ne jugera pas selon ce qui apparaît aux yeux, il ne condamnera pas pour ce que l'on entend avec les oreilles, mais il jugera les pauvres avec justice et prendra la défense des humbles. Le rejeton de la racine de Jessé, placé comme un signe parmi les nations, sera invoqué par les peuples et son tombeau sera glorieux. Lui, après avoir élevé sa bannière pour les nations, réunira les réfugiés d'Israël, les gens dispersés de Juda, il les rassemblera des quatre points de la Terre". Il est dit de Moi: "Voici, le Seigneur Dieu vient avec puissance, son bras triomphera. Il porte avec Lui sa récompense, Il a son œuvre devant ses yeux. Comme un berger, Il fera paître son troupeau". Il est dit de Moi: "Voici mon Serviteur avec lequel Je serai, en qui se complaît mon âme. En Lui J'ai répandu mon esprit. Il amènera la justice parmi les nations. Il ne criera pas, il ne brisera pas le roseau fêlé, il n'éteindra pas la mèche qui fume encore, il fera justice selon la vérité. Sans être triste ou turbulent, il arrivera à établir sur la Terre la justice, et les îles attendront sa loi". Il est dit de Moi: "Moi, le Seigneur, Je t'ai appelé dans la justice, Je t'ai pris par la main, Je t'ai préservé, Je t'ai fait alliance du peuple et lumière des nations pour ouvrir les yeux aux aveugles et tirer de la prison les prisonniers, et de la prison souterraine ceux qui gisent dans les ténèbres". Il est dit de Moi: "L'Esprit du Seigneur est sur Moi, car le Seigneur m'a oint pour annoncer la Bonne Nouvelle à ceux qui sont doux, pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour annoncer la liberté aux esclaves, la libération aux prisonniers, pour annoncer l'année de grâce du Seigneur". Il est dit de Moi: "Il est le Fort, il fera paître le troupeau avec la force du Seigneur, avec la majesté du nom du Seigneur son Dieu. Ils se convertiront à Lui, parce que dès à présent il sera glorifié jusqu'aux derniers confins du monde". Il est dit de Moi: "J'irai Moi-même à la recherche de mes brebis. J'irai à la recherche des égarées, je ramènerai celles qui ont été chassées, j'attacherai celles qui ont des fractures, je restaurerai les faibles, je surveillerai celles qui sont grosses et robustes, je les ferai paître avec justice". Il est dit: "Il est le Prince de la paix et il sera la paix". Il est dit: "Voici que vient ton Roi, le Juste, le Sauveur. Il est pauvre, il chevauche un ânon. Il annoncera la paix aux nations. Sa domination ira d'une mer à l'autre jusqu'aux extrémités de la Terre". Il est dit: "Septante semaines ont été fixées pour ton peuple, pour ta cité sainte afin que soit enlevée la prévarication, que le péché prenne fin, que soit effacée l'iniquité, que vienne l'éternelle justice, que soient accomplies les visions et les prophéties, et que soit oint le Saint des Saints. Après sept plus soixante-deux viendra le Christ. Après soixante-deux, il sera mis à mort. Après une semaine, il confirmera le testament, mais au milieu de la semaine feront défaut les hosties et les sacrifices et ce sera dans le Temple l'abomination de la désolation et elle durera jusqu'à la fin des siècles". Il n'y aura donc plus d'hosties en ces jours? L'autel n'aura pas de victimes? Il aura la grande Victime. Voilà que la voit le prophète: "Quel est celui qui vient avec les vêtements teints en rouge? Il est beau dans son vêtement et il marche dans la grandeur de sa force". Et comment, Celui qui est pauvre, a-t-il teint son vêtement de pourpre? Voilà que le dit le prophète: "J'ai abandonné mon corps à ceux qui le frappaient, mes joues à celui qui m'arrachait la barbe, je n'ai pas éloigné mon visage de celui qui m'outrageait. Ma beauté et ma splendeur se sont perdues, et les hommes ne m'ont plus aimé. Les hommes m'ont méprisé, considéré comme le dernier! Homme de douleurs, mon visage sera voilé et méprisé et ils me regarderont comme un lépreux, alors que c'est pour tous que je serai couvert de plaies et mis à mort. Voici la Victime. Ne crains pas, ô Israël! Ne crains pas! L'Agneau pascal ne fait pas défaut! Ne crains pas, ô Terre! Ne crains pas. Voici le Sauveur. Comme une brebis il sera conduit à l'abattoir parce qu'il l'a voulu, et il n'a pas ouvert la bouche pour maudire ceux qui le tuent. Après sa condamnation, il sera élevé et consumé dans les souffrances, il aura ses membres déboîtés, ses os découverts, ses pieds et ses mains transpercés. Mais après l'angoisse par laquelle il justifiera un grand nombre, il possédera les multitudes parce que, après avoir livré sa vie à la mort pour le salut du monde, il ressuscitera et gouvernera la Terre, il nourrira les peuples avec les eaux vues par Ézéchiel, qui sortaient du vrai Temple qui, s'il est abattu, se relève par sa propre force, avec le vin dont s'est aussi empourpré le blanc vêtement de l'Agneau sans tache, et avec le Pain venu du Ciel". Assoiffés, venez aux eaux! Affamés, nourrissez-vous! Épuisés et vous malades, buvez mon vin! Venez, vous qui n'avez pas d'argent, vous qui n'avez pas de santé, venez! Et vous qui êtes dans les Ténèbres! Et vous qui êtes morts, venez! Je suis la Richesse et le Salut. Je suis la Lumière et la Vie. Venez, vous qui cherchez le Chemin! Venez, vous qui cherchez la Vérité! Je suis le Chemin et la Vérité! Ne craignez pas de ne pas pouvoir consommer l'Agneau parce que manquent les hosties vraiment saintes dans ce Temple profané. Tous vous aurez à manger de l'Agneau de Dieu venu pour enlever les péchés du monde, comme l'a dit de Moi le dernier des prophètes de mon peuple. De ce peuple auquel je demande: Mon peuple, que t'ai-je fait? En quoi t'ai-je contristé? Que pouvais-je te donner de plus que ce que je t'ai donné? J'ai instruit tes intelligences, j'ai guéri tes malades, j'ai comblé de bienfaits tes pauvres, j'ai rassasié tes foules, je t'ai aimé en tes enfants, j'ai pardonné, j'ai prié pour toi. Je t'ai aimé jusqu'au Sacrifice. Et toi, que prépares-tu pour ton Seigneur? Une heure, la dernière, t'est donnée, ô mon peuple, ô ma cité royale et sainte. Reviens en cette heure au Seigneur ton Dieu!” “Il a dit les vraies paroles!” “C'est ainsi qu'il est dit! Et Lui fait vraiment ce qui est dit!” “Comme un berger, il a eu soin de tous!” “Comme si nous étions des brebis dispersées, malades, dans le brouillard, il est venu nous amener au vrai chemin, nous guérir âme et corps, nous éclairer.” “Vraiment tous les peuples viennent à Lui. Regardez là ces gentils comme ils sont dans l'admiration!” “Il a annoncé la paix.” “Il a donné l'amour.” “Je ne comprends pas ce qu'il dit du sacrifice. Il parle comme si on devait le tuer.” “C'est ainsi, s'il est l'Homme vu par les prophètes, le Sauveur.” “Et il parle comme si tout le peuple devait le maltraiter. Cela n'arrivera jamais. Le peuple, nous, nous l'aimons.” “C'est notre ami. Nous le défendrons.” “Il est galiléen, et nous de Galilée, nous donnerons notre vie pour Lui.” “Il vient de David, et nous ne lèverons notre main que pour le défendre, nous de Judée.” “Et nous qu'il a aimés comme il vous a aimés vous, nous de l'Auranitide, de la Pérée, de la Décapole, pourrions-nous l'oublier? Tous, tous nous le défendrons.” Telles sont les paroles dans la foule désormais très nombreuse. Fragilité des intentions humaines! D'après la position du soleil, je juge qu'il doit être environ neuf heures du matin. Vingt-quatre heures plus tard, ces gens seront depuis plusieurs heures autour du Martyr pour le torturer par la haine et les coups, et hurler pour demander sa mort. Peu, très peu, trop peu parmi les milliers de personnes qui se pressent de tous les endroits de la Palestine et d'au-delà, et qui ont eu lumière, santé, sagesse, pardon du Christ, seront ceux qui non seulement ne chercheront pas à l'arracher à ses ennemis, parce que leur petit nombre par rapport à la multitude de ceux qui le frappent les en empêche, mais aussi ne sauront pas le réconforter en Lui donnant une preuve d'amour et en le suivant avec un visage ami. Les louanges, les marques de sympathie, les commentaires admiratifs se répandent dans la vaste cour comme les flots qui, de la haute mer, s'en vont au loin mourir sur le rivage.
Des scribes, des pharisiens, des juifs tentent de neutraliser l'enthousiasme du peuple, et aussi la fermentation du peuple contre les ennemis du Christ, en disant: “Il délire. Sa lassitude est si grande qu'elle l'amène à délirer. Il voit des persécutions là où il y a des honneurs. Sa parole a des torrents de sa sagesse habituelle, mais mêlés à des phrases de délire. Personne ne veut Lui faire du mal. Nous avons compris, compris qui il est…” Mais les gens se méfient d'un pareil changement d'humeur et quelqu'un parmi eux se révolte en disant: “Il a guéri mon fils dément. Je sais ce que c'est que la folie. Ce n'est pas ainsi que parle quelqu'un qui est fou!” Et un autre: “Laisse-les dire. Ce sont des vipères qui ont peur que le bâton du peuple leur brise les reins. Ils chantent pour nous tromper le doux chant du rossignol, mais si tu écoutes bien, il y a le sifflement du serpent.” Et un autre encore: “Sentinelles du peuple du Christ, garde à vous! Quand l'ennemi caresse, il a le poignard caché dans sa manche et il allonge la main pour frapper. Les yeux ouverts et le cœur prêt! Les chacals ne peuvent devenir des agneaux dociles.” “Tu dis bien: le hibou réjouit et enchante les oiseaux naïfs par l'immobilité de son corps et la gaieté menteuse de son salut. Il rit et invite par son cri, mais il est déjà prêt à dévorer.” Et c'est ainsi d'un groupe à l'autre. Mais il y a aussi les gentils, ces gentils qui toujours plus nombreux ne manquent pas d'écouter le Maître en ces jours de fête. Toujours en marge de la foule, car l'exclusivisme hébreu-palestinien est très fort et il les repousse, voulant les premières places autour du Maître, mais eux désirent l'approcher et Lui parler. Un groupe nombreux d'entre eux aperçoit Philippe que la foule a refoulé dans un coin. Ils s'approchent de lui pour lui dire: “Seigneur, nous voudrions voir de près Jésus, ton Maître, et Lui parler au moins une fois.” Philippe se dresse sur la pointe des pieds pour voir s'il découvre quelqu'apôtre plus près du Seigneur. Il voit André et lui crie après l'avoir appelé: “Il y a ici des gentils qui voudraient saluer le Maître. Demande-lui s'il veut les accueillir.” André, séparé de Jésus par quelques mètres, serré dans la foule, se fraie un passage sans beaucoup d'égards, travaillant généreusement des coudes et criant: “Faites place! Faites place, dis-je! Je dois aller vers le Maître.” Il le rejoint et Lui transmet le désir des gentils. “Conduis-les dans ce coin. J'irai les trouver.” Et pendant que Jésus essaie de passer parmi les gens, Jean, qui est revenu avec Pierre, Pierre lui-même, Jude Thaddée, Jacques de Zébédée et Thomas, qui laisse le groupe de ses parents trouvés dans la foule pour aider ses compagnons, s'efforcent de Lui faire un chemin. Voilà Jésus là où sont déjà les gentils qui le saluent. “La paix à vous. Que voulez-vous de Moi?” “Te voir. Te parler. Tes paroles nous ont troublés. Depuis longtemps nous désirions te parler pour te dire que ta parole nous frappe, mais nous attendions de le faire à un moment propice. Aujourd'hui… Tu parles de mort… Nous craignons de ne plus pouvoir te parler si nous ne saisissons pas cette heure. Mais est-il possible que les hébreux puissent tuer leur meilleur fils? Nous sommes gentils, et ta main ne nous a pas fait du bien. Ta parole nous était inconnue. Nous avions entendu parler vaguement de Toi, mais nous ne t'avions jamais vu ni approché. Et pourtant, tu le vois! Nous te rendons hommage. C'est le monde entier qui t'honore avec nous.” “Oui, l'heure est venue où le Fils de l'homme doit être glorifié par les hommes et par les esprits.” Maintenant les gens entourent de nouveau Jésus, avec la différence que les gentils sont au premier rang, et les autres en arrière. “Mais alors, si c'est l'heure de ta glorification, tu ne mourras pas comme tu dis ou comme nous avons compris. Car ce n'est pas être glorifié de mourir de cette façon. Comment pourras-tu réunir le monde sous ton sceptre si tu meurs avant de l'avoir fait? Si ton bras s'immobilise dans la mort, comment pourras-tu triompher et rassembler les peuples?” “C'est en mourant que je donne la vie. En mourant, j'édifie. En mourant, je crée le Peuple nouveau. C'est dans le sacrifice que l'on a la victoire. En vérité je vous dis que si le grain de froment tombé sur la terre ne meurt pas, il reste infécond, mais si au contraire il meurt, voilà qu'il produit beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra. Celui qui hait sa vie en ce monde, la sauvera pour la vie éternelle. Moi, ensuite, j'ai le devoir de mourir pour donner cette vie éternelle à tous ceux qui me suivent pour servir la Vérité. Que celui qui veut me servir vienne: la place n'est pas limitée dans mon Royaume à tel ou tel peuple. Quiconque veut me servir qu'il vienne à Moi et me suive, et où je serai, sera aussi mon serviteur. Et celui qui me sert, sera honoré par mon Père, Unique, Vrai Dieu, Seigneur du Ciel et de la Terre, Créateur de tout ce qui existe, Pensée, Parole, Amour, Vie, Chemin, Vérité; Père, Fils, Esprit Saint, Un en étant Trin, Trin tout en étant Unique, Seul, Vrai Dieu. Mais maintenant mon âme est troublée. Et que dirai-je? Je dirai peut-être: "Père sauve-moi de cette heure"? Non, parce que je suis venu pour cela: pour arriver à cette heure. Et alors je dirai: "Père glorifie ton Nom!"“ Jésus ouvre les bras en croix, une croix pourpre contre la blancheur des marbres du portique, il lève son visage en s'offrant, en priant, en montant avec son âme vers le Père. Et une voix, plus forte que le tonnerre, immatérielle en ce sens qu'elle ne ressemble à aucune voix d'homme, mais très sensible à toutes les oreilles, emplit le ciel serein de la magnifique journée d'avril et elle vibre, plus puissante que l'accord d'un orgue géant, d'une très belle tonalité et elle proclame: “Et Moi, Je l'ai glorifié et Je le glorifierai encore.” Les gens ont eu peur. Cette voix si puissante qu'elle a fait vibrer le sol et ce qui s'y trouve, cette voix mystérieuse, différente de toute autre, qui vient d'une source inconnue, cette voix qui emplit tout l'espace, du nord au midi, de l'orient à l'occident, terrorise les hébreux et stupéfait les païens. Les premiers, quand ils le peuvent, se jettent sur le sol, murmurant dans leur crainte: “Maintenant nous allons mourir! Nous avons entendu la voix du Ciel. Un ange Lui a parlé!” et ils se battent la poitrine en attendant la mort. Les seconds crient: “Un tonnerre! Un grondement! Fuyons! La Terre a rugi! Elle a tremblé!” Mais il est impossible de fuir dans cette cohue qui augmente lorsque les gens, qui étaient encore en dehors des murs du Temple, accourent à l'intérieur en criant: “Pitié pour nous! Courons! Ici, c'est le lieu saint. Il ne se fendra pas le mont où s'élève l'autel de Dieu!” Et ainsi chacun reste où il est, bloqué par la foule et l'épouvante. Sur les terrasses du Temple accourent les prêtres, les scribes, les pharisiens, qui étaient éparpillés dans ses méandres et les lévites et les stratèges, agités, stupéfaits. Mais de tous ceux-là ne descendent, parmi les gens qui sont dans les cours, pas d'autres que Gamaliel avec son fils. Jésus le voit passer, tout blanc dans son vêtement de lin qui est si blanc qu'il resplendit jusque sous le soleil éclatant qui le frappe. Jésus regarde Gamaliel, mais comme s'il parlait pour tout le monde, il élève la voix pour dire: “Ce n'est pas pour Moi, mais pour vous que cette parole est venue du Ciel.” Gamaliel s'arrête, se retourne et il transperce par les regards de ses yeux profonds et très noirs - que l'habitude d'être un maître vénéré comme un demi-dieu rend involontairement durs comme ceux des rapaces - le regard de saphir, limpide, doux, dans sa majesté, de Jésus… Et Jésus continue: “C'est maintenant le jugement de ce monde. C'est maintenant que le Prince des Ténèbres va être chassé dehors. Et Moi, quand je serai élevé j'attirerai tout à Moi, car c'est ainsi que le Fils de l'homme opérera le salut.” “Nous avons appris des livres de la Loi que le Christ vit éternellement. Et Toi tu te dis le Christ et tu dis que tu dois mourir. Et encore tu dis que tu es le Fils de l'homme et que tu sauverais parce qu'on t'élèvera. Qui es-tu donc? Le Fils de l'homme ou le Christ? Et qu'est-ce que le Fils de l'homme?” dit la foule qui reprend de la hardiesse. “Ce sont une unique personne. Ouvrez les yeux à la Lumière. C'est encore pour peu que la Lumière est avec vous. Marchez vers la Vérité tant que vous avez la Lumière parmi vous, afin que les Ténèbres ne vous surprennent pas. Ceux qui marchent dans l'obscurité ne savent pas où ils vont aboutir. Tant que vous avez la Lumière parmi vous, croyez en Elle, pour être fils de la Lumière.” Il se tait. La foule est perplexe et divisée. Une partie s'en va en secouant la tête. Une partie observe l'attitude des principaux dignitaires: pharisiens, chefs des prêtres, scribes… et spécialement de Gamaliel, et ils règlent leurs propres gestes sur cette attitude. D'autres encore approuvent de la tête et s'inclinent devant Jésus avec des signes très clairs qui veulent dire: “Nous croyons! Nous t'honorons pour ce que tu es.” Mais ils n'osent pas se déclarer ouvertement en sa faveur. Ils ont peur des yeux attentifs des ennemis du Christ, des puissants, qui les surveillent du haut des terrasses qui dominent les magnifiques portiques qui entourent l'enceinte du Temple. Gamaliel aussi, après être resté pensif quelques minutes, et qui semble interroger le pavé de marbre pour avoir une réponse aux questions qu'il se pose à lui-même, se dirige de nouveau vers la sortie après un mouvement de la tête et des épaules semblant traduire son désappointement ou son mépris… et il passe tout droit devant Jésus, sans plus le regarder. Jésus, de son côté, le regarde avec compassion… et il élève de nouveau la voix avec force - c'est comme une trompette de bronze - pour dépasser tous les bruits et être entendu par le grand scribe qui s'en va déçu. Il semble parler pour tout le monde, mais il est évident qu'il parle pour lui seul. Il dit d'une voix très forte: “Celui qui croit en Moi ne croit pas, en vérité, en Moi, mais en Celui qui m'a envoyé, et celui qui me voit, voit Celui qui m'a envoyé. Et Celui-là est bien le Dieu d'Israël! Car il n'y a pas d'autre Dieu que Lui. Aussi, je vous dis: si vous ne pouvez croire en Moi en tant que celui que l'on appelle fils de Joseph de David et fils de Marie, de la lignée de David, de la Vierge vue par le prophète, né à Bethléem, comme il est dit par les prophéties, précédé par le Baptiste, comme il est dit encore depuis des siècles, croyez au moins à la Voix de votre Dieu qui vous a parlé du Ciel. Croyez en Moi comme Fils de ce Dieu d'Israël. Que si vous ne croyez pas à Celui qui vous a parlé du Ciel, ce n'est pas Moi que vous offensez, mais votre Dieu dont je suis le Fils. N'ayez pas la volonté de rester dans les ténèbres! Je suis venu au monde comme Lumière afin que celui qui croit en Moi ne reste pas dans les ténèbres. Ne consentez pas à vous créer des remords que vous ne pourriez plus apaiser quand je serai retourné là d'où je suis venu, et qui seraient un bien dur châtiment de Dieu pour votre entêtement. Je suis prêt à pardonner tant que je suis parmi vous, tant que le jugement n'est pas fait, et en ce qui me concerne j'ai le désir de pardonner. Mais différente est la pensée de mon Père, car Moi, je suis la Miséricorde et Lui est la Justice. En vérité je vous dis que si quelqu'un écoute mes paroles et n'en tient pas compte, ce n'est pas Moi qui le juge. Je ne suis pas venu dans le monde pour le juger mais pour le sauver. Mais aussi si Moi je ne juge pas, en vérité je vous dis qu'il y a quelqu'un qui juge vos actions. Mon Père, qui m'a envoyé, juge ceux qui repoussent sa Parole. Oui, celui qui me méprise et ne reconnaît pas la Parole de Dieu et ne reçoit pas les paroles du Verbe, voilà ce qu'il a pour le juger: la parole même que j'ai annoncée, celle qui le jugera au dernier jour. On ne se moque pas de Dieu, est-il dit. Et le Dieu dont on s'est moqué sera terrible pour ceux qui l'auront jugé fou et menteur. Rappelez-vous tous que les paroles que vous m'avez entendu dire sont de Dieu. Car je n'ai pas parlé de Moi-même, mais le Père qui m'a envoyé, Lui-même, m'a prescrit ce que je dois dire et de quoi je dois parler. Et Moi, j'obéis à son commandement car je sais que son commandement est juste. Tout commandement de Dieu est Vie éternelle, et Moi, votre Maître, je vous donne l'exemple de l'obéissance à tout commandement de Dieu. Soyez donc certains que les choses que je vous ai dites et que je vous dis, je les ai dites et je les dis comme mon Père m'a dit de vous les dire. Et mon Père est le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob; le Dieu de Moïse, des patriarches et des prophètes, le Dieu d'Israël, votre Dieu.” Paroles de lumière qui tombent dans les ténèbres qui déjà s'épaississent dans les cœurs! Gamaliel, qui s'était de nouveau arrêté, la tête penchée reprend sa marche… D'autres le suivent en hochant la tête ou en ricanant. Jésus aussi s'en va… Mais avant il dit à Judas de Kériot: “Va où tu dois aller”, et aux autres: “Chacun est libre d'aller où il doit ou bien où il veut. Qu'avec Moi restent les disciples bergers.” “Oh! prends-moi aussi avec Toi, Seigneur!” dit Etienne. “Viens…” Ils se séparent. Je ne sais pas où va Jésus. Mais je sais où va Judas de Kériot. Il va à la Belle Porte, en montant des marches qui mènent de l'Atrium des Gentils à celui des femmes, et après l'avoir traversé, en montant à son extrémité d'autres marches, il jette un coup d'œil dans l'Atrium des Hébreux et, fâché, il frappe le sol du pied parce qu'il ne trouve pas celui qu'il cherche. Il revient sur ses pas. Il voit un des gardes du Temple. Il l'appelle et lui ordonne avec son arrogance habituelle: “Va trouver Eléazar ben Anna. Qu'il vienne tout de suite à la Belle. Judas de Simon l'attend pour des choses graves.” Il s'appuie à une colonne et attend. Après un moment, Eléazar fils d'Anna, Elchias, Simon, Doras, Cornelius, Sadoc, Nahum et d'autres, accourent avec leurs vêtements qui volent au vent. Judas parle à voix basse, mais excitée: “Ce soir! Après la cène. Au Gethsémani. Venez-y et prenez-le. Donnez-moi l'argent.” “Non. Nous te le donnerons quand tu viendras nous prendre ce soir. Nous ne nous fions pas à toi! Nous te voulons avec nous. On ne sait jamais!” raille Elchias. Les autres l'approuvent en chœur. Judas s'enflamme de dédain à cause de l'insinuation. Il jure: “Je jure sur Jéhovah que je dis la vérité!” Sadoc lui répond: “C'est bien. Mais il vaut mieux faire ainsi. Quand c'est l'heure, tu viens, tu prends ceux qui sont chargés de la capture et tu vas avec eux. Qu'il n'arrive pas que les gardes imbéciles arrêtent Lazare au hasard et fassent arriver des malheurs. Tu leur indiqueras l'homme par un signe… Tu dois comprendre! C'est la nuit… il y aura peu de clarté… les gardes seront fatigués, endormis… Mais si tu les guides!… Voilà! Qu'en dites-vous?” Il se tourne vers ses compagnons le perfide Sadoc, et il dit: “Je proposerais comme signal un baiser. Un baiser! Le meilleur signe pour indiquer l'ami trahi. Ah! Ah!” Tous rient: un chœur de démons ricanant. Judas est furieux, mais il ne recule pas. Il ne recule plus. Il souffre pour le mépris qu'ils lui montrent, non pas pour ce qu'il va faire, si bien qu'il dit: “Mais rappelez-vous que je veux l'argent compté dans la bourse avant de sortir d'ici avec les gardes.” “Tu l'auras! Tu l'auras! Nous te donnerons même la bourse pour que tu puisses garder l'argent, comme une relique de ton amour. Ah! Ah! Ah! Adieu, serpent!” Judas est livide. Il est déjà livide. Il ne perdra jamais plus cette couleur et cette expression d'épouvante désespérée. Au contraire, avec les heures, elle s'accentuera toujours jusqu'à être insoutenable à la vue quand il sera pendu à l'arbre… Il s'enfuit… Jésus s'est réfugié dans le jardin d'une maison amie, un jardin tranquille des premières maisons de Sion. Il est entouré de murs élevés et anciens. Il est silencieux et frais, couvert comme il l'est par les feuillages un peu agités des vieux arbres. Une voix de femme peu lointaine chante une douce berceuse. Il a dû se passer des heures car les serviteurs de Lazare, de retour après être allés je ne sais où, disent: “Tes disciples sont déjà dans la maison où on prépare la cène et Jean, après avoir apporté avec nous les fruits aux enfants de Jeanne de Chouza, s'en est allé prendre les femmes pour les accompagner chez Joseph d'Alphée, qui est venu seul aujourd'hui, alors que sa mère ne comptait plus le voir, et puis, de là, à la maison de la cène car c'est le soir.” “Nous irons nous aussi. Elles sont arrivées les heures des cènes…” Jésus se lève pour remettre son manteau. “Maître, il y a là dehors des personnes, des personnes fortunées. Elles voudraient te parler sans être vues par les pharisiens” dit un serviteur. “Fais-les entrer. Esther ne s'y opposera pas. N'est-ce pas, femme?” dit Jésus en se tournant vers une femme d'âge mûr qui accourt pour le saluer. “Non, Maître. Ma maison est la tienne, tu le sais. Tu ne t'en es servi que trop peu!” “Autant qu'il faut pour dire à mon cœur: c'était une maison amie.” Il commande au serviteur: “Conduis ceux qui attendent.” Il entre une trentaine de personnes bien mises. Elles le saluent. Quelqu'un parle au nom de tous: “Maître, tes paroles nous ont secoués. Nous avons entendu en Toi la voix de Dieu. Mais ils nous traitent de fous parce que nous croyons en Toi. Que faire alors?” “Ce n'est pas à Moi qu'il croit celui qui croit en Moi, mais il croit à Celui qui m'a envoyé et dont aujourd'hui vous avez entendu la voix très sainte. Ce n'est pas Moi que voit celui qui me voit, mais il voit Celui qui m'a envoyé, car je suis une seule chose avec mon Père. À cause de cela, je vous dis que vous devez croire pour ne pas offenser Dieu, qui est mon Père et le vôtre, et qui vous aime jusqu'à sacrifier son Fils Unique. S'il y a des doutes dans les cœurs que je sois le Christ, il n'y a pas de doute que Dieu est au Ciel, et la voix de Dieu que j'ai appelé Père, aujourd'hui, au Temple, en Lui demandant de glorifier son Nom, a répondu à Celui qui l'appelait Père, et sans Lui dire "menteur ou blasphémateur" comme disent plusieurs. Dieu a confirmé qui je suis: sa Lumière. Je suis la Lumière venue au monde afin que celui qui croit en Moi ne reste pas dans les Ténèbres. Si quelqu'un entend mes paroles et ensuite ne les met pas en pratique, Moi je ne le juge pas. Je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour sauver le monde. Celui qui me méprise et ne reçoit pas mes paroles a quelqu'un qui le juge. La parole que j'ai annoncée, c'est elle qui le jugera au dernier jour. En effet, elle était sage, parfaite, douce, simple, comme l'est Dieu. Car cette Parole, c'est Dieu. Ce n'est pas Moi, Jésus de Nazareth, appelé le fils de Joseph le menuisier de la race de David et fils de Marie, enfant hébraïque, vierge de la race de David mariée à Joseph, qui ai parlé. Non. Je n'ai pas parlé de Moi-même, mais c'est mon Père, Celui qui est dans les Cieux et dont le nom est Jéhovah, Celui qui aujourd'hui a parlé, Celui qui m'a envoyé, qui m'a prescrit de dire ce que je dois dire et de quoi je dois parler. Et je sais que dans son commandement il y a la vie éternelle. Les choses donc que je dis, je les dis comme me les a dites le Père, et en elles il y a la Vie. C'est pour cela que je vous dis: écoutez-les. Mettez-les en pratique et vous aurez la Vie. Car ma parole est Vie, et celui qui l'accueille, accueille, en même temps que Moi, le Père des Cieux qui m'a envoyé pour vous donner la Vie. Et celui qui a Dieu en lui a en lui la Vie. Allez. Que la paix vienne à vous et y reste.” Il les bénit et les congédie. Il bénit aussi les disciples. Il retient seulement Isaac et Etienne. Il embrasse les autres et les congédie et, quand ils sont partis, il sort le dernier avec les deux, et il va avec eux par les ruelles les plus solitaires et déjà sombres, à la maison du Cénacle. Arrivé là, il embrasse et bénit avec un amour particulier Isaac et Etienne, il les baise, les bénit de nouveau, les regarde partir, et puis il frappe et entre…
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 14 mars 2021, Quatrième dimanche de Carême (Laetare)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 3,14-21.
De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici : quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. En effet, tout homme qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne lui soient reprochées ; mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient reconnues comme des œuvres de Dieu. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta
  • Traduction de 2017 : Tome 2, Ch 116, p 273
  • Ancienne traduction :  Tome 2, Ch 83, p 474
  • CD 2 (2 ème CD), piste 55
  • USB Tome 2, piste 170
Jésus est dans la cuisine de la maisonnette de l’Oliveraie au souper avec ses disciples. Ils parlent des événements de la journée, qui cependant n’est pas celle précédemment décrite, car je constate qu’on parle d’autres faits, parmi lesquels la guérison d’un lépreux survenue près des tombeaux sur la route de Bethphagé.“Il y avait aussi un centurion romain qui regardait” dit Barthélémy. Et il ajoute: “Il m’a demandé du haut de son cheval: "L’homme que tu suis fait souvent des choses semblables?" et à ma réponse affirmative il s’est écrié: "Alors, il est plus grand qu’Esculape et il deviendra plus riche que Crésus". J’ai répondu: "Il sera toujours pauvre aux yeux du monde, car il ne reçoit pas, mais il donne, et ne veut que des âmes pour les conduire au Dieu Vrai". Le centurion m’a regardé très étonné et puis, il a éperonné son cheval et s’en est allé au galop.” “Il y avait aussi une dame romaine dans sa litière. Ce ne pouvait être qu’une femme. Elle avait baissé les rideaux, mais jetait des coups d’œil au dehors. Voilà ce que j’ai vu” dit Thomas.“Oui, elle était au début de la courbe de la route. Elle avait donné l’ordre de s’arrêter quand le lépreux avait crié: "Fils de David, aie pitié de moi!" Il y avait le rideau déplacé et j’ai vu qu’elle t’a regardé avec une loupe précieuse et elle a ri ironiquement. Mais quand elle a vu que Toi, par ton seul commandement tu l’avait guéri! Alors, elle m’a appelé et m’a demandé: "Mais c’est celui qu’on donne pour le vrai Messie?". J’ai répondu que oui, et elle m’a dit: "Tu es avec Lui?" Et puis elle a demandé:Est-il vraiment bon? " “Jean a dit.“Alors, tu l’as vue. Comment était-elle?” demandent Pierre et Judas.“Bah!… une femme…” “Quelle découverte!” dit Pierre en riant. Et l’Iscariote poursuit: “Mais elle était belle, jeune, riche?” “Oui. Il me semble qu’elle était jeune, et belle également. Mais je regardais toujours vers Jésus plutôt que de son côté. Je voulais voir si le Maître se remettait en route…” “Imbécile!” murmure l’Iscariote entre ses dents.“Pourquoi?” dit Jacques de Zébédée pour le défendre. “Mon frère n’est pas un Ganymède en quête d’aventures. Il a répondu par politesse, mais il n’a pas manqué à sa première qualité.” “Laquelle?” demande l'Iscariote.“Celle d’un disciple qui garde pour son Maître son unique amour.”Judas baisse la tête, mécontent. “Et puis… ce n’est pas bien que l’on vous voie parler avec les Romains” dit Philippe. “Déjà ils nous accusent d’être Galiléens et, pour cette raison, moins "purs" que les Juifs. Et aussi par naissance. Puis, ils nous accusent de séjourner souvent à Tibériade, lieu de rendez-vous des Gentils, des Romains, des Phéniciens, des Syriens… Puis… encore… oh! de combien de choses ils nous accusent!…” “Tu es bon, Philippe, et tu mets un voile sur ce qu’a de dur la vérité que tu dis. Mais, sans voile, la vérité est là: de combien de choses ils m’accusent Moi” dit Jésus qui jusqu’alors s’est tu.“Au fond, ils n’ont pas tout à fait tort. Trop de contacts avec les païens” dit l'Iscariote. “Crois-tu que les païens sont uniquement ceux qui n’ont pas la loi mosaïque?” dit Jésus.“Et qui d’autres, alors?” “Judas!… Peux-tu jurer sur notre Dieu de ne pas avoir de paganisme dans ton cœur? Et puis jurer que les Israélites, les plus en vue, en sont indemnes?” “Mais, Maître… des autres, je n’en sais rien… mais moi… je peux le jurer en ce qui me concerne.” “Dans ta pensée, qu’est-ce que c’est que le paganisme?” demande encore Jésus. “Mais, c’est suivre une religion qui n’est pas vraie, adorer les dieux” réplique vivement Judas.“Quels dieux?” “Les dieux de la Grèce, de Rome, ceux d’Égypte… en somme les dieux aux mille noms, des êtres imaginaires qui, selon les païens peuplent leur Olympe.” “Il n’y a pas d’autres dieux? Seulement les dieux de l’Olympe?” “Et quels autres encore? N’y en a-t-il pas déjà trop?” “Trop. Oui, trop. Mais il y en a d’autres, sur les autels desquels tous les hommes viennent brûler de l’encens, même les prêtres, les scribes, les rabbins, les pharisiens, les saducéens, les hérodiens, ce sont toutes des personnes d’Israël, n’est-ce pas? Non seulement eux, mais même mes disciples.” “Ah! pour cela, non!” affirment-ils tous unanimement.“Non? Amis… Qui, parmi vous, n’a pas un culte secret ou plusieurs? Pour l’un, c’est la beauté et l’élégance. Pour un autre, l’orgueil de son savoir. Un autre encense l’espérance de devenir grand, humainement. Un autre encore adore la femme. Un autre l’argent… Un autre se prosterne devant son savoir… et ainsi de suite. En vérité, je vous dis qu’il n’y a pas d’homme qui ne soit marqué par l’idolâtrie. Comment alors dédaigner ceux qui, par malchance, sont païens, lorsque, malgré l’appartenance au Dieu Vrai, on reste païen dans sa volonté?” “Mais, nous sommes des hommes, Maître” s’exclament plusieurs.“C’est vrai. Mais alors… ayez de la charité pour tous, car Moi, je suis venu pour tous et vous n’êtes pas plus que Moi.” “Mais, en attendant, ils nous accusent, et ta mission en est entravée.” “Elle ira quand même de l’avant.”Pierre, assis près de Jésus et qui en est très heureux - pour cela il est bon, bon - il dit à son tour: “A propos de femmes, il y a peu de jours et même depuis que tu as parlé la première fois à Béthanie, après le retour de Jude, qu’une femme toute voilée ne cesse de nous suivre. Je ne sais comment elle fait pour connaître nos intentions. Je sais qu’au fond des groupes de gens du peuple qui t’écoutent si tu parles, ou en arrière des gens qui te suivent si tu marches, ou encore derrière nous, quand nous allons pour t’annoncer dans les campagnes, elle est presque toujours là. À Béthanie, la première fois, elle m’a murmuré derrière son voile: "Cet homme qui va parler, c’est bien Jésus de Nazareth?" Je lui ai dit que oui et le soir elle était derrière un tronc d’arbre à t’écouter. Puis, je l’avais perdue de vue. Mais, maintenant, ici, à Jérusalem, je l’ai vue deux ou trois fois. Aujourd'hui, je lui ai demandé: "As-tu besoin de Lui? Tu es malade? Tu veux une obole?" Elle m’a toujours répondu non par un signe de tête, car elle ne parle avec personne.” “Un jour elle m’a demandé: "Où habite Jésus?" Et je lui ai répondu: "Au Gethsémani" a dit Jean.“Bravo, imbécile!” dit l’Iscariote en colère. “Il ne fallait pas. Tu devais lui dire: "Dévoile-toi. Fais-toi connaître et je te le dirai".” “Mais, depuis quand devons-nous demander cela?!” s’exclame Jean, simple et innocent.“Quant aux autres, on les voit. Celle-là est toute voilée. C’est peut-être une espionne, ou une lépreuse. Elle ne doit pas nous suivre et savoir quoique ce soit. Si c’est une espionne, c’est pour nous faire du mal. Peut-être est-elle payée par le Sanhédrin qui veut qu’elle nous suive…” “Ah! il use de ces procédés, le Sanhédrin?” demande Pierre. “En es-tu sûr?” “Absolument certain. J’ai appartenu au Temple, et je sais.” “Ça par exemple!” commente Pierre. “A lui s’adapte, comme un capuchon, la raison indiquée par le Maître, il y a peu de temps…” “Quelle raison?” Judas est déjà rouge de colère. “C’est que même parmi les prêtres il y a des païens.” “Qu’est-ce que ça rentre avec le fait de payer un espion?” “Ça y entre et comment! Ça y est déjà, au contraire. Pourquoi payent-ils? Pour abattre le Messie et assurer leur triomphe. Ils s’élèvent donc sur l’autel avec leur âme malpropre sous des habits soignés” répond Pierre avec son bon sens populaire.“Bon, en somme” abrège Judas. “Cette femme est un danger pour nous ou pour la foule. Pour la foule si c’est une lépreuse, pour nous si c’est une espionne.” “C’est à dire: pour Lui, tout au plus” réplique Pierre.“Mais, si Lui tombe, nous tombons aussi…” “Ah! Ah!” dit Pierre en riant et il termine: “si on tombe, l’idole tombe en morceaux, on a risqué son temps, sa réputation et peut-être sa peau, et alors ah! ah!… et alors il vaut mieux chercher à empêcher sa chute ou… s’éloigner à temps, n’est-ce pas? Pour moi, au contraire, regarde. Je l’embrasse plus étroitement. S’il tombe, abattu par ceux qui sont traîtres de Dieu, je veux tomber avec Lui” et Pierre, de ses bras courts, enserre étroitement Jésus.“Je ne croyais pas avoir fait tant de mal, Maître” dit tout attristé Jean qui est en face de Jésus. “Frappe-moi, maltraite-moi, mais sauve-Toi. Malheur! si c’étais, moi, la cause de ta mort!… Oh! je ne pourrais plus retrouver la paix. Je sens que mon visage fondrait en larmes et que mes yeux en seraient brûlés. Qu’ai-je jamais fait! Judas a raison: je suis un sot!” “Non, Jean, tu n’es pas sot et tu as bien agi. Laissez-la venir. Toujours. Et respectez son voile. Elle peut l’avoir mis pour se défendre dans une lutte entre le péché et sa soif de rédemption. Savez-vous quelles blessures frappent un être quand cette lutte survient? Connaissez-vous ses pleurs et la rougeur qui lui monte au front? Tu as dit, Jean, cher fils au cœur enfantin et bon, que ton visage se creuserait par l’effet de tes pleurs intarissables si tu avais été pour Moi une cause de mal. Mais sache que lorsqu'une conscience qui s’éveille commence à ronger une chair qui a été péché, pour la détruire et triompher par l’esprit, elle doit forcément consumer tout ce qui a été attraction de la chair, et la créature vieillit, se fane sous l’ardeur de ce feu qui la travaille. Ce n’est qu’après, une fois que la rédemption a son terme, qu’elle se refait une nouvelle, sainte et plus parfaite beauté, car c’est la beauté de l’âme qui affleure du regard, du sourire, de la voix, de l’honnête hauteur du front sur lequel est descendu et resplendit comme un diadème le pardon de Dieu.” “Alors, je n’ai pas mal fait?…” “Non, et Pierre non plus n’a pas mal fait. Laissez-la faire. Et maintenant que chacun aille se reposer. Moi je reste avec Jean et Simon auxquels je dois parler. Allez.”Les disciples se retirent. Peut-être dorment-ils dans la pièce du pressoir d’huile. Je ne sais. Ils s’en vont et sûrement ne rentrent pas à Jérusalem, car les portes sont fermées depuis longtemps.“Tu as dit, Simon, que Lazare t’a envoyé Isaac avec Maximin aujourd'hui, pendant que j’étais près de la Tour de David. Que voulait-il?” “Il voulait te dire que Nicodème est chez lui et qu’il voulait te parler en secret. Je me suis permis de dire: "Qu’il vienne. Le Maître l’attendra pendant la nuit". Tu n’as que la nuit pour être seul. C’est pour cela que je t’ai dit: "Congédie tout le monde, sauf Jean et moi". Jean aura à se rendre au pont du Cédron, pour attendre Nicodème qui se trouve dans une des maisons de Lazare, hors les murs. Moi, j’ai servi à t’expliquer. Ai-je mal fait?” “Tu as bien fait. Va, Jean, prendre ta place.”Simon et Jésus restent seuls. Jésus est pensif. Simon respecte son silence. Mais Jésus le rompt tout à coup et, comme s’il terminait à haute voix une conversation intérieure, il dit: “Oui, c’est bien d’agir ainsi. Isaac, Élie, les autres suffisent pour garder vivante l’idée qui déjà prend corps parmi les bons et chez les humbles. Pour les puissants… il y a d’autres leviers. Il y a Lazare, Chouza, Joseph, d’autres encore… Mais les puissants… ne veulent pas de Moi. Ils craignent et tremblent pour leur puissance. J’irai loin de ce cœur juif, toujours plus hostile au Christ.” “Nous revenons en Galilée?” “Non, mais loin de Jérusalem. Il faut évangéliser la Judée. C’est aussi Israël. Mais ici, tu le vois… on exploite tout pour m’accuser. Je me retire. C’est pour la seconde fois…” “Maître, voici Nicodème” dit Jean en entrant le premier.On se salue et puis Simon prend Jean avec lui et sort de la cuisine, en laissant les deux seuls. “Maître, pardonne-moi si j’ai voulu te parler en secret. Je me méfie, pour Toi et pour moi, de beaucoup de gens. Ma conduite n’est pas uniquement lâche. Il y a aussi la prudence et le désir de t’aider plus que si je t’appartenais ouvertement. Tu as beaucoup d’ennemis. Je suis du petit nombre de ceux qui, ici t’admirent. J’ai pris conseil de Lazare. Lazare est puissant par sa naissance. On le craint parce qu’il est en faveur près de Rome, juste aux yeux de Dieu, sage par maturité d’esprit et par sa culture. Il est ton véritable ami et mon véritable ami. C’est pour cela que j’ai voulu m’entretenir avec lui et je suis heureux qu’il ait jugé de la même manière que moi. Je lui ai dit les dernières… discussions du Sanhédrin à ton sujet.” “Les dernières accusations. Dis simplement la vérité, toute nue, telle qu’elle est.” “Les dernières accusations. Oui, Maître. J’étais sur le point de dire: "Et bien, moi aussi, je suis des siens", pour qu’au moins, dans cette assemblée, il y eût quelqu'un en ta faveur. Mais Joseph, qui s’était approché de moi, m’a dit tout bas: "Tais-toi. Gardons secrète notre manière de voir. Je te dirai après". Et, à la sortie, il a dit, oui, il a dit: "Il vaut mieux ainsi. S’ils savent que nous sommes disciples, ils nous tiendront à l’écart de leurs pensées et de leurs décisions, et ils peuvent Lui nuire et nous nuire. S’ils pensent que nous sommes simplement intéressés à tout ce que Lui dit, ils n’agiront pas en cachette à notre égard". J’ai compris, qu’il avait raison. Ils sont tellement… mauvais! J’ai encore mes intérêts et mes devoirs… et Joseph aussi… Tu comprends, Maître.” “Je ne vous fais aucune .,réprimande. Avant que tu viennes, je disais cela à Simon. Et j’ai décidé aussi de m’éloigner de Jérusalem.” “Tu nous hais parce que nous ne t’aimons pas!” “Non. Je ne hais pas même mes ennemis.” “Tu le dis. Oui, c’est vrai. Tu as raison. Mais quelle douleur pour moi et Joseph! Et Lazare? Que dira Lazare qui, aujourd'hui même a décidé de te faire dire de quitter ce lieu pour aller dans une de ses propriétés de Sion. Tu sais? Lazare est puissamment riche. Une bonne partie de la ville lui appartient ainsi que beaucoup de terres de la Palestine. Le père, à sa fortune et à celle d'Euchérie de ta tribu et de ta famille, avait ajouté ce qui était une récompense des Romains à leur serviteur fidèle, et avait laissé à ses fils un important héritage. Mais ce qui a plus d’importance, une puissante amitié, bien que voilée, avec Rome. Sans elle, qui aurait sauvé de l’infamie toute sa maison, après la conduite infamante de Marie, son divorce reconnu uniquement parce que c’était "elle", sa vie licencieuse dans cette cité qui est son fief, et à Tibériade, l’élégant lupanar dont Rome et Athènes en ont fait un lieu de galants rendez-vous pour tant de gens du peuple élu? Vraiment, si le syrien Théophile avait été un prosélyte plus convaincu, il n’aurait pas donné à ses enfants cette éducation hellénisante qui tue tant de vertus et sème tant de voluptés. Bue et éliminée sans conséquences fâcheuses par Lazare et spécialement par Marthe, elle a contaminé Marie, qui s’est développée dans sa nature passionnée et a fait d’elle la fange de sa famille et de la Palestine! Non, sans la puissante faveur de Rome qui l’ombrage, plus qu’aux lépreux, on leur aurait envoyé l’anathème. Mais, puisqu'il en est ainsi, profite de la situation.” “Non. Je me retire. Qui me veut, viendra vers Moi.” “J’ai mal fait de parler.” Nicodème est effondré. “Non. Attends et sois-en persuadé.” Jésus ouvre une porte et appelle: “Simon! Jean! Venez vers Moi.” Les deux accourent. “Simon, dis à Nicodème ce que je te disais quand lui est entré.” “Que pour les humbles, il suffisait des bergers, que pour les puissants Lazare, Nicodème et Joseph avec Chouza, et que tu te retirais loin de Jérusalem sans pourtant abandonner la Judée. Voilà ce que tu disais. Pourquoi me le fais-tu répéter? Qu’est ce qui est arrivé?” “Rien. Nicodème craignait que je parte à cause de ses paroles.” “J’ai dit au Maître que le Sanhédrin Lui est de plus en plus hostile et que ce serait bien qu’il se mette sous la protection de Lazare. Il a protégé tes biens parce qu’il a Rome pour lui. Il protégerait aussi Jésus.” “C’est vrai. C’est un bon conseil. Bien que ma caste soit mal vue de Rome, pourtant une parole de Théophile m’a conservé mon avoir durant la proscription et la lèpre. Et Lazare t’est très attaché, Maître.” “Je le sais. Mais j’ai décidé et je fais ce que j’ai décidé.” “Nous allons te perdre, alors!” “Non, Nicodème. Vers le Baptiste viennent des hommes de toutes les sectes. Vers Moi pourront venir des hommes de toutes les sectes et de toutes situations.” “Nous venions à Toi, sachant que tu es plus que Jean.” “Vous pourrez y venir encore. Je serai un rabbi solitaire, comme Jean et je parlerai aux foules désireuses d’entendre la voix de Dieu et capables de croire que je suis cette Voix. Et les autres m’oublieront, si du moins ils en sont capables.” “Maître, tu es triste et déçu. Tu as raison. Tous t’écoutent, et croient en Toi tout juste pour obtenir des miracles. Même un courtisan d’Hérode qui devait forcément avoir corrompu sa bonté naturelle dans cette cour incestueuse, et même encore des soldats romains croient en Toi. Il n’y a que nous de Sion qui sommes si durs… Mais pas tous. Tu le vois… Maître, nous savons que tu es venu de la part de Dieu, son docteur, et un plus grand n’existe pas. Même Gamaliel le dit. Personne ne peut faire les miracles que tu fais, s’il n’a pas Dieu avec lui. Cela, le croient même les savants comme Gamaliel. Comment alors se fait-il que nous ne pouvons avoir la foi que possèdent les petits d’Israël? Oh! dis-le moi exactement. Je ne te trahirai pas même si tu me disais: "J’ai menti pour valoriser mes sages paroles sous un sceau que personne ne peut ridiculiser". Es-tu le Messie du Seigneur? l’Attendu? la Parole du Père, incarnée pour instruire et racheter Israël selon le Pacte?” “Est-ce que toi qui pose la question, ou d’autres t’envoient-ils pour la poser?” “De moi, de moi, Seigneur. J’ai un tourment, ici. Au-dedans de moi. Je subis une bourrasque. Vents opposés et voix qui se contrarient. Pourquoi n’ai-je pas en moi, homme mûr, cette certitude paisible que possède celui-ci, presque analphabète et tout jeune, qui lui met ce sourire sur le visage, cette lumière dans les yeux, ce soleil dans le cœur? Comment crois-tu, Jean, pour être si tranquille? O fils, apprends-moi ton secret, le secret qui te permet de savoir, voir et reconnaître le Messie en Jésus le Nazaréen!” Jean devient rouge comme une fraise, puis il baisse la tête comme pour s’excuser de dire une chose si grande, et il répond simplement: “C’est en aimant.” “En aimant! Et toi, Simon, homme probe et au seuil de la vieillesse, toi qui es instruit et tellement éprouvé que tu es poussé à craindre partout la fourberie?” “En méditant.” “En aimant! En méditant! Moi aussi, j’aime et je médite et je n’ai pas encore acquis la certitude!”.Jésus l’interrompt en disant: “Moi, je vais te dire le vrai secret. Ceux-ci ont su renaître, avec un esprit nouveau, libre de toute chaîne, vierge de toute idée. Et c’est ainsi qu’ils ont compris Dieu. Si quelqu'un ne renaît pas, il ne peut voir le royaume de Dieu, ni croire en son Roi.” “Comment quelqu'un peut-il renaître s’il est déjà adulte? Une fois sorti du sein maternel, l’homme ne peut jamais plus y rentrer. Tu fais peut-être allusion à la réincarnation à laquelle croient beaucoup de païens? Mais, non. Tu ne peux pas supposer cela. Et puis, ce ne serait pas rentrer dans le sein, mais reprendre une chair hors du temps. Par conséquent il ne s’agit pas de renaître maintenant. Comment? Comment?” “Il n’y a qu’une seule existence pour la chair sur la terre et une seule vie éternelle de l’esprit au-delà. Maintenant, je ne parle pas de la chair et du sang. Je parle de l’esprit immortel qui, par l’intermédiaire de deux choses, renaît à la vie: par l’eau et par l’Esprit. Mais la plus grande, c’est l’Esprit sans lequel l’eau n’est qu’un symbole. Qui s’est lavé avec l’eau doit se purifier ensuite avec l’Esprit et avec Lui s’allumer et resplendir, s’il veut vivre dans le sein de Dieu ici et dans l’Éternel Royaume. Car ce qui est engendré par la chair, est, et reste chair, et meurt après l’avoir servie dans ses désirs et ses péchés. Mais, ce qui est engendré par l’Esprit est esprit, et vit en revenant à l’Esprit qui l’a engendré, après l’avoir fait monter à l’âge parfait. Le Royaume des Cieux ne sera habité que par des êtres parvenus à l’âge parfait de l’esprit. Ne t’étonne donc pas si je dis: "Il faut que vous naissiez de nouveau". Ceux-ci ont su renaître. Le jeune a tué la chair et fait renaître l’esprit, en plaçant son moi sur le bûcher de l’amour. Tout a été brûlé de ce qui était matière. Des cendres surgit sa nouvelle fleur spirituelle, hélianthe merveilleux qui sait se tourner vers le Soleil Éternel. Le vieux a mis la hache d’une honnête méditation aux pieds de sa vieille pensée, et a déraciné le vieil arbre en laissant seulement le bourgeon de la bonne volonté, d’où il a fait naître sa nouvelle pensée. Maintenant, il aime Dieu avec un esprit nouveau et il Le voit. Chacun a sa méthode pour parvenir au port. N’importe quel vent convient pour celui qui sait se servir de la voile. Vous entendez souffler le vent et, sur sa direction, vous pouvez vous baser pour diriger la manœuvre. Mais, vous ne pouvez dire d’où il vient, ni appeler celui qu’il vous faut. L’Esprit aussi appelle, Il arrive en appelant et Il passe. Mais seul celui qui est attentif peut le suivre. Le fils connaît la voix du père et il connaît la voix de l’Esprit, l’esprit qui a été engendré par Lui.” “Comment cela peut-il se faire?” “Toi, maître en Israël, tu me le demandes? Tu ignores ces choses? On parle et on rend témoignage de ce qu’on sait et de ce qu’on a vu. Or donc, je parle et je témoigne ce que je sais. Comment pourras-tu jamais accepter les choses que tu n’as pas vues, si tu n’acceptes pas le témoignage que je t’apporte? Comment pourras-tu croire à l’Esprit, si tu ne crois pas à la Parole Incarnée? Je suis descendu pour remonter et emporter avec Moi ceux qui sont ici-bas. Un seul est descendu du Ciel: le Fils de l’Homme. Et un seul montera au Ciel avec le pouvoir d’ouvrir le Ciel: Moi, Fils de l’Homme. Rappelle-toi Moïse. Il éleva un serpent dans le désert pour guérir ceux qui étaient malades en Israël. Quand je serai élevé, ceux, que maintenant la fièvre de la faute rend aveugles, sourds, muets, fous, lépreux, malades, seront guéris, et quiconque croira en Moi aura la vie éternelle. Même ceux qui auront cru en Moi, auront cette heureuse vie.Ne baisse pas le front, Nicodème. Je suis venu pour sauver, non pas pour perdre. Dieu n’a pas envoyé son Fils Unique dans le monde pour que ceux qui l’habitent soient condamnés, mais pour que le monde soit sauvé par Lui. Dans le monde, j’ai trouvé tous les péchés, toutes les hérésies, toutes les idolâtries. Mais l’hirondelle qui rapidement vole au-dessus de la poussière peut-elle souiller son plumage? Non. Elle n’apporte sur les tristes chemins de la terre qu’une virgule d’azur, une odeur de ciel. Elle lance un appel pour secouer les hommes, pour faire élever leurs regards au-dessus de la boue et faire suivre son vol qui revient vers le ciel. Il en est ainsi de Moi. Je viens pour vous emmener avec Moi. Venez!… Celui qui croit au Fils Unique n’est pas jugé. Il est déjà sauvé, car ce Fils parle au Père et dit: "Celui-ci m’aime". Mais, celui qui ne croit pas, il est inutile qu’il fasse des œuvres saintes. Il est déjà jugé car il n’a pas cru au nom du Fils Unique de Dieu. Quel est mon Nom, Nicodème?” “Jésus.” “Non. Sauveur. Je suis le Salut. Celui qui ne me croit pas, refuse son salut, il est déjà jugé par la Justice Éternelle. Et voici ce jugement: "La Lumière t’avait été envoyée, à toi, et au monde, pour être pour vous le salut, mais toi et les autres hommes avez préféré les ténèbres à la lumière, parce que vous préfériez les œuvres mauvaises auxquelles vous étiez habitués, aux bonnes œuvres que Lui vous indiquait auxquelles il fallait s’y attacher pour devenir saints". Vous avez haï la Lumière parce que les malfaiteurs aiment les ténèbres pour commettre leurs crimes, et vous avez fui la Lumière pour qu’elle ne vous révèle pas vos plaies cachées. Ce n’est pas spécialement à toi que je m’adresse, Nicodème. Mais c’est là la vérité. Et la punition sera en proportion de la condamnation, pour l’individu et pour la collectivité.Quant à ceux qui m’aiment et mettent en pratique les vérités que j’enseigne, en naissant donc une seconde fois par une naissance plus réelle, je dis qu’ils ne craignent pas la lumière mais au contraire qu’ils s’en approchent, car cette lumière augmente celle par laquelle ils ont été primitivement éclairés. C’est une gloire réciproque qui rend Dieu heureux en ses fils et à leur tour heureux eux aussi en leur Père. Non, les fils de la Lumière ne craignent pas d’être illuminés. Mais, au contraire, en leur cœur et par leurs œuvres, ils disent: "Non pas moi: mais Lui le Père, Lui le Fils, Lui l’Esprit ont accompli le bien en moi. À eux gloire dans l’éternité". Et du Ciel l’éternel chant des Trois qui s’aiment répond dans leur parfaite Unité: "A toi, bénédiction pour l’éternité, vrai fils de notre volonté". Jean, rappelle-toi ces paroles pour quand ce sera l’heure de les écrire. Nicodème, es-tu convaincu?” “Maître… oui. Quand pourrai-je te parler encore?” “Lazare saura où te conduire. J’irai chez lui avant de m’éloigner d’ici.” “Je m’en vais, Maître. Bénis ton serviteur.” “Que ma paix soit avec toi.” Nicodème sort avec Jean.Jésus se tourne vers Simon: “Vois-tu l’œuvre de la puissance des Ténèbres? Comme une araignée, elle tend son piège, englue et emprisonne celui qui ne sait pas mourir pour renaître papillon, assez fort pour déchirer la toile ténébreuse et passer outre, emportant en souvenir de sa victoire des lambeaux de la toile tout éclairés sur ses ailes d’or, comme des oriflammes et des étendards pris à l’ennemi. Mourir pour vivre. Mourir pour vous donner la force de mourir. Viens Simon te reposer, et que Dieu soit avec toi.” Tout prend fin.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie  http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 7 mars 2021, Troisième dimanche de Carême

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 2,13-25.
Comme la Pâque des Juifs approchait, Jésus monta à Jérusalem. Il trouva installés dans le Temple les marchands de boeufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs boeufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d'ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. » Ses disciples se rappelèrent cette parole de l'Écriture : L'amour de ta maison fera mon tourment. Les Juifs l'interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce que tu fais là ? » Jésus leur répondit : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. » Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce Temple, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais le Temple dont il parlait, c'était son corps. Aussi, quand il ressuscita d'entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu'il avait dit cela ; ils crurent aux prophéties de l'Écriture et à la parole que Jésus avait dite. Pendant qu'il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en lui, à la vue des signes qu'il accomplissait. Mais Jésus n'avait pas confiance en eux, parce qu'il les connaissait touset n'avait besoin d'aucun témoignage sur l'homme : il connaissait par lui-même ce qu'il y a dans l'homme.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta
  • Traduction de 2017 : Tome 1, Ch 53, p 362
  • Ancienne traduction :  Tome 2, Ch 16, p 68
  • CD 2 (1er CD), piste 25
  • USB  Tome 2, piste 25
Je vois Jésus qui entre avec Pierre, André, Jean et Jacques, Philippe et Barthélémy dans l’enceinte du Temple. Il y a une très grande foule qui y entre et qui en sort. Pèlerins qui arrivent par bandes de tous les coins de la ville.Du haut de la colline sur laquelle le Temple est construit, on voit les rues de la ville, étroites et sinueuses, qui fourmillent de passants. Il semble qu’entre le blanc cru des maisons se soit étendu un ruban mouvant de mille couleurs. Oui, la cité a l’aspect d’un jouet bizarre fait de rubans multicolores entre deux alignements de maisons blanches et qui convergent tous vers le point où resplendissent les coupoles de la Maison du Seigneur. Puis, à l’intérieur, c’est une vraie foire. Plus aucun recueillement dans le lieu saint. On court, on appelle, on achète des agneaux, on crie et on maudit à cause du prix exagéré, on pousse les pauvres bêtes bêlantes dans des parcs. Ce sont de rudimentaires enclos délimités par des cordes et des pieux, aux entrées desquelles se tient le marchand ou éventuellement le propriétaire qui attend des acheteurs. Coups de bâtons, bêlements, jurons, réclamations, insultes pour les valets peu pressés de rassembler et d’enclore les animaux ou pour les acheteurs qui lésinent sur le prix, ou qui s’éloignent, insultes plus fortes pour les gens prévoyants qui ont amené l’agneau de chez eux. Autour des comptoirs de change, autre vacarme. Je ne sais si c’est toujours ainsi ou à l’occasion de la Pâque; on se rend compte que le Temple fonctionnait comme la Bourse, ou le marché noir. La valeur des monnaies n’était pas fixée. Il y avait le cours légal qui était certainement déterminé, mais les changeurs en imposaient un autre, en s’appropriant un pourcentage arbitraire pour le change. Et je vous assure qu’ils s’y entendaient pour étrangler les clients!… Plus un client était pauvre, plus il venait de loin, plus on le dépouillait. Les vieux plus que les jeunes, ceux qui arrivaient d’au-delà de la Palestine plus que les vieux. De pauvres petits vieux regardaient et regardaient encore leur pécule mis de côté, avec combien de peine, tout le long de l’année, l’enlevaient de leur sein et l’y remettaient cent fois en tournant autour des changeurs et finissaient enfin par revenir au premier qui se vengeait de leur éloignement temporaire en augmentant l’agio du change… Et les grosses pièces quittaient, au milieu des soupirs les mains du propriétaire pour passer dans les griffes de l’usurier en échange de monnaie plus légère. Puis, pour le choix, une nouvelle tragédie de comptes et de soupirs devant les marchands d’agneaux qui aux petits vieux, à moitié aveugles, colloquaient les agneaux les plus chétifs. Je vois revenir deux petits vieux, lui et elle, qui poussent un pauvre agnelet que les sacrificateurs ont dû trouver défectueux. Plaintes, supplications, impolitesses, grossièretés se croisent sans que le vendeur s’en émeuve.“Pour ce que vous voulez payer, galiléens, c’est déjà trop beau ce que je vous ai donné. Allez-vous en! ou ajoutez cinq autres deniers pour en avoir un plus beau!”“Au nom de Dieu! Nous sommes pauvres et vieux! Veux-tu nous empêcher de faire la Pâque, la dernière, peut-être? Est-ce que ce que tu nous as pris ne suffit pas pour une petite bête?” “Faites place, crasseux. Voici que vient à moi Joseph l’Ancien. Il m’honore de sa préférence. Dieu soit avec toi! Viens, choisis!” Il entre dans l’enclos et prend un magnifique agneau, celui qu’on appelle Joseph l’Ancien ou Joseph d'Arimathie. Il passe avec un riche habit, tout fier, sans un coup œil aux pauvres qui gémissent à la porte et même à l’entrée de l’enclos. Il les bouscule, pour ainsi dire, en sortant avec l’agneau gras qui bêle. Mais Jésus aussi est maintenant tout près. Lui aussi a fait son achat et Pierre, qui probablement a payé pour Lui, tire derrière lui un agneau convenable. Pierre voudrait aller tout de suite vers le lieu où l’on sacrifie. Mais Jésus tourne à droite vers les deux petits vieux effarés, en larmes, indécis que la foule bouscule et que le vendeur insulte. Jésus, si grand que la tête des deux vieux lui arrive à la hauteur du cœur met une main sur l’épaule de la femme et demande: “Pourquoi pleures-tu, femme?” La petite vieille se retourne et voit cet homme grand et jeune, solennel en son bel habit blanc et son manteau couleur de neige tout neuf et propre. Elle doit le prendre pour un docteur à cause de son habit et de son aspect et, stupéfaite, car les docteurs et les prêtres ne font aucun cas des gens et ne protègent pas les pauvres contre la rapacité des marchands, elle dit les raisons de leur chagrin. Jésus se retourne vers l’homme aux agneaux: “Change cet agneau à ces fidèles. Il n’est pas digne de l’autel comme il n’est pas digne que tu profites de deux pauvres vieux parce que faibles et sans défense.” “Et Toi, qui es-tu?” “Un juste.” “Ton parler et celui de tes compagnons indiquent que tu es galiléen. Peut-il jamais y avoir un juste en Galilée?” “Fais ce que je te dis et sois juste, toi.” “Écoutez! Écoutez le galiléen défenseur de ses pairs! Il veut nous faire la leçon, à nous qui sommes du Temple!” L’homme rit et se moque contrefaisant l’accent galiléen qui est plus chantant et plus doux que celui de Judée, au moins à ce qu’il me semble. Des gens font cercle et d’autres marchands et changeurs prennent la défense de leur complice contre Jésus. Parmi les assistants deux ou trois rabbins ironiques. L’un d’eux demande: “Es-tu docteur?” sur un ton qui ferait perdre patience à Job. “Tu l’as dit.” “Qu’enseignes-tu?” “Voici ce que j’enseigne: rendre la Maison de Dieu, maison de prière et non pas place d’usuriers et de marchands. Voilà mon enseignement.” Jésus est terrible. Il semble l’archange mis sur le seuil du Paradis perdu. Il n’a pas aux mains d’épée flamboyante mais ses yeux irradient la lumière et foudroient les moqueurs et les sacrilèges. A la main, il n’a rien. Seule sa sainte colère. Et avec elle, cheminant rapide et imposant au milieu des comptoirs, il éparpille les monnaies méticuleusement rangées selon leur valeur, renverse tables petites et grandes et tout tombe avec fracas sur le sol avec grand bruit de métaux qui rebondissent et de bois bousculés avec cris de colère, d’effarement et d’approbations. Puis il arrache des mains des gardiens de bestiaux des cordages qui attachaient bœufs, brebis et agneaux; il en fait un martinet très dur dont les nœuds coulants assemblent les lanières. Il se lève, le fait tournoyer et l’abaisse sans pitié. Oui, je vous l’assure, sans pitié. La grêle imprévue s’abat sur les têtes et les échines. Les fidèles s’esquivent, admirant la scène. Les coupables, poursuivis jusqu'en dehors de l’enceinte se sauvent à toutes jambes, laissant par terre l’argent et en arrière les bêtes de toutes tailles, dans une grande confusion de Jambes, de cornes, d’ailes. C’est à qui court, s’échappe en volant. Les mugissements, les bêlements, les roucoulements des colombes et des tourterelles en même temps que les rires et les cris des fidèles derrière les usuriers en fuite dépassent jusqu'au lamentable chœur des animaux qu’on égorge certainement dans une autre cour. Des prêtres accourent, en même temps que des rabbins et des pharisiens. Jésus est encore au milieu de la cour, revenant de sa poursuite. Il a encore en mains le martinet. “Qui es-tu? Comment te permets-tu de faire cela, en troublant les cérémonies prescrites? De quelle école proviens-tu? Pour nous, nous ne te connaissons pas. Nous ne savons pas qui tu es.” “Je suis Celui qui peut. Je peux tout. Détruisez seulement ce Temple vrai, et Je le ressusciterai pour donner louange à Dieu. Je ne trouble pas, Moi, la sainteté de la Maison de Dieu ni les cérémonies. Mais c’est vous qui la troublez en permettant que dans sa demeure s’installent les usuriers et les mercantis. Mon école, c’est l’école de Dieu, la même école qui fut celle de tout Israël, par la bouche de l’Éternel qui parlait à Moïse. Vous ne me connaissez pas? Vous me connaîtrez. Vous ne savez pas d’où je viens? Vous le saurez.” Et se tournant vers le peuple sans plus s’occuper des prêtres dominant l’entourage par sa taille, revêtu de son habit blanc, le manteau ouvert et flottant en arrière des épaules, les bras étendus comme un orateur au moment le plus pathétique de son discours, il dit: “Écoutez, vous d’Israël! Dans le Deutéronome il est dit: "Tu établiras des juges et des magistrats à toutes les portes… et ils jugeront le peuple avec justice, sans partialité à l’égard de personne. Tu n’auras pas d’égards particuliers pour quiconque. Tu n’accepteras pas de cadeaux, car les cadeaux aveuglent les sages et troublent les paroles des justes. Tu suivras avec justice le juste sentier pour vivre et posséder la terre que le Seigneur ton Dieu t’aura donnée". Écoutez, vous d’Israël! Dans le Deutéronome il est dit: "Les prêtres et les lévites et tous ceux de la tribu de Lévi n’auront aucun partage ni hérédité avec le reste d’Israël, parce qu’ils doivent vivre avec le sacrifice du Seigneur et avec les offrandes que l’on fait à Lui; ils n’auront aucune part avec ce que leurs frères possèdent, parce que le Seigneur est leur héritage". Écoutez, vous d’Israël! Dans le Deutéronome il est dit: "Tu ne prêteras à intérêt à ton frère, ni argent, ni grain, ni quelque autre chose. Tu pourras prêter à intérêt à l’étranger; au contraire, à ton frère tu prêteras sans intérêt ce dont il a besoin".C’est cela qu’a dit le Seigneur. Maintenant vous voyez que c’est sans justice à l’égard du pauvre que les juges siègent en Israël. Ce n’est pas en faveur du juste mais de celui qui est fort que l’on penche. Être pauvre, être peuple, cela veut dire subir l’oppression. Comment le peuple peut-il dire: "Celui qui nous juge est juste" s’il voit que seuls les puissants sont respectés et écoutés, tandis que le pauvre ne trouve personne qui veuille l’entendre? Comment le peuple peut-il respecter le Seigneur s’il voit que ne le respectent pas ceux qui en ont plus que d’autres le devoir? Est-ce respecter le Seigneur que de violer son commandement? Et pourquoi, alors, en Israël ont-ils des propriétés et reçoivent-ils des cadeaux des publicains et des pécheurs, qui agissent ainsi pour avoir la bienveillance des prêtres, et ceux-ci l’acceptent pour avoir un coffret bien garni? C’est Dieu qui est l’héritage de ses prêtres. Pour eux, Lui, le Père d’Israël est plus Père qu’aucun autre père ne l’a jamais été, et Il pourvoit à leur nourriture comme il est juste. Mais, pas plus qu’il ne soit juste. Il n’a promis aux serviteurs de son Sanctuaire ni richesses ni propriétés. Pendant l’éternité, ils auront le Ciel pour récompenser leur justice, comme l’ont Moïse et Élie, et Jacob et Abraham; mais sur cette terre ils ne doivent avoir qu’un vêtement de lin et un diadème d’or incorruptible: pureté et charité. Le corps doit être le serviteur de l’esprit qui est le serviteur du Dieu Vrai. Ce n’est pas le corps qui doit dominer l’esprit et s’opposer à Dieu. On m’a demandé de quelle autorité Je fais cela. Et eux, de quelle autorité profanent-ils le commandement de Dieu et permettent-ils, à l’ombre des murs sacrés, l’usure au détriment des frères d’Israël venus pour obéir au commandement de Dieu? On m’a demandé de quelle école Je viens et J’ai répondu: "De l’école de Dieu". Oui, Israël. Je viens te ramener à cette école sainte et immuable. Qui veut connaître la Lumière, la Vérité, la Vie, qui veut entendre la voix de Dieu parlant à son peuple, qu’il vienne à Moi. Vous avez suivi Moïse à travers les déserts, ô vous d’Israël. Suivez-moi, que je vous conduise, à travers un désert bien plus triste, vers la vraie Terre bienheureuse. À travers la mer qui s’ouvre au commandement de Dieu, c’est vers elle que je vous entraîne. En levant mon Signe, je vous guéris de tout mal. L’heure de la Grâce est venue. Ils l’ont attendue, les Patriarches, et ils sont morts en l’attendant. Ils l’ont prédite, les Prophètes, et ils sont morts avec cette espérance. Ils l’ont rêvée les justes, et ils sont morts réconfortés par ce rêve. Maintenant, elle s’est levée. Venez. "Le Seigneur va juger son peuple et faire miséricorde à ceux qui le servent", comme Il l’a promis par la bouche de Moïse.” Les gens qui font cercle autour de Jésus sont restés, bouche bée à l’écouter. Puis, ils commentent la parole du nouveau Rabbi et interrogent ses compagnons.Jésus se dirige vers une autre cour séparée de celle-ci par un portique. Ses amis le suivent, et la vision prend fin.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie  http://www.mariavaltorta.com/