"Lisez cette œuvre et faites-la lire"
Jésus (Chapitre 38, Volume 10 ) à propos de
l’Évangile tel qu’il m’a été révélé.

L'Évangile de la Messe Paul VI
et l’Évangile tel qu’il m’a été révélé de Maria Valtorta.
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Dimanche 26 mars 2017, Quatrième dimanche de Carême (Laetare)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 9,1-41. 
En sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme qui était aveugle de naissance. Ses disciples l'interrogèrent : « Rabbi, pourquoi cet homme est-il né aveugle ? Est-ce lui qui a péché, ou bien ses parents ? » Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents. Mais l'action de Dieu devait se manifester en lui. Il nous faut réaliser l'action de celui qui m'a envoyé, pendant qu'il fait encore jour ; déjà la nuit approche, et personne ne pourra plus agir. Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » Cela dit, il cracha sur le sol et, avec la salive, il fit de la boue qu'il appliqua sur les yeux de l'aveugle, et il lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » (ce nom signifie : Envoyé). L'aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait. Ses voisins, et ceux qui étaient habitués à le rencontrer - car il était mendiant - dirent alors : « N'est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? » Les uns disaient : « C'est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c'est quelqu'un qui lui ressemble. » Mais lui affirmait : « C'est bien moi. » Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-il ouverts ? » Il répondit : « L'homme qu'on appelle Jésus a fait de la boue, il m'en a frotté les yeux et il m'a dit : 'Va te laver à la piscine de Siloé. ' J'y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j'ai vu. » Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. » On amène aux pharisiens cet homme qui avait été aveugle. Or, c'était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. A leur tour, les pharisiens lui demandèrent : « Comment se fait-il que tu voies ? » Il leur répondit : « Il m'a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et maintenant je vois. » Certains pharisiens disaient : « Celui-là ne vient pas de Dieu, puisqu'il n'observe pas le repos du sabbat. » D'autres répliquaient : « Comment un homme pécheur pourrait-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés. Alors ils s'adressent de nouveau à l'aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu'il t'a ouvert les yeux ? » Il dit : « C'est un prophète. » Les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme, qui maintenant voyait, avait été aveugle. C'est pourquoi ils convoquèrent ses parents et leur demandèrent : « Cet homme est bien votre fils, et vous dites qu'il est né aveugle ? Comment se fait-il qu'il voie maintenant ? » Les parents répondirent : « Nous savons que c'est bien notre fils, et qu'il est né aveugle. Mais comment peut-il voir à présent, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s'expliquer. » Ses parents parlaient ainsi parce qu'ils avaient peur des Juifs. En effet, les Juifs s'étaient déjà mis d'accord pour exclure de la synagogue tous ceux qui déclareraient que Jésus est le Messie. Voilà pourquoi les parents avaient dit : « Il est assez grand, interrogez-le ! » Pour la seconde fois, les pharisiens convoquèrent l'homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. » Il répondit : « Est-ce un pécheur ? Je n'en sais rien ; mais il y a une chose que je sais : j'étais aveugle, et maintenant je vois. » Ils lui dirent alors : « Comment a-t-il fait pour t'ouvrir les yeux ? » Il leur répondit : « Je vous l'ai déjà dit, et vous n'avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous m'entendre encore une fois ? Serait-ce que vous aussi vous voulez devenir ses disciples ? » Ils se mirent à l'injurier : « C'est toi qui es son disciple ; nous, c'est de Moïse que nous sommes les disciples. Moïse, nous savons que Dieu lui a parlé ; quant à celui-là, nous ne savons pas d'où il est. » L'homme leur répondit : « Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d'où il est, et pourtant il m'a ouvert les yeux. Comme chacun sait, Dieu n'exauce pas les pécheurs, mais si quelqu'un l'honore et fait sa volonté, il l'exauce. Jamais encore on n'avait entendu dire qu'un homme ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si cet homme-là ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. » Ils répliquèrent : « Tu es tout entier plongé dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors. Jésus apprit qu'ils l'avaient expulsé. Alors il vint le trouver et lui dit : « Crois-tu au Fils de l'homme ? » Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : « Tu le vois, et c'est lui qui te parle. » Il dit : « Je crois, Seigneur ! », et il se prosterna devant lui. Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. » Des pharisiens qui se trouvaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : « Serions-nous des aveugles, nous aussi ? » Jésus leur répondit : « Si vous étiez des aveugles, vous n'auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : 'Nous voyons ! ' votre péché demeure.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris 
Correspondance dans "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 7, Ch 207, p 323 - CD 7 (2ème cd), piste 20 - 
Jésus sort avec ses apôtres et Joseph de Sephoris se dirigeant vers la synagogue. La journée, limpide et sereine, réjouit comme une promesse de printemps après les jours venteux et couverts, vrais jours d'hiver. Beaucoup de gens de Jérusalem sont donc sur les routes, les uns allant vers les synagogues, d'autres en revenant ou venant d'autres lieux, certains avec leur famille afin de sortir de la ville pour jouir du soleil dans la campagne. De la Porte d'Hérode, visible de la maison de Joseph de Sephoris, on voit les gens quitter les murs pour des distractions joyeuses, en plein air. Un plongeon dans la verdure, dans l'espace, dans la liberté, en dehors des rues étroites entre les hautes maisons. Je crois que la ceinture champêtre qui entourait Jérusalem avait été voulue spontanément par les habitants qui voulaient concilier la mesure du chemin du sabbat avec leur désir d'air et de soleil, qu'ils prenaient sur les routes, et non seulement sur les terrasses des maisons. Mais Jésus ne va pas vers la porte d'Hérode. Au contraire, il lui tourne le dos pour se diriger vers l'intérieur de la ville. Mais il n'a fait que quelques pas sur la route plus large, où débouche le petit chemin où se trouve la maison de Joseph de Sephoris, que Judas de Kériot attire son attention sur un jeune homme qui s'avance vers eux, en tâtant les murs avec un bâton, en levant en l'air son visage sans yeux, avec la démarche particulière aux aveugles. Ses habits sont pauvres mais propres, et ce doit être une personne connue de beaucoup de gens de Jérusalem car plusieurs le montrent du doigt et certains lui disent: “Homme, aujourd'hui tu t'es trompé de route. Les chemins du Moriah sont tous dépassés, tu es déjà à Bézéta.” “Je ne demande pas d'argent aujourd'hui” répond l'aveugle avec un sourire et il avance toujours avec ce sourire vers le nord de la ville. “Maître, observe-le. Il a les paupières soudées ou plutôt je dirais qu'il n'a pas de paupières. Le front rejoint les joues sans aucune cavité et il semble que par dessous il n'y ait pas de globes oculaires. Il est né ainsi, le malheureux, et il mourra de même sans avoir vu une seule fois la lumière du soleil ni le visage d'un homme. Maintenant, Maître, dis-moi: pour être ainsi puni, il a certainement péché. Mais s'il est né aveugle, comme c'est certain, comment peut-il avoir péché avant de naître? Peut-être ses parents ont péché et Dieu les a punis en le faisant naître ainsi?” Les autres apôtres aussi, avec Isaac et Margziam, se serrent près de Jésus pour entendre sa réponse. Et pressant le pas, comme attirés par la haute taille de Jésus, qui domine la foule, accourent deux hiérosolymitains de condition aisée qui étaient un peu en arrière de l'aveugle et entre eux se trouve Joseph d'Arimathie qui ne s'approche pas mais, adossé a un portail élevé sur deux marches, tourne ses regards vers tous les visages pour les observer. Jésus répond et on entend clairement ses paroles dans le silence qui s'est fait: “Ni lui ni ses parents n'ont péché plus que ne pèche tout homme, et peut-être moins aussi, car souvent la pauvreté est un frein pour le péché. Mais il est né ainsi pour qu'une fois encore, soient manifestées en lui la puissance et les œuvres de Dieu. Je suis la Lumière venue dans le monde pour que ceux du monde, qui ont oublié Dieu ou perdu son image spirituelle, voient et se souviennent, et pour que ceux qui cherchent Dieu, ou Lui appartiennent déjà, soient confirmés dans la foi et dans l'amour. Le Père m'a envoyé pour que, dans le jour qui est encore accordé à Israël, je complète la connaissance de Dieu en Israël et dans le monde. Voici donc que je dois accomplir les œuvres de Celui qui m'a envoyé pour témoigner que je puis ce que Lui peut, parce que je suis Un avec Lui, et pour que le monde sache et voie que le Fils n'est pas dissemblable du Père et pour qu'il croie en Moi pour ce que je suis. Après viendra la nuit pendant laquelle on ne peut plus travailler, la ténèbre, et celui qui ne se sera pas gravé mon signe et la foi en Moi, ne pourra plus le faire dans les ténèbres et la confusion, la douleur, la désolation et la ruine qui couvriront ces lieux et étourdiront les esprits par la surexcitation des peines. Mais, tant que je suis dans le monde, je suis Lumière et Témoignage, Parole, Chemin et Vie, Sagesse, Puissance et Miséricorde. Va donc, rejoins l'aveugle et amène-le ici.” “Vas-y toi, André, je veux rester ici et voir ce que fait le Maître” répond Judas en montrant Jésus qui s'est penché sur le chemin poussiéreux, a craché sur un petit tas de terre et est en train de délayer avec le doigt la poussière dans la salive pour former une boulette de boue. Pendant qu'André, toujours condescendant va prendre l'aveugle qui va tourner dans le petit chemin où se trouve la maison de Joseph de Sephoris, Jésus étend la boue sur ses deux index en restant ainsi les mains tendues comme le prêtre pendant la Sainte Messe. Cependant Judas quitte sa place pour dire à Mathieu et à Pierre: “Venez ici, vous qui n'avez pas une grande taille, et vous verrez mieux.” Et il se met en arrière de tout le monde, presque caché par les fils d'Alphée et par Barthélemy, qui sont grands. André revient en tenant par la main l'aveugle qui s'époumone à dire: “Je ne veux pas d'argent. Laisse-moi aller. Je sais où se trouve celui qu'on appelle Jésus, et je vais pour demander…” “C'est Jésus qui est devant toi” lui dit André en s'arrêtant devant le Maître. Jésus, contrairement à son habitude, ne demande rien à l'homme. Il lui étend de suite sur les paupières closes un peu de la boue qu'il a sur les index et il lui commande: “Et maintenant va le plus rapidement possible à la citerne de Siloé, sans t'arrêter pour parler avec quelqu'un.” L'aveugle, avec son visage barbouillé de boue, reste un instant perplexe et il ouvre les lèvres pour parler, puis il les ferme et il obéit. Les premiers pas sont lents comme s'il était pensif ou bien déçu, puis il presse le pas en rasant le mur avec son bâton, de plus en plus vite, autant que le peut un aveugle, peut-être davantage, comme s'il se sentait guidé… Les deux hiérosolymitains ont un rire sarcastique et, en hochant la tête, ils s'en vont. Joseph d'Arimathie, et le fait m'étonne, les suit sans même saluer le Maître et il revient sur ses pas, c'est-à-dire vers le Temple, alors qu'il venait de cette direction. Ainsi, tant l'aveugle que les deux et que Joseph d'Arimathie, vont vers le sud de la ville, alors que Jésus tourne vers l'occident, et je le perds de vue car la volonté du Seigneur me fait suivre l'aveugle et ceux qui le suivent. Après avoir passé Bézéta, ils entrent tous dans la vallée qui se trouve entre le Moriah et Sion il me semble l'avoir entendu appeler Tiropéon d'autres fois ils la suivent toute entière jusqu'à Ophel, la côtoient, sortent sur la route qui va à la fontaine de Siloé, en restant toujours dans cet ordre: d'abord l'aveugle qui doit être connu dans ce quartier populaire, puis les deux, en dernier lieu, à quelque distance, Joseph d'Arimathie. Joseph s'arrête près d'une maisonnette insignifiante, à demi caché par une haie de buis qui fait saillie en contournant le jardinet de la pauvre maison. Mais les deux s'en vont tout près de la fontaine. Ils observent l'aveugle qui s'approche avec précaution du vaste bassin et, en tâtant le mur humide, plonge une main qu'il retire toute ruisselante et il se lave les yeux, une, deux, trois fois. La troisième fois, il presse aussi sur son visage l'autre main en laissant tomber son bâton et en poussant un cri que semble provoquer la douleur. Puis il enlève lentement les mains et son précédent cri de douleur se change en un cri de joie: “Oh! Très-Haut! Je vois!” et il se jette à terre comme vaincu par l'émotion, met ses mains pour protéger ses yeux, les serre aux tempes, anxieux de voir, mais gêné par la lumière et il répète: “J'y vois! J'y vois! C'est donc cela la terre! La lumière! L'herbe que je ne connaissais que par sa fraîcheur…” Il se lève tout en restant courbé, comme quelqu'un qui porte un poids, le poids de sa joie, va au ruisselet qui évacue le trop-plein d'eau et il le regarde courir, scintillant et riant et il murmure: “Et ceci, c'est l'eau… Voilà! C'est ainsi que je la sentais entre mes doigts (il y plonge la main) froide et coulante, mais je ne la connaissais pas… Ah! Belle! Belle! Comme tout est beau!” Il lève le visage et voit un arbre… il s'en approche, le touche, étend la main, attire à lui une branchette, la regarde et rit, il rit, abrite ses yeux de la main, et il regarde le ciel, le soleil, et deux larmes tombent de ses paupières vierges qu'il a ouvertes pour contempler le monde… Et il abaisse les yeux sur l'herbe où une fleur se balance sur sa tige et il voit son image que reflète l'eau du ruisselet, il se regarde et dit: “C'est ainsi que je suis!” Il observe avec étonnement une tourterelle qui est venue boire un peu plus loin et une chevrette qui arrache les dernières feuilles d'un rosier sauvage, puis une femme qui vient à la fontaine avec un bébé sur son sein. Et cette femme lui rappelle sa mère, sa mère au visage inconnu, et levant les bras au ciel, il s'écrie: “Sois béni, Très-Haut, pour la lumière, pour la mère et pour Jésus!” et il s'en va en courant, laissant par terre son bâton désormais inutile… Les deux n'ont pas attendu de voir tout cela. Dès qu'ils ont vu que l'homme y voyait, ils sont partis en courant vers la ville. Joseph, au contraire, reste jusqu'à la fin et quand l'aveugle qui ne l'est plus, lui passe devant pour entrer dans le dédale des ruelles du quartier populeux d'Ophel, à son tour il quitte sa place et revient sur ses pas, vers la ville, tout pensif… Le quartier d'Ophel, toujours bruyant, est maintenant en pleine ébullition. On court à droite, à gauche, on questionne, on répond. “Mais vous l'aurez confondu avec un autre…” “Non, te dis-je. Je lui ai parlé et lui ai dit: "Mais est-ce bien toi, Sidonia surnommé Bartolmaï?” et lui m'a dit: "C'est moi". Je voulais lui demander comment c'était arrivé, mais il est parti en courant.” “Où est-il maintenant?” “Chez sa mère, certainement.” “Qui? Qui l'a vu?” demandent des gens qui accourent. “Moi. Moi” répondent plusieurs. “Mais comment est-ce arrivé?” “… Je l'ai vu qui courait sans bâton avec deux yeux au visage et j'ai dit: "Regarde! Ce serait bien Bartolmaï si…"“ “Je te dis que j'en suis toute tremblante. En entrant, il a crié: "Mère, je te vois!"“ “Une grande joie pour les parents. Maintenant il pourra aider son père et gagner sa nourriture…” “La pauvre femme! Elle a eu un malaise par la joie. Oh! une chose! Une chose! J'étais allée pour demander un peu de sel et…” “Courons chez lui, pour savoir…” Joseph d'Arimathie se trouve pris au milieu de ce vacarme et, je ne sais si c'est par curiosité ou par esprit d'imitation, il suit le courant et aboutit dans une impasse, qui se dirigerait vers le Cédron, et où la foule se presse, empêchant d'entendre à cause de ses cris le bruit du torrent, gonflé par les pluies d'automne. Et Joseph y arrive quand, d'une autre ruelle qui débouche dans l'impasse, arrivent les deux de tout à l'heure avec trois autres: un scribe, un prêtre et un troisième que son vêtement ne me permet pas d'identifier. Ils se fraient un passage, autoritaires, et cherchent à entrer dans la maison bondée. La maison comprend une vaste cuisine noire comme du goudron, avec un coin qui en est séparé par une cloison rustique au-delà de laquelle se trouve un grabat et une porte qui donne dans une autre pièce avec un lit plus grand. Une porte, ouverte dans le mur opposé, fait voir un jardinet de quelques mètres carrés. Et c'est tout. L'aveugle guéri parle appuyé à une table, répondant à ceux qui l'interrogent, tous de pauvres gens comme lui, menu peuple de Jérusalem, de ce quartier, qui est peut-être le plus pauvre de tous. Sa mère, debout près de lui, le regarde et elle pleure en s'essuyant les yeux avec son voile. Le père, un homme usé par le travail, se tourmente la barbe de sa main agitée par un tremblement. L'entrée dans la maison est impossible, même aux juifs et aux docteurs autoritaires, et les cinq doivent écouter du dehors les paroles de l'homme guéri. “Comment ils se sont ouverts? Cet homme, que l'on appelle Jésus, m'a barbouillé les yeux avec de la terre mouillée, et il m'a dit: "Va te laver à la fontaine de Siloé". J'y suis allé, je me suis lavé et mes yeux se sont ouverts et j'ai vu.” “Mais comment as-tu fait pour trouver le Rabbi? Tu disais toujours que tu étais malheureux, car jamais tu ne le rencontrais même quand il passait par ici pour aller chez Jonas au Gethsémani. Et aujourd'hui, maintenant qu'on ne sait jamais où il est…” “Hé! hier soir, un de ses disciples est venu et il m'a donné deux pièces de monnaie en disant: "Pourquoi ne cherches-tu pas de voir?" Je lui ai dit: "J'ai cherché, mais je ne trouve jamais ce Jésus qui fait des miracles. Je le cherche depuis qu'il a guéri Annalia qui est de mon quartier, mais si je vais dans un endroit, il est dans un autre…" Et il m'a dit: "Je suis un de ses apôtres, et ce que je Lui dis, moi, il le fait. Viens demain à Bézéta et cherche la maison de Joseph le galiléen, celui du poisson sec, Joseph de Sephoris, près de la Porte d'Hérode et du tournant de la place, du côté de l'orient, et tu verras que tôt ou tard il passe par là ou entre dans la maison et moi, je t'indiquerai au Maître". J'ai dit: "Mais demain, c'est le sabbat". Je voulais dire qu'il ne ferait rien pendant le sabbat. Il m'a dit: "Si tu veux guérir, c'est le jour, car après on quitte la ville et tu ne sais pas si tu pourras le rencontrer". Moi, j'ai dit encore: "Je sais qu'on le persécute. J'ai entendu depuis les portes de l'enceinte du Temple où je vais mendier. Aussi je dis que maintenant qu'ils le persécutent ainsi, il voudra encore moins qu'on le persécute et il ne me guérira pas le jour du sabbat". Et lui: "Fais ce que je te dis et le jour du sabbat tu verras le soleil". Et j'y suis allé. Qui n'y serait pas allé? Alors que c'est son apôtre qui le dit! Il m'a dit aussi: "Je suis celui qu'il écoute le plus, et je viens exprès car tu me fais pitié et je veux que sa puissance resplendisse après qu'ils l'ont méprisé. Toi, aveugle de naissance, tu la feras resplendir. Je sais ce que je dis. Viens et tu verras!". Et j'y suis allé et je n'étais pas encore arrivé à la maison de Joseph lorsqu'un homme m'a pris par la main, mais d'après la voix ce n'était pas celui d'hier, et il m'a dit: "Viens avec moi, frère" et je ne voulais pas aller, je croyais qu'il voulait me donner du pain et de l'argent, peut-être des vêtements, et je lui disais de me laisser aller parce que je savais où trouver Celui qu'on appelle Jésus. Et l'homme m'a dit: "Voici Jésus. Il est devant toi". Mais je n'ai rien vu car j'étais aveugle. J'ai senti deux doigts couverts de terre mouillée qui me touchaient des deux côtés et une voix qui disait: "Va vivement à Siloé et lave-toi et ne parle à personne" et je l'ai fait. Mais j'étais découragé car j'espérais y voir tout de suite et j'ai failli croire que c'était une plaisanterie de jeunes gens sans cœur et je me refusais presque à y aller, mais j'ai entendu une sorte de voix me dire: "Espère et obéis" et alors je suis allé à la fontaine et je me suis lavé et j'ai vu.” Et le jeune s'arrête extasié pour repenser à la joie de sa première vision… “Faites sortir l'homme. Nous voulons l'interroger” crient les cinq. Le jeune homme se fraie un chemin et sort sur le seuil. “Où est Celui qui t'a guéri?” “Je ne le sais pas” dit le jeune homme auquel un ami a murmuré: “Ce sont des scribes et des prêtres.” “Comment ne le sais-tu pas? Tu disais tout à l'heure que tu le savais. Ne mens pas aux docteurs de la Loi et au prêtre! Malheur à celui qui cherche à tromper les magistrats du peuple!” “Je ne trompe personne. Ce disciple m'a dit: "Il est dans cette maison" et c'était vrai, car j'en étais tout près quand j'ai été pris et conduit à Lui. Mais où il est maintenant, je ne le sais pas. Le disciple m'a dit qu'ils s'en vont. Il pourrait déjà avoir franchi les portes.” “Mais où allait-il?” “Qu'est-ce que j'en sais?! Peut-être en Galilée… Pour la façon dont on le traite ici!…” “Imbécile et impoli! Fais attention à la façon dont tu parles, lie du peuple! Je t'ai demandé par quelle route il se dirigeait.” “Mais comment voulez-vous que je le sache puisque j'étais aveugle? Un aveugle peut-il dire où va un autre?” “C'est bien. Suis-nous.” “Où voulez-vous me conduire?” “Chez les chefs des pharisiens.” “Pourquoi? Qu'ont-ils à faire avec moi? M'ont-ils guéri, par hasard, eux, pour que je doive les remercier? Quand j'étais aveugle et que je mendiais, mes mains n'ont jamais palpé leur argent, mes oreilles n'ont jamais entendu d'eux un mot de pitié, et mon cœur n'a jamais connu leur amour. Que dois-je leur dire? Il n'y en a qu'un à qui je doive dire "merci" après mon père et ma mère, qui pendant tant d'années m'ont aimé malheureux. Et c'est ce Jésus qui m'a guéri en m'aimant de tout son cœur, comme mes parents avec le leur, Moi, je ne vais pas trouver les pharisiens. Je reste avec ma mère et mon père pour jouir de voir leurs visages, et eux mes yeux qui sont nés maintenant, après tant de printemps depuis celui où je suis né, mais sans voir la lumière.” “Pas tant de paroles. Viens et suis-nous.” “Que non! Je ne viens pas! Avez-vous jamais par hasard essuyé une larme à ma mère humiliée par mon malheur, ou une sueur à mon père épuisé par le travail? Maintenant je puis le faire par mon aspect et je devrais les quitter et vous suivre?” “Nous te le commandons. Ce n'est pas toi qui commandes, mais le Temple et les chefs du peuple. Si l'orgueil d'être guéri te ferme l'intelligence pour te rappeler que nous commandons, nous te le rappelons. Avance! Marche!” “Mais pourquoi dois-je venir? Que voulez-vous de moi?” “Pour que tu fasses une déposition. C'est le sabbat. Œuvre accomplie pendant le sabbat. Elle doit être enregistrée à cause du péché, de ton péché et de celui de ce satan.” “C'est vous qui êtes satan! Vous qui êtes péché! Et je devrais venir déposer contre celui qui m'a fait du bien? Vous êtes ivres! Je viendrai au Temple pour bénir le Seigneur et rien de plus. J'ai été pendant tant d'années dans l'ombre de la cécité, mais mes paupières closes n'ont produit de ténèbres que pour mes yeux. Mon intelligence est restée dans la lumière, malgré cela, dans la grâce de Dieu, et elle me dit que je ne dois pas faire de tort à l'Unique Saint qui soit en Israël.” “Homme, assez! Tu ne sais pas qu'il y a des châtiments pour ceux qui s'opposent aux magistrats?” “Moi, je ne sais rien. Je suis ici et j'y reste. Et vous n'avez pas intérêt à me nuire. Vous voyez que Ophel tout entier est de mon côté?” “Oui! Oui! Laissez-le! Chacals! Dieu le protège. Ne le touchez pas! Dieu est avec les pauvres! Dieu est avec nous, affameurs et hypocrites!” Les gens crient et menacent dans une de ces manifestations spontanées du peuple qui sont les explosions de l'indignation des humbles envers ceux qui les oppriment, ou d'amour pour ceux qui les protègent. Et ils crient: “Malheur à vous si vous frappez notre Sauveur! L'Ami des pauvres! Le Messie trois fois Saint. Malheur à vous! On n'a pas craint les colères d'Hérode, ni celles des Chefs, quand on a voulu. Nous ne craignons pas les vôtres, vieilles hyènes aux mâchoires édentées! Chacals aux ongles coupés! Inutiles autoritaires! Rome ne veut pas de tumulte et n'opprime pas le Rabbi car Lui est paix, mais elle vous connaît. Hors d'ici! Hors des quartiers de ceux que vous opprimez par des dîmes plus fortes que leurs ressources, afin d avoir de l'argent pour satisfaire vos désirs et conclure des marchés honteux. Descendants de Jason! De Simon! Tortionnaires des vrais Eléazar, des saints Onias. Vous méprisez les prophètes! Hors d'ici! Hors d'ici!” Le tumulte s'enflamme toujours plus. Joseph d'Arimathie, écrasé contre un muret, jusqu'alors spectateur attentif mais inactif des faits, avec une agilité insoupçonnable chez un homme âgé et de plus empêtré dans ses vêtements et ses manteaux, saute debout sur le muret et crie: “Silence, habitants. Et écoutez Joseph l'Ancien!” Une, deux, dix têtes se tournent dans la direction du cri. Elles voient Joseph, on crie son nom. Il doit être connu et jouir de la faveur populaire car les cris d'indignation font place aux cris de joie: “Il y a Joseph l'Ancien! Vive lui! Paix et longue vie au juste! Paix et bénédiction au bienfaiteur des malheureux! Silence, pour que Joseph parle! Silence!” Le silence s'établit non sans mal et, pendant quelques minutes, on entend le bruit du Cédron au-delà de l'impasse. Toutes les têtes sont tournées vers Joseph, oublieuses de l'objet qui les tournait en direction opposée: les cinq malheureux et imprévoyants qui ont provoqué le tumulte. “Habitants de Jérusalem, hommes d'Ophel, pourquoi vous laissez-vous aveugler par les soupçons et la colère? Pourquoi manquer au respect et aux coutumes, vous toujours si fidèles aux lois des pères? Que craignez-vous? Peut-être que le Temple soit un Moloch qui ne rend pas ce qu'il accueille? Peut-être que vos juges soient tous aveugles, plus que votre ami, aveugles de cœur et sourds en matière de justice? N'est-il pas d'usage qu'un fait prodigieux soit déposé, écrit et conservé par qui de droit pour les Chroniques d'Israël? Permettez donc que même pour l'honneur du Rabbi que vous aimez, le miraculé monte faire une déposition pour l'œuvre que Lui a accomplie. Vous hésitez encore? Eh bien je me porte garant qu'il n'arrivera aucun mal à Bartolmaï, et vous savez que je ne mens pas. Comme un fils qui m'est cher, je l'accompagnerai là-haut, et je vous le ramènerai ici ensuite. Fiez-vous à moi, et ne faites pas du sabbat un jour de péché en vous révoltant contre vos chefs.” “Il a raison! On ne doit pas, nous pouvons le croire. C'est un juste. Dans les bonnes délibérations du Sanhédrin, il y a toujours sa voix.” Les gens changent d'idée et finissent par crier: “A toi, oui, notre ami, nous te le confions!” Et en s'adressant au jeune homme: “Va! Ne crains pas. Avec Joseph d'Arimathie, tu es en sécurité comme avec ton père et davantage” et ils ouvrent leurs rangs pour que le jeune homme puisse rejoindre Joseph qui est descendu de sa tribune improvisée, et quand il passe, ils disent: “Nous venons nous aussi. Ne crains pas!” Joseph, dans ses riches vêtements de laine luxueuse, met une main sur l'épaule du jeune homme, et il se met en route. La tunique bise et usagée du jeune homme, son petit manteau, frottent l'ample vêtement rouge foncé et le riche manteau encore plus foncé du vieux synhédriste. Par derrière, les cinq, et ensuite les innombrables gens d'Ophel… Les voilà au Temple, après avoir traversé les rues centrales, attirant l'attention d'une foule de gens qui se montrent du doigt l'ancien aveugle en disant: “Mais c'est l'aveugle qui mendiait! Et maintenant il a des yeux! Mais peut-être est-ce quelqu'un qui lui ressemble! Non, c'est certainement lui, et ils le conduisent au Temple. Allons nous rendre compte” et le cortège grossit toujours plus, jusqu'au moment où les murs du Temple les engloutissent tous. Joseph conduit le jeune homme dans une salle, ce n'est pas le Sanhédrin, où il y a des pharisiens et des scribes nombreux. Joseph entre, et avec lui Bartolmaï et les cinq. Les gens du peuple d'Ophel sont repoussés dans la cour. “Voilà l'homme. Je vous l'ai amené moi-même ayant, sans être vu, assisté à sa rencontre avec le Rabbi et à sa guérison, et je puis vous dire que ce fut tout à fait fortuit de la part du Rabbi. L'homme, vous l'entendrez dire vous aussi, fut amené ou plutôt invité à aller où était le Rabbi, par Judas de Kériot, que vous connaissez. Et moi j'ai entendu, et aussi ces deux ont entendu comme moi car ils étaient présents, comment ce fut Judas qui engagea Jésus de Nazareth à faire le miracle. Maintenant je dépose ici que s'il y a lieu de punir quelqu'un, ce n'est pas l'aveugle ni le Rabbi, mais l'homme de Kériot qui, Dieu me voit si je mens en disant ce que pense mon intelligence, est le seul auteur du fait en tant qu'il l'a provoqué par une manœuvre préméditée. J'ai parlé.” “Ta déclaration n'annule pas la faute du Rabbi. Si son disciple pèche, le Maître ne doit pas pécher. Et Lui a péché en guérissant le jour du sabbat. Il a accompli une œuvre servile.” “Cracher par terre n'est pas faire œuvre servile, et toucher les yeux d'un autre n'est pas faire œuvre servile. Moi aussi je touche l'homme et je ne crois pas pécher.” “Il a fait un miracle le jour du sabbat: c'est en cela qu'est le péché.” “Honorer le sabbat par un miracle est une grâce de Dieu et de sa bonté. C'est son jour. Et le Tout Puissant ne peut-Il pas le célébrer par un miracle qui fait resplendir sa puissance?” “Nous ne sommes pas ici pour t'écouter. Tu n'es pas accusé. C'est l'homme que nous voulons interroger. À toi de répondre. Comment as-tu obtenu la vue?” “Je l'ai dit et eux m'ont entendu. Le disciple de ce Jésus m'a dit hier: "Viens et je te ferai guérir". Et je suis venu, et j'ai senti qu'on me mettait de la boue ici et une voix qui me disait d'aller à Siloé et de me laver. Je l'ai fait et j'y vois.” “Mais sais-tu qui t'a guéri?” “Bien sûr que je le sais! Jésus. Je vous l'ai dit.” “Mais sais-tu exactement qui est Jésus?” “Moi, je ne sais rien. Je suis un pauvre et un ignorant, et il y a peu de temps, j'étais aveugle. Cela, je le sais et je sais que Lui m'a guéri et s'il a pu le faire Dieu est certainement avec Lui.” “Ne blasphème pas! Dieu ne peut être avec celui qui n'observe pas le sabbat” crient certains. Mais Joseph et les pharisiens Eléazar, Jean et Joachim font remarquer: “Et pourtant un pécheur ne peut faire de tels prodiges.” “Vous êtes séduits vous aussi par ce possédé?” “Non. Nous sommes justes, et nous disons que si Dieu ne peut être avec celui qui opère le jour du sabbat, il n'est pas possible non plus qu'un homme sans l'aide de Dieu fasse qu'un aveugle-né y voie” dit avec calme Eléazar, et les autres sont de son avis. “Et le démon, où le mettez-vous?” crient, hargneux, les mauvais. “Je ne puis croire, et vous non plus ne le croyez pas, que le démon puisse faire des œuvres capables de faire louer le Seigneur” dit le pharisien Jean. “Et qui le loue?” Le jeune homme, ses parents, Ophel tout entier, et moi avec eux, et avec moi tous ceux qui sont justes et ont une crainte sainte de Dieu” réplique Joseph. Les mauvais, tout penauds, ne sachant qu'objecter, s'en prennent à Sidonia dit Bartolmaï: “Toi, que dis-tu de celui qui t'a ouvert les yeux?” “Pour moi, c'est un prophète, et plus grand qu'Élie avec le fils de la veuve de Sarepta. Car Élie a fait revenir l'âme dans l'enfant, mais ce Jésus m'a donné ce que je n'avais jamais perdu, ne l'ayant jamais eu: la vue. Et si, en un éclair, il m'a fait des yeux avec rien, sauf un peu de boue, alors qu'en neuf mois ma mère, avec sa chair et son sang n'a pas réussi à me les faire, il doit être grand comme Dieu qui avec de la boue a fait l'homme.” “Va-t'en! Va-t'en! Blasphémateur! Menteur! Vendu!” et ils chassent l'homme comme si c'était un damné. “L'homme ment. Ce ne peut être vrai. Tous peuvent le dire que celui qui est aveugle de naissance ne peut guérir. C'est peut-être quelqu'un qui ressemble à Bartolmaï, et que le Nazaréen a préparé… ou bien… Bartolmaï n'a jamais été aveugle.” Devant cette affirmation surprenante, Joseph d'Arimathie réplique: “Que la haine aveugle, on le sait depuis le temps de Caïn, mais qu'elle rende stupide, on ne le savait pas encore. Vous semble-t-il que quelqu'un arrive au plein développement de la jeunesse en feignant d'être aveugle pour… attendre un présumable événement éclatant et très éloigné? Ou que les parents de Bartolmaï ne connaissent pas leur fils ou se prêtent à ce mensonge?” “L'argent peut tout, et eux sont pauvres.” “Le Nazaréen l'est plus qu'eux.” “Tu mens! Il Lui passe par les mains des sommes de satrape.” “Mais elles ne s'y arrêtent pas un instant. Ces sommes appartiennent aux pauvres. Elles servent pour le bien, non pour le mensonge.” “Comme tu le défends! Et tu es un des Anciens!” “Joseph a raison. Il faut dire la vérité, quelle que soit la charge que l'homme occupe” dit Eléazar. “Courez rappeler l'aveugle et amenez-le de nouveau ici, et que d'autres aillent chercher les parents et les ramènent ici” crie Elchias en ouvrant la porte toute grande et en donnant ses ordres à certains qui attendent dehors. Et sa bouche est presque couverte de bave tant la colère l'étrangle. Les uns courent d'un côté, les autres de l'autre. Le premier qui revient c'est Sidonia dit Bartolmaï, étonné et ennuyé. Ils le fichent dans un coin le regardant comme une meute de chiens qui guette un gibier… Puis, après un bon moment, voilà qu'arrivent ses parents entourés de la foule. “Vous, venez dedans et les autres dehors!” Les deux entrent épouvantés et ils voient leur fils là-bas au fond, en bonne forme, mais en état d'arrestation. La mère gémit: “Mon fils! Et ce devait être un jour de fête pour nous!” “Écoutez-nous. C'est votre fils, cet homme?” demande avec rudesse un pharisien. “Oui, c'est notre fils! Et qui voulez-vous que ce soit sinon lui?” “Vous en êtes vraiment sûrs?” Le père et la mère sont tellement abasourdis par la question que avant de répondre ils se regardent. “Répondez!” “Noble pharisien, peux-tu penser qu'un père et une mère puissent se tromper à propos de leur enfant?” dit humblement le père. “Mais… pouvez-vous jurer que… Oui. Que pour une somme d'argent il ne vous a pas été demandé de dire que c'est votre fils alors que c'est quelqu'un qui lui ressemble?” “Demandé de dire? Et par qui donc? Jurer? Mais mille fois, et sur l'autel et le Nom de Dieu, si tu veux!” Et ils l'affirment avec tant d'assurance que le plus obstiné en serait démonté. Mais les pharisiens ne se démontent pas! Ils demandent: “Mais votre fils n'était pas né aveugle?” “Si, il était né ainsi. Avec les paupières closes et par dessous le vide, rien…” “Et comment donc y voit-il maintenant? Il a des yeux sur lesquels s'ouvrent des paupières. Vous ne voudriez tout de même pas dire que des yeux puissent naître ainsi, comme des fleurs au printemps, et qu'une paupière s'ouvre absolument comme le fait le calice d'une fleur!…” dit un autre pharisien avec un rire sarcastique. “Nous savons que cet homme est vraiment notre fils depuis presque trente ans, et qu'il est né aveugle, mais comment maintenant il y voit, nous ne le savons pas et nous ne savons pas qui lui a ouvert les yeux. Du reste, demandez-le-lui. Il n'est pas idiot et ce n'est pas un enfant. Il a l'âge. Interrogez-le et il vous répondra.” “Vous mentez” s'écrie un des deux qui avaient toujours suivi l'aveugle. “Lui, dans votre maison, a raconté comment il a été guéri et par qui. Pourquoi dites-vous que vous ne le savez pas?” “Nous étions tellement abasourdis par la surprise que nous n'avons pas entendu” disent les deux en s'excusant. Les pharisiens s'adressent à Sidonia dit Bartolmaï: “Avance ici, toi, et donne gloire à Dieu s'il t'est possible! Tu ne sais pas que celui qui t'a touché les yeux est un pécheur? Tu ne le sais pas? Eh bien apprends-le. Nous te le disons, nous qui le savons.” “Mais, ce sera comme vous dites. Pour moi, si c'est un pécheur, je ne le sais pas. Je sais seulement qu'avant j'étais aveugle et que maintenant j'y vois, et clair.” “Mais que t'a-t-il fait? Comment t'a-t-il ouvert les yeux?” “Je vous l'ai déjà dit et vous m'avez entendu. Maintenant vous voulez l'entendre de nouveau? Pourquoi? Peut-être voulez-vous devenir ses disciples?” “Imbécile! Sois-le, toi, disciple de cet homme. Nous, nous sommes disciples de Moïse, et nous savons tout de Moïse et que Dieu lui a parlé. Mais de cet homme nous ne savons rien, ni d'où il vient, ni qui il est, et aucun prodige du Ciel ne l'indique comme prophète.” “C'est là précisément que se trouve le merveilleux! Que vous ne savez pas d'où il est et que vous dites qu'aucun prodige n'indique qu'il soit juste. Mais Lui m'a ouvert les yeux et personne de nous d'Israël n'avait jamais pu le faire, pas même l'amour d'une mère et les sacrifices de mon père. Une chose pourtant que nous savons tous, aussi bien vous que moi, c'est que Dieu n'exauce pas le pécheur, mais celui qui craint Dieu et fait sa volonté. On n'a jamais entendu dire que quelqu'un dans le monde entier ait pu ouvrir les yeux à un aveugle-né, mais cela, Jésus l'a fait. Si Lui n'était pas de Dieu, il n'aurait pas pu le faire.” “Tu es né entièrement dans le péché, et tu as l'esprit difforme autant et plus que ne l'était ton corps, et tu prétends nous faire la leçon? Va-t'en, misérable avorton, et fais-toi satan avec ton séducteur. Dehors! Dehors, tout le monde, plèbe imbécile et pécheresse!” et ils les jettent dehors: fils, père et mère comme si c'étaient trois lépreux. Les trois s'en vont rapidement, suivis par leurs amis, mais arrivé hors de l'enceinte, Sidonia se retourne et dit: “Et restez! Et dites ce que vous voulez. Ce qu'il y a de vrai c'est que j'y vois et j'en loue Dieu. Et satan, c'est vous qui le serez, et non pas le Bon qui m'a guéri.” “Tais-toi, fils! Tais-toi! Pourvu que cela ne nous fasse pas du mal!…” gémit la mère. “Oh! ma mère! L'air de cette salle t'a empoisonné l'âme, toi qui dans ma douleur m'enseignais à louer Dieu et qui maintenant dans la joie ne sais pas le remercier, et qui crains les hommes? Si Dieu m'a tant aimé et t'a aimée au point de nous donner le miracle, ne saura-t-Il pas nous défendre d'une poignée d'hommes?” “Ton fils a raison, femme. Allons à notre synagogue pour louer le Seigneur, puisqu'ils nous ont chassés du Temple. Et allons-y vivement avant la fin du sabbat…” Et, pressant le pas, ils se perdent dans les chemins de la vallée.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 19 mars 2017, Troisième dimanche de Carême

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 4,5-42. 
Jésus arrivait à une ville de Samarie appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph, et où se trouve le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s'était assis là, au bord du puits. Il était environ midi. Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l'eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » (En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter de quoi manger.) La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi qui es Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » (En effet, les Juifs ne veulent rien avoir en commun avec les Samaritains.) Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : 'Donne-moi à boire', c'est toi qui lui aurais demandé, et il t'aurait donné de l'eau vive. » Elle lui dit : « Seigneur, tu n'as rien pour puiser, et le puits est profond ; avec quoi prendrais-tu l'eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? » Jésus lui répondit : « Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. » La femme lui dit : « Seigneur, donne-la-moi, cette eau : que je n'aie plus soif, et que je n'aie plus à venir ici pour puiser. » Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. » La femme répliqua : « Je n'ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n'as pas de mari, car tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n'est pas ton mari : là, tu dis vrai. » La femme lui dit : « Seigneur, je le vois, tu es un prophète. Alors, explique-moi : nos pères ont adoré Dieu sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut l'adorer est à Jérusalem. » Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l'heure vient où vous n'irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous adorons, nous, celui que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l'heure vient - et c'est maintenant - où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l'adorent, c'est en esprit et vérité qu'ils doivent l'adorer. » La femme lui dit : « Je sais qu'il vient, le Messie, celui qu'on appelle Christ. Quand il viendra, c'est lui qui nous fera connaître toutes choses. » Jésus lui dit : « Moi qui te parle, je le suis. » Là-dessus, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que demandes-tu ? » ou : « Pourquoi parles-tu avec elle ? » La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens : « Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait. Ne serait-il pas le Messie ? » Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers Jésus. Pendant ce temps, les disciples l'appelaient : « Rabbi, viens manger. » Mais il répondit : « Pour moi, j'ai de quoi manger : c'est une nourriture que vous ne connaissez pas. » Les disciples se demandaient : « Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger ? » Jésus leur dit : « Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre. Ne dites-vous pas : 'Encore quatre mois et ce sera la moisson' ? Et moi je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs qui se dorent pour la moisson. Dès maintenant, le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit avec le moissonneur. Il est bien vrai, le proverbe : 'L'un sème, l'autre moissonne. ' Je vous ai envoyés moissonner là où vous n'avez pas pris de peine, d'autres ont pris de la peine, et vous, vous profitez de leurs travaux. » Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause des paroles de la femme qui avait rendu ce témoignage : « Il m'a dit tout ce que j'ai fait. » Lorsqu'ils arrivèrent auprès de lui, ils l'invitèrent à demeurer chez eux. Il y resta deux jours. Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de ses propres paroles, et ils disaient à la femme : « Ce n'est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant ; nous l'avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c'est vraiment lui le Sauveur du monde. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris 
Correspondance dans "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 3, Ch 3, p 13 - CD 3, piste 3 - 
“Je m'arrête ici. Allez en ville. Achetez tout ce qu'il faut pour le repas. Nous mangerons ici.” “Nous y allons tous?” “Oui, Jean. C'est bien que vous alliez en groupe.” “Et Toi? Tu restes seul ... Ils sont samaritains ... ” “Ce ne seront pas les pires parmi les ennemis du Christ. Allez, allez. Je prie, en vous attendant, pour vous et pour eux.” Les disciples s'en vont à regret et à trois ou quatre reprises ils se retournent pour regarder Jésus qui s'est assis sur un muret exposé au soleil près du bas et large bord d'un puits. Un grand puits, presque une citerne, tellement il est large. En été il doit être ombragé par de grands arbres, maintenant dépouillés. On ne voit pas l'eau, mais le terrain, près du puits, montre clairement qu'on a puisé de l'eau à cause des petites mares et des empreintes circulaires laissées par les brocs humides. Jésus s'assied et médite, dans son attitude ordinaire, les coudes appuyés sur les genoux et les mains jointes en avant, le corps légèrement incliné et la tête penchée vers la terre. Puis il sent un bon petit soleil qui le réchauffe et il laisse glisser son manteau de dessus sa tête et de ses épaules tout en le gardant encore replié sur sa poitrine. Il lève la tête pour sourire à une bande de moineaux querelleurs qui se disputent une grosse mie de pain perdue par quelque personne près du puits. Mais les oiseaux s'enfuient à l'arrivée d'une femme qui vient au puits avec une amphore vide qu'elle tient par une anse de la main gauche, pendant que sa main droite écarte avec surprise son voile pour voir quel est l'homme assis là. Jésus sourit à cette femme sur les trente cinq à quarante ans, grande, aux traits fortement dessinés, mais beaux. Elle a, dirions-nous, le type presque espagnol avec son teint olivâtre, les lèvres très rouges et plutôt épaisses, des yeux démesurément grands et noirs sous des sourcils très touffus et les tresses couleur de jais que l'on voit sous le voile léger. Même les formes, qui tendent à l'embonpoint, présentent nettement le type oriental légèrement adouci comme celui des femmes arabes. Elle est vêtue d'une étoffe à rayures multicolores, serrée à la ceinture, tendue sur les hanches et la poitrine grassouillettes, et retombant ensuite en une sorte de volant ondulant jusqu'à terre. Quantité de bagues et de bracelets aux mains grassouillettes et brunes et aux poignets que l'on voit sous les manches de lin. Au cou un lourd collier d'où pendent des médailles, je dirais des amulettes car il y en a de toutes les formes. De pesantes boucles d'oreilles descendent jusqu'au cou et brillent sous le voile. “La paix soit avec toi, femme. Me donnes-tu à boire? J'ai beaucoup marché et j'ai soif.” “Mais, n'es-tu pas juif? Et tu me demandes à boire, à moi samaritaine. Qu'est-il donc arrivé? Sommes-nous réhabilités ou est-ce vous qui êtes humiliés? Sûrement un grand évènement est survenu si un juif parle poliment à une samaritaine. Je devrais cependant te dire: "Je ne te donne rien pour punir en Toi toutes les insultes que depuis des siècles les juifs nous adressent".” “Tu as bien parlé. Un grand évènement est survenu et pour cela beaucoup de choses sont changées et un plus grand nombre changeront. Dieu a fait un grand don au monde et pour cela beaucoup de choses sont changées. Si tu connaissais le don de Dieu et quel est Celui qui te dit: "Donne-moi à boire", peut-être toi-même, tu Lui aurais demandé à boire et Lui t'aurait donné de l'eau vive.” “L'eau vive est dans les veines de la terre, et ce puits la possède. Mais il est à nous.” La femme est railleuse et présomptueuse. “L'eau appartient à Dieu. Comme la bonté appartient à Dieu. Comme la vie appartient à Dieu. Tout appartient à un Dieu Unique, femme. Et tous les hommes viennent de Dieu: les samaritains comme les juifs. Ce puits n'est-il pas celui de Jacob? Et Jacob n'est-il pas le chef de notre race? Si par la suite une erreur nous a séparés, cela ne change rien à notre origine.” “Notre erreur, n'est-ce pas?” demande la femme agressive. “Ni la nôtre, ni la vôtre. Erreur de quelqu'un qui avait perdu de vue la Charité et la Justice. Moi, je ne t'attaque pas et je n'attaque pas ta race. Pourquoi veux-tu être agressive?” “Tu es le premier juif que j'entends parler ainsi. Les autres... Mais, pour revenir au puits, oui, c'est celui de Jacob et il a une eau si abondante et si claire que nous de Sychar nous la préférons aux autres fontaines. Mais il est très profond. Tu n'as pas d'amphore ni d'outre. Comment pourrais-tu donc atteindre pour moi l'eau vive? Es-tu plus que Jacob, notre saint Patriarche, qui a trouvé cette veine abondante, pour lui, ses enfants, ses troupeaux et nous l'a laissée en souvenir de lui et comme cadeau?” “Tu l'as dit. Mais qui boit de cette eau aura encore soif. Moi, au contraire, j'ai une eau telle que celui qui l'aura bue ne sentira plus la soif. Mais elle n'appartient qu'à Moi et je la donnerai à qui me la demande. Et en vérité je te dis que celui qui aura de l'eau que je lui donnerai, aura toujours en lui la fraîcheur et n'aura plus soif, car mon eau deviendra en lui une source intarissable, éternelle.” “Comment? Je ne comprends pas. Es-tu un mage? Comment un homme peut-il devenir un puits? Le chameau boit et fait une provision d'eau dans le creux de son ventre. Mais ensuite il la consomme et elle ne lui dure pas toute sa vie. Et tu dis que ton eau dure toute la vie?” “Davantage encore: elle jaillira jusqu'à la vie éternelle. En celui qui la boit elle jaillira jusqu'à la vie éternelle et donnera des germes de vie éternelle, car c'est une source de salut.” “Donne-moi de cette eau s'il est vrai que tu la possèdes. Je me fatigue à venir jusqu'ici. Si je l'ai, je n'aurai plus soif et je ne deviendrai jamais malade ni vieille.” “Il n'y a que cela qui te fatigue? Rien d'autre? Et tu n'éprouves pas d'autre besoin que de puiser pour boire, pour ton misérable corps? Penses-y. Il y a quelque chose qui est plus que le corps: c'est l'âme. Jacob n'a pas seulement donné de l'eau du sol, pour lui et pour les siens. Mais il s'est préoccupé de se procurer pour lui et de donner la sainteté, l'eau de Dieu.” “Vous nous dites: païens, vous ... Si c'est vrai ce que vous dites, nous ne pouvons pas être saints ...” La femme a perdu son ton impertinent et ironique et elle est soumise et légèrement confuse. “Même un païen peut être vertueux. Et Dieu, qui est juste, le récompensera pour le bien qu'il aura fait. Ce ne sera pas une récompense parfaite, mais, je te le dis, entre un fidèle souillé d'une faute grave et un païen sans faute, Dieu regarde avec moins de rigueur le païen. Et pourquoi, si vous savez être tels, ne venez-vous pas au Vrai Dieu? Comment t'appelles-tu?” “Fotinaï.” “Eh bien, réponds-moi, Fotinaï. Ne souffres-tu pas de ne pouvoir aspirer à la sainteté parce que tu es païenne, comme tu dis, parce que tu es dans les nuées d'une antique erreur, comme Moi je dis?” “Oui, que j'en souffre. ” “Et alors, pourquoi ne vis-tu pas au moins en païenne vertueuse?” “Seigneur! ... ” “Oui, peux-tu le nier? Va appeler ton mari et reviens avec lui.” “Je n'ai pas de mari...” La confusion de la femme grandit. “Tu as bien dit. Tu n'as pas de mari. Tu as eu cinq hommes et maintenant tu as avec toi quelqu'un qui n'est pas ton mari. Était-ce nécessaire, cela? Même ta religion ne conseille pas l'impureté. Le Décalogue, vous l'avez, vous aussi. Pourquoi alors, Fotinaï, vis-tu ainsi? Ne te sens-tu pas lasse d'être la chair de tant d'hommes, au lieu d'être l'honnête épouse d'un seul? N'as-tu pas peur de ta vieillesse, quand tu te trouveras seule avec tes souvenirs? Avec tes regrets? Avec tes peurs? Oui, même celles-là. La peur de Dieu et des spectres. Où sont tes enfants?” La femme baisse complètement la tête et ne parle pas. “Tu ne les as pas sur la terre. Mais leurs petites âmes, auxquelles tu as interdit de voir la lumière du jour, t'adressent des reproches. Toujours. Bijoux... beaux vêtements... riche maison... table bien garnie... Oui. Mais le vide, les larmes et la misère intérieure. Tu es une délaissée, Fotinaï. Et ce n'est qu'avec un repentir sincère, moyennant le pardon de Dieu et par conséquent de tes enfants que tu peux devenir riche.” “Seigneur, je vois que tu es un prophète, et j'ai honte ... ” “Et à l'égard du Père qui est aux Cieux, tu n'éprouvais pas cette honte, quand tu faisais le mal? Ne pleure pas de découragement devant l'Homme... Viens ici, Fotinaï, près de Moi. Je te parlerai de Dieu. Peut-être tu ne Le connaissais pas bien. Et c'est pour cela, certainement pour cela, que tu as tant erré. Si tu avais bien connu le vrai Dieu, tu ne te serais pas ainsi avilie. Lui t'aurait parlé et t'aurait soutenue ... ” “Seigneur, nos pères ont adoré sur cette montagne. Vous dites que c'est seulement à Jérusalem que l'on doit adorer. Mais, tu le dis: il n'y a qu'un seul Dieu. Aide-moi à voir où et comment je dois adorer ... ” “Femme, crois-moi. Bientôt viendra l'heure où ce ne sera ni sur la montagne de Samarie ni à Jérusalem que sera adoré le Père. Vous adorez Celui que vous ne connaissez pas. Nous adorons Celui que nous connaissons, car le salut vient des juifs. Je te rappelle les Prophètes. Mais l'heure viendra. Déjà elle est commencée où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, non plus suivant les rites antiques mais avec le rite nouveau où il n'y aura plus de sacrifices, ni d'hosties d'animaux consumés par le feu. Mais le sacrifice éternel de l'Hostie Immaculée brûlée par le Feu de la Charité. Culte spirituel dans un Royaume spirituel. Et il sera compris de ceux qui savent adorer en esprit et en vérité. Dieu est Esprit. Ceux qui l'adorent doivent l'adorer spirituellement. ” “Tu as de saintes paroles. Moi, je sais, car nous aussi nous savons quelque chose, que le Messie est sur le point de venir. Le Messie, Celui qu'on appelle aussi "le Christ". Quand il sera venu, il nous enseignera toutes choses. Tout près d'ici se trouve aussi celui qu'on dit être son Précurseur. Et beaucoup vont l'écouter. Mais il est si sévère!... Toi, tu es bon... et les pauvres âmes n'ont pas peur de Toi. Je pense que le Christ sera bon. On l'appelle le Roi de la Paix. Tardera-t-il beaucoup à venir?” “Je t'ai dit que son temps est déjà présent.” “Comment le sais-tu? Tu es peut-être son disciple? Le Précurseur a beaucoup de disciples. Le Christ aussi en aura.” “C'est Moi, qui te parle, qui suis le Christ Jésus.” “Toi!... Oh!...” La femme, qui s'était assise près de Jésus, se lève et va s'enfuir. “Pourquoi t'enfuis-tu, femme?” “C'est que je suis horrifiée de me mettre près de Toi. Tu es saint ... ” “Je suis le Sauveur. Je suis venu ici - ce n'était pas nécessaire -parce que je savais que ton âme était lasse d'être errante. Tu as la nausée de ta nourriture... Je suis venu te donner une nourriture nouvelle et qui t'enlèvera nausée et fatigue... Voici mes disciples qui reviennent avec mon pain. Mais déjà je suis nourri de t'avoir donné les premières miettes de ta rédemption.” Les disciples lorgnent plus ou moins discrètement la femme, mais personne ne parle. Elle s'en va sans plus penser à l'eau ni à son amphore. “Voici, Maître” dit Pierre. “Ils nous ont bien traités. Il y a du fromage, du pain frais, des olives et des pommes. Prends ce que tu veux. Cette femme a bien fait de laisser son amphore. Nous aurons plus vite fait qu'avec nos petites gourdes. Nous boirons et nous les remplirons sans avoir à demander autre chose aux samaritains, et sans les côtoyer aussi à leurs fontaines. Tu ne manges pas? Je voulais trouver du poisson pour Toi, mais il n'y en a pas. Peut-être cela t'aurait-il plu davantage. Tu es fatigué et pâle.” “J'ai une nourriture que vous ne connaissez pas. Ce sera mon repas. Je serai bien restauré.” Les disciples se regardent entre eux, s'interrogeant du regard. Jésus répond à leurs muettes interrogations: “Ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé pour achever l'œuvre qu'Il désire que j'accomplisse. Quand le semeur jette la semence, peut-il dire qu'il a déjà tout fait pour dire qu'il a la récolte? Non, certainement pas, combien il a encore à faire pour dire: "Voici que mon travail est achevé"! Et jusqu'à cette heure, il ne peut se reposer. Regardez ces champs sous le gai soleil de la sixième heure. Il y a seulement un mois, et même moins, la terre était nue, sombre parce que les pluies l'avaient battue. Maintenant, regardez. Des tiges innombrables de blé, qui viennent de percer, d'un vert très tendre qui dans cette grande lumière semble encore plus clair, la couvrent, pour ainsi dire, d'un voile léger presque blanc. C'est la moisson future et vous dites en la voyant: "Dans quatre mois, c'est la récolte. Les semeurs engageront des moissonneurs, parce que si un semeur suffit pour ensemencer, il faut un grand nombre d'ouvriers pour moissonner. Semeurs et moissonneurs sont heureux. Celui qui a semé un petit sac de grains et qui doit maintenant préparer ses greniers pour la récolte, aussi bien que ceux qui, en quelques jours, gagnent de quoi vivre pendant quelques mois". Dans le champ de l'esprit, aussi, ceux qui moissonnent ce que j'ai semé se réjouissent avec Moi et comme Moi, parce que je leur donnerai mon salaire et ce qu'il leur est dû. Je leur donnerai de quoi vivre dans mon Royaume éternel. Vous, vous n'avez qu'à moissonner; le travail le plus dur, c'est Moi qui l'ai fait. Et pourtant je vous dis: "Venez faire la moisson dans mon champ. Je suis heureux de vous voir chargés des gerbes de ma récolte. Quand j'aurai semé tout mon grain, inlassablement, partout, et que vous aurez fait la récolte, alors sera accomplie la volonté de Dieu et je m'assiérai au banquet de la céleste Jérusalem". Voici qu'arrivent les samaritains avec Fotinaï. Usez de charité envers eux. Ce sont des âmes qui viennent à Dieu.” 
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 12 mars 2017, Deuxième dimanche de Carême

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 17,1-9.
Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l'écart, sur une haute montagne.Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière.Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s'entretenaient avec lui.Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. » Il parlait encore, lorsqu'une nuée lumineuse les couvrit de son ombre ; et, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour ; écoutez-le ! » Entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre et furent saisis d'une grande frayeur.Jésus s'approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et n'ayez pas peur ! » Levant les yeux, ils ne virent plus que lui, Jésus seul.En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts. » 
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 5, chap 37, p 247 - CD5, piste 94 -
Jésus s'arrête et dit: “Que Pierre, Jean et Jacques de Zébédée viennent avec Moi sur la montagne. Vous autres disséminez-vous à la base en vous séparant sur les routes qui la côtoient et prêchez le Seigneur. Vers le soir, je veux être de nouveau à Nazareth. Ne vous éloignez donc pas. La paix soit avec vous.” Et s'adressant aux trois qu'il a appelés, il dit: “Allons.” Et il commence la montée sans plus se retourner en arrière et d'un pas si rapide que Pierre a du mal à le suivre.A un arrêt Pierre, rouge et en sueur, Lui demande hors d'haleine: “Mais où allons-nous? Il n'y a pas de maisons sur la montagne. Au sommet, il y a cette vieille forteresse. Veux-tu aller prêcher là?”“J'aurais pris l'autre versant, mais tu vois que je lui tourne le dos. Nous n'irons pas à la forteresse et ceux qui y sont ne nous verront même pas. Je vais m'unir à mon Père et je vous ai voulu avec Moi, parce que je vous aime. Allons, vite!”“Oh! mon Seigneur! Ne pourrions-nous marcher un peu plus doucement et parler de ce que nous avons entendu et vu hier et qui nous a tenus éveillés toute la nuit pour en parler?”“Aux rendez-vous de Dieu il faut toujours se rendre rapidement. Allons, Simon Pierre! Là-haut, je vous ferai reposer.” Et il reprend la montée… (Jésus dit: “Joignez ici la Transfiguration que tu as eue le 5 Août 1944, mais sans la dictée qui lui est jointe. Après avoir fini de copier la Transfiguration de l'an dernier, P.M. copiera ce que je te montre maintenant.”) Je suis avec mon Jésus sur une haute montagne. Avec Jésus, il y a Pierre, Jacques et Jean. Ils montent encore plus haut et le regard se porte vers des horizons ouverts dont une belle et tranquille journée permet de voir nettement les détails jusque dans les lointains.La montagne ne fait pas partie d'un ensemble montagneux comme celui de la Judée, elle s'élève isolée et, par rapport à l'endroit où nous nous trouvons, elle a l'orient en face, le nord à gauche, le sud à droite et en arrière à l'ouest la cime qui dépasse encore de quelques centaines de pas.Elle est très élevée et l'œil peut découvrir un large horizon. Le lac de Génésareth semble un morceau de ciel descendu pour s'encadrer dans la verdure, une turquoise ovale enserrée dans des émeraudes de différentes teintes, un miroir qui tremble et se ride sous un vent léger et sur lequel glissent, avec l'agilité des mouettes, les barques aux voiles tendues, légèrement penchées vers l'onde azurine, vraiment avec la grâce du vol d'un alcyon qui survole l'eau à la recherche d'une proie. Puis, voilà que de l'immense turquoise sort une veine, d'un bleu plus pâle là où la grève est plus large, et plus sombre là où les rives se rapprochent et où l'eau est plus profonde et plus sombre à cause de l'ombre qu'y projettent les arbres qui croissent vigoureux près du fleuve qui les nourrit de sa fraîcheur. Le Jourdain semble un coup de pinceau presque rectiligne dans la verdure de la plaine. Des petits villages sont disséminés à travers la plaine des deux côtés du fleuve. Quelques-uns sont tout juste une poignée de maisons, d'autres sont plus vastes, avec déjà des airs de villes. Les grand-routes sont des lignes jaunâtres dans la verdure. Mais ici, du côté de la montagne, la plaine est beaucoup mieux cultivée et plus fertile, très belle. On y voit les diverses cultures avec leurs différentes couleurs riant au beau soleil qui descend du ciel serein.Ce doit être le printemps, peut-être mars, si je tiens compte de la latitude de la Palestine, car je vois les blés déjà grands, mais encore verts, qui ondulent comme une mer glauque, et je vois les panaches des plus précoces parmi les arbres à fruits qui étendent des nuées blanches et rosées sur cette petite mer végétale, puis les prés tout en fleurs avec le foin qui a déjà poussé, dans lesquels les brebis qui paissent semblent des tas de neige amoncelée un peu partout sur la verdure.Tout à côté de la montagne, sur des collines qui en forment la base, des collines basses et de peu d'étendue, se trouvent deux petites villes, l'une vers le sud et l'autre vers le nord. La plaine très fertile s'étend particulièrement et avec plus d'ampleur vers le sud.Jésus, après un court arrêt à l'ombre d'un bouquet d'arbres, qu'il a certainement accordé par pitié pour Pierre qui dans les montées fatigue visiblement, reprend l'ascension. Il va presque sur la cime, là où se trouve un plateau herbeux que limite un demi-cercle d'arbres du côté de la côte.“Reposez-vous, amis, je vais là-bas pour prier” et il montre de la main un énorme rocher, un rocher qui affleure de la montagne et qui se trouve par conséquent non vers la côte mais vers l'intérieur, vers le sommet.Jésus s'agenouille sur l'herbe et appuie sa tête et ses mains au rocher, dans la pose qu'il aura aussi dans sa prière au Gethsémani. Le soleil ne le frappe pas, car la cime Lui donne de l'ombre. Mais le reste de l'emplacement couvert d'herbe est tout égayé par le soleil jusqu'à la limite de l'ombre du bouquet d'arbres sous lequel se sont assis les apôtres.Pierre enlève ses sandales, en secoue la poussière et les petits cailloux et il reste ainsi, déchaussé, ses pieds fatigués dans l'herbe fraîche, presque allongé, la tête sur une touffe d'herbe qui dépasse et lui sert d'oreiller.Jacques l'imite, mais pour être plus à l'aise, il cherche un tronc d'arbre pour s'y appuyer le dos couvert de son manteau.Jean reste assis et observe le Maître. Mais le calme de l'endroit, le petit vent frais, le silence et la fatigue viennent aussi à bout de lui, et sa tête tombe sur la poitrine et les paupières sur ses yeux. Aucun des trois ne dort profondément, mais ils sont sous le coup de cette somnolence estivale qui les étourdit.Ils sont éveillés par une clarté si vive qu'elle fait évanouir celle du soleil et qui se propage et pénètre jusque sous la verdure des buissons et des arbres sous lesquels ils se sont installés.Ils ouvrent leurs yeux étonnés et ils voient Jésus transfiguré. Il est maintenant tel que je le vois dans les visions du Paradis, naturellement sans les Plaies et sans la bannière de la Croix, mais la majesté du visage et du corps est pareille, pareille en est la clarté et pareil le vêtement qui est passé d'un rouge foncé à un tissu immatériel de diamant et de perles qui est son vêtement au Ciel. Son visage est un soleil qui émet une lumière sidérale, mais très intense, et ses yeux de saphir y rayonnent. Il semble encore plus grand, comme si sa gloire avait augmenté sa taille. Je ne saurais dire si la clarté, qui rend phosphorescent même le plateau, provient toute entière de Lui ou bien si à sa clarté propre se mélange toute celle qu'a concentrée sur son Seigneur toute la lumière qui existe dans l'Univers et dans les Cieux. Je sais que c'est quelque chose d'indescriptible.Jésus est maintenant debout, je dirais même qu'il est au-dessus de la terre car entre Lui et la verdure du pré il y a une sorte de vapeur lumineuse, un espace fait uniquement de lumière et sur lequel il semble qu'il se dresse. Mais elle est si vive que je pourrais me tromper et l'impossibilité de voir le vert de l'herbe sous les pieds de Jésus pourrait venir de cette lumière intense qui vibre et produit des ondes, comme on le voit parfois dans les incendies. Des ondes, ici, d'une couleur blanche incandescente. Jésus reste le visage levé vers le ciel et il sourit à une vision qui le transporte.Les apôtres en ont presque peur, et ils l'appellent, car il ne leur semble plus que ce soit leur Maître tant il est transfiguré. “Maître! Maître!” appellent-ils doucement mais d'une voix angoissée.Lui n'entend pas.“Il est en extase” dit Pierre tout tremblant. “Que peut-il bien voir?”Les trois se sont levés. Ils voudraient s'approcher de Jésus, mais ils ne l'osent pas.La lumière augmente encore avec deux flammes qui descendent du ciel et se placent aux côtés de Jésus. Quand elles sont arrêtées sur le plateau, leur voile s'ouvre et il en sort deux personnages majestueux et lumineux. L'un est plus âgé, au regard perçant et sévère et avec une longue barbe séparée en deux. De son front partent des cornes de lumière qui m'indiquent que c'est Moïse. L'autre est plus jeune, amaigri, barbu et poilu, à peu près comme le Baptiste auquel je dirais qu'il ressemble pour la taille, la maigreur, la conformation et la sévérité. Alors que la lumière de Moïse est d'une blancheur éclatante comme celle de Jésus, surtout pour les rayons du front, celle qui émane d'Élie ressemble à la flamme vive du soleil.Les deux Prophètes prennent une attitude respectueuse devant leur Dieu Incarné et bien que Jésus leur parle familièrement ils n'abandonnent pas leur attitude respectueuse. Je ne comprends pas un mot de ce qu'ils disent.Les trois apôtres tombent à genoux, tremblants, le visage dans les mains. Ils voudraient regarder, mais ils ont peur. Finalement Pierre parle: “Maître, Maître! Écoute-moi.” Jésus tourne les yeux en souriant vers son Pierre qui s'enhardit et dit: “C'est beau d'être ici avec Toi, Moïse et Élie. Si tu veux, nous faisons trois tentes pour Toi, pour Moïse et pour Élie, et nous nous tiendrons ici pour vous servir…”Jésus le regarde encore et il sourit plus vivement. Il regarde aussi Jacques et Jean, d'un regard qui les embrasse avec amour. Moïse aussi et Élie regardent fixement les trois. Leurs yeux étincellent. Ce doit être comme des rayons qui pénètrent les cœurs.Les apôtres n'osent pas dire autre chose. Effrayés, ils se taisent. Ils semblent un peu ivres et comme stupéfaits. Mais quand un voile qui n'est pas un nuage ni du brouillard, qui n'est pas un rayon, enveloppe et sépare les Trois glorieux derrière un écran encore plus brillant que celui qui les entourait déjà et les cache à la vue des trois, une Voix puissante et harmonieuse vibre et remplit d'elle-même tout l'espace, les trois tombent le visage contre l'herbe.“Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé, en qui Je me suis complu. Écoutez-le.”Pierre, en se jetant à plat ventre, s'écrie: “Miséricorde pour moi, pécheur! C'est la Gloire de Dieu qui descend!” Jacques ne souffle mot. Jean murmure avec un soupir, comme s'il allait s'évanouir: “Le Seigneur parle!”Personne n'ose relever la tête, même quand le silence est redevenu absolu. Ils ne voient donc pas non plus le retour de la lumière à son état naturel de lumière solaire pour montrer Jésus resté seul et redevenu le Jésus habituel dans son vêtement rouge. Il marche vers eux en souriant, il les secoue, les touche et les appelle par leurs noms.“Levez-vous! C'est Moi. Ne craignez pas” dit-il, car les trois n'osent pas lever le visage et invoquent la miséricorde de Dieu sur leurs péchés, craignant que ce soit l'Ange de Dieu qui veut les montrer au Très-haut.“Levez-vous, donc. Je vous le commande” répète Jésus avec autorité. Eux lèvent le visage et ils voient Jésus qui sourit.“Oh! Maître, mon Dieu!” s'écrie Pierre. “Comment ferons-nous pour vivre auprès de Toi, maintenant que nous avons vu ta Gloire? Comment ferons-nous pour vivre parmi les hommes et nous, hommes pécheurs, maintenant que nous avons entendu la Voix de Dieu?”“Vous devrez vivre auprès de Moi et voir ma gloire jusqu'à la fin. Soyez-en dignes car le temps est proche. Obéissez au Père qui est le mien et le vôtre. Retournons maintenant parmi les hommes, parce que je suis venu pour rester parmi eux et les amener à Dieu. Allons. Soyez saints en souvenir de cette heure, soyez forts et fidèles. Vous aurez part à ma gloire la plus complète. Mais ne parlez pas maintenant de ce que vous avez vu, à personne, pas même à vos compagnons. Quand le Fils de l'homme sera ressuscité d'entre les morts, et retourné dans la gloire de son Père, alors vous parlerez. Parce qu'alors il faudra croire pour avoir part à mon Royaume.”“Mais Élie ne doit-il pas venir afin de préparer à ton Royaume? Les rabbis le disent.”“Élie est déjà venu et il a préparé les voies au Seigneur. Tout arrive comme il a été révélé. Mais ceux qui enseignent la Révélation ne la connaissent pas, ne la comprennent pas. Ils ne voient pas et ils ne reconnaissent pas les signes des temps et les envoyés de Dieu. Élie est revenu une première fois. Il reviendra une seconde fois quand les derniers temps seront proches pour préparer les derniers à Dieu. Mais maintenant il est venu pour préparer les premiers au Christ, et les hommes n'ont pas voulu le reconnaître, ils l'ont tourmenté et mis à mort. Ils feront la même chose au Fils de l'homme car les hommes ne veulent pas reconnaître ce qui est leur bien.”Les trois penchent la tête, pensifs et tristes, et ils descendent par le chemin par où ils sont montés avec Jésus.… Et c'est encore Pierre qui dit, dans une halte à mi-chemin: “Ah! Seigneur! Je dis moi aussi comme ta Mère hier: "Pourquoi nous as-tu fait cela?" et je dis aussi: "Pourquoi nous as-tu dit cela?" Tes dernières paroles ont effacé de nos cœurs la joie de la vue glorieuse! C'est une grande journée de peur que celle-ci! Ce qui nous a d'abord effrayé, c'est la grande lumière qui nous a éveillés, plus forte que si la montagne avait brûlé, ou que si la lune était descendue pour rayonner sur le plateau, sous nos yeux; puis ton aspect et ta façon de te détacher du sol, comme si tu allais t'envoler. J'ai eu peur que Toi, dégoûté des iniquités d'Israël, tu ne retournes aux Cieux, peut-être sur l'ordre du Très-haut. Puis j'ai eu peur de voir apparaître Moïse que les gens de son temps ne pouvaient regarder sans voile tant resplendissait sur son visage le reflet de Dieu, et c'était un homme, et maintenant c'est un esprit bienheureux et enflammé de Dieu, et Élie… Miséricorde divine! J'ai cru être arrivé à mon dernier moment, et tous les péchés de ma vie, depuis le temps où tout petit je volais des fruits dans le garde-manger du voisin, jusqu'au dernier quand je t'ai mal conseillé ces derniers jours, tous me sont venus à l'esprit. Avec quel tremblement je m'en suis repenti! Puis il m'a semblé que ces deux justes m'aimaient… et j'ai osé parler. Mais même leur amour me faisait peur car je ne mérite pas l'amour de pareils esprits. Et après… et après!… La peur des peurs! La voix de Dieu!… Jéhovah qui a parlé! À nous! Il nous a dit: "Écoutez-le" Toi. Et Il t'a proclamé: "Son Fils Bien-Aimé en qui Il se complaît". Quelle peur! Jéhovah!… à nous!… Certainement il n'y a que ta force qui nous a gardés en vie!… Quand tu nous as touchés et tes doigts brûlaient comme des pointes de feu, j'ai eu la dernière épouvante. J'ai cru que c'était l'heure du jugement et que l'Ange me touchait pour me prendre l'âme et la porter au Très-haut… Mais comment ta Mère a-t-elle fait pour voir… pour entendre… pour vivre, en somme, cette heure dont tu as parlé hier, sans mourir, elle qui était seule, jeune, sans Toi?”“Marie, la Sans Tache, ne pouvait avoir peur de Dieu. Eve n'en eut pas peur tant qu'elle fut innocente. Et il y avait Moi. Moi, le Père et l'Esprit, Nous, qui sommes au Ciel, sur la terre et en tout lieu, et qui avions notre Tabernacle dans le cœur de Marie” dit doucement Jésus.“Quelle chose! Quelle chose!… Mais après tu as parlé de mort… Et toute joie est finie… Mais pourquoi justement à nous trois tout cela? Ce n'était pas bien de la donner à tous cette vision de ta gloire?”“C'est justement parce que vous vous évanouissez en entendant parler de la mort, et mort par supplice, du Fils de l'homme, que l'Homme-Dieu a voulu vous fortifier pour cette heure et pour toujours, par la connaissance anticipée de ce que je serai après la Mort. Rappelez-vous tout cela pour le dire en son temps… Avez-vous compris?”“Oh! oui, Seigneur. Il n'est pas possible d'oublier, et ce serait inutile de le raconter. Ils diraient que nous sommes "ivres".”
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie  http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 5 mars 2017, Premier dimanche de Carême

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 4, 1-11. 
Jésus, après son baptême, fut conduit au désert par l'Esprit pour être tenté par le démon. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le tentateur s'approcha et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » Mais Jésus répondit : « Il est écrit : Ce n'est pas seulement de pain que l'homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » Alors le démon l'emmène à la ville sainte, à Jérusalem, le place au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu. » Le démon l'emmène encore sur une très haute montagne et lui fait voir tous les royaumes du monde avec leur gloire. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si tu te prosternes pour m'adorer. » Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C'est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, et c'est lui seul que tu adoreras. » Alors le démon le quitte. Voici que des anges s'approchèrent de lui, et ils le servaient.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris 
Correspondance dans "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 2, Ch 5, p 23 - CD 2 (1er cd), piste 7
Je vois la solitude pierreuse déjà vue à ma gauche dans la vision du Baptême de Jésus au Jourdain. Cependant, je dois y avoir pénétré profondément, parce que, en fait, je ne vois plus le beau fleuve aux eaux lentes et azurées ni la veine verte qui le côtoie sur ses deux rives, alimentée par cette artère aquatique. Ici, rien que la solitude, des pierres, une terre brûlée, réduite à l’état de poussière jaunâtre qu’à chaque instant le vent soulève en petits tourbillons. On dirait le souffle dune bouche fiévreuse tant ils sont secs et brûlants, torturants aussi pour la poussière qu’ils entraînent avec eux dans le nez et la gorge. Çà et là, très rares, des petits buissons épineux dont on ne sait comment ils peuvent résister dans cette désolation. On dirait quelques rares touffes de cheveux sur le crâne d’un homme chauve. Au-dessus, un ciel impitoyablement azuré; en bas le sol aride, autour, des rochers et le silence. C’est tout ce que je vois comme nature. Un énorme rocher forme un embryon de grotte. Assis sur une roche traînée à l’intérieur, Jésus se tient adossé à la paroi. Il s’y repose du soleil brûlant. Celui qui m’avertit intérieurement m’indique que cette roche sur laquelle il est assis lui sert aussi d’agenouilloir et d’oreiller quand il prend quelques heures de repos, enroulé dans son manteau à la lueur des étoiles et dans l’air froid de la nuit. De fait, là tout près, se trouve la besace que je lui ai vu prendre à son départ de Nazareth. C’est tout son avoir et comme elle est flasque, je comprends qu’elle est vide du peu de nourriture qu’y avait mise Marie. Jésus est très maigre et pâle. Il est assis avec les coudes appuyés sur les genoux et les avant-bras portés en avant, les mains jointes avec les doigts entrelacés. Il médite. De temps à autre il lève son regard et le promène alentour et regarde le soleil presque au zénith dans le ciel azuré. De temps en temps et en particulier après avoir regardé les alentours et levé les yeux vers la lumière du soleil, il ferme les yeux et s’appuie sur le rocher qui lui sert d’abri, comme pris de vertige. Je vois apparaître l’horrible gueule de Satan. Il ne se présente pas sous la forme où nous nous le représentons avec cornes, queue, etc. etc. On dirait un Bédouin enveloppé dans son habit et son manteau qui semble un domino de mascarade. Sur la tête, le turban dont les pans lui descendent jusqu’aux épaules pour les abriter, et sur les côtés du visage, de sorte que de ce dernier on ne voit qu’un triangle étroit, très brun avec des lèvres minces et tordues, des yeux très noirs et renfoncés, d’où sortent des éclairs magnétiques. Deux pupilles qui te pénètrent jusqu’au fond du cœur où on ne lit rien, ou une seule parole: mystère. Le contraire de l’œil de Jésus qui vous fascine lui aussi par ses effluves magnétiques qui vous pénètrent jusqu’au cœur mais où on lit aussi que dans son cœur il n’y a que bonté et amour pour toi. Œil de Jésus est pour l’âme une caresse. Œil de Satan est un double poignard qui vous perce et vous brûle. Il s’approche de Jésus: “Tu es seul?” Jésus le regarde sans répondre. “Comment es-tu arrivé ici? Tu t’es perdu?” Jésus le regarde de nouveau et se tait. “Si j’avais de l’eau dans ma gourde, je t’en donnerais. Mais je n’en ai pas. Mon cheval est crevé et je me dirige à pied vers le gué. Là je boirai et je trouverai quelqu’un qui me donne un pain. Je connais la route. Viens avec moi, je te conduirai.” Jésus ne lève plus les yeux. “Tu ne réponds pas? Sais-tu que si tu restes ici tu vas mourir? Déjà le vent se lève. Il va y avoir la tempête. Viens.” Jésus serre les mains dans une muette prière. “Ah! C’est donc bien toi? Depuis le temps que je te cherche! Et maintenant, cela fait si longtemps que je t’observe. Depuis le moment où tu as été baptisé. Tu appelles l’Éternel? Il est bien loin. Maintenant tu es sur terre et au milieu des hommes. Et chez les hommes, c’est moi qui suis roi. Pourtant, tu me fais pitié et je veux t’aider parce que tu es bon et que tu es venu te sacrifier, pour rien. Les hommes te haïront à cause de ta bonté. Ils ne comprennent que or et mangeaille et jouissance. Sacrifice, souffrance, obéissance sont pour eux des paroles mortes, plus mortes que cette terre-ci et ses alentours. Ils sont plus arides encore que cette poussière. Il n’est que le serpent pour se cacher ici en attendant de mordre et aussi le chacal pour te mettre en pièces. Allons, viens. Ils ne méritent pas que l’on souffre pour eux. Je les connais mieux que toi.” Satan s’est assis en face de Jésus. Il le fouille de son regard terrible, et sourit de sa bouche de serpent. Jésus se tait toujours et prie mentalement. “Tu te défies de moi. Tu as tort. Je suis la sagesse de la terre. Je puis te servir de maître pour t’aider à triompher. Vois: l’important, c’est de triompher. Puis, quand on s’est imposé au monde et quand on l’a séduit, alors on le mène où l’on veut. Mais d’abord, il faut être comme il leur plaît, comme eux, les séduire en leur faisant croire que nous les admirons et que nous les suivons dans leurs pensées. Tu es jeune et beau. Commence par la femme. C’est toujours par elle qu’on doit commencer. Je me suis trompé en amenant la femme à la désobéissance. J’aurais dû la conseiller d’une autre manière. J’en aurais fait un meilleur instrument et j’aurais vaincu Dieu. J’ai été trop pressé. Mais Toi! Je t’enseigne car il y a eu un jour où je t’ai regardé avec une joie angélique et un reste de cet amour est demeuré en moi. Mais Toi, écoute-moi et profite de mon expérience. Donne-toi une compagne. Où Toi, tu ne réussiras pas, elle réussira. Tu es le nouvel Adam: Tu dois avoir ton Eve. Et puis, comment peux-tu comprendre et guérir les maladies des sens, si tu ne sais pas ce que c’est. Ne sais-tu pas que la femme est le noyau d’où naît la plante de la passion et de l’orgueil? Pourquoi l’homme veut-il régner? Pourquoi veut-il être riche, puissant? Pour posséder la femme. Elle est comme l’alouette. Elle a besoin d’un scintillement qui l’attire. L’or et la domination sont les deux faces du miroir qui attire les femmes et la cause des maux du monde. Regarde: derrière mille délits d’apparences diverses il y en a neuf cent, au moins, qui ont leur racine dans la faim de la possession de la femme où dans la volonté d’une femme brûlée d’un désir que l’homme ne satisfait pas encore ou ne satisfait plus. Vas vers la femme si tu veux savoir ce qu’est la vie et après, seulement tu sauras soigner et guérir les maux de l’humanité. Elle est belle, tu sais, la femme! Il n’est rien de plus beau au monde. L’homme possède la pensée et la force. Mais la femme! Sa pensée est un parfum, son contact est caresse de fleurs. Sa grâce est un vin enivrant, sa faiblesse est comme un écheveau de soie ou les boucles frisées d’un bébé entre les mains de l’homme. Sa caresse est une force qui se communique à la nôtre et l’enflamme. La souffrance disparaît, et la fatigue, et les soucis quand il se pose auprès une femme. Elle est entre nos bras comme un bouquet de fleurs. Mais, imbécile que je suis! Tu as faim et je te parle de femme. Ta vigueur est épuisée. Pour cette raison, ce parfum de la terre, cette fleur de la création, ce fruit qui donne et suscite l’amour te paraît sans valeur. Mais regarde ces pierres, comme elles sont rondes et polies, dorées sous les rayons du soleil couchant. Ne dirait-on pas des pains? Toi, Fils de Dieu, Tu n’as qu’à dire: "Je le veux", pour qu’elles deviennent un pain odorant, comme celui qu’à cette heure les ménagères tirent du four pour le repas de la famille. Et ces acacias si arides, si Tu le veux, ne peuvent-ils pas se couvrir de fruits délicieux, de dattes sucrées comme le miel? Rassasie-toi, Fils de Dieu. Tu es le Maître de la terre. Elle se penche pour se mettre à tes pieds et apaiser ta faim. Tu vois comme tu pâlis et chancelles, rien qu’à entendre parler de pain. Pauvre Jésus! Es-tu affaibli au point de ne plus pouvoir commander au miracle? Veux-tu que je le fasse pour Toi? Je ne suis pas à ton niveau, mais je puis faire quelque chose. Je me priverai pendant un an de ma force, je la rassemblerai toute, mais je veux te servir parce que Tu es bon et que je me souviens toujours que Tu es mon Dieu, même si maintenant j’ai démérité de te donner ce nom. Aide-moi de ta prière pour que je puisse…” “Tais-toi. "Ce n’est pas seulement de pain que vit l’homme, mais de toute parole qui vient de Dieu".” Le démon a un sursaut de rage. Il grince des dents et serre les poings, mais il se maîtrise et ses dents se desserrent pour ébaucher un sourire. “Je comprends. Tu es au-dessus des nécessités de la terre et cela te dégoûte de te servir de moi. Je l’ai mérité. Mais, viens alors et vois ce qui se passe dans la Maison de Dieu. Vois comme les prêtres aussi ne se refusent pas à composer entre l’esprit et la chair, parce que, enfin ce sont des hommes et pas des anges. Accomplis un miracle spirituel. Je te porte sur le pinacle du Temple et là-haut, Tu te transfigures en une merveilleuse beauté. Ensuite, appelle les cohortes angéliques et dis leur de te faire de leurs ailes entrelacées une estrade pour tes pieds et de te faire descendre ainsi dans la cour principale. Qu’ils te voient et se rappellent qu’il y a un Dieu. De temps à autre, ces manifestations sont nécessaires parce que l’homme a une mémoire si courte, spécialement pour ce qui est spirituel. Tu sais comme les anges seront heureux de te donner où poser ton pied et une échelle pour que tu descendes!” “"Ne mets pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu" a-t-il été dit.” “Tu comprends que même ton apparition ne changerait pas les choses et que le Temple continuerait d’être marché et corruption. Ta divine sagesse le sait, que les cœurs des ministres du Temple sont un nid de vipères qui s’entre dévorent pour arriver au pouvoir. Il n’y a pour les dompter que la puissance humaine. Alors, viens. Adore-moi. Je te donnerai la terre. Alexandre, Cyrus, César, tous les plus grands conquérants du passé, ou encore vivants seront semblables à de vulgaires chefs de caravanes par rapport à Toi qui auras tous les royaumes de la terre sous ton sceptre et avec les royaumes toutes les richesses, toutes les splendeurs de la terre, et femmes, et chevaux et soldats et temples. Tu pourras élever partout ton Signe quand Tu seras le Roi des Rois et le Seigneur du monde. Alors, Tu seras obéi et respecté par le peuple et le sacerdoce. Toutes les castes t’honoreront et Te serviront parce que Tu seras le Puissant, l’Unique, le Seigneur. Adore-moi un seul instant! Enlève-moi la soif que j’ai d’être adoré! C’est elle qui m’a perdu. Mais elle est restée en moi et me brûle. Les flammes de l’Enfer sont fraîcheur de l’air au matin, en comparaison de cette ardeur qui me brûle au-dedans. C’est mon enfer, cette soif. Un instant, un seul instant, ô Christ, Toi qui es bon! Un instant de joie pour l’Éternel Torturé! Fais-moi éprouver ce que veut dire être Dieu et je te serai dévoué, obéissant comme un esclave pour toute la vie, pour toutes tes entreprises. Un instant! Un seul instant, et je ne te tourmenterai plus!” Et Satan se jette à genoux, suppliant. Jésus s’est mis debout, au contraire. Plus amaigri après ces jours de jeûne, il semble encore plus grand. Son visage est terrible de sévérité et de puissance. Ses yeux sont deux saphirs qui jettent des flammes. Sa voix est un tonnerre qui se répercute dans la cavité du rocher et se répand sur les roches et la terre désolée, quand il dit: “Va-t-en Satan. Il est écrit: "Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et serviras Lui seul".” Satan avec un cri déchirant de damné et de haine inexprimable, saute debout, terrible à voir dans sa fureur, dans sa personnalité toute fumante. Et puis il disparaît avec un nouveau hurlement de malédiction. Jésus s’assied, fatigué en appuyant sa tête en arrière contre le rocher. Il paraît à bout. Il sue. Mais des êtres angéliques viennent de leurs ailes renouveler l’air dans la chaleur étouffante de la grotte, la purifiant et la rafraîchissant. Jésus ouvre les yeux et sourit. Je ne le vois pas manger. On dirait qu’il se nourrit du parfum du Paradis et en sort revigoré. Le soleil disparaît au couchant. Jésus prend la besace vide et, accompagné par les anges qui volant au-dessus de Lui lui font une douce lumière, pendant que la nuit tombe très rapidement, il se dirige vers l’Est ou plutôt vers le Nord Est. Il a repris son expression habituelle, sa démarche assurée. Il lui reste seulement comme souvenir de son jeûne prolongé un aspect plus ascétique avec son visage amaigri et pâle et ses yeux ravis dans une joie qui n’est pas de cette terre.


 Paroles de Jésus: “Hier, tu n’avais pas la force que te donne ma volonté et tu n’étais en conséquence qu’un être à moitié vivant. J’ai fait reposer tes membres et je t’ai fait faire l’unique jeûne qui te pèse: celui de ma parole. Pauvre Marie! Tu as fait le mercredi des Cendres. En tout tu as senti le goût de la cendre, parce que tu étais sans ton Maître. Je ne manifestais pas ma présence, mais j’étais là. Ce matin, puisque l’angoisse est réciproque, je t’ai murmuré dans ton demi sommeil: “Agneau de Dieu qui portes les péchés du monde, donne-nous la paix”. Je te l’ai fait répéter plusieurs fois et je l’ai répété en même temps. Tu as cru que j’aurais parlé de ce sujet. Non. C’était d’abord le sujet que je t’ai montré et que je t’expliquerai, ensuite, ce soir je t’expliquerai cet autre. Satan, tu l’as vu, se présente toujours avec un extérieur sympathique, sous un aspect ordinaire. Si les âmes sont attentives et surtout en contact spirituel avec Dieu, elles se rendent compte de cette observation qui les rend circonspectes et promptes pour combattre les embûches du démon. Mais si les âmes sont inattentives au divin, séparées de lui par des tendances charnelles qui les envahissent et les rendent sourdes n’utilisant pas le secours de la prière qui les unit à Dieu et fait couler sa force comme par un canal dans le cœur de l’homme, alors elles s’aperçoivent difficilement du piège dissimulé sous une apparence inoffensive et y tombent. S’en dégager après cela est très difficile. Les deux chemins que prend plus communément Satan pour arriver aux âmes sont l’attrait charnel et la gourmandise. Il commence toujours par le côté matériel de la nature. Après l’avoir démantelé et asservi, il dirige l’attaque vers la partie supérieure. D’abord le côté moral: la pensée avec son orgueil et ses convoitises; puis l’esprit, en lui enlevant non seulement l’amour, mais aussi la crainte de Dieu. L’amour divin n’existe déjà plus quand l’homme l’a remplacé par d’autres amours humains. C’est alors que l’homme s’abandonne corps et âme à Satan pour arriver aux jouissances qu’il poursuit, pour s’y attacher toujours plus. Comment je me suis comporté, tu l’as vu. Silence et prière. Silence. Car si Satan exerce son entreprise de séduction et cherche à nous circonvenir, on doit le supporter sans sottes impatiences et sans peurs déprimantes, mais réagir avec fermeté à sa présence et par la prière à ses séductions. Inutile de discuter avec Satan. Lui serait victorieux car il est fort dans sa dialectique. Il n’y a que Dieu pour le vaincre, et alors recourir à Dieu qui parle par nous, à travers nous, montrer à Satan ce nom et ce Signe, non pas écrits sur un papier ou gravés sur le bois, mais inscrits et gravés dans les cœurs. Mon Nom, mon Signe. Répliquer à Satan uniquement quand il insinue qu’il est comme Dieu en utilisant la parole de Dieu. Il ne la supporte pas. Puis, après la lutte, vient la victoire et les Anges servent le vainqueur et le protègent contre la haine de Satan. Ils le réconfortent avec une rosée céleste, avec la Grâce qu’ils déversent à pleines mains dans le cœur du fils fidèle, avec une bénédiction qui est une caresse pour l’esprit. Il faut avoir la volonté de vaincre Satan, la foi en Dieu et en son aide, la foi dans la puissance de la prière et la bonté du Seigneur. Alors Satan ne peut nous faire du mal. Va en paix. Ce soir je te réjouirai avec le reste.”
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/