"Lisez cette œuvre et faites-la lire"
Jésus (Chapitre 38, Volume 10 ) à propos de
l’Évangile tel qu’il m’a été révélé.

L'Évangile de la Messe Paul VI
et l’Évangile tel qu’il m’a été révélé de Maria Valtorta.
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Dimanche 28 mars 2010, Dimanche des Rameaux et de la Passion

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 22,14-71.23,1-56.
Quand l'heure du repas pascal fut venue, Jésus se mit à tables, et les Apôtres avec lui. Il leur dit : « J'ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ! Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusqu'à ce qu'elle soit pleinement réalisée dans le royaume de Dieu. » Il prit alors une coupe, il rendit grâce et dit : « Prenez, partagez entre vous. Car je vous le déclare : jamais plus désormais je ne boirai du fruit de la vigne jusqu'à ce que vienne le règne de Dieu. » Puis il prit du pain ; après avoir rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » Et pour la coupe, il fit de même à la fin du repas, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous. Cependant la main de celui qui me livre est là, à côté de moi sur la table. En effet, le Fils de l'homme s'en va selon ce qui a été fixé. Mais malheureux l'homme qui le livre ! » Les Apôtres commencèrent à se demander les uns aux autres lequel d'entre eux allait faire cela. Ils en arrivèrent à se quereller : lequel d'entre eux, à leur avis, était le plus grand ? Mais il leur dit : « Les rois des nations païennes leur commandent en maîtres, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs. Pour vous, rien de tel ! Au contraire, le plus grand d'entre vous doit prendre la place du plus jeune, et celui qui commande, la place de celui qui sert. Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N'est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. Vous, vous avez tenu bon avec moi dans mes épreuves. Et moi, je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi. Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d'Israël. Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment. Mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne sombre pas. Toi donc, quand tu sera revenu, affermis tes frères. » Pierre lui dit : « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort. » Jésus reprit : « Je te le déclare, Pierre : le coq ne chantera pas aujourd'hui avant que, par trois fois, tu aies affirmé que tu ne me connais pas. » Puis il leur dit : « Quand je vous ai envoyés sans argent, ni sac, ni sandales, avez-vous manqué de quelque chose ? » Ils lui répondirent : « Mais non. » Jésus leur dit : « Eh bien maintenant, celui qui a de l'argent, qu'il en prenne, de même celui qui a un sac ; et celui qui n'a pas d'épée, qu'il vende son manteau pour en acheter une. Car, je vous le déclare : il faut que s'accomplisse en moi ce texte de l'Écriture : Il a été compté avec les pécheurs. De fait, ce qui me concerne va se réaliser. » Ils lui dirent : « Seigneur, voici deux épées. » Il leur répondit : « Cela suffit. » Jésus sortit pour se rendre, comme d'habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent. Arrivé là, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. » Puis il s'écarta à la distance d'un jet de pierre environ. Se mettant à genoux, il priait : « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne. » Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait. Dans l'angoisse, Jésus priait avec plus d'insistance ; et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient jusqu'à terre. Après cette prière, Jésus se leva et rejoignit ses disciples qu'il trouva endormis à force de tristesse. Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. » Il parlait encore quand parut une foule de gens. Le nommé Judas, l'un des Douze, marchait à leur tête. Il s'approcha de Jésus pour l'embrasser. Jésus lui dit : « Judas, c'est par un baiser que tu livres le Fils de l'homme ? » Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent : « Seigneur, faut-il frapper avec l'épée ? » L'un d'eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l'oreille droite. Jésus répondit : « Laissez donc faire ! » Et, touchant l'oreille de l'homme, il le guérit. Jésus dit alors à ceux qui étaient venus l'arrêter, chefs des prêtres, officiers de la garde du Temple et anciens : « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, j'étais avec vous dans le Temple, et vous ne m'avez pas arrêté. Mais c'est maintenant votre heure, c'est la domination des ténèbres. » Ils se saisirent de Jésus pour l'emmener et ils le firent entrer dans la maison du grand prêtre. Pierre suivait de loin. Ils avaient allumé un feu au milieu de la cour et ils s'étaient tous assis là. Pierre était parmi eux. Une servante le vit assis près du feu ; elle le dévisagea et dit : « Celui-là aussi était avec lui. » Mais il nia : « Femme, je ne le connais pas. » Peu après, un autre dit en le voyant : « Toi aussi, tu en fais partie. » Pierre répondit : « Non, je n'en suis pas. » Environ une heure plus tard, un autre insistait : « C'est sûr : celui-là était avec lui, et d'ailleurs il est Galiléen. » Pierre répondit : « Je ne vois pas ce que tu veux dire. » Et à l'instant même, comme il parlait encore, un coq chanta. Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre ; et Pierre se rappela la parole que le Seigneur lui avait dite : « Avant que le coq chante aujourd'hui, tu m'auras renié trois fois. » Il sortit et pleura amèrement. Les hommes qui gardaient Jésus se moquaient de lui et le maltraitaient. Ils lui avaient voilé le visage, et ils l'interrogeaient : « Fais le prophète ! Qui est-ce qui t'a frappé ? » Et ils lançaient contre lui beaucoup d'autres insultes. Lorsqu'il fit jour, les anciens du peuple, chefs des prêtres et scribes, se réunirent, et ils l'emmenèrent devant leur grand conseil. Ils lui dirent : « Si tu es le Messie, dis-le nous. » Il leur répondit : « Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ; et si j'interroge, vous ne répondrez pas. Mais désormais le Fils de l'homme sera assis à la droite du Dieu Puissant. » Tous lui dirent alors : « Tu es donc le Fils de Dieu ? » Il leur répondit : « C'est vous qui dites que je le suis. » Ils dirent alors : « Pourquoi nous faut-il encore un témoignage ? Nous-mêmes nous l'avons entendu de sa bouche. » Ils se levèrent tous ensemble et l'emmenèrent chez Pilate. Ils se mirent alors à l'accuser : « Nous avons trouvé cet homme en train de semer le désordre dans notre nation : il empêche de payer l'impôt à l'empereur, et se dit le Roi Messie. » Pilate l'interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus répondit : « C'est toi qui le dis. » Pilate s'adressa aux chefs des prêtres et à la foule : « Je ne trouve chez cet homme aucun motif de condamnation. » Mais ils insistaient : « Il soulève le peuple en enseignant dans tout le pays des Juifs, à partir de la Galilée jusqu'ici. » A ces mots, Pilate demanda si l'homme était Galiléen. Apprenant qu'il relevait de l'autorité d'Hérode, il le renvoya à ce dernier, qui se trouvait lui aussi à Jérusalem en ces jours-là. A la vue de Jésus, Hérode éprouva une grande joie : depuis longtemps il désirait le voir à cause de ce qu'il entendait dire de lui, et il espérait lui voir faire un miracle. Il lui posa beaucoup de questions, mais Jésus ne lui répondit rien. Les chefs des prêtres et les scribes étaient là, et l'accusaient avec violence. Hérode, ainsi que ses gardes, le traita avec mépris et se moqua de lui : il le revêtit d'un manteau de couleur éclatante et le renvoya à Pilate. Ce jour-là, Hérode et Pilate devinrent des amis, alors qu'auparavant ils étaient ennemis. Alors Pilate convoqua les chefs des prêtres, les dirigeants et le peuple. Il leur dit : « Vous m'avez amené cet homme en l'accusant de mettre le désordre dans le peuple. Or, j'ai moi-même instruit l'affaire devant vous, et, parmi les faits dont vous l'accusez, je n'ai trouvé chez cet homme aucun motif de condamnation. D'ailleurs, Hérode non plus, puisqu'il nous l'a renvoyé. En somme, cet homme n'a rien fait qui mérite la mort. Je vais donc le faire châtier et le relâcher. » Ils se mirent à crier tous ensemble : « Mort à cet homme ! Relâche-nous Barabbas. » Ce dernier avait été emprisonné pour un meurtre et pour une émeute survenue dans la ville. Pilate, dans son désir de relâcher Jésus, leur adressa de nouveau la parole. Mais ils criaient : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! » Pour la troisième fois, il leur dit : « Quel mal a donc fait cet homme ? Je n'ai trouvé en lui aucun motif de condamnation à mort. Je vais donc le faire châtier, puis le relâcher. » Mais eux insistaient à grands cris, réclamant qu'il soit crucifié ; et leurs cris s'amplifiaient. Alors Pilate décida de satisfaire leur demande. Il relâcha le prisonnier condamné pour émeute et pour meurtre, celui qu'ils réclamaient, et il livra Jésus à leur bon plaisir. Pendant qu'ils l'emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu'il la porte derrière Jésus. Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus. Il se retourna et leur dit : « Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants ! Voici venir des jours où l'on dira : 'Heureuses les femmes stériles, celles qui n'ont pas enfanté, celles qui n'ont pas allaité ! ' Alors on dira aux montagnes : 'Tombez sur nous', et aux collines : 'Cachez-nous'. Car si l'on traite ainsi l'arbre vert, que deviendra l'arbre sec ? » On emmenait encore avec Jésus deux autres, des malfaiteurs, pour les exécuter. Lorsqu'on fut arrivé au lieu dit : Le Crâne, ou Calvaire, on mit Jésus en croix, avec les deux malfaiteurs, l'un à droite et l'autre à gauche. Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu'ils font. » Ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort. On venait de crucifier Jésus et le peuple restait là à regarder. Les chefs ricanaient en disant : « Il en a sauvé d'autres : qu'il se sauve lui-même, s'il est le Messie de Dieu, l'Élu ! » Les soldats aussi se moquaient de lui. S'approchant pour lui donner de la boisson vinaigrée, ils lui disaient : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! » Une inscription était placée au-dessus de sa tête : « Celui-ci est le roi des Juifs. » L'un des malfaiteurs suspendus à la croix l'injuriait : « N'es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec ! » Mais l'autre lui fit de vifs reproches : « Tu n'as donc aucune crainte de Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c'est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n'a rien fait de mal. » Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. » Jésus lui répondit : « Amen, je te le déclare : aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » Il était déjà presque midi ; l'obscurité se fit dans tout le pays jusqu'à trois heures, car le soleil s'était caché. Le rideau du Temple se déchira par le milieu. Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira. A la vue de ce qui s'était passé, le centurion rendait gloire à Dieu : « Sûrement, cet homme, c'était un juste. » Et tous les gens qui s'étaient rassemblés pour ce spectacle, voyant ce qui était arrivé, s'en retournaient en se frappant la poitrine. Tous ses amis se tenaient à distance, ainsi que les femmes qui le suivaient depuis la Galilée, et qui regardaient. Alors arriva un membre du conseil, nommé Joseph ; c'était un homme bon et juste. Il n'avait donné son accord ni à leur délibération, ni à leurs actes. Il était d'Arimathie, ville de Judée, et il attendait le royaume de Dieu. Il alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus. Puis il le descendit de la croix, l'enveloppa dans un linceul et le mit dans un sépulcre taillé dans le roc, où personne encore n'avait été déposé. C'était le vendredi, et déjà brillaient les lumières du sabbat. Les femmes qui accompagnaient Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph. Elles regardèrent le tombeau pour voir comment le corps avait été placé. Puis elles s'en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 9, Ch 19, p 164 - CD 9, piste 60 -
C'est le commencement de la souffrance du Jeudi Saint. Les apôtres - ils sont dix - s'occupent activement de préparer le Cénacle. Judas, grimpé sur la table, regarde s'il y a de l'huile dans tous les lampions du grand lampadaire qui ressemble à une corolle de fuchsia double, car la tige de suspension est entourée de cinq ampoules qui ressemblent à des pétales, puis un second tour, plus bas, qui est une vraie couronne de petites flammes; puis il y a enfin trois petits lampions suspendus à des chaînettes qui semblent les pistils de la fleur lumineuse. Puis il saute par terre et aide André à disposer avec art la vaisselle sur la table sur laquelle on a étendu une nappe très fine. J'entends André qui dit: “Quel lin splendide!” Et l'Iscariote: “Un des meilleurs de Lazare. Marthe a voulu absolument l'apporter.” “Et ces calices? et ces amphores, alors?” observe Thomas qui a mis le vin dans les amphores précieuses et les regarde avec admiration en se regardant dans leurs fines panses et il en caresse les poignées ciselées d'un œil de connaisseur. “Qui sait quelle valeur, hein?” demande Judas Iscariote. “C'est travaillé au marteau. Mon père en serait fou. L'argent et l'or en feuilles se plient facilement à la chaleur. Mais traité ainsi… Un moment peut tout abîmer. Il suffit d'un coup mal donné. Il faut en même temps de la force et de la légèreté. Tu vois les poignées? Elles sont tirées de la masse et ne sont pas soudées. Choses de riches… Pense que toute la limaille et le dégrossissement se perdent. Je ne sais pas si tu me comprends.” “Hé! si je comprends! C'est comme fait un sculpteur.” “Tout à fait cela.” Tous admirent, puis retournent à leur travail. Tel dispose les sièges et tel autre prépare les crédences. Pierre et Simon entrent ensemble. “Oh! vous êtes venus finalement! Où êtes-vous allés de nouveau? Après être arrivés avec le Maître et nous, vous vous êtes enfuis de nouveau” dit l'Iscariote. “Encore une tâche avant l'heure” répond brièvement Simon. “Tu es mélancolique?” “Je crois qu'avec ce qu'on a entendu en ces jours et de ces lèvres que jamais on ne trouve mensongères, il y en a bien une raison.” “Et avec cette puanteur de… Bon! tais-toi, Pierre” murmure Pierre entre ses dents. “Toi aussi!… Tu me sembles fou depuis quelques jours. Tu as la figure d'un lapin sauvage qui sent derrière lui le chacal” répond Judas l'Iscariote. “Et toi, tu as le museau de la fouine. Toi aussi, tu n'es pas très beau depuis quelques jours. Tu regardes d'une façon… Tu as même l'œil de travers… Qui attends-tu ou qu'espères-tu voir? Tu sembles plein d'assurance, tu veux le faire paraître, mais tu as l'air de quelqu'un qui a peur” réplique Pierre. “Oh! Quant à la peur!… Tu n'es certainement pas un héros, toi non plus!” “Personne de nous ne l'est, Judas. Tu portes le nom du Macchabée, mais tu ne l'es pas. Moi, je dis avec mon nom: "Dieu fait grâce", mais je te jure que j'ai en moi le tremblement de qui sait porter malheur et d'être surtout dans la disgrâce de Dieu. Simon de Jonas, rebaptisé "la pierre", est mou maintenant comme de la cire près du feu. Il ne se cramponne plus par sa volonté. Lui, que je n'ai jamais vu trembler dans les plus violentes tempêtes! Mathieu, Barthélemy et Philippe semblent des somnambules. Mon frère et André ne font que soupirer. Les deux cousins, qui ont la douleur de la parenté avec celle de l'amour pour le Maître, regarde-les. Ils semblent déjà des vieillards. Thomas a perdu son entrain, et Simon semble redevenu le lépreux épuisé d'il y a maintenant trois ans tant il est creusé par la douleur, je dirais corrodé, livide, avili” lui répond Jean. “Oui. Il nous a tous suggestionnés par sa mélancolie” observe l'Iscariote. “Mon cousin Jésus, mon Maître et Seigneur et le vôtre, est et n'est pas mélancolique. Si tu veux dire par ce nom qu'il est triste à cause de la douleur excessive que tout Israël est en train de Lui donner, et que nous voyons, et l'autre douleur cachée que Lui seul voit, je te dis: "Tu as raison". Mais si tu uses de ce terme pour dire qu'il est fou, je te l'interdis” dit Jacques d'Alphée. “Et n'est-ce pas de la folie qu'une idée fixe de mélancolie? J'ai fait aussi des études profanes, et je sais. Il a trop donné de Lui-même. Maintenant il a l'esprit épuisé.” “Ce qui signifie de la démence. N'est-ce pas?” demande l'autre cousin Jude, apparemment calme. “Tout à fait cela! Il avait bien vu ton père, juste de sainte mémoire, à qui tu ressembles pour la justice et la sagesse! Jésus, triste destin d'une illustre maison trop vieille et frappée de sénilité psychique, a toujours eu une tendance à cette maladie, d'abord douce, puis toujours de plus en plus agressive. Tu as vu comme il a attaqué pharisiens et scribes, sadducéens et hérodiens. Il s'est rendu la vie impossible comme un chemin couvert d'éclats de quartz. Et c'est Lui qui les a semés. Nous… nous l'aimions tant que l'amour nous l'a caché. Mais ceux qui l'ont aimé sans l'idolâtrer: ton père, ton frère Joseph, et Simon au début, ont vu juste… nous devions ouvrir les yeux en les écoutant. Au contraire, nous avons été tous séduits par sa douce fascination de malade. Et maintenant… Hélas!” Jude Thaddée qui, aussi grand que l'Iscariote, est justement en face de lui et paraît l'écouter paisiblement, a un déclic violent et d'un puissant revers de main il couche Judas sur un des sièges et avec une colère contenue, sans éclat de voix, se penchant, siffle sur son visage de lâche, et Judas ne réagit pas, craignant peut-être que le Thaddée soit au courant de son crime: “Voilà pour la démence, reptile! Et c'est seulement parce que Lui est à côté et que c'est le soir de Pâque que je ne t'étrangle pas. Mais réfléchis, réfléchis bien! S'il Lui arrive du mal et qu'il n'est plus là pour arrêter ma force, personne ne te sauve. C'est comme si déjà tu avais la corde au cou et ce seront ces mains honnêtes et fortes d'artisan galiléen et de descendant du frondeur de Goliath qui feront ton affaire. Lève-toi, mollasson libertin! Et surveille ta conduite.” Judas se lève, livide, sans la moindre réaction. Et, ce qui me surprend, personne ne réagit au nouveau geste du Thaddée. Au contraire!… Il est clair que tous approuvent. L'ambiance est à peine redevenue tranquille que Jésus entre. Il se présente au seuil de la petite porte par laquelle sa grande taille passe difficilement, met le pied sur le petit palier et, avec son sourire doux et triste, dit en ouvrant les bras: “La paix soit avec vous.” Sa voix est lasse comme celle de quelqu'un qui souffre physiquement et moralement. Il descend, caresse la tête blonde de Jean qui est accouru près de Lui. Comme s'il ignorait tout, il sourit à son cousin Jude et il dit à l'autre cousin: “Ta mère te prie d'être doux avec Joseph. Tout à l'heure il a demandé aux femmes de mes nouvelles et des tiennes. Je regrette de ne l'avoir pas salué.” “Tu le feras demain,” “Demain?… Mais j'aurai toujours le temps de le voir… Oh! Pierre! Nous allons rester finalement un peu ensemble! Depuis hier, tu sembles pour Moi un feu follet. Je te vois, puis je ne te vois plus. Aujourd'hui je puis presque dire que je t'ai perdu. Toi aussi, Simon.” “Nos cheveux plutôt blancs que noirs peuvent t'assurer que nous ne nous sommes pas absentés par désir de la chair” dit Simon avec sérieux. “Bien que… à tout âge on peut avoir cette faim… Les vieux! Pires quelques jeunes…” dit l'Iscariote offensif. Simon le regarde et il va répliquer. Mais Jésus le regarde aussi et dit: “Tu as mal aux dents? Tu as la joue droite enflée et rouge.” “Oui, j'ai mal. Mais ce n'est pas la peine de s'en occuper.” Les autres ne disent rien, et l'affaire se termine ainsi. “Avez-vous fait tout ce qu'il fallait faire? Toi, Mathieu? Et toi, André? Et toi, Judas, as-tu pensé à l'offrande au Temple?” Les deux premiers, aussi bien que l'Iscariote, disent: “Tout est fait de ce que tu avais dit de faire pour aujourd'hui. Sois tranquille.” “Moi, j'ai apporté les primeurs de Lazare à Jeanne de Chousa, pour les enfants. Ils m'ont dit: "Elles étaient meilleurs ces pommes!" Elles avaient la saveur de la faim, celles-là! Et c'était tes pommes” dit Jean souriant et rêvant. Jésus aussi sourit à un souvenir… “J'ai vu Nicodème et Joseph” dit Thomas. “Tu les as vus? Tu as parlé avec eux?” demande l'Iscariote avec un intérêt exagéré. “Oui. Qu'y a-t-il d'étrange? Joseph est un bon client de mon père.” “Tu ne l'avais pas dit avant… C'est pour cela que j'ai été étonné!…” Judas essaie de dépailler l'impression, qu'il avait donnée d'abord, de son inquiétude pour la rencontre de Joseph et de Nicodème avec Thomas. “Il me semble étrange qu'ils ne soient pas venus ici pour te vénérer. Ni eux, ni Chousa, ni Manaën… Aucun des…” Mais l'Iscariote, avec un faux rire, interrompt Barthélemy et il dit: “Le crocodile se terre quand il le faut.” “Que veux-tu dire? Qu'insinues-tu?” demande Simon, agressif comme il n'a jamais été. “Paix, paix! Mais qu'avez-vous? C'est la soirée pascale! Jamais nous n'avons eu un si digne apparat pour consommer l'agneau. Consommons donc la cène dans un esprit de paix. Je vois que je vous ai beaucoup troublés par mes instructions de ces derniers soirs. Mais, vous voyez? J'ai fini! Maintenant je ne vous troublerai plus. Tout n'est pas dit de ce qui se rapporte à Moi. Seulement l'essentiel. Le reste… vous le comprendrez par la suite. Il vous sera dit… Oui. Il viendra Celui qui vous le dira! Jean, va avec Judas et un autre, prendre les coupes pour la purification. Et puis assoyons-nous à table.” Jésus est d'une douceur déchirante. Jean avec André, Jude Thaddée avec Jacques, apportent la vaste coupe, y versent l'eau et offrent l'essuie-mains à Jésus et à leurs compagnons qui font la même chose avec eux. La coupe (qui est un bassin de métal) est mise dans un coin. “Et maintenant à vos places. Moi ici, et ici (à droite) Jean et de l'autre côté mon fidèle Jacques. Les deux premiers disciples. Après Jean ma Pierre forte et après Jacques celui qui est comme l'air. On ne le remarque pas, mais il est toujours présent et réconforte: André. Près de lui, mon cousin Jacques. Tu ne te plains pas, doux frère, si je donne la première place aux premiers? Tu es le neveu du Juste dont l'esprit palpite et plane sur Moi en cette soirée plus que jamais. Aie la paix, père de ma faiblesse enfantine, chêne à l'ombre duquel se restaurèrent la Mère et le Fils! Aie la paix!… Après Pierre: Simon… Simon, viens ici un moment. Je veux fixer ton visage loyal. Après, je ne te verrai plus que mal car les autres me couvriront ta figure honnête. Merci, Simon. De tout” et il l'embrasse. Simon, quand il le laisse, va à sa place portant ses mains à son visage en marquant son affliction. “En face de Simon, mon Bartholmaï, deux honnêtetés et deux sagesses qui se reflètent. Ils sont bien ensemble. Et tout près, toi, Jude mon frère. Ainsi je te vois… et il me semble être à Nazareth… quand quelque fête nous réunissait tous à une table… Et aussi à Cana… Tu te souviens? Nous étions ensemble. Une fête… une fête de noces… le premier miracle… l'eau changée en vin… Aujourd'hui aussi une fête… et aujourd'hui aussi il y aura un miracle… le vin changera de nature… et il sera…” Jésus se plonge dans ses pensées, la tête inclinée, et comme isolé dans son monde secret. Les autres le regardent et ne parlent pas. Il relève la tête et fixe Judas Iscariote auquel il dit: “Tu seras en face de Moi.” “Tu m'aimes à ce point? Plus que Simon, que tu veux toujours m'avoir en face de Toi?” “Tellement. Tu l'as dit.” “Pourquoi, Maître?” “Parce que tu es celui qui a fait plus que tous pour cette heure.” Judas jette un regard changé sur le Maître et sur ses compagnons. Sur le premier avec un air de compassion, sur les autres avec un air de triomphe. “Et à côté de toi, d'une part Mathieu, de l'autre Thomas.” “Alors Mathieu à ma gauche et Thomas à ma droite.” “Comme tu veux, comme tu veux” dit Mathieu. “Il me suffit d'avoir bien en face de moi mon Sauveur.” “Le dernier, Philippe. Voilà, vous voyez? Qui n'est pas à côté de Moi du côté d'honneur, a l'honneur d'être en face de Moi.” Jésus, debout à sa place, verse dans le grand calice placé devant Lui (tous ont de hauts calices, mais Lui en a un beaucoup plus grand en plus de celui des autres. Ce doit être le calice rituel). Il verse le vin. Il l'élève, l'offre, le repose. Puis tous ensemble demandent sur le ton du psaume: “Pourquoi cette cérémonie?” Question de pure forme, on le comprend, rituelle. Jésus, en chef de famille, y répond: “Ce jour rappelle notre libération de l'Égypte. Que soit béni Jéovah qui a créé le fruit de la vigne.” Il boit une gorgée de ce vin qu'il a offert et passe le calice aux autres. Puis il offre le pain, en fait des morceaux, le distribue, ensuite les légumes trempés dans la sauce rougeâtre qui est dans quatre saucières. Une fois terminée cette partie du repas, ils chantent des psaumes tous en chœur. On apporte de la crédence sur la table et on place en face de Jésus le grand plateau de l'agneau rôti. Pierre qui a le rôle de… première partie du chœur, si vous voulez, demande: “Pourquoi cet agneau ainsi présenté?” “En souvenir de quand Israël fut sauvé par l'agneau immolé. Le premier-né ne mourut pas là où le sang brillait sur les montants de la porte et sur l'architrave. Et ensuite, alors que l'Égypte pleurait ses fils premiers-nés qui étaient morts, depuis le palais royal jusqu'aux taudis, les hébreux, commandés par Moïse, se mirent en marche vers la terre de la libération et de la promesse. Les côtés déjà ceints, les sandales aux pieds, le bourdon en main, le peuple d'Abraham s'empressa de se mettre en marche en chantant les hymnes de la joie” Tous se lèvent debout et entonnent: “Quand Israël sortit d'Égypte et la maison de Jacob du milieu d'un peuple barbare, la Judée devint son sanctuaire” etc. Maintenant Jésus découpe l'agneau, verse un nouveau calice, le passe après en avoir bu. Puis ils chantent encore: “Enfants, louez le Seigneur. Que soit béni le Nom de l'Éternel maintenant et toujours dans les siècles. De l'orient à l'occident Il doit être loué” etc. Jésus donne les parts en faisant attention que chacun soit bien servi, exactement comme un père de famille parmi ses fils qui lui sont tous chers. Il est solennel, un peu triste, alors qu'il dit: “J'ai ardemment désiré de manger avec vous cette Pâque. Cela a été mon désir des désirs depuis qu'éternellement j'ai été le "Sauveur". Je savais que cette heure précéderait cette autre, et la joie de me donner mettait à l'avance ce soulagement à mon martyre… J'ai ardemment désiré de manger avec vous cette Pâque car jamais plus je ne goûterai du fruit de la vigne jusqu'à ce que soit venu le Royaume de Dieu. Alors je m'assiérai de nouveau avec les élus au Banquet de l'Agneau, pour les noces des Vivants avec le Vivant. Mais y viendront seulement ceux qui auront été humbles et purs de cœur comme je le suis.” “Maître, tout à l'heure tu as dit que qui n'a pas l'honneur de la place, a celui d'être en face de Toi. Comment alors pouvons-nous savoir qui est le premier d'entre nous?” demande Barthélemy. “Tous et personne. Une fois… nous revenions fatigués… avec la nausée de la rancœur des pharisiens. Mais vous n'étiez pas las pour discuter entre vous qui était le plus grand… Un enfant accourut près de Moi… un de mes petits amis… Et son innocence adoucit mon dégoût de tant de choses. Ce n'était pas pour dernière votre humanité opiniâtre. Où es-tu maintenant, petit Benjamin à la réponse sage, venue à toi du Ciel car, ange comme tu l'étais, l'Esprit te parlait? Je vous ai dit alors: "Si quelqu'un veut être le premier qu'il soit le dernier et le serviteur de tous". Et je vous ai donné en exemple l'enfant sage. Maintenant je vous dis: "Les rois des nations les dominent. Et les peuples opprimés, tout en les haïssant, les acclament et on les appelle les rois 'Bienfaiteurs', 'Pères de la Patrie', mais la haine couve sous le respect menteur". Mais parmi vous qu'il n'en soit pas ainsi. Que le plus grand soit comme le plus petit, le chef comme celui qui sert. Qui, en fait, est le plus grand? Celui qui est à table ou celui qui sert? C'est celui qui est à table. Et pourtant, Moi je vous sers, et d'ici peu, je vous servirai davantage. Vous êtes ceux qui ont été avec Moi dans les épreuves, et Moi je dispose pour vous d'une place dans mon Royaume, de même que j'y serai Roi selon la volonté du Père, afin que vous mangiez et buviez à ma table éternelle et que vous soyez assis sur des trônes pour juger les douze tribus d'Israël. Vous êtes restés avec Moi dans les épreuves… Il n'y a que cela qui vous donne de la grandeur aux yeux du Père.” “Et ceux qui viendront? Ils n'auront pas de place dans le Royaume? Nous seuls?” “Oh! que de princes dans ma Maison! Tous ceux qui auront été fidèles au Christ dans les épreuves de la vie seront des princes dans mon Royaume, car ceux qui auront persévéré jusqu'à la fin dans le martyre de l'existence seront pareils à vous qui êtes restés avec Moi dans mes épreuves. Je m'identifie avec ceux qui croient en Moi. La Douleur que j'embrasse pour vous et pour tous les hommes, je la donne comme enseigne à ceux qui sont particulièrement élus. Celui qui me sera fidèle dans la Douleur sera un de mes bienheureux, pareil à vous, ô mes aimes.” “Nous avons persévéré jusqu'à la fin.” “Tu le crois, Pierre? Et Moi, je te dis que l'heure de l'épreuve n'est pas encore venue. Simon, Simon de Jonas, voilà que Satan a demandé de vous vanner comme le grain. J'ai prié pour toi, pour que ta foi ne vacille pas. Toi, quand tu te seras repenti, confirme tes frères.” “Je sais que je suis un pécheur. Mais je serai fidèle à Toi jusqu'à la mort. Je n'ai pas ce péché. Je ne l'aurai jamais.” “Ne sois pas orgueilleux, mon Pierre. Cette heure changera une infinité de choses qui avant étaient ainsi et qui maintenant seront différentes. Combien!… Elles apportent et imposent des nécessités nouvelles. Vous le savez. Je vous l'ai toujours dit, même quand nous allions par des chemins écartés, parcourus par des bandits: "Ne craignez pas, il ne vous arrivera aucun mal parce que les anges du Seigneur sont avec nous. Ne vous préoccupez de rien". Vous rappelez-vous quand je vous disais: "N'ayez pas d'inquiétudes pour ce que vous devez manger et pour le vêtement. Le Père sait de quoi nous avons besoin"? Je vous disais aussi: "L'homme est beaucoup plus qu'un passereau et que la fleur qui aujourd'hui est de l'herbe et demain est du foin. Et pourtant le Père a soin aussi de la fleur et du petit oiseau. Pouvez-vous alors douter qu'Il n'ait pas soin de vous?" Je vous disais encore: "Donnez à qui vous demande, à celui qui vous offense présentez l'autre joue". Je vous disais: "N'ayez pas de bourse ni de bâton". Parce que je vous ai enseigné l'amour et la confiance. Mais maintenant… Maintenant ce n'est plus ce temps. Maintenant je vous dis: "Vous est-il rien manqué jusqu'à maintenant? Avez-vous jamais été offensés?” “Rien, Maître. Et Toi seul as été offensé.” “Vous voyez donc que ma parole était vraie. Mais maintenant les anges ont tous été rappelés par leur Seigneur. C'est l'heure des démons… Avec leurs ailes d'or, eux, les anges du Seigneur, se couvrent les yeux, s'enveloppent et souffrent de ce que leurs ailes ne soient pas couleur du chagrin, car c'est une heure de deuil, de deuil cruel, sacrilège… Il n'y a pas d'anges sur la Terre ce soir. Ils sont près du trône de Dieu pour couvrir de leur chant les blasphèmes du monde déicide et les pleurs de l'Innocent. Et nous sommes seuls… Vous et Moi: seuls. Et les démons sont les maîtres de l'heure. Aussi maintenant nous allons prendre les apparences et les mesures des pauvres hommes qui se défient et n'aiment pas. Maintenant que celui qui a une bourse prenne aussi une besace, que celui qui n'a pas d'épée vende son manteau et en achète une, car cela aussi est dit de Moi dans l'Ecriture et doit s'accomplir: "Il a été compté parmi les malfaiteurs". En vérité tout ce qui me concerne a son but.” Simon, qui s'est levé pour aller au coffre où il a déposé son riche manteau - c'est en effet que ce soir tous ont pris leurs meilleurs habits, et ont par conséquent leurs poignards, damasquinés mais très courts, plutôt couteaux que poignards, à leurs riches ceintures - prend deux épées, deux épées véritables, longues, légèrement courbes, et les porte à Jésus: “Pierre et moi, nous sommes armés ce soir. Nous avons celles-ci, mais les autres n'ont que le court poignard.” Jésus prend les épées, les observe, en dégaine une et essaie le tranchant sur l'ongle. C'est une vue étrange et cela fait une impression encore plus étrange de voir cette arme féroce dans les mains de Jésus. “Qui vous les a données?” demande l'Iscariote alors que Jésus observe en silence. Et Judas paraît sur les épines… “Qui? Je te rappelle que mon père était noble et puissant.” “Mais Pierre…” “Eh bien? Depuis quand dois-je rendre compte des cadeaux que je veux faire à mes amis?” Jésus lève la tête après avoir rengainé l'arme et la rend au Zélote. “C'est bien, elles suffisent. Tu as bien fait de les prendre. Mais maintenant, avant que l'on boive le troisième calice, attendez un moment. Je vous ai dit que le plus grand est pareil au plus petit et que Moi je suis le serviteur à cette table, et que je vous servirai davantage. Jusqu'à présent je vous ai donné de la nourriture, service pour le corps. Maintenant je veux vous donner une nourriture pour l'esprit. Ce n'est pas un plat du rituel ancien. Il appartient au nouveau rite. J'ai voulu me baptiser avant d'être le "Maître". Pour répandre la Parole, ce baptême suffisait. Maintenant le Sang sera répandu. Il faut un nouveau baptême même pour vous qui pourtant avez été purifiés, par le Baptiste en son temps, et même aujourd'hui au Temple. Mais cela ne suffit pas encore. Venez que je vous purifie. Suspendez le repas. Il y a quelque chose de plus élevé et de plus nécessaire que la nourriture donnée au ventre pour le remplir, même si c'est une nourriture sainte comme celle du rite pascal. Et c'est un esprit pur, disposé à recevoir le don du Ciel qui déjà descend pour se faire un trône en vous et vous donner la Vie. Donner la Vie à qui est pur.” Jésus se lève, fait lever Jean pour sortir plus facilement de sa place, va à un coffre et quitte son vêtement rouge pour le plier et le déposer sur le manteau déjà plié, se ceint la taille d'un grand essuie-mains, puis va à un autre bassin encore vide et propre. Il y verse de l'eau, le porte au milieu de la pièce près de la table, et le met sur un tabouret. Les apôtres le regardent étonnés. “Vous ne me demandez pas ce que je fais?” “Nous ne savons pas. Je te dis que nous sommes déjà purifiés” répond Pierre. “Et je te répète que cela n'a pas importance. Ma purification servira à celui qui est déjà pur à être plus pur.” Il s'agenouille, délace les sandales de l'Iscariote et lui lave les pieds l'un après l'autre. Il est facile de le faire car les lits-sièges sont tournés de façon que les pieds sont vers l'extérieur. Judas est stupéfait et ne dit rien. Seulement quand Jésus, avant de chausser le pied gauche et de se lever, fait le geste de lui baiser le pied droit déjà chaussé, Judas retire vivement son pied et frappe avec la semelle la bouche divine. Il le fait sans le vouloir. Ce n'est pas un coup fort, mais il me donne tant de douleur. Jésus sourit et à l'apôtre qui Lui demande: “T'ai-je fait mal? Je ne voulais pas… Pardon”, il dit: “Non, ami. Tu l'as fait sans malice et cela ne me fait pas mal.” Judas le regarde. Un regard troublé, fuyant… Jésus passe à Thomas, puis à Philippe… il suit le côté étroit de la table et arrive à son cousin Jacques. Il le lave, et en se levant le baise au front. Il passe à André qui rougit de honte et fait des efforts pour ne pas pleurer, il le lave, le caresse comme un enfant. Puis c'est Jacques de Zébédée qui ne cesse de murmurer: “Oh! Maître! Maître! Maître! Tu t'anéantis, mon sublime Maître!” Jean a déjà délacé ses sandales et alors que Jésus se penche pour lui essuyer les pieds, il s'incline pour baiser ses cheveux. Mais Pierre!… Il n'est pas facile de le persuader de se prêter à ce rite! “Toi, me laver les pieds? N'y pense pas! Tant que je suis en vie, je ne le permettrai pas. Je suis un ver, tu es Dieu. Chacun à sa place.” “Ce que je fais, tu ne peux le comprendre maintenant, mais par la suite, tu le comprendras. Laisse-moi faire.” “Tout ce que tu veux, Maître. Veux-tu me couper le cou? Fais-le. Mais me laver les pieds, tu ne le feras pas.” “Oh! mon Simon! Tu ne sais pas que si je ne te lave pas tu n'auras pas part à mon Royaume? Simon, Simon! Tu as besoin de cette eau pour ton âme et pour le tant de chemin que tu dois faire. Tu ne veux pas venir avec Moi? Si je ne te lave pas, tu ne viens pas dans mon Royaume.” “Oh! mon Seigneur béni! Mais alors lave-moi tout entier! Pieds, mains et tête!” “Celui qui, comme vous, a pris un bain n'a besoin que de se laver les pieds, puisqu'il est entièrement pur. Les pieds… L'homme avec ses pieds va dans les ordures. Et ce serait encore peu car, je vous l'ai dit, ce n'est pas ce qui entre et sort avec la nourriture qui souille, et ce n'est pas ce qui va sur les pieds, en route, qui contamine l'homme. Mais c'est ce qui couve et mûrit dans son cœur et sort de là pour contaminer ses actions et ses membres. Et les pieds de l'homme à l'âme impure vont aux orgies, à la luxure, aux commerces illicites, aux crimes… Ce sont donc parmi les membres du corps, ceux qui ont une grande partie à purifier… avec les yeux, avec la bouche… Oh! homme! homme! Créature parfaite un jour, le premier! Et ensuite tellement corrompu par le Séducteur! Et il n'y avait pas de malice en toi, ô homme, et pas de péché!… Et maintenant? Tu es tout entier malice et péché, et il n'y a pas de parties de toi qui ne pèche pas!” Jésus lave les pieds à Pierre, les baise, et Pierre pleure et il prend dans ses grosses mains les mains de Jésus, les passe sur ses yeux et les baise ensuite. Simon aussi a quitté ses sandales et se laisse laver. Mais ensuite, quand Jésus va passer à Barthélemy, Simon s'agenouille et Lui baise les pieds en disant: “Purifie-moi de la lèpre du péché comme tu m'as purifié de la lèpre du corps, pour que je ne sois pas confondu à l'heure du jugement, mon Sauveur!” “Ne crains pas, Simon. Tu viendras dans la Cité céleste blanc comme la neige.” “Et moi, Seigneur? À ton vieux Bartholmaï que dis-tu? Tu m'as vu sous l'ombre du figuier et tu as lu dans mon cœur. Et maintenant que vois-tu, et où me vois-tu? Rassure un pauvre vieux qui craint de ne pas avoir la force et le temps pour arriver à ce que tu veux qu'il soit.” Barthélemy est très ému. “Toi aussi, ne crains pas. J'ai dit alors: "Voici un vrai israélite en qui il n'y a pas de fraude". Maintenant je dis: "Voilà un vrai chrétien, digne du Christ". Où je te vois? Sur un trône éternel, vêtu de pourpre. Je serai toujours avec toi.” C'est le tour de Jude Thaddée. Celui-ci, quand il voit Jésus à ses pieds, ne sait pas se contenir, il penche la tête sur son bras appuyé à la table et il pleure. “Ne pleure pas, doux frère. Tu es maintenant comme quelqu'un qui doit supporter qu'on lui enlève un nerf et il te paraît ne pas pouvoir le supporter. Mais ce sera une brève douleur. Puis… oh! tu seras heureux parce que tu m'aimes. Tu t'appelles Jude, et tu es comme notre grand Jude: comme un géant. Tu es celui qui protège. Tes actions sont du lion et du lionceau qui rugit. Tu découvriras les impies qui reculeront devant toi, et les gens iniques seront terrifiés. Moi, je sais. Sois courageux. Une éternelle union resserrera et rendra parfaite notre parenté dans le Ciel.” Il le baise lui aussi sur le front comme l'autre cousin. “Je suis pécheur, Maître. Pas à moi…” “Tu étais pécheur, Mathieu. Maintenant tu es l'Apôtre. Tu es une de mes "voix". Je te bénis. Ces pieds, que de chemin ils ont fait pour avancer toujours, vers Dieu… L'âme les excitait et ils ont quitté tout chemin qui n'était pas mon chemin. Avance. Sais-tu où finit le sentier? Sur le sein du Père qui est le mien et le tien” Jésus a fini. Il enlève la serviette, se lave les mains dans de l'eau propre, reprend son vêtement, retourne à sa place et dit alors qu'il s'assied à sa place: “Maintenant vous êtes purs, mais pas tous. Seulement ceux qui ont eu la volonté de l'être.” Il fixe Judas de Kériot qui fait semblant de ne pas entendre, occupé à expliquer à son compagnon Mathieu comment son père se décida à l'envoyer à Jérusalem, conversation inutile dont le seul but est de donner une contenance à Judas qui, malgré son audace, doit se sentir mal à l'aise. Jésus pour la troisième fois verse du vin dans le calice commun. Il boit, fait boire. Puis il entonne et les autres font un chœur: “J'aime parce que le Seigneur écoute la voix de ma prière, parce qu'Il tend son oreille vers moi. Je l'invoquerai toute ma vie. J'étais entouré des douleurs de mort” etc. Un moment d'arrêt, puis il recommence à chanter: “J'ai eu foi, c'est pour cela que j'ai parlé. Mais j'ai été fortement humilié. Et je disais dans mon trouble: "Tout homme est menteur".” Il regarde fixement Judas. La voix de mon Jésus, fatiguée ce soir, reprend sa force quand il s'écrie: “Elle est précieuse devant Dieu la mort des saints” et “Tu as brisé mes chaînes. Je te sacrifierai une hostie de louange en invoquant le nom du Seigneur” etc. Un autre bref arrêt dans le chant et puis il reprend: “Louez tous le Seigneur, ô nations; louez-le tous les peuples. Car elle s'est affermie sur nous sa miséricorde et la vérité du Seigneur dure éternellement.” Un autre arrêt bref et puis un long hymne: “Célébrez le Seigneur car Il est bon, car sa miséricorde dure éternellement…” Judas de Kériot chante tellement faux que par deux fois Thomas lui redonne le ton de sa puissante voix de baryton et le regarde fixement. Les autres aussi le regardent car généralement il est bien dans le ton de sa voix, j'ai compris, qu'il en est orgueilleux comme du reste. Mais ce soir! Certaines phrases le troublent au point qu'il chante faux et de même des regards de Jésus qui soulignent certaines phrases. L'une d'elles: “Il vaut mieux avoir confiance en Dieu que d'avoir confiance en l'homme.” Une autre: “Bousculé, j'ai vacillé et j'allais tomber, mais le Seigneur m'a soutenu.” Une autre c'est: “Je ne mourrai pas, mais je vivrai et je raconterai les œuvres du Seigneur.” Et enfin ces deux, que je dis maintenant, étranglent la voix dans la gorge du Traître: “La pierre rejetée par les constructeurs est devenue la pierre d'angle” et “Béni celui qui vient au nom du Seigneur!” Le psaume fini, pendant que Jésus découpe des tranches de l'agneau et les présente, Mathieu demande à Judas de Kériot: “Mais tu te sens mal?” “Non. Laisse-moi tranquille. Ne t'occupe pas de moi.” Mathieu hausse les épaules. Jean, qui a entendu, dit: “Le Maître aussi n'est pas bien. Qu'as-tu mon Jésus? Ta voix est faible comme celle d'un malade ou de quelqu'un qui a beaucoup pleuré” et il l'embrasse en restant la tête sur la poitrine de Jésus. “Il a seulement beaucoup parlé, comme moi j'ai beaucoup marché et pris froid” dit Judas nerveux. Et Jésus, sans lui répondre, dit à Jean: “Tu me connais désormais… et tu sais ce qui me fatigue…” L'agneau est presque consommé. Jésus, qui a très peu mangé en buvant seulement une gorgée de vin à chaque calice et en buvant par contre beaucoup d'eau comme s'il était fiévreux, recommence à parler: “Je veux que vous compreniez mon geste de tout à l'heure. Je vous ai dit que le premier est comme le dernier, et que je vous donnerai une nourriture qui n'est pas corporelle. C'est une nourriture d'humilité que je vous ai donnée, pour votre esprit. Vous m'appelez Maître et Seigneur. Vous dites bien car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez le faire l'un pour l'autre. Je vous ai donné l'exemple afin que vous fassiez comme j'ai fait. En vérité je vous dis: le serviteur n'est pas plus que le Maître, et l'apôtre n'est pas plus que Celui qui l'a fait tel. Cherchez à comprendre ces choses. Si ensuite, en les comprenant, vous les mettez en pratique vous serez bienheureux. Mais vous ne serez pas tous bienheureux. Je vous connais. Je sais qui j'ai choisi. Je ne parle pas de tous de la même manière, mais je dis ce qui est vrai. D'autre part doit s'accomplir ce qui est écrit à mon sujet: "Celui qui a mangé le pain avec Moi, a levé son talon sur Moi". Je vous dis tout avant que cela n'arrive, pour que vous n'ayez pas de doutes sur Moi. Quand tout sera accompli, vous croirez encore davantage que Je suis Moi. Celui qui m'accueille, accueille Celui qui m'a envoyé: le Père Saint qui est dans les Cieux, et celui qui accueillera ceux que je lui enverrai il m'accueillera Moi-même. Car je suis avec le Père et vous êtes avec Moi… Mais maintenant accomplissons le rite.” Il verse de nouveau du vin dans le calice commun et avant d'en boire et d'en faire boire il se lève, et tous se lèvent avec Lui et il chante de nouveau un des psaumes d'auparavant: “J'ai eu foi, et c'est pour cela que j'ai parlé…” et puis un autre qui n'en finit pas. Beau… mais sans fin! Je crois le retrouver, pour le commencement et la longueur, dans le psaume 118. Ils le chantent ainsi. Un morceau tous ensemble, puis à tour de rôle chacun dit un verset et les autres un morceau ensemble, et ainsi jusqu'à la fin. Je crois qu'à la fin ils ont soif! Jésus s'assied, il ne s'allonge pas. Il reste assis, comme nous, et il parle: “Maintenant que l'ancien rite est accompli, je célèbre le nouveau rite. Je vous ai promis un miracle d'amour. C'est l'heure de le faire. C'est pour cela que j'ai désiré cette Pâque. Dorénavant voilà l'Hostie qui sera consommée dans un perpétuel rite d'amour. Je vous ai aimés pour toute la vie de la Terre, mes chers amis. Je vous ai aimés pour toute l'éternité, mes fils. Et je veux vous aimer jusqu'à la fin. Il n'y a pas de chose plus grande que celle-là. Rappelez-vous-en. Je m'en vais, mais nous resterons unis pour toujours grâce au miracle que maintenant j'accomplis.” Jésus prend un pain encore entier, le met sur le calice rempli. Il bénit et offre l'un et l'autre, puis il partage le pain, en fait treize morceaux et en donne un à chacun des apôtres en disant: “Prenez et mangez. Ceci est mon Corps. Faites ceci en mémoire de Moi qui m'en vais.” Il donne le calice et dit: “Prenez et buvez. Ceci est mon Sang. Ceci est le calice du nouveau pacte dans le Sang et par mon Sang qui sera répandu pour vous pour la rémission de vos péchés et pour vous donner la Vie. Faites ceci en mémoire de Moi.” Jésus est très triste. Tout sourire, toute trace de lumière, de couleur l'ont abandonné. Il a déjà un visage d'agonie. Les apôtres le regardent angoissés. Jésus se lève en disant: “Ne bougez pas. Je reviens tout de suite.” Il prend le treizième morceau de pain, prend le calice et sort du Cénacle. “Il va trouver sa Mère” murmure Jean. Et Jude Thaddée soupire: “Pauvre femme!” Pierre demande tout bas: “Crois-tu qu'elle sache?” “Elle sait tout. Elle a toujours tout su.” Ils parlent tous à voix très basse comme devant un mort. “Mais croyez-vous que vraiment…” demande Thomas qui ne veut pas encore croire. “Et en doutes-tu? C'est son heure” répond Jacques de Zébédée. “Que Dieu nous donne la force d'être fidèles” dit le Zélote. “Oh! moi…” va dire Pierre. Mais Jean, qui est aux aguets, dit: “Chut! Le voici.” Jésus rentre. Il a dans les mains le calice vide. Sur le fond il y a à peine une trace de vin, et sous la lumière du lampadaire elle semble vraiment du sang. Judas Iscariote, qui a devant lui le calice, le regarde comme fasciné, et puis il détourne son regard. Jésus l'observe et il a un frisson que ressent Jean, appuyé comme il l'est sur sa poitrine. “Mais dis-le! Tu trembles…” s'écrie-t-il. “Non. Je ne tremble pas de fièvre… Je vous ai tout dit et je vous ai tout donné. Je ne pouvais vous donner davantage. C'est Moi-même que je vous ai donné.” Il a son doux geste des mains qui, d'abord jointes, se séparent maintenant et s'écartent alors qu'il baisse la tête comme pour dire: “Excusez-moi si je ne puis davantage. C'est ainsi.” “Je vous ai tout dit, et je vous ai tout donné. Et je répète. Le nouveau rite est accompli. Faites ceci en mémoire de Moi. Je vous ai lavé les pieds pour vous apprendre à être humbles et purs comme votre Maître. Car je vous dis qu'en vérité les disciples doivent être comme le Maître. Souvenez-vous-en, souvenez-vous-en. Même quand vous serez haut placés, souvenez-vous-en. Le disciple n'est pas plus que le Maître. Comme je vous ai lavés, faites-le entre vous. C'est-à-dire aimez-vous comme des frères, en vous aidant l'un l'autre, en vous vénérant réciproquement, en étant un exemple l'un pour l'autre. Et soyez purs. Pour être dignes de manger le Pain vivant descendu du Ciel et pour avoir en vous et par Lui la force d'être mes disciples dans un monde ennemi qui vous haïra à cause de mon Nom. Mais l'un de vous n'est pas pur. L'un de vous me trahira. De cela, mon esprit est fortement troublé… La main de celui qui me trahit est avec Moi sur cette table, et ni mon amour, ni mon Corps, ni mon Sang, ni ma parole ne le rappellent ni ne le font repentir. Je lui pardonnerais en allant à la mort pour lui aussi.” Les disciples se regardent terrifiés. Ils se scrutent, se suspectant l'un l'autre. Pierre fixe l'Iscariote dans un réveil de tous ses doutes. Jude Thaddée se lève brusquement pour regarder à son tour l'Iscariote au-dessus de Mathieu. Mais l'Iscariote a tant d'assurance! À son tour, il regarde fixement Mathieu comme s'il le suspectait, puis il fixe Jésus et sourit en demandant: “Serait-ce moi, celui-là?” Il paraît le plus sûr de son honnêteté et qu'il parle ainsi pour ne pas laisser tomber la conversation. Jésus répète son geste en disant: “Tu le dis, Judas de Simon. Ce n'est pas Moi, c'est toi qui le dis. Je ne t'ai pas nommé. Pourquoi t'accuses-tu? Interroge ton admoniteur intérieur, ta conscience d'homme, la conscience que le Dieu Père t'a donnée pour te conduire en homme, et rends-toi compte si elle t'accuse. Tu le sauras avant tous. Mais si elle te rassure, pourquoi dis-tu une parole et penses-tu à une chose dont il est anathème même d'en parler ou d'y penser par plaisanterie?” Jésus parle avec calme. Il semble qu'il soutienne la thèse proposée comme peut le faire un savant à sa classe. L'émoi est grand, mais le calme de Jésus l'apaise. Cependant Pierre qui soupçonne le plus Judas - peut-être le Thaddée aussi, mais il le paraît moins, désarmé comme il l'est par la désinvolture de l'Iscariote - tire Jean par la manche. Quand Jean, qui s'est tout serré contre Jésus en entendant parler de trahison, se tourne, il lui murmure: “Demande-lui qui c'est.” Jean reprend sa position et lève seulement la tête comme pour baiser Jésus et en même temps Lui murmure à l'oreille: “Maître, qui est-ce?” Et Jésus, très doucement, en lui rendant le baiser dans les cheveux: “Celui auquel je vais donner un morceau de pain trempé.” Et prenant un pain encore entier, pas le reste de celui qui a servi pour l'Eucharistie, en détache une grosse bouchée, la trempe dans la sauce de l'agneau dans le plateau, il allonge le bras au-dessus de la table et dit: “Prends, Judas. Tu aimes cela.” “Merci, Maître. Oui, j'aime cela” et ne sachant pas ce qu'est cette bouchée, il la mange, alors que Jean, horrifié, va jusqu'à fermer ses yeux pour ne pas voir l'horrible rire de l'Iscariote pendant qu'il mange à belles dents le pain accusateur. “Bon! Va, maintenant que je t'ai fait plaisir” dit Jésus à Judas. “Tout est accompli, ici (il marque beaucoup ce mot). Ce qui reste encore à faire ailleurs, fais-le vite, Judas de Simon.” “Je t'obéis de suite, Maître. Ensuite je te rejoindrai au Gethsémani. Tu vas là, n'est-ce pas, comme toujours?” “J'y vais… comme toujours… oui.” “Qu'a-t-il à faire?” demande Pierre. “Il va seul?” “Je ne suis pas un enfant” plaisante Judas qui met son manteau. “Laisse-le aller. Lui et Moi savons ce qu'il y a à faire” dit Jésus. “Oui, Maître.” Pierre se tait. Peut-être pense-t-il qu'il a péché en soupçonnant son compagnon. La main sur le front, il réfléchit. Jésus serre Jean sur son cœur et se tourne pour lui murmurer dans les cheveux: “Ne dis rien à Pierre pour le moment. Ce serait un scandale inutile.” “Adieu, Maître. Adieu, amis.” Judas salue. “Adieu” dit Jésus. Et Pierre: “Je te salue, garçon.” Jean, la tête presque sur le sein de Jésus, murmure: “Satan!” Jésus seul l'entend et soupire. Ici tout s'arrête, mais Jésus dit: “Je suspends par pitié pour toi. Je te donnerai la fin de la Cène à un autre moment.” (la cène continue) Il y a quelques minutes de silence absolu. Jésus a la tête inclinée, en caressant machinalement les cheveux blonds de Jean. Puis il se secoue, lève la tête, tourne son regard, a un sourire qui réconforte les disciples. Il dit: “Quittons la table et asseyons-nous tous les uns près des autres, comme autant de fils autour de leur père.” Ils prennent les lits-sièges qui étaient derrière la table (ceux de Jésus, Jean, Jacques, Pierre, Simon, André et du cousin Jacques) et ils les portent de l'autre côté. Jésus prend place sur le sien, toujours entre Jacques et Jean. Mais quand il voit qu'André va s'asseoir à la place laissée par l'Iscariote, il crie: “Non, pas là.” Un cri impulsif que son extrême prudence ne réussit pas à empêcher. Puis il se reprend en parlant ainsi: “Il n'est Pas besoin de tant de place. En restant assis, on peut tenir sur eux seuls. Ils suffisent. Je vous veux très proches.” Jacques de Zébédée appelle Pierre: “Assieds-toi ici. Moi, je m'assois sur ce petit tabouret, aux pieds de Jésus.” “Que Dieu te bénisse, Jacques! Je le désirais tant!” dit Pierre, et il se serre contre son Maître qui est ainsi serré de près par Jean et Pierre, avec Jacques à ses pieds. Jésus sourit: “Je vois que commence à opérer la parole dite auparavant. Les bons frères s'aiment. Moi aussi, je te dis, Jacques: "Que Dieu te bénisse". Ce geste aussi, l'Éternel ne l'oubliera pas, et tu le trouveras là-haut. Moi je puis tout ce que je demande. Vous l'avez vu. Il a suffi d'un de mes désirs pour que le Père accorde au Fils de se donner en Nourriture à l'homme. Avec ce qui vient d'arriver le Fils de l'homme a été glorifié car c'est un témoignage de pouvoir le miracle qui n'est possible qu'aux amis de Dieu. Plus le miracle est grand et plus est sûre et profonde cette divine amitié. C'est un miracle qui, par sa forme, sa durée et sa nature, par son étendue et les limites qu'il atteint, est le plus fort qui puisse exister. Je vous le dis: il est si puissant, surnaturel, inconcevable pour l'homme orgueilleux, que bien peu le comprendront comme il doit être compris et que beaucoup le négligeront. Que dirai-je alors? Condamnation pour eux? Non. Je dirai: pitié! Mais plus grand est le miracle, plus grande est la gloire qui en revient à son auteur. C'est Dieu Lui-même qui dit: "Voilà, mon bien-aimé a voulu cela, il l'a eu, et c'est Moi qui le Lui ai accordé, parce qu'il possède une grande grâce à mes yeux". Et ici Il dit: "Il a une grâce sans limites comme est infini le miracle accompli par Lui". De même à la gloire qui revient à l'auteur du miracle de la part de Dieu il y a la gloire qui de son auteur revient au Père. Car toute gloire spirituelle, venant de Dieu, revient à sa source. Et la gloire de Dieu, bien qu'elle soit infinie, s'accroît toujours plus et brille par la gloire de ses saints. C'est pourquoi je vous dis: de même que le Fils de l'homme a été glorifié par Dieu, ainsi Dieu a été glorifié par le Fils de l'homme. J'ai glorifié Dieu en Moi-même. À son tour Dieu glorifiera son Fils en Lui. C'est bientôt qu'Il va le glorifier. Exulte, Toi qui reviens à ton Siège, ô Essence spirituelle de la Seconde Personne! Exulte, ô chair qui vas remonter après un si long exil dans la fange. Et ce n'est pas le Paradis d'Adam, mais le Paradis sublime du Père qui va t'être donné comme demeure. S'il a été dit que par la stupeur d'un commandement de Dieu, donné par la bouche d'un homme, le soleil s'est arrêté, que n'arrivera-t-il pas dans les astres quand ils verront le prodige de la Chair de l'Homme monter et prendre place à la droite du Père dans sa Perfection de matière glorifiée? Mes petits enfants, c'est pour peu de temps encore que je reste avec vous. Et vous, ensuite, vous me chercherez comme des orphelins cherchent leur père mort. Et en pleurant, vous irez en parlant de Lui et vous frapperez en vain à son tombeau muet, et puis encore vous frapperez aux portes azurées du Ciel, avec votre âme lancée dans une suppliante recherche d'amour, disant: "Où est notre Jésus? Nous le voulons. Sans Lui, il n'y a plus de lumière dans le monde, ni de joie, ni d'amour. Rendez-le nous, ou bien laissez-nous entrer. Nous voulons être où il est". Mais, pour le moment, vous ne pouvez venir où je vais. Je l'ai dit aussi aux juifs: "Ensuite vous me chercherez, mais où je vais vous ne pouvez venir". Je le dis aussi à vous. Pensez à la Mère… Elle non plus ne pourra venir où je vais. Et pourtant j'ai quitté le Père pour venir à elle et me faire Jésus dans son sein sans tache. Et pourtant c'est de l'Inviolée que je suis venu dans l'extase lumineuse de ma Naissance. Et c'est de son amour, devenu lait, que je me suis nourri. Je suis fait de pureté et d'amour car Marie m'a nourri de sa virginité fécondée par l'Amour parfait qui vit dans le Ciel. Et pourtant c'est par elle que j'ai grandi, en lui coûtant fatigues et larmes… Et pourtant je lui demande un héroïsme tel que jamais il n'en a été accompli, et par rapport auquel celui de Judith et de Jahel sont des héroïsmes de pauvres femmes discutant avec leur rivale près de la fontaine de leur village. Et pourtant personne ne lui est pareil quand il s'agit de m'aimer. Et, malgré cela, je la laisse et je vais où elle ne viendra que dans beaucoup de temps. Pour elle ce n'est pas le commandement que je vous donne à vous: "Sanctifiez-vous année par année, mois par mois, jour par jour, heure par heure, pour pouvoir venir à Moi quand ce sera votre heure". En elle est toute grâce et toute sainteté. C'est la créature qui a tout eu et qui a tout donné. Il n'y a rien à ajouter ni à enlever. C'est le très saint témoignage de ce que peut Dieu. Mais pour être certain qu'il y a en vous la capacité de pouvoir me rejoindre, et d'oublier la douleur du deuil de la séparation de votre Jésus, je vous donne un commandement nouveau. Et c'est que vous vous aimiez les uns les autres. Comme je vous ai aimés, de même aimez-vous l'un l'autre. C'est par cela que l'on saura que vous êtes mes disciples. Quand un père a de nombreux fils, par quoi reconnaît-on qu'ils sont tels? Pas tellement par l'aspect physique - car il y a des hommes qui sont semblables à un autre homme avec lequel ils n'ont aucun rapport de sang ni non plus de nation -mais par l'amour commun pour la famille, pour leur père, et entre eux. Et le père une fois mort, la bonne famille ne se désagrège pas, parce qu'il y a un même sang et que c'est toujours celui qui vient de la semence du père, et il noue des liens que la mort elle-même ne délie pas parce que l'amour est plus fort que la mort. Or, si vous vous aimez même après que je vous aurai quittés, tous reconnaîtront que vous êtes mes fils et par conséquent mes disciples et que vous êtes frères entre vous, ayant eu un seul père.” “Seigneur Jésus, mais où vas-tu?” demande Pierre. “Je vais où, pour le moment, tu ne peux me suivre. Mais plus tard tu me suivras.” “Et pourquoi pas maintenant? Je t'ai toujours suivi depuis que tu m'as dit: "Suis-moi". J'ai tout quitté sans regret… Or, si tu t'en allais sans ton pauvre Simon, en me laissant sans Toi, mon Tout, alors que pour Toi j'ai quitté le peu de bien que j'avais, ce ne serait pas juste ni beau de ta part. Tu vas à la mort? C'est bien. Mais moi aussi je viens. Allons ensemble dans l'autre monde. Mais auparavant je t'aurai défendu. Je suis prêt à donner ma vie pour Toi.” “Tu donneras ta vie pour Moi? Maintenant? Maintenant non. En vérité, oh! c'est en vérité que je te le dis: le coq n'aura pas encore chanté que tu m'auras renié trois fois. Maintenant c'est encore la première veille. Puis viendra la seconde… et puis la troisième. Avant que résonne le chant du coq tu auras par trois fois renié ton Seigneur.” “Impossible, Maître ! Je crois à tout ce que tu dis, mais pas à cela. Je suis sûr de moi.” “Maintenant, pour l'instant tu es sûr, mais c'est parce que tu m'as encore. Tu as Dieu avec toi. D'ici peu le Dieu Incarné sera pris et vous ne l'aurez plus. Et Satan, après vous avoir déjà appesantis - ton assurance elle-même est une ruse de Satan, un poids pour t'appesantir - vous effraiera. Il vous insinuera: "Dieu n'existe pas. Moi j'existe". Et pourtant, bien que votre esprit sera aveuglé par l'épouvante, vous raisonnerez encore, et vous comprendrez que quand Satan est le maître du moment, le Bien est mort et le Mal agissant, l'esprit abattu et l'humain triomphant. Alors vous resterez comme des guerriers sans chef, poursuivis par l'ennemi, et dans votre frayeur de vaincus vous courberez l'échine devant le vainqueur, et pour n'être pas tués vous renierez le héros tombé - Mais, je vous en prie, que votre cœur ne se trouble pas. Croyez en Dieu, et croyez aussi en Moi. Croyez en Moi, contre toutes les apparences. Qu'il croie dans ma miséricorde et dans celle du Père aussi bien celui qui reste que celui qui fuit. Aussi bien celui qui se tait que celui qui ouvrira la bouche pour dire: "Je ne le connais pas". Croyez également dans mon pardon. Et croyez que quelles que soient dans l'avenir vos actions, dans le Bien et dans ma Doctrine, dans mon Église par conséquent, elles vous donneront une même place dans le Ciel. Dans la maison de mon Père il y a beaucoup de demeures. S'il n'en était pas ainsi, je vous l'aurais dit. Car je vais en avant, vous préparer une place pour vous. N'agissent-ils pas ainsi les bons pères quand ils doivent amener ailleurs leur petite famille? Ils vont à l'avance préparer la maison, le mobilier, les provisions, et puis ils viennent prendre leurs enfants les plus chers. Ils agissent ainsi par amour, pour que rien ne manque aux petits et qu'ils ne souffrent pas dans le nouveau village. J'agis de même et pour le même motif. Maintenant je m'en vais. Et quand j'aurai préparé une place pour chacun dans la Jérusalem céleste, je viendrai de nouveau, je vous prendrai avec Moi pour que vous soyez avec Moi où je suis, où il n'y aura ni mort, ni deuil, ni larmes, ni cris, ni faim, ni douleur, ni ténèbres, ni feu, mais seulement lumière, paix, béatitude et chant. Oh! chant des Cieux très hauts quand les douze élus seront sur les trônes avec les douze patriarches des douze tribus d'Israël, et chanteront dans l'ardeur du feu de l'amour spirituel, dressés sur la mer des béatitudes, le cantique éternel qui aura pour arpège l'éternel alléluia de l'armée angélique… Je veux que vous soyez là où je serai. Et vous savez où je vais et vous en connaissez le chemin.” “Mais, Seigneur! Nous ne savons rien. Tu ne nous dis pas où tu vas. Comment pouvons-nous savoir le chemin à prendre pour venir vers Toi et pour abréger l'attente?” dit Thomas. “Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie. Vous me l'avez entendu dire et expliquer plusieurs fois et, en vérité certains, qui ne savaient même pas qu'il existe un Dieu, se sont avancés sur le chemin, sur mon chemin et ont déjà de l'avance sur vous. Oh! où es-tu, brebis perdue de Dieu que j'ai ramenée au bercail? Où es-tu, toi dont l'âme est ressuscitée?” “Qui? De qui parles-tu? De Marie de Lazare? Elle est à côté, avec ta Mère. Tu la veux? Ou bien tu veux Jeanne? Certainement elle est dans son palais, mais si tu veux, nous allons l'appeler…” “Non. Pas elles… Je pense à celle qui ne sera dévoilée que dans le Ciel… et à Fotinaï… Elles m'ont trouvé et n'ont plus quitté mon chemin. À l'une j'ai indiqué le Père comme Dieu vrai et l'Esprit comme lévite dans cette adoration individuelle. À l'autre, qui ne savait même pas qu'elle avait un esprit, j'ai dit: "Mon nom est Sauveur. Je sauve celui qui a bonne volonté de se sauver. Je suis Celui qui cherche ceux qui sont perdus pour leur donner la Vie, la Vérité et la Pureté. Qui me cherche me trouve". Et toutes deux ont trouvé Dieu… Je vous bénis. Eves faibles devenues plus fortes que Judith… Je viens, où vous êtes je viens… Vous me consolez… Soyez bénies!…” “Montre-nous le Père, Seigneur, et nous serons pareilles à elles” dit Philippe. “Depuis si longtemps je suis avec vous, et toi, Philippe, tu ne m'as pas encore connu? Qui me voit voit mon Père. Comment donc peux-tu dire: "Montre-nous le Père"? Tu n'arrives pas à croire que je suis dans le Père et le Père est en Moi? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de Moi-même. Mais le Père qui demeure en Moi accomplit toutes mes œuvres, et vous ne croyez pas que je suis dans le Père et Lui est en Moi? Que dois-je dire pour vous faire croire? Mais si vous ne croyez pas aux paroles, croyez au moins aux œuvres. Je vous dis et je vous le dis avec vérité: celui qui croit en Moi fera les œuvres que je fais, et en fera encore de plus grandes, parce que je vais au Père. Et tout ce que vous demanderez au Père en mon nom je le ferai pour que le Père soit glorifié en son Fils. Et je ferai ce que vous me demanderez au nom de mon Nom. Mon Nom est connu, pour ce qu'il est réellement, à Moi seul, au Père qui m'a engendré et à l'Esprit qui procède de notre amour. Et par ce Nom tout est possible. Qui pense, à mon Nom avec amour m'aime, et obtient. Mais il ne suffit pas de m'aimer. Il faut observer mes commandements pour avoir le véritable amour. Ce sont les œuvres qui témoignent des sentiments, et au nom de cet amour, je prierai le Père, et Lui vous donnera un autre Consolateur pour qu'Il reste pour toujours avec vous. Quelqu'un que Satan et le monde ne peuvent atteindre, l'Esprit de Vérité que le monde ne peut recevoir et ne peut frapper, car il ne le voit pas et ne le connaît pas. Il s'en moquera. Mais Lui est si élevé que le mépris ne pourra l'atteindre alors que, compatissant au-delà de toute mesure, Il sera toujours avec celui qui l'aime, même s'il est pauvre et faible. Vous le connaîtrez car Il demeure déjà avec vous et bientôt sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins. Je vous l'ai déjà dit: "Je reviendrai à vous". Mais je viendrai avant que ce soit l'heure de venir vous prendre pour aller dans mon Royaume. Je viendrai à vous. D'ici peu, le monde ne me verra plus. Mais vous me voyez et vous me verrez parce que je vis et vous vivez, parce que je vivrai et vous aussi vivrez. Ce jour-là, vous saurez que je suis en mon Père, et vous en Moi, et Moi en vous. En effet, celui qui accueille mes préceptes et les observe, celui-là m'aime, et celui qui m'aime sera aimé de mon Père et il possédera Dieu car Dieu est charité et celui qui aime a Dieu en lui. Et je l'aimerai car en lui je verrai Dieu, et je me manifesterai à lui en me faisant connaître dans les secrets de mon amour, de ma sagesse, de ma Divinité Incarnée. Ce seront mes retours parmi les fils de l'homme que j'aime bien qu'ils soient faibles et même ennemis. Mais ceux-ci seront seulement faibles. Et je les fortifierai et je leur dirai: "Lève-toi!", je dirai: "Viens dehors!", je dirai: "Suis-moi", je dirai: "Écoute", je dirai: "Écris"… et vous êtes parmi ceux-ci.” “Pourquoi, Seigneur, te manifestes-tu à nous et pas au monde?” demande Jude Thaddée. “Parce que vous m'aimez et observez mes paroles. Celui qui agira ainsi sera aimé de mon Père et Nous viendrons à lui et Nous établirons notre demeure chez lui, en lui. Alors que celui qui ne m'aime pas n'observe pas mes paroles et agit selon la chair et le monde. Maintenant sachez que ce que je vous ai dit n'est pas parole de Jésus de Nazareth, mais parole du Père parce que Je suis le Verbe du Père qui m'a envoyé. Je vous ai dit ces choses en parlant ainsi, avec vous, parce que je veux vous préparer Moi-même à la possession complète de la Vérité et de la Sagesse. Mais vous ne pouvez encore comprendre et vous souvenir. Pourtant, quand viendra à vous le Consolateur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, alors vous pourrez comprendre et Lui vous enseignera tout et vous rappellera ce que je vous ai dit. Je vous laisse ma paix. Je vous donne ma paix. Je vous la donne non comme la donne le monde, ni même comme jusqu'à présent je vous l'ai donnée: le salut béni du Béni à ceux qui sont bénis. Plus profonde est la Paix que maintenant je vous donne. En cet adieu, je vous communique Moi-même, mon Esprit de paix, comme je vous ai communiqué mon Corps et mon Sang, pour qu'en vous reste une force dans la bataille imminente. Satan et le monde vont déchaîner la guerre contre votre Jésus. C'est leur heure. Ayez en vous la Paix, mon Esprit qui est un esprit de paix, car je suis le Roi de la Paix. Ayez-la pour ne pas être trop abandonnés. Celui qui souffre avec la paix de Dieu en lui, souffre mais sans blasphème et sans désespoir. Ne pleurez pas. Vous avez bien entendu que j'ai dit: "Je vais au Père et puis je reviendrai". Si vous m'aimiez au-delà de la chair vous vous réjouiriez, car je vais au Père après un si long exil… Je vais vers Celui qui est plus grand que Moi et qui m'aime. Je vous l'ai dit maintenant, avant que cela s'accomplisse, comme je vous ai dit toutes les souffrances du Rédempteur avant d'aller vers elles afin que, quand tout sera accompli, vous croyiez toujours plus en Moi. Ne vous troublez pas ainsi! Ne vous effrayez pas. Votre cœur a besoin d'équilibre… Je n'ai plus que peu à vous parler… et j'ai encore tant à dire! Arrivé au terme de mon évangélisation, il me semble n'avoir encore rien dit et tant, tant, tant il reste encore à faire. Votre état augmente cette sensation. Et que dirai-je, alors? Que j'ai manqué à mon devoir? Ou que vous êtes si durs de cœur que cela n'a servi à rien? Vais-je douter? Non. Je me fie à Dieu et je vous confie à Lui vous, mes bien-aimés. Lui accomplira l'œuvre de son Verbe. Je ne suis pas comme un père qui meurt et n'a d'autre lumière que l'humaine. J'espère en Dieu., Et même en sentant en Moi se presser tous les conseils dont je vois que vous avez besoin et en voyant fuir le temps, je vais tranquille vers mon sort. Je sais que sur les semences tombées en vous, va descendre une rosée qui les fera toutes germer, et puis viendra le soleil du Paraclet, et elles deviendront un arbre puissant. Il va venir le prince de ce monde, avec qui je n'ai rien à faire. Et, si ce n'avait été dans un but de rédemption, il n'aurait rien pu sur Moi. Mais cela arrive afin que le monde sache que j'aime le Père et que je l'aime jusqu'à l'obéissance qui me soumet à la mort et que je fais ce qu'Il m'a ordonné. C'est l'heure de partir. Levez-vous, et écoutez les ultimes paroles. Je suis la vraie Vigne et c'est mon Père qui la cultive. Tout sarment qui ne porte pas de fruit Lui le coupe et celui qui porte du fruit Il le taille pour qu'il en porte encore plus. Vous êtes déjà purifiés par ma parole. Demeurez en Moi et Moi en vous pour continuer à être tels. Le sarment détaché de la vigne ne peut faire de fruit. Il en est ainsi pour vous si vous ne restez pas en Moi. Je suis la Vigne et vous les sarments. Celui qui reste uni à Moi porte des fruits abondants. Mais si l'un se détache, il devient un rameau sec que l'on jette au feu et que l'on brûle, car sans l'union avec Moi, vous ne pouvez rien faire. Restez donc en Moi, et que mes paroles restent en vous, puis demandez ce que vous voulez et cela vous sera fait. Mon Père sera toujours d'autant plus glorifié que vous porterez davantage de fruit et que vous serez davantage mes disciples. Comme le Père m'a aimé, il en est de même pour Moi avec vous. Demeurez dans mon amour qui sauve. En m'aimant vous serez obéissants, et l'obéissance fait croître l'amour réciproque. Ne dites pas que je me répète. Je connais votre faiblesse, et je veux que vous vous sauviez. Je vous ai dit ces choses pour que la joie que j'ai voulu vous donner soit en vous et soit complète. Aimez-vous, aimez-vous! C'est mon nouveau commandement. Aimez-vous réciproquement plus que chacun de vous ne s'aime lui-même. Il n'y a pas de plus grand amour que celui de qui donne sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis et Moi, je donne ma vie pour vous. Faites ce que je vous enseigne et commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître, alors que vous, vous savez ce que je fais. Vous savez tout de Moi. Je vous ai manifesté non seulement Moi-même, mais aussi le Père et le Paraclet, et tout ce que j'ai entendu de Dieu. Ce n'est pas vous qui vous êtes choisis. Mais c'est Moi qui vous ai choisis et je vous ai élus pour que vous alliez parmi les peuples et que vous fassiez du fruit en vous et dans les cœurs de ceux qui seront évangélisés, et que votre fruit demeure, et que le Père vous donne tout ce que vous demanderez en mon nom. Ne dites pas: "Et alors si tu nous as choisis, pourquoi as-tu choisi un traître? Si tu connais tout, pourquoi as-tu fait cela?" Ne vous demandez pas non plus qui est celui-là. Ce n'est pas un homme, c'est Satan. Je l'ai dit à l'ami fidèle et je l'ai laissé dire par le fils aimé. C'est Satan. Si Satan ne s'était pas incarné, l'éternel singe de Dieu, en une chair mortelle, ce possédé n'aurait pas pu se soustraire à mon pouvoir de Jésus. J'ai dit: "possédé". Non. Il est beaucoup plus: il est anéanti en Satan.” “Pourquoi, Toi qui as chassé les démons, ne l'as-tu pas délivré?” demande Jacques d'Alphée. “Le demandes-tu par amour pour toi, craignant de l'être? Ne le crains pas.” “Moi alors?” “Moi?” “Moi?” “Taisez-vous. Je ne dis pas ce nom. J'use de miséricorde, et vous, faites la même chose.” “Mais pourquoi ne l'as-tu pas vaincu? Tu ne le pouvais pas?” “Je le pouvais. Mais pour empêcher Satan de s'incarner pour me tuer, j'aurais dû exterminer la race humaine avant la Rédemption. Qu'aurais-je racheté alors?” “Dis-le-moi, Seigneur, dis-le-moi!” Pierre s'est glissé à genoux et secoue Jésus avec frénésie, comme s'il était en proie au délire. “Est-ce moi? Est-ce moi? Je m'examine? Il ne me semble pas. Mais Toi… Tu as dit que je te renierai… Et je tremble… Oh! quelle horreur si c'était moi!…” “Non, Simon de Jonas, pas toi.” “Pourquoi m'as-tu enlevé mon nom de "Pierre"? Je suis donc redevenu Simon? Tu le vois? Tu le dis!… C'est moi! Mais comment ai-je pu? Dites-le… dites-le vous… Quand est-ce que j'ai pu devenir traître?… Simon?… Jean?… Mais parlez!…” “Pierre, Pierre, Pierre! Je t'appelle Simon parce que je pense à notre première rencontre quand tu étais Simon. Et je pense comment tu as toujours été loyal dès le premier moment. Ce n'est pas toi. Je te le dis Moi: Vérité.” “Qui alors?” “Mais c'est Judas de Kériot! Tu ne l'as pas encore compris?” crie le Thaddée qui n'arrive plus à se contenir. “Pourquoi ne me l'as-tu pas dit avant? Pourquoi?” crie aussi Pierre. “Silence. C'est Satan. Il n'a pas d'autre nom. Où vas-tu, Pierre?” “Le chercher.” “Dépose tout de suite ce manteau et cette arme. Ou bien je dois te chasser et te maudire?” “Non, non! Oh! mon Seigneur! Mais moi… mais moi… Je suis peut-être malade de délire, moi? Oh! Oh!” Pierre pleure après s'être jeté par terre aux pieds de Jésus. “Je vous donne le commandement de vous aimer et de pardonner. Avez-vous compris? Si dans le monde il y a aussi la haine, qu'en vous il n'y ait que l'amour. Pour tous. Combien de traîtres vous trouverez sur votre route! Mais vous ne devez pas haïr et rendre le mal pour le mal. Autrement le Père vous haïra. Avant vous, j'ai été haï et trahi, Moi. Et pourtant, vous le voyez, je ne hais pas. Le monde ne peut aimer ce qui n'est pas comme lui. Il ne vous aimera donc pas. Si vous lui apparteniez il vous aimerait, mais vous n'êtes pas du monde, car je vous ai pris du milieu du monde, et c'est pour cela que vous êtes haïs. Je vous ai dit: le serviteur n'est pas plus que le maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront vous aussi. S'ils m'ont écouté, ils vous écouteront vous aussi. Mais ils feront tout à cause de mon nom parce qu'ils ne connaissent pas, ne veulent pas connaître Celui qui m'a envoyé. Si je n'étais pas venu et si je n'avais pas parlé, ils ne seraient pas coupables, mais maintenant leur péché est sans excuse. Ils ont vu mes œuvres, entendu mes paroles, et pourtant ils m'ont haï, et avec Moi le Père, parce que le Père et Moi, nous sommes une seule Unité avec l'Amour. Mais il était écrit: "Tu m'as haï sans raison". Cependant quand sera venu le Consolateur, l'Esprit de vérité qui procède du Père, ce sera Lui qui rendra témoignage de Moi, et vous aussi, vous me rendrez témoignage parce que dès le début vous avez été avec Moi. Ceci je vous le dis pour que, quand ce sera l'heure, vous ne soyez pas abattus et scandalisés. Il va venir le temps où ils vous chasseront des synagogues et où celui qui vous tuera pensera rendre ainsi un culte à Dieu. Ils n'ont connu ni le Père ni Moi. C'est là leur excuse. Je ne vous ai pas dit ces choses en les développant autant avant maintenant, parce que vous étiez comme des enfants à peine nés. Mais maintenant la mère vous quitte. Je m'en vais. Vous devez vous accoutumer à une autre nourriture. Je veux que vous la connaissiez. Personne ne me demande plus: "Où vas-tu?" La tristesse vous rend muets. Et pourtant, c'est un bien pour vous aussi que je m'en aille, autrement le Consolateur ne viendra pas. C'est Moi qui vous l'enverrai. Et quand Il sera venu, par le moyen de la sagesse et de la parole, les œuvres et l'héroïsme qu'Il versera en vous, Il convaincra le monde de son péché déicide et de la justice de ma sainteté. Et le monde sera nettement divisé en réprouvés, ennemis de Dieu, et en croyants. Ces derniers seront plus ou moins saints, selon leur volonté. Mais le jugement du prince du monde et de ses serviteurs sera fait. Je ne puis vous en dire davantage car vous ne pouvez encore comprendre. Mais Lui, le Divin Paraclet, vous donnera la Vérité entière car Il ne parlera pas de Lui-même, mais Il dira tout ce qu'Il aura entendu de l'esprit de Dieu et Il vous annoncera l'avenir. Il prendra ce qui vient de Moi, c'est-à-dire de ce qui encore appartient au Père, et vous le dira. Encore un peu de temps pour se voir, ensuite vous ne me verrez plus. Et ensuite encore un peu de temps, et puis vous me verrez. Vous murmurez entre vous et dans votre cœur. Écoutez une parabole. La dernière de votre Maître. Quand une femme a conçu et arrive à l'heure de l'enfantement, elle est dans une grande affliction car elle souffre et gémit. Mais quand son petit enfant est venu au jour, et qu'elle le serre sur son cœur, toute peine cesse et la tristesse se change en joie parce qu'un homme est venu au monde. Ainsi pour vous. Vous pleurerez et le monde rira de vous, mais ensuite votre tristesse se changera en joie. Une joie que le monde ne connaîtra jamais. Vous êtes tristes maintenant, mais quand vous me reverrez, votre cœur deviendra plein d'une joie que personne n'aura plus le pouvoir de vous ravir. Une joie tellement pleine qu'elle estompera tout besoin de demander à la fois pour l'esprit et pour le cœur et pour la chair. Vous vous repaîtrez seulement de ma vue, oubliant toute autre chose. Mais justement, à partir de ce moment-là vous pourrez tout demander en mon nom, et cela vous sera donné par le Père pour que vous ayez toujours plus de joie. Demandez, demandez. Et vous recevrez. L'heure vient où je pourrai vous parler ouvertement du Père. Ce sera parce que vous aurez été fidèles dans l'épreuve et tout sera surmonté. Votre amour sera parfait du fait qu'il vous aura donné la force dans l'épreuve. Et ce qui vous manquera, je vous l'ajouterai en le prenant de mon immense trésor et en disant: "Père, tu le vois. Ils m'ont aimé en croyant que je suis venu de Toi". Descendu dans le monde, maintenant je le quitte et je vais au Père, et je prierai pour vous.” “Oh! maintenant, tu t'expliques. Maintenant nous savons ce que tu veux dire et que tu sais tout et que tu réponds sans que personne t'interroge. Vraiment tu viens de Dieu!” “Vous croyez maintenant? À la dernière heure? Cela fait trois ans que je vous parle! Mais déjà en vous opère le Pain qui est Dieu et le Vin qui est Sang qui n'est pas venu de l'homme et vous donne le premier frisson de la déification. Vous deviendrez des dieux si vous persévérez dans mon amour et dans ma possession. Non pas comme l'a dit Satan à Adam et Eve, mais comme je vous le dis. C'est le vrai fruit de l'arbre du Bien et de la Vie. Le Mal est vaincu en qui s'en nourrit, et la Mort est morte. Qui en mange vivra éternellement et deviendra "dieu" dans le Royaume de Dieu. Vous serez des dieux si vous restez en Moi. Et pourtant voilà… bien qu'ayant en vous ce Pain et ce Sang, puisque arrive l'heure où vous serez dispersés, vous vous en irez pour votre compte et vous me laisserez seul… Mais je ne suis pas seul. J'ai le Père avec Moi. Père, Père! Ne m'abandonne pas! Je vous ai tout dit… Pour vous donner la paix, ma paix. Vous serez encore opprimés. Mais ayez foi. J'ai vaincu le monde.” Jésus se lève, ouvre les bras en croix et dit avec un visage lumineux la sublime prière au Père. Jean la rapporte intégralement. Les apôtres pleurent plus ou moins ouvertement et bruyamment. Pour finir, ils chantent un hymne. Jésus les bénit, puis il ordonne: “Mettons nos manteaux maintenant et partons. André, dis au chef de maison de laisser tout ainsi, par ma volonté. Demain… cela vous fera plaisir de revoir ce lieu.” Jésus le regarde. Il paraît bénir les murs, le mobilier, tout. Puis il prend son manteau et s'éloigne, suivi des disciples. Près de Lui se trouve Jean auquel il s'appuie. “Tu ne salues pas la Mère?” Lui demande le fils de Zébédée. “Non. Tout est déjà fait. Ne faites pas de bruit.” Simon, qui a allumé une torche à la lampe, éclaire le vaste corridor qui va à la porte. Pierre ouvre avec précaution le portail et ils sortent tous sur le chemin et puis, faisant jouer une clef, ils ferment du dehors et ils se mettent en route.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

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Chrétiens Magazine spécial Maria Valtorta :
Numéro spécial entièrement consacré à l’oeuvre de Maria Valtorta (1897-1961) :
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"J'ai lu les 10 volumes de Maria Valtorta: L'Évangile tel qu'il m'a été révélé et je suis entrain de les relire. Ces écrits sont un cadeau du Ciel. En lisant, mon désir d'apprendre, de connaitre et de changer grandissait, j'avais soif de l'enseignement qui est donné dans ces livres. Je souhaite que l'humanité entière les lise et se nourrisse dans cette merveilleuse lecture qui nous est donné."
Yellena
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Dimanche 21 mars 2010, Cinquième dimanche de Carême

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 8,1-11.
Jésus s'était rendu au mont des Oliviers ; de bon matin, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s'assit et se mit à enseigner. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu'on avait surprise en train de commettre l'adultère. Ils la font avancer, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d'adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu'en dis-tu ? » Ils parlaient ainsi pour le mettre à l'épreuve, afin de pouvoir l'accuser. Mais Jésus s'était baissé et, du doigt, il traçait des traits sur le sol. Comme on persistait à l'interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d'entre vous qui est sans péché, qu'il soit le premier à lui jeter la pierre. » Et il se baissa de nouveau pour tracer des traits sur le sol. Quant à eux, sur cette réponse, ils s'en allaient l'un après l'autre, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme en face de lui. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-il donc ? Alors, personne ne t'a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 7, Ch 189, p 219 - CD 7 (1er CD), piste 85 -
Je vois l'intérieur de l'enceinte du Temple, c'est-à-dire une des si nombreuses cours entourées de portiques. Et je vois aussi Jésus bien enveloppé dans le manteau qui couvre son vêtement, qui n'est pas blanc mais rouge foncé (il semble que ce soit une lourde étoffe de laine). Il parle à la foule qui l'entoure. je dirais que c'est une journée d'hiver, car tous les gens sont emmitouflés, et il fait plutôt froid car, au lieu de rester immobiles, les gens marchent vivement comme pour se réchauffer. Il y a du vent qui remue les manteaux et soulève la poussière des cours.
Le groupe qui se serre autour de Jésus, le seul qui reste en place alors que tous les autres, autour de tel ou tel maître, vont et viennent, s'ouvre pour laisser passer un détachement de scribes et de pharisiens gesticulants et plus que jamais venimeux. Ils giclent le venin par leurs regards, leurs visages empourprés, leurs bouches. Quelles vipères! Plutôt qu'ils ne la conduisent, ils traînent une femme d'environ trente ans, échevelée, les vêtements en désordre, comme une personne que l'on a maltraitée, et en larmes. Ils la jettent aux pieds de Jésus comme un tas de chiffons ou une dépouille morte. Et elle reste là, recroquevillée sur elle-même, le visage appuyé sur ses deux bras, qui la cachent et lui font un coussin entre son visage et le sol. “Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d'adultère. Son mari l'aimait, ne lui faisait manquer de rien. C'était la reine de sa maison. Et elle l'a trahi car c'est une pécheresse, une vicieuse, une ingrate, une profanatrice. C'est une adultère, et comme telle doit être lapidée. Moïse l'a dit. Dans sa loi, il commande que de telles femmes soient lapidées comme des bêtes immondes. Et elles sont immondes car elles trahissent la foi conjugale et l'homme qui les aime et les soigne, car elles sont comme une terre jamais rassasiée, toujours affamée de luxure. Elles sont pires que des courtisanes, car sans la morsure du besoin, elles se donnent pour donner une nourriture à leur impudicité. Elles sont corrompues. Elles sont contaminatrices. Elles doivent être condamnées à mort. Moïse l'a dit. Et Toi, Maître, qu'en dis-tu?” Jésus, qui avait interrompu son discours à l'arrivée tumultueuse des pharisiens et avait regardé la meute haineuse d'un regard pénétrant et puis avait penché son regard sur la femme avilie, jetée à ses pieds, se tait. Il s'est penché, tout en restant assis, et avec un doigt il écrit sur les pierres du portique que la poussière soulevée par le vent couvre d'une couche de terre. Eux parlent, et Lui écrit. “Maître, nous parlons à Toi. Écoute-nous. Réponds-nous. Tu n'as pas compris? Cette femme a été prise en flagrant délit d'adultère. Dans sa maison, dans le lit de son mari. Elle l'a souillé par sa passion.” Jésus écrit. “Mais c'est un idiot cet homme! Vous ne voyez pas qu'il ne comprend rien et qu'il trace des signes sur la poussière comme un pauvre fou?” “Maître, pour ton bon renom, parle. Que ta sagesse réponde à nos questions. Nous te le répétons: cette femme ne manquait de rien. Elle avait vêtements, nourriture, amour. Et elle a trahi.” Jésus écrit. “Elle a menti à l'homme qui avait confiance en elle. De sa bouche menteuse elle l'a salué et en souriant l'a accompagné jusqu'à la porte, et puis elle a ouvert la porte secrète et elle a fait entrer son amant. Et pendant que son homme était absent et travaillait pour elle, elle, comme une bête immonde, s'est vautrée dans sa luxure.” “Maître, elle a profané la Loi en plus de la couche nuptiale. C'est une rebelle, une sacrilège, une blasphématrice.” Jésus écrit. Il écrit et, avec le pied chaussé de sa sandale, il efface et il écrit plus loin, en tournant lentement sur Lui-même pour trouver de la place. On dirait un enfant qui s'amuse. Mais ce qu'il écrit, ce ne sont pas des mots pour rire. Il a écrit successivement: “Usurier”, “Faux”, “Fils irrespectueux”, “Fornicateur”, “Assassin”, “Profanateur de la Loi”, “Voleur”, “Luxurieux”, “Usurpateur”, “Mari et père indigne”, “Blasphémateur”, “Rebelle à Dieu”, “Adultère”. Il écrit et écrit de nouveau pendant que parlent de nouveaux accusateurs. “Mais, en somme, Maître! Ton jugement. La femme doit être jugée. Elle ne peut de son poids contaminer la Terre. Son souffle est un venin qui trouble les cœurs.” Jésus se lève. Miséricorde! Quel visage! Ce sont des éclairs qui tombent sur les accusateurs. Il semble encore plus grand tant il redresse la tête. On dirait un roi sur son trône tant il est sévère et solennel. Son manteau est tombé d'une épaule et fait une légère traîne derrière Lui, mais Lui ne s'en occupe pas. Le visage fermé et sans la plus lointaine trace de sourire sur les lèvres ni dans les yeux, il plante ces yeux en face de la foule qui recule comme devant deux lames acérées. Il les fixe un par un avec une intensité de recherche qui fait peur. Ceux qu'il fixe cherchent à reculer dans la foule et s'y perdre, ainsi le cercle s'élargit et s'effrite comme miné par une force cachée. Finalement, il parle: “Que celui d'entre vous qui est sans péché jette à la femme la première pierre.” Et sa voix est un tonnerre qu'accompagnent des regards encore plus fulgurants. Jésus s'est croisé les bras, et il reste ainsi: droit comme un juge qui attend. Son regard ne donne pas de paix: il fouille, pénètre, accuse. Pour commencer un, puis deux, puis cinq, puis en groupes, ceux qui sont présents, s'éloignent, tête base. Non seulement les scribes et les pharisiens, mais aussi ceux qui étaient auparavant autour de Jésus et d'autres qui s'étaient approchés pour entendre le jugement et la condamnation et qui, les uns comme les autres, s'étaient unis pour insulter la coupable et demander la lapidation. Jésus reste seul avec Pierre et Jean. Je ne vois pas les autres apôtres. Jésus s'est remis à écrire, pendant que se produit la fuite des accusateurs, et maintenant il écrit: “Pharisiens”, “Vipères”, “Tombeaux de pourriture”, “Menteurs”, “Traîtres”, “Ennemis de Dieu”, “Insulteurs de son Verbe”… Quand la cour toute entière s'est vidée et qu'un grand silence s'est fait, qu'il ne reste plus que le bruissement du vent et le bruit d'une fontaine dans un coin, Jésus lève la tête et regarde. Maintenant son visage s'est apaisé. Il est attristé, mais n'est plus irrité. Il jette un coup d'œil à Pierre qui s'est légèrement éloigné pour s'appuyer à une colonne et à Jean qui, presque derrière Jésus, le regarde de son regard énamouré. Jésus a une ombre de sourire en regardant Pierre et un sourire plus vif en regardant Jean: deux sourires différents. Puis il regarde la femme encore prostrée et en larmes à ses pieds. Il l'observe. Il se lève, réajuste son manteau comme s'il allait se mettre en route. Il fait signe aux deux apôtres de se diriger vers la sortie. Resté seul, il appelle la femme. “Femme, écoute-moi. Regarde-moi.” Il répète son ordre car elle n'ose pas lever le visage. “Femme, nous sommes seuls. Regarde-moi.” La malheureuse lève un visage sur lequel les larmes et la poussière font un masque avilissant. “Où sont, ô femme, ceux qui t'accusaient?” Jésus parle doucement, avec un sérieux plein de pitié. Il se tient le visage et le corps légèrement penché vers la terre, vers cette misère, et ses yeux sont pleins d'une expression indulgente et rénovatrice. “Personne ne t'a condamnée?” La femme, entre deux sanglots, répond: “Personne, Maître.” “Moi non plus je ne vais pas te condamner. Va et ne pèche plus. Va chez toi, et sache te faire pardonner, par Dieu et par l'offensé. N'abuse pas de la bonté du Seigneur. Va.”
Il l'aide à se relever en la prenant par la main, mais il ne la bénit pas et ne lui donne pas la paix. Il la regarde s'éloigner, la tête basse et légèrement chancelante sous sa honte, et puis, quand elle est disparue, il s'éloigne à son tour avec les deux disciples.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 14 mars 2010, Quatrième dimanche de Carême (Laetare)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 15,1-3.11-32.
Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l'écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole : « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : 'Père, donne-moi la part d'héritage qui me revient. ' Et le père fit le partage de ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu'il avait, et partit pour un pays lointain où il gaspilla sa fortune en menant une vie de désordre. Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans cette région, et il commença à se trouver dans la misère. Il alla s'embaucher chez un homme du pays qui l'envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. Alors il réfléchit : 'Tant d'ouvriers chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je vais retourner chez mon père, et je lui dirai : Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d'être appelé ton fils. Prends-moi comme l'un de tes ouvriers. ' Il partit donc pour aller chez son père. Comme il était encore loin, son père l'aperçut et fut saisi de pitié ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : 'Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d'être appelé ton fils... ' Mais le père dit à ses domestiques : 'Vite, apportez le plus beau vêtement pour l'habiller. Mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds. Allez chercher le veau gras, tuez-le ; mangeons et festoyons. Car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. ' Et ils commencèrent la fête. Le fils aîné était aux champs. A son retour, quand il fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des domestiques, il demanda ce qui se passait. Celui-ci répondit : 'C'est ton frère qui est de retour. Et ton père a tué le veau gras, parce qu'il a vu revenir son fils en bonne santé. ' Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d'entrer. Son père, qui était sorti, le suppliait. Mais il répliqua : 'Il y a tant d'années que je suis à ton service sans avoir jamais désobéi à tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà est arrivé après avoir dépensé ton bien avec des filles, tu as fait tuer pour lui le veau gras ! ' Le père répondit : 'Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait bien festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 3, Ch 66, p 388 - CD 3, piste 140 -
“Jean d'Endor, viens ici avec Moi. J'ai à te parler” dit Jésus en se montrant sur le seuil. L'homme accourt en laissant l'enfant auquel il apprenait quelque chose: “Que veux-tu me dire, Maître?” demande-t-il. “Viens avec Moi, au-dessus.” Ils montent sur la terrasse et s'assoient du côté le plus abrité car, bien que ce soit le matin, le soleil est déjà fort. Jésus tourne son regard vers la campagne cultivée où de jour en jour le grain prend une teinte dorée et où les fruits grossissent sur les arbres. Il paraît vouloir suivre par la pensée cette transformation végétale. “Écoute, Jean. Je crois qu'Isaac va venir aujourd'hui pour m'amener les paysans de Giocana avant leur départ. J'ai dit à Lazare de prêter un char à Isaac pour qu'ils accélèrent leur retour. Il ne faut pas qu'ils craignent un retard qui pourrait leur valoir un châtiment. Et Lazare le prête, car Lazare fait tout ce que je lui dis. Mais de toi, je veux une autre chose. J'ai ici une somme qui m'a été donnée par une créature pour les pauvres du Seigneur. Généralement c'est un de mes apôtres qui est chargé de tenir les comptes et de donner les oboles. C'est Judas de Kériot, généralement; les autres parfois. Judas n'est pas ici. Les autres, je ne veux pas qu'ils sachent ce que je veux faire. Même Judas cette fois ne le saurait pas. C'est toi qui le feras, en mon nom ... ” “Moi, Seigneur?... Moi?... Oh! je n'en suis pas digne! ... ” “Tu dois t'habituer à travailler en mon nom. N'est-ce pas pour cela que tu es venu?” “Oui, mais je pensais devoir travailler pour reconstruire ma pauvre âme.” “Et Moi, je t'en donne le moyen. En quoi as-tu péché? Contre la Miséricorde et l'Amour. C'est avec la haine que tu as démoli ton âme. C'est avec l'amour et la miséricorde que tu la reconstruiras. Je t'en donne les matériaux. Je t'emploierai particulièrement pour les œuvres de miséricorde et d'amour. Tu es capable de soigner. Tu es capable de parler. Avec cela, tu es apte à soigner les infirmités physiques et morales, et tu as le pouvoir de le faire. Tu vas faire tes débuts avec cette œuvre. Tiens la bourse. Tu la donneras à Michée et à ses amis. Fais-en des parts égales, mais fais comme je te dis. Tu en fais dix parts, puis tu en donnes quatre à Michée, une pour lui, une pour Saul, une pour Joël et une pour Isaïe. Et les six autres parts tu les donnes à Michée pour qu'il les donne au vieux père de Jabé, pour lui et ses compagnons. Ils pourront ainsi avoir un réconfort.” “C'est bien. Mais qu'est-ce que je leur dis pour justifier?” “Tu diras: "C'est pour que vous vous souveniez de prier pour une âme qui se rachète".” “Mais ils pourront penser que c'est moi! Ce n'est pas juste!” “Pourquoi? Ne veux-tu pas te racheter?” “Il n'est pas juste qu'ils pensent que je sois le donateur.” “Ne te tracasse pas et fais comme je te dis.” “J'obéis... mais, au moins, permets-moi d'y ajouter quelque chose. De toutes façons... maintenant, je n'ai plus besoin de rien. Des livres, je n'en achète plus. Je n'ai plus de poulets à nourrir. À moi, il me faut si peu... Tiens, Maître. Je ne garde qu'un peu d'argent pour les dépenses de sandales...” et, d'une bourse qu'il avait à la ceinture, il sort de nombreuses pièces de monnaie et les joint à celles de Jésus. “Dieu te bénisse pour ta miséricorde... Jean, bientôt nous nous quitterons, car tu iras avec Isaac.” “J'en suis affligé, Maître, mais j'obéis.” “Moi aussi, je souffre de t'éloigner, mais j'ai tant besoin de disciples itinérants. Je n'y suffis plus. Bientôt je lancerai les apôtres, puis j'enverrai les disciples. Et tu feras très bien. Je te réserverai pour des missions spéciales. En attendant, tu te formeras avec Isaac. Il est tellement bon, et l'Esprit de Dieu l'a vraiment instruit durant sa longue maladie. Et c'est l'homme qui a toujours tout pardonné... Nous quitter, du reste, ne veut pas dire ne plus nous voir. Nous nous rencontrerons souvent et, chaque fois que nous nous retrouverons, je parlerai spécialement pour toi. Souviens-toi de cela ... ” Jean se penche, se cache le visage dans les mains en sanglotant et gémit: “Oh! alors, dis-moi tout de suite quelque chose qui me persuade que je suis pardonné... que je puis servir Dieu... Si tu savais, maintenant que s'est dissipée la fumée de la haine, comme je vois mon âme... et comme... et comme je pense à Dieu ... ” “Je le sais. Ne pleure pas. Reste dans l'humilité, mais sans t'avilir. S'avilir, c'est encore de l'orgueil. Aie seulement, seulement l'humilité. Allons, ne pleure pas ... ” Jean d'Endor se calme peu à peu... Quand il le voit calmé, Jésus dit: “Viens, allons sous les feuillages des pommiers et réunissons les compagnons et les femmes. Je parlerai à tous, mais je te dirai comment Dieu t'aime.” Ils descendent, rassemblant les autres autour d'eux au fur et à mesure qu'ils arrivent et on s'assoit en cercle à l'ombre de la pommeraie. Lazare aussi, qui parlait avec le Zélote, se joint à la compagnie. Vingt personnes en tout. “Écoutez. C'est une belle parabole qui vous guidera par sa lumière dans tant de cas.
Un homme avait deux fils. L'aîné était sérieux, travailleur, affectueux, obéissant. Le second était intelligent plus que son aîné, qui en vérité était un peu borné et se laissait guider pour n'avoir pas à se donner la peine de décider par lui-même, mais il était aussi par contre, rebelle, distrait, ami du luxe et du plaisir, dépensier et paresseux. L'intelligence est un grand don de Dieu, mais c'est un don dont il faut user sagement. Autrement c'est comme certains remèdes qui employés indûment ne guérissent pas mais tuent. Le père suivait son droit et son devoir en le rappelant à une vie plus sage, mais c'était sans résultat, sauf d'essuyer des réponses méchantes et de voir son fils se durcir dans ses idées mauvaises. Enfin, un jour, après une dispute plus envenimée, le cadet dit: "Donne-moi ma part des biens. Ainsi je n'entendrai plus tes reproches ni les plaintes du frère. Chacun sa part et que tout soit fini". "Prends garde" répondit le père "tu seras bientôt ruiné. Que feras-tu, alors? Réfléchis que je ne serai pas injuste en ta faveur et que je ne reprendrai pas la plus petite somme à ton frère pour te la donner". "Je ne te demanderai rien. Sois tranquille. Donne-moi ma part". Le père fit estimer les terres et les objets précieux. Après avoir constaté que l'argent et les bijoux avaient autant de valeur que les terres, il donna à l'aîné les champs et les vignes, les troupeaux et les oliviers, et au cadet il donna l'argent et les bijoux que le cadet vendit tout de suite pour avoir tout en argent. Cela fait, en peu de jours, il s'en alla dans un pays lointain où il vécut en grand seigneur, dépensant ce qu'il avait en bombances de toutes sortes, se faisant passer pour un fils de roi car il avait honte de dire: "Je suis un campagnard", reniant ainsi son père. Festins, amis et amies, vêtements, vins, jeux... vie dissolue... Il vit bien vite s'épuiser ses réserves et arriver la misère. Et avec la misère, pour l'alourdir, il survint dans le pays une grande disette qui fit fondre le reste de ses ressources. Il aurait voulu aller trouver son père, mais il était orgueilleux et ne s'y décida pas. Il alla alors trouver un homme riche du pays qui avait été son ami dans l'abondance et il le pria en disant: "Prends-moi parmi tes serviteurs en souvenir des profits que je t'ai procurés". Voyez comme l'homme est sot! Il préfère se mettre sous le joug d'un maître au lieu de dire à son père: "Pardon! Je me suis trompé!" Ce jeune avait appris tant de choses inutiles avec son intelligence éveillée, mais il n'avait pas voulu apprendre le dicton de l'Ecclésiastique: "Comme il est infâme, celui qui abandonne son père, et comme Dieu maudit celui qui tourmente sa mère". Il était intelligent, mais il n'était pas sage. L'homme à qui il s'était adressé, en échange de tout ce dont il avait profité au détriment du jeune imbécile, mit ce sot à la garde des pores. Il était en effet dans un pays païen où il y avait beaucoup de pores. Il l'envoya donc faire paître dans ses possessions les troupeaux de porcs. Crasseux, en lambeaux, puant, affamé - car la nourriture était mesurée pour tous les serviteurs et surtout pour les plus bas placés et lui, étranger, gardien de pores et méprisé, il rentrait dans cette catégorie - il voyait les porcs se rassasier de glands et il soupirait: "Si je pouvais au moins m'emplir le ventre de ces fruits! Mais ils sont trop amers! La faim elle-même ne me les fait pas trouver bons". Et il pleurait en pensant aux riches festins de satrape qu'il avait fait peu de temps avant, au milieu des rires, des chants, des danses... et puis il pensait aux honnêtes repas abondants de sa maison lointaine, aux portions que le père faisait pour tous impartialement, ne gardant pour lui que la plus petite, heureux de voir le sain appétit de ses fils... et il pensait aussi aux portions que ce juste faisait pour ses serviteurs, et il soupirait: "Les domestiques de mon père, même les plus bas placés ont du pain en abondance... et moi, ici, je meurs de faim..." Un long travail de réflexion, une longue lutte pour briser l'orgueil... Enfin vint le jour où, revenu à l'humilité et à la sagesse, il se leva et dit: "Je vais trouver mon père! C'est une sottise cet orgueil qui me tient captif. Et de quoi? Pourquoi souffrir en mon corps et plus encore en mon cœur, alors que je peux obtenir le pardon et le soulagement? Je vais trouver mon père. C'est dit. Que lui dirai-je? Mais me voici, dans cette abjection, dans ces ordures, mordu par la faim! Je lui dirai: 'Père, j'ai péché contre le Ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils; traite-moi donc comme le dernier de tes serviteurs, mais, tolère-moi sous ton toit. Que je te vois passer...' Je ne pourrai lui dire: ' ... parce que je t'aime'. Il ne le croirait pas. Mais ma vie le lui dira, et lui le comprendra et, avant de mourir, il me bénira encore... Oh! je l'espère, parce que mon père m'aime". Et revenu le soir au pays, il prit congé du maître et, mendiant le long du chemin, il revint à sa maison. Voici les champs paternels... et la maison... et le père qui dirigeait les travaux, vieilli, amaigri par la souffrance, mais toujours bon... Le coupable, en voyant cette ruine dont il était la cause, s'arrêta intimidé... mais le père, tournant son regard, le vit et courut à sa rencontre, car il était encore loin. Après l'avoir rejoint, il lui jeta les bras autour du cou et l'embrassa. Le père était le seul à avoir reconnu son fils dans ce mendiant humilié et lui seul avait eu pour lui un mouvement d'amour. Le fils, serré entre ses bras, la tête sur les épaules de son père, murmura au milieu de ses sanglots: "Père, permets-moi de me jeter à tes pieds". "Non, mon fils! Pas à mes pieds, sur mon cœur qui a tant souffert de ton absence et qui a besoin de revivre en sentant ta chaleur sur ma poitrine". Et le fils, pleurant plus fort, lui dit: "Oh! mon père! J'ai péché contre le Ciel et contre toi. Je ne suis pas digne que tu m'appelles: fils. Mais permets-moi de vivre parmi tes serviteurs, sous ton toit, te voyant et mangeant ton pain, en te servant, en buvant ta respiration. Avec chaque bouchée de pain, avec chacune de tes respirations, se refera mon cœur si corrompu et il deviendra honnête..." Mais le père, le tenant toujours embrassé, le conduisit vers les serviteurs qui s'étaient rassemblés à distance et qui observaient et il leur dit: "Vite, apportez ici le plus beau vêtement et des bassines d'eau parfumée, lavez-le, parfumez-le, habillez-le, mettez-lui des chaussures neuves et un anneau au doigt. Puis prenez un veau gras et tuez-le. Et qu'on prépare un banquet. Car mon fils était mort, et maintenant il est ressuscité, il était perdu et il est retrouvé. Je veux que lui aussi retrouve son simple amour de petit enfant. Il faut que je lui donne mon amour et que la maison soit en fête pour son retour. Il doit comprendre qu'il est toujours pour moi le dernier-né, tel qu'il était dans son enfance lointaine, quand il marchait à mes côtés me rendant heureux par son sourire et son babil". Et les serviteurs firent tout cela. Le fils aîné était dans la campagne et il ne sut rien jusqu'à son retour. Le soir, en revenant à la maison, il la vit toute illuminée et il entendit le son des instruments et le bruit des danses venir de l'intérieur. Il appela un serviteur qui courait affairé et lui dit: "Qu'est-ce qui arrive?" Et le serviteur répondit: "Ton frère est revenu! Ton père a fait tuer le veau gras parce qu'il a reçu le fils sain et guéri de son grand mal, et il a commandé un banquet. On n'attend que toi pour commencer". Mais l'aîné, en colère parce qu'il lui paraissait injuste de tant fêter son cadet qui, outre qu'il était le plus jeune avait été mauvais, ne voulut pas entrer et même il allait s'éloigner de la maison. Mais le père, quand il en fut averti, courut dehors et le rejoignit, essayant de le convaincre et le priant de ne pas assombrir sa joie. L'aîné répondit à son père: "Et tu veux que moi je n'en sois pas fâché? Tu es injuste et méprisant à l'égard de ton aîné. Moi, dès que j'ai pu travailler, je t'ai servi, et cela fait bien des années. Je n'ai jamais transgressé tes ordres, ni même négligé tes désirs. Je suis toujours resté près de toi et je t'ai aimé pour deux, pour guérir la blessure que t'avait faite mon frère. Et tu ne m'as même pas donné un chevreau pour faire la fête avec des amis. Et lui qui t'a offensé, qui t'a abandonné, qui a été paresseux et dissipateur et qui revient poussé par la faim, tu l'honores, et pour lui tu as tué le veau le plus beau. Est-ce que cela vaut la peine d'être travailleurs et sans vices! Cela, tu ne devais pas me le faire!" Le père lui dit alors en le serrant contre son cœur: "Oh! mon fils! Et tu peux croire que je ne t'aime pas parce que je n'étends pas un voile de fête sur tes actions? Tes actions sont saintes par elles-mêmes, et le monde te loue pour elles. Mais ton frère, au contraire, a besoin d'être relevé dans l'estime du monde et dans sa propre estime. Et tu crois que je ne t'aime pas parce que je ne te donne pas une récompense visible? Mais matin et soir, à chacune de mes respirations et de mes pensées, tu es présent à mon cœur et à chaque instant je te bénis. Tu as la récompense continuelle d'être toujours avec moi et tout ce qui est à moi est à toi. Mais il était juste de faire un banquet et de festoyer ton frère qui était mort et qui est ressuscité au Bien, qui était perdu et qui est revenu à notre amour". Et l'aîné se rendit à ces raisons.
C'est ce qui arrive, mes amis, dans la Maison du Père. Et qui se reconnaît dans la situation du cadet de la parabole, qu'il pense aussi que s'il l'imite dans son retour au Père, le Père lui dit: "Non pas à mes pieds, mais sur mon cœur qui a souffert de ton absence et qui maintenant est heureux de ton retour". Que celui qui se trouve dans la situation de l'aîné et sans faute à l'égard du Père, ne soit pas jaloux de la joie paternelle, mais qu'il y prenne part en donnant son amour à son frère racheté. J'ai dit. Reste, Jean d'Endor, et toi, Lazare. Que les autres aillent préparer les tables. Nous viendrons bientôt.” Tous se retirent. Quand Jésus, Lazare et Jean sont seuls, Jésus dit à Lazare et à Jean: “Ainsi en sera-t-il de l'âme chère que tu attends, Lazare, et ainsi en est-il de la tienne, Jean. La bonté de Dieu dépasse toute mesure”... ... Les apôtres, avec la Mère et les femmes, vont vers la maison, précédés de Margziam. qui saute en courant devant. Mais il revient vite, prend Marie par la main, et lui dit: “Viens avec moi. Je dois te dire une chose en particulier.” Et Marie le contente. Ils reviennent vers le puits qui est dans un angle de la petite cour, tout caché par une tonnelle touffue qui de la terre monte vers la terrasse en faisant un arc. Là-derrière se trouve l'Iscariote. “Judas, que veux-tu? Va-t-en Margziam... Parle, que veux-tu?” “Je suis en faute... Je n'ose aller vers le Maître, ni affronter les compagnons... Aide-moi ... ” “Je t'aiderai. Mais ne penses-tu pas à la douleur que tu causes? Mon Fils a pleuré à cause de toi, et les compagnons en ont souffert. Mais viens. Personne ne te dira rien. Et, si tu le peux, ne retombe plus dans ces fautes. C'est indigne d'un homme, et un sacrilège à l'égard du Verbe de Dieu.” “Et toi, Mère, tu me pardonnes?” “Moi? Moi, je ne compte pas auprès de toi qui t'estimes si grand. Je suis la plus petite des servantes du Seigneur. Comment peux-tu te préoccuper de moi, si tu n'as pas pitié de mon Fils?” “C'est que moi aussi j'ai une mère, et si j'ai ton pardon, il me semble avoir le sien.” “Elle n'est pas au courant de cette faute.” “Mais elle m'avait fait jurer d'être bon avec le Maître. Je suis parjure. Je sens le reproche de l'âme de ma mère.” “Tu le sens? Et le chagrin et le reproche du Père et du Verbe, tu ne le sens pas? Tu es un malheureux, Judas! Tu sèmes la douleur en toi et en ceux qui t'aiment. ” Marie est très sérieuse et affligée. Elle parle sans amertume mais avec beaucoup de sérieux. Judas pleure. “Ne pleure pas, mais deviens meilleur. Viens” et elle le prend par la main et entre ainsi dans la cuisine. C'est pour tous la plus vive stupeur. Mais Marie prévient toute sortie peu charitable. Elle dit: “Judas est revenu. Faites comme l'aîné après le discours du père. Jean, va prévenir Jésus.” Jean de Zébédée part en vitesse. Un silence pèse dans la cuisine... Puis Judas dit: “Pardonnez-moi, et toi Simon pour commencer. Tu as un cœur si paternel. Je suis un orphelin, moi aussi.” “Oui, oui, je te pardonne. Je t'en prie n'en parle plus. Nous sommes frères... et ces hauts et bas de pardons implorés et de rechutes ne me plaisent pas. C'est de l'avilissement pour qui les reçoit et pour qui les accorde. Voici Jésus. Va le trouver. Et cela suffit.” Judas y va pendant que Pierre, ne pouvant rien faire d'autre, se met avec ardeur à casser du bois sec.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/