"Lisez cette œuvre et faites-la lire"
Jésus (Chapitre 38, Volume 10 ) à propos de
l’Évangile tel qu’il m’a été révélé.

L'Évangile de la Messe Paul VI
et l’Évangile tel qu’il m’a été révélé de Maria Valtorta.
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Dimanche 25 juin 2017, Douzième dimanche du temps ordinaire

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 10,26-33.
Ne craignez pas les hommes ; tout ce qui est voilé sera dévoilé, tout ce qui est caché sera connu.Ce que je vous dis dans l'ombre, dites-le au grand jour ; ce que vous entendez dans le creux de l'oreille, proclamez-le sur les toits.Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent pas tuer l'âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l'âme aussi bien que le corps.Est-ce qu'on ne vend pas deux moineaux pour un sou ? Or, pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père le veuille.Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés.Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus que tous les moineaux du monde.Celui qui se prononcera pour moi devant les hommes, moi aussi je me prononcerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux.Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l'évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 4, Ch 128, p 276 - CD 4, piste 116 -
Jésus est avec les apôtres et ils sont tous là, ce qui montre que Judas Iscariote, son œuvre accomplie, a rejoint ses compagnons. Ils sont assis à table dans la maison de Capharnaüm. C'est le soir. La lumière du jour qui meurt entre par la porte et par les fenêtres grandes ouvertes, laissant voir la transformation de la pourpre du crépuscule en un rouge violet foncé irréel, qui s'effrange à ses bords en recroquevillements d'une couleur violet ardoise qui passe au gris. Cela me fait penser à une feuille de papier qu'on a jetée sur le feu, qui s'allume comme le charbon sur lequel on l'a jetée, mais qui, à ses bords, après la flambée, se recroqueville et s'éteint en une couleur de plomb bleuâtre qui finit en un gris perle presque blanc.“Ce sera de la chaleur” dit sentencieusement Pierre en montrant le gros nuage qui couvre l'occident de ces couleurs. “De la chaleur, pas d'eau. C'est du brouillard, pas un nuage. Moi, cette nuit, je dors dans la barque pour être plus au frais.”“Non. Cette nuit nous allons au milieu des oliviers. J'ai besoin de vous parler. Maintenant Judas est revenu. C'est le moment de parler. Je connais un endroit aéré. Nous y serons bien. Levez-vous et allons-y.”“C'est loin?” demandent-ils en prenant leurs manteaux.“Non, très proche. A un jet de pierre de la dernière maison. Vous pouvez laisser les manteaux. Cependant prenez l'amadou et un briquet pour y voir en rentrant.”Ils sortent de la chambre du haut et descendent l'escalier après avoir salué le maître de maison et sa femme qui prennent le frais sur la terrasse. Jésus tourne résolument le dos au lac et, après avoir traversé le pays, fait deux ou trois cent mètres parmi les oliviers d'une première petite colline qui se trouve en arrière du pays. Il s'arrête sur une butte qui, par sa situation dégagée et libre d'obstacles, profite de tout l'air dont on peut jouir en cette nuit de chaleur étouffante.“Assoyons-nous et prêtez-moi attention. L'heure est venue pour vous d'évangéliser. Je suis à peu près au milieu de ma vie publique pour préparer les cœurs à mon Royaume. C'est le moment que mes disciples aussi prennent part à la préparation de ce Royaume. Les rois agissent ainsi quand ils ont décidé la conquête d'un royaume.D'abord ils enquêtent et fréquentent les personnes pour se rendre compte des réactions et les gagner à l'idée qu'ils poursuivent. Puis ils développent la préparation de l'entreprise en envoyant des éclaireurs sûrs dans les pays à conquérir. Et ils les envoient de plus en plus nombreux jusqu'à ce que soit connu le pays dans toutes ses particularités géographiques et morales. Puis, après cela, le roi achève son œuvre en se proclamant roi du pays et en se faisant couronner. Et il coule du sang pour y arriver, car les victoires coûtent toujours du sang…”“Nous sommes prêts à combattre pour Toi et à verser notre sang” promettent unanimement les apôtres.“Je ne verserai d'autre sang que celui du Saint et des saints.”“Tu veux commencer la conquête par le Temple en faisant irruption à l'heure des sacrifices?…”“Ne divaguons pas, amis. L'avenir, vous le connaîtrez en son temps. Mais ne frémissez pas d'horreur. Je vous assure que je ne bouleverserai pas les cérémonies par la violence d'une irruption. Pourtant elles seront bouleversées et il y aura un soir où la terreur empêchera les prières rituelles. La terreur des pécheurs. Mais Moi, ce soir-là, je serai en paix. En paix, en mon esprit et en mon corps. Une paix totale, bienheureuse…”Jésus regarde, un par un, ses douze et c'est comme s'il regardait à douze reprises la même page et y lisait à douze reprises la parole qui y est inscrite: incompréhension. Il sourit et poursuit.“J'ai donc décidé de vous envoyer pour pénétrer plus avant et plus à fond que je ne pourrais le faire, Moi tout seul. Cependant entre ma manière d'évangéliser et la vôtre, il y aura des différences imposées par la prudence, dont je dois user pour ne pas vous exposer à de trop grandes difficultés, à des dangers trop sérieux pour votre âme et aussi pour votre corps, et pour ne pas nuire à mon œuvre. Vous n'êtes pas encore assez formés pour pouvoir aborder n'importe qui sans dommage pour vous ou pour lui, et vous êtes encore moins héroïques, au point de défier le monde par l'Idée en allant au devant des vengeances du monde.Aussi dans vos tournées, vous n'irez pas me prêcher parmi les gentils et n'entrerez pas dans les villes de samaritains, mais vous irez vers les brebis perdues de la maison d'Israël. Il y a encore tant à faire parmi elles, car en vérité je vous dis que les foules qui vous paraissent si nombreuses autour de Moi sont la centième partie de celles qui, en Israël, attendent encore le Messie et ne le connaissent pas et ne savent pas qu'il est vivant. Portez-leur la foi et la connaissance de ma personne. Sur votre chemin, prêchez en disant: "Le Royaume des Cieux est proche". Que ce soit la base de ce que vous annoncez. Appuyez sur elle votre prédication. Vous avez tant entendu parler par Moi du Royaume! Vous n'avez qu'à répéter ce que je vous ai dit. Mais l'homme, pour être attiré et convaincu par les vérités spirituelles, a besoin de douceurs matérielles comme s'il était un éternel enfant qui n'étudie pas une leçon et n'apprend pas un métier s'il n'est pas alléché par une douceur de la mère ou d'une récompense du maître d'école ou du maître d'apprentissage. Moi, afin que vous ayez le moyen que l'on vous croie et qu'on vous recherche, je vous accorde le don du miracle…”Les apôtres, sauf Jacques d'Alphée et Jean, bondissent debout, criant, protestant, s'exaltant, chacun suivant son tempérament.Réellement, pour se pavaner à l'idée de faire un miracle, il n'y a que l'Iscariote qui, avec l'inconscience d'une accusation fausse et intéressée, s'écrie: “Il était temps pour nous de le faire pour que nous ayons un minimum d'autorité sur les foules!”Jésus le regarde, mais ne dit rien. Pierre et le Zélote qui sont en train de dire: “Non, Seigneur! Nous ne sommes pas dignes d'une si grande chose! Cela revient aux saints”, interloquent Judas auquel le Zélote dit: “Comment te permets-tu de faire un reproche au Maître, homme sot et orgueilleux?” et Pierre: “Le minimum? Et que veux-tu faire de plus que le miracle? Devenir Dieu, toi aussi? As-tu la même démangeaison que Lucifer?”“Silence!” intime Jésus, et il poursuit: “Il y a une chose qui est plus que le miracle et qui convainc également les foules et avec plus de profondeur et de durée: une vie sainte. Mais, vous en êtes encore loin et toi, Judas, plus loin que les autres. Mais laissez-moi parler, car c'est une longue instruction.Allez donc, guérissant les infirmes, purifiant les lépreux, ressuscitant les morts du corps et de l'esprit, car le corps et l'esprit peuvent être également infirmes, lépreux, morts. Et vous aussi sachez comment on s'y prend pour opérer le miracle: par une vie de pénitence, une prière fervente, un désir sincère de faire briller la puissance de Dieu, une humilité profonde, une charité vivante, une foi enflammée, une espérance qui ne se trouble pas pour les difficultés d'aucune sorte. En vérité, je vous dis que tout est possible à celui qui possède en lui ces éléments. Même les démons s'enfuiront au Nom du Seigneur prononcé par vous, si vous avez en vous ce que j'ai dit. Ce pouvoir vous est donné par Moi et par notre Père. Il ne s'achète pas à prix d'argent. Seule notre volonté l'accorde et seule une vie juste le maintient. Mais comme il vous est donné gratuitement, donnez-le gratuitement aux autres, à ceux qui en ont besoin. Malheur à vous, si vous rabaissez le don de Dieu en le faisant servir à remplir votre bourse. Ce n'est pas votre puissance, c'est la puissance de Dieu. Usez-en, mais n'en faites pas votre propriété en disant: "Elle m'appartient". Comme elle vous est donnée, elle peut vous être enlevée. Il y a un instant Simon de Jonas a dit à Judas de Simon: "As-tu la même démangeaison que Lucifer?" Il a donné une juste définition. Dire: "Je fais ce que Dieu fait parce que je suis comme Dieu" c'est imiter Lucifer. Et son châtiment est connu. Comme est connu ce qui arriva aux deux du paradis terrestre qui mangèrent le fruit défendu, à l'instigation de l'Envieux qui voulait mettre des autres malheureux en son Enfer, en plus des anges rebelles qui déjà y étaient, mais aussi par leur démangeaison personnelle de parfait orgueil. L'unique fruit de ce que vous faites, qu'il vous est permis de prendre, ce sont les âmes que, par le miracle, vous conquerrez au Seigneur et qui doivent Lui être données. Voilà votre argent, rien d'autre. Dans l'autre vie vous jouirez de ce trésor.Allez sans richesses. Ne portez sur vous ni or, ni argent, ni pièces de monnaie dans vos ceintures, pas de sacs de voyage avec deux ou plusieurs vêtements, ni sandales de rechange, ni bâton de voyage, ni armes. Car, pour le moment, vos visites apostoliques seront courtes, et à chaque veille de sabbat nous nous retrouverons et vous pourrez changer vos vêtements humides de sueur sans avoir à emporter de vêtements de rechange. Pas besoin de bâton car le chemin est plus doux et ce qui sert sur les collines et les plaines est bien différent de ce qui sert dans les déserts et sur les hautes montagnes. Pas besoin d'armes. Elles sont bonnes pour les hommes qui ne connaissent pas la sainte pauvreté et qui ignorent le divin pardon. Mais vous n'avez pas de trésors à garder et à défendre des voleurs. Le seul à craindre, l'unique larron pour vous, c'est Satan. Et lui se vaine par la constance et la prière, pas avec les épées et les poignards. Si l'on vous offense, pardonnez. Si on vous dépouille de votre manteau, donnez aussi votre vêtement. Restez même tout à fait nus par douceur et détachement des richesses, vous ne scandaliserez pas les anges du Seigneur, ni non plus l'infinie chasteté de Dieu, car votre charité vêtirait d'or votre corps nu, la douceur ferait office de ceinture et le pardon à l'égard du voleur vous donnerait un manteau et aussi une couronne royale. Vous seriez donc mieux vêtus qu'un roi. Et non pas d'étoffes corruptibles, mais de matière incorruptible. N'ayez pas de préoccupations pour votre nourriture. Vous aurez toujours ce qui convient à votre condition et à votre ministère car l'ouvrier mérite la nourriture qu'on lui apporte. Toujours. Si les hommes n'y pourvoyaient pas, Dieu pourvoirait aux besoins de son ouvrier. Je vous ai déjà montré que, pour vivre et pour prêcher, il n'est pas nécessaire d'avoir le ventre plein de la nourriture que l'on a ingurgitée. C'est la destinée des animaux immondes dont la mission est celle de s'engraisser pour qu'on les tue et qu'ils engraissent les hommes. Mais vous, vous ne devez engraisser votre esprit et celui des autres que de nourritures qui apportent la sagesse. Et la Sagesse se dévoile à un esprit que n'obscurcit pas l'excès de nourriture et à un cœur qui se nourrit de choses surnaturelles. Vous n'avez jamais été aussi éloquents qu'après votre retraite sur la montagne. Et vous ne mangiez alors que l'indispensable pour ne pas mourir. Et pourtant, à la fin de la retraite, vous étiez forts et joyeux comme jamais. N'est-ce pas vrai, peut-être?Dans toute ville ou localité où vous entrerez, informez-vous qu'il y ait qui mérite de vous accueillir. Non parce que vous êtes Simon ou Judas ou Barthélémy ou Jacques ou Jean et ainsi de suite, mais parce que vous êtes les envoyés du Seigneur. Quand bien même vous seriez des rebuts, des assassins, des voleurs, des publicains, maintenant repentis et à mon service, vous méritez le respect parce que vous êtes mes envoyés. Je dis plus encore. Je dis: malheur à vous si vous vous présentez comme mes envoyés et si vous êtes intérieurement abjects et insatanisés. Malheur à vous! L'enfer c'est encore peu pour récompenser votre duperie. Mais même si vous étiez ouvertement des envoyés de Dieu et secrètement des rebuts, des publicains, des voleurs, des assassins, ou même si les cœurs avaient des soupçons à votre égard, presque une certitude, on doit encore vous donner honneur et respect parce que vous êtes mes envoyés. L'œil de l'homme doit dépasser l'intermédiaire, et voir l'envoyé et le but, voir Dieu et son œuvre au-delà de l'intermédiaire trop souvent défectueux. Ce n'est que dans les cas de fautes graves qui blessent la foi des cœurs, que Moi présentement, puis mes successeurs, devront décider de couper le membre corrompu. En effet il n'est pas permis qu'à cause d'un prêtre qui est un démon, les âmes des fidèles se perdent. Il ne sera jamais permis, pour cacher les plaies qui naîtraient dans le corps apostolique, de permettre qu'y restent des corps gangrenés qui éloignent les fidèles par leur aspect répugnant et les empoisonnent par leur puanteur démoniaque.Vous prendrez donc des renseignements sur la famille dont la vie est la plus correcte, là où les femmes savent rester à part, et où les mœurs sont intègres. Vous entrerez là et y demeurerez jusqu'à votre départ de la localité. N'imitez pas les faux-bourdons qui, après avoir sucé une fleur, passent à une autre plus nourrissante. Vous, que vous soyez pris en charge par des gens qui vous offrent bon gîte et bonne table, ou par une famille qui n'est riche que de vertus, restez où vous êtes. Ne cherchez jamais ce qui est le mieux pour le corps qui périt, mais au contraire donnez-lui toujours ce qu'il y a de pire, en réservant tous les droits à l'esprit. Et, je vous le dis parce qu'il est bien que vous le fassiez, donnez, dès que vous pouvez le faire, la préférence aux pauvres pour votre séjour. Pour ne pas les humilier, en souvenir de Moi qui suis et reste pauvre, et qui me fais gloire d'être pauvre, et aussi parce que les pauvres sont souvent meilleurs que les riches. Vous trouverez toujours des pauvres qui sont justes alors que vous aurez rarement l'occasion de trouver un riche sans injustice. Vous n'avez donc pas l'excuse de dire: "Je n'ai trouvé de bonté que chez les riches" pour justifier votre désir de bien-être.. En entrant dans une maison, saluez avec mon salut qui est le plus doux qui soit. Dites: "La paix soit avec vous, la paix soit dans cette demeure" ou bien: "Que la paix vienne dans cette maison". En effet, vous, envoyés de Jésus et de la Bonne Nouvelle, vous portez avec vous la paix, et votre venue dans un endroit est pour y apporter la paix. Si la maison en est digne, la paix viendra et demeurera en elle; si elle n'en est pas digne, la paix reviendra vers vous. Cependant, efforcez-vous d'être pacifiques pour que vous ayez Dieu pour Père. Un père aide toujours. Et vous, aidés par Dieu, ferez et ferez bien toutes choses.Il peut arriver aussi, et même certainement il arrivera, qu'il y aura une ville ou une maison qui ne vous recevra pas, où les gens ne voudront pas écouter vos paroles, vous chasseront, vous tourneront en dérision ou même vous poursuivront à coups de pierres comme des prophètes ennuyeux. Et alors vous aurez plus que jamais besoin d'être pacifiques, humbles, doux, dans votre manière de vivre. Autrement, en effet, la colère prendra le dessus et vous pécherez en scandalisant ceux que vous devez convertir et en augmentant leur incrédulité. Alors que si vous acceptez avec paix l'offense de vous voir chassés, ridiculisés, poursuivis, vous convertirez par la plus belle prédication: la prédication silencieuse de la vraie vertu. Vous retrouverez un jour les ennemis d'aujourd'hui sur votre chemin, et ils vous diront: "Nous vous avons cherchés, parce que votre manière d'agir nous a persuadés de la Vérité que vous annoncez. Veuillez nous pardonner et nous accueillir comme disciples. Car nous ne vous connaissions pas, mais maintenant nous vous connaissons pour saints et, si vous êtes saints, vous devez être les envoyés d'un saint, et nous croyons maintenant en Lui". Mais en sortant de la ville ou de la maison où vous n'avez pas été accueillis, secouez jusqu'à la poussière de vos sandales pour que l'orgueil et la dureté de ce lieu ne s'attache même pas à vos semelles. En vérité je vous dis: "Au jour du Jugement, Sodome et Gomorrhe seront traitées moins durement que cette ville".Voici que je vous envoie comme des brebis parmi les loups. Soyez donc prudents comme les serpents et simples comme les colombes. Car vous savez comment le monde, qui en vérité compte plus de loups que de brebis, agit même avec Moi qui suis le Christ. Moi, je puis me défendre par ma puissance, et je le ferai jusqu'à ce que ce soit l'heure du triomphe temporaire du monde. Mais vous, vous n'avez pas cette puissance, et vous avez besoin d'une plus grande prudence et de simplicité. Donc plus de sagacité pour éviter présentement les prisons et les flagellations. En vérité vous, pour le moment, malgré vos protestations que vous voudriez donner votre sang pour Moi, vous ne supportez même pas un regard ironique ou coléreux. Puis viendra le temps où vous serez forts comme des héros contre toutes les persécutions, plus forts que des héros, d'un héroïsme inconcevable pour le monde, inexplicable, et qu'on qualifiera de "folie". Non, ce ne sera pas de la folie! Ce sera l'identification de l'homme avec l'Homme-Dieu, par la force de l'amour, et vous saurez faire ce que j'aurai déjà fait. Pour comprendre cet héroïsme, il faudra le voir, l'étudier et le juger d'un point de vue ultra-terrestre. Car c'est une chose surnaturelle qui dépasse toutes les limites de la nature humaine. Mes héros seront des rois, des rois de l'esprit, éternellement rois et héros…En ce temps-là, ils vous arrêteront en mettant la main sur vous, ils vous traîneront devant les tribunaux, devant les chefs et les rois pour qu'ils vous jugent et vous condamnent pour ce qui est un grand péché, aux yeux du monde, d'être les serviteurs de Dieu, les ministres et les tuteurs du Bien, les maîtres des vertus. Et à cause de cela vous serez flagellés et punis de mille façons jusqu'à subir la mort. Et vous rendrez témoignage de Moi devant les rois, les présidents de tribunaux, les nations, confessant par votre sang que vous aimez le Christ, le Vrai Fils du Vrai Dieu.Quand vous serez dans leurs mains, ne vous mettez pas en peine de ce que vous devez répondre et de ce que vous aurez à dire. N'ayez alors aucune peine sauf l'affliction à l'égard des juges et des accusateurs que Satan dévoie au point de les rendre aveugles pour la Vérité. Les paroles à dire vous seront données à ce moment-là. Votre Père vous les mettra sur les lèvres, parce que, alors, ce ne sera pas vous qui parlerez pour convertir à la Foi et professer la Vérité, mais ce sera l'Esprit de votre Père qui parlera en vous.Alors le frère donnera la mort à son frère, le père à son fils, les fils se dresseront contre leurs parents et les feront mourir. Non, ne vous évanouissez pas et ne vous scandalisez pas! Répondez-moi. Pour vous, quel est le plus grand crime: de tuer un père, un frère, un enfant ou Dieu Lui-même?”“Dieu, on ne peut le tuer” dit sèchement Judas Iscariote.“C'est vrai. C'est un Esprit qu'on ne peut saisir” confirme Barthélémy. Et les autres, tout en se taisant, sont du même avis.“Moi, je suis Dieu et Chair” dit calmement Jésus.“Personne ne pense à te tuer” réplique l'Iscariote.“Je vous en prie: répondez à ma question.”“Mais il est plus grave de tuer Dieu! Cela s'entend!”“Eh bien: Dieu sera tué par l'homme, dans sa Chair d'Homme-Dieu et dans l'âme de ceux qui tueront l'Homme-Dieu. Donc, comme on arrivera à ce crime sans que son auteur en éprouve de l'horreur, on en arrivera pareillement au crime des pères, des frères, des fils, contre les fils, les frères, les pères. Vous serez haïs de tous, à cause de mon Nom, mais celui qui aura persévéré jusqu'à la fin sera sauvé. Et quand ils vous persécuteront dans une ville, fuyez dans une autre, non par lâcheté, mais pour donner le temps à l'Église du Christ qui vient de naître, d'arriver à l'âge, non plus d'un bébé faible et incapable, mais à l'âge de la majorité où elle sera capable d'affronter la vie et la mort sans craindre la Mort. A ceux auxquels l'Esprit conseillera de fuir, qu'ils fuient. Comme j'ai fui quand j'étais tout petit. En vérité, dans la vie de mon Église se répéteront toutes les vicissitudes de ma vie d'homme. Toutes. Depuis le mystère de sa formation à l'humilité des premiers temps, jusqu'aux troubles et aux embûches qu'amènera la férocité des hommes, jusqu'à la nécessité de fuir pour continuer à exister, depuis la pauvreté et le travail assidu, jusqu'à beaucoup d'autres choses que je vis actuellement, que je souffrirai par la suite, avant d'arriver au triomphe éternel. Pour ceux, au contraire, auxquels l'Esprit conseille de rester, qu'ils restent, car s'ils tombent morts, ils vivront et seront utiles à l'Église. Car c'est toujours bien ce que l'Esprit de Dieu conseille.En vérité je vous dis que vous ne finirez pas, vous et vos successeurs, de parcourir les rues et les villes d'Israël avant que vienne le Fils de l'Homme. Car Israël, à cause de son redoutable péché, sera dispersé comme la balle saisie par un tourbillon, et répandu sur toute la terre. Et des siècles et des millénaires, l'un après l'autre et davantage se succéderont avant qu'il soit de nouveau rassemblé sur l'aire d'Arauna le Jébuséen. Toutes les fois qu'il essaiera, avant l'heure marquée, il sera de nouveau pris par le tourbillon et dispersé, parce qu'Israël devra pleurer son péché pendant autant de siècles qu'il y a de gouttes qui pleuvront des veines de l'Agneau de Dieu immolé pour les péchés du monde. Et mon Église devra aussi elle, qui aura été frappée par Israël en Moi et en mes apôtres et disciples, ouvrir ses bras de mère et chercher à rassembler Israël sous son manteau comme une poule le fait avec ses poussins qui se sont écartés. Quand Israël sera tout entier sous le manteau de l'Église du Christ, alors je viendrai.Mais cela c'est l'avenir. Parlons des temps qui ne vont pas tarder de venir.Rappelez-vous que le disciple n'est pas plus que le Maître, et le serviteur plus que le Maître qui commande. Il suffit pas conséquent au disciple d'être comme le Maître et c'est déjà un honneur immérité, et le serviteur comme celui qui le commande et c'est déjà de la bonté surnaturelle de vous accorder qu'il en soit ainsi.S'ils ont appelé Belzébuth le Maître de maison, comment appelleront-ils ses serviteurs? Et les serviteurs pourront-ils se révolter si le Maître ne se révolte pas, ne hait, ni ne maudit, mais calme dans sa justice continue ses œuvres, en remettant le jugement à un autre moment quand, après avoir tout essayé pour les persuader, il aura constaté en eux l'obstination dans le Mal? Non. Les serviteurs ne pourront pas faire ce que leur Maître ne fait pas, mais plutôt l'imiter en pensant qu'eux sont aussi des pécheurs, alors que Lui était sans péché.Ne craignez donc pas ceux qui vous appelleront: "démons". Il arrivera un jour où la vérité sera connue et on verra alors qui était le "démon". Vous ou eux. Il n'y a rien de caché qui ne doive être révélé, ni rien de secret qui ne doive être connu.Ce que je vous dis maintenant dans l'obscurité et en secret, car le monde n'est pas digne de connaître toutes les paroles du Verbe, n'en est pas encore digne et ce n'est pas l'heure de le dire aussi aux indignes, vous, quand ce sera l'heure que tout doive être connu, dites-le en plein jour, criez du haut des toits ce que maintenant je vous dis tout bas m'adressant davantage à votre âme qu'à votre oreille. Car alors le monde aura été baptisé par le Sang et Satan aura contre lui un étendard grâce auquel le monde pourra, s'il le veut, comprendre les secrets de Dieu, alors que Satan ne pourra nuire qu'à ceux qui désirent la morsure de Satan et la préfèrent à mon baiser. Mais huit parties du monde sur dix ne voudront pas comprendre. Seule la minorité voudra savoir tout pour suivre tout ce qu'est ma Doctrine. Peu importe. Comme on ne peut séparer ces deux parties saintes de la masse injuste, prêchez aussi du haut des toits ma Doctrine, prêchez-la du haut des montagnes, sur les mers sans bornes, dans les entrailles de la terre. Quand bien même les hommes ne l'écouteraient pas, les divines paroles seront recueillies par les oiseaux et les vents, les poissons et les flots, et les entrailles de la terre en garderont l'écho pour le dire aux sources, aux minéraux, aux métaux, et tous en jouiront car eux aussi ont été créés par Dieu pour servir d'escabeau à mes pieds et être une joie pour mon cœur.Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer l'âme, mais craignez seulement celui qui peut envoyer votre âme à la perdition et, au Jugement Dernier, la réunir au corps ressuscité pour les jeter dans les feux de l'Enfer. Ne craignez pas. Est-ce que peut-être on ne vend pas deux passereaux pour un sou? Et pourtant, sans la permission du Père, pas un d'eux ne tombera malgré tous les pièges de l'homme. Ne craignez donc pas. Vous êtes connus de mon Père. Il connaît le nombre de cheveux que vous avez sur la tête. Vous avez plus de valeur qu'un grand nombre de passereaux!Et je vous dis que celui qui me reconnaîtra devant les hommes, je le reconnaîtrai, Moi, devant mon Père qui est aux Cieux. Mais celui qui me reniera devant les hommes, Moi aussi, je le renierai devant mon Père. Reconnaître, ici, veut dire suivre et mettre en pratique; renier veut dire abandonner mon chemin par lâcheté, par la triple concupiscence, ou par un calcul mesquin, par affection humaine envers un des vôtres qui m'est opposé. Parce que cela se produira.Ne pensez pas que je sois venu établir la concorde sur la terre et à travers la terre. Ma Paix est plus élevée que les paix faites par calcul pour se tirer d'affaire jour après jour. Je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive. Le glaive tranchant pour couper les lianes qui retiennent dans la boue et ouvrir les chemins aux vols du surnaturel. Je suis donc venu séparer le fils du père, la fille de la mère, la bru de la belle-mère. Car je suis celui qui règne et qui a tous les droits sur ses sujets. Car personne n'est plus grand que Moi quand il s'agit des droits sur les affections. Car c'est en Moi que tous les amours se centralisent et se subliment: Moi je suis Père, Mère, Époux, Frère, Ami et je vous aime comme tel, et comme tel je dois être aimé. Et quand je dis: "Je veux", il n'y a pas de lien qui puisse résister et la créature est mienne. C'est Moi qui l'ai créée avec le Père, c'est par Moi-même que je la sauve et Moi j'ai le droit de la posséder.En vérité, les ennemis de l'homme ce sont les hommes, en plus des démons; et les ennemis de l'homme, du chrétien, ce seront ceux de sa famille par leurs lamentations, leurs menaces ou leurs supplications. Qui donc désormais aimera son père et sa mère plus que Moi, n'est pas digne de Moi; qui aime son fils ou sa fille plus que Moi, n'est pas digne de Moi. Celui qui ne prend pas sa croix quotidienne, complexe, faite de résignation, de renoncement, d'obéissance, d'héroïsme, de douleurs, de maladies, de luttes, de tout ce que manifeste la volonté de Dieu ou une épreuve qui vient de l'homme, et ne me suit pas avec elle, n'est pas digne de Moi. Celui qui tient compte de la vie de la terre plus que de la vie spirituelle, perdra la vraie Vie. Celui qui aura perdu la vie de la terre par amour pour Moi la retrouvera, éternelle et bienheureuse.Celui qui vous reçoit, Me reçoit. Celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m'a envoyé. Celui qui reçoit un prophète en tant que prophète, recevra une récompense proportionnée à la charité qu'il donne au prophète. Celui qui reçoit un juste en tant que juste, recevra une récompense proportionnée à la charité qu'il donne au juste. Et cela parce que celui qui, dans un prophète reconnaît un prophète, c'est signe qu'il est prophète lui aussi, c'est-à-dire très saint, parce que l'Esprit de Dieu le tient dans ses bras; et celui qui aura reconnu un juste comme juste, prouve que lui-même est juste, car les âmes qui se ressemblent se reconnaissent. A chacun donc il sera donné selon sa justice.Mais à qui aura donné même un seul calice d'eau pure à un de mes serviteurs, fût-il même le plus petit - et sont des serviteurs de Jésus tous ceux qui le prêchent par une vie sainte, et peuvent l'être les rois comme les mendiants, les sages comme ceux qui ne savent rien, les vieillards comme les tout petits, car à tous les âges et dans toutes les classes on peut être mes disciples - qui donc aura donné à un de mes disciples ne serait ce qu'un calice d'eau en mon nom et parce que c'est mon disciple, en vérité je vous dis qu'il ne perdra pas sa récompense.J'ai parlé. Maintenant prions et allons à la maison. Vous partirez à l'aube et ainsi: Simon de Jonas avec Jean, Simon le Zélote avec Judas Iscariote, André avec Mathieu, Jacques d'Alphée avec Thomas, Philippe avec Jacques de Zébédée, Jude, mon frère, avec Barthélémy. Ainsi pour cette semaine. Puis je vous donnerai un nouvel ordre. Prions.”Et ils prient à haute voix…
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 18 juin 2017, Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ, solennité

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 6,51-58.
Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. »Les Juifs discutaient entre eux : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi. Tel est le pain qui descend du ciel : il n'est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 5, Ch 44, p 294 - CD 5, piste 111 -
“Tu as été en oraison, Maître?” demande Etienne à voix basse, par respect, comme il s'est incliné pour le même motif. “Oui. D'où le vois-tu, mon fils?” demande Jésus en lui posant la main sur ses cheveux foncés en une douce caresse. “De ton visage d'ange. Je suis un pauvre homme, mais ton aspect est si limpide que j'y lis les palpitations et les actions de ton esprit.” “Le tien aussi est limpide. Tu es un de ceux qui restent tout petits…” “Et qu'y a-t-il sur mon visage, Seigneur?” “Viens à part et je te le dirai” et il le prend par le poignet et l'amène dans un couloir obscur. “Charité, foi, pureté, générosité, sagesse; et tout cela c'est Dieu qui te l'a donné et tu l'as cultivé et tu le feras davantage. Enfin, d'après ton nom, tu as la couronne: d'or pur et avec une grande gemme qui resplendit sur ton front. Sur l'or et les pierres sont gravés deux mots: "Prédestination" et "Prémices". Sois digne de ton sort, Etienne. Va en paix avec ma bénédiction.” Et il pose de nouveau la main sur ses cheveux alors qu'Etienne s'agenouille pour ensuite se prosterner et Lui baiser les pieds. Ils reviennent vers les autres.“Ces gens sont venus pour t'entendre…” dit Philippe. “Ici on ne peut parler. Allons à la synagogue. Jaïre en sera content.”Jésus en tête, par derrière le cortège des autres, ils vont à la belle synagogue de Capharnaüm et Jésus, salué par Jaïre, y entre et il ordonne que toutes les portes restent ouvertes pour que ceux qui n'arrivent pas à entrer puissent l'entendre de la rue et de la place qui sont à côté de la synagogue.Jésus va à sa place, dans cette synagogue amie, de laquelle aujourd'hui sont absents heureusement les pharisiens, peut-être déjà partis en grande pompe pour Jérusalem. Et il commence à parler.“En vérité je vous dis: vous me cherchez non pas pour m'entendre ni pour les miracles que vous avez vus, mais pour ce pain que je vous ai donné à manger à satiété et sans frais. Les trois quart d'entre vous c'est pour cela qu'ils me cherchaient, et par curiosité, venant de toutes parts de notre Patrie. Il manque donc à la recherche l'esprit surnaturel, et reste dominant l'esprit humain avec ses curiosités malsaines, ou pour le moins d'une imperfection infantile, non pas simple comme celle des tout petits, mais diminuée comme l'intelligence d'un esprit obtus. Et avec la curiosité, il reste la sensualité et un sentiment vicié. La sensualité qui se cache, subtile comme le démon dont elle est la fille, derrière des apparences et des actes qui sont bons en apparence, et le sentiment vicié qui est simplement une déviation morbide du sentiment et qui, comme tout ce qui est "maladie", ressent le besoin et le désir des drogues qui ne sont pas la simple nourriture, le bon pain, la bonne eau, l'huile pure, le premier lait qui suffit pour vivre, pour bien vivre. Le sentiment vicié veut les choses extraordinaires pour en être remué et pour éprouver le frisson qui plaît, le frisson maladif des paralysés qui ont besoin de drogues pour éprouver des sensations qui leur donnent l'illusion d'être intègres et virils. La sensualité qui veut satisfaire sans fatigue la gourmandise, dans ce cas, avec du pain qui n'a pas coûté de sueurs, puisque Dieu l'a donné par bonté. Les dons de Dieu ne sont pas l'ordinaire, ils sont l'extraordinaire. On ne peut y prétendre, ni se livrer à la paresse en disant: "Dieu me les donnera". Il est dit: "Tu mangeras ton pain mouillé par la sueur de ton front" c'est-à-dire le pain gagné par le travail. Si Celui qui est Miséricorde a dit: "J'ai pitié de ces foules qui me suivent depuis trois jours et n'ont plus rien à manger et qui pourraient tomber en route avant d'avoir atteint Ippo sur le lac, ou Gamala, ou d'autres villes", et a pourvu à leurs besoins, il n'est pourtant pas dit qu'on doive le suivre pour ce motif. C'est pour bien davantage qu'un peu de pain, destiné à devenir ordure après la digestion, que l'on doit me suivre. Ce n'est pas pour la nourriture qui emplit le ventre, mais pour celle qui nourrit l'âme, car vous n'êtes pas seulement des animaux qui doivent brouter et ruminer, ou fouiller avec le groin et s'engraisser. Mais vous êtes des âmes! C'est cela que vous êtes! La chair c'est le vêtement, l'être c'est l'âme. C'est elle qui est immortelle. La chair, comme tout vêtement, s'use et finit, et ne mérite pas qu'on s'en occupe comme si c'était une perfection à laquelle il faut donner tous ses soins.Cherchez donc ce qu'il est juste de se procurer, non ce qui est injuste. Cherchez à vous procurer non la nourriture qui périt, mais celle qui dure pour la vie éternelle. Celle-là, le Fils de l'homme vous la donnera toujours, quand vous la voudrez. Car le Fils de l'homme a à sa disposition tout ce qui vient de Dieu et peut vous le donner; Lui est Maître, et Maître magnanime, des trésors de Dieu Père qui a imprimé sur Lui son sceau pour que les yeux honnêtes ne soient pas confondus. Et si vous avez en vous la nourriture qui ne périt pas, vous pourrez faire les œuvres de Dieu, étant nourris de la nourriture de Dieu.”“Que devons-nous faire pour faire les œuvres de Dieu? Nous observons la Loi et les Prophètes. Nous sommes donc déjà nourris de Dieu et nous faisons les œuvres de Dieu.”“C'est vrai. Vous observez la Loi, ou plutôt vous "connaissez" la Loi. Mais connaître n'est pas pratiquer. Nous connaissons, par exemple, les lois de Rome et pourtant un israélite fidèle ne les pratique pas autrement que dans les formules qui lui sont imposées par sa condition de sujet. Pour le reste nous, je parle des israélites fidèles, nous ne pratiquons pas les usages païens des romains tout en les connaissant. La Loi que vous tous connaissez et les Prophètes devraient en effet vous nourrir de Dieu et vous donner par conséquent la capacité de faire les œuvres de Dieu. Mais pour faire cela, elles devraient être devenues une seule chose avec vous, comme l'air que vous respirez et la nourriture que vous assimilez, qui se changent tous les deux en vie et en sang. Alors qu'ils restent étrangers, tout en étant dans votre maison, comme peut l'être un objet de la maison qui vous est connu et utile, mais qui s'il venait à manquer ne vous enlèverait pas l'existence. Alors que… Oh! essayez un peu de ne pas respirer pendant quelques minutes, essayez de rester sans nourriture pendant des jours et des jours… et vous verrez que vous ne pouvez vivre. Ainsi devrait se ressentir votre moi de la dénutrition et de son asphyxie de la Loi et des Prophètes, puisque vous les connaissez mais ne les assimilez pas et qu'ils ne deviennent pas une seule chose avec vous. C'est cela que je suis venu enseigner et donner: le sue, l'air de la Loi et des Prophètes, pour rendre le sang et la respiration à vos âmes qui meurent de faim et d'asphyxie. Vous ressemblez à des enfants qu'une maladie rend incapables de savoir ce qui peut les nourrir. Vous avez des provisions de nourriture, mais vous ne savez pas qu'elles doivent être mangées pour se changer en une chose vitale, et qu'elles deviennent vraiment nôtres, par une fidélité vraie et pure à la Loi du Seigneur qui a parlé à Moïse et aux Prophètes pour vous tous. Venir donc à Moi pour avoir l'air et le suc de la Vie éternelle, c'est un devoir. Mais ce devoir présuppose en vous une foi. Car si quelqu'un n'a pas la foi, il ne peut croire à mes paroles, et s'il ne croit pas il ne vient pas me dire: "Donne-moi le vrai pain". Et s'il n'a pas le vrai pain, il ne peut pas faire les œuvres de Dieu n'ayant pas la capacité de les faire. Par conséquent pour être nourris de Dieu et pour faire l'œuvre de Dieu, il est nécessaire que vous fassiez l'œuvre base qui est celle-ci: croire en Celui que Dieu a envoyé.”“Mais quels miracles fais-tu donc pour qu'il nous soit possible de croire en Toi comme en un envoyé de Dieu et pour qu'on puisse voir sur Toi le sceau de Dieu? Que fais-tu que déjà, sous une forme plus modeste, n'aient pas fait les Prophètes? Moïse t'a même surpassé, puisque non pas une seule fois mais pendant quarante années il a nourri nos pères d'une nourriture merveilleuse. C'est écrit que nos pères, pendant quarante années, mangèrent la manne dans le désert et il est dit par conséquent que Moïse leur donna à manger du pain venu du ciel, lui qui pouvait.”“Vous êtes dans l'erreur. Ce n'est pas Moïse, mais c'est le Seigneur qui a pu faire cela. Et dans l'Exode on lit: "Voici: Je ferai pleuvoir du pain du ciel. Que le peuple sorte et qu'il recueille ce qui suffit pour chaque jour, et qu'ainsi Je me rende compte si le peuple marche selon ma Loi. Et le sixième jour qu'il en ramasse le double par respect pour le septième jour, le sabbat". Et les hébreux virent le désert se recouvrir chaque matin de cette chose minuscule qui ressemble à ce qui est pilé dans le mortier, et au grésil, semblable à la graine de coriandre, et au bon goût de fleur de farine mélangée à du miel". Ce n'est donc pas Moïse, mais le Seigneur qui a procuré la manne. Dieu qui peut tout. Tout. Punir et bénir, enlever et accorder. Et Moi, je vous le dis, que des deux choses, Il préfère bénir et accorder plutôt que punir et enlever.Moïse, comme il est dit dans l'Ecclésiastique, était "cher à Dieu et aux hommes, sa mémoire était bénie, car il était rendu par Dieu semblable aux saints dans leur gloire, grand et terrible pour les ennemis, capable de susciter les prodiges et mettre fin à eux, glorieux en présence des rois, son ministre en présence du peuple, il avait vu la gloire de Dieu et entendu la voix du Très-haut, il était le gardien des préceptes et de la Loi de vie et de science". Aussi Dieu, comme dit la Sagesse, par amour pour Moïse, nourrit son peuple avec le pain des anges, et lui envoya du ciel un pain déjà fait, sans fatigue, un pain délicieux et d'une douce saveur. Et souvenez bien de ce que dit la Sagesse - et puisqu'il venait du ciel, de Dieu, et qu'il montrait la douceur divine envers ses fils, il avait pour chacun le goût que chacun voulait, et procurait à chacun les effets qu'il désirait, étant utile aussi bien au tout petit, à l'estomac encore imparfait, qu'à l'adulte à l'appétit et à la digestion vigoureux, qu'à la fillette délicate et qu'au vieillard décrépit. Et même, pour montrer que ce n'était pas œuvre d'homme, il renversa les lois des éléments car il résistait au feu, ce pain mystérieux qui, au lever du soleil, fondait comme du givre. Ou plutôt: le feu - c'est toujours la Sagesse qui parle - oublia sa propre nature par respect pour l'œuvre de Dieu son Créateur et pour les besoins des justes de Dieu, de sorte qu'alors qu'il a l'habitude de s'enflammer pour tourmenter, ici il se fit doux pour faire du bien à ceux qui faisaient confiance au Seigneur. Alors c'est pour cela, qu'en se transformant de toutes manières, il servit à la grâce du Seigneur, leur nourrice à tous, selon les besoins de celui qui priait le Père éternel, pour que ses fils bien-aimés apprennent que ce n'est pas la reproduction des fruits qui nourrit les hommes, mais que c'est la parole du Seigneur qui conserve ceux qui croient en Dieu. En effet le feu ne consumait pas, comme il le pouvait, la douce manne, même pas si la flamme était haute et puissante, alors que suffisait à la fondre le doux soleil du matin, afin que les hommes se rappellent et qu'ils apprennent que les dons de Dieu doivent être recherchés dès le commencement du jour et de la vie, et que pour les avoir, il faut devancer la Lumière et se lever pour louer l'Éternel dès la première heure du matin.C'est cela que la manne enseignait aux hébreux, et Moi, je vous le rappelle parce que c'est un devoir qui dure et durera jusqu'à la fin des siècles. Cherchez le Seigneur et ses dons célestes, sans paresser jusqu'aux heures tardives du jour ou de la vie. Levez-vous pour le louer avant même que le loue le soleil levant, et nourrissez-vous de sa parole qui consacre et préserve et conduit à la Vie vraie. Ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain du Ciel mais, en vérité, Celui qui l'a donné, c'est le Père Dieu, et maintenant, en vérité, c'est mon Père qui vous donne le vrai Pain, le Pain nouveau, le Pain éternel qui descend du Ciel, le Pain de miséricorde, le Pain de Vie, le Pain qui donne au monde la Vie, le Pain qui rassasie toute faim et enlève toute langueur, le Pain qui donne à celui qui le prend la Vie éternelle et l'éternelle joie.”“Donne-nous, ô Seigneur, ce pain et nous ne mourrons plus.”“Vous mourrez comme tout homme meurt, mais vous ressusciterez pour la Vie éternelle si vous vous nourrissez saintement de ce Pain, parce qu'il rend incorruptible celui qui le mange. Pour ce qui est de vous, il sera donné à ceux qui le demandent à mon Père avec un cœur pur, une intention droite, et une sainte charité. C'est pour cela que j'ai enseigné à dire: "Donne-nous le Pain quotidien". Mais pour ceux qui s'en nourriront indignement, il deviendra un grouillement de vers d'enfer, comme les paniers de manne conservés contre l'ordre reçu. Et ce Pain de santé et de vie deviendra, pour eux, mort et condamnation. Car le plus grand sacrilège sera commis par ceux qui mettront ce Pain sur une table spirituelle corrompue et fétide, et le profaneront en le mêlant à la sentine de leurs inguérissables passions. Mieux vaudrait pour eux ne l'avoir jamais pris!”“Mais où est ce Pain? Comment le trouve-t-on? Quel nom a-t-il?”“Moi, je suis le Pain de Vie. C'est en Moi qu'on le trouve. Son nom est Jésus. Qui vient à Moi n'aura plus faim, et celui qui croit en Moi n'aura plus jamais soif, parce que les fleuves célestes se déverseront en lui, éteignant toute ardeur matérielle. Je vous l'ai dit, désormais. Vous m'avez connu désormais, et pourtant vous ne croyez pas. Vous ne pouvez croire que tout ce qui est, est en Moi. Et pourtant, il en est ainsi. C'est en Moi que sont tous les trésors de Dieu. C'est à Moi qu'est donné tout ce qui appartient à la terre, et sont donc réunis en Moi les Cieux glorieux et la terre militante, et jusqu'à la peineuse et expectante masse de ceux qui sont morts dans la grâce de Dieu sont en Moi, car en Moi et pour Moi est tout pouvoir. Et Moi, je vous le dis: tout ce que le Père me donne viendra à Moi. Et je ne chasserai pas celui qui vient à Moi car je suis descendu du Ciel pour faire non pas ma volonté mais la volonté de Celui qui m'a envoyé. Et la Volonté de mon Père, du Père qui m'a envoyé la voici: que je ne perde aucun de ceux qu'Il m'a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. Maintenant la Volonté du Père qui m'a envoyé est que quiconque connaît le Fils et croit en Lui ait la Vie éternelle et que je puisse le ressusciter au Dernier Jour, en le voyant nourri de la Foi en Moi et marqué de mon sceau.”Il se fait un bourdonnement qui n'est pas discret dans la synagogue et au-dehors à cause des paroles nouvelles et hardies du Maître. Et Lui, après avoir un moment repris haleine, tourne ses yeux étincelants de ravissement là où on murmure davantage et ce sont précisément les groupes où il y a des juifs. Il recommence à parler.“Pourquoi murmurez-vous entre vous? Oui, je suis le Fils de Marie de Nazareth, fille de Joachim de la race de David, vierge consacrée au Temple, et puis épousée par Joseph de Jacob, de la race de David. Vous avez connu, beaucoup d'entre vous, les justes qui donnèrent la vie à Joseph, menuisier de race royale, et à Marie, vierge héritière de souche royale. Cela vous fait dire: "Comment celui-ci peut-il se dire descendu du Ciel?" et le doute naît en vous.Je vous rappelle les Prophètes sur l'Incarnation du Verbe. Et je vous rappelle comment, plus pour nous israélites que pour tout autre peuple, il est de foi que Celui que nous n'osons pas appeler ne peut pas se donner une Chair selon les lois humaines et de plus selon les lois d'une humanité déchue. Le Très Pur, l'Incréé, s'Il s'est mortifié jusqu'à se faire Homme pour l'amour de l'homme, ne pouvait choisir qu'un sein de Vierge plus pur que les lys pour revêtir de Chair sa Divinité. Le Pain descendu du Ciel au temps de Moïse a été placé dans l'arche d'or, recouverte du Propitiatoire, veillée par les chérubins, derrière les voiles du Tabernacle. Et avec le Pain était la Parole de Dieu. Et il était juste qu'il en fût ainsi, parce que le plus grand respect doit être donné aux dons de Dieu et aux tables de sa très Sainte Parole. Mais alors, qu'est-ce qui aura été préparé par Dieu pour sa propre Parole et pour le vrai Pain qui est venu du Ciel? Une arche plus inviolée et plus précieuse que l'arche d'or, couverte du précieux Propitiatoire de sa pure volonté d'immolation, veillée par les chérubins de Dieu, voilée d'une candeur virginale, d'une humilité parfaite, d'une charité sublime, et de toutes les vertus les plus saintes.Et alors? Vous ne comprenez pas encore que ma Paternité est au Ciel et que par conséquent c'est de là que je viens? Oui, je suis descendu du Ciel pour accomplir le décret de mon Père, le décret de salut des hommes selon ce qui a été promis au moment même de la condamnation et répété aux Patriarches et aux Prophètes. Mais cela, c'est la foi. Et la foi est donnée par Dieu à ceux qui ont une âme de bonne volonté. Aussi personne ne peut venir à Moi, s'il n'est pas conduit à Moi par mon Père, qui le voit dans les ténèbres, mais avec un vrai désir de la lumière. Il est écrit dans les Prophètes: "Ils seront tous instruits par Dieu". Voilà, c'est dit. C'est Dieu qui leur apprend où ils doivent aller pour être instruits par Dieu. Tout homme donc qui, au fond de son esprit droit, a entendu parler Dieu, a appris de mon Père à venir vers Moi.”“Et qui veux-tu qui ait entendu Dieu, ou vu son Visage?” demandent plusieurs qui commencent à montrer des signes d'irritation et de scandale. Et ils finissent par dire: “Tu délires ou tu es illusionné.”“Personne n'a vu Dieu excepté celui qui est de Dieu. Celui-là a vu le Père et c'est Moi qui suis Celui-là. Et maintenant écoutez le Credo de la Vie future sans lequel on ne peut se sauver.En vérité, en vérité je vous dis que celui qui croit en Moi a la Vie éternelle. En vérité, en vérité je vous dis que je suis le Pain de la Vie éternelle.Vos pères, dans le désert, ont mangé la manne et ils sont morts, car la manne était une nourriture sainte mais temporelle et elle donnait la vie pour autant qu'il était nécessaire d'arriver à la Terre Promise par Dieu à son peuple. Mais la Manne que je suis n'aura pas de limites de temps ni de puissance. Non seulement elle est céleste, mais elle est divine, et elle produit ce qui est divin: l'incorruptibilité, l'immortalité de ce que Dieu a créé à son image et à sa ressemblance. Elle ne durera pas quarante jours, quarante mois, quarante années, quarante siècles. Mais elle durera tant que durera le Temps, et elle sera donnée à tous ceux qui ont pour elle une faim sainte et agréable au Seigneur, qui se réjouira de se donner sans mesure aux hommes pour lesquels Il s'est incarné pour qu'ils aient la Vie qui ne meurt pas.Moi, je puis me donner, je puis me transsubstantier par amour pour les hommes, de sorte que le pain devienne Chair et que la Chair devienne Pain, pour la faim spirituelle des hommes qui sans cette Nourriture mourraient de faim et de maladies spirituelles. Mais si quelqu'un mange de ce Pain avec justice, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, ce sera ma Chair immolée pour la Vie du monde; ce sera mon Amour répandu dans les maisons de Dieu pour que viennent à la table du Seigneur ceux qui sont aimants ou malheureux et qu'ils trouvent un réconfort pour leur besoin de se fondre en Dieu et un soulagement pour leurs peines.”“Mais comment peux-tu nous donner ta Chair à manger? Pour qui nous as-tu pris? Pour des fauves sanguinaires? Pour des sauvages? Pour des homicides? Nous avons de la répugnance pour le sang et le crime.”“En vérité, en vérité je vous dis que bien des fois l'homme est plus qu'un fauve et que le péché rend plus que sauvage, que l'orgueil donne une soif homicide, et que ce n'est pas à tous ceux qui sont présents que répugneront le sang et le crime. Et même dans l'avenir l'homme sera tel parce que Satan, la sensualité et l'orgueil, en font une bête féroce. Et c'est pour satisfaire un besoin plus grand que jamais que vous devez et que l'homme devra se guérir lui-même des germes terribles par l'infusion du Saint.En vérité, en vérité je vous dis que si vous ne mangez pas la Chair du Fils de l'homme et si vous ne buvez pas son Sang, vous n'aurez pas en vous la Vie. Celui qui mange dignement ma Chair et qui boit mon Sang a la Vie éternelle et je le ressusciterai au Dernier Jour. Car ma Chair est vraiment une Nourriture et mon Sang un Breuvage. Celui qui mange ma Chair et qui boit mon Sang reste en Moi, et je reste en lui. Comme le Père vivant m'a envoyé, et que je vis par le Père, de même celui qui me mange vivra lui aussi par Moi et ira où je l'envoie, et il fera ce que je veux et il vivra avec austérité comme homme, et sera ardent comme un séraphin, et il sera saint, car pour pouvoir se nourrir de ma Chair et de mon Sang, il s'interdira les fautes et il vivra en s'élevant pour finir son ascension aux pieds de l'Éternel.”“Mais celui-là est fou! Qui peut vivre de cette façon? Dans notre religion il n'y a que le prêtre qui doive se purifier pour offrir la victime. Ici Lui veut faire de nous autant de victimes de sa folie. Cette doctrine est trop pénible et ce langage est trop difficile! Qui peut l'écouter et le pratiquer?” murmurent ceux qui sont présents et plusieurs sont des disciples réputés tels.Les gens se dispersent en commentant, et très réduits apparaissent les rangs des disciples quand restent seuls dans la synagogue le Maître et les plus fidèles. Je ne les compte pas, mais je dis qu'on arrive à peu près à une centaine. Il doit donc y avoir eu une forte défection même dans les rangs des anciens disciples depuis longtemps au service de Dieu. Parmi ceux qui sont restés, il y a les apôtres, le prêtre Jean et le scribe Jean, Etienne, Hermas, Timon, Hermastée, Agape, Joseph, Salomon, Abel de Bethléem de Galilée, et Abel le lépreux de Corozaïn avec son ami Samuel, Élie (celui qui renonça à Ensevelir son père pour suivre Jésus), Philippe d'Arbela, Aser et Ismaël de Nazareth, et en plus d'autres dont je ne connais pas les noms. Tous ceux-ci parlent doucement en commentant la défection des autres et les paroles de Jésus qui reste pensif, les bras croisés, appuyé à un haut pupitre.“Et vous vous scandalisez de ce que je vous ai dit? Et si je vous disais que vous verrez un jour le Fils de l'homme monter au Ciel où il était auparavant et s'asseoir à côté du Père? Et qu'avez-vous compris, absorbé, cru, jusqu'à présent? Et avec quoi avez-vous écouté et assimilé? Seulement avec ce qui est humain? C'est l'esprit qui vivifie et a de la valeur. La chair ne sert à rien. Mes paroles sont esprit et vie, et c'est avec l'esprit qu'il faut les écouter et les comprendre pour en avoir la vie. Mais il y en a beaucoup parmi vous dont l'esprit est mort parce qu'il est sans foi. Beaucoup d'entre vous ne croient pas vraiment, et c'est inutilement qu'ils restent près de Moi. Ils n'en auront pas la Vie, mais la Mort. Car ils y restent, comme je l'ai déjà dit, ou par curiosité ou par affection humaine, ou pire, pour des fins encore plus indignes. Ils n'ont pas été amenés ici par le Père en récompense de leur bonne volonté, mais par Satan. Personne, en vérité, ne peut venir à Moi, si cela ne lui est pas accordé par le Père. Allez-vous-en aussi, vous qui restez difficilement parce que vous avez honte, humainement, de m'abandonner, mais qui avez honte encore davantage de rester au service de quelqu'un qui vous semble "fou et dur". Allez. Il vaut mieux que vous soyez loin pour nuire.”Et plusieurs autres se retirent des disciples, parmi lesquels le scribe Jean et Marc, le gérasénien possédé, guéri en envoyant les démons dans les porcs. Les disciples bons se consultent et courent après ceux qui ont abandonné, en essayant de les arrêter. Dans la synagogue il y a maintenant Jésus, le chef de la synagogue, et les apôtres…Jésus se tourne vers eux qui, mortifiés, restent dans un coin, et il dit: “Voulez-vous vous en aller, vous aussi?” Il le dit sans amertume et sans tristesse. Mais avec beaucoup de sérieux.Pierre dans un élan douloureux Lui dit: “Seigneur, et où veux-tu qu'on aille? Vers qui? Tu es notre vie et notre amour. Toi seul as les paroles de Vie éternelle. Nous savons que tu es le Christ, le Fils de Dieu. Si tu veux, chasse-nous. Mais nous, pour ce qui est de nous, nous ne te quitterons pas, pas même… pas même si tu ne nous aimais plus…” et Pierre pleure sans bruit, avec de grosses larmes… André aussi, Jean, les deux fils d'Alphée, pleurent ouvertement, et les autres pâles ou rouges, par suite de l'émotion, ne pleurent pas, mais souffrent visiblement.“Pourquoi devrais-je vous chasser? N'est-ce pas Moi qui vous ai choisis vous douze?…” Jaïre prudemment, s'est retiré pour laisser Jésus libre de réconforter ou de réprimander ses apôtres. Jésus, qui remarque sa retraite silencieuse, dit, en s'assoyant accablé, comme si la révélation qu'il fait Lui coûtait un effort supérieur à ce qu'il peut faire, épuisé comme il l'est, dégoûté, endolori: “Et pourtant, l'un de vous est un démon.” La parole tombe lente, effrayante, dans la synagogue, où il n'y a que la lumière des nombreuses lampes qui soit joyeuse… et personne n'ose rien dire. Mais ils se regardent l'un l'autre, avec un frisson de peur et en se posant une question angoissée, et par une question encore plus angoissée et intime, chacun s'examine lui-même…Personne ne bouge pendant un moment. Et Jésus reste seul sur son siège, les mains croisées sur les genoux, la tête baissée. Il la lève enfin et il dit: “Venez. Je ne suis pourtant pas un lépreux! Ou bien vous me croyez tel?…” Alors Jean s'avance rapidement et s'enlace à son cou en disant: “Avec Toi, alors, dans la lèpre, mon seul amour. Avec Toi, dans la condamnation. Avec Toi, dans la mort, si tu crois que cela t'attende…” et Pierre rampe à ses pieds, il les Lui prend et les pose sur ses épaules en sanglotant: “Presse-moi, foule-moi aux pieds! Mais ne me fais pas penser que tu te méfies de ton Simon.” Les autres voyant que Jésus caresse les deux premiers s'avancent et le baisent sur ses vêtements, sur ses mains, sur ses cheveux… Seul l'Iscariote ose le baiser au visage. Jésus se lève tout à coup, et semble le repousser brusquement tant son mouvement est imprévu, et il dit: “Allons à la maison. Demain soir, à la nuit, nous partirons en barques pour Ippo.”
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 11 juin 2017, Sainte Trinité, solennité

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 3,16-18.
Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris 
Correspondance dans "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 9, Ch 19, p 187 - CD 9, piste 67 - 
Jésus est dans la cuisine de la maisonnette de l’Oliveraie au souper avec ses disciples. Ils parlent des événements de la journée, qui cependant n’est pas celle précédemment décrite, car je constate qu’on parle d’autres faits, parmi lesquels la guérison d’un lépreux survenue près des tombeaux sur la route de Bethphagé. “Il y avait aussi un centurion romain qui regardait” dit Barthélémy. Et il ajoute: “Il m’a demandé du haut de son cheval: "L’homme que tu suis fait souvent des choses semblables?" et à ma réponse affirmative il s’est écrié: "Alors, il est plus grand qu’Esculape et il deviendra plus riche que Crésus". J’ai répondu: "Il sera toujours pauvre aux yeux du monde, car il ne reçoit pas, mais il donne, et ne veut que des âmes pour les conduire au Dieu Vrai". Le centurion m’a regardé très étonné et puis, il a éperonné son cheval et s’en est allé au galop.” “Il y avait aussi une dame romaine dans sa litière. Ce ne pouvait être qu’une femme. Elle avait baissé les rideaux, mais jetait des coups d’œil au dehors. Voilà ce que j’ai vu” dit Thomas. “Oui, elle était au début de la courbe de la route. Elle avait donné l’ordre de s’arrêter quand le lépreux avait crié: "Fils de David, aie pitié de moi!" Il y avait le rideau déplacé et j’ai vu qu’elle t’a regardé avec une loupe précieuse et elle a ri ironiquement. Mais quand elle a vu que Toi, par ton seul commandement tu l’avait guéri! Alors, elle m’a appelé et m’a demandé: "Mais c’est celui qu’on donne pour le vrai Messie?". J’ai répondu que oui, et elle m’a dit: "Tu es avec Lui?" Et puis elle a demandé: Est-il vraiment bon? "“Jean a dit. “Alors, tu l’as vue. Comment était-elle?” demandent Pierre et Judas. “Bah!… une femme…” “Quelle découverte!” dit Pierre en riant. Et l’Iscariote poursuit: “Mais elle était belle, jeune, riche?” “Oui. Il me semble qu’elle était jeune, et belle également. Mais je regardais toujours vers Jésus plutôt que de son côté. Je voulais voir si le Maître se remettait en route…” “Imbécile!” murmure l’Iscariote entre ses dents. “Pourquoi?” dit Jacques de Zébédée pour le défendre. “Mon frère n’est pas un Ganymède en quête d’aventures. Il a répondu par politesse, mais il n’a pas manqué à sa première qualité.” “Laquelle?” demande l’Iscariote. “Celle d’un disciple qui garde pour son Maître son unique amour.” Judas baisse la tête, mécontent. “Et puis… ce n’est pas bien que l’on vous voie parler avec les Romains” dit Philippe. “Déjà ils nous accusent d’être Galiléens et, pour cette raison, moins "purs" que les Juifs. Et aussi par naissance. Puis, ils nous accusent de séjourner souvent à Tibériade, lieu de rendez-vous des Gentils, des Romains, des Phéniciens, des Syriens… Puis… encore… oh! de combien de choses ils nous accusent!…” “Tu es bon, Philippe, et tu mets un voile sur ce qu’a de dur la vérité que tu dis. Mais, sans voile, la vérité est là: de combien de choses ils m’accusent Moi” dit Jésus qui jusqu’alors s’est tu. “Au fond, ils n’ont pas tout à fait tort. Trop de contacts avec les païens” dit l’Iscariote. “Crois-tu que les païens sont uniquement ceux qui n’ont pas la loi mosaïque?” dit Jésus. “Et qui d’autres, alors?” “Judas!… Peux-tu jurer sur notre Dieu de ne pas avoir de paganisme dans ton cœur? Et puis jurer que les Israélites, les plus en vue, en sont indemnes?” “Mais, Maître… des autres, je n’en sais rien… mais moi… je peux le jurer en ce qui me concerne.” “Dans ta pensée, qu’est-ce que c’est que le paganisme?” demande encore Jésus. “Mais, c’est suivre une religion qui n’est pas vraie, adorer les dieux” réplique vivement Judas. “Quels dieux?” “Les dieux de la Grèce, de Rome, ceux d’Égypte… en somme les dieux aux mille noms, des êtres imaginaires qui, selon les païens peuplent leur Olympe.” “Il n’y a pas d’autres dieux? Seulement les dieux de l’Olympe?” “Et quels autres encore? N’y en a-t-il pas déjà trop?” “Trop. Oui, trop. Mais il y en a d’autres, sur les autels desquels tous les hommes viennent brûler de l’encens, même les prêtres, les scribes, les rabbins, les pharisiens, les saducéens, les hérodiens, ce sont toutes des personnes d’Israël, n’est-ce pas? Non seulement eux, mais même mes disciples.” “Ah! pour cela, non!” affirment-ils tous unanimement. “Non? Amis… Qui, parmi vous, n’a pas un culte secret ou plusieurs? Pour l’un, c’est la beauté et l’élégance. Pour un autre, l’orgueil de son savoir. Un autre encense l’espérance de devenir grand, humainement. Un autre encore adore la femme. Un autre l’argent… Un autre se prosterne devant son savoir… et ainsi de suite. En vérité, je vous dis qu’il n’y a pas d’homme qui ne soit marqué par l’idolâtrie. Comment alors dédaigner ceux qui, par malchance, sont païens, lorsque, malgré l’appartenance au Dieu Vrai, on reste païen dans sa volonté?” “Mais, nous sommes des hommes, Maître” s’exclament plusieurs. “C’est vrai. Mais alors… ayez de la charité pour tous, car Moi, je suis venu pour tous et vous n’êtes pas plus que Moi.” “Mais, en attendant, ils nous accusent, et ta mission en est entravée.” “Elle ira quand même de l’avant.” Pierre, assis près de Jésus et qui en est très heureux - pour cela il est bon, bon - il dit à son tour: “A propos de femmes, il y a peu de jours et même depuis que tu as parlé la première fois à Béthanie, après le retour de Judie, qu’une femme toute voilée ne cesse de nous suivre. Je ne sais comment elle fait pour connaître nos intentions. Je sais qu’au fond des groupes de gens du peuple qui t’écoutent si tu parles, ou en arrière des gens qui te suivent si tu marches, ou encore derrière nous, quand nous allons pour t’annoncer dans les campagnes, elle est presque toujours là. À Béthanie, la première fois, elle m’a murmuré derrière son voile: "Cet homme qui va parler, c’est bien Jésus de Nazareth?" Je lui ai dit que oui et le soir elle était derrière un tronc d’arbre à t’écouter. Puis, je l’avais perdue de vue. Mais, maintenant, ici, à Jérusalem, je l’ai vue deux ou trois fois. Aujourd’hui, je lui ai demandé: "As-tu besoin de Lui? Tu es malade? Tu veux une obole?" Elle m’a toujours répondu non par un signe de tête, car elle ne parle avec personne.” “Un jour elle m’a demandé: "Où habite Jésus?" Et je lui ai répondu: "Au Gethsémani" a dit Jean. “Bravo, imbécile!” dit l’Iscariote en colère. “Il ne fallait pas. Tu devais lui dire: "Dévoile-toi. Fais-toi connaître et je te le dirai".” “Mais, depuis quand devons-nous demander cela?!” s’exclame Jean, simple et innocent. “Quant aux autres, on les voit. Celle-là est toute voilée. C’est peut-être une espionne, ou une lépreuse. Elle ne doit pas nous suivre et savoir quoique ce soit. Si c’est une espionne, c’est pour nous faire du mal. Peut-être est-elle payée par le Sanhédrin qui veut qu’elle nous suive…” “Ah! il use de ces procédés, le Sanhédrin?” demande Pierre. “En es-tu sûr?” “Absolument certain. J’ai appartenu au Temple, et je sais.” “Ça par exemple!” commente Pierre. “A lui s’adapte, comme un capuchon, la raison indiquée par le Maître, il y a peu de temps…” “Quelle raison?” Judas est déjà rouge de colère. “C’est que même parmi les prêtres il y a des païens.” “Qu’est-ce que ça rentre avec le fait de payer un espion?” “Ça y entre et comment! Ça y est déjà, au contraire. Pourquoi payent-ils? Pour abattre le Messie et assurer leur triomphe. Ils s’élèvent donc sur l’autel avec leur âme malpropre sous des habits soignés” répond Pierre avec son bon sens populaire. “Bon, en somme” abrège Judas. “Cette femme est un danger pour nous ou pour la foule. Pour la foule si c’est une lépreuse, pour nous si c’est une espionne.” “C’est à dire: pour Lui, tout au plus” réplique Pierre. “Mais, si Lui tombe, nous tombons aussi…” “Ah! Ah!” dit Pierre en riant et il termine: “si on tombe, l’idole tombe en morceaux, on a risqué son temps, sa réputation et peut-être sa peau, et alors ah! ah!… et alors il vaut mieux chercher à empêcher sa chute ou… s’éloigner à temps, n’est-ce pas? Pour moi, au contraire, regarde. Je l’embrasse plus étroitement. S’il tombe, abattu par ceux qui sont traîtres de Dieu, je veux tomber avec Lui” et Pierre, de ses bras courts, enserre étroitement Jésus. “Je ne croyais pas avoir fait tant de mal, Maître” dit tout attristé Jean qui est en face de Jésus. “Frappe-moi, maltraite-moi, mais sauve-Toi. Malheur! si c’étais, moi, la cause de ta mort!… Oh! je ne pourrais plus retrouver la paix. Je sens que mon visage fondrait en larmes et que mes yeux en seraient brûlés. Qu’ai-je jamais fait! Judas a raison: je suis un sot!” “Non, Jean, tu n’es pas sot et tu as bien agi. Laissez-la venir. Toujours. Et respectez son voile. Elle peut l’avoir mis pour se défendre dans une lutte entre le péché et sa soif de rédemption. Savez-vous quelles blessures frappent un être quand cette lutte survient? Connaissez-vous ses pleurs et la rougeur qui lui monte au front? Tu as dit, Jean, cher fils au cœur enfantin et bon, que ton visage se creuserait par l’effet de tes pleurs intarissables si tu avais été pour Moi une cause de mal. Mais sache que lorsqu’une conscience qui s’éveille commence à ronger une chair qui a été péché, pour la détruire et triompher par l’esprit, elle doit forcément consumer tout ce qui a été attraction de la chair, et la créature vieillit, se fane sous l’ardeur de ce feu qui la travaille. Ce n’est qu’après, une fois que la rédemption a son terme, qu’elle se refait une nouvelle, sainte et plus parfaite beauté, car c’est la beauté de l’âme qui affleure du regard, du sourire, de la voix, de l’honnête hauteur du front sur lequel est descendu et resplendit comme un diadème le pardon de Dieu.” “Alors, je n’ai pas mal fait?…” “Non, et Pierre non plus n’a pas mal fait. Laissez-la faire. Et maintenant que chacun aille se reposer. Moi je reste avec Jean et Simon auxquels je dois parler. Allez.” Les disciples se retirent. Peut-être dorment-ils dans la pièce du pressoir d’huile. Je ne sais. Ils s’en vont et sûrement ne rentrent pas à Jérusalem, car les portes sont fermées depuis longtemps. “Tu as dit, Simon, que Lazare t’a envoyé Isaac avec Maximin aujourd’hui, pendant que j’étais près de la Tour de David. Que voulait-il?” “Il voulait te dire que Nicodème est chez lui et qu’il voulait te parler en secret. Je me suis permis de dire: "Qu’il vienne. Le Maître l’attendra pendant la nuit". Tu n’as que la nuit pour être seul. C’est pour cela que je t’ai dit: "Congédie tout le monde, sauf Jean et moi". Jean aura à se rendre au pont du Cédron, pour attendre Nicodème qui se trouve dans une des maisons de Lazare, hors les murs. Moi, j’ai servi à t’expliquer. Ai-je mal fait?” “Tu as bien fait. Va, Jean, prendre ta place.” Simon et Jésus restent seuls. Jésus est pensif. Simon respecte .son silence. Mais Jésus le rompt tout à coup et, comme s’il terminait à haute voix une conversation intérieure, il dit: “Oui, c’est bien d’agir ainsi. Isaac, Élie, les autres suffisent pour garder vivante l’idée qui déjà prend corps parmi les bons et chez les humbles. Pour les puissants… il y a d’autres leviers. Il y a Lazare, Chouza, Joseph, d’autres encore… Mais les puissants… ne veulent pas de Moi. Ils craignent et tremblent pour leur puissance. J’irai loin de ce cœur juif, toujours plus hostile au Christ.” “Nous revenons en Galilée?” “Non, mais loin de Jérusalem. Il faut évangéliser la Judée. C’est aussi Israël. Mais ici, tu le vois… on exploite tout pour m’accuser. Je me retire. C’est pour la seconde fois…” “Maître, voici Nicodème” dit Jean en entrant le premier. On se salue et puis Simon prend Jean avec lui et sort de la cuisine, en laissant les deux seuls. “Maître, pardonne-moi si j’ai voulu te parler en secret. Je me méfie, pour Toi et pour moi, de beaucoup de gens. Ma conduite n’est pas uniquement lâche. Il y a aussi la prudence et le désir de t’aider plus que si je t’appartenais ouvertement. Tu as beaucoup d’ennemis. Je suis du petit nombre de ceux qui, ici t’admirent. J’ai pris conseil de Lazare. Lazare est puissant par sa naissance. On le craint parce qu’il est en faveur près de Rome, juste aux yeux de Dieu, sage par maturité d’esprit et par sa culture. Il est ton véritable ami et mon véritable ami. C’est pour cela que j’ai voulu m’entretenir avec lui et je suis heureux qu’il ait jugé de la même manière que moi. Je lui ai dit les dernières… discussions du Sanhédrin à ton sujet.” “Les dernières accusations. Dis simplement la vérité, toute nue, telle qu’elle est.” “Les dernières accusations. Oui, Maître. J’étais sur le point de dire: "Et bien, moi aussi, je suis des siens", pour qu’au moins, dans cette assemblée, il y eût quelqu’un en ta faveur. Mais Joseph, qui s’était approché de moi, m’a dit tout bas: "Tais-toi. Gardons secrète notre manière de voir. Je te dirai après". Et, à la sortie, il a dit, oui, il a dit: "Il vaut mieux ainsi. S’ils savent que nous sommes disciples, ils nous tiendront à l’écart de leurs pensées et de leurs décisions, et ils peuvent Lui nuire et nous nuire. S’ils pensent que nous sommes simplement intéressés à tout ce que Lui dit, ils n’agiront pas en cachette à notre égard". J’ai compris, qu’il avait raison. Ils sont tellement… mauvais! J’ai encore mes intérêts et mes devoirs… et Joseph aussi… Tu comprends, Maître.” “Je ne vous fais aucune .,réprimande. Avant que tu viennes, je disais cela à Simon. Et j’ai décidé aussi de m’éloigner de Jérusalem.” “Tu nous hais parce que nous ne t’aimons pas!” “Non. Je ne hais pas même mes ennemis.” “Tu le dis. Oui, c’est vrai. Tu as raison. Mais quelle douleur pour moi et Joseph! Et Lazare? Que dira Lazare qui, aujourd’hui même a décidé de te faire dire de quitter ce lieu pour aller dans une de ses propriétés de Sion. Tu sais? Lazare est puissamment riche. Une bonne partie de la ville lui appartient ainsi que beaucoup de terres de la Palestine. Le père, à sa fortune et à celle d’Euchérie de ta tribu et de ta famille, avait ajouté ce qui était une récompense des Romains à leur serviteur fidèle, et avait laissé à ses fils un important héritage. Mais ce qui a plus d’importance, une puissante amitié, bien que voilée, avec Rome. Sans elle, qui aurait sauvé de l’infamie toute sa maison, après la conduite infamante de Marie, son divorce reconnu uniquement parce que c’était "elle", sa vie licencieuse dans cette cité qui est son fief, et à Tibériade, l’élégant lupanar dont Rome et Athènes en ont fait un lieu de galants rendez-vous pour tant de gens du peuple élu? Vraiment, si le syrien Théophile avait été un prosélyte plus convaincu, il n’aurait pas donné à ses enfants cette éducation hellénisante qui tue tant de vertus et sème tant de voluptés. Bue et éliminée sans conséquences fâcheuses par Lazare et spécialement par Marthe, elle a contaminé Marie, qui s’est développée dans sa nature passionnée et a fait d’elle la fange de sa famille et de la Palestine! Non, sans la puissante faveur de Rome qui l’ombrage, plus qu’aux lépreux, on leur aurait envoyé l’anathème. Mais, puisqu’il en est ainsi, profite de la situation.” “Non. Je me retire. Qui me veut, viendra vers Moi.” “J’ai mal fait de parler.” Nicodème est effondré. “Non. Attends et sois-en persuadé.” Jésus ouvre une porte et appelle: “Simon! Jean! Venez vers Moi.” Les deux accourent. “Simon, dis à Nicodème ce que je te disais quand lui est entré.” “Que pour les humbles, il suffisait des bergers, que pour les puissants Lazare, Nicodème et Joseph avec Chouza, et que tu te retirais loin de Jérusalem sans pourtant abandonner la Judée. Voilà ce que tu disais. Pourquoi me le fais-tu répéter? Qu’est ce qui est arrivé?” “Rien. Nicodème craignait que je parte à cause de ses paroles.” “J’ai dit au Maître que le Sanhédrin Lui est de plus en plus hostile et que ce serait bien qu’il se mette sous la protection de Lazare. Il a protégé tes biens parce qu’il a Rome pour lui. Il protégerait aussi Jésus.” “C’est vrai. C’est un bon conseil. Bien que ma caste soit mal vue de Rome, pourtant une parole de Théophile m’a conservé mon avoir durant la proscription et la lèpre. Et Lazare t’est très attaché, Maître.” “Je le sais. Mais j’ai décidé et je fais ce que j’ai décidé.” “Nous allons te perdre, alors!” “Non, Nicodème. Vers le Baptiste viennent des hommes de toutes les sectes. Vers Moi pourront venir des hommes de toutes les sectes et de toutes situations.” “Nous venions à Toi, sachant que tu es plus que Jean.” “Vous pourrez y venir encore. Je serai un rabbi solitaire, comme Jean et je parlerai aux foules désireuses d’entendre la voix de Dieu et capables de croire que je suis cette Voix. Et les autres m’oublieront, si du moins ils en sont capables.” “Maître, tu es triste et déçu. Tu as raison. Tous t’écoutent, et croient en Toi tout juste pour obtenir des miracles. Même un courtisan d’Hérode qui devait forcément avoir corrompu sa bonté naturelle dans cette cour incestueuse, et même encore des soldats romains croient en Toi. Il n’y a que nous de Sion qui sommes si durs… Mais pas tous. Tu le vois… Maître, nous savons que tu es venu de la part de Dieu, son docteur, et un plus grand n’existe pas. Même Gamaliel le dit. Personne ne peut faire les miracles que tu fais, s’il n’a pas Dieu avec lui. Cela, le croient même les savants comme Gamaliel. Comment alors se fait-il que nous ne pouvons avoir la foi que possèdent les petits d’Israël? Oh! dis-le moi exactement. Je ne te trahirai pas même si tu me disais: "J’ai menti pour valoriser mes sages paroles sous un sceau que personne ne peut ridiculiser". Es-tu le Messie du Seigneur? l’Attendu? la Parole du Père, incarnée pour instruire et racheter Israël selon le Pacte?” “Est-ce que toi qui pose la question, ou d’autres t’envoient-ils pour la poser?” “De moi, de moi, Seigneur. J’ai un tourment, ici. Au-dedans de moi. Je subis une bourrasque. Vents opposés et voix qui se contrarient. Pourquoi n’ai-je pas en moi, homme mûr, cette certitude paisible que possède celui-ci, presque analphabète et tout jeune, qui lui met ce sourire sur le visage, cette lumière dans les yeux, ce soleil dans le cœur? Comment crois-tu, Jean, pour être si tranquille? O fils, apprends-moi ton secret, le secret qui te permet de savoir, voir et reconnaître le Messie en Jésus le Nazaréen!” Jean devient rouge comme une fraise, puis il baisse la tête comme pour s’excuser de dire une chose si grande, et il répond simplement: “C’est en aimant.” “En aimant! Et toi, Simon, homme probe et au seuil de la vieillesse, toi qui es instruit et tellement éprouvé que tu es poussé à craindre partout la fourberie?” “En méditant.” “En aimant! En méditant! Moi aussi, j’aime et je médite et je n’ai pas encore acquis la certitude!” .Jésus l’interrompt en disant: “Moi, je vais te dire le vrai secret. Ceux-ci ont su renaître, avec un esprit nouveau, libre de toute chaîne, vierge de toute idée. Et c’est ainsi qu’ils ont compris Dieu. Si quelqu’un ne renaît pas, il ne peut voir le royaume de Dieu, ni croire en son Roi.” “Comment quelqu’un peut-il renaître s’il est déjà adulte? Une fois sorti du sein maternel, l’homme ne peut jamais plus y rentrer. Tu fais peut-être allusion à la réincarnation à laquelle croient beaucoup de païens? Mais, non. Tu ne peux pas supposer cela. Et puis, ce ne serait pas rentrer dans le sein, mais reprendre une chair hors du temps. Par conséquent il ne s’agit pas de renaître maintenant. Comment? Comment?” “Il n’y a qu’une seule existence pour la chair sur la terre et une seule vie éternelle de l’esprit au-delà. Maintenant, je ne parle pas de la chair et du sang. Je parle de l’esprit immortel qui, par l’intermédiaire de deux choses, renaît à la vie: par l’eau et par l’Esprit. Mais la plus grande, c’est l’Esprit sans lequel l’eau n’est qu’un symbole. Qui s’est lavé avec l’eau doit se purifier ensuite avec l’Esprit et avec Lui s’allumer et resplendir, s’il veut vivre dans le sein de Dieu ici et dans l’Éternel Royaume. Car ce qui est engendré par la chair, est, et reste chair, et meurt après l’avoir servie dans ses désirs et ses péchés. Mais, ce qui est engendré par l’Esprit est esprit, et vit en revenant à l’Esprit qui l’a engendré, après l’avoir fait monter à l’âge parfait. Le Royaume des Cieux ne sera habité que par des êtres parvenus à l’âge parfait de l’esprit. Ne t’étonne donc pas si je dis: "Il faut que vous naissiez de nouveau". Ceux-ci ont su renaître. Le jeune a tué la chair et fait renaître l’esprit, en plaçant son moi sur le bûcher de l’amour. Tout a été brûlé de ce qui était matière. Des cendres surgit sa nouvelle fleur spirituelle, hélianthe merveilleux qui sait se tourner vers le Soleil Éternel. Le vieux a mis la hache d’une honnête méditation aux pieds de sa vieille pensée, et a déraciné le vieil arbre en laissant seulement le bourgeon de la bonne volonté, d’où il a fait naître sa nouvelle pensée. Maintenant, il aime Dieu avec un esprit nouveau et il Le voit. Chacun a sa méthode pour parvenir au port. N’importe quel vent convient pour celui qui sait se servir de la voile. Vous entendez souffler le vent et, sur sa direction, vous pouvez vous baser pour diriger la manœuvre. Mais, vous ne pouvez dire d’où il vient, ni appeler celui qu’il vous faut. L’Esprit aussi appelle, Il arrive en appelant et Il passe. Mais seul celui qui est attentif peut le suivre. Le fils connaît la voix du père et il connaît la voix de l’Esprit, l’esprit qui a été engendré par Lui.” “Comment cela peut-il se faire?” “Toi, maître en Israël, tu me le demandes? Tu ignores ces choses? On parle et on rend témoignage de ce qu’on sait et de ce qu’on a vu. Or donc, je parle et je témoigne ce que je sais. Comment pourras-tu jamais accepter les choses que tu n’as pas vues, si tu n’acceptes pas le témoignage que je t’apporte? Comment pourras-tu croire à l’Esprit, si tu ne crois pas à la Parole Incarnée? Je suis descendu pour remonter et emporter avec Moi ceux qui sont ici-bas. Un seul est descendu du Ciel: le Fils de l’Homme. Et un seul montera au Ciel avec le pouvoir d’ouvrir le Ciel: Moi, Fils de l’Homme. Rappelle-toi Moïse. Il éleva un serpent dans le désert pour guérir ceux qui étaient malades en Israël. Quand je serai élevé, ceux, que maintenant la fièvre de la faute rend aveugles, sourds, muets, fous, lépreux, malades, seront guéris, et quiconque croira en Moi aura la vie éternelle. Même ceux qui auront cru en Moi, auront cette heureuse vie. Ne baisse pas le front, Nicodème. Je suis venu pour sauver, non pas pour perdre. Dieu n’a pas envoyé son Fils Unique dans le monde pour que ceux qui l’habitent soient condamnés, mais pour que le monde soit sauvé par Lui. Dans le monde, j’ai trouvé tous les péchés, toutes les hérésies, toutes les idolâtries. Mais l’hirondelle qui rapidement vole au-dessus de la poussière peut-elle souiller son plumage? Non. Elle n’apporte sur les tristes chemins de la terre qu’une virgule d’azur, une odeur de ciel. Elle lance un appel pour secouer les hommes, pour faire élever leurs regards au-dessus de la boue et faire suivre son vol qui revient vers le ciel. Il en est ainsi de Moi. Je viens pour vous emmener avec Moi. Venez!… Celui qui croit au Fils Unique n’est pas jugé. Il est déjà sauvé, car ce Fils parle au Père et dit: "Celui-ci m’aime". Mais, celui qui ne croit pas, il est inutile qu’il fasse des œuvres saintes. Il est déjà jugé car il n’a pas cru au nom du Fils Unique de Dieu. Quel est mon Nom, Nicodème?” “Jésus.” “Non. Sauveur. Je suis le Salut. Celui qui ne me croit pas, refuse son salut, il est déjà jugé par la Justice Éternelle. Et voici ce jugement: "La Lumière t’avait été envoyée, à toi, et au monde, pour être pour vous le salut, mais toi et les autres hommes avez préféré les ténèbres à la lumière, parce que vous préfériez les œuvres mauvaises auxquelles vous étiez habitués, aux bonnes œuvres que Lui vous indiquait auxquelles il fallait s’y attacher pour devenir saints". Vous avez haï la Lumière parce que les malfaiteurs aiment les ténèbres pour commettre leurs crimes, et vous avez fui la Lumière pour qu’elle ne vous révèle pas vos plaies cachées. Ce n’est pas spécialement à toi que je m’adresse, Nicodème. Mais c’est là la vérité. Et la punition sera en proportion de la condamnation, pour l’individu et pour la collectivité. Quant à ceux qui m’aiment et mettent en pratique les vérités que j’enseigne, en naissant donc une seconde fois par une naissance plus réelle, je dis qu’ils ne craignent pas la lumière mais au contraire qu’ils s’en approchent, car cette lumière augmente celle par laquelle ils ont été primitivement éclairés. C’est une gloire réciproque qui rend Dieu heureux en ses fils et à leur tour heureux eux aussi en leur Père. Non, les fils de la Lumière ne craignent pas d’être illuminés. Mais, au contraire, en leur cœur et par leurs œuvres, ils disent: "Non pas moi: mais Lui le Père, Lui le Fils, Lui l’Esprit ont accompli le bien en moi. À eux gloire dans l’éternité". Et du Ciel l’éternel chant des Trois qui s’aiment répond dans leur parfaite Unité: "A toi, bénédiction pour l’éternité, vrai fils de notre volonté". Jean, rappelle-toi ces paroles pour quand ce sera l’heure de les écrire. Nicodème, es-tu convaincu?” “Maître… oui. Quand pourrai-je te parler encore?” “Lazare saura où te conduire. J’irai chez lui avant de m’éloigner d’ici.” “Je m’en vais, Maître. Bénis ton serviteur.” “Que ma paix soit avec toi.” Nicodème sort avec Jean. Jésus se tourne vers Simon: “Vois-tu l’œuvre de la puissance des Ténèbres? Comme une araignée, elle tend son piège, englue et emprisonne celui qui ne sait pas mourir pour renaître papillon, assez fort pour déchirer la toile ténébreuse et passer outre, emportant en souvenir de sa victoire des lambeaux de la toile tout éclairés sur ses ailes d’or, comme des oriflammes et des étendards pris à l’ennemi. Mourir pour vivre. Mourir pour vous donner la force de mourir. Viens Simon te reposer, et que Dieu soit avec toi.” Tout prend fin.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 4 juin 2017, Pentecôte, solennité

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 20,19-23.
Ce même soir, le premier jour de la semaine, les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d'eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l'Esprit Saint.Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 10, Ch 13, p 65 - CD 10, piste 23 -
Ils sont rassemblés au Cénacle. La soirée doit être bien avancée car aucun bruit ne vient plus de la rue ni de la maison. Je pense que ceux aussi qui étaient venus avant se sont tous retirés ou dans leurs propres maisons ou pour dormir, fatigués par tant d'émotions.Les dix de leur côté, après avoir mangé des poissons, dont il reste encore quelques-uns sur un plateau posé sur la crédence, sont en train de parler sous la lumière d'une seule flamme du lampadaire la plus proche de la table. Ils y sont encore assis autour et ils ont des conversations morcelées. Ce sont presque des monologues car il semble que chacun, plutôt qu'avec son compagnon, parle avec lui-même. Et les autres le laissent parler, en parlant peut-être à leur tour de toute autre chose. Pourtant ces conversations décousues, qui donnent l'impression des rayons d'une roue démontée, on sent qu'elles se rapportent à un seul sujet qui en est le centre bien qu'ainsi éparpillées, et que c'est Jésus.“Je ne voudrais pas que Lazare ait mal entendu et que les femmes aient compris mieux que lui…” dit Jude d'Alphée.“A quelle heure la romaine dit-elle l'avoir vu?” demande Mathieu.Personne ne lui répond.“Demain je vais à Capharnaüm” dit André.“Quelle merveille! Agir de telle façon que ce soit juste à ce moment-là que sort la litière de Claudia!” dit Barthélemy.“Nous avons mal fait, Pierre, de nous éloigner tout de suite ce matin… Si nous étions restés nous l'aurions vu comme la Magdeleine” dit Jean en soupirant.“Moi, je ne comprends pas comment il peut être à Emmaüs et en même temps dans le palais. Et être ici, chez sa Mère, et en mêmetemps chez la Magdeleine et chez Jeanne…” se dit à lui-même Jacques de Zébédée.“Il ne viendra pas. Je n'ai pas suffisamment pleuré pour le mériter… Il a raison. Je dis qu'il me fait attendre pendant trois jours à cause de mes trois reniements. Mais comment, comment ai-je pu faire cela?”“Comme il était transfiguré, Lazare! Je vous dis qu'il paraissait, lui, un soleil. Je pense qu'il lui est arrivé comme à Moïse après avoir vu Dieu. Et tout de suite - n'est-ce pas, vous qui étiez là? -tout de suite après avoir offert sa vie!” dit le Zélote.Personne ne l'écoute.Jacques d'Alphée se tourne vers Jean et dit: “Comment a-t-il dit à ceux d'Emmaüs? Il me semble qu'il nous a excusé, n'est-ce pas? N'a-t-il pas dit que tout est arrivé à cause de notre erreur d'israélites sur la façon de comprendre son Royaume?”Jean ne l'écoute pas. Il se tourne pour regarder Philippe et dit à l'air… car il ne parle pas à Philippe: “Pour moi, il me suffit de savoir qu'il est ressuscité. Et puis… Et puis que mon amour soit toujours plus fort. Vous avez vu, hein! Si vous regardez de près il est allé en proportion de l'amour que nous avons eu: la Mère, Marie-Magdeleine, les enfants, ma mère et la tienne, et puis Lazare et Marthe… Quand à Marthe? Je dis quand elle a entonné le psaume de David: "Le Seigneur est mon berger. Il ne me manquera rien. Il m'a mis dans un lieu d'abondants pâturages. Il m'a conduit aux eaux qui désaltèrent. Il a appelé mon âme à Lui…" Tu te souviens comment elle nous a fait sursauter avec ce chant inattendu? Et ces paroles sont en relation avec ce qu'elle a dit: "Il a appelé mon âme à Lui". En effet Marthe semble avoir retrouvé sa route… Avant elle était égarée, elle, la courageuse! Peut-être qu'en l'appelant il lui a dit l'endroit où il la veut. C'est même certain, car s'il lui a donné rendez-vous il doit savoir où elle sera. Qu'aura-t-il voulu dire en disant: "l'accomplissement des noces"?”Philippe, qui l'a regardé un moment et puis l'a laissé monologuer, dit en gémissant: “Moi je ne saurai pas quoi Lui dire s'il vient… Je me suis enfui… et je sens que je vais fuir. D'abord, c'était par peur des hommes. Maintenant, c'est par peur de Lui.”“Tous disent qu'il est très beau. Peut-il jamais être plus beau qu'il ne l'était déjà?” se demande Barthélemy.“Moi, je Lui dirai: "Tu m'as pardonné sans me parler quand j'étais publicain. Pardonne-moi aussi maintenant par ton silence car ma lâcheté ne mérite pas que tu me parles"“ dit Mathieu.“Longin dit qu'il s'est demandé: "Dois-je Lui demander de guérir ou de croire"? Mais son cœur a dit: "De croire" et alors la Voix a dit: "Viens à Moi" et il a senti la volonté de croire et en même temps la guérison. C'est exactement ce qu'il m'a dit” affirme Jude d'Alphée.“Moi, je suis toujours arrêté à la pensée que Lazare a été récompensé tout de suite à cause de son offrande… J'ai dit, moi aussi: "Ma vie pour ta gloire". Mais il n'est pas venu” dit en soupirant le Zélote.“Que dis-tu, Simon? Toi qui es cultivé, dis-moi: que dois-je Lui dire pour Lui faire comprendre que je l'aime et que je Lui demande pardon? Et toi, Jean? Tu as parlé beaucoup avec la Mère, aide-moi. Ce n'est pas de la pitié de laisser seul le pauvre Pierre!”Jean est ému de compassion pour son compagnon humilié et il dit: “Mais… mais moi, je Lui dirais simplement: "Je t'aime". Dans l'amour est compris aussi le désir du pardon et le repentir. Pourtant… je ne sais pas. Simon, que dis-tu?”Et le Zélote: “Moi je dirais ce qui était le cri des miraculés: "Jésus, aie pitié de moi!". Je dirais: "Jésus" et c'est tout, car il est bien plus que le Fils de David!”“C'est bien ce que je pense et ce qui me fait trembler. Oh! je me cacherai la tête… Ce matin aussi j'avais peur de le voir et…”“… et puis tu es entré le premier. Mais ne crains pas ainsi. On dirait que tu ne le connais pas” lui dit Jean pour l'encourager.La pièce s'illumine vivement comme par un éclair éblouissant. Les apôtres se cachent le visage, craignant que ce soit la foudre, mais ils n'entendent pas de bruit et ils lèvent la tête.Jésus est au milieu de la pièce, près de la table. Il ouvre les bras en disant: “La Paix soit avec vous.”Personne ne répond. Les uns sont plus pâles, d'autres plus rouges, ils le fixent tous, craintifs et suggestionnés, fascinés et en même temps comme pris par le désir de fuir.Jésus fait un pas en avant en souriant davantage. “Mais ne craignez pas ainsi! C'est Moi. Pourquoi êtes-vous ainsi troublés? Ne me désiriez-vous pas? Ne vous avais-je pas fait dire que je serais venu? Ne vous l'avais-je pas dit dès le soir de Pâque?”Personne n'ose parler. Pierre pleure déjà et Jean sourit déjà pendant que les deux cousins, les yeux brillants et remuant les lèvres sans réussir à parler, semblent deux statues représentant le désir.“Pourquoi avez-vous dans vos cœurs des pensées si opposées entre le doute et la foi, entre l'amour et la crainte? Pourquoi voulez-vous être encore chair et non pas esprit, et avec celui-ci seulement, voir, comprendre, juger, agir? Sous la flamme de la douleur ne s'est-il pas brûlé entièrement le vieux moi et n'a-t-il pas surgi le nouveau moi d'une vie nouvelle? Je suis Jésus. Votre Jésus ressuscité, comme il vous l'avait dit. Regardez. Toi qui as vu mes blessures et vous qui ignorez ma torture. Car ce que vous savez est bien différent de la connaissance exacte qu'en a Jean. Viens, toi, le premier. Tu es déjà tout à fait pur, si pur que tu peux me toucher sans crainte. L'amour, l'obéissance, la fidélité t'avaient déjà rendu pur. Mon Sang, dont tu as été tout inondé quand tu m'as déposé de la Croix, a fini de te purifier. Regarde. Ce sont de vraies mains et de vraies blessures. Observe mes pieds. Vois comment cette marque est celle du clou? Oui, c'est vraiment Moi et non pas un fantôme. Touchez-moi. Les spectres n'ont pas de corps. Moi, j'ai une vraie chair sur un vrai squelette.” Il met sa main sur la tête de Jean qui a osé aller près de Lui: “Tu sens? Elle est chaude et lourde.” Il lui souffle sur le visage: “Et ceci c'est la respiration.”“Oh! mon Seigneur!” Jean murmure doucement, ainsi…“Oui, votre Seigneur. Jean, ne pleure pas de crainte et de désir. Viens vers Moi. Je suis toujours Celui qui t'aime. Assoyons-nous, comme toujours, à la table. N'avez-vous rien à manger? Donnez-le moi donc.”André et Mathieu, avec des mouvements de somnambules, prennent sur les crédences les pains et les poissons, et un plateau avec un rayon de miel à peine entamé dans un coin.Jésus offre la nourriture et mange et il donne à chacun un peu de ce qu'il mange. Et il les regarde, si bon mais si majestueux, qu'ils en sont paralysés.Le premier qui ose parler c'est Jacques, frère de Jean: “Pourquoi nous regardes-tu ainsi?”“Parce que je veux vous connaître.”“Tu ne nous connais pas encore?”“Comme vous ne me connaissez pas. Si vous me connaissiez, vous sauriez qui je suis et vous trouveriez les mots pour me dire votre tourment. Vous vous taisez, comme en face d'un étranger puissant que vous craignez. Tout à l'heure vous parliez… Cela fait presque quatre jours que vous vous parlez à vous-mêmes en disant: "Je Lui dirai ceci…" en disant à mon Esprit: "Reviens, Seigneur, que je puisse te dire ceci". Maintenant je suis venu et vous vous taisez? Suis-je tellement changé que je ne vous paraisse plus Moi? Ou bien êtes-vous tellement changés que vous ne m'aimez plus?”Jean, assis près de son Jésus, fait son acte habituel de mettre la tête sur sa poitrine en murmurant: “Moi je t'aime, mon Dieu” mais il se raidit pour s'interdire cet abandon par respect pour le resplendissant Fils de Dieu. En effet Jésus semble dégager une lumière tout en étant d'une Chair semblable à la nôtre. Mais Jésus l'attire sur son Cœur et alors Jean ouvre les digues à ses pleurs bienheureux.C'est le signal pour tous de le faire.Pierre, deux places après Jean, glisse entre la table et son siège et il pleure en criant: “Pardon, pardon! Enlève-moi de cet enfer où je suis depuis tant d'heures. Dis-moi que tu as vu mon erreur pour ce qu'elle a été. Pas de l'esprit, mais de la chair qui a dominé le cœur. Dis-moi que tu as vu mon repentir… Il durera jusqu'à la mort. Mais Toi… mais Toi dis-moi que comme Jésus je ne dois pas te craindre… et moi, et moi je chercherai de faire si bien que je me ferai pardonner même par Dieu… et mourir… ayant seulement un grand purgatoire à faire.”“Viens ici, Simon de Jonas.”“J'ai peur.”“Viens ici. Ne sois pas plus lâche.”“Je ne mérite pas de venir près de Toi.”“Viens ici. Que t'a dit la Mère? "Si tu ne le regardes pas sur ce suaire, tu n'auras pas le courage de le regarder jamais plus". Oh! homme sot! Ce Visage ne t'a-t-il pas dit, par son regard douloureux, que je te comprenais et que je te pardonnais? Et pourtant je l'ai donné ce linge, pour réconfort, pour guide, pour absolution, pour bénédiction… Mais que vous a fait Satan pour vous aveugler à ce point? Maintenant Moi, je te dis: si tu ne me regardes pas maintenant que sur ma gloire j'ai encore étendu un voile pour me mettre à la portée de votre faiblesse, tu ne pourras jamais plus venir sans peur à ton Seigneur. Et que t'arrivera-t-il alors? Tu as péché par présomption. Veux-tu maintenant pécher de nouveau par obstination? Viens, te dis-je.”Pierre se traîne sur ses genoux, entre la table et les sièges, avec les mains sur son visage en pleurs. Jésus l'arrête, quand il est à ses pieds, en lui mettant la main sur la tête. Pierre, en pleurant plus fort, prend cette main et la baise dans un vrai sanglot sans frein. Il ne sait dire que: “Pardon! Pardon!”Jésus se dégage de son étreinte et, en faisant levier de sa main sous le menton de l'apôtre, il l'oblige à lever la tête et fixe ses yeux rougis, brûlés, déchirés par le repentir avec ses yeux brillants et sereins. Il semble vouloir lui transpercer l'âme, puis il dit: “Allons. Enlève l'opprobre de Judas. Baise-moi où il m'a baisé. Lave, avec ton baiser, la marque de la trahison.”Pierre lève la tête pendant que Jésus se penche encore davantage, et il effleure sa joue… puis il incline la tête sur les genoux de Jésus, et il reste ainsi… comme un vieil enfant qui a fait du mal, mais qui est pardonné.Les autres, maintenant qu'ils voient la bonté de leur Jésus, retrouvent un peu de hardiesse et ils s'approchent comme ils peuvent.Viennent d'abord ses cousins… Ils voudraient dire tant de choses et n'arrivent à rien dire. Jésus les caresse et leur donne du courage par son sourire.Mathieu vient avec André. Mathieu en disant: “Comme à Capharnaüm…” et André: “Moi, moi… je t'aime, moi.”Barthélemy vient en gémissant: “Je n'ai pas été sage, mais sot. Lui est sage” et il montre le Zélote auquel Jésus sourit déjà.Jacques de Zébédée vient et murmure à Jean: “Dis-le-lui, toi…” Jésus se tourne et dit: “Tu l'as dit depuis quatre soirs et depuis autant de temps j'ai eu de la compassion pour toi.”Philippe, en dernier lieu, vient tout courbé, mais Jésus le force à lever la tête et lui dit: “Pour prêcher le Christ, il faut davantage de courage.”Maintenant ils sont tous autour de Jésus. Ils s'enhardissent tout doucement. Ils retrouvent ce qu'ils ont perdu ou craint d'avoir perdu pour toujours. Affleurent de nouveau la confiance, la tranquillité et, bien que Jésus soit si majestueux qu'il tient ses apôtres dans un respect nouveau, ils trouvent finalement le courage de parler.C'est son cousin Jacques qui dit en soupirant: “Pourquoi nous as-tu fait cela, Seigneur? Tu savais que nous ne sommes rien et que toute chose vient de Dieu. Pourquoi ne nous as-tu pas donné la force d'être à tes côtés?”Jésus le regarde et sourit.“Maintenant tout est arrivé. Et tu ne dois plus rien souffrir, mais ne me demande plus cette obéissance. Chaque heure m'a vieilli d'un lustre et tes souffrances que l'amour et Satan augmentaient également, dans mon imagination, de cinq fois ce qu'elles ont été, ont vraiment consumé toutes mes forces. Il ne m'est resté rien d'autre pour continuer à obéir que de tenir, comme quelqu'un qui se noie avec les mains blessées, ma force avec la volonté comme des dents qui serrent une planche, pour ne pas périr… Oh! ne demande plus cela à ton lépreux!”Jésus regarde Simon le Zélote et sourit.“Seigneur, tu sais ce que voulait mon cœur. Mais, ensuite, je n'ai plus eu de cœur… comme s'ils me l'avaient arraché les gredins qui t'ont pris… et il m'est resté un trou d'où fuyaient toutes mes pensées antérieures. Pourquoi as-tu permis cela, Seigneur?” demande André.“Moi… tu parles de cœur? Moi je dis que j'ai été quelqu'un qui n'a plus de raison, comme quelqu'un qui reçoit un coup de massue sur la nuque. Quand la nuit venue je me suis trouvé à Jéricho… Oh! Dieu! Dieu!… Mais un homme peut-il périr ainsi? Je crois que c'est ainsi la possession. Maintenant je comprends ce qu'est cette chose redoutable!…” Philippe écarquille encore les yeux en se rappelant sa souffrance.“Tu as raison, Philippe. Moi je regardais en arrière. Je suis âgé et non dépourvu de sagesse, et je ne savais plus rien de ce que j'avais su jusqu'à cette heure. Je regardais Lazare, si déchiré mais si sûr, et je me disais: "Comment peut-il se faire que lui sache encore trouver une raison et moi plus rien?"“ dit Barthélemy.“Moi aussi, je regardais Lazare. Et, puisque je sais à peine ce que tu nous as expliqué, je ne pensais pas au savoir, mais je disais: "Si au moins j'avais le même cœur!" Au contraire je n'avais que douleur, douleur, douleur. Lazare avait la douleur et la paix… Pourquoi tant de paix pour lui?”Jésus regarde tour à tour d'abord Philippe, puis Barthélemy, puis Jacques de Zébédée. Il sourit et se tait.Jude dit: “Moi j'espérais arriver à voir ce que certainement Lazare voyait. Aussi je restais toujours près de lui… Son visage!… Un miroir. Un peu avant le tremblement de terre de Vendredi il était comme quelqu'un qui meurt broyé, et puis il devint tout d'un coup majestueux dans sa douleur. Vous rappelez-vous quand il dit: "Le devoir accompli donne la paix"? Nous crûmes nous tous que c'était seulement un reproche pour nous ou une approbation pour lui-même. Maintenant je pense qu'il le disait pour Toi. C'était un phare dans nos ténèbres Lazare. Combien tu lui as donné, Seigneur!”Jésus sourit et se tait.“Oui. La vie. Et peut-être avec elle tu lui as donné une âme différente. Pourquoi, enfin, lui est-il différent de nous? En effet, il n'est plus un homme. Il est déjà quelque chose de plus qu'un homme et, à cause de ce qu'il était dans le passé, il aurait dû être encore moins parfait d'esprit que nous. Mais lui s'est fait, et nous… Seigneur, mon amour a été vide comme certains épis. Il n'a donné que de la balle” dit André.Et Mathieu: “Moi, je ne puis rien demander. Car j'ai déjà tant eu avec, ma conversion. Mais, oui! J'aurais voulu avoir ce qu'a eu Lazare. Une âme donnée par Toi, car je pense moi aussi comme André…”“La Magdeleine et Marthe ont été aussi des phares. Serait-ce la race. Vous ne les avez pas vues. L'une était pitié et silence. L'autre! Oh! si nous avons été tous un faisceau autour de la Bénie, c'est parce que Marie de Magdala nous a groupés par les flammes de son courageux amour. Oui, j'ai dit: la race. Mais je dois dire: l'amour. Ils nous ont dépassés en fait d'amour. C'est pour cela qu'ils ont été ce qu'ils ont été” dit Jean.Jésus sourit et continue de se taire.“Ils en ont été grandement récompensés pourtant…”“C'est à eux que tu es apparu.”“A tous les trois.”“A Marie, tout de suite après ta Mère…”Il est visible que les apôtres ont un regret pour ces apparitions privilégiées.“Marie te sait ressuscité depuis déjà tant d'heures. Et nous, c'est seulement maintenant que nous pouvons te voir…”“Il n'y a plus de doutes en elles. En nous, au contraire, voilà… c'est seulement maintenant que nous sentons que rien n'est fini. Pourquoi à elles, Seigneur, si tu nous aimes encore et si tu ne nous repousses pas?” demande Jude d'Alphée.“Oui. Pourquoi aux femmes, et en particulier à Marie? Tu as même touché son front et elle dit qu'il lui semble porter une couronne éternelle. Et à nous, tes apôtres, rien…”Jésus ne sourit plus. Son visage n'est pas troublé, mais il ne sourit plus. Il regarde sérieusement Pierre qui a parlé le dernier, reprenant de la hardiesse à mesure que sa peur se dissipe, et il dit: “J'avais douze apôtres. Et je les aimais de tout mon Cœur. Je les avais choisis, et comme une mère j'avais pris soin de les faire grandir dans ma Vie. Je n'avais pas de secrets pour eux. Je leur disais tout, je leur expliquais tout, je leur pardonnais tout. Leurs idées humaines, leurs étourderies, leurs entêtements… tout. Et j'avais des disciples. Des disciples riches et des pauvres. J'avais des femmes au passé ténébreux ou de faible constitution. Mais les préférés, c'était les apôtres.Mon heure est venue. L'un m'a trahi et livré aux bourreaux. Trois ont dormi pendant que je suais du sang. Tous, sauf deux, ont fui par lâcheté. Un m'a renié par peur bien qu'il eût l'exemple de l'autre, jeune et fidèle. Et, comme si cela ne suffisait pas, j'ai eu parmi les douze le suicide d'un désespéré et un qui a tant douté de mon pardon qu'il n'a cru que difficilement, et grâce à la parole maternelle, à la Miséricorde de Dieu. En sorte que si j'avais regardé ma troupe, et si j'avais attaché sur elle un regard humain, j'aurais dû dire: "A part Jean, fidèle par amour, et Simon, fidèle à l'obéissance, je n'ai plus d'apôtres". C'est cela que j'aurais dû dire pendant que je souffrais dans l'enceinte du Temple, au Prétoire, dans les rues et sur la Croix.J'avais des femmes… L'une d'elles, la plus coupable dans le passé, a été, comme Jean l'a dit, la flamme qui a soudé les fibres brisées des cœurs. Cette femme c'est Marie de Magdala. Tu m'as renié et tu as fui. Elle a bravé la mort pour rester près de Moi. Insultée, elle a découvert son visage, prête à recevoir les crachats et les gifles en pensant qu'elle ressemblait ainsi davantage à son Roi crucifié. Méprisée, au fond des cœurs, à cause de sa foi tenace en ma Résurrection, elle a su continuer à croire. Déchirée, elle a agi. Désolée, ce matin, elle a dit: "Je me dépouille de tout, mais donnez-moi mon Maître". Peux-tu encore demander: "Pourquoi à elle?"J'avais des disciples pauvres, des bergers. Je les ai peu approchés, et pourtant comme ils ont su me confesser par leur fidélité!J'avais des disciples timides, comme toutes les femmes de ce pays. Et pourtant elles ont su quitter leurs maisons et venir dans la marée d'un peuple qui me blasphémait, pour me donner le secours que mes apôtres m'avaient refusé.J'avais des païennes qui admiraient le "philosophe". J'étais cela pour elles. Mais elles ont su s'abaisser aux usages hébreux, les puissantes romaines, pour me dire, à l'heure de l'abandon d'un monde ingrat: "Nous sommes pour Toi des amies".J'avais le visage couvert de crachats et de sang. Les larmes et la sueur coulaient sur mes blessures. La saleté et la poussière m'incrustaient la peau. Quelle est la main qui m'a essuyé? La tienne? Ou la tienne? Ou la tienne? Aucune de vos mains. Celui-ci était près de la Mère. Celui-ci rassemblait les brebis dispersées. Vous. Et si mes brebis étaient dispersées comment pouvaient-elles me donner du secours? Tu cachais ton visage par peur du mépris du monde pendant que ton Maître était couvert par le mépris de tout le monde, Lui qui était innocent.J'avais soif. Oui. Sache aussi cela. Je mourais de soif. Je n'avais plus que fièvre et douleur. Le Sang avait déjà coulé au Gethsémani, tiré par la douleur d'être trahi, abandonné, renié, frappé, submergé par le nombre infini des fautes et par la rigueur de Dieu. Et il avait coulé au Prétoire… Qui a pensé à me donner une goutte pour mon gosier brûlé? Une main d'Israël? Non. La pitié d'un païen. La même main qui, par un décret éternel, m'ouvrit la poitrine pour montrer que mon Cœur avait déjà une blessure mortelle, et c'était celle que l'absence d'amour, la lâcheté, la trahison, m'avaient faite. Un païen. Je vous le rappelle: "J'ai eu soif et tu m'as donné à boire". Il n'y en eut pas un pour me réconforter dans tout Israël. Ou par impossibilité de le faire, comme la Mère et les femmes fidèles, ou par mauvaise volonté. Et un païen trouva pour l'inconnu la pitié que mon peuple m'avait refusée. Il trouvera au Ciel la gorgée qu'il m'a donnée.En vérité, je vous le dis: j'ai refusé tout réconfort, car quand on est Victime, il ne faut pas adoucir son sort, mais je n'ai pas voulu repousser le païen dans l'offrande duquel j'ai goûté le miel de tout l'amour qui me sera donné par les gentils pour compenser l'amertume que m'a donnée Israël. Il ne m'a pas enlevé la soif. Mais le découragement, oui. C'est pour cela que j'ai pris cette gorgée ignorée. Pour attirer à Moi celui qui déjà penchait vers le Bien. Que le Père le bénisse pour sa pitié!Vous ne parlez plus? Pourquoi ne me demandez-vous pas encore pourquoi j'ai agi ainsi? Vous n'osez pas le demander? Je vais vous le dire. Je vais tout vous dire des pourquoi de cette heure.Qui êtes-vous? Mes continuateurs. Oui. Vous l'êtes malgré votre égarement. Que devez-vous faire? Convertir le monde au Christ. Convertir! C'est la chose la plus difficile et la plus délicate, mes amis. Le dédain, le dégoût, l'orgueil, le zèle exagéré sont tous très nuisibles pour réussir. Mais comme rien ni personne ne vous auraient amené à la bonté, à la condescendance, à la charité, pour ceux qui sont dans les ténèbres, il a été nécessaire - vous comprenez? - il a été nécessaire que vous ayez, une bonne fois, brisé votre orgueil d'hébreux, de mâles, d'apôtres, pour faire place à la vraie sagesse de votre ministère, à la douceur, à la pitié, à l'amour sans arrogance ni dégoût.Vous voyez que tous vous ont surpassé dans la foi et dans l'action parmi ceux que vous regardiez avec mépris ou une compassion orgueilleuse. Tous. Et l'ancienne pécheresse. Et Lazare, trempé d'une culture profane, le premier qui a pardonné et guidé en mon Nom. Et les femmes païennes. Et la faible épouse de Chouza. Faible? En réalité, elle vous surpasse tous! Première martyre de ma foi. Et les soldats de Rome. Et les bergers. Et l'hérodien Manaën. Et jusqu'au rabbin Gamaliel. Ne sursaute pas, Jean. Crois-tu que mon Esprit était dans les ténèbres? Tous. Et cela pour que demain, en vous rappelant votre erreur, vous ne fermiez pas votre cœur à ceux qui viennent à la Croix.Je vous le dis. Et déjà je sais que, bien que je vous le dise, vous ne le ferez que quand la Force du Seigneur vous pliera comme des brindilles à ma Volonté, qui est d'avoir des chrétiens de toute la Terre. J'ai vaincu la Mort, mais elle est moins dure que le vieil hébraïsme. Mais je vous plierai.Toi, Pierre, au lieu de rester en pleurs et humilié, toi qui dois être la Pierre de mon Église, grave ces amères vérités dans ton cœur. La myrrhe sert à préserver de la corruption. Imprègne-toi donc de myrrhe. Et quand tu voudras fermer ton cœur et l'Église à quelqu'un d'une autre foi, rappelle-toi que ce n'est pas Israël, pas Israël, pas Israël, mais Rome qui m'a défendu et a voulu avoir pitié. Rappelle-toi que ce n'est pas toi, mais une pécheresse qui a su rester au pied de la Croix et a mérité de me voir la première. Et pour ne pas mériter le blâme sois l'imitateur de ton Dieu. Ouvre ton cœur et l'Église en disant: "Moi, le pauvre Pierre, je ne puis mépriser car si je méprise je serai méprisé par Dieu et mon erreur redeviendra vivante à ses yeux". Malheur si je ne t'avais pas brisé ainsi! Ce n'est pas un berger mais un loup que tu serais devenu.”Jésus se lève avec la plus grande majesté.“Mes fils, je vous parlerai encore pendant le temps que je resterai parmi vous. Mais pour l'instant je vous absous et vous pardonne. Après l'épreuve qui, si elle a été humiliante et cruelle, a été aussi salutaire et nécessaire, que vienne en vous la paix du pardon. Et avec elle dans vos cœurs redevenez mes amis fidèles et courageux. Le Père m'a envoyé dans le monde. Je vous envoie dans le monde pour continuer mon évangélisation. Des misères de toutes sortes viendront à vous pour vous demander du soulagement. Soyez bons en pensant à votre misère quand vous êtes restés sans votre Jésus. Soyez éclairés. Dans les ténèbres, il n'est pas permis de voir. Soyez purs pour donner la pureté. Soyez amour pour aimer. Puis viendra Celui qui est Lumière, Purification et Amour. Mais, en attendant, pour vous préparer à ce ministère, je vous communique l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez leurs péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. Que votre expérience vous rende justes pour juger. Que l'Esprit Saint vous rende saints pour sanctifier. Que la volonté sincère de surmonter votre manque vous rende héroïques pour la vie qui vous attend. Ce que j'ai encore à dire, je vous le dirai quand l'absent sera revenu. Priez pour lui. Restez dans ma paix et sans agitation de doute sur mon amour.”Et Jésus disparaît comme il était entré, laissant une place vide entre Jean et Pierre. Il disparaît dans une lueur qui fait fermer les yeux tant elle est forte.Et quand les yeux éblouis se rouvrent, ils trouvent seulement que la paix de Jésus est restée, flamme qui brûle et qui soigne et consume les amertumes du passé dans un désir unique: servir.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/