"Lisez cette œuvre et faites-la lire"
Jésus (Chapitre 38, Volume 10 ) à propos de
l’Évangile tel qu’il m’a été révélé.

L'Évangile de la Messe Paul VI
et l’Évangile tel qu’il m’a été révélé de Maria Valtorta.
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Dimanche 4 septembre 2022 - Vingt-troisième dimanche du temps ordinaire

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 14,25-33.
De grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit : « Si quelqu'un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple. Quel est celui d'entre vous qui veut bâtir une tour, et qui ne commence pas par s'asseoir pour calculer la dépense et voir s'il a de quoi aller jusqu'au bout ? Car, s'il pose les fondations et ne peut pas achever, tous ceux qui le verront se moqueront de lui : 'Voilà un homme qui commence à bâtir et qui ne peut pas achever ! ' Et quel est le roi qui part en guerre contre un autre roi, et qui ne commence pas par s'asseoir pour voir s'il peut, avec dix mille hommes, affronter l'autre qui vient l'attaquer avec vingt mille ? S'il ne le peut pas, il envoie, pendant que l'autre est encore loin, une délégation pour demander la paix. De même, celui d'entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta
  • Traduction de 2017 : Tome 4, Ch 281, p 420
  • Ancienne traduction : Tome 4, Ch 145, p 388
  • CD 5 (2ème cd), piste 12
  • USB Tome 5, piste 158
Jésus se dirige vers le Temple. Il est précédé par les disciples en groupes, et suivi par les femmes disciples en groupe: sa Mère, Marie de Cléophas, Marie Salomé, Suzanne, Jeanne de Chouza, Élise de Béthsur, Annalia de Jérusalem, Marthe et Marcelle. Marie de Magdala n'est pas là. Autour de Jésus, les douze apôtres et Margziam. Jérusalem est dans la pompe de ses jours de solennité. Des gens sur toutes les routes, et de toutes les régions. Cantiques, discours, murmures de prières, imprécations des âniers, quelques pleurs de bébés et, au-dessus de tout cela, un ciel clair qui se montre entre les maisons et un soleil qui descend joyeux pour raviver les couleurs des vêtements, pour embraser les couleurs mourantes des tonnelles et des arbres que l'on aperçoit ça et là au-delà des murs des jardins clos ou des terrasses. Parfois Jésus croise des personnes de sa connaissance et le salut est plus ou moins respectueux selon l'humeur de celui qu'il croise. C'est ainsi qu'est profond, mais condescendant, celui de Gamaliel. Ce dernier regarde fixement Etienne, qui lui sourit du groupe des disciples, et qu'après s'être incliné devant Jésus, Gamaliel appelle à part et lui dit quelques mots, après quoi Etienne revient dans son groupe. Plein de vénération est le salut du vieux chef de la synagogue Cléophas d'Emmaüs, qui se dirige avec ses concitoyens vers le Temple. Dur comme une malédiction la réponse au salut de Jésus des pharisiens de Capharnaüm. De la part des paysans de Giocana, conduits par l'intendant, c'est un prosternement dans la poussière de la route pendant qu'ils baisent les pieds de Jésus. La foule s'arrête pour observer avec étonnement ce groupe d'hommes qui, à un carrefour se précipitent en criant aux pieds d'un homme jeune qui n'est pas un pharisien ni un scribe renommé, qui n'est pas un satrape ni un courtisan puissant, et quelqu'un demande qui c'est. Et un chuchotement se répand: “C'est le Rabbi de Nazareth, celui dont on dit qu'il est le Messie.” Prosélytes et gentils l'entourent alors avec curiosité, poussant le groupe contre le mur, créant un encombrement dans la toute petite place, jusqu'à ce qu'un groupe d'âniers les disperse en maudissant l'obstruction. Mais la foule, sans tarder, se rassemble de nouveau, séparant les femmes des hommes, exigeante, brutale dans ses manifestations qui sont encore de la foi. Tout le monde veut toucher les vêtements de Jésus, Lui dire un mot, l'interroger. Et c'est un effort inutile parce que leur hâte elle-même, leur anxiété, leur agitation pour passer aux premiers rangs, en se repoussant mutuellement, fait que personne n'y réussit, et même les questions et les réponses se fondent en une rumeur inintelligible. Le seul qui s'arrache à la scène, c'est le grand-père de Margziam, qui a répondu par un cri au cri de son petit-fils et, tout de suite après avoir vénéré le Maître, a serré sur son cœur son enfant et se tenant ainsi, appuyé sur les talons, les genoux à terre, l'a assis sur son sein, l'admire et le caresse avec des larmes et des baisers joyeux, le questionne et l'écoute. Le vieillard est déjà au Paradis, tant il est heureux. Les soldats romains accourent, croyant qu'il y a quelque rixe et se font un passage. Mais, quand ils voient Jésus, ils ont un sourire et se retirent tranquillement, se bornant à conseiller à ceux qui sont là de laisser libre l'important carrefour. Et Jésus obéit de suite, profitant de l'espace libre qu'ont fait les romains qui le précèdent de quelques pas comme pour Lui ouvrir le chemin, en réalité pour revenir à leur poste de garde car la garnison romaine est très renforcée, comme si Pilate savait qu'il y a du mécontentement dans la foule et comme s'il craignait un soulèvement dans ces jours où Jérusalem est remplie d'hébreux venus de toute part. Et il est beau de le voir aller précédé du détachement romain comme un roi dont on dégage la route pendant qu'il se rend à ses propriétés. Il a dit, tout en se déplaçant, à l'enfant et au vieillard: “Restez ensemble et suivez-moi” et à l'intendant: “Je te prie de me laisser tes hommes. Ils seront mes hôtes jusqu'au soir.” L'intendant répond avec déférence: “Qu'il en soit en tout comme tu veux” et il s'en va seul après un profond salut. Il est désormais près du Temple, et le fourmillement de la foule, réellement comme des fourmis près de la fourmilière, est encore plus dense, lorsqu'un paysan de Giocana crie: “Voici le maître!” et, imité par les autres, il tombe à genoux pour le saluer. Jésus reste debout au milieu du groupe des paysans parce qu'ils étaient serrés autour de Lui, et il tourne son regard vers le point indiqué. Il rencontre le regard d'un pharisien richement vêtu, qui n'est pas nouveau pour moi, mais je ne sais pas où je l'ai vu. Le pharisien Giocana est avec d'autres de sa caste: un tas d'étoffes précieuses, de franges, de boucles, de ceintures, de phylactères, tout cela plus ample que d'ordinaire. Giocana regarde attentivement Jésus: un regard de pure curiosité mais pourtant pas irrévérencieux. Il a même un salut plutôt empesé: il incline tout juste la tête. Mais c'est toujours un salut auquel Jésus répond avec déférence. Et même deux ou trois autres pharisiens saluent pendant que d'autres regardent avec mépris ou font semblant de regarder ailleurs, et un seul lance une insulte. C'est sûr car je vois que ceux qui entourent Jésus sursautent, et même Giocana se retourne tout d'un coup pour foudroyer du regard l'insulteur, un homme plus jeune que lui, aux traits marqués et durs. Quand on les a dépassés et les paysans osent parler, l'un d'eux dit: “C'est Doras, Maître, celui qui t'a maudit.” “Laisse-le faire. J'ai vous qui me bénissez” dit calmement Jésus. Appuyé, avec d'autres, à une archivolte, se trouve Manaën, et comme il voit Jésus, il lève les bras avec une exclamation de joie: “C'est une agréable journée, puisque je te trouve!” et il vient vers Jésus, suivi de ceux qui l'accompagnent. Il le vénère sous l'archivolte ombragée où les voix résonnent comme sous une coupole. Juste au moment où il le vénère, passent tout près du groupe apostolique les cousins Simon et Joseph avec d'autres nazaréens… et ils ne saluent pas… Jésus les regarde avec tristesse mais ne dit rien. Jude et Jacques, excités, se parlent entre eux. Et Jude s'enflamme d'indignation et puis il part en courant, sans que son frère puisse le retenir. Mais Jésus le rappelle d'un si impérieux: “Jude, viens ici!” que le fils agité d'Alphée revient en arrière… “Laisse-les faire. Ce sont des semences qui n'ont pas encore senti le printemps. Laisse-les dans l'obscurité de la motte rétive. Je les pénétrerai quand même, même si la motte devient de la jaspe qui enveloppe la semence. Je le ferai au moment voulu.” Mais plus forts que la réponse de Jude d'Alphée, résonnent les pleurs de Marie d'Alphée, désolée. La longue plainte d'une personne humiliée… Mais Jésus ne se retourne pas pour la consoler bien que cette plainte résonne nettement sous l'archivolte qui lui fait de multiples échos. Il continue de parler avec Manaën qui lui dit: “Ceux qui sont avec moi, sont des disciples de Jean. Ils veulent, comme moi, t'appartenir.” “La paix soit aux bons disciples. Là, en avant, ce sont Mathias, Jean et Siméon, avec Moi pour toujours. Je vous accueille comme je les ai accueillis parce que m'est cher tout ce qui me vient du saint Précurseur.” Et, après avoir rejoint l'enceinte du Temple, Jésus donne des ordres à l'Iscariote et à Simon le Zélote pour les achats d'usage et les offrandes d'usage. Puis il appelle le prêtre Jean et dit: “Toi qui appartiens à ce lieu, tu t'occuperas d'inviter quelque lévite que tu sais digne de connaître la Vérité. Car vraiment, cette année, je puis célébrer une fête joyeuse. Jamais plus il n'y aura un jour aussi doux…” “Pourquoi, Seigneur?” demande le scribe Jean. “Parce que je vous ai autour de Moi, tous, présents visiblement ou spirituellement.” “Mais toujours nous y serons! Et avec nous beaucoup d'autres” affirme avec véhémence l'apôtre Jean et tous font chorus. Jésus sourit et se tait pendant que le prêtre Jean va en avant avec Etienne dans le Temple pour exécuter l'ordre. Jésus lui crie par derrière: “Rejoignez-nous au Portique des Païens.” Ils entrent et presque aussitôt rencontrent Nicodème qui fait un profond salut, mais ne s'approche pas de Jésus. Pourtant il échange avec Jésus un sourire entendu et paisible. Pendant que les femmes s'arrêtent à l'endroit qui leur est permis, Jésus, avec les hommes, se rend à la prière à l'endroit réservé aux hébreux, et puis il revient, après avoir accompli tous les rites, pour retrouver ceux qui l'attendent au Portique des Païens. Les portiques très vastes et très élevés sont remplis d'une foule qui écoute les instructions des rabbins. Jésus se dirige vers l'endroit où il voit arrêtés les deux apôtres et les deux disciples envoyés en avant. Tout de suite on fait cercle autour de Lui, et aux apôtres et disciples s'unissent aussi d'autres personnes nombreuses qui étaient ça et là dans la cour de marbre remplie de gens. La curiosité est telle que certains élèves des rabbins, je ne sais si c'est spontanément ou envoyés par les maîtres, s'approchent du cercle qui se serre autour de Jésus. Jésus demande à brûle-pourpoint: “Pourquoi vous pressez-vous autour de Moi? Dites-le. Vous avez des rabbis connus et sages, bien vus de tout le monde. Moi, je suis l'Inconnu et le Malvu. Pourquoi alors venez-vous à Moi?” “Parce que nous t'aimons” disent certains, et d'autres: “Parce que tu as des paroles différentes des autres”, et d'autres encore: “Pour voir tes miracles” et “Parce que nous avons entendu parler de Toi” et “Parce que Toi seul as des paroles de vie éternelle et des œuvres qui correspondent aux paroles” et enfin: “Parce que nous voulons nous unir à tes disciples.” Jésus regarde les gens au fur et à mesure qu'ils parlent comme s'il voulait les transpercer par le regard pour lire leurs impressions les plus cachées, et certains, ne résistant pas à ce regard, s'éloignent ou bien se cachent derrière une colonne ou des gens plus grands qu'eux. Jésus reprend: “Mais savez-vous ce que cela veut dire et ce que cela impose de venir derrière Moi? Je vais répondre à ces seules paroles, parce que la curiosité ne mérite pas qu'on lui réponde et parce que celui qui a faim de mes paroles me donne, en conséquence, son amour et désire s'unir à Moi. Car, parmi ceux qui ont parlé, il y a deux groupes: les curieux, dont je ne m'occupe pas, les volontaires que j'instruis, sans feinte, de la sévérité de cette vocation. Venir à Moi comme disciple, cela veut dire renoncer à tous les amours pour un seul amour: le mien. Amour égoïste pour soi-même, amour coupable pour les richesses, pour la sensualité ou la puissance, amour honnête pour l'épouse, amour saint pour la mère, le père, amour affectueux des fils et des frères ou pour les fils et les frères, tout doit céder à mon amour, si on veut être mien. En vérité je vous dis que plus libres que les oiseaux qui planent dans les cieux doivent être mes disciples, plus libres que les vents qui parcourent les espaces sans que personne les retienne, personne ni rien. Libres, sans lourdes chaînes, sans lacets d'amour matériel, sans même les fils d'araignée fins des plus légères barrières. L'esprit est comme un papillon délicat enfermé dans un lourd cocon de chair, et son vol peut s'alourdir ou s'arrêter tout à fait, par l'action d'une iridescente et impalpable toile d'araignée, l'araignée de la sensualité, du manque de générosité dans le sacrifice. Moi, je veux tout, sans réserve. L'esprit a besoin de cette liberté de donner, de cette générosité de donner, pour pouvoir être certain de ne pas rester pris dans la toile d'araignée des affections, des coutumes, des réflexions, des peurs, tendues comme les fils de cette araignée monstrueuse qu'est Satan, voleur des âmes. Si quelqu'un veut venir à Moi et ne hait pas saintement son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et ses sœurs, et jusqu'à sa vie, il ne peut être mon disciple. J'ai dit: "hait saintement". Vous, dans votre cœur, vous dites: "La haine, Lui l'enseigne, n'est jamais sainte. Lui, donc se contredit". Non. Je ne me contredis pas. Je dis de haïr la pesanteur de l'amour, la passion charnelle de l'amour pour le père et la mère, l'épouse et les enfants, les frères et les sœurs, et la vie elle-même mais, d'autre part, j'ordonne d'aimer avec la liberté légère, qui est le propre des esprits, les parents et la vie. Aimez-les en Dieu et pour Dieu, ne faisant jamais passer Dieu après eux, vous occupant et vous préoccupant de les amener là où le disciple est arrivé, c'est-à-dire à Dieu Vérité. Ainsi vous aimerez saintement les parents et Dieu, en conciliant les deux amours et en faisant des liens du sang non pas un poids mais une aile, non pas une faute, mais la justice. Même votre vie, vous devez être prêts à la haïr pour me suivre. Hait sa vie celui qui, sans peur de la perdre ou de la rendre humainement triste, la consacre à mon service. Mais ce n'est qu'un semblant de haine. Un sentiment qui est appelé de manière incorrecte: "haine", par la pensée de l'homme qui ne sait pas s'élever, de l'homme uniquement terrestre, de peu supérieur à la brute. En réalité cette haine apparente qui est le refus des satisfactions sensuelles à l'existence, pour donner une vie toujours plus grande à l'esprit, c'est de l'amour. C'est de l'amour, le plus élevé qui existe, le plus béni. Ce refus des basses satisfactions, cette interdiction de la sensualité des affections, ce risque des reproches et des commentaires injustes, des punitions, des répudiations, des malédictions et, peut-être des persécutions, est une suite de peines. Mais il faut les embrasser et se les imposer comme une croix, un gibet sur lequel on expie toutes les fautes passées pour aller justifiés vers Dieu, et par lequel on obtient de Dieu toute grâce vraie, puissante, sainte, pour ceux que nous aimons. Celui qui ne porte pas sa croix et ne me suit pas, celui qui rie sait pas le faire, ne peut pas être mon disciple. Pensez-y donc beaucoup, beaucoup, vous qui dites: "Nous sommes venus parce que nous voulons nous unir à tes disciples". Ce n'est pas de la honte, mais de la sagesse, de se peser, de se juger, d'avouer à soi-même et aux autres: "Je n'ai pas l'étoffe d'un disciple". Et quoi? Les païens ont, à la base de l'un de leurs enseignements, la nécessité de "se connaître soi-même", et vous, israélites, pour conquérir le Ciel, vous ne sauriez pas le faire? Car, rappelez-le vous toujours, bienheureux ceux qui viendront à Moi. Mais, plutôt que de venir pour me trahir Moi et Celui qui m'a envoyé, il vaut mieux ne pas venir du tout et rester les fils de la Loi comme vous l'avez été jusqu'à présent. Malheur à ceux qui, ayant dit: "Je viens", nuisent au Christ en trahissant l'idée chrétienne, en scandalisant les petits, les gens honnêtes! Malheur à eux! Et pourtant il y en aura et toujours il y en aura! Imitez donc celui qui veut construire une tour. Il commence par calculer attentivement les dépenses nécessaires et il compte son argent pour voir s'il a de quoi la terminer pour qu'après avoir fait les fondations il ne doive pas suspendre les travaux parce qu'il n'a plus d'argent. En ce cas, il perdrait aussi ce qu'il possédait avant, en restant sans tour et sans talents et en échange il s'attirerait les moqueries du peuple qui dirait: "Il a commencé à construire sans pouvoir finir. Maintenant, il peut s'emplir l'estomac avec les ruines de sa construction inachevée". Imitez encore les rois de la terre, en faisant servir les pauvres événements du monde à un enseignement surnaturel. Eux, quand ils veulent faire la guerre à un autre roi, examinent tout avec calme et attention, le pour et le contre, ils réfléchissent pour voir si l'intérêt de la conquête vaut le sacrifice de la vie des sujets, ils étudient s'il est possible de conquérir ce lieu, si leurs troupes, inférieures de moitié en nombre à celles de leur rival, même si elles sont plus combatives, peuvent vaincre, et pensant avec justesse qu'il est improbable que dix mille viennent à bout de vingt mille, avant que se produise la rencontre ils envoient au rival une ambassade avec de riches présents, et apaisant le rival déjà inquiet des mouvements de troupes de l'autre, le désarment par des témoignages d'amitié, font disparaître ses soupçons et font avec lui un traité de paix, en vérité toujours plus avantageux qu'une guerre, aussi bien humainement que spirituellement. Ainsi vous devez agir avant de commencer la nouvelle vie et se mettre contre le monde. Parce que voici ce qu'implique d'être mes disciples: aller contre le tourbillonnement et la violence de l'entraînement du monde, de la chair, de Satan. Et si vous ne vous sentez pas le courage de renoncer à tout par amour pour Moi, ne venez pas à Moi, parce que vous ne pouvez pas être mes disciples.” “C'est bien. Ce que tu dis est vrai” admet un scribe qui s'est mêlé au groupe. “Mais si nous nous dépouillons de tout, avec quoi allons-nous te servir ensuite? La Loi a des commandements qui sont comme de la monnaie que Dieu donne à l'homme pour que, en s'en servant, il se procure la vie éternelle. Tu dis: "Renoncez a tout" et tu indiques le père, la mère, les richesses, les honneurs. Dieu a pourtant donné ces choses et nous a dit, par la bouche de Moïse, de s'en servir saintement pour paraître juste aux yeux de Dieu. Si tu nous enlèves tout, qu'est-ce que tu nous donnes?” “Le véritable amour, je l'ai dit, ô rabbi. Je vous donne ma doctrine qui n'enlève pas un iota à la Loi ancienne, mais au contraire la perfectionne.” “Alors, nous sommes tous des disciples égaux parce que nous avons tous les mêmes choses.” “Nous les avons tous, selon la Loi mosaïque. Pas tous selon la Loi perfectionnée par Moi selon l'Amour. Mais tous n'atteignent pas, dans cette Loi, la même somme de mérites. Même parmi les disciples qui m'appartiennent, tous n'arriveront pas à avoir une égale somme de mérites et certains, parmi eux, non seulement n'auront pas cette somme, mais perdront aussi leur unique monnaie: leur âme.” “Comment? A qui on a donné davantage, il restera davantage. Tes disciples, ou mieux tes apôtres, te suivent dans ta mission et sont au courant de tes façons de faire, ils ont reçu énormément, tes disciples effectifs ont beaucoup reçu, moins ceux qui ne sont disciples que de nom, rien ceux qui, comme moi, ne t'écoutent que par hasard. Il est évident que les apôtres recevront énormément au Ciel, beaucoup les disciples effectifs, moins ceux qui ne le sont que de nom, rien ceux qui sont comme moi.” “Humainement c'est évident, et c'est mal aussi humainement. Car tous ne sont pas capables de faire fructifier les biens qu'ils ont reçus. Écoute cette parabole et pardonne-moi si je développe trop ici mon enseignement. Mais Moi je suis l'hirondelle de passage et je ne séjourne que peu de temps dans la Maison du Père, car je suis venu pour le monde entier et ce petit monde du Temple de Jérusalem ne veut pas que je suspende mon vol et que je reste là où la gloire de Dieu m'appelle.” “Pourquoi dis-tu cela?” “Parce que c'est la vérité.” Le scribe regarde autour de lui, et puis il baisse la tête. Que ce soit la vérité, il le voit écrit sur trop de visages de membres du Sanhédrin, de rabbis et de pharisiens qui ont grossi de plus en plus le groupe qui entoure Jésus. Visages bleus de rage ou rouges de colère, regards qui équivalent à des paroles de malédiction et crachats empoisonnés, rancœur qui fermente de tous côtés, désir de brutaliser le Christ, qui reste seulement un désir par peur de la foule qui entoure le Maître, dévouée et prête à tout pour le défendre, peur aussi peut-être d'être punis par Rome qui est bienveillante envers le doux Maître galiléen. Jésus se remet calmement à exposer sa pensée par la parabole: “Un homme, qui était sur le point de faire un long voyage et de les absenter pour longtemps, appela tous ses serviteurs et leur confia tous ses biens. A l'un il donna cinq talents d'argent, à un autre deux talents d'argent, à un troisième un seul talent d'or. A chacun selon sa situation et son habileté. Et puis il partit. Maintenant le serviteur qui avait reçu cinq talents d'argent s'en alla faire valoir habilement ses talents et, après quelque temps, ceux-ci lui en rapportèrent cinq autres. Celui qui avait reçu deux talents fit la même chose et il doubla la somme qu'il avait reçue. Mais celui auquel le maître avait donné davantage, un talent d'or pur, paralysé par la peur de ne pas savoir faire, par celle des voleurs, de mille choses chimériques et surtout par la paresse, fit un grand trou dans la terre et y cacha l'argent de son maître. De nombreux mois passèrent, et le maître revint. Il appela tout de suite ses serviteurs pour qu'ils lui rendissent l'argent donné en dépôt. Celui qui avait reçu cinq talents d'argent se présenta et il dit: "Voici, mon seigneur. Tu m'en as donné cinq. Comme il me semblait qu'il était mal de ne pas faire fructifier l'argent que tu m'avais donné, je me suis débrouillé et je t'ai gagné cinq autres talents. Je n'ai pas pu faire davantage…" C'est bien, très bien, serviteur bon et fidèle. Tu as été fidèle pour le peu, actif et honnête. Je te donnerai de l'autorité sur beaucoup de choses. Entre dans la joie de ton maître". Puis celui qui avait reçu deux talents se présenta et dit: "Je me suis permis d'employer tes biens dans ton intérêt. Voici les comptes qui montrent comment j'ai employé ton argent. Tu vois? Il y avait deux talents d'argent, maintenant il y en a quatre. Es-tu content, mon seigneur?" Et le maître fit au bon serviteur la même réponse qu'au premier. Arriva en dernier celui qui, jouissant de la plus grande confiance de son maître, avait reçu le talent d'or. Il le sortit de sa cachette et il dit: "Tu m'as confié la plus grande valeur parce que tu sais que je suis prudent et fidèle, comme moi je sais que tu es intransigeant et exigeant, et que tu ne supportes pas des pertes pour ton argent mais en cas de perte, tu t'en prends à celui qui est près de toi. Car, en vérité, tu moissonnes où tu n'as pas semé et tu récoltes où tu n'as rien répandu, ne faisant pas cadeau de la moindre pièce de monnaie à ton banquier ou à ton régisseur, pour aucune raison. Il te faut autant d'argent que tu en réclames. Or moi, craignant de diminuer ce trésor, je l'ai pris et l'ai caché. Je ne me suis fié à personne ni non plus à moi-même. Maintenant, je l'ai déterré et je te le rends. Voici ton talent". "O serviteur injuste et paresseux! En vérité, tu ne m'as pas aimé puisque tu ne m'as pas connu et que tu n'as pas aimé mon bien-être, ayant laissé mon argent improductif. Tu as trahi l'estime que j'avais eue pour toi et c'est toi-même qui te contredis, t'accuses et te condamnes. Tu savais que je moissonne où je n'ai pas semé, que je récolte où je n'ai rien répandu. Et pourquoi alors n'as-tu pas fait en sorte que je puisse moissonner et récolter? C'est ainsi que tu réponds à ma confiance? C'est ainsi que tu me connais? Pourquoi n'as-tu pas porté mon argent aux banquiers pour qu'à mon retour je le retire avec les intérêts? Je t'avais instruit avec un soin particulier dans ce but et toi, paresseux et imbécile, tu n'en as pas tenu compte. Que te soit donc enlevé le talent et tout autre bien, et qu'on le donne à celui qui a les dix talents". "Mais lui en a déjà dix alors que celui-ci reste sans rien…" lui objecta-t-on. "C'est bien. A celui qui possède et le fait fructifier, il sera donné encore davantage et au point qu'il surabonde. Mais à celui qui n'a pas parce qu'il n'a pas la volonté d'avoir, on enlèvera ce qui lui a été donné. Quant au serviteur inutile qui a trahi ma confiance et a laissé improductifs les dons que je lui avais fait, qu'on l'expulse de ma propriété et qu'il s'en aille pleurer et se ronger le cœur". Voilà la parabole. Comme tu le vois, ô rabbi, à qui avait reçu le plus il est resté le moins, car il n'a pas su mériter de conserver le don de Dieu. Et il n'est pas dit qu'un de ceux dont tu dis qu'ils ne sont disciples que de nom ayant par conséquent peu de chose à faire valoir et même de ceux qui, comme tu dis, m'entendent par hasard et qui n'ont comme unique capital que leur âme, n'arrive pas à avoir le talent d'or et même ce qu'il aura rapporté, qu'on aura enlevé à quelqu'un qui avait davantage reçu. Infinies sont les surprises du Seigneur parce qu'innombrables sont les réactions de l'homme. Vous verrez des païens arriver à la vie éternelle et des samaritains posséder le Ciel, et vous verrez des israélites purs et qui me suivent perdre le Ciel et l'éternelle Vie.” Jésus se tait, et comme s'il voulait couper court à toute discussion, se tourne vers l'enceinte du Temple. Mais un docteur de la Loi, qui s'était assis pour écouter sérieusement sous le portique, se lève et s'avance en demandant: “Maître, que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle? Tu as répondu à d'autres, réponds-moi à moi aussi.” “Pourquoi veux-tu me tenter? Pourquoi veux-tu mentir? Espères-tu que je dise des choses qui déforment la Loi parce que je lui ajoute des idées plus lumineuses et plus parfaites? Qu'est-ce qui est écrit dans la Loi? Réponds! Quel est son principal commandement?” “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces, de toute ton intelligence. Tu aimeras ton prochain comme toi-même.” “Voilà, tu as bien répondu. Fais cela et tu auras la vie éternelle.” “Et, qui est mon prochain? Le monde est plein de gens qui sont bons et mauvais, connus ou inconnus, amis et ennemis d'Israël. Qui est mon prochain?” “Un homme qui allait de Jérusalem à Jéricho, par les défilés des montagnes, tomba aux mains de voleurs. Ceux-ci, après l'avoir cruellement blessé, le dépouillèrent de tout son avoir et même de ses vêtements, le laissant plus mort que vif sur le bord de la route. Par le même chemin, passa un prêtre qui avait terminé son office au Temple. Oh! il était encore parfumé par les encens du Saint! Et il aurait dû avoir l'âme parfumée de bonté surnaturelle et d'amour puisqu'il avait été dans la Maison de Dieu, pour ainsi dire au contact du Très-Haut. Le prêtre avait hâte de revenir à sa maison. Il regarda donc le blessé, mais ne s'arrêta pas. Il passa outre rapidement laissant le malheureux sur le bord du chemin. Un lévite vint à passer. Devait-il se contaminer, lui qui devait servir au Temple? Allons donc! Il releva son vêtement pour ne pas se souiller de sang. Il jeta un regard fuyant sur celui qui gémissait dans son sang et hâta le pas vers Jérusalem, vers le Temple. En troisième lieu, venant de la Samarie, en direction du gué, arriva un samaritain. Il vit le sang, s'arrêta, découvrit le blessé dans le crépuscule qui avançait, descendit de sa monture, s'approcha du blessé, lui donna des forces avec une gorgée d'un vin généreux. Il déchira son manteau pour en faire des bandages, puis il lava les blessures avec du vinaigre et les oignit avec de l'huile, et le banda affectueusement. Après avoir chargé le blessé sur sa monture, il conduisit avec précaution l'animal, soulevant en même temps le blessé, le réconfortant par de bonnes paroles sans se préoccuper de la fatigue et sans dédain pour ce blessé, bien qu'il fût de nationalité juive. Arrivé en ville, il le conduisit à l'auberge, le veilla toute la nuit et à l'aube, voyant qu'il allait mieux, le confia à l'hôtelier lui donnant d'avance des deniers pour le payer et lui dit: "Aies-en soin comme si c'était moi-même. A mon retour, ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai, et bonne mesure si tu as bien fait ce qu'il fallait". Et il s'en alla. Docteur de la Loi, réponds-moi. Lequel de ces trois a été le "prochain" pour l'homme tombé aux mains des voleurs? Le prêtre, peut-être? Peut-être le lévite? Ou non pas plutôt le samaritain? Il ne se demanda pas qui était le blessé, pourquoi il était blessé, s'il agissait mal en le secourant, en perdant son temps, son argent et en risquant d'être accusé de l'avoir blessé?” Le docteur de la Loi répond: “Le prochain c'est ce dernier car il a usé de miséricorde.” “Toi aussi, fais la même chose et tu aimeras le prochain et Dieu dans le prochain, méritant ainsi la vie éternelle.” Personne n'ose plus parler et Jésus en profite pour rejoindre les femmes qui l'attendaient près de l'enceinte et, avec elles, aller de nouveau dans la ville. Maintenant aux disciples se sont unis deux prêtres, ou plutôt un prêtre et un lévite, ce dernier très jeune, l'autre d'âge patriarcal. Mais Jésus maintenant parle avec sa Mère, ayant au milieu, entre Lui et elle, Margziam. Et il lui demande: “Tu m'as entendu, Mère?” “Oui, mon Fils, et à la tristesse de Marie de Cléophas s'est ajoutée la mienne. Elle a pleuré un peu avant d'entrer au Temple…” “Je le sais Mère, et j'en connais le motif. Mais elle ne doit pas pleurer. Seulement prier.” “Oh! Elle prie tant! Ces soirs-ci, dans sa cabane, entre ses fils endormis, elle priait et pleurait. Je l'entendais pleurer à travers la mince paroi de feuillage voisine. De voir à quelques pas Joseph et Simon, tout près mais ainsi séparés!… Et elle n'est pas la seule à pleurer. Avec moi a pleuré Jeanne qui te paraît si sereine…” “Pourquoi, Mère?” “Parce que Chouza… a une conduite… inexplicable. Il la seconde un peu en tout. Il la repousse un peu en tout. S'ils sont seuls et que personne ne les voit, c'est le mari exemplaire de toujours. Mais si avec lui il y a d'autres personnes, de la Cour c'est naturel, voilà alors qu'il devient autoritaire et méprisant pour sa douce épouse. Elle ne comprend pas pourquoi…” “Moi, je te le dis. Chouza est serviteur d'Hérode, comprends-moi, Mère. "Serviteur". Moi, je ne le dis pas à Jeanne pour ne pas lui causer de la douleur. Mais c'est ainsi. Quand il ne craint pas de blâme et de moquerie du souverain, c'est le bon Chouza. Quand il peut les craindre, il n'est plus le même.” “C'est parce que Hérode est très irrité à cause de Manaën et…” “Et parce que Hérode est devenu fou par le remords tardif d'avoir cédé à Hérodiade. Mais Jeanne a déjà tant de bien dans sa vie. Elle doit, sous le diadème, porter son cilice.” “Annalia aussi pleure…” “Pourquoi?” “Parce que le fiancé se retourne contre Toi.” “Qu'elle ne pleure pas. Dis-le-lui. C'est une résolution. Une bonté de Dieu. Son sacrifice amènera de nouveau Samuel au Bien. Pour le moment ce dernier la laissera libre de pressions pour le mariage. Je lui ai promis de la prendre avec Moi. Elle me précédera dans la mort…” “Fils!…” Marie serre la main de Jésus. Son visage devient exsangue. “Maman bien aimée! C'est pour les hommes. Tu le sais. C'est pour l'amour des hommes. Buvons notre calice de bon cœur, n'est-ce pas?” Marie avale ses larmes et répond: “Oui.” Un “oui” tellement déchiré et déchirant. Margziam lève le visage et dit à Jésus: “Pourquoi dis-tu ces choses si dures qui attristent la Mère? Moi, je ne te laisserai pas mourir. Comme j'ai défendu les agneaux, ainsi je te défendrai.” Jésus le caresse et, pour remonter le moral des deux affligés, il demande à l'enfant: “Que vont faire maintenant tes brebis? Tu ne les regrettes pas?” “Oh! je suis avec Toi! Cependant j'y pense toujours, et je me demande: "Est-ce que Porphyrée les aura amenées au pâturage? et aura-t-elle veillé à ce que Spuma n'aille pas dans le lac?" Elle est si vive, Spuma, sais-tu? Sa mère l'appelle, l'appelle… Mais rien à faire! Elle fait ce qu'elle veut. Et Neve, si gloutonne qu'elle mange à s'en rendre malade? Sais-tu, Maître? Moi, je comprends ce que c'est que d'être prêtre en ton Nom. Mieux que les autres je le comprends. Eux (et il montre de la main les apôtres qui viennent derrière) eux, ils disent tant de belles paroles, font tant de projets… pour ensuite. Moi, je dis: "Je ferai le berger pour les hommes comme pour les brebis. Et cela suffira". La Mère, la mienne et la tienne, m'a dit hier un si beau passage des prophètes… et m'a dit: "C'est exactement ainsi qu'est notre Jésus". Et moi, dans mon cœur, j'ai dit: "Et moi aussi, je serai tout à fait ainsi". Puis j'ai dit à . notre Mère: "Pour le moment, je suis agneau, ensuite je serai berger. Au contraire, maintenant Jésus est Berger et puis il est aussi Agneau. Mais toi, tu es toujours l'Agnelle, seulement notre Agnelle blanche, belle, aimée, aux paroles plus douces que le lait. C'est pour cela que Jésus est tellement Agneau: parce qu'il est né de toi, Agnelle du Seigneur".” Jésus se penche vivement et l'embrasse. Puis il demande: “Tu veux donc vraiment être prêtre?” “Certainement, mon Seigneur! C'est pour cela que je m'efforce de devenir bon et de tant savoir. Je vais toujours près de Jean d'Endor. Il me traite toujours en homme et avec tant de bonté. Je veux être berger des brebis dévoyées et non dévoyées, et médecin-berger de celles qui sont blessées et fracturées, comme dit le Prophète. Oh! que c'est beau!” et l'enfant saute en battant des mains. “Qu'est-ce qu'il a, cette petite tête noire, à être si heureux?” demande Pierre en s'approchant. “Il voit sa route. Nettement, jusqu'à la fin… Et Moi, je consacre la vision qu'il en a, avec mon "oui".” Ils s'arrêtent devant une haute maison qui, si je ne me trompe, est du côté du faubourg d'Ophel, mais l'endroit est plus riche. “Est-ce ici que nous nous arrêtons?” “C'est la maison que Lazare m'a offerte pour le banquet de réjouissance. Marie est déjà là.” “Pourquoi n'est-elle pas venue avec nous? Par peur des moqueries?” “Oh! non! Je lui l'ai seulement ordonné.” “Pourquoi, Seigneur?” “Parce que le Temple est plus susceptible qu'une épouse enceinte. Tant que je le peux, et non par lâcheté, je ne veux pas le heurter.” “Cela ne te servira à rien, Maître. Moi, si j'étais Toi, non seulement je le heurterais, mais je le jetterais en bas du Moriah avec tous ceux qui sont dedans.” “Tu es un pécheur, Simon. Il faut prier pour ses propres semblables, non pas les tuer.” “Je suis un pécheur. Mais, Toi, non… et… tu devrais le faire.” “Il y aura quelqu'un pour le faire. Et après qu'on aura atteint la mesure du péché.” “Quelle mesure?” “Une mesure telle qu'elle emplira tout le Temple et débordera sur Jérusalem. Tu ne peux comprendre… Oh! Marthe! Ouvre donc ta maison au Pèlerin!” Marthe se fait reconnaître et ouvrir. Ils entrent tous dans un long atrium qui débouche dans une cour pavée possédant quatre arbres aux quatre coins. Une vaste salle s'ouvre au-dessus du rez-de-chaussée et, par les fenêtres ouvertes, on découvre toute la Cité avec ses montées et descentes. J'en conclus donc que la maison est sur les pentes sud ou sud-est de la ville. La salle est préparée pour un très grand nombre d'hôtes. Des tables, en grand nombre, sont disposées parallèlement. Une centaine de personnes peuvent s'y restaurer commodément. Marie-Magdeleine accourt. Elle était ailleurs, occupée dans les communs, et elle se prosterne devant Jésus. Lazare arrive aussi, avec un sourire bienheureux sur son visage maladif. Les hôtes entrent peu à peu, certains un peu embarrassés, d'autres avec plus d'assurance. Mais la gentillesse des femmes les met vite à l'aise. Le prêtre Jean amène à Jésus les deux qu'il a pris au Temple. “Maître, mon bon ami Jonathas et mon jeune ami Zacharie. Ce sont de vrais israélites, sans malice et sans rancœur.” “Paix à vous. Je suis heureux de vous avoir. Il faut observer le rite, même dans ces douces coutumes. Il est beau que la Foi ancienne donne une main amie à la nouvelle Foi venue de son propre cep. Assoyez-vous à mes côtés en attendant qu'arrive l'heure du repas.” Le patriarcal Jonathas parle, alors que le jeune lévite regarde ça et là, curieux, étonné, et peut-être même intimidé. Je pense qu'il veut se donner un air dégagé, mais qu'en réalité il est comme un poisson hors de l'eau. Heureusement Etienne vient à son secours et lui amène l'un après l'autre les apôtres et les principaux disciples. Le vieux prêtre dit, en caressant sa barbe neigeuse: “Quand Jean est venu me trouver, justement moi, son maître, pour me montrer sa guérison, j'ai voulu te connaître. Mais, Maître, je ne sors pour ainsi dire plus de mon enceinte. Je suis vieux… J'espérais te voir cependant avant de mourir et Jéhovah m'a exaucé. Qu'Il en soit loué! Aujourd'hui je t'ai entendu au Temple. Tu surpasses Hillel, l'ancien, le sage. Je ne veux pas, même je ne peux douter que tu es Celui que mon cœur attend. Mais sais-tu ce que c'est que d'avoir bu pendant près de quatre-vingts ans la foi d'Israël comme elle est devenue pendant des siècles… d'élaboration humaine? Elle est devenue notre sang. Et je suis si vieux! T'entendre, c'est comme boire de l'eau qui sort d'une source fraîche. Oh! Oui! Une eau vierge! Mais moi… mais moi, je suis saturé de l'eau usée qui vient de si loin… que tant de choses ont alourdie. Comment ferai-je pour me débarrasser de cette saturation et te goûter, Toi?” “Croire en Moi et m'aimer. Il ne faut pas autre chose pour le juste Jonathas.” “Mais je mourrai bientôt! Arriverai-j e à temps pour croire tout ce que tu dis? Je n'arriverai même pas à suivre toutes tes paroles ou à les connaître de la bouche d'autrui. Et alors?” “Tu les apprendras au Ciel. Il n'y a que le damné qui meurt à la Sagesse, alors que celui qui meurt dans la grâce de Dieu arrive à la Vie et vit dans la Sagesse. Que crois-tu que je suis?” “Tu ne peux être que l'Attendu qu'a précédé le fils de mon ami Zacharie. L'as-tu connu?” “C'était mon parent.” “Oh! alors, tu es parent du Baptiste?” “Oui, prêtre.” “Lui est mort… et je ne peux dire: "Malheureux!" Car il est mort fidèle à la justice et après avoir accompli sa mission et parce que… Oh! les temps atroces que nous vivons! Ne vaut-il pas mieux revenir vers Abraham?” “Oui, mais il en viendra de plus atroces, prêtre.” “Tu dis? Rome, hein?” “Pas Rome seule. C'est Israël coupable qui en sera la première cause.” “C'est vrai. Dieu nous frappe. Nous le méritons. Mais pourtant même Rome… Tu as entendu parler des galiléens tués par Pilate pendant qu'ils accomplissaient un sacrifice. Leur sang s'est mélangé avec celui de la victime. Tout près de l'autel! Tout près de l'autel!” “Je l'ai appris.” Tous les galiléens sont révoltés par cette injustice. Ils crient: “C'est vrai qu'il s'agissait d'un faux Messie. Mais pourquoi tuer ses partisans, après l'avoir frappé, lui? Et pourquoi à ce moment-là? Ils étaient plus pécheurs, peut-être?” Jésus impose la paix, et puis il dit: “Vous vous demandez s'ils étaient plus pécheurs que tant d'autres galiléens et si c'est pour cela qu'ils ont été tués? Non, ils ne l'étaient pas. En vérité je vous dis qu'ils ont payé et que beaucoup d'autres paieront si vous ne vous convertissez pas au Seigneur. Si vous ne faites pas tous pénitence, vous périrez tous de la même façon, en Galilée et ailleurs. Dieu est indigné contre son peuple. Je vous le dis. Il ne faut pas croire que ceux qui sont frappés sont toujours les plus mauvais. Que chacun s'examine soi-même, qu'il se juge, lui, et pas les autres. Ces dix-huit aussi, sur lesquels est tombée la tour de Siloé qui les a tués, n'étaient pas les plus coupables de Jérusalem. Je vous le dis: faites, faites pénitence si vous ne voulez pas être écrasés comme eux, et même en votre esprit. Viens, prêtre d'Israël. La table est servie. Il t'appartient à toi, car le prêtre est toujours celui qu'il faut honorer pour l'Idée qu'il représente et rappelle, il t'appartient à toi, patriarche parmi nous, tous plus jeunes, d'offrir et de bénir.” “Non. Maître! Non! Je ne puis devant Toi! Tu es le Fils de Dieu!” “Tu offres bien l'encens devant l'autel! Et tu ne crois pas, peut-être, que Dieu est là?” “Oui, je le crois! De toutes mes forces!” “Et alors? Si tu ne crains pas de faire l'offrande devant la Gloire Très Sainte du Très-Haut, pourquoi veux-tu craindre devant la Miséricorde qui s'est revêtue de chair pour t'apporter, à toi aussi, la bénédiction de Dieu avant que vienne à toi la nuit? Oh! vous ne savez pas, vous d'Israël, que c'est justement pour que l'homme puisse approcher Dieu sans en mourir, que j'ai mis sur mon insoutenable Divinité le voile de la chair. Viens et crois, et sois heureux. En toi je vénère tous les prêtres saints, depuis Aaron jusqu'au dernier qui, avec justice, sera prêtre d'Israël, jusqu'à toi peut-être, parce qu'en vérité la sainteté sacerdotale languit parmi nous comme une plante qu'on a délaissée.”
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 28 août 2022 - Vingt-deuxième dimanche du temps ordinaire

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 14,1.7-14.
Un jour de sabbat, Jésus était entré chez un chef des pharisiens pour y prendre son repas, et on l'observait. Remarquant que les invités choisissaient les premières places, il leur dit cette parabole : « Quand tu es invité à des noces, ne va pas te mettre à la première place, car on peut avoir invité quelqu'un de plus important que toi. Alors, celui qui vous a invités, toi et lui, viendrait te dire : 'Cède-lui ta place', et tu irais, plein de honte, prendre la dernière place. Au contraire, quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. Alors, quand viendra celui qui t'a invité, il te dira : 'Mon ami, avance plus haut', et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui sont à table avec toi. Qui s'élève sera abaissé ; qui s'abaisse sera élevé. » Jésus disait aussi à celui qui l'avait invité : « Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n'invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ; sinon, eux aussi t'inviteraient en retour, et la politesse te serait rendue. Au contraire, quand tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; et tu seras heureux, parce qu'ils n'ont rien à te rendre : cela te sera rendu à la résurrection des justes. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta
  • Traduction de 2017 : Tome 5, Ch 335, p 286
  • Ancienne traduction : Tome 5, Ch 23, p 162
  • CD 5, piste 56
  • USB Tome 5, piste 56
Je vois Jésus qui marche rapidement sur une grand-route que le vent froid d'un matin d'hiver balaie et durcit. Les champs, des deux côtés de la route, présentent à peine un timide duvet de moissons qui viennent de percer, un voile fin de verdure qui annonce la promesse du futur pain, mais une promesse vraiment à peine perceptible. Il y a encore, à l'ombre, des sillons dépourvus de cette verdure naissante et bénie, et seuls les sillons qui se trouvent dans les endroits plus ensoleillés ont cette verdure si légère et pourtant déjà joyeuse puisqu'elle parle du printemps qui arrive. Les arbres à fruits sont encore dépouillés sans un bourgeon qui se gonfle sur leurs branches obscures. Seuls les oliviers ont leur couleur éternelle gris-vert, aussi triste sous le soleil d'août que dans la faible clarté de cette matinée d'hiver. Et avec eux montrent leur couleur verte, un vert pâteux de céramiques à peine teintées, les feuilles grasses des cactées. Jésus chemine, comme souvent, à deux ou trois pas en avant de ses disciples. Ils sont tous bien enveloppés dans leurs manteaux de laine. A un certain moment, Jésus s'arrête et se retourne pour interpeller ses disciples: “Connaissez-vous le chemin?” “C'est le chemin, mais ensuite où se trouve la maison, nous ne le savons pas, car elle est à l'intérieur des terres… Peut-être là où se trouve ce bosquet d'oliviers…” “Non. Elle doit être là-bas au fond, au contraire, où se trouvent ces gros arbres dépouillés…” “Il devrait y avoir une route pour les chars…” En somme, ils ne savent rien de précis. On ne voit personne sur la route ou dans les champs. Ils avancent au hasard, en cherchant leur route. Ils trouvent une petite maisonnette de pauvres avec deux ou trois petits champs autour. Une fillette est en train de tirer de l'eau à un puits. “Paix à toi, fillette” dit Jésus en s'arrêtant à la limite de la haie qui a un passage pour la circulation. “Paix à toi. Que veux-tu?” “Un renseignement. Où se trouve la maison d'Ismaël le pharisien?” “Tu es égaré, Seigneur. Il te faut revenir au carrefour et prendre celle qui va vers le couchant du soleil. Mais il faut marcher beaucoup, beaucoup, car tu dois retourner là, au carrefour, et puis marcher, marcher. As-tu mangé? Il fait froid, et avec l'estomac vide, on le sent davantage. Entre, si tu veux. Nous sommes pauvres. Mais Toi aussi tu n'es pas riche. Tu peux t'en arranger. Viens.” Et d'une voix perçante, elle appelle: “Maman!” S'amène sur le seuil une femme d'environ trente-cinq, quarante ans. Son visage est honnête mais un peu triste. Dans ses bras elle a un enfant d'environ trois ans, à peine vêtu. “Entre. Le feu est allumé. Je te donnerai du lait et du pain.” “Je ne suis pas seul, j'ai ces amis.” “Qu'ils entrent tous et la bénédiction de Dieu avec les pèlerins que je loge.” Ils entrent dans une cuisine basse et sombre qu'égaie un feu pétillant. Ils s'assoient çà et là sur des coffres bruts. “Maintenant, je vais préparer… C'est le matin… Je n'ai encore rien mis en ordre… Excusez-moi.” “Tu es seule?” C'est Jésus qui parle. “J'ai un mari et des enfants. Sept. Les deux plus grands sont encore au marché de Naïm. Ils doivent y aller parce que mon mari est malade. Une grande douleur!… Les fillettes m'aident. Celui-ci est le plus petit, mais j'en ai encore un autre à peine plus grand.” Le petit, maintenant vêtu de sa tunique, accourt pieds nus vers Jésus et le regarde avec curiosité. Jésus lui sourit. L'amitié se fait. “Qui es-tu?” demande l'enfant avec confiance. “Je suis Jésus.” La femme se retourne pour le regarder attentivement. Elle est restée avec un pain dans les mains, entre le foyer et la table. Elle ouvre la bouche pour parler, mais ensuite elle se tait. L'enfant continue: “Où vas-tu?” “Sur les chemins du monde.” “Pour quoi faire?” “Pour bénir les enfants qui sont bons et leurs maisons où l'on est fidèle à la Loi.” La femme se retourne pour faire un geste, puis elle fait un signe à Judas Iscariote qui est le plus près d'elle. Lui se penche vers la femme qui demande: “Qui est ton ami?” Et Judas, hautain, (il semble que le Messie soit tel grâce à son mérite et à sa bonté): “C'est le Rabbi de Galilée: Jésus de Nazareth. Tu ne le sais pas, femme?” “La Galilée n'est pas à notre portée et moi, j'ai tant de douleurs!… Mais… pourrais-je le Lui dire?” “Tu le peux” dit avec hauteur Judas. Mais il semble un gros bonnet qui accorde une audience… Jésus continue de parler avec l'enfant qui Lui demande s'il a Lui aussi des enfants. Pendant que la fillette déjà vue et une autre un peu plus grande apportent le lait et la vaisselle, la femme va près de Jésus. Elle reste un peu hésitante, puis elle pousse un cri étouffé: “Jésus, aie pitié de mon mari!” Jésus se lève. Il la domine de sa grande taille, mais il la regarde avec tant de bonté qu'elle s'enhardit. “Que veux-tu que je fasse?” “Il est très malade, Gonflé comme une outre, il ne peut se baisser pour travailler. Il ne trouve pas de repos, car il étouffe et s'agite… Et nous avons des enfants encore petits…” “Tu veux que je le guérisse? Mais pourquoi le veux-tu de Moi?” “Parce que c'est Toi. Je ne te connaissais pas, mais j'ai entendu parler de Toi. Le sort t'a conduit chez moi après que par trois fois je t'ai cherché à Naïm et à Cana. Deux fois il y avait aussi mon mari. Il te cherchait, malgré la souffrance qu'il éprouvait à aller en char… Maintenant aussi il est parti avec son frère… On nous avait rapporté que le Rabbi, ayant quitté Tibériade, allait à Césarée de Philippe. Il y est allé pour t'attendre…” “Je ne suis pas allé à Césarée. Je vais chez le pharisien Ismaël, et puis j'irai vers le Jourdain…” “Toi, qui es bon, chez Ismaël?” “Oui. Pourquoi?” “Parce que… parce que… Seigneur, je sais que tu dis de ne pas juger, de pardonner et de s'aimer. Je ne t'ai jamais vu, mais j'ai cherché à savoir de Toi, le plus que je pouvais, et j'ai prié l'Éternel de pouvoir t'entendre au moins une fois. Je ne veux pas faire une chose qui te déplaise… Mais comment on peut ne pas juger Ismaël et l'aimer? Moi, je n'ai rien de commun avec lui et je n'ai donc rien à lui pardonner. Les insolences, qu'il nous jette à la figure quand il rencontre notre pauvreté sur son chemin, nous les secouons avec la même patience que nous secouons la boue ou la poussière qu'il projette sur nous en passant rapidement avec son bige. Mais l'aimer et ne pas le juger, c'est trop difficile… Il est tellement méchant!” “Il est tellement méchant? Avec qui?” “Avec tout le monde. Il opprime ses serviteurs, il prête avec usure, et il a des exigences cruelles. Il n'aime que lui-même. Il est le plus cruel de la région. Il ne mérite rien, Seigneur.” “Je le sais. Tu dis vrai.” “Et tu vas chez lui?” “Il m'a invité.” “Méfie-toi, Seigneur. Il ne l'aura pas fait par amour. Il ne peut t'aimer. Et Toi… tu ne peux l'aimer.” “Moi, j'aime même les pécheurs, femme. Je suis venu pour sauver celui qui est perdu…” “Mais lui, tu ne le sauveras pas. Oh! pardon d'avoir jugé! Toi, tu sais… Tout est bien de ce que tu fais! Pardonne à ma sotte langue et ne me punis pas.” “Je ne te punis pas, mais ne le fais plus. Aime même les méchants, non pas pour leur méchanceté, mais parce que c'est par l'amour qu'on leur obtient la miséricorde qui les convertit. Tu es bonne et désireuse de l'être encore davantage. Tu aimes la Vérité, et la Vérité qui te parle te dit qu'Elle t'aime, car selon la Loi, tu as de la pitié pour l'hôte et le pèlerin et c'est ainsi que tu as élevé tes enfants. Dieu sera ta récompense. Je dois aller chez Ismaël qui m'a invité pour me présenter à ses nombreux amis qui veulent me connaître. Je ne puis attendre ton mari qui, sache-le, est sur le chemin du retour. Mais dis-lui de souffrir encore un peu et de venir tout de suite chez Ismaël. Viens toi aussi. Je le guérirai.” “Oh! Seigneur!…” la femme est à genoux aux pieds de Jésus et le regarde riant et pleurant. Puis elle dit: “Mais c'est le sabbat, aujourd'hui!…” “Je le sais. J'ai besoin que ce soit le sabbat pour dire quelque chose à ce propos à Ismaël. Tout ce que je fais, je le fais dans un but clair et exempt d'erreur. Sachez-le tous, même vous, mes amis qui avez peur et voudriez que je conforme ma conduite aux convenances humaines pour ne pas en subir de dommage. C'est l'amour qui vous guide, je le sais. Mais vous devez savoir aimer mieux celui que vous aimez, en ne faisant jamais passer l'intérêt divin après l'intérêt de celui que vous aimez. Femme, je pars et je t'attends. Qu'il y ait une paix perpétuelle dans cette maison où on aime Dieu et sa Loi, où on respecte le mariage et où on élève saintement les enfants, où on aime le prochain et où on cherche la Vérité. Adieu.” Jésus met la main sur la tête de la femme et des deux fillettes, puis il se penche pour embrasser les enfants plus petits, et il sort. Maintenant un faible soleil d'hiver tempère la fraîcheur de l'air. Un garçon d'environ quinze ans attend avec un char rustique en très mauvais état. “Je n'ai que cela, Seigneur. Mais tu auras plus vite fait et plus commodément.” “Non, femme. Garde frais le cheval pour venir chez Ismaël. Montre-moi seulement la route la plus courte.” Le garçon se met à côté de Lui et, à travers champs et prés, ils vont vers une ondulation de terrain au-delà de laquelle il y a une vaste cuvette de quelques hectares bien cultivée, au milieu de laquelle se trouve une belle maison, large et basse, entourée d'un jardin bien cultivé. “Voici la maison, Seigneur” dit le garçon. “Si tu n'as plus besoin de moi, je vais rentrer à la maison pour aider la mère.” “Va et sois toujours un bon fils. Dieu est avec toi.” Jésus entre dans la somptueuse maison de campagne d'Ismaël. Des serviteurs, en grand nombre, accourent à la rencontre de l'Hôte, certainement attendu. D'autres vont prévenir le maître qui sort à la rencontre de Jésus en Lui faisant de profondes inclinations. “Sois le bienvenu, Maître, dans ma maison!” “Paix à toi, Ismaël ben Fabi. Tu m'as désiré. Je viens. Pourquoi m'as-tu invité?” “Pour avoir l'honneur de t'avoir et te présenter à mes amis. Je veux qu'ils soient aussi les tiens, comme je veux que tu sois pour moi un ami.” “Je suis ami de tout le monde, Ismaël.” “Je le sais. Mais, tu sais! Il est bien d'avoir des amitiés en haut lieu. La mienne et celle de mes amis sont telles. Toi, pardonne-moi de te le dire, tu négliges trop ceux qui peuvent t'appuyer…” “Et tu es de ceux-ci? Pourquoi?” “Je suis de ceux-ci. Pourquoi? Parce que je t'admire et que je veux que tu sois pour moi un ami.” “Ami! Mais sais-tu, Ismaël, le sens que je donne à ce mot? Pour beaucoup un ami cela veut dire une connaissance, pour d'autres un complice, pour d'autres un serviteur. Pour Moi cela veut dire: fidèle à la Parole du Père. Qui n'est pas cela ne peut être un ami pour Moi, ni Moi pour lui.” “Mais c'est justement parce que je veux être fidèle que je veux ton amitié, Maître. Tu ne le crois pas? Regarde: voici Eléazar qui arrive. Demande-lui comme je t'ai défendu auprès des Anciens. Eléazar, je te salue. Viens, car le Rabbi veut te demander une chose.” Profondes salutations et réciproques coups d'œil investigateurs. “Toi, Eléazar, dis ce que j'ai dit du Maître la dernière fois que nous nous sommes réunis.” “Oh! un véritable éloge! Une défense passionnée! Il m'est alors venu l'envie de t'entendre, tant Ismaël parlait de Toi, Maître, comme du Prophète le plus grand venu au peuple d'Israël. Je me souviens qu'il disait que personne n'avait une parole plus profonde que la tienne, n'exerçait une fascination plus grande, et que si tu sauras mettre en œuvre l'épée, comme tu sais parler, il n'y aura pas de roi plus grand que Toi en Israël.” “Mon Royaume!… Il n'est pas humain, ce Royaume, Eléazar.” “Mais le Roi d'Israël?!” “Que s'ouvrent vos esprit pour comprendre les paroles secrètes. Il viendra le Royaume du Roi des rois. Mais non pas selon les estimations humaines. Non pas pour ce qui périt, mais pour ce qui est éternel. On y arrive non par un chemin fleuri et triomphal, ni sur un tapis empourpré du sang ennemi, mais par le rude chemin du sacrifice et par la douce échelle du pardon et de l'amour. Ce sont les victoires contre nous-mêmes qui nous donneront ce Royaume. Et que Dieu veuille que le plus grand nombre d'israélites puissent me comprendre. Mais il n'en sera pas ainsi. Vous pensez ce qui n'est pas. Dans ma main, il y aura un sceptre et c'est le peuple d'Israël qui l'y aura mis, Royal et Éternel. Aucun roi ne pourra l'enlever à ma Maison. Mais beaucoup en Israël ne pourront le voir sans frémir d'horreur, car il aura un nom qui sera atroce pour eux.” “Tu ne nous crois pas capables de te suivre?” “Si vous le vouliez, vous le pourriez. Mais vous ne le voulez pas. Pourquoi vous ne voulez pas? Vous êtes âgés désormais. L'âge devrait vous donner compréhension et justice. Justice aussi pour vous-mêmes. Les jeunes… pourront se tromper et puis se repentir. Mais vous! La mort est toujours proche pour les plus âgés. Eléazar, tu es moins enveloppé dans les théories que beaucoup de tes semblables. Ouvre ton cœur à la Lumière…” Ismaël revient avec cinq autres pharisiens pompeux. “Venez donc dans la maison” dit le maître. Et, quittant l'atrium garni de sièges et de tapis, ils entrent dans une pièce où on leur apporte des amphores et des bassines pour les ablutions. Puis ils passent dans la salle à manger très richement préparée. “Jésus à côté de moi, entre Eléazar et moi” commande le maître. Et Jésus, qui s'était tenu au fond de la salle près des disciples un peu intimidés et laissés de côté, doit s'asseoir à la place d'honneur. Le repas commence avec de nombreux plats de viandes et de poissons rôtis. Des vins et, me semble-t-il, des sirops, ou au moins des eaux miellées, passent et repassent. Tous essaient de faire parler Jésus. L'un d'eux, un vieillard tout tremblotant, demande d'une voix éraillée de vieillard décrépit: “Maître, est-ce vrai ce qu'on dit, que tu as l'intention de modifier la Loi?” “Je ne changerai pas un iota à la Loi. Au contraire, (et Jésus appuie sur les mots) je suis justement venu pour la rendre de nouveau intègre comme quand elle fut donnée à Moïse.” “Voudrais-tu dire qu'elle a été changée?” “Non, jamais. Uniquement qu'elle a subi le sort de toutes les choses élevées mises dans la main de l'homme.” “Que voudrais-tu dire? Précise.” “Je veux dire que l'homme, par suite de l'ancien orgueil ou pour l'ancien foyer de la triple luxure, a voulu en retoucher les paroles droites et en a fait quelque chose qui opprime les fidèles alors que, pour ceux qui les ont retouchées, ce n'est qu'un amas de phrases… qu'on laisse à l'usage des autres.” “Mais, Maître! Nos rabbins…” “C'est une accusation!” “Ne nous déçois pas dans notre désir de t'être utile!…” “Hé! Hé! Ils ont raison de t'appeler révolté!” “Silence! Jésus est mon hôte. Qu'il parle en toute liberté.” “Nos rabbins, pour commencer, se sont ingéniés et ont peiné dans l'intention sainte de rendre plus facile l'application de la Loi. Dieu Lui-même a commencé cet enseignement quand aux paroles des dix commandements Il a ajouté des explications plus détaillées. Cela pour que l'homme n'eût pas l'excuse de ne pas avoir su comprendre. Œuvre sainte donc celle des maîtres qui ont brisé en morceaux, pour les petits de Dieu, le pain donné par Dieu à l'esprit. Mais sainte quand elle poursuivait un but qui était droit. Il n'en fut pas toujours ainsi. Et maintenant moins que jamais. Mais pourquoi voulez-vous me le faire dire, vous qui vous offensez si je vous énumère les fautes des puissants?” “Des fautes! Des fautes! Nous n'avons que des fautes, nous?” “Je voudrais que vous n'ayez que des mérites!” “Mais nous ne les avons pas. Tu le penses et ton regard le dit. Jésus, ce n'est pas en critiquant que l'on acquiert l'amitié des puissants. Tu ne régneras pas. Tu n'en connais pas l'art.” “Je ne demande pas de régner suivant vos idées, et je ne mendie pas des amitiés. C'est l'amour que je veux, mais un amour honnête et saint. Un amour qui va de Moi à ceux que j'aime, et qui se manifeste en usant à l'égard des pauvres de ce dont je prêche l'usage: la miséricorde.” “Moi, depuis que je t'ai entendu, je ne prête plus à usure” dit l'un. “Et Dieu t'en récompensera.” “Le Seigneur m'est témoin que je n'ai plus frappé mes serviteurs qui auraient mérité le fouet, quand on m'a eu dit une de tes paraboles” dit un autre. “Et moi? C'est plus de dix boisseaux d'orge que j'ai laissés dans les champs pour les pauvres!” dit encore un autre. Les pharisiens se louent copieusement. Ismaël n'a pas parlé. Jésus l'interpelle: “Et toi, Ismaël?” “Oh! moi! J'ai toujours usé de miséricorde. Je n'ai qu'à continuer comme j'ai toujours fait.” “C'est bien pour toi! S'il en est ainsi réellement, tu es l'homme qui ne connaît pas les remords.” “Oh! certainement pas!” Jésus le transperce de son œil de saphir. Eléazar touche le bras de Jésus: “Maître, écoute-moi. J'ai un cas spécial à te soumettre. J'ai acquis récemment une propriété d'un malheureux qui s'est ruiné pour une femme. Il me l'a vendue, mais sans me dire qu'il y avait une vieille servante, sa nourrice, maintenant aveugle et presque idiote. Le vendeur n'en veut pas. Moi… je n'en voudrais pas. Mais, la jeter à la rue… Que ferais-tu, Maître?” “Toi, que ferais-tu si tu devais donner un conseil à un autre?” “Je dirais: "Garde-la. Tu ne te ruineras pas pour un pain".” “Et pourquoi parlerais-tu ainsi?” “Mais!… parce que je pense que c'est ainsi que j'agirais et je voudrais qu'on agisse ainsi à mon égard…” “Tu es très près de la Justice, Eléazar. Agis comme tu conseillerais de le faire et le Dieu de Jacob sera toujours avec toi.” “Merci, Maître.” Les autres bougonnent entre eux. “Qu'avez-vous à murmurer?” demande Jésus. “N'ai-je pas parlé juste? Et lui n'a-t-il pas parlé avec justice? Ismaël, défends tes hôtes, toi qui as toujours agi avec miséricorde.” “Maître, tu parles bien, mais… si on agissait toujours ainsi!… On serait victime des autres.” “Et il vaut mieux, selon toi, que ce soient les autres qui soient nos victimes, n'est-ce pas?” “Je ne dis pas cela. Mais il y a des cas…” “La Loi dit d'avoir miséricorde…” “Oui, pour le frère pauvre, pour l'étranger, le pèlerin, la veuve et l'orphelin. Mais cette vieille, qui est tombée dans les bras d'Eléazar, n'est pas sa sœur, ni pèlerine, ni étrangère, ni orpheline ou veuve. Rien pour lui. Ni plus ni moins qu'un vieux tableau, oublié par le vrai maître dans la propriété vendue. Eléazar pourrait donc la chasser sans scrupules d'aucune sorte. Enfin la responsabilité de la mort de la vieille ne lui reviendrait pas, mais reviendrait à son vrai maître…” “… qui ne peut plus la garder puisqu'il est pauvre lui aussi, et par conséquent lui aussi est exempt d'obligations. De sorte que si la petite vieille meurt de faim, c'est elle qui est coupable, n'est-ce pas?” “C'est cela, Maître. C'est le sort de ceux… qui ne servent plus. Les malades, les vieux, les incapables, sont condamnés à la misère, à la mendicité. Et la mort est ce qu'il y a de meilleur pour eux… C'est ainsi depuis que le monde est monde et il en sera toujours ainsi…” “Jésus, aie pitié de moi!” Un cri de détresse entre par les fenêtres fermées, car la salle est fermée et avec les lampes allumées, peut-être à cause du froid. “Qui m'appelle?” “Quelque importun. Je le ferai chasser. Ou quelque mendiant. Je lui ferai donner un pain.” “Jésus, je suis malade. Sauve-moi!” “Je l'ai dit: un importun. Je punirai les serviteurs pour l'avoir fait passer.” Et Ismaël se lève. Mais Jésus, plus jeune d'au moins vingt ans et qui le dépasse du cou et de la tête, le fait se rasseoir en lui mettant la main sur l'épaule et en commandant: “Reste, Ismaël. Je veux voir celui qui me cherche. Faites-le entrer.” Il entre un homme aux cheveux encore noirs. Il peut avoir environ quarante ans. Mais il est enflé comme un tonneau et jaune comme un citron, avec les lèvres violettes entrouvertes et la bouche haletante. Il est accompagné par la femme de la première partie de la vision. L'homme avance avec peine à cause de la maladie et de la crainte. Il voit qu'on le regarde d'un si mauvais œil! Mais Jésus a quitté sa place et il est allé vers le malheureux en le prenant par la main et en l'amenant au milieu de la salle dans l'espace vide entre les tables disposées en fer à cheval. Exactement sous le lampadaire. “Que veux-tu de Moi?” “Maître… je t'ai tant cherché… depuis si longtemps… Je ne veux rien que la santé… pour mes enfants et ma femme… Toi, tu peux tout… Vois à quoi je suis réduit…” “Et tu crois que je puis te guérir?” “Si je le crois!… Tout pas m'est douloureux… toute secousse pénible… mais pourtant j'ai fait des milles pour te chercher… et puis avec le char je t'ai suivi aussi… mais je ne te rattrapais jamais… Si je le crois!… Je suis étonné de n'être pas encore guéri, depuis que ma main est dans la tienne, car tout en Toi est saint, ô Saint de Dieu.” Le pauvre souffle comme un phoque par l'effort qu'il fait pour tant parler. La femme regarde son mari et Jésus, et elle pleure. Jésus les regarde et il sourit. Puis il se tourne et il demande: “Toi, vieux scribe, (il parle au vieux à la voix chevrotante qui a parlé le premier) réponds-moi: est-il permis de guérir pendant le sabbat?” “Pendant le sabbat il n'est permis de faire aucun travail.” “Même pas de sauver quelqu'un du désespoir? Ce n'est pas un travail manuel.” “Le sabbat est consacré au Seigneur.” “Quelle œuvre plus digne d'un jour sacré que de faire qu'un fils de Dieu dise à son Père: "Je t'aime et te loue parce que Tu m'as guéri"?!” “Il doit le faire, même s'il est malheureux.” “Chanania, sais-tu qu'en ce moment ton bois le plus beau est en train de brûler, et que toute la pente de l'Hermon rougit de l'éclat des flammes?” Le vieil homme bondit comme si un aspic l'avait mordu: “Maître, tu dis la vérité ou bien est-ce une plaisanterie?” “Je dis la vérité. Je vois et je sais.” “Oh! malheureux que je suis! Mon bois le plus beau! Des milliers de sicles en cendre! Malédiction! Maudits soient les chiens qui m'y ont mis le feu! Que leurs viscères brûlent comme mon bois!” Le petit vieux est désespéré. “Ce n'est qu'un bois, Chanania, et tu te plains! Pourquoi ne donnes-tu pas louange au Seigneur, dans ce malheur? Lui ne perd pas du bois qui renaît, mais la vie et le pain de ses enfants, et il devrait donner la louange que toi tu ne donnes pas? Donc scribe, il ne m'est pas permis de le guérir le jour du sabbat?” “Maudit sois-tu, lui et le sabbat! J'ai bien autre chose à penser, moi…” et, bousculant Jésus qui lui avait mis une main sur le bras, il sort furieux et on l'entend brailler de sa voix chevrotante pour avoir son char. “Et maintenant?” demande Jésus en tournant son regard vers les autres. “Et maintenant vous, dites-moi: est-ce permis ou non?” Personne ne répond. Eléazar baisse la tête après avoir entrouvert les lèvres, que pourtant il referme, saisi par le froid qui a envahi la salle. “Eh bien, Moi, je vais parler” dit Jésus. Et son aspect est imposant et sa voix est un tonnerre comme toujours quand il va opérer un miracle. “Je vais parler. Je parle. Je dis: homme, qu'il te soit fait selon ce que tu crois. Tu es guéri. Loue l'Éternel. Va en paix.” L'homme reste interdit. Peut-être pensait-il redevenir d'un coup agile comme autrefois. Et il lui semble qu'il n'est pas guéri. Mais qui sait ce qu'il ressent… Il pousse un cri de joie, se jette aux pieds de Jésus et les baise. “Va, va! Sois toujours bon. Adieu!” L'homme sort suivi de la femme qui, jusqu'au dernier moment, se retourne pour saluer Jésus. “Pourtant, Maître… Dans ma maison… Le jour du sabbat…” “Tu n'approuves pas! Je le sais. Et c'est pour cela que je suis venu. Ami, toi? Non. Mon ennemi. Tu n'es pas sincère avec Moi, ni avec Dieu.” “Tu m'offenses, maintenant?” “Non, je dis la vérité. Tu as dit qu'Eléazar n'est pas tenu de secourir cette petite vieille parce qu'elle n'appartient pas à sa propriété. Mais toi, tu avais deux orphelins dans ta propriété. C'étaient les enfants de deux serviteurs fidèles qui sont morts au travail, l'un avec la faux en main, l'autre tuée par une fatigue excessive. Pour que tu la gardes, elle avait dû ajouter à son service celui de son mari. Tu disais: "J'ai fait un contrat pour deux travailleurs et, pour te garder, j'exige ton travail et celui du mort". Et elle te l'a donné, et elle est morte avec l'enfant qu'elle portait, car cette femme était mère, et elle n'a pas eue la pitié que l'on a pour une bête qui engendre. Où sont maintenant ces deux petits?” “Je ne sais pas… Ils sont disparus, un jour.” “Ne mens pas maintenant. Il suffit d'avoir été cruel. Il ne faut pas ajouter le mensonge pour rendre tes sabbats odieux à Dieu, même s'ils sont exempts d'œuvres serviles. Où sont ces petits?” “Je ne sais pas. Je ne sais plus, crois-le.” “Moi, je le sais. Je les ai trouvés un soir de novembre, froid, pluvieux, sombre. Je les ai trouvés affamés et tremblants, près d'une maison, comme deux petits chiens à la recherche d'une bouchée de pain… Maudits et chassés par un homme qui avait des entrailles de chien, un homme pire qu'un chien, car un chien aurait eu pitié de ces deux orphelins. Et toi et cet homme, vous n'avez pas eu pitié. Leurs parents ne te servaient plus, n'est-ce pas? Ils étaient morts. Les morts ne peuvent que pleurer dans leurs tombeaux, en entendant les sanglots de leurs enfants malheureux dont les autres ne s'occupent pas. Cependant les morts portent à Dieu, par leur esprit, leurs pleurs et ceux de leurs enfants orphelins, et ils disent: "Seigneur, exerce-Toi nos vengeances, puisque le monde opprime quand il ne peut plus exploiter". Les deux petits n'étaient pas encore en âge de te servir, n'est-ce pas? Oui et non, car la petite pouvait servir pour glaner… Et tu les as chassés, en leur refusant même le peu de bien qui appartenait au père et à la mère. Ils pouvaient mourir de faim et de froid comme deux chiens sur un chemin. Ils pouvaient vivre en devenant l'un voleur l'autre une prostituée, car la faim porte au péché. Mais que t'importait? Il y a un moment, tu as cité la Loi à l'appui de tes théories. Et la Loi ne dit-elle pas alors: "Ne faites pas de tort à la veuve et à l'orphelin. Si vous leur faites du tort, leurs voix s'élèveront vers Moi, J'entendrai leurs cris et ma fureur s'enflammera et je vous exterminerai par l'épée, et vos femmes resteront veuves et vos enfants orphelins"? N'est-ce pas ce que dit la Loi? Et alors, pourquoi ne l'observes-tu pas? Tu m'as défendu auprès des autres? Et alors pourquoi ne prends-tu pas, en toi-même, la défense de ma Doctrine? Tu veux être pour Moi un ami? Et alors pourquoi fais-tu le contraire de ce que je dis? L'un de vous est en train de courir à perdre haleine, s'arrachant les cheveux à cause de la ruine de son bois. Et il ne se les arrache pas pour les ruines de son cœur! Et toi, qu'attends-tu pour le faire? Pourquoi voulez-vous vous croire parfaits, vous auxquels le sort a donné une haute situation? Et si vous l'êtes en quelque chose, pourquoi ne cherchez-vous pas à l'être en tout? Pourquoi me haïssez-vous parce que je découvre vos plaies? Je suis le Médecin de votre esprit. Est-ce qu'un médecin peut guérir sans découvrir et nettoyer les plaies? Mais ne savez-vous pas qu'un grand nombre, et cette femme qui est sortie est une de ceux-là, méritent la première place au banquet de Dieu en dépit de leur apparence mesquine! Ce n'est pas l'extérieur, c'est le cœur et l'esprit qui ont de la valeur. Dieu vous voit, du haut de son trône, et Il vous juge. Combien Il en voit qui valent mieux que vous! Par conséquent, écoutez. Prenez toujours comme règle de conduite cela: quand on vous invite à un banquet de noces, choisissez toujours la dernière place. Double honneur vous en reviendra quand le maître vous dira: "Ami, avance". Honneur de mérite et honneur d'humilité. Alors que… O triste moment pour un orgueilleux d'avoir la honte de s'entendre dire: "Va là-bas, au fond, car il y a quelqu'un qui est plus que toi". Et faites la même chose dans le banquet secret de votre esprit pour les noces avec Dieu. Qui s'humilie sera exalté, et qui s'exalte sera humilié. Ismaël, ne me hais pas parce que Moi je te soigne. Moi, je ne te hais pas. Je suis venu pour te guérir. Tu es plus malade que cet homme. Tu m'as invité pour te donner du lustre à toi-même et satisfaire tes amis. Souvent tu invites, mais par orgueil et pour ton plaisir. Ne le fais pas. N'invite pas les riches, les parents, les amis. Mais ouvre ta maison, ouvre ton cœur aux pauvres, aux mendiants, aux estropiés, aux boiteux, aux orphelins et aux veuves. Ils ne te donneront en échange que des bénédictions. Mais Dieu les changera pour toi en grâces. Et à la fin… oh! à la fin, quel sort bienheureux pour tous les miséricordieux qui seront récompensés par Dieu à la résurrection des morts! Malheur à ceux qui caressent seulement une espérance de profit et puis ferment leur cœur au frère qui ne peut plus servir. Malheur à eux! Je ferai les vengeances de ceux qui ont été abandonnés.” “Maître… je… je veux te satisfaire. Je prendrai encore ces enfants.” “Non.” “Pourquoi?” “Ismaël?!…” Ismaël baisse la tête. Il veut faire l'humble. Mais c'est une vipère à laquelle on a pressé le venin et elle ne mord plus parce qu'elle sait qu'elle n'en a plus, mais pourtant elle attend le moment de mordre… Eléazar essaie de ramener la paix en disant: “Bienheureux ceux qui prennent part au banquet de Dieu dans leur esprit et dans le Royaume éternel. Mais crois-le, Maître, c'est la vie qui nous apporte des obstacles. Les charges… les occupations…” Jésus dit la parabole du banquet (Mt 22,2-10; Lc 14,16-24) et pour finir: “Les charges… les occupations, as-tu dit. C'est vrai. C'est pour cela que je t'ai dit, au commencement de ce banquet, que mon Royaume se conquiert par des victoires sur soi-même et non par des victoires sur des champs de bataille. La place au grand Banquet est pour ces humbles de cœur qui savent être grands par leur fidèle amour qui ne mesure pas le sacrifice et qui surmonte tout pour venir à Moi. Même une heure suffit pour changer un cœur. Pourvu que ce cœur le veuille. Et il suffit d'une parole. Je vous en ai tant dit. Et je regarde… Dans un cœur va naître une plante sainte. Dans les autres, des ronces pour Moi et, dans ces ronces, des aspics et des scorpions. Peu importe. Je vais droit mon chemin. Qui m'aime me suive. Je vais en appelant à ma suite. Que ceux qui ont le cœur droit viennent à Moi. Je vais en instruisant. Que ceux qui cherchent la justice s'approchent de la Fontaine. Pour les autres… pour les autres c'est le Père Saint qui les jugera. Ismaël, je te salue. Ne me hais pas. Réfléchis. Et rends-toi compte que j'ai été sévère par amour, non par haine. Paix à cette maison et à ceux qui l'habitent, paix à tous si vous la méritez.”
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 21 août 2022 - Vingt-et-unième dimanche du temps ordinaire

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 13,22-30.
Dans sa marche vers Jérusalem, Jésus passait par les villes et les villages en enseignant. Quelqu'un lui demanda :
« Seigneur, n'y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? »
Jésus leur dit :
« Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas. Quand le maître de la maison se sera levé et aura fermé la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte, en disant : 'Seigneur, ouvre-nous', il vous répondra : 'Je ne sais pas d'où vous êtes. ' Alors vous vous mettrez à dire : 'Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places. ' Il vous répondra : 'Je ne sais pas d'où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal. ' Il y aura des pleurs et des grincements de dents quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors. Alors on viendra de l'orient et de l'occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta
  • Traduction de 2017 : Tome 5, Ch 363, p 522
  • Ancienne traduction : Tome 5, Ch 53, p 370
  • CD 5, piste 39
  • USB Tome 5, piste 138
Thomas, qui était en arrière de la troupe des apôtres et qui parlait avec Manaën et Barthélémy, quitte ses compagnons et rejoint le Maître qui est devant avec Margziam et Isaac. “Maître, nous sommes bientôt près de Rama. Tu ne voudrais pas bénir l'enfant de ma sœur? Elle désire tant te voir! Nous pourrions y séjourner, il y a de la place pour tous. Fais-moi ce plaisir, Seigneur!” “Oui, et avec joie! Demain, nous entrerons à Jérusalem reposés.” “Oh! alors je vais en avant pour prévenir! Tu me laisses aller?” “Va. Mais rappelle-toi que je ne suis pas un ami mondain. Ne pousse pas les tiens à beaucoup de dépenses. Traite-moi en "Maître". Tu m'as compris?” “Oui, mon Seigneur. Je le dirai aux parents. Tu viens avec moi, Margziam?” “Si Jésus le veut…” “Va, va, fils.” Les autres, qui ont vu Thomas et Margziam aller en direction de Rama, située un peu à gauche de la route qui va, je crois, de la Samarie à Jérusalem, hâtent le pas pour demander ce qui arrive. “Nous allons chez la sœur de Thomas. J'ai séjourné dans toutes les maisons de vos parents. Il est juste que j'aille aussi chez lui, et c'est pour cela que je l'ai envoyé en avant.” “Alors, si tu permets, aujourd'hui moi aussi j'irai en avant pour voir un peu s'il n'y a rien de nouveau. À ton entrée à la Porte de Damas j'y serai s'il y a des ennuis. Autrement je te verrai… Où, Seigneur?” dit Manaën. “A Béthanie, Manaën. Je vais tout de suite chez Lazare. Mais les femmes, je les laisserai à Jérusalem. Je vais seul et même, je t'en prie, après la halte d'aujourd'hui, accompagne les femmes à leurs maisons.” “Comme tu veux, Seigneur.” “Prévenez le conducteur de nous suivre à Rama.” En effet le char vient lentement par derrière, pour suivre le groupe des apôtres. Isaac et le Zélote restent arrêtés pour l'attendre alors que les autres prennent la route secondaire en pente douce, qui les amène à la petite colline très basse sur laquelle se trouve Rama. Thomas ne se tient pas de joie et il paraît encore plus rouge à cause du contentement qui éclate sur son visage. Il les attend à l'entrée du village. Il court à la rencontre de Jésus: “Quel bonheur, Maître! Toute ma famille est là! Mon père qui voulait tant te voir, ma mère, mes frères! Comme je suis content!” Et il se met à côté de Jésus, plastronnant comme un conquérant à l'heure de son triomphe. La maison de la sœur de Thomas se trouve à un carrefour à l'est de la ville. C'est la maison typique des israélites aisés, avec la façade quasi sans fenêtres, le portail de fer avec son judas, la terrasse qui sert de toit et les murailles du jardin, hautes et sombres, qui se prolongent en arrière de la maison et que dépassent les feuillages des arbres à fruits. Mais aujourd'hui la servante n'a pas besoin de regarder par le judas. Le portail est tout grand ouvert et tous les habitants de la maison sont rassemblés dans l'atrium. Les grandes personnes sont toutes occupées après les enfants, garçons et filles dont la foule serrée, turbulente, exaltée par la nouvelle, rompt continuellement l'ordre hiérarchique et joue devant les adultes aux places d'honneur où se trouvent au premier rang les parents de Thomas et sa sœur avec son mari. Mais quand Jésus est sur le seuil, qui pourrait retenir cette marmaille? Elle ressemble à une couvée qui sort du nid après une nuit de repos. Et Jésus reçoit le choc de cette troupe turbulente et gentille qui s'abat contre ses genoux et l'enserre, levant les petits visages en quête de baisers, et qui ne peut rester tranquille malgré les avertissements paternels ou maternels ou même quelques gifles que Thomas distribue pour rétablir l'ordre. “Laisse-les faire! Laisse-les faire! Si tout le monde pouvait être comme eux!” s'écrie Jésus qui se penche pour contenter toute cette troupe émoustillée. Il peut enfin entrer parmi les salutations plus respectueuses des adultes. Mais ce qui me plaît particulièrement, c'est le salut du père de Thomas, un vieillard typiquement juif, que Jésus relève car il veut l'embrasser “par reconnaissance pour sa générosité qui lui donne un apôtre.” “Oh! Dieu m'a aimé plus que tout autre en Israël. Alors que tout hébreux a son premier-né consacré au Seigneur, moi j'en ai deux qui sont consacrés. le premier et le dernier; et le dernier est encore plus sacré car, sans être lévite ni prêtre, il fait ce que le Grand Prêtre lui-même ne peut pas faire: il voit constamment Dieu et il accueille ses commandements!” dit-il avec sa voix un peu tremblante de vieillard, que l'émotion fait encore trembler davantage. Et il dit pour finir: “Dis-moi seulement une chose pour contenter mon âme. Toi, qui ne mens pas, dis-moi: mon fils, par la façon dont il te suit, est-il digne de te servir et de mériter la Vie éternelle?” “Reste en paix, père. Ton Thomas a une grande place dans le cœur de Dieu par la façon dont il se conduit; et il aura une grande place au Ciel pour la manière dont il aura servi Dieu jusqu'à son dernier soupir.” Thomas halète comme un poisson hors de l'eau par l'émotion que lui donne ce qu'il entend dire. Le vieillard lève ses mains tremblantes alors que deux larmes descendent par les rides profondes pour se perdre dans sa barbe patriarcale, et il dit: “Sur toi la bénédiction de Jacob; la bénédiction du patriarche au juste parmi les fils: que le Tout-Puissant te bénisse par les bénédictions du ciel au-dessus de nous, par les bénédictions de l'abîme au-dessous, par les bénédictions des mamelles et du sein. Que les bénédictions de ton père surpassent celles que lui-même a reçues de son père, et qu'elles se posent sur la tête de Thomas jusqu'à ce que vienne le désir des collines éternelles, sur la tête de celui qui est le nazaréen parmi ses frères!” Et tous répondent: “Qu'il en soit ainsi.” “Et maintenant, Toi, ô Seigneur, bénis cette maison et surtout ceux qui sont le sang de mon sang” dit le vieillard en montrant les enfants. Jésus, en ouvrant les bras, entonne la bénédiction mosaïque et il y ajoute: “Que Dieu, en présence duquel marchèrent vos pères, que Dieu qui m'a nourri depuis ma jeunesse jusqu'à ce jour, que l'ange qui m'a délivré de tout mal, bénisse ces petits, qu'ils portent mon Nom et aussi les noms de mes pères et qu'ils se multiplient largement sur la terre” et il termine en prenant le dernier-né des bras de sa mère pour le baiser sur le front en disant: “Et qu'en toi descendent comme du miel et du beurre les vertus d'élite qui ont habité dans le Juste dont le nom t'a été donné, en le rendant plein de vie pour les Cieux et orné comme le palmier l'est de ses blondes dattes et le cèdre de sa royale frondaison.” Tous les assistants sont émus et extasiés, mais ensuite c'est une explosion de joie qui sort de toutes les bouches et accompagne Jésus qui entre dans la maison et ne s'arrête que lorsqu'il est dans la cour où il présente à ses hôtes sa Mère, les femmes disciples, les apôtres et les disciples. Ce n'est plus le matin, et ce n'est plus le midi. Les rayons maladifs du soleil percent difficilement les nuages ébouriffés de ce temps qui a du mal à se remettre. Le soleil ne va pas tarder de se coucher. C'est le crépuscule. Les femmes ne sont plus là, ni Isaac ni Manaën, alors que Margziam est resté et il est tout heureux aux côtés de Jésus. Il sort de la maison avec Lui, les apôtres et toute la parenté masculine de Thomas, pour voir des vignes qui ont des qualités particulières. Aussi bien le père que le beau-frère de Thomas vantent l'orientation du vignoble et la rareté des vignes qui pour le moment n'ont que des feuilles nouvelles et très tendres. Et Jésus avec bienveillance écoute ces explications intéressantes de taille et de sarclage comme si c'était les choses les plus importantes du monde. À la fin il dit en souriant à Thomas: “Est-ce que je dois bénir cette dot de ta sœur jumelle?” “Oh! mon Seigneur! Je ne suis pas Doras ni Ismaël. Je sais que ta respiration, ta présence dans un lieu sont déjà une bénédiction. Mais si tu veux lever ta main droite sur ces vignes, fais-le, et certainement leur fruit sera saint.” “Et abondant, non? Qu'en dis-tu, père?” “Il suffit qu'il soit saint. Cela suffit! Et moi, je le presserai et je te l'enverrai pour la Pâque prochaine et tu t'en serviras dans le calice rituel.” “C'est dit. J'y compte. Je veux, à la Pâque qui va venir, consommer le vin d'un véritable israélite.” Ils sortent du vignoble pour retourner au village. La nouvelle de la présence dans le pays de Jésus de Nazareth s'est répandue, et les gens de Rama sont tous sur les routes avec un grand désir de l'approcher. Jésus les voit et il dit à Thomas: “Pourquoi ne viennent-ils pas? Ils ont peut-être peur de Moi? Dis-leur que je les aime.” Oh! Thomas ne se le fait pas dire deux fois! Il va d'un groupe à l'autre, si rapide qu'il semble un papillon volant de fleur en fleur. Et ils ne se le font pas dire deux fois non plus les gens qui ont entendu l'invitation. Ils accourent tous, en se donnant le mot, autour de Jésus aussi, lorsqu'ils arrivent au carrefour où se trouve la maison de Thomas, il y a toute une foule discrète qui parle avec respect aux apôtres et aux parents de Thomas, s'informant de choses et autres. Je me rends compte que Thomas a beaucoup travaillé pendant les mois d'hiver et qu'une partie notable de la doctrine évangélique est connue dans le pays, mais ils désirent avoir de Jésus des explications particulières. Quelqu'un, qui a été très impressionné par la bénédiction que Jésus a donnée aux enfants de la maison hospitalière et par ce qu'il a dit de Thomas, demande: “Seront-ils donc tous des justes à cause de ta bénédiction?” “Non à cause d'elle, mais à cause de leurs actions. Moi, je leur ai donné la force de ma bénédiction pour les fortifier dans leurs actions. Mais ce sont eux qui doivent faire les actions et faire seulement de justes actions pour avoir le Ciel. Moi, je bénis tout le monde… mais tous ne se sauveront pas en Israël.” “Et même il s'en sauvera très peu, s'ils vont de l'avant comme ils le font maintenant” murmure Thomas. “Que dis-tu?” “La vérité. Celui qui persécute le Christ et le calomnie, celui qui ne pratique pas ce qu'il enseigne, ne prendra pas part à son Royaume” dit Thomas de sa grosse voix. Quelqu'un le tire par la manche: “Il est très sévère?” demande-t-il en montrant Jésus. “Non. Au contraire il est trop bon.” “Moi, qu'en dis-tu, est-ce que je me sauverai? Je ne suis pas parmi les disciples. Mais tu sais comme je suis et comme j'ai toujours cru à ce que tu me disais. Mais je ne sais pas faire davantage. Que dois-je faire au juste pour me sauver en plus de ce que je fais déjà?” “Demande-le-lui. Il aura la main et le jugement plus doux et plus juste que le mien.” L'homme s'avance et dit: “Maître, je suis fidèle à la Loi et depuis que Thomas m'a répété tes paroles, j'essaie de l'être davantage. Mais je suis peu généreux. Je fais ce que je dois faire absolument. Je m'abstiens de faire ce qu'il n'est pas bien de faire car j'ai peur de l'Enfer. Mais pourtant j'aime mes aises et… je l'avoue, je m'efforce de faire les choses de façon à ne pas pécher mais sans trop me gêner pourtant. Est-ce que je me sauverai en agissant ainsi?” “TU te sauveras. Mais pourquoi être avare avec le bon Dieu qui est si généreux avec toi? Pourquoi ne prétendre pour soi que le salut, obtenu difficilement, et non pas la grande sainteté qui donne tout de suite une paix éternelle? Allons, homme! Sois généreux avec ton âme!” L'homme dit humblement: “J'y réfléchirai, Seigneur. J'y réfléchirai. Je sais que tu as raison et que je fais tort à mon âme en l'obligeant à une longue purification avant d'avoir la paix.” “Bravo! Cette pensée est déjà un commencement de perfectionnement.” Un autre de Rama demande: “Seigneur, sont-ils peu nombreux ceux qui se sauvent?” “Si l'homme savait se conduire avec respect envers lui-même et avec un amour respectueux pour Dieu, tous les hommes se sauveraient comme Dieu le désire. Mais l'homme n'agit pas ainsi. Et comme un sot il s'amuse avec le clinquant au lieu de prendre l'or véritable. Soyez généreux dans votre recherche du Bien. Cela vous coûte? C'est en cela que réside le mérite. Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite. L'autre, large et attirante, c'est une séduction de Satan pour vous dévoyer. Celle du Ciel est étroite, basse, nue et sévère. Pour y passer il faut être agile, léger, sans faste et sans matérialité. Il faut être spirituel pour pouvoir le faire. Autrement, quand sera venue l'heure de la mort, vous n'arriverez pas à la franchir. Et en vérité on en verra beaucoup qui chercheront à entrer sans pouvoir y réussir tant la matérialité les rend obèses, tant les pompes mondaines les rendent compliqués, tant les raidit la croûte du péché, tant l'orgueil qui est leur squelette les rend incapables de se plier. Et alors le Maître du Royaume viendra fermer la porte, et alors ceux qui sont dehors, ceux qui n'auront pas pu entrer au moment voulu, en restant dehors frapperont à la porte en criant: "Seigneur, ouvre-nous! Nous sommes là aussi". Mais Lui dira: "En vérité, Je ne VOUS connais pas, et Je ne sais pas d'où vous venez". Et eux: "Mais comment? Tu ne te souviens pas de nous? Nous avons mangé et bu avec Toi et nous t'avons écouté quand Tu enseignais sur nos places". Mais Lui répondra: "En vérité Je ne vous reconnais pas. Plus Je vous regarde et plus vous m'apparaissez comme rassasiés de ce que J'ai déclaré nourriture impure. En vérité plus Je vous scrute et plus Je vois que vous n'êtes pas de ma famille. En vérité, voici, maintenant Je vois de qui vous êtes les fils et les sujets: de l'Autre. Vous avez pour père Satan, pour mère la Chair, pour nourrice l'Orgueil, pour serviteur la Haine, pour trésor vous avez le péché, les vices sont vos pierres précieuses. Sur votre cœur est écrit 'Égoïsme'. Vos mains sont souillées des vols faits aux frères. Hors d'ici! Loin de Moi, vous tous, artisans d'iniquité". Et alors, alors que des profondeurs des Cieux viendront, étincelants de gloire, Abraham, Isaac, Jacob, et tous les prophètes et les justes du Royaume de Dieu, eux, ceux qui n'auront pas eu amour mais égoïsme, pas le sacrifice mais la mollesse, seront chassés au loin, relégués là où les pleurs sont éternels et où il n'y a que terreur. Et ceux qui seront ressuscités glorieux, venus de l'orient et de l'occident, du nord et du midi, se rassembleront à la table nuptiale de l'Agneau, le Roi du Royaume de Dieu. Et on verra alors que beaucoup qui paraissaient les "plus petits" dans l'armée de la terre seront les premiers dans la population du Royaume. Et de même aussi on verra que tous les puissants d'Israël ne seront pas tous puissants au Ciel, et que tous ceux que le Christ a choisis pour être ses serviteurs n'ont pas su mériter d'être choisis pour la table nuptiale. Mais aussi on verra que beaucoup que l'on croyait "les premiers" seront non seulement derniers, mais ne seront même pas derniers. Car nombreux sont ceux qui sont appelés, mais peu nombreux sont ceux qui de leur élection ont su se faire une vraie gloire.” Pendant que Jésus parle, avec un pèlerinage qui va à Jérusalem ou qui en vient en quête de logement, surviennent des pharisiens. Ils voient le rassemblement et s'approchent pour voir. Ils ont vite fait de reconnaître la tête blonde de Jésus qui se détache sur le mur sombre de la maison de Thomas. “Laissez-nous passer car nous voulons dire un mot au Nazaréen” crient-ils, autoritaires. Sans enthousiasme la foule s'ouvre et les apôtres voient arriver vers eux le groupe des pharisiens. “Maître, paix à Toi!” “Paix à vous. Que voulez-vous?” “Tu vas à Jérusalem?” “Comme tout fidèle israélite.” “N'y va pas! Un danger t'y attend. Nous le savons car nous en venons pour aller à la rencontre de nos familles et nous sommes venus t'avertir ayant appris que tu étais à Rama.” “De qui, s'il est permis de le demander?” demande Pierre soupçonneux et tout prêt à amorcer une dispute. “Cela ne te regarde pas, homme. Sache seulement, toi qui nous appelles serpents, que près du Maître les serpents sont nombreux et que tu ferais bien de te méfier des trop nombreux et trop puissants disciples.” “Hé! Tu ne voudras pas insinuer que Manaën ou…” “Silence, Pierre. Et toi, pharisien, sache qu'aucun danger ne peut détourner un fidèle de son devoir. Si on perd la vie, ce n'est rien. Ce qui est grave, c'est de perdre son âme en contrevenant à la Loi. Mais tu le sais, et tu sais que je le sais. Pourquoi alors me tentes-tu? Tu ne sais peut-être pas que Moi je sais pourquoi tu le fais?” “Je ne te tente pas. C'est la vérité. Beaucoup d'entre nous peuvent être tes ennemis, mais pas tous. Nous, nous ne te haïssons pas. Nous savons qu'Hérode te cherche, et nous te disons: pars. Va-t-en d'ici, car si Hérode s'empare de Toi, il va te tuer. C'est ce qu'il veut.” “C'est ce qu'il veut, mais il ne le fera pas. Cela, je le sais, Moi. Du reste allez dire à ce vieux renard que Celui qu'il recherche est à Jérusalem. En effet j'y vais en chassant les démons, en opérant des guérisons, sans me cacher. Et je le fais et le ferai aujourd'hui, demain et après-demain, jusqu'à ce que mon temps soit achevé. Mais il faut que je marche tant que je ne serai pas arrivé au terme. Et il faut qu'aujourd'hui et puis une autre fois, et une autre fois, et une autre fois encore, j'entre à Jérusalem, car il n'est pas possible que mon chemin s'arrête auparavant. Et il doit s'achever comme il est juste, c'est-à-dire à Jérusalem.” “Le Baptiste est mort ailleurs.” “Il est mort en sainteté, et sainteté veut dire: "Jérusalem". Si maintenant Jérusalem veut dire "Péché" c'est seulement pour ce qui n'est que terrestre et qui bientôt ne sera plus. Mais je parle de ce qui est éternel et spirituel, c'est-à-dire de la Jérusalem des Cieux. C'est en elle, en sa sainteté, que meurent tous les justes et les prophètes. C'est en elle que je mourrai, et c'est inutilement que vous voulez m'amener au péché. Et je mourrai aussi dans les collines de Jérusalem, non pas de la main d'Hérode, mais par la volonté de ceux qui me haïssent plus subtilement que lui, parce qu'ils voient en Moi l'usurpateur du Sacerdoce qu'ils convoitent et Celui qui purifie Israël de toutes les maladies qui le corrompent. Ne mettez donc pas sur le dos d'Hérode tout le désir de tuer, mais prenez chacun votre part car, en vérité, l'Agneau est sur une montagne que gravissent de tous côtés des loups et des chacals pour l'égorger et…” Les pharisiens s'enfuient sous la grêle des brûlantes vérités… Jésus les regarde fuir. Il se tourne ensuite du côté du midi vers une clarté plus lumineuse qui peut-être indique la région de Jérusalem et il dit avec tristesse: “Jérusalem, Jérusalem, qui tues tes prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois n'ai-je pas voulu rassembler tes fils, comme fait l'oiseau sur son nid où il rassemble ses petits sous ses ailes, et tu ne l'as pas voulu! Voilà! On te laissera vide la Maison de ton vrai Maître. Lui viendra, fera, comme le veut le rite, comme doit le faire le premier et le dernier d'Israël, et puis Il s'en ira. Il ne séjournera plus entre tes murs pour les purifier par sa présence. Et je t'assure que toi et tes habitants vous ne me verrez plus, dans ma vraie figure, jusqu'au jour où vous direz: "Béni Celui qui vient au nom du Seigneur"… Et vous de Rama, rappelez-vous ces paroles et toutes les autres pour ne pas être pris, englobés dans le châtiment de Dieu. Soyez fidèles… Allez. La paix soit avec vous.” Jésus se retire dans la maison de Thomas avec tous les membres de la famille et ses apôtres.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 14 août 2022 - Vingtième dimanche du temps ordinaire

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 12,49-53.
Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !
Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli !
Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division.
Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. » 
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta
  • Traduction de 2017 : Tome 4, Ch 276, p 396
  • Ancienne traduction : Tome 4, Ch 140, p 365
  • CD 4 (2ème cd), piste 1
  • USB Tome 4, piste 147
[Texte identique à celui de la semaine dernière] Jésus se trouve sur une des collines de la rive occidentale du lac. A ses yeux apparaissent les villes et les pays épars sur les rivages de l'une et l'autre côte, mais exactement au-dessous de la colline, se trouvent Magdala et Tibériade, la première avec son quartier riche, avec ses nombreux jardins, nettement séparé des pauvres maisons des pêcheurs, paysans et du menu peuple par un torrent maintenant tout à fait à sec. L'autre qui n'est que splendeur, ignorante de tout ce qui est misère et décadence, et qui rit, belle et toute neuve au soleil, en face du lac. Entre les deux, les jardins potagers, peu nombreux mais bien tenus, de la plaine étroite, et puis les oliviers qui montent à l'assaut des collines. Derrière Jésus, on voit de cette cime la selle du mont des Béatitudes, au pied duquel passe la voie principale qui va de la Méditerranée à Tibériade. C'est peut-être à cause de la proximité de cette vole principale très fréquentée que Jésus a choisi cette localité à laquelle beaucoup de gens peuvent accéder des nombreuses villes du lac ou de l'intérieur de la Galilée et d'où, le soir, il est facile de revenir chez soi ou de trouver l'hospitalité dans beaucoup de pays. La chaleur aussi est tempérée par l'altitude et par les arbres de haute futaie qui, au sommet, ont pris la place des oliviers. Il y a en effet beaucoup de gens, outre les apôtres et les disciples. Des gens qui ont besoin de Jésus pour leur santé, ou pour des conseils, des gens venus par curiosité, des gens qu'ont amené des amis, ou venus pour faire comme les autres. Une foule, en somme. La saison n'est plus sous l'influence de la canicule mais elle tend aux grâces languissantes de l'automne et elle invite plus que jamais à se mettre en route à la recherche du Maître. Jésus a déjà guéri les malades et parlé aux gens et certainement sur le thème des richesses injustes et de la nécessité de s'en détacher pour gagner le Ciel, et de l'absolue nécessité de ce détachement pour être son disciple. Et maintenant, il est en train de répondre aux questions de tel ou tel des disciples riches qui sont un peu troublés par cette exigence. Le scribe Jean dit: “Dois-je donc détruire ce que je possède, en en dépouillant les miens?” “Non. Dieu t'a donné des biens. Fais-les servir à la Justice et uses-en avec justice. C'est-à-dire sers-t-en pour subvenir aux besoins de ta famille, c'est un devoir; traite humainement les serviteurs, c'est de la charité; fais-en profiter les pauvres, subviens aux besoins des disciples pauvres. Voilà que les richesses ne seront pas pour toi un obstacle mais une aide.” Et puis, parlant à tous, il dit: “En vérité je vous dis que le même danger de perdre le Ciel par amour des richesses peut-être aussi le fait d'un disciple plus pauvre si, devenu mon prêtre, il manque à la justice en pactisant avec le riche. Celui qui est riche ou mauvais, bien des fois essaiera de vous séduire par des cadeaux pour que vous approuviez sa manière de vivre et son péché. Et il y en aura, parmi mes disciples, qui succomberont à la tentation des cadeaux. Cela ne doit pas être. Que le Baptiste vous instruise. Vraiment lui, bien qu'il ne fût ni juge ni magistrat, avait la perfection du juge et du magistrat, tels que les décrit le Deutéronome: "Tu n'auras pas de préférences, tu n'accepteras pas de cadeaux, parce qu'ils aveuglent les yeux des sages et altèrent les paroles des justes". Trop souvent l'homme laisse ébrécher l'épée de la justice par l'or qu'un pécheur passe sur le fil. Non, cela ne doit pas être. Sachez être pauvres, sachez savoir mourir, mais ne pactisez jamais avec la faute. Même pas avec l'excuse de faire servir cet or au profit des pauvres. C'est un or maudit et il ne leur procurerait pas du bien. C'est l'or d'une compromission infâme. Vous vous êtes constitués disciples pour être maîtres, médecins et rédempteurs. Que seriez-vous si vous consentiez au mal par intérêt? Des maîtres d'une science mauvaise, des médecins qui tuent le malade, non pas des rédempteurs mais des gens qui coopèrent à la ruine des cœurs.” Un homme de la foule s'avance et dit: “Je ne suis pas disciple, mais je t'admire. Réponds donc à cette question: "Est-il permis à quelqu'un de retenir l'argent d'un autre?"“ “Non, homme. C'est un vol, comme d'enlever la bourse à un passant.” “Même si c'est l'argent de la famille?” “Oui. Il n'est pas juste que quelqu'un s'approprie l'argent de tous les autres.” “Alors, Maître, viens à Abelmain sur la route de Damas et ordonne à mon frère de partager avec moi l'héritage du père qui est mort sans avoir laissé un mot d'écrit. Il a tout pris pour lui, et remarque que nous sommes jumeaux nés d'un premier et unique enfantement. J'ai donc les mêmes droits que lui.” Jésus le regarde et dit: “C'est une situation pénible et certainement ton frère n'agit pas bien. Mais tout ce que je peux faire, c'est de prier pour toi et davantage pour lui pour qu'il se convertisse, et venir dans ton pays pour évangéliser en touchant ainsi son cœur. Le chemin ne m'est pas pénible si je peux mettre la paix entre vous.” L'homme, furieux, bondit: “Et que veux-tu que j'en fasse de tes paroles? Il faut bien autre chose que des paroles, en ce cas!” “Mais ne m'as-tu pas dit de commander à ton frère de…” “Commander ce n'est pas évangéliser. Un ordre est toujours accompagné d'une menace. Menace-le de le frapper dans sa personne, s'il ne me donne pas ce qui m'appartient. Tu peux le faire. Comme tu donnes la santé, tu peux donner la maladie.” “Homme, je suis venu pour convertir, non pour frapper. Mais, si tu as foi dans mes paroles, tu trouveras la paix.” “Quelles paroles?” “Je t'ai dit que je prierai pour toi et pour ton frère, pour que tu sois consolé et que lui se convertisse.” “Des histoires! Des histoires! Je n'ai pas la naïveté d'y croire. Viens et commande.” Jésus, qui était doux et patient, se fait imposant et sévère. Il se redresse - auparavant il se tenait un peu penché sur le petit homme corpulent et enflammé de colère - et il dit: “Homme, qui m'a établi juge et arbitre entre vous? Personne. Mais pour faire disparaître un désaccord entre deux frères, j'acceptais de venir pour remplir ma mission de pacificateur et de rédempteur et, si tu avais cru à mes paroles, en revenant à Abelmain tu aurais trouvé ton frère déjà converti. Tu ne sais pas croire, et tu n'auras pas le miracle. Toi, si le premier tu avais pu mettre la main sur le trésor, tu l'aurais gardé en en privant ton frère parce que, en vérité, si vous êtes nés jumeaux, vous avez aussi des passions jumelles et toi, comme ton frère, vous avez un seul amour: l'or, une seule foi: l'or. Reste donc avec ta foi. Adieu.” L'homme s'en va en maudissant, au scandale de la foule qui voudrait le punir. Mais Jésus s'y oppose. Il dit: “Laissez-le aller. Pourquoi voulez-vous vous salir les mains en frappant une brute? Moi, je lui pardonne, parce qu'il est possédé par le démon de l'or qui fait de lui un dévoyé. Faites-le, vous aussi. Prions plutôt pour ce malheureux afin qu'il redevienne homme à l'âme belle de liberté.” “C'est vrai. Son visage même est devenu horrible par l'effet de sa cupidité. Tu l'as vu?” se demandent l'un à l'autre les disciples et ceux qui étaient près de l'homme cupide. “C est vrai! C'est vrai! Il ne semblait plus être ce qu'il était avant.” “Oui. Quand ensuite il a repoussé le Maître, pour un peu il l'aurait frappé tout en le maudissant, son visage est devenu celui d'un démon.” “D'un démon tentateur. Il voulait porter le Maître à la méchanceté…” “Écoutez” dit Jésus. “Vraiment les altérations de l'âme se reflètent sur le visage. C'est comme si le démon affleurait à la surface de celui qu'il possède. Ils sont peu nombreux ceux qui, étant des démons par leurs actes ou leur attitude, ne trahissent pas ce qu'ils sont. Et ces gens peu nombreux sont parfaits dans le mal et parfaitement possédés. Le visage du juste, au contraire, est toujours beau même s'il est matériellement difforme, par suite d'une beauté surnaturelle qui se répand de l'intérieur sur l'extérieur. Et ce n'est pas par manière de parler mais les faits le démontrent, nous observons chez celui qui est pur de tout vice la fraîcheur de la chair elle-même. L'âme est en nous et nous possède tout entiers. Les puanteurs d'une âme corrompue corrompent même la chair, alors que les parfums d'une âme pure la préservent. L'âme impure pousse la chair à des péchés obscènes, et ces derniers vieillissent et déforment. L'âme pure pousse la chair à une vie pure et cela conserve la fraîcheur et communique la majesté. Faites en sorte qu'en vous demeure la pure jeunesse de l'esprit, ou qu'elle ressuscite si elle est déjà perdue, et veillez à vous garder de toute cupidité que ce soit des sens ou du pouvoir. La vie de l'homme ne dépend pas de l'abondance des biens qu'il possède. Ni cette vie, ni encore moins l'autre: celle qui est éternelle, mais de sa manière de vivre. Et avec la vie, le bonheur de cette terre et du Ciel. Car le vicieux n'est jamais heureux, réellement heureux. Alors que celui qui est vertueux est toujours heureux d'une céleste allégresse, même s'il est pauvre et seul. La mort même ne l'impressionne pas, parce qu'il n'a pas de fautes ni de remords qui lui fassent craindre la rencontre avec Dieu, et qu'il n'a pas de regrets pour ce qu'il laisse sur la terre. Lui sait que c'est au Ciel que se trouve son trésor et, comme quelqu'un qui s'en va prendre possession de l'héritage qui lui revient et d'un héritage saint, il s'en va joyeux, empressé, à la rencontre de la mort qui lui ouvre les portes du Royaume où se trouve son trésor. Faites-vous tout de suite votre trésor. Commencez-le dès votre jeunesse, vous qui êtes jeunes; travaillez infatigablement, vous les plus âgés qui, à cause de votre âge, êtes plus près de la mort. Mais, puisque la mort est une échéance inconnue et que souvent l'enfant tombe avant le vieillard, ne renvoyez pas au lendemain le travail de vous faire un trésor de vertu et de bonnes œuvres pour l'autre vie, de peur que la mort ne vous rejoigne sans que vous ayez mis de côté un trésor pour le Ciel. Nombreux sont ceux qui disent: "Oh! je suis jeune et fort! Pour le moment, je jouis sur la terre, après je me convertirai". Grande erreur! Écoutez cette parabole. La campagne d'un homme riche lui avait rapporté d'abondantes récoltes. Elles étaient vraiment miraculeuses. Il contemple avec joie toute cette richesse qui s'accumule sur ses champs et sur son aire et qui ne trouve pas de place dans les greniers et qu'on abrite sous des hangars provisoires et jusque dans les pièces de la maison, et il dit: "J'ai travaillé comme un esclave, mais la terre ne m'a pas déçu. J'ai travaillé pour dix récoltes et maintenant je veux me reposer pour autant de temps. Comment ferai-je pour loger toute cette récolte? Je ne veux pas la vendre, car cela m'obligerait à travailler pour avoir, l'an prochain, une nouvelle récolte. Voici ce que je vais faire: je démolirai mes greniers et j'en ferai de plus grands pour loger toutes mes récoltes et tous mes biens. Et puis, je dirai à mon âme: 'Oh! mon âme! Tu as maintenant des biens pour plusieurs années. Repose-toi donc, mange et bois et profites-en' ". Cet homme, comme beaucoup, confondait le corps et l'esprit et il mélangeait le sacré au profane, parce que réellement dans les jouissances et l'oisiveté l'âme ne jouit pas mais languit, et celui-là aussi, comme beaucoup, après la première bonne récolte dans les champs du bien, s'arrêtait car il lui semblait avoir tout f ait. Mais, ne savez-vous pas que quand on a mis la main à la charrue, il faut persévérer une année, dix, cent, tant que dure la vie, car s'arrêter est un crime envers soi-même, parce qu'on se refuse une gloire plus grande, et c'est régresser, car celui qui s'arrête, généralement, non seulement ne progresse plus mais revient en arrière? Le trésor du Ciel doit augmenter d'année en année pour être bon, puisque si la Miséricorde divine doit être bienveillante, même avec ceux qui ont eu peu d'années pour le former, elle ne sera pas complice des paresseux qui, ayant une longue vie, font peu de chose. Le trésor doit être en continuelle croissance. Autrement ce n'est plus un trésor qui porte du fruit, mais un trésor inerte et cela se produit au détriment de la paix promise du Ciel. Dieu dit à l'homme sot: "Homme sot qui confonds le corps et les biens de la terre avec ce qui est esprit et qui, d'une grâce de Dieu te fais un mal, sache que cette nuit même on te demandera ton âme et quand elle sera partie, le corps restera sans vie. Ce que tu as préparé, à qui cela reviendra-t-il? L'emporteras-tu avec toi? Non. Tu viendras dépouillé des récoltes terrestres et des œuvres spirituelles en ma présence et tu seras pauvre dans l'autre vie. Il valait mieux faire de tes récoltes des œuvres de miséricorde pour le prochain et pour toi car, en étant miséricordieux pour les autres, tu serais miséricordieux pour ton âme. Et au lieu de nourrir des pensées d'oisiveté, mettre en œuvre des activités d'où tu pouvais tirer un profit utile pour ton corps et de grands mérites pour ton âme, jusqu'au moment où je t'aurais appelé". Et l'homme mourut cette nuit-là, et fut jugé avec sévérité. E vérité, je vous dis qu'il en arrive ainsi pour celui qui thésaurise pour lui-même et ne s'enrichit pas aux yeux de Dieu. Maintenant allez et faites-vous un trésor de l'enseignement qui vous est donné. La paix soit avec vous.” Et Jésus bénit et il se retire dans un bois avec les apôtres et les disciples pour se restaurer et se reposer. Mais, tout en mangeant, il parle encore en continuant l'instruction précédente, en reprenant un thème déjà présenté aux apôtres plusieurs fois et je crois qu'il le sera toujours insuffisamment car l'homme est trop en proie aux peurs sans fondement. “Croyez” dit-il, “que c'est seulement de cet enrichissement de vertu qu'il faut se préoccuper. Et veillez à ce que la vôtre ne soit jamais une préoccupation agitée, inquiète. Le Bien est l'ennemi des inquiétudes, des peurs, des empressements qui se ressentent encore trop de la cupidité, de la jalousie, des méfiances humaines. Que votre travail soit constant, confiant, paisible, sans brusques départs et brusques arrêts. Ainsi font les onagres sauvages, mais personne ne les utilise, à moins d'être fou, pour cheminer en sécurité. Paisibles dans les victoires, paisibles dans les défaites. Même le chagrin pour une erreur commise, qui vous afflige parce que par cette erreur vous avez déplu à Dieu, doit être paisible, réconforté par l'humilité et la confiance. L'accablement, la rancœur envers soi-même est toujours l'indice de l'orgueil, et ainsi même de la défiance. Si quelqu'un est humble, il sait qu'il est un pauvre homme sujet aux misères de la chair qui parfois triomphe. Si quelqu'un est humble, il a confiance non pas tant en lui-même qu'en Dieu et il reste calme, même dans les défaites, en disant: "Pardonne-moi, Père. Je sais que Tu connais ma faiblesse qui parfois l'emporte. Je crois que Tu as pitié de moi. J'ai la ferme confiance que Tu m'aideras à l'avenir encore plus qu'auparavant, bien que je Te donne si peu de satisfaction". Et ne soyez ni indifférents ni avares des biens de Dieu. Donnez de ce que vous avez en fait de sagesse et de vertu. Soyez actifs en matière spirituelle comme les hommes le sont pour les choses de la chair. Et, en ce qui concerne la chair, n'imitez pas les gens du monde qui ne cessent de trembler pour leur lendemain, par peur qu'il leur manque le superflu, que la maladie arrive, qu'arrive la mort, que leurs ennemis puissent leur nuire, et ainsi de suite. Dieu sait de quoi vous avez besoin. Ne craignez donc pas pour votre lendemain. Dégagez-vous des peurs, plus lourdes que les chaînes des galériens. Ne vous mettez pas en peine pour votre vie, ni pour la nourriture, ni pour la boisson, ni pour le vêtement. La vie de l'esprit est plus que celle du corps, et le corps est plus que le vêtement, car c'est par le corps et non par le vêtement que vous vivez et que, par la mortification du corps, vous aidez l'esprit à obtenir la vie éternelle. Dieu sait jusqu'à quand Il laissera votre âme dans votre corps, et jusqu'à ce moment, Il vous donnera ce qui vous est nécessaire. Il le donne aux corbeaux, animaux impurs qui se repaissent de cadavres et qui ont leur raison d'exister justement dans cette fonction qui est la leur de nous débarrasser des corps en putréfaction, et ne vous le donnera-t-Il pas à vous? Eux n'ont pas de. locaux pour les vivres, ni de greniers, et pourtant Dieu les nourrit quand même. Vous êtes des hommes et non pas des corbeaux. Et puis, présentement, vous êtes la fleur des hommes parce que vous êtes les disciples du Maître, les évangélisateurs du monde, les serviteurs de Dieu. Et pouvez-vous penser que Dieu, qui a soin des lys des vallées et les fait croître et les revêt d'un vêtement plus beau que n'en a eu Salomon, sans qu'ils fassent d'autre travail que parfumer en adorant, croyez-vous qu'Il puisse vous oublier même pour le vêtement? Vous qui ne pouvez ajouter par vous-mêmes une dent à votre bouche dégarnie, ni allonger d'un pouce une jambe raccourcie, ni rendre l'acuité à une vue brouillée. Et, si vous ne pouvez faire ces choses, pouvez-vous penser pouvoir éloigner de vous la misère et la maladie et faire sortir de la nourriture de la poussière? Vous ne le pouvez. Mais ne soyez pas des gens de peu de foi. Vous aurez toujours ce qui vous est nécessaire. Ne vous mettez pas en peine comme les gens du monde qui se donnent du mal pour pourvoir à leurs plaisirs. Vous avez votre Père qui sait de quoi vous avez besoin. Vous devez seulement chercher, et que ce soit le premier de vos soucis, le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné en plus. Ne craignez pas, vous qui êtes de mon petit troupeau. Il a plu à mon Père de vous appeler au Royaume pour que vous possédiez ce Royaume. Vous pouvez donc y aspirer et aider le Père par votre bonne volonté et votre sainte activité. Vendez vos biens, faites-en l'aumône si vous êtes seuls. Donnez aux vôtres les moyens d'existence qui compensent votre abandon de la maison pour me suivre, car il est juste de ne pas enlever le pain aux enfants et aux épouses. Et, si vous ne pouvez sacrifier les richesses d'argent, sacrifiez les richesses d'affection. Elles aussi sont une monnaie que Dieu estime pour ce qu'elles sont: de l'or plus pur que tout autre, des perles plus précieuses que celles qui sont arrachées aux mers, et des rubis plus rares que ceux des entrailles de la terre. Car renoncer à la famille pour Moi, c'est charité parfaite plus que de l'or sans un atome impur, c'est une perle faite de larmes, un rubis fait du sang qui gémit de la blessure du cœur déchiré par la séparation d'avec le père et la mère, l'épouse et les enfants. Mais ces bourses ne s'usent pas, ce trésor ne s'amoindrit jamais. Les voleurs ne pénètrent pas au Ciel. Le ver ne ronge pas ce qui y a été déposé. Et ayez le Ciel dans votre cœur et votre cœur au Ciel, près de votre trésor. Car le cœur, chez l'homme bon ou chez le méchant, est là où se trouve ce qui vous semble votre cher trésor. Car, de même que le cœur est là où se trouve le trésor (au Ciel), ainsi le trésor est là où se trouve le cœur (c'est-à-dire en vous), et même le trésor est dans le cœur, et avec le trésor des saints se trouve, dans le cœur, le Ciel des saints. Soyez toujours prêts comme celui qui est sur le point de partir en voyage, ou qui attend son maître. Vous êtes les serviteurs du Maître-Dieu. A toute heure Il peut vous appeler où Il est, ou bien venir où vous êtes. Soyez donc toujours prêts à partir ou à Lui faire honneur, la taille ceinte de la ceinture de voyage ou de travail et avec à la main la lampe allumée. Sortant d'une fête de noces avec quelqu'un qui vous a précédés dans les Cieux ou dans la consécration à Dieu sur la terre, Dieu peut se souvenir de vous qui attendez et peut dire: "Allons chez Etienne ou chez Jean ou bien chez Jacques et chez Pierre". Et Dieu est rapide dans sa venue, ou pour dire: "Viens". Soyez donc prêts à Lui ouvrir la porte quand Il arrivera ou à partir s'Il vous appelle. Bienheureux ces serviteurs que le Maître, en arrivant, trouvera en train de veiller. En vérité, pour les récompenser de leur attente fidèle, Il se ceindra le vêtement et, après les avoir fait asseoir à table, Il se mettra à les servir. Il peut venir à la première veille, comme à la seconde ou à la troisième. Vous ne le savez pas. Soyez donc toujours vigilants. Et bienheureux si vous l'êtes et qu'ainsi vous trouve le Maître! Ne vous flattez pas en disant: "On a le temps! Cette nuit Il ne vient pas", il vous en arriverait du mal. Vous ne savez pas. Si quelqu'un savait quand le voleur va venir, il ne laisserait pas sa maison sans surveillance pour que le malandrin puisse en forcer la porte ou les coffres-forts. Vous aussi, soyez prêts car, au moment où vous y penserez le moins, le Fils de l'homme viendra en disant: "C'est l'heure".” Pierre qui a été jusqu'à oublier de finir son repas pour écouter le Seigneur, voyant que Jésus se tait, demande: “Ce que tu dis, c'est pour nous ou pour tous?” “C'est pour vous et pour tous, mais c'est davantage pour vous, car vous êtes comme des intendants mis par le Maître à la tête des serviteurs et vous êtes doublement obligés d'être prêts, à la fois pour vous comme intendants et pour vous comme simples fidèles. Que doit être l'intendant mis par le maître à la tête de ses serviteurs pour donner à chacun au moment voulu sa juste part? Il doit être avisé et fidèle. Pour accomplir son propre devoir, pour faire accomplir à ceux qui sont au-dessous de lui leur propre devoir. Autrement en souffriraient les intérêts du maître qui paie l'intendant pour qu'il agisse en son nom et veille sur ses intérêts en son absence. Bienheureux le serviteur que le maître, en revenant à sa maison, trouve en train d'agir avec fidélité, habileté et justice. En vérité je vous dis qu'il l'établira intendant des autres propriétés aussi, de toutes ses propriétés, se reposant et se réjouissant en son cœur pour la sécurité que ce serviteur lui donne. Mais si ce serviteur dit: "Oh! c'est bon! Le maître est très loin et il m'a écrit que son retour sera retardé. Je peux donc faire ce que bon me semble et puis, quand je verrai que son retour est proche, j'y pourvoirai". Et il commencera à manger et à boire jusqu'à en être ivre et à donner des ordres d'ivrogne. Comme les bons serviteurs qui dépendent de lui refusent de les exécuter pour ne pas faire tort à leur maître, il se met à battre les serviteurs et les servantes jusqu'à les rendre malades et languissants. Il croit être heureux et il dit: "Je goûte enfin ce que c'est qu'être maître et d'être craint de tous". Mais, que lui arrivera-t-il? Il lui arrivera que le maître reviendra au moment où il s'y attend le moins, en le surprenant justement en train d'empocher l'argent ou de corrompre quelque serviteur parmi les plus faibles. Alors, je vous le dis, le maître le chassera de sa place d'intendant et jusque des rangs de ses serviteurs, car il n'est pas permis de garder les infidèles et les traîtres parmi des serviteurs honnêtes. Et il sera d'autant plus puni que le maître l'avait davantage aimé et instruit. Car plus on connaît la volonté et la pensée du maître, plus on est tenu de l'accomplir avec exactitude. S'il n'agit pas comme le maître le lui a dit, en détail, comme à aucun autre, il recevra de nombreux coups, alors que celui, en tant que serviteur de second rang est bien peu au courant et se trompe tout en croyant bien faire, sera moins puni. A qui on a beaucoup donné, il sera beaucoup demandé, et il devra rendre beaucoup, celui qui a été chargé de beaucoup, car mes intendants devront rendre compte même de l'âme d'un tout petit d'une heure. Mon choix n'est pas un frais repos dans un bosquet fleuri. Je suis venu apporter le feu sur la terre, et que puis-je désirer sinon qu'il s'enflamme? Aussi je m'épuise et je veux que vous vous épuisiez jusqu'à la mort et jusqu'à ce que toute la terre soit un brasier de feu céleste. Quant à Moi, je dois être baptisé d'un baptême. Et comme je serai angoissé tant qu'il ne sera pas accompli! Vous ne vous demandez pas pourquoi? Parce que, par ce baptême, je pourrai faire de vous des porteurs du Feu, des agitateurs qui se mouvront dans toutes et contre toutes les couches de la société pour en faire une unique chose: le troupeau du Christ. Croyez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre? Et selon la manière de voir de la terre? Non, mais au contraire, la discorde et la désunion. Parce que, désormais et jusqu'à ce que toute la terre soit un unique troupeau, de cinq qui sont dans une maison, il y en aura deux contre trois, et le père sera contre le fils, et ce dernier contre son père, et la mère contre ses filles, et celles-ci contre celle-là, et les belles-filles et les belles-mères auront un motif de plus de ne pas s'entendre, car il y aura un langage nouveau sur certaines lèvres, et il se produira une sorte de Babel, parce qu'un soulèvement profond ébranlera le royaume des affections humaines et surhumaines. Mais ensuite viendra l'heure où tout s'unifiera en une langue nouvelle que parleront tous ceux que le Nazaréen aura sauvés, et les eaux des sentiments s'épureront alors que les scories tomberont au fond et que brilleront à la surface les eaux limpides des lacs célestes. En vérité, mon service n'est pas un repos selon le sens que l'homme donne à ce mot. Il faut un héroïsme inlassable. Mais je vous le dis: à la fin il y aura Jésus, toujours et encore Jésus, qui ceindra son vêtement pour vous servir et puis s'assiéra avec vous à un banquet éternel et on oubliera fatigue et douleur. Maintenant, puisque plus personne ne nous a cherchés, allons vers le lac. Nous nous reposerons à Magdala. Dans les jardins de Marie de Lazare il y a place pour tous et elle a mis sa maison à la disposition du Pèlerin et de ses amis. Il n'est pas besoin de vous dire que Marie de Magdala est morte avec son péché et que, de son repentir, est née Marie de Lazare, la disciple de Jésus de Nazareth. Vous le savez déjà car la nouvelle a couru comme le frémissement du vent dans une forêt. Mais Moi, je vous dis ce que vous ne savez pas: que tous les biens personnels de Marie de Lazare sont pour les serviteurs de Dieu et pour les pauvres du Christ. Allons…”
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/