Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 17,11-19.
Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s'arrêtèrent à distance et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. » En les voyant, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés. L'un d'eux, voyant qu'il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c'était un Samaritain. Alors Jésus demanda : « Est-ce que tous les dix n'ont pas été purifiés ? Et les neuf autres, où sont-ils ? On ne les a pas vus revenir pour rendre gloire à Dieu ; il n'y a que cet étranger ! » Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t'a sauvé. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 7, Ch 178, p 148 - CD 7, piste 55 -
Ils sont toujours dans les montagnes, des montagnes escarpées, sur certains petits chemins où ne passent certes pas des chars, mais seulement des voyageurs à pied ou des gens montés sur des ânes vigoureux de la montagne, plus grands et plus robustes que les ânes que l'on rencontre habituellement dans les régions moins accidentées. Une observation qui à plusieurs paraîtra inutile, mais que je fais quand même. En Samarie il y a des usages différents de ceux des autres lieux, en fait de vêtements et pour beaucoup d'autres choses. Et l'un c'est la quantité de chiens, insolite ailleurs, qui me frappe, comme m'a frappée la présence des porcs dans la Décapole. Beaucoup de chiens peut-être parce que la Samarie a beaucoup de bergers et doit avoir beaucoup de loups dans ces montagnes si sauvages. Beaucoup aussi parce que les bergers, en Samarie, je les vois le plus souvent seuls, tout au plus avec un enfant, faisant paître leurs propres troupeaux, alors qu'ailleurs, la plupart du temps, ils sont à plusieurs pour garder des troupeaux nombreux de quelque riche. Le fait est qu'ici chaque berger a son chien ou plusieurs, selon le nombre de brebis de son troupeau. Une autre caractéristique c'est précisément ces ânes presque aussi grands qu'un cheval, robustes, capables d'escalader ces montagnes avec un lourd chargement sur le bât, même de grosses bûches, forts comme ils en descendent de ces magnifiques montagnes couvertes de bois séculaires. Autre particularité: les manières dégagées des habitants qui, sans être des “pécheurs” comme les jugent les juifs et les galiléens, sont ouverts, francs, sans bigoterie, sans toutes ces histoires qu'ont les autres, et hospitaliers. Cette constatation me fait penser que dans la parabole du bon samaritain, il n'y a pas eu seulement l'intention de faire ressortir que le bon et le mauvais existent partout, dans tous les lieux et chez toutes les races, et même chez les hérétiques il y en a qui peuvent avoir le cœur droit, mais vraiment aussi la description réelle des habitudes samaritaines envers ceux qui ont besoin d'être aidés. Ils se sont arrêtés au Pentateuque - je ne les entends parler que de cela - mais ils le pratiquent, du moins envers le prochain, avec plus de droiture que les autres, avec leurs six-cent-treize articles de préceptes, etc. Les apôtres parlent avec le Maître, et bien qu'ils soient incorrigiblement israélites, ils doivent reconnaître et louer l'esprit qu'ils ont trouvé chez les habitants de Sichem qui, je le comprends par les conversations que j'entends, ont invité Jésus à séjourner au milieu d'eux. “Tu as entendu, hein?” dit Pierre “comme ils ont dit clairement qu'ils connaissent la haine des juifs? Ils ont dit: "Pour Toi et sur Toi il y a plus de haine que pour nous samaritains pour tous ceux que nous sommes et que nous avons été. Leur haine pour Toi est sans bornes".” “Et ce vieillard? Comme il a bien parlé: "C'est juste, au fond, qu'il en soit ainsi, parce que tu n'es pas un homme mais tu es le Christ, le Sauveur du monde et donc tu es le Fils de Dieu, car seul un Dieu peut sauver le monde corrompu. Par conséquent, étant sans limites comme Dieu, sans limites dans ta puissance, dans ta sainteté et dans ton amour, comme sera sans limites ta victoire sur le Mal, ainsi il est naturel que le Mal et la Haine, qui n'est qu'une seule chose avec le Mal, soient sans limites contre Toi". Il a vraiment bien parlé! Et cette raison explique tant de choses!” dit le Zélote. “Qu'explique-t-elle, selon toi? Moi… je dis qu'elle explique seulement que ce sont des sots” dit Thomas expéditif. “Non. La sottise serait encore une excuse, mais ils ne sont pas sots.” “Ils sont ivres alors, ivres de haine” réplique Thomas. “Pas même. L'ivresse cède après s'être déchaînée. Cette rancœur ne cède pas.” “Et plus déchaînée que cela! Et depuis si longtemps… qu'elle aurait dû tomber maintenant.” “Amis, elle n'a pas encore touché le but” dit Jésus avec calme comme si le but de la haine n'était pas son supplice. “Non?! Mais s'ils ne nous laissent jamais en paix?!” “Maître, eux ne sont pas encore convaincus que j'ai dit la vérité. Mais je l'ai dite. Oh! oui, je l'ai dite! Et je dis aussi que si cela avait dépendu de vous, vous seriez tous tombés dans le piège comme y est tombé le Baptiste. Mais ils ne réussiront pas, car je veille…” dit l'Iscariote. Et Jésus le regarde. Et je le regarde, moi aussi, me demandant, et je me le demande depuis quelques jours, si la conduite de l'Iscariote est due à un bon et réel retour sur le chemin du bien et de l'amour pour son Maître, une libération des forces humaines et extra-humaines qui le possédaient, ou si c'est un travail plus raffiné de préparation au coup final, un asservissement plus grand aux ennemis du Christ et à Satan. Mais Judas est un être tellement spécial, qu'il est impossible de le déchiffrer. Seul Dieu peut le comprendre. Et Dieu: Jésus, laisse tomber un voile de miséricorde et de prudence sur toutes les actions et la personnalité de son apôtre… un voile qui se déchirera, en éclairant parfaitement tant de pourquoi, maintenant mystérieux, quand seront ouverts les livres des Cieux. Les apôtres sont tellement préoccupés par l'idée que la haine des ennemis n'a pas encore atteint son but, qu'ils ne parlent plus pendant un moment. Puis Thomas s'adresse encore au Zélote pour lui dire: “Et alors, s'ils ne sont ni ivres ni sots, si leur haine explique tant de choses sans expliquer celle-ci, qu'explique-t-elle alors? Que sont-ils? Tu ne l'as pas dit…” “Que sont-ils? Des possédés. Ils sont ce qu'ils disent de Lui. Cela explique leur acharnement qui ne connaît pas de trêve, qui au contraire croît davantage à mesure que se manifeste sa puissance. Il a bien parlé, ce samaritain. En Lui, Fils du Père et de Marie, Homme et Dieu, existe l'Infinité de Dieu, et infinie est la Haine qui s'oppose à cette Infinité parfaite, même si tout en étant sans limites la Haine n'est pas parfaite, car seul Dieu est parfait dans ses actions. Mais si la Haine pouvait atteindre l'abîme de la perfection, elle descendrait pour l'atteindre, se précipiterait même pour l'atteindre, pour rebondir ensuite, par la violence même de sa chute dans l'abîme infernal, contre le Christ, afin de le blesser avec toutes les armes arrachées à l'abîme infernal. Le firmament, réglé par Dieu, a un seul soleil. Il se lève et rayonne et disparaît, en laissant la place au soleil plus petit qu'est la lune, et celle-ci, après avoir rayonné à son tour, se couche pour céder la place au soleil. Les astres enseignent beaucoup de choses aux hommes, car ils se soumettent aux volontés du Créateur, mais les hommes non. Et c'en est un exemple de vouloir s'opposer au Maître. Qu'arriverait-il si, à une aurore, la lune disait: "Je ne veux pas disparaître, et je reviens par le chemin déjà fait"? Certainement, elle irait heurter le soleil, avec horreur et au détriment de toute la Création. C'est ce qu'eux veulent faire, croyant pouvoir briser le Soleil…” “C'est la lutte des Ténèbres contre la Lumière. Nous la voyons chaque jour dans les aubes et les soirées, les deux forces qui se combattent, qui exercent, tour à tour, leur empire sur la Terre. Mais les ténèbres sont toujours vaincues car elles ne sont jamais absolues. Il émane toujours un peu de lumière, même dans la nuit la plus privée d'étoiles. On dirait que l'air la crée de lui-même dans les espaces infinis du firmament et la répande, même si elle est très limitée, pour persuader les hommes que les astres ne sont pas éteints. Et je dis que pareillement, dans ces ténèbres particulières du Mal contre la Lumière qu'est Jésus, toujours, malgré tous les efforts des Ténèbres, la Lumière sera là pour réconforter ceux qui croient en Elle” dit Jean en souriant à sa pensée, tout recueilli en lui-même comme s'il monologuait. Sa pensée est recueillie par Jacques d'Alphée. “Dans les Livres, le Christ est appelé "Étoile du matin". Lui aussi connaîtra donc une nuit, et - je m'en épouvante - nous aussi la connaîtrons, une nuit, un moment où la Lumière semblera avoir perdu sa force et où les Ténèbres sembleront victorieuses. Mais puisqu'il est appelé "Étoile du matin" d'une manière qui exclut toute limite dans le temps, je dis qu'après la nuit momentanée, Lui sera la Lumière matinale, pure, fraîche, virginale, qui renouvellera le monde, pareille à celle qui succéda au Chaos le premier jour. Oh! oui, le monde sera créé de nouveau dans sa Lumière.” “Et la malédiction sera sur les réprouvés qui auront voulu lever la main pour frapper la Lumière, en répétant les erreurs déjà faites, depuis Lucifer jusqu'aux profanateurs du peuple saint. Jéhovah laisse l'homme libre de ses actions, mais par amour pour l'homme lui-même, Il ne permettra pas que l'Enfer prévale.” “Oh! heureusement qu'après un si long assoupissement des esprits, qui semblait les fermer et les engourdir comme par l'effet d'une vieillesse précoce, la sagesse refleurisse sur nos lèvres! Nous ne semblions plus être nous! Maintenant je retrouve le Zélote, et Jean, les deux frères d'autrefois!” dit l'Iscariote, en se félicitant. “Il ne me semble pas que nous ayons changé au point de ne plus paraître nous-mêmes” dit Pierre. “Si nous sommes changés! Tous. Toi le premier, et puis Simon et les autres, moi y compris. S'il y a quelqu'un qui est à peu près ce qu'il a toujours été, c'est Jean.” “Hum! Je ne sais vraiment pas en quoi…” “En quoi? Nous sommes taciturnes, comme las, indifférents, pensifs… Jamais plus on n'entendait de conversations semblables à celles d'autrefois, semblables à celle de maintenant, qui sont si utiles…” “Pour se disputer” dit le Thaddée en rappelant comme souvent, en effet, elles dégénéraient en prises de becs. “Non. Pour nous former, car nous ne sommes pas tous comme Nathanaël, ni comme Simon, ni comme vous d'Alphée, par naissance et par sagesse, et celui qui l'est moins apprend toujours de celui qui l'est plus” réplique l'Iscariote. “Vraiment… moi je dirais qu'il est par-dessus tout nécessaire de se former en justice, et de cela Simon nous en a donné de magnifiques leçons” dit Thomas. “Moi? Tu y vois mal. Je suis le plus sot de tous” dit Pierre. “Non. Tu es celui qui a le plus changé. Pour cela Judas de Kériot a raison. Il n'y a plus beaucoup en toi du Simon que j'ai connu quand je suis venu avec vous et qui, pardonne-moi, resta quelque temps ce qu'il était. Depuis le moment où je t'ai retrouvé, après la séparation pour les Encénies, tu n'as fait que te transformer. Maintenant tu es… oui, je le dis, plus paternel et en même temps plus austère. Tu compatis avec tous tes pauvres frères, alors qu'avant… Et on le voit, moi du moins, je le vois, que cela te coûte, mais tu te domines. Et tu ne nous inspirais jamais le respect comme maintenant que tu parles peu et que tu ne nous fais que peu de reproches…” “Mais, mon ami! Tu es bien bon de me voir ainsi… Moi, à part l'amour que j'ai pour le Maître, et qui grandit toujours, je n'ai vraiment changé en rien.” “Non. Thomas a raison, tu as beaucoup changé” confirment plusieurs. “Mais, c'est vous qui le dites…” dit Pierre en haussant les épaules. Et il ajoute: “Il n'y a que le jugement du Maître qui serait sûr. Mais je me garde bien de le Lui demander. Il connaît ma faiblesse, et il sait que même une louange intempestive pourrait nuire à mon esprit. Aussi il ne me louerait pas, et il ferait bien. Je comprends de mieux en mieux son cœur et sa méthode et j'en vois toute la justice.” “C'est que tu as l'âme droite et que tu aimes de plus en plus. Ce qui te fait voir et comprendre, c'est ton amour pour Moi. Ton Maître, le véritable et plus grand Maître, qui te fait comprendre ton Maître, c'est l'Amour” dit Jésus qui jusqu'à ce moment a écouté sans parler. “Je crois que… c'est aussi la souffrance que j'ai là-dedans…” “Souffrance? Pourquoi?” demandent quelques-uns. “Oh! pour tant de choses qui, au fond, ne sont qu'une seule chose: tout ce que souffre le Maître… et la pensée de ce qu'il souffrira. On ne peut plus être distraits comme les premiers temps, distraits comme des enfants qui ne savent pas, maintenant que l'on connaît de quoi sont capables les hommes et comme on doit souffrir pour les sauver. Oh! nous croyions tout facile les premiers temps! Nous croyions qu'il suffirait de nous présenter pour que les autres viennent de notre bord! Nous croyions que de conquérir Israël et le monde, ce serait comme… de jeter le filet sur un fond poissonneux. Pauvres de nous! Je pense que si Lui ne réussit pas à faire bonne pêche, nous, nous ne ferons rien. Mais cela n'est rien encore! Je pense qu'eux sont méchants et le font souffrir. Et je crois que c'est là le motif de notre changement en général…” “C'est vrai. Pour mon compte, c'est vrai” confirme le Zélote. “Pour moi aussi, pour moi aussi” disent les autres. “Moi, il y a si longtemps que j'étais inquiet pour cela et j'ai cherché à … avoir des aides valables. Mais ils m'ont trahi… et vous vous ne m'avez pas compris… Et moi, je ne vous ai pas compris. Je croyais que vous étiez comme vous êtes par lassitude de l'esprit, par découragement, par déception…” “Moi, je n'ai jamais espéré des joies humaines et par conséquent je ne suis pas déçu” dit le Zélote. “Mon frère et moi, nous le voudrions victorieux, mais pour sa joie. Nous l'avons suivi par amour de parents avant de le faire comme disciples. Nous l'avons toujours suivi depuis l'enfance, Lui le plus jeune de nous, ses frères, mais toujours tellement plus grand de nous…” dit Jacques, avec son admiration sans bornes pour son Jésus. “Si nous avons une souffrance, c'est que nous tous de sa parenté nous ne l'aimons pas en esprit et avec notre seul esprit. Mais nous ne sommes pas les seuls en Israël à l'aimer mal” dit le Thaddée. Judas l'Iscariote le regarde, et peut-être il parlerait, mais il en est empêché par un cri qui arrive à eux d'un monticule dominant le petit village qu'ils sont en train de côtoyer, en cherchant la route pour y entrer. “Jésus! Rabbi Jésus! Fils de David et notre Seigneur, aie pitié de nous.” “Des lépreux! Allons, Maître, autrement le village va accourir et nous retenir dans ses maisons” disent les apôtres. Mais les lépreux ont l'avantage d'être en avance sur eux, montés sur le chemin, mais à cinquante mètres au moins du village. Ils descendent en boitant et courent vers Jésus en répétant leur cri. “Entrons dans le village, Maître, eux ne peuvent pas y entrer” disent certains apôtres, mais d'autres répliquent: “Déjà des femmes viennent regarder. Si nous entrons, nous éviterons les lépreux, mais pas d'être reconnus et retenus.” Et pendant qu'ils se demandent ce qu'il faut faire, les lépreux s'approchent de plus en plus de Jésus, qui sans souci des mais et des si des apôtres, poursuit son chemin. Les apôtres se résignent à le suivre alors que des femmes, avec des enfants à leurs jupons, et quelques vieillards restés dans le village viennent voir, en se tenant à distance prudente des lépreux, qui cependant s'arrêtent à quelques mètres de Jésus et supplient encore: “Jésus, aie pitié de nous!” Jésus les regarde un instant, puis sans s'approcher de ce groupe de douleur, il demande: “Êtes-vous de ce village?” “Non, Maître, de différents endroits. Mais cette montagne où nous restons donne de l'autre côté sur la route de Jéricho et cet endroit est bon pour nous…” “Allez alors au village le plus proche de votre montagne, et montrez-vous aux prêtres.” Et Jésus reprend sa marche en se déplaçant sur le bord du chemin pour ne pas effleurer les lépreux qui le regardent avancer, sans avoir autre chose qu'un regard d'espoir dans leurs pauvres yeux malades. Et Jésus, arrivé à leur hauteur, lève la main pour les bénir. Les gens du village, déçus, retournent dans leurs maisons… Les lépreux grimpent de nouveau sur la montagne pour aller vers leur grotte ou vers le chemin de Jéricho. “Tu as bien fait de ne pas les guérir. Ceux du village ne nous auraient plus laissé aller…” “Oui, et il faudrait arriver à Ephraïm avant la nuit.” Jésus marche en silence. Désormais le village est caché à la vue par les détours de la route très sinueuse car elle suit les caprices de la montagne au pied de laquelle elle est taillée. Mais une voix les rejoint: “Louange au Dieu Très-Haut et à son vrai Messie. En Lui se trouve toute puissance, sagesse et pitié! Louange au Dieu Très-Haut, qui en Lui nous a accordé la paix. Louez-le, vous tous, hommes de Judée et de Samarie, de la Galilée et d'au-delà du Jourdain, jusqu'aux neiges du très haut Hermon, jusqu'aux pierres brûlées de l'Idumée, jusqu'aux sables baignés par les eaux de la Mer Grande, que résonne la louange au Très-haut et à son Christ. Voici accomplie la prophétie de Balaam. L'Étoile de Jacob resplendit sur le ciel rétabli de la patrie réunie par le vrai Berger. Voilà accomplies aussi les promesses faites aux patriarches! Voici, voici la parole d'Élie qui nous aima. Écoutez-la, ô peuples de Palestine, et comprenez-la. On ne doit plus boiter des deux côtés, mais on doit choisir pour la lumière de l'esprit, et si l'esprit est droit, il fera un bon choix. Lui est le Seigneur, suivez-le! Ah! jusqu'à présent nous avons été punis parce que nous ne nous sommes pas efforcés de comprendre! L'homme de Dieu a maudit le faux autel en prophétisant: "Voici que va naître de la maison de David un Fils appelé Josias qui immolera sur l'autel et consumera les os d'Adam. Et alors l'autel se déchirera jusqu'aux viscères de la Terre et les cendres de l'immolation se répandront au nord et au midi, à l'orient et là où le soleil se couche". Ne faites pas comme le sot d'Ochosias, qui envoyait consulter le dieu d'Acaron alors que le Très-Haut était en Israël. Ne soyez pas inférieurs à l'ânesse de Balaam qui pour son respect à l'esprit de lumière aurait mérité la vie, alors que serait tombé frappé le prophète qui ne voyait pas. Voici la Lumière qui passe parmi nous. Ouvrez les yeux, ô aveugles de l'esprit, et voyez” et l'un des lépreux les suit de plus en plus près même sur la grand-route désormais rejointe, en indiquant Jésus aux pèlerins. Les apôtres, fâchés, se retournent deux ou trois fois en intimant au lépreux, parfaitement guéri, l'ordre de se taire. Et ils vont jusqu'à le menacer la dernière fois. Mais lui, cessant d'élever ainsi la voix pour parler à tout le monde, répond: “Et que voulez-vous? Que je ne glorifie pas les grandes choses que Dieu m'a faites? Voulez-vous que je ne le bénisse pas?” “Bénis-le dans ton cœur et tais-toi” lui répondent-ils, fâchés. “Non, je ne puis me taire. Dieu met les paroles sur mes lèvres” et il reprend à haute voix: “Gens des deux endroits de frontière, gens qui passez par hasard, arrêtez-vous pour adorer Celui qui régnera au nom du Seigneur. Je me moquais de tant de paroles, mais maintenant je les répète car je les vois accomplies. Voici que toutes les nations s'ébranlent et viennent joyeuses vers le Seigneur par les chemins des mers et des déserts, par les collines et les monts. Et nous aussi, peuple qui avons cheminé dans les ténèbres, nous allons marcher vers la grande Lumière qui a surgi, vers la Vie, en sortant de la région de la mort. Loups, léopards et lions que nous étions, nous allons renaître dans l'Esprit du Seigneur et nous nous aimerons en Lui, à l'ombre du Rejeton de Jessé devenu un cèdre sous lequel campent les nations rassemblées par Lui aux quatre coins de la Terre. Voici venir le jour où la jalousie d'Ephraïm prendra fin parce qu'il n'y a plus Israël et Juda, mais un seul Royaume: celui du Christ du Seigneur. Voilà, je chante les louanges du Seigneur qui m'a sauvé et consolé. Voilà, je dis: louez-le et venez boire le salut à la source du Sauveur. Hosanna! Hosanna aux grandes choses que Lui fait! Hosanna au Très-Haut qui a placé au milieu des hommes son Esprit en le revêtant de chair, pour qu'il devienne le Rédempteur!” Il est inépuisable. Les gens viennent plus nombreux, se groupent, encombrent la route. Ceux qui étaient en arrière accourent, ceux qui étaient en avant rebroussent chemin. Les gens d'un petit village, près duquel ils sont maintenant, s'unissent aux passants. “Mais fais-le taire, Seigneur. C'est un samaritain: les gens le disent. Il ne doit pas parler de Toi si tu ne permets même pas que nous te précédions en t'annonçant!” disent les apôtres indisposés. “Mes amis, je répète les paroles de Moïse à Josué, fils de Num, qui se lamentait de ce que Eldad et Madad prophétisaient dans les campements: "Es-tu jaloux pour moi, à ma place? Oh! si le peuple tout entier prophétisait ainsi et si le Seigneur pouvait donner à tous son esprit!" Mais cependant je vais m'arrêter et je vais le renvoyer pour vous faire plaisir.” Et il s'arrête en se retournant et en appelant à Lui le lépreux guéri, qui accourt et se prosterne devant Jésus en baisant la poussière. “Lève-toi. Et les autres où sont-ils? N'étiez-vous pas dix? Les neufs autres n'ont pas éprouvé le besoin de remercier le Seigneur. Et quoi? Sur dix lépreux dont un seul était samaritain, il ne s'est trouvé que cet étranger pour éprouver le besoin de revenir pour rendre gloire à Dieu, avant de se rendre lui-même à la vie et à sa famille? Et on l'appelle "samaritain". Ils ne sont plus ivres alors les samaritains, puisqu'ils voient sans avoir la berlue et accourent sans chanceler sur le chemin du Salut? La Parole parle donc un langage étranger, s'il est compris par les étrangers et pas par ceux de son peuple?” Il tourne ses yeux magnifiques sur une foule de tous les lieux de la Palestine qui se trouve là. Et ces yeux dans leur éclat sont insoutenables… Plusieurs baissent la tête et poussent leurs montures ou s'éloignent… Jésus abaisse les yeux sur le samaritain agenouillé à ses pieds, et son regard devient très doux. Il lève la main, qui pendait le long de son côté, en un geste de bénédiction et dit: “Lève-toi et va-t-en. Ta foi a sauvé en toi quelque chose de plus que ta chair. Avance dans la Lumière de Dieu. Va.” L'homme baise de nouveau la poussière et, avant de se lever, demande: “Un nom, Seigneur. Un nom nouveau, puisque tout est nouveau en moi, et pour toujours.” “Dans quelle terre nous trouvons-nous?” “Dans celle d'Ephraïm.” “Et désormais tu t'appelleras Ephrem, parce que c'est deux fois que la Vie t'a donné la vie. Va.” L'homme se lève et s'en va. Les gens de l'endroit et quelques pèlerins voudraient retenir Jésus, mais Lui les subjugue par son regard qui n'est pas sévère, mais au contraire est très doux quand il les regarde, mais qui doit dégager une puissance car personne ne fait un geste pour le retenir. Et Jésus quitte la route sans entrer dans le petit village, traverse un champ, puis un ruisselet et un sentier, et il monte sur le coteau oriental couvert de bois, et s'y enfonce avec les siens en disant: “Pour ne pas nous tromper, nous allons suivre la route, mais en restant dans le bois. Après cette courbe, la route s'appuie à cette montagne. Nous y trouverons quelque grotte pour dormir, pour franchir à l'aube Ephraïm…”
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/
Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s'arrêtèrent à distance et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. » En les voyant, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés. L'un d'eux, voyant qu'il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c'était un Samaritain. Alors Jésus demanda : « Est-ce que tous les dix n'ont pas été purifiés ? Et les neuf autres, où sont-ils ? On ne les a pas vus revenir pour rendre gloire à Dieu ; il n'y a que cet étranger ! » Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t'a sauvé. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 7, Ch 178, p 148 - CD 7, piste 55 -
Ils sont toujours dans les montagnes, des montagnes escarpées, sur certains petits chemins où ne passent certes pas des chars, mais seulement des voyageurs à pied ou des gens montés sur des ânes vigoureux de la montagne, plus grands et plus robustes que les ânes que l'on rencontre habituellement dans les régions moins accidentées. Une observation qui à plusieurs paraîtra inutile, mais que je fais quand même. En Samarie il y a des usages différents de ceux des autres lieux, en fait de vêtements et pour beaucoup d'autres choses. Et l'un c'est la quantité de chiens, insolite ailleurs, qui me frappe, comme m'a frappée la présence des porcs dans la Décapole. Beaucoup de chiens peut-être parce que la Samarie a beaucoup de bergers et doit avoir beaucoup de loups dans ces montagnes si sauvages. Beaucoup aussi parce que les bergers, en Samarie, je les vois le plus souvent seuls, tout au plus avec un enfant, faisant paître leurs propres troupeaux, alors qu'ailleurs, la plupart du temps, ils sont à plusieurs pour garder des troupeaux nombreux de quelque riche. Le fait est qu'ici chaque berger a son chien ou plusieurs, selon le nombre de brebis de son troupeau. Une autre caractéristique c'est précisément ces ânes presque aussi grands qu'un cheval, robustes, capables d'escalader ces montagnes avec un lourd chargement sur le bât, même de grosses bûches, forts comme ils en descendent de ces magnifiques montagnes couvertes de bois séculaires. Autre particularité: les manières dégagées des habitants qui, sans être des “pécheurs” comme les jugent les juifs et les galiléens, sont ouverts, francs, sans bigoterie, sans toutes ces histoires qu'ont les autres, et hospitaliers. Cette constatation me fait penser que dans la parabole du bon samaritain, il n'y a pas eu seulement l'intention de faire ressortir que le bon et le mauvais existent partout, dans tous les lieux et chez toutes les races, et même chez les hérétiques il y en a qui peuvent avoir le cœur droit, mais vraiment aussi la description réelle des habitudes samaritaines envers ceux qui ont besoin d'être aidés. Ils se sont arrêtés au Pentateuque - je ne les entends parler que de cela - mais ils le pratiquent, du moins envers le prochain, avec plus de droiture que les autres, avec leurs six-cent-treize articles de préceptes, etc. Les apôtres parlent avec le Maître, et bien qu'ils soient incorrigiblement israélites, ils doivent reconnaître et louer l'esprit qu'ils ont trouvé chez les habitants de Sichem qui, je le comprends par les conversations que j'entends, ont invité Jésus à séjourner au milieu d'eux. “Tu as entendu, hein?” dit Pierre “comme ils ont dit clairement qu'ils connaissent la haine des juifs? Ils ont dit: "Pour Toi et sur Toi il y a plus de haine que pour nous samaritains pour tous ceux que nous sommes et que nous avons été. Leur haine pour Toi est sans bornes".” “Et ce vieillard? Comme il a bien parlé: "C'est juste, au fond, qu'il en soit ainsi, parce que tu n'es pas un homme mais tu es le Christ, le Sauveur du monde et donc tu es le Fils de Dieu, car seul un Dieu peut sauver le monde corrompu. Par conséquent, étant sans limites comme Dieu, sans limites dans ta puissance, dans ta sainteté et dans ton amour, comme sera sans limites ta victoire sur le Mal, ainsi il est naturel que le Mal et la Haine, qui n'est qu'une seule chose avec le Mal, soient sans limites contre Toi". Il a vraiment bien parlé! Et cette raison explique tant de choses!” dit le Zélote. “Qu'explique-t-elle, selon toi? Moi… je dis qu'elle explique seulement que ce sont des sots” dit Thomas expéditif. “Non. La sottise serait encore une excuse, mais ils ne sont pas sots.” “Ils sont ivres alors, ivres de haine” réplique Thomas. “Pas même. L'ivresse cède après s'être déchaînée. Cette rancœur ne cède pas.” “Et plus déchaînée que cela! Et depuis si longtemps… qu'elle aurait dû tomber maintenant.” “Amis, elle n'a pas encore touché le but” dit Jésus avec calme comme si le but de la haine n'était pas son supplice. “Non?! Mais s'ils ne nous laissent jamais en paix?!” “Maître, eux ne sont pas encore convaincus que j'ai dit la vérité. Mais je l'ai dite. Oh! oui, je l'ai dite! Et je dis aussi que si cela avait dépendu de vous, vous seriez tous tombés dans le piège comme y est tombé le Baptiste. Mais ils ne réussiront pas, car je veille…” dit l'Iscariote. Et Jésus le regarde. Et je le regarde, moi aussi, me demandant, et je me le demande depuis quelques jours, si la conduite de l'Iscariote est due à un bon et réel retour sur le chemin du bien et de l'amour pour son Maître, une libération des forces humaines et extra-humaines qui le possédaient, ou si c'est un travail plus raffiné de préparation au coup final, un asservissement plus grand aux ennemis du Christ et à Satan. Mais Judas est un être tellement spécial, qu'il est impossible de le déchiffrer. Seul Dieu peut le comprendre. Et Dieu: Jésus, laisse tomber un voile de miséricorde et de prudence sur toutes les actions et la personnalité de son apôtre… un voile qui se déchirera, en éclairant parfaitement tant de pourquoi, maintenant mystérieux, quand seront ouverts les livres des Cieux. Les apôtres sont tellement préoccupés par l'idée que la haine des ennemis n'a pas encore atteint son but, qu'ils ne parlent plus pendant un moment. Puis Thomas s'adresse encore au Zélote pour lui dire: “Et alors, s'ils ne sont ni ivres ni sots, si leur haine explique tant de choses sans expliquer celle-ci, qu'explique-t-elle alors? Que sont-ils? Tu ne l'as pas dit…” “Que sont-ils? Des possédés. Ils sont ce qu'ils disent de Lui. Cela explique leur acharnement qui ne connaît pas de trêve, qui au contraire croît davantage à mesure que se manifeste sa puissance. Il a bien parlé, ce samaritain. En Lui, Fils du Père et de Marie, Homme et Dieu, existe l'Infinité de Dieu, et infinie est la Haine qui s'oppose à cette Infinité parfaite, même si tout en étant sans limites la Haine n'est pas parfaite, car seul Dieu est parfait dans ses actions. Mais si la Haine pouvait atteindre l'abîme de la perfection, elle descendrait pour l'atteindre, se précipiterait même pour l'atteindre, pour rebondir ensuite, par la violence même de sa chute dans l'abîme infernal, contre le Christ, afin de le blesser avec toutes les armes arrachées à l'abîme infernal. Le firmament, réglé par Dieu, a un seul soleil. Il se lève et rayonne et disparaît, en laissant la place au soleil plus petit qu'est la lune, et celle-ci, après avoir rayonné à son tour, se couche pour céder la place au soleil. Les astres enseignent beaucoup de choses aux hommes, car ils se soumettent aux volontés du Créateur, mais les hommes non. Et c'en est un exemple de vouloir s'opposer au Maître. Qu'arriverait-il si, à une aurore, la lune disait: "Je ne veux pas disparaître, et je reviens par le chemin déjà fait"? Certainement, elle irait heurter le soleil, avec horreur et au détriment de toute la Création. C'est ce qu'eux veulent faire, croyant pouvoir briser le Soleil…” “C'est la lutte des Ténèbres contre la Lumière. Nous la voyons chaque jour dans les aubes et les soirées, les deux forces qui se combattent, qui exercent, tour à tour, leur empire sur la Terre. Mais les ténèbres sont toujours vaincues car elles ne sont jamais absolues. Il émane toujours un peu de lumière, même dans la nuit la plus privée d'étoiles. On dirait que l'air la crée de lui-même dans les espaces infinis du firmament et la répande, même si elle est très limitée, pour persuader les hommes que les astres ne sont pas éteints. Et je dis que pareillement, dans ces ténèbres particulières du Mal contre la Lumière qu'est Jésus, toujours, malgré tous les efforts des Ténèbres, la Lumière sera là pour réconforter ceux qui croient en Elle” dit Jean en souriant à sa pensée, tout recueilli en lui-même comme s'il monologuait. Sa pensée est recueillie par Jacques d'Alphée. “Dans les Livres, le Christ est appelé "Étoile du matin". Lui aussi connaîtra donc une nuit, et - je m'en épouvante - nous aussi la connaîtrons, une nuit, un moment où la Lumière semblera avoir perdu sa force et où les Ténèbres sembleront victorieuses. Mais puisqu'il est appelé "Étoile du matin" d'une manière qui exclut toute limite dans le temps, je dis qu'après la nuit momentanée, Lui sera la Lumière matinale, pure, fraîche, virginale, qui renouvellera le monde, pareille à celle qui succéda au Chaos le premier jour. Oh! oui, le monde sera créé de nouveau dans sa Lumière.” “Et la malédiction sera sur les réprouvés qui auront voulu lever la main pour frapper la Lumière, en répétant les erreurs déjà faites, depuis Lucifer jusqu'aux profanateurs du peuple saint. Jéhovah laisse l'homme libre de ses actions, mais par amour pour l'homme lui-même, Il ne permettra pas que l'Enfer prévale.” “Oh! heureusement qu'après un si long assoupissement des esprits, qui semblait les fermer et les engourdir comme par l'effet d'une vieillesse précoce, la sagesse refleurisse sur nos lèvres! Nous ne semblions plus être nous! Maintenant je retrouve le Zélote, et Jean, les deux frères d'autrefois!” dit l'Iscariote, en se félicitant. “Il ne me semble pas que nous ayons changé au point de ne plus paraître nous-mêmes” dit Pierre. “Si nous sommes changés! Tous. Toi le premier, et puis Simon et les autres, moi y compris. S'il y a quelqu'un qui est à peu près ce qu'il a toujours été, c'est Jean.” “Hum! Je ne sais vraiment pas en quoi…” “En quoi? Nous sommes taciturnes, comme las, indifférents, pensifs… Jamais plus on n'entendait de conversations semblables à celles d'autrefois, semblables à celle de maintenant, qui sont si utiles…” “Pour se disputer” dit le Thaddée en rappelant comme souvent, en effet, elles dégénéraient en prises de becs. “Non. Pour nous former, car nous ne sommes pas tous comme Nathanaël, ni comme Simon, ni comme vous d'Alphée, par naissance et par sagesse, et celui qui l'est moins apprend toujours de celui qui l'est plus” réplique l'Iscariote. “Vraiment… moi je dirais qu'il est par-dessus tout nécessaire de se former en justice, et de cela Simon nous en a donné de magnifiques leçons” dit Thomas. “Moi? Tu y vois mal. Je suis le plus sot de tous” dit Pierre. “Non. Tu es celui qui a le plus changé. Pour cela Judas de Kériot a raison. Il n'y a plus beaucoup en toi du Simon que j'ai connu quand je suis venu avec vous et qui, pardonne-moi, resta quelque temps ce qu'il était. Depuis le moment où je t'ai retrouvé, après la séparation pour les Encénies, tu n'as fait que te transformer. Maintenant tu es… oui, je le dis, plus paternel et en même temps plus austère. Tu compatis avec tous tes pauvres frères, alors qu'avant… Et on le voit, moi du moins, je le vois, que cela te coûte, mais tu te domines. Et tu ne nous inspirais jamais le respect comme maintenant que tu parles peu et que tu ne nous fais que peu de reproches…” “Mais, mon ami! Tu es bien bon de me voir ainsi… Moi, à part l'amour que j'ai pour le Maître, et qui grandit toujours, je n'ai vraiment changé en rien.” “Non. Thomas a raison, tu as beaucoup changé” confirment plusieurs. “Mais, c'est vous qui le dites…” dit Pierre en haussant les épaules. Et il ajoute: “Il n'y a que le jugement du Maître qui serait sûr. Mais je me garde bien de le Lui demander. Il connaît ma faiblesse, et il sait que même une louange intempestive pourrait nuire à mon esprit. Aussi il ne me louerait pas, et il ferait bien. Je comprends de mieux en mieux son cœur et sa méthode et j'en vois toute la justice.” “C'est que tu as l'âme droite et que tu aimes de plus en plus. Ce qui te fait voir et comprendre, c'est ton amour pour Moi. Ton Maître, le véritable et plus grand Maître, qui te fait comprendre ton Maître, c'est l'Amour” dit Jésus qui jusqu'à ce moment a écouté sans parler. “Je crois que… c'est aussi la souffrance que j'ai là-dedans…” “Souffrance? Pourquoi?” demandent quelques-uns. “Oh! pour tant de choses qui, au fond, ne sont qu'une seule chose: tout ce que souffre le Maître… et la pensée de ce qu'il souffrira. On ne peut plus être distraits comme les premiers temps, distraits comme des enfants qui ne savent pas, maintenant que l'on connaît de quoi sont capables les hommes et comme on doit souffrir pour les sauver. Oh! nous croyions tout facile les premiers temps! Nous croyions qu'il suffirait de nous présenter pour que les autres viennent de notre bord! Nous croyions que de conquérir Israël et le monde, ce serait comme… de jeter le filet sur un fond poissonneux. Pauvres de nous! Je pense que si Lui ne réussit pas à faire bonne pêche, nous, nous ne ferons rien. Mais cela n'est rien encore! Je pense qu'eux sont méchants et le font souffrir. Et je crois que c'est là le motif de notre changement en général…” “C'est vrai. Pour mon compte, c'est vrai” confirme le Zélote. “Pour moi aussi, pour moi aussi” disent les autres. “Moi, il y a si longtemps que j'étais inquiet pour cela et j'ai cherché à … avoir des aides valables. Mais ils m'ont trahi… et vous vous ne m'avez pas compris… Et moi, je ne vous ai pas compris. Je croyais que vous étiez comme vous êtes par lassitude de l'esprit, par découragement, par déception…” “Moi, je n'ai jamais espéré des joies humaines et par conséquent je ne suis pas déçu” dit le Zélote. “Mon frère et moi, nous le voudrions victorieux, mais pour sa joie. Nous l'avons suivi par amour de parents avant de le faire comme disciples. Nous l'avons toujours suivi depuis l'enfance, Lui le plus jeune de nous, ses frères, mais toujours tellement plus grand de nous…” dit Jacques, avec son admiration sans bornes pour son Jésus. “Si nous avons une souffrance, c'est que nous tous de sa parenté nous ne l'aimons pas en esprit et avec notre seul esprit. Mais nous ne sommes pas les seuls en Israël à l'aimer mal” dit le Thaddée. Judas l'Iscariote le regarde, et peut-être il parlerait, mais il en est empêché par un cri qui arrive à eux d'un monticule dominant le petit village qu'ils sont en train de côtoyer, en cherchant la route pour y entrer. “Jésus! Rabbi Jésus! Fils de David et notre Seigneur, aie pitié de nous.” “Des lépreux! Allons, Maître, autrement le village va accourir et nous retenir dans ses maisons” disent les apôtres. Mais les lépreux ont l'avantage d'être en avance sur eux, montés sur le chemin, mais à cinquante mètres au moins du village. Ils descendent en boitant et courent vers Jésus en répétant leur cri. “Entrons dans le village, Maître, eux ne peuvent pas y entrer” disent certains apôtres, mais d'autres répliquent: “Déjà des femmes viennent regarder. Si nous entrons, nous éviterons les lépreux, mais pas d'être reconnus et retenus.” Et pendant qu'ils se demandent ce qu'il faut faire, les lépreux s'approchent de plus en plus de Jésus, qui sans souci des mais et des si des apôtres, poursuit son chemin. Les apôtres se résignent à le suivre alors que des femmes, avec des enfants à leurs jupons, et quelques vieillards restés dans le village viennent voir, en se tenant à distance prudente des lépreux, qui cependant s'arrêtent à quelques mètres de Jésus et supplient encore: “Jésus, aie pitié de nous!” Jésus les regarde un instant, puis sans s'approcher de ce groupe de douleur, il demande: “Êtes-vous de ce village?” “Non, Maître, de différents endroits. Mais cette montagne où nous restons donne de l'autre côté sur la route de Jéricho et cet endroit est bon pour nous…” “Allez alors au village le plus proche de votre montagne, et montrez-vous aux prêtres.” Et Jésus reprend sa marche en se déplaçant sur le bord du chemin pour ne pas effleurer les lépreux qui le regardent avancer, sans avoir autre chose qu'un regard d'espoir dans leurs pauvres yeux malades. Et Jésus, arrivé à leur hauteur, lève la main pour les bénir. Les gens du village, déçus, retournent dans leurs maisons… Les lépreux grimpent de nouveau sur la montagne pour aller vers leur grotte ou vers le chemin de Jéricho. “Tu as bien fait de ne pas les guérir. Ceux du village ne nous auraient plus laissé aller…” “Oui, et il faudrait arriver à Ephraïm avant la nuit.” Jésus marche en silence. Désormais le village est caché à la vue par les détours de la route très sinueuse car elle suit les caprices de la montagne au pied de laquelle elle est taillée. Mais une voix les rejoint: “Louange au Dieu Très-Haut et à son vrai Messie. En Lui se trouve toute puissance, sagesse et pitié! Louange au Dieu Très-Haut, qui en Lui nous a accordé la paix. Louez-le, vous tous, hommes de Judée et de Samarie, de la Galilée et d'au-delà du Jourdain, jusqu'aux neiges du très haut Hermon, jusqu'aux pierres brûlées de l'Idumée, jusqu'aux sables baignés par les eaux de la Mer Grande, que résonne la louange au Très-haut et à son Christ. Voici accomplie la prophétie de Balaam. L'Étoile de Jacob resplendit sur le ciel rétabli de la patrie réunie par le vrai Berger. Voilà accomplies aussi les promesses faites aux patriarches! Voici, voici la parole d'Élie qui nous aima. Écoutez-la, ô peuples de Palestine, et comprenez-la. On ne doit plus boiter des deux côtés, mais on doit choisir pour la lumière de l'esprit, et si l'esprit est droit, il fera un bon choix. Lui est le Seigneur, suivez-le! Ah! jusqu'à présent nous avons été punis parce que nous ne nous sommes pas efforcés de comprendre! L'homme de Dieu a maudit le faux autel en prophétisant: "Voici que va naître de la maison de David un Fils appelé Josias qui immolera sur l'autel et consumera les os d'Adam. Et alors l'autel se déchirera jusqu'aux viscères de la Terre et les cendres de l'immolation se répandront au nord et au midi, à l'orient et là où le soleil se couche". Ne faites pas comme le sot d'Ochosias, qui envoyait consulter le dieu d'Acaron alors que le Très-Haut était en Israël. Ne soyez pas inférieurs à l'ânesse de Balaam qui pour son respect à l'esprit de lumière aurait mérité la vie, alors que serait tombé frappé le prophète qui ne voyait pas. Voici la Lumière qui passe parmi nous. Ouvrez les yeux, ô aveugles de l'esprit, et voyez” et l'un des lépreux les suit de plus en plus près même sur la grand-route désormais rejointe, en indiquant Jésus aux pèlerins. Les apôtres, fâchés, se retournent deux ou trois fois en intimant au lépreux, parfaitement guéri, l'ordre de se taire. Et ils vont jusqu'à le menacer la dernière fois. Mais lui, cessant d'élever ainsi la voix pour parler à tout le monde, répond: “Et que voulez-vous? Que je ne glorifie pas les grandes choses que Dieu m'a faites? Voulez-vous que je ne le bénisse pas?” “Bénis-le dans ton cœur et tais-toi” lui répondent-ils, fâchés. “Non, je ne puis me taire. Dieu met les paroles sur mes lèvres” et il reprend à haute voix: “Gens des deux endroits de frontière, gens qui passez par hasard, arrêtez-vous pour adorer Celui qui régnera au nom du Seigneur. Je me moquais de tant de paroles, mais maintenant je les répète car je les vois accomplies. Voici que toutes les nations s'ébranlent et viennent joyeuses vers le Seigneur par les chemins des mers et des déserts, par les collines et les monts. Et nous aussi, peuple qui avons cheminé dans les ténèbres, nous allons marcher vers la grande Lumière qui a surgi, vers la Vie, en sortant de la région de la mort. Loups, léopards et lions que nous étions, nous allons renaître dans l'Esprit du Seigneur et nous nous aimerons en Lui, à l'ombre du Rejeton de Jessé devenu un cèdre sous lequel campent les nations rassemblées par Lui aux quatre coins de la Terre. Voici venir le jour où la jalousie d'Ephraïm prendra fin parce qu'il n'y a plus Israël et Juda, mais un seul Royaume: celui du Christ du Seigneur. Voilà, je chante les louanges du Seigneur qui m'a sauvé et consolé. Voilà, je dis: louez-le et venez boire le salut à la source du Sauveur. Hosanna! Hosanna aux grandes choses que Lui fait! Hosanna au Très-Haut qui a placé au milieu des hommes son Esprit en le revêtant de chair, pour qu'il devienne le Rédempteur!” Il est inépuisable. Les gens viennent plus nombreux, se groupent, encombrent la route. Ceux qui étaient en arrière accourent, ceux qui étaient en avant rebroussent chemin. Les gens d'un petit village, près duquel ils sont maintenant, s'unissent aux passants. “Mais fais-le taire, Seigneur. C'est un samaritain: les gens le disent. Il ne doit pas parler de Toi si tu ne permets même pas que nous te précédions en t'annonçant!” disent les apôtres indisposés. “Mes amis, je répète les paroles de Moïse à Josué, fils de Num, qui se lamentait de ce que Eldad et Madad prophétisaient dans les campements: "Es-tu jaloux pour moi, à ma place? Oh! si le peuple tout entier prophétisait ainsi et si le Seigneur pouvait donner à tous son esprit!" Mais cependant je vais m'arrêter et je vais le renvoyer pour vous faire plaisir.” Et il s'arrête en se retournant et en appelant à Lui le lépreux guéri, qui accourt et se prosterne devant Jésus en baisant la poussière. “Lève-toi. Et les autres où sont-ils? N'étiez-vous pas dix? Les neufs autres n'ont pas éprouvé le besoin de remercier le Seigneur. Et quoi? Sur dix lépreux dont un seul était samaritain, il ne s'est trouvé que cet étranger pour éprouver le besoin de revenir pour rendre gloire à Dieu, avant de se rendre lui-même à la vie et à sa famille? Et on l'appelle "samaritain". Ils ne sont plus ivres alors les samaritains, puisqu'ils voient sans avoir la berlue et accourent sans chanceler sur le chemin du Salut? La Parole parle donc un langage étranger, s'il est compris par les étrangers et pas par ceux de son peuple?” Il tourne ses yeux magnifiques sur une foule de tous les lieux de la Palestine qui se trouve là. Et ces yeux dans leur éclat sont insoutenables… Plusieurs baissent la tête et poussent leurs montures ou s'éloignent… Jésus abaisse les yeux sur le samaritain agenouillé à ses pieds, et son regard devient très doux. Il lève la main, qui pendait le long de son côté, en un geste de bénédiction et dit: “Lève-toi et va-t-en. Ta foi a sauvé en toi quelque chose de plus que ta chair. Avance dans la Lumière de Dieu. Va.” L'homme baise de nouveau la poussière et, avant de se lever, demande: “Un nom, Seigneur. Un nom nouveau, puisque tout est nouveau en moi, et pour toujours.” “Dans quelle terre nous trouvons-nous?” “Dans celle d'Ephraïm.” “Et désormais tu t'appelleras Ephrem, parce que c'est deux fois que la Vie t'a donné la vie. Va.” L'homme se lève et s'en va. Les gens de l'endroit et quelques pèlerins voudraient retenir Jésus, mais Lui les subjugue par son regard qui n'est pas sévère, mais au contraire est très doux quand il les regarde, mais qui doit dégager une puissance car personne ne fait un geste pour le retenir. Et Jésus quitte la route sans entrer dans le petit village, traverse un champ, puis un ruisselet et un sentier, et il monte sur le coteau oriental couvert de bois, et s'y enfonce avec les siens en disant: “Pour ne pas nous tromper, nous allons suivre la route, mais en restant dans le bois. Après cette courbe, la route s'appuie à cette montagne. Nous y trouverons quelque grotte pour dormir, pour franchir à l'aube Ephraïm…”
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/
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