Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 13,1-23.
Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison, et il était assis au bord du lac.Une foule immense se rassembla auprès de lui, si bien qu'il monta dans une barque où il s'assit ; toute la foule se tenait sur le rivage.Il leur dit beaucoup de choses en paraboles :« Voici que le semeur est sorti pour semer.Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, et les oiseaux sont venus tout manger.D'autres sont tombés sur le sol pierreux, où ils n'avaient pas beaucoup de terre ; ils ont levé aussitôt parce que la terre était peu profonde.Le soleil s'étant levé, ils ont brûlé et, faute de racines, ils ont séché.D'autres grains sont tombés dans les ronces ; les ronces ont poussé et les ont étouffés.D'autres sont tombés sur la bonne terre, et ils ont donné du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un.Celui qui a des oreilles, qu'il entende ! »Les disciples s'approchèrent de Jésus et lui dirent : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? »Il leur répondit : « A vous il est donné de connaître les mystères du Royaume des cieux, mais à eux ce n'est pas donné.Celui qui a recevra encore, et il sera dans l'abondance ; mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a.Si je leur parle en paraboles, c'est parce qu'ils regardent sans regarder, qu'ils écoutent sans écouter et sans comprendre.Ainsi s'accomplit pour eux la prophétie d'Isaïe :Vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas.Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas.Le coeur de ce peuple s'est alourdi :ils sont devenus durs d'oreille,ils se sont bouché les yeux,pour que leurs yeux ne voient pas,que leurs oreilles n'entendent pas,que leur coeur ne comprenne pas,et qu'ils ne se convertissent pas.Sinon, je les aurais guéris ! Mais vous, heureux vos yeux parce qu'ils voient, et vos oreilles parce qu'elles entendent !Amen, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l'ont pas entendu.Vous donc, écoutez ce que veut dire la parabole du semeur.Quand l'homme entend la parole du Royaume sans la comprendre, le Mauvais survient et s'empare de ce qui est semé dans son coeur : cet homme, c'est le terrain ensemencé au bord du chemin.Celui qui a reçu la semence sur un sol pierreux, c'est l'homme qui entend la Parole et la reçoit aussitôt avec joie ;mais il n'a pas de racines en lui, il est l'homme d'un moment : quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, il tombe aussitôt.Celui qui a reçu la semence dans les ronces, c'est l'homme qui entend la Parole ; mais les soucis du monde et les séductions de la richesse étouffent la Parole, et il ne donne pas de fruit.Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c'est l'homme qui entend la Parole et la comprend ; il porte du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l'Evangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 3, Ch 39, p 224 - CD 3, piste 75 -
Les barques des apôtres, après avoir parcouru la portion assez courte du lac qui sépare Capharnaüm de Bethsaïda, amarrent dans cette ville. Mais d'autres barques les ont suivies et beaucoup de gens en descendent et s'unissent à ceux venus de Bethsaïda pour saluer le Maître qui entre dans la maison de Pierre où... se trouve de nouveau son épouse qui a préféré vivre seule plutôt que d'entendre les plaintes constantes de sa mère envers son mari.Les gens, au dehors, réclament à grands cris le Maître. Cela ennuie Pierre qui monte sur la terrasse et harangue ses concitoyens ou du moins, leur dit qu'il faudrait un peu de respect et de politesse. Lui, maintenant qu'il l'a dans sa maison, voudrait bien jouir un peu paisiblement de la présence du Maître. Au contraire, il n'a pas le temps et le plaisir de Lui offrir seulement un peu d'hydromel parmi les nombreuses choses qu'il a dit à sa femme d'apporter, et il grommelle quelque peu.Jésus le regarde en souriant et hoche la tête en disant: “On dirait que tu ne me vois jamais et qu'il est exceptionnel de se trouver ensemble!”“Mais il en est ainsi! Quand nous sommes par le monde, sommes-nous par hasard Toi et moi? Jamais de la vie! Entre Toi et moi, il y a le monde avec ses malades, avec ceux qui sont dans l'affliction, avec les auditeurs, les curieux, les calomniateurs, les ennemis, mais nous ne sommes jamais Toi et moi. Aujourd'hui, au contraire, tu es avec moi, dans ma maison et ils devraient le comprendre!” Il est vraiment fâché.“Mais je ne vois pas de différence, Simon. Mon amour est le même. Ma parole est la même. Que je te la dise à toi en privé, ou que je la dise pour tous, n'est-ce pas la même chose?”Pierre avoue alors sa grande peine: “C'est que je suis têtu et que je suis facilement distrait. Quand tu parles sur une place, sur une montagne, au milieu d'une si grande foule, moi, je ne sais pourquoi, je comprends tout mais je ne me rappelle de rien. Je l'ai dit aussi aux compagnons et ils m'ont donné raison. Les autres, je veux dire le peuple qui t'écoute, te comprend et se souvient de ce que tu dis. Combien de fois nous avons entendu quelqu'un avouer: "Je n'ai plus fait cette chose parce que tu l'as dit", ou encore: "Je suis venu parce qu'une fois je t'ai entendu dire telle autre chose dont mon esprit a été frappé". Nous, au contraire... hum! c'est comme un courant d'eau qui passe sans s'arrêter. La rive ne l'a plus, cette eau qui est passée. Il en vient d'autre, toujours d'autre, et toujours tant. Mais elle passe, passe, passe... Et moi, je pense avec terreur que, s'il en est comme tu dis, que viendra le moment que tu ne seras plus là pour jouer le rôle du fleuve et... et moi... Qu'aurai-je à donner à ceux qui ont soif, si je ne garde pas une seule goutte de ce que tu me donnes?”Les autres aussi appuient les plaintes de Pierre, se lamentant de ne jamais rien retrouver de ce qu'ils entendent quand ils voudraient le retrouver pour répondre aux nombreuses personnes qui les interrogent.Jésus sourit et répond: “Mais il ne me semble pas. Les gens sont très contents de vous aussi ... ”“Oh! oui! Pour ce que nous faisons! Te faire de la place, et pour cela jouer des coudes, porter les malades, recueillir les oboles et dire: "Oui, le Maître c'est celui-ci!" C'est du propre, en vérité!”“Ne te rabaisse pas trop, Simon.”“Je ne me rabaisse pas, je me connais.”“C'est la plus difficile des sagesses. Mais je veux t'enlever cette grande peur. Quand j'ai parlé et que vous n'avez pu tout comprendre et retenir, demandez-moi sans craindre de paraître ennuyeux ou de me décourager. Nous avons toujours des heures d'intimité. Ouvrez-moi alors votre cœur. Je donne tant à tant de gens. Et que ne vous donnerais-je pas à vous que j'aime comme Dieu ne le pourrait davantage? Tu as parlé du courant qui passe sans que la rive n'en garde rien. Un jour viendra où tu t'apercevras que chaque flot t'a déposé une semence et que chaque semence t'a donné une plante. Tu trouveras à ta portée fleurs et plantes pour tous les cas, et tu seras étonné de toi-même en disant: "Mais, que m'a fait le Seigneur?" car alors tu seras racheté de l'esclavage du péché et tes vertus actuelles se seront élevées à une haute perfection.”“Tu le dis, Seigneur, et je me repose sur cette parole.”“Maintenant allons trouver ceux qui nous attendent. Venez. Paix à toi, femme. Je serai ton hôte ce soir.”Ils sortent, et Jésus se dirige vers le lac pour n'être pas bousculé par la foule. Pierre a soin d'éloigner la barque de quelques mètres de la rive de façon que tous puissent entendre la voix de Jésus, mais qu'il y ait un peu d'espace entre Lui et les auditeurs.“De Capharnaüm jusqu'ici, j'ai réfléchi à ce que j'allais vous dire. Et j'ai trouvé des indications dans les événements de la matinée.Vous avez vu venir vers Moi trois hommes. L'un spontanément, l'autre parce que je le sollicitais, le troisième pris par un enthousiasme soudain. Et vous avez vu aussi que des trois je n'en ai pris que deux. Pourquoi? Est-ce que par hasard j'ai vu un traître dans le troisième? Non, en vérité. Mais il n'était pas préparé. Apparemment paraissait moins préparé celui qui est à côté de Moi, qui allait ensevelir son père. Au contraire le moins préparé c'était le troisième. Le second était si préparé, à son insu, qu'il a su accomplir un sacrifice vraiment héroïque. L'héroïsme pour suivre Dieu est toujours la preuve d'une forte préparation spirituelle. Cela explique certains faits surprenants survenus autour de Moi. Les plus préparés à recevoir le Christ, quelles que soient leur caste et leur culture, viennent à Moi avec une promptitude et une foi absolue. Les moins préparés m'observent comme un homme qui sort de l'ordinaire ou bien ils m'étudient avec méfiance et curiosité ou bien encore ils m'attaquent et me dénigrent par des accusations variées. Les différents comportements sont en proportion de l'impréparation des esprits.Dans le peuple élu, on devrait trouver partout des esprits prompts à recevoir ce Messie dans l'attente duquel les Patriarches et les Prophètes se sont consumés d'angoisse, ce Messie venu finalement précédé et accompagné de tous les signes annoncés par les Prophètes, ce Messie dont la physionomie spirituelle se dessine toujours plus claire à travers les miracles visibles sur les corps et sur les éléments et à travers les miracles invisibles sur les consciences qui se convertissent et sur les gentils qui se tournent vers le Vrai Dieu. Mais il n'en est pas ainsi, au contraire. La promptitude à suivre le Messie est fortement contrée justement chez les enfants de ce peuple et, chose douloureuse à dire, elle l'est d'autant plus qu'on s'élève dans les classes de sa société. Je ne le dis pas pour vous scandaliser mais pour vous amener à prier et à réfléchir. Pourquoi cela arrive-t-il? Pourquoi les gentils et les pécheurs font plus de chemin sur ma route? Pourquoi eux accueillent ce que je dis et les autres pas? Parce que les enfants d'Israël sont ancrés ou plutôt sont incrustés comme des huîtres perlières sur le banc où elles sont nées. Parce qu'ils sont saturés, remplis, gonflés de leur sagesse et ne savent pas faire place à la mienne en rejetant le superflu pour accueillir le nécessaire. Les autres ne subissent pas cet esclavage. Ce sont de pauvres païens ou de pauvres pécheurs qu'aucune ancre ne maintient en place, semblables à des bateaux en dérive. Ce sont des pauvres qui n'ont pas de trésors à eux mais seulement des fardeaux d'erreurs et de péchés. Ils s'en défont joyeusement dès qu'ils arrivent à comprendre ce qu'est la Bonne Nouvelle et ils en goûtent le miel fortifiant bien différent de la dégoûtante mixture de leurs péchés.Écoutez, et peut-être vous comprendrez mieux comme peuvent être différents les fruits d'un même travail.Un semeur s'en alla semer. Ses champs étaient nombreux et de différentes valeurs. Certains étaient un héritage de son père et la négligence y avait laissé proliférer les plantes épineuses. D'autres, c'était lui qui les avait acquis: il les avait achetés tels quels à un homme négligent et les avait laissés dans cet état. D'autres encore étaient coupés de routes car cet homme aimait le confort et il ne voulait pas faire beaucoup de chemin pour aller d'une pièce à l'autre. Enfin il y en avait quelques uns, les plus proches de la maison auxquels il avait consacré tous ses soins pour avoir une vue agréable devant sa demeure. Ces derniers étaient bien débarrassés des cailloux, des ronces, du chiendent et d'autres encore.L'homme prit donc son sac de grains de semence, les meilleurs des grains, et il commença l'ensemencement. Le grain tomba dans la bonne terre ameublie, labourée, propre, bien fumée des champs les plus proches de la maison. Il tomba sur les champs coupés de chemins et de sentiers, en y amenant de plus la crasse de poussières arides sur la terre fertile. Une autre partie tomba sur les champs où l'ineptie de l'homme avait laissé proliférer les plantes épineuses. Maintenant la charrue les avait bousculées, il semblait qu'elles n'existaient plus, mais elles étaient toujours là parce que seul le feu, la radicale destruction des mauvaises plantes les empêche de renaître. Le reste de la semence tomba sur les champs achetés depuis peu et qu'il avait laissés comme ils étaient sans les défricher en profondeur, sans les débarrasser de toutes les pierres répandues dans le sol qui y faisait un pavage où les racines tendres ne pouvaient pénétrer. Et puis, après avoir tout emblavé, il revint à la maison et dit: "Oh! c'est bien! Maintenant je n'ai plus qu'à attendre la récolte". Et puis il se délectait parce qu'au fil des jours il voyait lever épais le grain dans les champs proches de la maison, et cela poussait... oh! le soyeux tapis! et puis les épis... oh! quelle mer! puis les blés blondissaient et chantaient, en battant épi contre épi, un hosanna au soleil. L'homme disait: "Tous les autres champs vont être comme ceux-ci! Préparons les faux et les greniers. Que de pain! Que d'or!" Et il se délectait...Il coupa le grain des champs les plus proches et puis passa à ceux hérités de son père, mais laissés sans culture. Et il en resta bouche bée. Le grain avait abondamment poussé car les champs étaient bons et la terre, amendée par le père, était grasse et fertile. Mais sa fertilité avait agi aussi sur les plantes épineuses, bousculées mais toujours vivaces. Elles avaient repoussé et avaient formé un véritable plafond de ramilles hérissées de ronces au travers duquel le grain n'avait pu sortir qu'avec quelques rares épis. Le reste était mort presque entièrement, étouffé.L'homme se dit: "J'ai été négligent à cet endroit, mais ailleurs il n'y avait pas de ronces, cela ira mieux". Et il passa aux champs récemment acquis. Sa stupeur fit croître sa peine. Maigres et maintenant desséchées les feuilles du blé gisaient comme du foin sec répandu de partout. Du foin sec. "Mais comment? Mais comment?" disait l'homme en gémissant. "Et pourtant, ici il n'y a pas d'épines! Et pourtant la semence était la même! Et pourtant le blé avait poussé épais et beau! On le voit aux feuilles bien formées et nombreuses. Pourquoi alors tout est-il mort sans faire d'épis?" Et avec douleur il se mit à creuser le sol pour voir s'il trouvait des nids de taupes ou autres fléaux. Insectes et rongeurs non, il n'y en avait pas. Mais, que de pierres, que de pierres! Un amas de pierraille. Les champs en étaient littéralement pavés et le peu de terre qui les recouvrait n'était qu'un trompe-l’œil. Oh! s'il avait creusé le terrain quand c'était le moment! Oh! s'il avait creusé avant d'accepter ces champs et de les acheter comme un bon terrain! Oh! si au moins, après avoir fait l'erreur de les acheter au prix proposé sans s'assurer de leur qualité, il les avait améliorés en se fatiguant! Mais désormais c'était trop tard et les regrets étaient inutiles.L'homme se releva humilié et il se rendit aux champs qu'il avait coupés de petits chemins pour sa commodité... Et il déchira ses vêtements de douleur. Ici, il n'y avait rien, absolument rien... La terre foncée du champ était couverte d'une légère couche de poussière blanche... L'homme tomba sur le sol en gémissant: "Mais ici, pourquoi? Ici il n'y a pas d'épines ni de pierres, car ce sont nos champs. L'aïeul, le père, moi-même, nous les avons toujours possédés et pendant des lustres et des lustres nous les avons rendus fertiles. J'y ai ouvert les chemins, j'ai enlevé de la terre aux champs, mais cela ne peut les avoir rendus stériles à ce point..." Il pleurait encore quand une réponse à ses plaintes douloureuses lui fut donnée par une bande de nombreux oiseaux qui s'abattaient des sentiers sur le champ et du champ sur les sentiers pour chercher, chercher, chercher des graines, des graines, des graines... Le champ, devenu un canevas de sentiers sur les bords desquels était tombé du grain, avait attiré une foule d'oiseaux qui avaient mangé d'abord le grain tombé sur les chemins et puis celui du champ jusqu'au dernier grain.Ainsi l'ensemencement, le même pour tous les champs, avait donné ici le cent pour un, ailleurs soixante, ailleurs trente, ailleurs rien. Entende qui a des oreilles pour entendre. La semence c'est la Parole: elle est la même pour tous. Les endroits où elle tombe: ce sont vos cœurs. Que chacun en fasse l'application et comprenne. La paix soit avec vous. ”Puis, se tournant vers Pierre, il lui dit: “Remonte aussi haut que tu peux et amarre de l'autre côté.”Et pendant que les deux barques avancent un peu sur le fleuve pour s'arrêter ensuite près de la rive, Jésus s'assoit et demande au nouveau disciple: “Qui reste-t-il maintenant chez toi?”“Ma mère avec mon frère aîné marié depuis cinq ans. Mes sœurs sont dispersées dans la région. Mon père était très bon et ma mère le pleure, désolée.” Le jeune homme s'arrête brusquement car il sent un sanglot qui lui monte du cœur.Jésus le prend par la main et lui dit: “J'ai connu Moi aussi cette douleur et j'ai vu pleurer ma Mère. Je te comprends donc bien ... ”Le frottement de la barque sur le gravier interrompt la conversation et l'on débarque. Ici, ce ne sont plus les collines basses de Bethsaïda qui plongent pour ainsi dire leurs nez dans le lac, mais une plaine avec de riches moissons s'étend sur cette rive en face de Bethsaïda vers le nord.“Nous allons à Méron?” demande Pierre.“Non. Nous prenons ce sentier à travers champs.”Les champs, beaux et bien entretenus, montrent leurs épis, encore tendres mais déjà formés. Ils sont tous au même niveau et avec le léger ondoiement que leur imprime un vent frais qui vient du nord, ils semblent former un autre petit lac où font office de voiles les arbres qui se dressent ça et là pleins de pépiements d'oiseaux.“Ces champs ne sont pas comme ceux de la parabole” observe le cousin Jacques.“Non, assurément! Les oiseaux ne les ont pas dévastés, il n'y a pas d'épines ni de cailloux. Un beau grain! D'ici un mois il sera déjà blond... et d'ici deux mois il sera prêt pour la faux et le grenier” dit Judas Iscariote.“Maître... je te rappelle ce que tu as dit chez moi. Tu as si bien parlé. Mais je commence à avoir dans la tête des nuages embrouillés comme là-haut...” dit Pierre.“Ce soir je te l'expliquerai. Maintenant nous sommes en vue de Corozaïn.” Jésus fixe le nouveau disciple et lui dit: “On donne à celui qui donne et la possession n'enlève pas le mérite du cadeau. Conduis-moi à votre tombeau et chez ta mère.”Le jeune homme s'agenouille en baisant tout en larmes la main de Jésus.“Lève-toi. Allons. Mon esprit a ressenti ton chagrin. Je veux par mon amour te fortifier dans l'héroïsme. ”“Isaac, l'Adulte, m'avait raconté à quel point tu étais bon. Isaac, tu sais? Celui dont tu as guéri la fille. Il a été mon apôtre. Mais je vois que ta bonté est encore plus grande que ce qu'il m'avait dit.”“Nous allons aussi saluer l'Adulte pour le remercier de m'avoir donné un disciple.”On arrive à Corozaïn et c'est justement la maison d'Isaac la première que l'on rencontre. Le vieil homme qui rentre chez lui, quand il voit le groupe de Jésus avec les siens, et parmi eux le jeune homme de Corozaïn, il lève les bras, avec son bâtonnet en mains, et en a le souffle coupé, et il reste bouche bée. Jésus sourit et son sourire rend la parole au vieillard.“Dieu te bénisse, Maître! Mais d'où me vient cet honneur?”“C'est pour te dire "merci".”“Mais de quoi, mon Dieu? C'est moi qui dois te dire cette parole. Entre, entre. Oh! quelle douleur que ma fille soit au loin pour assister sa belle-mère! Car elle est mariée, sais-tu? Toutes les bénédictions depuis que je t'ai rencontré! Elle guérie, et tout de suite après ce riche parent revenu de loin, veuf, avec ces petits qui ont besoin d'une mère... Oh! mais je t'ai déjà dit ces choses! Ma tête est vieille! Pardonne-moi.”“Ta tête est sage et elle oublie aussi de se glorifier du bien qu'elle fait pour son Maître. Oublier le bien que l'on a fait c'est de la sagesse. Elle manifeste l'humilité et la confiance en Dieu.”“Mais moi... je ne saurais ... ”“Et ce disciple, n'est ce pas par toi que je l'ai?”“Oh! ... mais je n'ai rien fait, sais-tu? Je lui ai seulement dit la vérité ... et je suis content qu'Élie soit avec Toi.” Il se tourne vers Élie et lui dit: “Ta mère, après le premier moment de stupeur, a essuyé ses larmes quand elle a su que tu étais auprès du Maître. Ton père a eu, malgré cela, un deuil plein de dignité. Il est depuis peu au tombeau.”“Et mon frère?”“Il se tait... sais-tu... cela lui a été un peu dur de te voir absent... à cause du pays... Il pense encore ainsi ... ”Le jeune homme se tourne vers Jésus: “Tu l'as dit. Mais moi, je ne voudrais pas qu'il fût mort... Fais qu'il devienne vivant comme moi, et à ton service.”Les autres ne comprennent pas et regardent d'un air interrogateur, mais Jésus répond: “Ne désespère pas et persévère.” Ensuite il bénit Isaac et s'en va malgré l'instance d'Isaac.Ils restent d'abord près du tombeau fermé et ils prient. Puis, à travers un vignoble à demi-dépouillé, ils vont vers la maison d'Élie.La rencontre entre les deux frères est plutôt réservée. L'aîné se juge offensé et veut le faire remarquer. Le cadet se sent humainement coupable et ne réagit pas. Mais la mère arrive. Sans un mot, elle se prosterne et baise le bord du vêtement de Jésus. Son arrivée rassérène l'atmosphère et les esprits au point qu'on veut faire honneur au Maître. Pourtant Jésus n'accepte rien et dit seulement: “Que vos cœurs soient justes, l'un envers l'autre, comme était juste celui que vous pleurez. Ne donnez pas un sens humain à ce qui est surhumain: la mort et l'appel à une mission. L'âme du juste ne s'est pas troublée de voir que le fils n'était pas à la sépulture de son cadavre. Mais, au contraire, elle s'est apaisée en pensant à la sécurité de l'avenir de son Élie. Que l'opinion du monde ne trouble pas la grâce de la vocation. Si le monde a pu s'étonner de ne pas le voir près du cercueil de son père, les anges ont exulté de le voir à côté du Messie. Soyez justes. Et toi, mère, que ton fils te console. Tu l'as élevé avec sagesse et ton fils a été appelé par la Sagesse. Je vous bénis tous. La paix soit avec vous, maintenant et toujours.”Ils reviennent sur le chemin qu'ils reprennent pour aller au fleuve et de là à Bethsaïda. L'homme, Élie, ne s'est pas attardé un seul instant sur le seuil paternel. Après le baiser d'adieu à sa mère, il a suivi le Maître avec la simplicité d'un enfant qui suit son père.
Nous voici de nouveau dans la cuisine de Pierre. Le repas a été copieux car les plats, avec les restes de poisson et de viande, de fromage, de fruits secs ou du moins flétris, de fouaces de miel, s'entassent sur une sorte de crédence qui rappelle un peu nos maies de Toscane. Les amphores et les coupes sont encore en désordre sur la table.L'épouse de Pierre a fait des miracles pour faire plaisir à son mari et elle a travaillé toute la journée. Maintenant, fatiguée mais contente, elle reste dans son coin et écoute ce que dit son homme et ce que disent les autres. Elle le regarde, son Simon qui, pour elle, doit être un grand homme, même s'il est un peu exigeant. Quand elle l'entend parler avec des paroles nouvelles lui qui auparavant ne parlait que de barques, de filets, de poisson et d'argent, elle cligne des yeux comme si elle était éblouie par une lumière trop vive. Pierre, soit par joie d'avoir Jésus à sa table, soit par joie du copieux repas qui a été servi, est vraiment en veine ce soir et en lui se révèle le futur Pierre qui prêchera aux foules.Je ne sais quelle observation d'un compagnon a donné naissance à la réponse bien frappée de Pierre: “Il leur arrivera comme aux bâtisseurs de la tour de Babel. Leur orgueil provoquera l'écroulement de leurs théories et ils en seront écrasés.”André objecte à son frère: “Mais Dieu est Miséricorde. Il empêchera l'écroulement pour leur donner le temps de se repentir.”“Ne le pense pas. Pour couronner leur orgueil, ils emploieront la calomnie et la persécution. Oh! moi, déjà je le pressens. Persécutions contre nous, pour nous disperser comme des témoins odieux, Et comme ils attaqueront traîtreusement la Vérité, Dieu exercera sa vengeance et ils périront.”“Aurons-nous la force de résister?” demande Thomas.“Voilà... moi je ne l'aurais pas, mais je me fie à Lui” et Pierre montre le Maître qui écoute et se tait debout la tête un peu inclinée comme pour cacher son visage expressif.“Je pense que Dieu ne nous donnera pas d'épreuves supérieures à nos forces” dit Mathieu.“Ou pour le moins Il augmentera les forces en proportion des épreuves” conclut Jacques d'Alphée.“Il le fait déjà. J'étais riche et puissant. Si Dieu n'avait pas voulu me garder pour ses desseins, j'aurais péri désespéré quand je fus persécuté et lépreux. Je me serais acharné contre moi-même... Au lieu de cela, sur mon complet écroulement descendit une richesse nouvelle que je n'avais jamais possédée auparavant: la richesse d'une certitude: "Dieu existe". Avant... Dieu... Oui, j'étais croyant, j'étais un fidèle israélite. Mais c'était une foi de formalismes. Et il me semblait que sa récompense était toujours inférieure à mes vertus. Je me permettais de discuter avec Dieu car je me sentais encore quelque chose sur la terre. Simon Pierre a raison. Moi aussi je construisais une tour de Babel avec les auto-louanges et les satisfactions de mon moi. Quand tout s'écroula sur moi et que je fus un ver écrasé sous le poids de tout cet inutile humain, alors je n'ai plus discuté avec Dieu mais avec moi-même, avec mon fou moi-même, et je finis de le démolir. Et plus je le faisais, en faisant un chemin à ce que je pense qu'est le Dieu immanent au-dessus de notre être de terrestres, voilà que je rejoignais une force, une richesse nouvelle. La certitude que je n'étais pas seul et que Dieu veillait sur l'homme vaincu par l'homme et par le mal.”“Selon toi, que penses-tu que soit Dieu, celui que tu as dit: "le Dieu immanent au-dessus de notre être de terrestres"? Que veux-tu dire? Je ne comprends pas et cela me semble une hérésie. Dieu est celui que nous connaissons à travers la Loi et les Prophètes. Il n'y en a pas d'autre” dit, un peu sévère, Judas l'Iscariote.“Si Jean était là, il le dirait mieux que moi, mais moi je le dis comme je sais. Dieu est celui que nous connaissons à travers la Loi et les Prophètes, c'est vrai. Mais en quoi Le connaissons-nous? Comment?”Jude d'Alphée bondit: “Peu et mal. Les Prophètes, qui nous l'ont décrit, eux Le connaissaient encore. Mais nous, nous en avons une idée confuse qui filtre au travers d'un encombrement d'un tas d'explications qu'ont accumulées les sectes ... ”“Des sectes? Mais comment parles-tu? Nous n'avons pas de sectes. Nous sommes les fils de la Loi. Tous” dit l'Iscariote indigné, agressif.“Les fils des lois, mais pas de la Loi. Il y a une légère différence entre le singulier et le pluriel. Mais dans la réalité, voilà ce qu'il en est: nous sommes les fils de ce que nous avons créé et non plus de ce que Dieu nous a donné” réplique Thaddée.“Les lois sont nées de la Loi” dit l'Iscariote.“Les maladies aussi naissent de notre corps, et tu ne voudrais pas me dire que ce sont de bonnes choses” réplique Thaddée.“Mais permettez-moi de savoir ce qu'est le Dieu immanent de Simon le Zélote.” L'Iscariote, qui ne peut répliquer à l'observation de Jude d'Alphée, essaie de ramener la question au point de départ.Simon le Zélote dit: “A nos sens, il faut toujours un terme pour saisir une idée. Chacun de nous, je parle de nous qui croyons, croit par la force de la foi au Très-Haut Seigneur et Créateur, Dieu éternel qui est au Ciel. Mais tout être a besoin de plus que cette foi nue, vierge, incorporelle, apte et suffisante aux anges qui voient et aiment Dieu spirituellement, partageant avec Lui la nature spirituelle et ayant la capacité de voir Dieu. Nous nous avons besoin de nous créer une "image" de Dieu. Cette image est faite des qualités essentielles que nous donnons à Dieu pour donner un nom à sa perfection absolue, infinie. Plus l'âme se concentre, et plus elle arrive à rejoindre l'exactitude dans la connaissance de Dieu. Voici ce que j'entends par "le Dieu immanent". Je ne suis pas un philosophe. Peut-être le terme s'applique-t-il mal. Mais en somme pour moi le Dieu immanent c'est le sentiment de Dieu, la perception de Dieu en notre esprit, et Le sentir et Le percevoir non plus comme une idée abstraite mais comme une présence réelle qui nous donne une force et une paix nouvelle.”“C'est bien. Comment en as-tu le sentiment? Quelle différence y a-t-il entre sentir par la foi et sentir par l'immanence?” demande l'Iscariote un peu ironique.“Dieu est sécurité, garçon” dit Pierre. “Quand tu en as le sentiment comme dit Simon, en employant ce terme que littéralement je ne comprends pas mais dont je comprends l'esprit - et crois bien que notre mal est de comprendre la lettre, mais pas l'esprit des paroles de Dieu - cela veut dire que tu réussis à saisir non seulement le concept de la majesté terrible mais de la très douce paternité de Dieu. Cela veut dire que tu as le sentiment que quand le monde entier te jugerait et te condamnerait injustement, Un seul, Lui, l'Éternel qui est pour toi un Père, ne te juge pas mais t'absout et te console. Cela veut dire que tu as le sentiment que quand tout le monde te haïrait tu sentirais sur toi un amour plus grand que le monde entier. Cela veut dire qu'isolé dans une prison ou un désert tu sentirais toujours que Quelqu'un te parle et te dit: "Sois saint pour être comme ton Père". Cela veut dire que par un amour vrai envers le Dieu Père, que finalement on arrive à percevoir tel, on accepte, on travaille, on prend ou on laisse sans mesure humaine, en ne pensant qu'à rendre amour pour amour, qu'à copier Dieu le plus possible dans ses propres actions.”“Tu es orgueilleux! Copier Dieu! Cela ne t'est pas accordé” juge l'Iscariote.“Ce n'est pas de l'orgueil. L'amour mène à l'obéissance. Copier Dieu me semble encore une forme d'obéissance puisque Dieu dit nous avoir fait à son image et à sa ressemblance” réplique Pierre.“Il nous a faits. Nous, nous ne devons pas monter plus haut. ”“Mais tu es un malheureux, si tu penses ainsi, cher garçon! Tu oublies que nous sommes déchus et que Dieu veut nous ramener à ce que nous étions.”Jésus prend la parole: “Davantage encore, Pierre, Judas et vous tous. La perfection d'Adam était encore susceptible de grandir grâce à l'amour qui l'aurait amené à une image toujours plus exacte de son Créateur. Adam, sans la tache du péché, aurait été un très pur miroir de Dieu. C'est pour cela que je dis: "Soyez parfaits comme est parfait le Père qui est aux Cieux". Comme le Père, donc comme Dieu. Pierre a très bien parlé, ainsi que Simon. Je vous prie de vous rappeler leurs paroles et de les appliquer à vos âmes.”Il s'en faut de peu que l'épouse de Pierre s'évanouisse de joie d'entendre louer ainsi son mari. Elle pleure derrière son voile, tranquille et bienheureuse. Pier ' re semble avoir une attaque d'apoplexie tant il devient rouge. Il reste muet un moment, et puis il dit: “Eh bien, alors, donne-moi la récompense. La parabole de ce matin ... ”Les autres aussi s'unissent à Pierre en disant: “Oui, tu l'as dit. Les paraboles sont bien utiles pour faire comprendre la comparaison, mais nous, nous comprenons qu'elles ont un sens qui dépasse la comparaison. Pourquoi leur parles-tu à eux en paraboles?”“Parce qu'à eux il n'est pas accordé de comprendre plus que ce que j'explique. À vous il est donné beaucoup plus parce que vous, mes apôtres, devez connaître le mystère, et il vous est par conséquent donné de comprendre les mystères du Royaume des Cieux. C'est pour cela que je vous dis: "Demandez si vous ne comprenez pas l'esprit de la parabole". Vous donnez tout et tout vous est donné pour qu'à votre tour vous puissiez tout donner. Vous donnez tout à Dieu: affections, temps, intérêts, liberté, vie. Et Dieu vous donne tout en compensation et pour vous rendre capables de tout donner au nom de Dieu à qui vient après vous. Ainsi à celui qui a donné il sera donné et abondamment. Mais à celui qui n'a donné qu'en partie ou qui n'a pas donné du tout, on enlèvera même ce qu’il a.Je leur parle en paraboles pour qu'en voyant, ils découvrent seulement ce qu'éclaire leur volonté d'adhésion à Dieu ' pour qu'en écoutant, toujours par leur volonté d'adhésion, ils entendent et comprennent. Vous, vous voyez' Beaucoup de gens entendent ma parole, peu adhèrent à Dieu. Leurs esprits sont privés de la bonne volonté. En eux s'accomplit la prophétie d'Isaïe: "Vous écouterez avec vos oreilles et vous n'entendrez pas. Vous regarderez de vos yeux et vous ne verrez pas". Parce que ce peuple a un cœur insensible, les oreilles dures et les yeux fermés pour ne pas voir et ne pas entendre, pour ne pas entendre avec leurs cœurs et ne pas se convertir pour que je les guérisse. Mais bienheureux êtes-vous à cause de vos yeux qui voient et de vos oreilles qui entendent, à cause de votre bonne volonté! En vérité je vous dis que beaucoup de Prophètes et beaucoup de justes ont désiré voir ce que vous voyez et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l'ont point entendu. Ils se sont consumés dans le désir de comprendre le mystère des paroles mais, une fois éteinte la lumière de la prophétie, voilà que les paroles sont restées comme des charbons éteints, même pour le saint qui les avait eues.Seul Dieu se révèle Lui-même. Quand sa lumière se retire, ayant atteint son but d'éclairer le mystère, l'incapacité de comprendre enserre, comme les bandelettes d'une momie, la vérité royale de la parole reçue. C'est pour cela que je t'ai dit ce matin: "Un jour viendra où tu retrouveras tout ce que je t'ai donné". Maintenant tu ne peux retenir. Mais plus tard la lumière viendra sur toi, non pas pour un instant, mais pour un indissoluble mariage de l'Esprit Éternel avec le tien, qui rendra infaillible ton enseignement en ce qui concerne le Royaume de Dieu. Et comme ce sera pour toi, ce sera pour tes successeurs s'ils vivent de Dieu comme d'un unique pain.Maintenant, écoutez l'esprit de la parabole.Nous avons quatre sortes de champs: ceux qui sont fertiles, ceux qui sont encombrés d'épines, ceux où abondent les pierres, ceux qui sont pleins de sentiers. Nous avons aussi quatre sortes d'esprits.Nous avons les esprits honnêtes, les esprits de bonne volonté, préparés par leur travail et par le bon travail d'un apôtre, d'un "véritable" apôtre, car il y en a qui en ont le nom, mais pas l'esprit. Ils sont plus meurtriers sur les esprits en voie de formation que les oiseaux, les épines et les cailloux eux-mêmes. Avec leurs intransigeances, leurs hâtes, leurs reproches, avec leurs menaces, ils déroutent de telle façon qu'ils éloignent pour toujours de Dieu. Il y en a d'autres à l'opposé qui, par un arrosement continuel de bienveillance déplacée, font pourrir la semence dans une terre trop molle. Par leur manque de virilité ils dévirilisent les âmes dont ils s'occupent. Mais n'envisageons que les vrais apôtres, ceux qui sont de purs miroirs de Dieu. Ils sont paternels, miséricordieux, patients et en même temps forts comme leur Seigneur. Voilà que les esprits préparés par eux et par leur propre volonté sont comparables aux champs fertiles sans cailloux et sans ronces, nets de chiendent et d'ivraie. En eux prospère la parole de Dieu et toute parole: une semence fait une touffe et des épis, en donnant ici le cent pour cent, ailleurs le soixante, ailleurs encore le trente pour cent. Y en a-t-il parmi ceux qui me suivent? Certainement et ils seront saints. Parmi eux, il y en a de toutes les castes, de tous les pays. Il y a même des gentils et qui pourtant donneront le cent pour cent par leur bonne volonté, uniquement par elle, ou bien par elle et celle d'un apôtre ou d'un disciple qui me les prépare.Les champs épineux sont ceux où l'incurie a laissé pénétrer les enchevêtrements épineux des intérêts personnels qui étouffent la bonne semence. Il faut se surveiller toujours, toujours, toujours. Il ne faut jamais dire: "Oh! désormais je suis formé, ensemencé, je puis être tranquille que je donnerai des semences de vie éternelle". Il faut se surveiller: la lutte entre le Bien et le Mal est continuelle. Avez-vous jamais observé une tribu de fourmis qui s'installent dans une maison? Les voilà sur le foyer. La femme n'y laisse plus de nourriture et la met sur la table; et elles flairent l'air et donnent l'assaut à la table. La femme les met dans la crédence, et elles passent par la serrure. La femme suspend ses provisions au plafond, et elles font un long chemin le long des murs et des soliveaux, elles descendent le long des cordes et dévorent. La femme les brûle, les empoisonne et puis reste tranquille, croyant les avoir détruites. Oh! si elle ne veille pas, quelle surprise! Voilà que sortent celles qui viennent de naître et tout est à recommencer. C'est ainsi tant qu'on vit. Il faut se surveiller pour extirper les mauvaises plantes dès qu'elles sortent, dans le cas contraire elles font un plafond de ronces et étouffent la graine. Les soucis mondains, la duperie des richesses créent l'enchevêtrement, noient les plantes semées par Dieu et les empêchent de former l'épi.Voici maintenant les champs pleins de cailloux. Combien il y en a en Israël! Ce sont ceux qui appartiennent aux "fils des lois" comme l'a dit très justement mon frère Jude. Il ne s'y trouve pas la Pierre unique du Témoignage, il n'y a pas la Pierre de la Loi. Il y a la pierraille des petites, pauvres lois humaines créées par les hommes. Tant et tant qui, par leur poids, ont fait une carapace même à la Pierre de la Loi. C'est une ruine qui empêche tout enracinement de la semence. La racine n'est plus nourrie. Il n'y a plus de terre, plus de sucs nourriciers. L'eau fait pourrir parce qu'elle stagne sur les pavés des sillons. Le soleil échauffe les sillons et brûle les petites plantes. Ce sont les esprits de ceux qui ont remplacé par des doctrines humaines compliquées la simple doctrine de Dieu. Ils reçoivent, et même avec joie, ma parole. Sur le coup, elle les ébranle et les séduit. Mais ensuite... Il faudrait de l'héroïsme pour piocher jusqu'à débarrasser le champ, l'âme et l'esprit de toute la pierraille des rhéteurs. Alors la semence s'enracinerait et formerait une forte touffe. Autrement... elle ne donne rien. Il suffit de la crainte de représailles humaines. Il suffit d'une réflexion: "Mais, après cela? Que me feront-ils, les puissants?" et la pauvre semence languit sans nourriture. Il suffit que toute la pierraille s'agite avec le son vain des cent et cent préceptes qui se sont substitués au Précepte et voilà que l'homme périt avec la semence qu'il a reçue... Israël est rempli de ces hommes. Ceci explique comment le chemin vers Dieu va en sens inverse de celui de la puissance humaine.Enfin, pour finir, les champs pleins de sentiers, poussiéreux, dénudés. Ce sont ceux des mondains, des égoïstes. Leur confort est leur loi, la jouissance est leur but. Ne pas se fatiguer, sommeiller, rire, manger... L'esprit du monde est roi chez eux. La poussière de la mondanité couvre le terrain qui devient stérile. Les oiseaux, qui symbolisent la dissipation, se précipitent sur les mille sentiers qu'on a ouverts pour rendre la vie plus facile. L'esprit du monde, c'est-à-dire du Malin, dévore et détruit toute semence qui tombe sur ce terrain ouvert à toutes les sensualités et à toutes les légèretés.Avez-vous compris? Avez-vous autre chose à demander? Non? Alors nous pouvons aller nous reposer pour partir demain pour Capharnaüm. Je dois aller encore dans un endroit avant de commencer le voyage vers Jérusalem pour la Pâque.”“Passerons-nous encore par Arimathie?” demande l'Iscariote.“Ce n'est pas sûr. Cela dépend des ... ”On a frappé violemment à la porte.“Mais qui peut-il être à cette heure?” dit Pierre en se levant pour aller ouvrir.C'est Jean qui se présente, bouleversé, couvert de poussière avec des marques visibles de pleurs sur le visage.“Toi ici?” s'écrient-ils tous. “Mais qu'est-il arrivé?”Jésus qui s'est levé dit seulement: “La Mère, où est-elle?”Jean s'avance, va s'agenouiller aux pieds de son Maître, tendant les bras comme pour avoir du secours et dit: “La Mère se porte bien, mais elle est en larmes comme moi, comme tant de gens et elle te prie de ne pas venir en suivant le Jourdain de notre côté. Elle m'a fait revenir pour cela parce que... parce que Jean, ton cousin a été fait prisonnier...” Et Jean pleure alors qu'un grand émoi saisit ceux qui sont présents.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie.
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