Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 5, 13-16.
Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n'est plus bon à rien : on le jette dehors et les gens le piétinent. Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l'on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 2, Ch 63, p 347 - CD 2 (2ème cd), piste 14 -
Jésus est avec tous les siens. Désormais ils sont à eux seuls treize et Lui est en plus. Ils sont sept par barque sur le lac de Galilée. Jésus est dans la barque de Pierre, la première, avec Pierre, André, Simon, Joseph et les deux cousins. Dans l’autre se trouvent les deux fils de Zébédée avec les autres: à savoir l’Iscariote, Philippe, Thomas, Nathanaël et Mathieu. Les barques marchent rapidement à la voile, poussées par un vent frais de borée, qui forme sur l’eau une multitude de rides légères, à peine marquées par des lignes d’écume qui dessinent une sorte de tulle sur l’azur de turquoise du beau lac tranquille. Elles avancent, laissant derrière elles, deux sillages qui se rejoignent fondant leurs joyeuses écumes en une seule trace riante à la surface de l’eau. Elles marchent, en effet de conserve, celle de Pierre précédant à peine de deux mètres. De barque à barque, rapprochées de quelques mètres l’une de l’autre, on échange des conversations et des réflexions. J’en déduis que les Galiléens montrent et expliquent aux Juifs les détails du lac, leurs commerces, leurs personnalités, les distances entre les points de départ et d’arrivée, c’est à dire, Capharnaüm et Tibériade. Les barques ne servent pas pour la pêche, mais pour le transport des personnes. Jésus est assis à la proue. Il jouit visiblement de la beauté qui l’entoure, du silence, de tout cet azur pur du ciel et des eaux, encadré de vertes rives où sont disséminés des villages tout blancs sur le fond de verdure. Il s’abstrait des conversations des disciples, car il est tout à l’avant sur la proue, presque allongé sur un tas de voiles, le visage souvent incliné sur ce miroir de saphir qu’est le lac, comme s’il en étudiait le fond et s’intéressait à tout ce qui vit dans ses eaux très limpides. Mais, qui sait à quoi il pense… Pierre l’interroge par deux fois pour savoir si le soleil le dérange. Le soleil, tout à fait levé à l’orient, atteint en plein la barque par son rayonnement pas encore brûlant, mais déjà chaud. Une seconde fois il Lui demande s’il veut aussi du pain et du fromage comme les autres. Mais Jésus ne veut rien, ni toile ni pain. Et Pierre le laisse en paix. Un groupe de petites barques que l’on emploie pour se promener sur le lac, des sortes de chaloupes, mais ornées de riches baldaquins pourpre et d’agréables coussins, coupe la route aux barques des pêcheurs. Bruits, éclats de rire, parfums passent avec elles. Elles sont pleines de belles femmes et de joyeux Romains et Palestiniens, mais plutôt Romains, ou du moins pas Palestiniens, car il doit y avoir quelque Grec. Je le déduis des paroles d’un jeune homme maigre, élancé, brun comme une olive presque mûre, tout pomponné. Il porte un court vêtement rouge, bordé en bas par une lourde grecque et serré à la taille par une ceinture qui est un chef d’œuvre d’orfèvrerie. Il dit: “L’Hellade est belle, mais mon olympique patrie n’a tout de même pas cet azur et ces fleurs. Et vraiment on ne s’étonne pas que les déesses l’aient abandonnée pour venir ici. Effeuillons sur les déesses, non plus grecques mais juives, les fleurs, les roses et nos hommages…”Et il jette sur les femmes de sa barque des pétales de roses splendides et il en jette d’autres sur la barque voisine. Un romain répond: “Effeuille, effeuille, Grec! Mais Vénus est avec moi. Moi je n’effeuille pas: je cueille les roses sur cette belle bouche. C’est plus doux!” Et il se penche pour baiser, sur sa bouche souriante, Marie de Magdala à moitié allongée sur les coussins, avec sa tête blonde sur le sein du Romain. Maintenant les barquettes s’en vont directement contre les lourdes barques, et soit à cause de la maladresse des rameurs, soit à cause du vent, il s’en faut de peu qu’elles ne se heurtent. “Faites attention si vous tenez à la vie” crie Pierre furieux pendant qu’il vire, donnant un coup de barre, pour éviter le choc. Insultes des hommes et cris d’épouvante des femmes circulent d’une barque à l’autre. Les Romains insultent les Galiléens en disant: “Écartez-vous, chiens d’Hébreux que vous êtes.” Pierre et les autres Galiléens ne laissent pas tomber l’insulte et Pierre spécialement, rouge comme la crête d’un coq, debout sur le bord de la barque qui tangue fortement, les mains aux hanches, répond coup pour coup, n’épargnant ni Romains, ni Grecs, ni Juifs, ni Juives. Au contraire il adresse toute une collection d’appellations honorifiques que je ne transcris pas. La prise de bec dure tant que l’enchevêtrement des. quilles et des rames n’est pas débrouillé, puis chacun va son chemin. Jésus n’a jamais changé de position. Il est resté assis, absent, sans regards ni paroles pour les barques et leurs occupants. Appuyé sur le coude, il a continué de regarder la rive lointaine comme si rien n’arrivait. Il Lui arrive une fleur qu’on a jetée. Je ne sais d’où elle vient, certainement d’une des femmes, car j’entends son éclat de rire qui accompagne le geste. Mais Lui… rien. La fleur le frappe presque au visage et tombe sur les planches, allant terminer sa course aux pieds du bouillant Pierre. Quand les barquettes sont sur le point de s’éloigner, je vois que la Madeleine s’est dressée debout et suit la direction que lui indique une compagne de vice, braquant ses yeux splendides sur le visage tranquille et lointain de Jésus. Comme il est loin du monde, ce visage!… “Dis, Simon!” interpelle l’Iscariote. “Toi qui es Juif comme moi, dis-moi. Mais cette belle blonde, sur le sein du Romain, celle-là qui s’est levée tout à l’heure, n’est-ce pas la sœur de Lazare de Béthanie?” “Moi, je ne sais rien” répond sèchement Simon le Cananéen. “Il y a peu de temps que je suis revenu parmi les vivants, et, cette femme est jeune…” “Tu ne voudrais pas me dire que tu ne connais pas Lazare de Béthanie, j’espère! Je sais bien que tu es son ami et aussi que tu as été chez lui avec le Maître.” “Et s’il en était ainsi?” “Étant donné qu’il en est ainsi, tu dois connaître aussi la pécheresse qui est sœur de Lazare. Même les tombeaux la connaissent! Il y a dix ans qu’elle fait parler d’elle. À peine pubère elle s’est montrée légère. Mais, depuis quatre ans! Tu ne peux ignorer le scandale, même si tu étais dans "la vallée des morts". Toute Jérusalem en a parlé. Et Lazare s’est alors retiré a Béthanie… Il a bien fait, du reste. Personne n’aurait plus mis les pieds dans son splendide palais de Sion où elle allait et venait encore. J’entends dire: personne qui fut saint. À la campagne… on est au courant!… Et puis, désormais elle est partout, sauf à sa maison… Maintenant elle est sûrement à Magdala… Elle aura trouvé quelque nouvel amour… Tu ne réponds pas? Peux-tu me démentir?” “Je ne démens pas. Je me tais.” “Alors, c’est elle? Toi-même tu l’as reconnue!” “Je l’ai vue toute jeune. Elle était pure, alors. Je la revois maintenant… Mais je la reconnais. Bien qu’impudique, sa physionomie rappelle celle de sa mère, une sainte.” “Et alors pourquoi as-tu presque nié qu’elle était la sœur de ton ami?” “Nos plaies et celles de ceux que nous aimons, on cherche à les cacher, surtout quand on est honnête.” Judas rit jaune. “Tu parles bien, Simon. Et tu es un homme honnête” observe Pierre. “Et tu l’avais reconnue? Tu vas certainement à Magdala pour vendre ton poisson, et qui sait combien de fois, tu l’as vue!…” “Garçon, sache que lorsqu’on est fatigué par un honnête travail, les femmes n’attirent plus. On aime seulement le lit honnête de son épouse.” “Eh! mais ce qui est beau plaît à tout le monde! Au moins n’y aurait-il que cela, on regarde.” “Pourquoi? Pour dire: "Ce n’est pas nourriture pour ta table"? Non, sais-tu. Le lac et le métier m’ont appris plusieurs choses, et en voilà une: que poisson d’eau douce et de fond n’est pas fait pour l’eau salée et les remous de surface.” “Tu veux dire?” “Je veux dire que chacun doit rester à sa place pour ne pas mourir de malemort.” “Elle te faisait mourir, la Madeleine?” “Non, j’ai la peau dure, Mais… tu me le dis: c’est toi qui te sens mal, peut-être?” “Moi, je ne l’ai pas même regardée!…” “Menteur! Je parie que tu t’es bien rongé au dedans pour ne pas te trouver sur cette première barque et en être plus proche… Tu m’aurais même supporté pour y être plus près… C’est si vrai ce que je dis, que c’est à cause d’elle que tu me fais l’honneur de me parler après tant de jours de silence.” “Moi? Mais si elle ne m’aurait pas même vu! Elle ne regardait continuellement que le Maître, elle!” “Ah! Ah! Ah! et tu dis que tu ne la regardais pas! Comment as-tu fait pour voir où elle regardait, si tu ne la regardais pas?” Tout le monde rit, sauf Judas, Jésus et le Zélote à la remarque de Pierre. Jésus met fin à la discussion qu’il a affecté de ne pas entendre, en demandant à Pierre: “C’est Tibériade?” “Oui, Maître. Maintenant je vais accoster.” “Attends, peux-tu te mettre dans ce golfe tranquille? Je voudrais parler, à vous seulement.” “Je mesure le fond et je vais te le dire.” Pierre enfonce une longue perche et va lentement vers la rive. “Oui, je peux, Maître. Puis-je approcher encore davantage?,” “Le plus que tu peux. Il y a de l’ombre et de la solitude. Cela me plaît.” Pierre va jusqu’aux abords de la rive. La terre n’est plus qu’à une quinzaine de mètres, au maximum. “Maintenant je toucherais le fond.” “Arrête, et vous, venez le plus près possible et écoutez.” Jésus quitte sa place et vient s’asseoir au centre de la barque sur une banquette qui va de bord à bord. Il a en face l’autre barque, et autour de Lui les disciples de sa barque. “Écoutez. Il vous paraît que je m’abstrais parfois de vos conversations et que suis donc un maître paresseux qui ne surveille pas ses propres élèves. Sachez que mon âme ne vous quitte pas un instant. Avez-vous jamais observé un médecin qui étudie un malade dont la maladie n’est pas déterminée et qui présente des symptômes qui s’opposent? Il le tient à vue œil, après l’avoir visité, qu’il dorme ou veille, le matin comme le soir, quand il se tait ou qu’il parle, car tout peut-être symptôme et indication pour déceler le mal caché et indiquer un traitement. Je fais de même avec vous. Vous m’êtes reliés par des fils invisibles, mais très sensibles qui me sont rattachés et me transmettent jusqu’aux plus légères vibrations de votre moi. Je vous laisse croire à votre liberté, pour que vous manifestiez toujours plus ce que vous êtes. C’est ce qui arrive quand un écolier ou un maniaque se croit perdu de vue par le surveillant. Vous êtes un groupe de personnes, mais vous formez un noyau, c’est à dire une seule chose. Car vous êtes un ensemble complexe qui naît à l’existence et qu’on étudie dans toutes ses caractéristiques, plus ou moins bonnes, pour le former, l’amalgamer, l’émousser, le développer dans ses tendances multiformes, et en faire un tout parfait. C’est pour cela que je vous étudie et que je fais sur vous des observations, même quand vous dormez. Qu’êtes-vous? Que devez-vous devenir? Vous êtes le sel de la terre. C’est cela que vous devez devenir: sel de la terre. Avec le sel, on préserve les viandes de la corruption et aussi beaucoup d’autres denrées. Mais le sel pourrait-il saler s’il n’était pas salé? C’est avec vous que je veux saler le monde, pour lui donner une saveur céleste. Mais comment pouvez-vous saler si vous me perdez vous, la saveur? Qu’est-ce qui vous fait perdre la saveur céleste? Ce qui est humain. L’eau de mer, de la vraie mer, n’est pas bonne à boire, tant elle est salée, n’est-ce pas? Et pourtant, si quelqu’un prend une coupe d’eau de mer et la verse dans une cruche d’eau douce, voici qu’on peut la boire, parce que l’eau de mer est tellement diluée qu’elle a perdu son mordant. L’humanité est comme l’eau douce qui se mélange à votre salinité céleste. Et encore, en supposant qu’il soit possible de dériver un ruisselet de la mer et de l’envoyer dans ce lac, pourriez-vous y retrouver ce filet d’eau de mer? Non. Il serait perdu dans une telle masse d’eau douce. Ainsi il en est de vous quand vous plongez votre mission, ou plutôt la noyez, dans tant d’humanité. Vous êtes des hommes. Oui. Je le sais. Mais, et Moi qui suis-je? Je suis Celui qui a en Lui toute force. Et que fais-je? Je vous communique cette force puisque je vous ai appelés. Mais à quoi sert de vous la communiquer si vous la dispersez sous des avalanches de sensations et de sentiments humains? Vous êtes, et devez être la lumière du monde. Je vous ai choisis: Moi, Lumière de Dieu pour continuer d’éclairer le monde quand je serai retourné au Père. Mais pouvez-vous donner la lumière si vous êtes des lanternes éteintes ou fumeuses? Non, la fumée incertaine d’un lumignon est pire que sa mort totale et avec votre fumée vous obscurcirez cette lueur de lumière que les cœurs peuvent encore avoir. Oh! malheureux ceux qui, cherchant Dieu, se tournent vers des apôtres qui au lieu de lumière ont de la fumée! Ils en recevront le scandale et la mort. Mais malédiction et châtiment subiront les apôtres indignes. Grande est votre destinée! Mais aussi: grande et redoutable est votre mission! Rappelez-vous que celui à qui on a plus donné, est tenu à donner davantage. Et à vous, c’est le maximum qui a été donné en fait d’instruction et de don. Vous êtes instruits par Moi, Verbe de Dieu, et vous recevez de Dieu le don d’être "les disciples", c’est à dire les continuateurs du Fils de Dieu. Je voudrais que vous ne cessiez de méditer le choix dont vous êtes l’objet et encore que vous examiniez et encore que vous pesiez… et vous vous rendiez compte si vous n’êtes capables que d’être fidèles, seulement fidèles. Je ne veux pas même dire si vous vous sentez pécheurs et endurcis, mais fidèles seulement, sans avoir l’énergie d’un apôtre, il faut alors vous retirer. Le monde, pour qui l’aime, est si vaste, si beau, suffisant, varié! Il offre à tous les fleurs et les fruits pour les jouissances des sens. Moi, je n’offre qu’une chose: la sainteté. Sur la terre, c’est la chose la plus étroite, la plus pauvre, la plus rude, la plus épineuse, la plus persécutée qui existe. Au Ciel son étroitesse se change en immensité, sa pauvreté en richesse, ses épines en un tapis de fleurs, sa rudesse en un sentier facile et agréable, sa persécution en paix et béatitude. Mais ici bas, c’est un effort héroïque que d’être saint. Moi, je ne vous offre que cela. Voulez-vous rester avec Moi? Ne vous sentez-vous pas le courage de le faire? Oh! ne vous regardez pas, étonnés et affligés! Vous m’entendrez encore de nombreuses fois poser cette question. Et quand vous l’entendrez, pensez que mon cœur pleure, parce qu’il est blessé de vous trouver sourds à mon appel. Examinez-vous, alors, et puis jugez honnêtement et sincèrement et décidez. Décidez pour n’être pas des réprouvés. Dites: "Maître, amis, je me rends compte que je ne suis pas fait pour suivre cette voie. Je vous donne le baiser d’adieu, et je vous dis: priez pour moi". Cela vaut mieux que de trahir. Cela vaut mieux… Que dites-vous? Trahir qui? Qui? Moi. Ma cause, c’est à dire la cause de Dieu, car Je suis un avec le Père, et vous, oui, vous vous trahiriez. Vous trahiriez votre âme en la donnant à Satan. Vous voulez rester juifs? Et Moi, je ne vous force pas à changer. Mais ne trahissez pas. Ne trahissez pas votre âme, le Christ et Dieu. Je vous jure que ni Moi, ni ceux qui me sont fidèles ne vous critiquerons, ne vous désignerons au mépris des foules fidèles. Il y a peu de temps, un de vos frères a dit une grande parole: "Nos plaies et celles de ceux que nous aimons nous cherchons à les tenir cachées". Et celui qui se séparerait serait comme une plaie, une gangrène survenue au sein de notre organisme apostolique. Il se détacherait à cause de sa gangrène inguérissable, laissant une cicatrice douloureuse que nous tiendrons cachée avec le plus grand soin. Non, ne pleurez pas, vous les meilleurs. Ne pleurez pas. Je n’ai pas pour vous de rancœur et je ne suis pas intransigeant pour vous voir si lents. Je viens de vous prendre et ne puis prétendre que vous soyez déjà parfaits. Je ne le prétendrai même pas après des années, après vous avoir dit cent et deux cent fois les mêmes choses inutilement. Au contraire, écoutez: après des années vous serez moins ardents qu’à cette heure où vous êtes néophytes. La vie est ainsi… l’humanité est ainsi… On perd l’élan après le premier bond. Mais (Jésus s’est brusquement levé) je vous jure que Moi je vaincrai. Purifiés, par une sélection naturelle, fortifiés par un breuvage surnaturel, vous, les meilleurs, vous deviendrez mes héros. Les héros du Christ. Les héros du Ciel. La puissance des Césars sera poussière en comparaison de la royauté de votre sacerdoce. Vous, pauvres pêcheurs de Galilée, vous, Juifs inconnus, vous, nombres dans la masse des hommes qui vous entourent, vous serez plus connus, acclamés, respectés que des Césars que tous les Césars que la terre a eus et aura. Vous serez connus, vous serez bénis dans un avenir très prochain et dans les siècles les plus reculés, jusqu’à la fin du monde. C’est pour cette sublime destinée que je vous ai choisis. Vous qui avez une honnête volonté et qui avez la capacité de la suivre, je vous donne les lignes essentielles de votre caractère d’apôtres. Être toujours vigilants et prêts. Que vos reins soient ceints, toujours ceints, et vos lampes allumées comme des gens qui doivent partir d’un moment à l’autre ou courir à la rencontre de quelqu’un qui arrive. En fait, vous êtes, vous serez jusqu’à ce que la mort vous arrête, d’inlassables pèlerins à la recherche de qui est errant; et jusqu’à ce que la mort ne vous arrête, vous devez tenir votre lampe haute et allumée pour indiquer la route aux égarés qui viennent vers le bercail du Christ. Fidèles, vous devez l’être au Maître, qui vous a préposés à ce service. Il sera récompensé ce serviteur que le maître trouvera toujours vigilant et que la mort surprend en état de grâce. Vous ne pouvez pas, vous ne devez pas dire: "Je suis jeune, j’ai le temps de faire ceci et cela et ensuite penser au Maître, à la mort, à mon âme". Les jeunes meurent comme les vieux, les forts comme les faibles. Et les vieux comme les jeunes, les forts comme les faibles, sont également exposés à l’assaut de la tentation. Sachez que l’âme peut mourir avant le corps et que vous pouvez porter, sans le savoir, en votre sein une âme en putréfaction. C’est tellement insensible la mort d’une âme! C’est comme la mort d’une fleur. Sans un cri, sans convulsion… elle laisse baisser sa flamme comme une corolle flétrie et elle s’éteint. Après, longtemps après parfois, immédiatement après telle autre, le corps s’aperçoit qu’il porte en lui un cadavre vermineux. Il devient fou d’épouvante et se tue pour échapper à cette union… Oh! il n’échappe pas! Il tombe, vraiment, avec son âme vermineuse sur un grouillement de serpents dans la Géhenne. Ne soyez pas malhonnêtes comme des courtiers ou des avocats qui ménagent deux clients ennemis. Ne soyez pas faux comme des politiciens qui disent "ami" à tel ou tel et ensuite ils en sont ennemis. N’essayez pas de suivre deux manières de faire. On ne se moque pas de Dieu et on ne Le trompe pas. Agissez avec les hommes comme vous agissez avec Dieu, car toute offense aux hommes est une offense à Dieu. Ayez le souci que Dieu vous voie comme vous voulez être vus par les hommes. Soyez humbles. Vous ne pouvez pas reprocher à votre Maître de ne pas l’être. Je vous donne l’exemple. Agissez comme j’agis. Soyez humbles, doux, patients. C’est ainsi que l’on conquiert le monde, non par la violence et la force. Soyez forts et violents contre vos vices. Déracinez-les, même s’il vous faut déchirer votre cœur. Je vous ai dit, il y a quelques jours, de veiller sur vos regards. Mais vous ne savez pas le faire. Je vous dis, Moi: il vaudrait mieux devenir aveugles en vous arrachant des yeux pleins de convoitises, plutôt que de devenir luxurieux. Soyez sincères. Je suis la Vérité. Dans les choses d’en haut comme dans les choses humaines. Je veux que vous soyez francs, vous aussi. Pourquoi user de tromperie avec Moi, ou avec des frères, ou avec le prochain? Pourquoi s’amuser à tromper? Quoi? Orgueilleux comme vous l’êtes, et vous n’avez pas la fierté de dire: "je ne veux pas qu’on me découvre menteur"? Et soyez francs avec Dieu. Croyez-vous de Le tromper avec des prières longues et manifestes? Oh! pauvres fils! Dieu voit le cœur! Soyez discrets en faisant le bien. Même en faisant l’aumône. Un publicain a su l’être avant sa conversion. Et vous, vous ne saurez pas l’être? Oui, je te loue, Mathieu, de la discrète offrande de chaque semaine que le Père et Moi étions seuls à connaître, et je te cite en exemple. Cette réserve est aussi une forme de chasteté, amis. Ne découvrez pas votre bonté, comme vous ne découvririez pas une toute jeune fille aux yeux d’une foule. Soyez vierges en faisant le bien. Une bonne action est virginale quand elle ne s’allie pas avec une arrière pensée de louange ou d’estime ou de sentiments d’orgueil. Soyez des époux fidèles de votre vocation à Dieu. Vous ne pouvez servir deux maîtres. Le lit nuptial ne peut accueillir en même temps deux épouses. Dieu et Satan ne peuvent se partager vos embrassements. L’homme ne peut pas, et Dieu non plus, ni Satan, partager un triple embrassement entre trois êtres qui sont en opposition d’un de l’autre. Soyez contraires au désir de l’or comme au désir de la chair, au désir charnel comme au désir de la puissance. Voilà ce que Satan vous offre. Oh! ses richesses trompeuses! Honneurs, réussite, pouvoir, argent: marchandises impures que vous achetez au prix de votre âme. Soyez contents de peu. Dieu vous donne le nécessaire. Cela suffit. Ceci, Il vous le garantit, comme Il le garantit à l’oiseau de l’air, et vous êtes beaucoup plus que des oiseaux. Mais Il veut de vous confiance et sobriété. Si vous avez confiance, Lui ne vous décevra pas. Si vous êtes sobres, son don journalier vous suffira. Ne soyez pas païens, tout en appartenant, de nom, à Dieu. Ce sont les païens, ceux qui, plus que Dieu, aiment l’or et la puissance pour paraître des demi-dieux. Soyez saints et vous serez semblables à Dieu pour l’éternité. Ne soyez pas intransigeants. Tous pécheurs, il vous faut vouloir être avec les autres comme vous voudriez que les autres fussent avec vous: c’est à dire compatissants et disposés au pardon. Ne jugez pas. Oh! ne jugez pas! C’est depuis peu que vous êtes avec Moi et pourtant vous voyez combien de fois Moi, innocent, j’ai été à tort mal jugé et accusé de péchés inexistants. Mal juger, c’est offenser. Et seul celui qui est vraiment saint ne répond pas à l’offense par l’offense. Abstenez-vous donc d’offenser pour n’être pas offensés. Vous ne manquerez ainsi ni à la charité, ni à la sainte, chère et douce humilité, ennemie de Satan, avec la chasteté. Pardonnez, pardonnez toujours. Dites: "Je pardonne, ô Père, pour être pardonné par Toi pour mes péchés sans nombre". Améliorez-vous d’heure en heure, avec patience, avec fermeté, héroïquement. Et, qui vous dit que devenir bon ne soit pas pénible? Je vous dis même: c’est le plus dur travail. Mais le Ciel est la récompense et il vaut la peine de s’épuiser dans cet effort. Et aimez. Oh! quelle parole, quelle parole dois-je dire pour vous inculquer l’amour? Aucune n’est capable de vous convertir à l’amour, pauvres hommes que Satan excite! Et alors voilà que je dis: "Père, hâte l’heure de la purification. Cette terre est aride, et malade est ce troupeau, ton troupeau. Mais il y a une rosée qui peut tout adoucir et purifier. Ouvre, ouvre la source de cette rosée. C’est Moi que Tu dois ouvrir, Moi. Voici, Père. Je brûle d’accomplir ton désir qui est le mien et celui de l’Amour Éternel. Père, Père, Père! Regarde ton Agneau et sois-en le Sacrificateur".” Jésus est réellement inspiré. Debout, les bras en croix, le visage tourné vers le ciel, il se détache avec son blanc vêtement de lin sur le fond d’azur du lac, comme un archange en prière. C’est sur cet acte que pour moi la vision s’évanouit.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/
Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n'est plus bon à rien : on le jette dehors et les gens le piétinent. Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l'on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 2, Ch 63, p 347 - CD 2 (2ème cd), piste 14 -
Jésus est avec tous les siens. Désormais ils sont à eux seuls treize et Lui est en plus. Ils sont sept par barque sur le lac de Galilée. Jésus est dans la barque de Pierre, la première, avec Pierre, André, Simon, Joseph et les deux cousins. Dans l’autre se trouvent les deux fils de Zébédée avec les autres: à savoir l’Iscariote, Philippe, Thomas, Nathanaël et Mathieu. Les barques marchent rapidement à la voile, poussées par un vent frais de borée, qui forme sur l’eau une multitude de rides légères, à peine marquées par des lignes d’écume qui dessinent une sorte de tulle sur l’azur de turquoise du beau lac tranquille. Elles avancent, laissant derrière elles, deux sillages qui se rejoignent fondant leurs joyeuses écumes en une seule trace riante à la surface de l’eau. Elles marchent, en effet de conserve, celle de Pierre précédant à peine de deux mètres. De barque à barque, rapprochées de quelques mètres l’une de l’autre, on échange des conversations et des réflexions. J’en déduis que les Galiléens montrent et expliquent aux Juifs les détails du lac, leurs commerces, leurs personnalités, les distances entre les points de départ et d’arrivée, c’est à dire, Capharnaüm et Tibériade. Les barques ne servent pas pour la pêche, mais pour le transport des personnes. Jésus est assis à la proue. Il jouit visiblement de la beauté qui l’entoure, du silence, de tout cet azur pur du ciel et des eaux, encadré de vertes rives où sont disséminés des villages tout blancs sur le fond de verdure. Il s’abstrait des conversations des disciples, car il est tout à l’avant sur la proue, presque allongé sur un tas de voiles, le visage souvent incliné sur ce miroir de saphir qu’est le lac, comme s’il en étudiait le fond et s’intéressait à tout ce qui vit dans ses eaux très limpides. Mais, qui sait à quoi il pense… Pierre l’interroge par deux fois pour savoir si le soleil le dérange. Le soleil, tout à fait levé à l’orient, atteint en plein la barque par son rayonnement pas encore brûlant, mais déjà chaud. Une seconde fois il Lui demande s’il veut aussi du pain et du fromage comme les autres. Mais Jésus ne veut rien, ni toile ni pain. Et Pierre le laisse en paix. Un groupe de petites barques que l’on emploie pour se promener sur le lac, des sortes de chaloupes, mais ornées de riches baldaquins pourpre et d’agréables coussins, coupe la route aux barques des pêcheurs. Bruits, éclats de rire, parfums passent avec elles. Elles sont pleines de belles femmes et de joyeux Romains et Palestiniens, mais plutôt Romains, ou du moins pas Palestiniens, car il doit y avoir quelque Grec. Je le déduis des paroles d’un jeune homme maigre, élancé, brun comme une olive presque mûre, tout pomponné. Il porte un court vêtement rouge, bordé en bas par une lourde grecque et serré à la taille par une ceinture qui est un chef d’œuvre d’orfèvrerie. Il dit: “L’Hellade est belle, mais mon olympique patrie n’a tout de même pas cet azur et ces fleurs. Et vraiment on ne s’étonne pas que les déesses l’aient abandonnée pour venir ici. Effeuillons sur les déesses, non plus grecques mais juives, les fleurs, les roses et nos hommages…”Et il jette sur les femmes de sa barque des pétales de roses splendides et il en jette d’autres sur la barque voisine. Un romain répond: “Effeuille, effeuille, Grec! Mais Vénus est avec moi. Moi je n’effeuille pas: je cueille les roses sur cette belle bouche. C’est plus doux!” Et il se penche pour baiser, sur sa bouche souriante, Marie de Magdala à moitié allongée sur les coussins, avec sa tête blonde sur le sein du Romain. Maintenant les barquettes s’en vont directement contre les lourdes barques, et soit à cause de la maladresse des rameurs, soit à cause du vent, il s’en faut de peu qu’elles ne se heurtent. “Faites attention si vous tenez à la vie” crie Pierre furieux pendant qu’il vire, donnant un coup de barre, pour éviter le choc. Insultes des hommes et cris d’épouvante des femmes circulent d’une barque à l’autre. Les Romains insultent les Galiléens en disant: “Écartez-vous, chiens d’Hébreux que vous êtes.” Pierre et les autres Galiléens ne laissent pas tomber l’insulte et Pierre spécialement, rouge comme la crête d’un coq, debout sur le bord de la barque qui tangue fortement, les mains aux hanches, répond coup pour coup, n’épargnant ni Romains, ni Grecs, ni Juifs, ni Juives. Au contraire il adresse toute une collection d’appellations honorifiques que je ne transcris pas. La prise de bec dure tant que l’enchevêtrement des. quilles et des rames n’est pas débrouillé, puis chacun va son chemin. Jésus n’a jamais changé de position. Il est resté assis, absent, sans regards ni paroles pour les barques et leurs occupants. Appuyé sur le coude, il a continué de regarder la rive lointaine comme si rien n’arrivait. Il Lui arrive une fleur qu’on a jetée. Je ne sais d’où elle vient, certainement d’une des femmes, car j’entends son éclat de rire qui accompagne le geste. Mais Lui… rien. La fleur le frappe presque au visage et tombe sur les planches, allant terminer sa course aux pieds du bouillant Pierre. Quand les barquettes sont sur le point de s’éloigner, je vois que la Madeleine s’est dressée debout et suit la direction que lui indique une compagne de vice, braquant ses yeux splendides sur le visage tranquille et lointain de Jésus. Comme il est loin du monde, ce visage!… “Dis, Simon!” interpelle l’Iscariote. “Toi qui es Juif comme moi, dis-moi. Mais cette belle blonde, sur le sein du Romain, celle-là qui s’est levée tout à l’heure, n’est-ce pas la sœur de Lazare de Béthanie?” “Moi, je ne sais rien” répond sèchement Simon le Cananéen. “Il y a peu de temps que je suis revenu parmi les vivants, et, cette femme est jeune…” “Tu ne voudrais pas me dire que tu ne connais pas Lazare de Béthanie, j’espère! Je sais bien que tu es son ami et aussi que tu as été chez lui avec le Maître.” “Et s’il en était ainsi?” “Étant donné qu’il en est ainsi, tu dois connaître aussi la pécheresse qui est sœur de Lazare. Même les tombeaux la connaissent! Il y a dix ans qu’elle fait parler d’elle. À peine pubère elle s’est montrée légère. Mais, depuis quatre ans! Tu ne peux ignorer le scandale, même si tu étais dans "la vallée des morts". Toute Jérusalem en a parlé. Et Lazare s’est alors retiré a Béthanie… Il a bien fait, du reste. Personne n’aurait plus mis les pieds dans son splendide palais de Sion où elle allait et venait encore. J’entends dire: personne qui fut saint. À la campagne… on est au courant!… Et puis, désormais elle est partout, sauf à sa maison… Maintenant elle est sûrement à Magdala… Elle aura trouvé quelque nouvel amour… Tu ne réponds pas? Peux-tu me démentir?” “Je ne démens pas. Je me tais.” “Alors, c’est elle? Toi-même tu l’as reconnue!” “Je l’ai vue toute jeune. Elle était pure, alors. Je la revois maintenant… Mais je la reconnais. Bien qu’impudique, sa physionomie rappelle celle de sa mère, une sainte.” “Et alors pourquoi as-tu presque nié qu’elle était la sœur de ton ami?” “Nos plaies et celles de ceux que nous aimons, on cherche à les cacher, surtout quand on est honnête.” Judas rit jaune. “Tu parles bien, Simon. Et tu es un homme honnête” observe Pierre. “Et tu l’avais reconnue? Tu vas certainement à Magdala pour vendre ton poisson, et qui sait combien de fois, tu l’as vue!…” “Garçon, sache que lorsqu’on est fatigué par un honnête travail, les femmes n’attirent plus. On aime seulement le lit honnête de son épouse.” “Eh! mais ce qui est beau plaît à tout le monde! Au moins n’y aurait-il que cela, on regarde.” “Pourquoi? Pour dire: "Ce n’est pas nourriture pour ta table"? Non, sais-tu. Le lac et le métier m’ont appris plusieurs choses, et en voilà une: que poisson d’eau douce et de fond n’est pas fait pour l’eau salée et les remous de surface.” “Tu veux dire?” “Je veux dire que chacun doit rester à sa place pour ne pas mourir de malemort.” “Elle te faisait mourir, la Madeleine?” “Non, j’ai la peau dure, Mais… tu me le dis: c’est toi qui te sens mal, peut-être?” “Moi, je ne l’ai pas même regardée!…” “Menteur! Je parie que tu t’es bien rongé au dedans pour ne pas te trouver sur cette première barque et en être plus proche… Tu m’aurais même supporté pour y être plus près… C’est si vrai ce que je dis, que c’est à cause d’elle que tu me fais l’honneur de me parler après tant de jours de silence.” “Moi? Mais si elle ne m’aurait pas même vu! Elle ne regardait continuellement que le Maître, elle!” “Ah! Ah! Ah! et tu dis que tu ne la regardais pas! Comment as-tu fait pour voir où elle regardait, si tu ne la regardais pas?” Tout le monde rit, sauf Judas, Jésus et le Zélote à la remarque de Pierre. Jésus met fin à la discussion qu’il a affecté de ne pas entendre, en demandant à Pierre: “C’est Tibériade?” “Oui, Maître. Maintenant je vais accoster.” “Attends, peux-tu te mettre dans ce golfe tranquille? Je voudrais parler, à vous seulement.” “Je mesure le fond et je vais te le dire.” Pierre enfonce une longue perche et va lentement vers la rive. “Oui, je peux, Maître. Puis-je approcher encore davantage?,” “Le plus que tu peux. Il y a de l’ombre et de la solitude. Cela me plaît.” Pierre va jusqu’aux abords de la rive. La terre n’est plus qu’à une quinzaine de mètres, au maximum. “Maintenant je toucherais le fond.” “Arrête, et vous, venez le plus près possible et écoutez.” Jésus quitte sa place et vient s’asseoir au centre de la barque sur une banquette qui va de bord à bord. Il a en face l’autre barque, et autour de Lui les disciples de sa barque. “Écoutez. Il vous paraît que je m’abstrais parfois de vos conversations et que suis donc un maître paresseux qui ne surveille pas ses propres élèves. Sachez que mon âme ne vous quitte pas un instant. Avez-vous jamais observé un médecin qui étudie un malade dont la maladie n’est pas déterminée et qui présente des symptômes qui s’opposent? Il le tient à vue œil, après l’avoir visité, qu’il dorme ou veille, le matin comme le soir, quand il se tait ou qu’il parle, car tout peut-être symptôme et indication pour déceler le mal caché et indiquer un traitement. Je fais de même avec vous. Vous m’êtes reliés par des fils invisibles, mais très sensibles qui me sont rattachés et me transmettent jusqu’aux plus légères vibrations de votre moi. Je vous laisse croire à votre liberté, pour que vous manifestiez toujours plus ce que vous êtes. C’est ce qui arrive quand un écolier ou un maniaque se croit perdu de vue par le surveillant. Vous êtes un groupe de personnes, mais vous formez un noyau, c’est à dire une seule chose. Car vous êtes un ensemble complexe qui naît à l’existence et qu’on étudie dans toutes ses caractéristiques, plus ou moins bonnes, pour le former, l’amalgamer, l’émousser, le développer dans ses tendances multiformes, et en faire un tout parfait. C’est pour cela que je vous étudie et que je fais sur vous des observations, même quand vous dormez. Qu’êtes-vous? Que devez-vous devenir? Vous êtes le sel de la terre. C’est cela que vous devez devenir: sel de la terre. Avec le sel, on préserve les viandes de la corruption et aussi beaucoup d’autres denrées. Mais le sel pourrait-il saler s’il n’était pas salé? C’est avec vous que je veux saler le monde, pour lui donner une saveur céleste. Mais comment pouvez-vous saler si vous me perdez vous, la saveur? Qu’est-ce qui vous fait perdre la saveur céleste? Ce qui est humain. L’eau de mer, de la vraie mer, n’est pas bonne à boire, tant elle est salée, n’est-ce pas? Et pourtant, si quelqu’un prend une coupe d’eau de mer et la verse dans une cruche d’eau douce, voici qu’on peut la boire, parce que l’eau de mer est tellement diluée qu’elle a perdu son mordant. L’humanité est comme l’eau douce qui se mélange à votre salinité céleste. Et encore, en supposant qu’il soit possible de dériver un ruisselet de la mer et de l’envoyer dans ce lac, pourriez-vous y retrouver ce filet d’eau de mer? Non. Il serait perdu dans une telle masse d’eau douce. Ainsi il en est de vous quand vous plongez votre mission, ou plutôt la noyez, dans tant d’humanité. Vous êtes des hommes. Oui. Je le sais. Mais, et Moi qui suis-je? Je suis Celui qui a en Lui toute force. Et que fais-je? Je vous communique cette force puisque je vous ai appelés. Mais à quoi sert de vous la communiquer si vous la dispersez sous des avalanches de sensations et de sentiments humains? Vous êtes, et devez être la lumière du monde. Je vous ai choisis: Moi, Lumière de Dieu pour continuer d’éclairer le monde quand je serai retourné au Père. Mais pouvez-vous donner la lumière si vous êtes des lanternes éteintes ou fumeuses? Non, la fumée incertaine d’un lumignon est pire que sa mort totale et avec votre fumée vous obscurcirez cette lueur de lumière que les cœurs peuvent encore avoir. Oh! malheureux ceux qui, cherchant Dieu, se tournent vers des apôtres qui au lieu de lumière ont de la fumée! Ils en recevront le scandale et la mort. Mais malédiction et châtiment subiront les apôtres indignes. Grande est votre destinée! Mais aussi: grande et redoutable est votre mission! Rappelez-vous que celui à qui on a plus donné, est tenu à donner davantage. Et à vous, c’est le maximum qui a été donné en fait d’instruction et de don. Vous êtes instruits par Moi, Verbe de Dieu, et vous recevez de Dieu le don d’être "les disciples", c’est à dire les continuateurs du Fils de Dieu. Je voudrais que vous ne cessiez de méditer le choix dont vous êtes l’objet et encore que vous examiniez et encore que vous pesiez… et vous vous rendiez compte si vous n’êtes capables que d’être fidèles, seulement fidèles. Je ne veux pas même dire si vous vous sentez pécheurs et endurcis, mais fidèles seulement, sans avoir l’énergie d’un apôtre, il faut alors vous retirer. Le monde, pour qui l’aime, est si vaste, si beau, suffisant, varié! Il offre à tous les fleurs et les fruits pour les jouissances des sens. Moi, je n’offre qu’une chose: la sainteté. Sur la terre, c’est la chose la plus étroite, la plus pauvre, la plus rude, la plus épineuse, la plus persécutée qui existe. Au Ciel son étroitesse se change en immensité, sa pauvreté en richesse, ses épines en un tapis de fleurs, sa rudesse en un sentier facile et agréable, sa persécution en paix et béatitude. Mais ici bas, c’est un effort héroïque que d’être saint. Moi, je ne vous offre que cela. Voulez-vous rester avec Moi? Ne vous sentez-vous pas le courage de le faire? Oh! ne vous regardez pas, étonnés et affligés! Vous m’entendrez encore de nombreuses fois poser cette question. Et quand vous l’entendrez, pensez que mon cœur pleure, parce qu’il est blessé de vous trouver sourds à mon appel. Examinez-vous, alors, et puis jugez honnêtement et sincèrement et décidez. Décidez pour n’être pas des réprouvés. Dites: "Maître, amis, je me rends compte que je ne suis pas fait pour suivre cette voie. Je vous donne le baiser d’adieu, et je vous dis: priez pour moi". Cela vaut mieux que de trahir. Cela vaut mieux… Que dites-vous? Trahir qui? Qui? Moi. Ma cause, c’est à dire la cause de Dieu, car Je suis un avec le Père, et vous, oui, vous vous trahiriez. Vous trahiriez votre âme en la donnant à Satan. Vous voulez rester juifs? Et Moi, je ne vous force pas à changer. Mais ne trahissez pas. Ne trahissez pas votre âme, le Christ et Dieu. Je vous jure que ni Moi, ni ceux qui me sont fidèles ne vous critiquerons, ne vous désignerons au mépris des foules fidèles. Il y a peu de temps, un de vos frères a dit une grande parole: "Nos plaies et celles de ceux que nous aimons nous cherchons à les tenir cachées". Et celui qui se séparerait serait comme une plaie, une gangrène survenue au sein de notre organisme apostolique. Il se détacherait à cause de sa gangrène inguérissable, laissant une cicatrice douloureuse que nous tiendrons cachée avec le plus grand soin. Non, ne pleurez pas, vous les meilleurs. Ne pleurez pas. Je n’ai pas pour vous de rancœur et je ne suis pas intransigeant pour vous voir si lents. Je viens de vous prendre et ne puis prétendre que vous soyez déjà parfaits. Je ne le prétendrai même pas après des années, après vous avoir dit cent et deux cent fois les mêmes choses inutilement. Au contraire, écoutez: après des années vous serez moins ardents qu’à cette heure où vous êtes néophytes. La vie est ainsi… l’humanité est ainsi… On perd l’élan après le premier bond. Mais (Jésus s’est brusquement levé) je vous jure que Moi je vaincrai. Purifiés, par une sélection naturelle, fortifiés par un breuvage surnaturel, vous, les meilleurs, vous deviendrez mes héros. Les héros du Christ. Les héros du Ciel. La puissance des Césars sera poussière en comparaison de la royauté de votre sacerdoce. Vous, pauvres pêcheurs de Galilée, vous, Juifs inconnus, vous, nombres dans la masse des hommes qui vous entourent, vous serez plus connus, acclamés, respectés que des Césars que tous les Césars que la terre a eus et aura. Vous serez connus, vous serez bénis dans un avenir très prochain et dans les siècles les plus reculés, jusqu’à la fin du monde. C’est pour cette sublime destinée que je vous ai choisis. Vous qui avez une honnête volonté et qui avez la capacité de la suivre, je vous donne les lignes essentielles de votre caractère d’apôtres. Être toujours vigilants et prêts. Que vos reins soient ceints, toujours ceints, et vos lampes allumées comme des gens qui doivent partir d’un moment à l’autre ou courir à la rencontre de quelqu’un qui arrive. En fait, vous êtes, vous serez jusqu’à ce que la mort vous arrête, d’inlassables pèlerins à la recherche de qui est errant; et jusqu’à ce que la mort ne vous arrête, vous devez tenir votre lampe haute et allumée pour indiquer la route aux égarés qui viennent vers le bercail du Christ. Fidèles, vous devez l’être au Maître, qui vous a préposés à ce service. Il sera récompensé ce serviteur que le maître trouvera toujours vigilant et que la mort surprend en état de grâce. Vous ne pouvez pas, vous ne devez pas dire: "Je suis jeune, j’ai le temps de faire ceci et cela et ensuite penser au Maître, à la mort, à mon âme". Les jeunes meurent comme les vieux, les forts comme les faibles. Et les vieux comme les jeunes, les forts comme les faibles, sont également exposés à l’assaut de la tentation. Sachez que l’âme peut mourir avant le corps et que vous pouvez porter, sans le savoir, en votre sein une âme en putréfaction. C’est tellement insensible la mort d’une âme! C’est comme la mort d’une fleur. Sans un cri, sans convulsion… elle laisse baisser sa flamme comme une corolle flétrie et elle s’éteint. Après, longtemps après parfois, immédiatement après telle autre, le corps s’aperçoit qu’il porte en lui un cadavre vermineux. Il devient fou d’épouvante et se tue pour échapper à cette union… Oh! il n’échappe pas! Il tombe, vraiment, avec son âme vermineuse sur un grouillement de serpents dans la Géhenne. Ne soyez pas malhonnêtes comme des courtiers ou des avocats qui ménagent deux clients ennemis. Ne soyez pas faux comme des politiciens qui disent "ami" à tel ou tel et ensuite ils en sont ennemis. N’essayez pas de suivre deux manières de faire. On ne se moque pas de Dieu et on ne Le trompe pas. Agissez avec les hommes comme vous agissez avec Dieu, car toute offense aux hommes est une offense à Dieu. Ayez le souci que Dieu vous voie comme vous voulez être vus par les hommes. Soyez humbles. Vous ne pouvez pas reprocher à votre Maître de ne pas l’être. Je vous donne l’exemple. Agissez comme j’agis. Soyez humbles, doux, patients. C’est ainsi que l’on conquiert le monde, non par la violence et la force. Soyez forts et violents contre vos vices. Déracinez-les, même s’il vous faut déchirer votre cœur. Je vous ai dit, il y a quelques jours, de veiller sur vos regards. Mais vous ne savez pas le faire. Je vous dis, Moi: il vaudrait mieux devenir aveugles en vous arrachant des yeux pleins de convoitises, plutôt que de devenir luxurieux. Soyez sincères. Je suis la Vérité. Dans les choses d’en haut comme dans les choses humaines. Je veux que vous soyez francs, vous aussi. Pourquoi user de tromperie avec Moi, ou avec des frères, ou avec le prochain? Pourquoi s’amuser à tromper? Quoi? Orgueilleux comme vous l’êtes, et vous n’avez pas la fierté de dire: "je ne veux pas qu’on me découvre menteur"? Et soyez francs avec Dieu. Croyez-vous de Le tromper avec des prières longues et manifestes? Oh! pauvres fils! Dieu voit le cœur! Soyez discrets en faisant le bien. Même en faisant l’aumône. Un publicain a su l’être avant sa conversion. Et vous, vous ne saurez pas l’être? Oui, je te loue, Mathieu, de la discrète offrande de chaque semaine que le Père et Moi étions seuls à connaître, et je te cite en exemple. Cette réserve est aussi une forme de chasteté, amis. Ne découvrez pas votre bonté, comme vous ne découvririez pas une toute jeune fille aux yeux d’une foule. Soyez vierges en faisant le bien. Une bonne action est virginale quand elle ne s’allie pas avec une arrière pensée de louange ou d’estime ou de sentiments d’orgueil. Soyez des époux fidèles de votre vocation à Dieu. Vous ne pouvez servir deux maîtres. Le lit nuptial ne peut accueillir en même temps deux épouses. Dieu et Satan ne peuvent se partager vos embrassements. L’homme ne peut pas, et Dieu non plus, ni Satan, partager un triple embrassement entre trois êtres qui sont en opposition d’un de l’autre. Soyez contraires au désir de l’or comme au désir de la chair, au désir charnel comme au désir de la puissance. Voilà ce que Satan vous offre. Oh! ses richesses trompeuses! Honneurs, réussite, pouvoir, argent: marchandises impures que vous achetez au prix de votre âme. Soyez contents de peu. Dieu vous donne le nécessaire. Cela suffit. Ceci, Il vous le garantit, comme Il le garantit à l’oiseau de l’air, et vous êtes beaucoup plus que des oiseaux. Mais Il veut de vous confiance et sobriété. Si vous avez confiance, Lui ne vous décevra pas. Si vous êtes sobres, son don journalier vous suffira. Ne soyez pas païens, tout en appartenant, de nom, à Dieu. Ce sont les païens, ceux qui, plus que Dieu, aiment l’or et la puissance pour paraître des demi-dieux. Soyez saints et vous serez semblables à Dieu pour l’éternité. Ne soyez pas intransigeants. Tous pécheurs, il vous faut vouloir être avec les autres comme vous voudriez que les autres fussent avec vous: c’est à dire compatissants et disposés au pardon. Ne jugez pas. Oh! ne jugez pas! C’est depuis peu que vous êtes avec Moi et pourtant vous voyez combien de fois Moi, innocent, j’ai été à tort mal jugé et accusé de péchés inexistants. Mal juger, c’est offenser. Et seul celui qui est vraiment saint ne répond pas à l’offense par l’offense. Abstenez-vous donc d’offenser pour n’être pas offensés. Vous ne manquerez ainsi ni à la charité, ni à la sainte, chère et douce humilité, ennemie de Satan, avec la chasteté. Pardonnez, pardonnez toujours. Dites: "Je pardonne, ô Père, pour être pardonné par Toi pour mes péchés sans nombre". Améliorez-vous d’heure en heure, avec patience, avec fermeté, héroïquement. Et, qui vous dit que devenir bon ne soit pas pénible? Je vous dis même: c’est le plus dur travail. Mais le Ciel est la récompense et il vaut la peine de s’épuiser dans cet effort. Et aimez. Oh! quelle parole, quelle parole dois-je dire pour vous inculquer l’amour? Aucune n’est capable de vous convertir à l’amour, pauvres hommes que Satan excite! Et alors voilà que je dis: "Père, hâte l’heure de la purification. Cette terre est aride, et malade est ce troupeau, ton troupeau. Mais il y a une rosée qui peut tout adoucir et purifier. Ouvre, ouvre la source de cette rosée. C’est Moi que Tu dois ouvrir, Moi. Voici, Père. Je brûle d’accomplir ton désir qui est le mien et celui de l’Amour Éternel. Père, Père, Père! Regarde ton Agneau et sois-en le Sacrificateur".” Jésus est réellement inspiré. Debout, les bras en croix, le visage tourné vers le ciel, il se détache avec son blanc vêtement de lin sur le fond d’azur du lac, comme un archange en prière. C’est sur cet acte que pour moi la vision s’évanouit.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/
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