Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 6,30-34.
Après leur première mission, les Apôtres se réunissent auprès de Jésus, et lui rapportent tout ce qu'ils ont fait et enseigné.Il leur dit : « Venez à l'écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, les arrivants et les partants étaient si nombreux qu'on n'avait même pas le temps de manger. Ils partirent donc dans la barque pour un endroit désert, à l'écart. Les gens les virent s'éloigner, et beaucoup les reconnurent. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. Jésus, voyant une grande foule de gens sur le bord du lac, fut saisi de pitié envers eux, parce qu'ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les instruire longuement.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta
- Traduction de 2017 : Tome 4, Ch 271, p 348
- Ancienne traduction : Tome 4, Ch 134, p 320
- CD 4 (2ème cd), piste 133
- USB Tome 4, piste 133
Il fait nuit quand Jésus revient à la maison. Il entre sans bruit dans le jardin, s'arrête un instant devant la cuisine sombre. Il voit qu'elle est vide. Il se rend dans les deux pièces où sont les nattes et les lits. Vides, elles aussi. Seuls les vêtements qu'on a changés, en tas par terre, indiquent que les apôtres sont revenus. La maison semble inhabitée, tant elle est silencieuse. Jésus, en faisant moins de bruit qu'une ombre, monte l'escalier, blancheur dans la blancheur de la pleine lune, et arrive sur la terrasse. Il la parcourt. Il semble un spectre qui se meut sans bruit, un spectre lumineux. Dans l'éclat de la lumière lunaire, il semble s'affiner, grandir encore. Il lève avec la main le rideau qui est à la porte de la chambre du haut. Il était resté abaissé depuis le moment où les disciples de Jean y étaient entrés avec Jésus. A l'intérieur, assis ça et là, en groupes ou seuls, il y a les apôtres avec les disciples de Jean et Manaën, et endormi avec la tête sur les genoux de Pierre, il y a Margziam. La lune se charge d'éclairer la pièce en entrant avec ses flots phosphoriques par les fenêtres ouvertes. Personne ne parle. Et personne ne dort, sauf l'enfant assis par terre sur une natte. Jésus entre doucement, et le premier qui le voit c'est Thomas. “Oh! Maître!” dit-il en sursautant. Tous les autres se secouent. Pierre, dans son impétuosité va se lever brusquement, mais il se souvient de l'enfant et le fait doucement, en appuyant la tête brune de Margziam sur son siège, de sorte qu'il arrive le dernier près de Jésus pendant que le Maître, avec la voix fatiguée de quelqu'un qui a beaucoup souffert, répond à Jean, Jacques et André qui Lui disent leur douleur: “Je le comprends. Mais seul celui qui ne croit pas doit se sentir désolé par une mort. Pas nous qui savons et croyons. Jean n'est plus séparé de nous. Il l'était auparavant. Auparavant, il nous séparait, même. Ou avec Moi, ou avec lui. Maintenant c'est fini. Où il est, Moi, je suis. Il est près de Moi.” Pierre passe sa tête grisonnante au milieu des têtes jeunes et Jésus le voit: “Toi aussi, tu as pleuré, Simon de Jonas?” et Pierre, d'une voix plus rauque qu'à l'ordinaire: “Oui, Seigneur, car moi aussi j'avais été disciple de Jean… Et puis… et puis… Et penser que vendredi dernier je m'attristais que la présence des pharisiens nous aurait rempli d'amertume le sabbat! Celui-ci, oui, c'est un sabbat d'amertume! J'avais amené l'enfant… pour avoir un sabbat encore plus beau… Au contraire…” “Ne te laisse pas abattre, Simon de Jonas. Jean n'est pas perdu. Je te le dis aussi à toi. Et, en échange, nous avons trois disciples bien formés. Où est l'enfant?” “Là, Maître. Il dort…” “Laisse-le dormir” dit Jésus en se penchant sur la petite tête brune qui dort tranquille. Et puis il demande encore: “Avez-vous soupé?” “Non, Maître. Nous t'attendions et nous étions préoccupé maintenant à cause du retard, ne sachant pas où te chercher… Il nous semblait t'avoir perdu Toi aussi.” “Nous avons encore le temps de rester ensemble. Allons, préparez le souper parce que, après, nous allons ailleurs. J'ai besoin de m'isoler parmi des amis et demain, si nous restons ici, il y aura toujours des personnes pour nous entourer.” “Et moi, je te jure que je ne les supporterais pas, spécialement ces manœuvres de serpents des âmes des pharisiens. Et ce serait dangereux s'il leur échappait même un sourire s'adressant à nous, dans la synagogue!” “Du calme, Simon!… Mais Moi, j'y avais pensé aussi. C'est pour cela que je suis revenu vous prendre avec Moi.” A la lueur des petites lampes allumées des deux côtés de la table, on voit mieux l'altération des visages. Seul Jésus garde sa majesté solennelle et Margziam sourit dans son sommeil. “L'enfant a déjà mangé” explique Simon. “Il vaut mieux alors le laisser dormir” dit Jésus. Et, au milieu des siens, il offre et distribue un peu de nourriture que l'on mange sans appétit. Et le souper est vite terminé.
“Dites-moi, maintenant, ce que vous avez fait…” dit Jésus pour les encourager. “Moi, je suis allé avec Philippe dans les campagnes de Bethsaïda. Nous avons évangélisé et guéri un enfant malade” dit Pierre. “En réalité, c'est Simon qui l'a guéri” dit Philippe qui ne veut pas s'attribuer une gloire qui ne lui appartient pas. “Oh! Seigneur! Je ne sais pas comment j'ai fait. J'ai prié beaucoup, de tout mon cœur, parce que le petit malade me faisait pitié. Puis, je l'ai oint avec de l'huile et je l'ai frotté avec mes grosses mains… et il a guéri. Quand j'ai vu son visage se colorer et ses yeux s'ouvrir, revivre en somme, j'ai eu presque peur.” Jésus lui met la main sur la tête, sans parler. “Jean a beaucoup étonné parce qu'il avait chassé un démon, mais c'est à moi qu'il est revenu de parler” dit Thomas. “Ton frère Jude l'a fait aussi” dit Mathieu. “Alors même André” dit Jacques d'Alphée. “De son côté, Simon le Zélote a guéri un lépreux. Oh! Il n'a pas eu peur de le toucher! Mais il m'a dit ensuite: "Ne crains pas. Par la volonté de Dieu, aucun mal physique ne s'attaque à nous"“ dit Barthélémy. “Tu as bien parlé, Simon. Et vous deux?” demande Jésus à Jacques de Zébédée et à l'Iscariote, qui se trouvent un peu loin, le premier qui parle avec les trois disciples de Jean, le second seul et renfrogné. “Oh! Moi, je n'ai rien fait” dit Jacques. “Mais Judas a fait trois miracles formidables: un aveugle, un paralytique, un possédé. A moi, il me semblait un lunatique, mais les gens l'appelaient ainsi…” “Et toi, tu nous fais cette tête, alors que Dieu t'a tant aidé?” dit Pierre. “Je sais être humble, moi aussi” répond l'Iscariote. “Et ensuite nous avons été reçus par un pharisien. Moi, je me trouvais mal à l'aise. Mais Judas sait mieux s'y prendre et l'a vraiment apprivoisé. Le premier jour, il était sur ses gardes mais ensuite… N'est-ce pas, Judas?” Judas acquiesce sans parler. “Très bien. Et vous ferez toujours mieux. La semaine prochaine, nous restons ensemble. En attendant… Simon, va préparer les barques. Toi aussi, Jacques.” “Pour tous, Maître? Nous n'y tiendrons pas tous.” “Ne peux-tu pas en avoir une autre?” “En la demandant à mon beau-frère, oui. J'y vais.” “Va, et après l'avoir fait, reviens tout de suite et ne donne pas beaucoup d'explications.” Les quatre pêcheurs partent. Les autres descendent prendre sacs et manteaux. Il reste Manaën avec Jésus. L'enfant continue de dormir. “Maître, tu vas loin?” “Je ne sais pas encore… Eux sont fatigués et affligés. Moi aussi. Je compte aller à Tarichée, dans les campagnes, pour nous isoler et être en paix.” “J'ai mon cheval, Maître. Mais, si tu le permets, je vais venir en suivant le lac. Tu y resteras longtemps?” “Peut-être toute la semaine. Pas davantage.” “Alors, je vais venir. Maître, bénis-moi en ce premier adieu. Et enlève-moi un poids du cœur.” “Lequel, Manaën?” “J'ai le remords d'avoir laissé Jean. Peut-être, si j'y avais été…” “Non. C'était son heure. Et lui certainement a été content de te voir venir à Moi. N'aie pas ce poids. Cherche, au contraire, à te libérer vite et bien de l'unique poids que tu as: le goût d'être homme. Deviens esprit, Manaën. Tu le peux. Tu as en toi la capacité de l'être. Adieu, Manaën. Ma paix soit avec toi. Nous nous reverrons bientôt en Judée.” Manaën s'agenouille et Jésus le bénit. Puis il le lève et l’embrasse. Les autres rentrent et se saluent entre eux, aussi bien les apôtres que les disciples de Jean. Viennent, en dernier lieu, les pêcheurs: “C'est fait, Maître. Nous pouvons partir.” “C'est bien. Saluez Manaën qui reste ici jusqu'au crépuscule de demain. Rassemblez les vivres, prenez de l'eau et partons. Faites peu de bruit.” Pierre se penche pour réveiller Margziam. “Non, laisse-le. Il pourrait pleurer. Je le prends Moi dans mes bras” dit Jésus et il soulève délicatement l'enfant qui gémit un peu, mais instinctivement se met à l'aise dans les bras de Jésus. Ils éteignent les lampes. Ils sortent. Ils ferment la porte. Ils descendent. Au seuil du jardin, ils saluent de nouveau Manaën et puis, en file, le long du chemin plein de lune, ils se rendent au lac: immense miroir d'argent sous la lune au zénith. Trois taches rouges sur le miroir tranquille, c'est ce que paraissent les trois fanaux des proues déjà immergées. Ils montent en se répartissant dans les barques, les pêcheurs montent les derniers. Pierre et un garçon là où est Jésus, Jean et André dans la seconde, Jacques et un garçon dans la troisième. “Où allons-nous, Maître?” demande Pierre. “A Tarichée. Où nous avons débarqué après le miracle des Géraséniens. Maintenant il n'y aura pas de marécage et nous y serons tranquilles.” Pierre prend le large, et les autres avec les barques par derrière, dans le sillage de celle qui précède. Personne ne parle. Quand ils sont au large et que Capharnaüm s'évanouit dans la clarté de la lune qui uniformise tout par sa poussière d'argent, alors Pierre, comme s'il parlait à la barre du timon, dit: “Et cela me plaît. Demain, ils vont nous chercher, ma vieille, et grâce à toi ils ne nous trouveront pas.” “A qui parles-tu, Simon?” demande Barthélémy. “A la barque. Ne sais-tu pas que pour les pêcheurs elle est comme une épouse? Combien j'ai parlé avec elle! Plus qu'avec Porphyrée. Maître!… Est-il bien couvert, l'enfant? Il y a de la rosée, sur le lac, la nuit…” “Oui. Écoute, Simon. Viens ici. Je dois te parler…” Pierre passe la barre du timon au mousse et va vers Jésus. “J'ai dit Tarichée. Mais il suffira d'y être après le sabbat pour saluer de nouveau Manaën. Ne pourrais-tu pas trouver un endroit près de là où nous pourrions être en paix?” “Oh! Maître! En paix, nous ou aussi les barques? Pour elles, il faut Tarichée ou bien les ports de l'autre rive. Mais, si c'est pour nous, il suffit que tu t'enfonces au-delà du Jourdain où seuls les animaux te découvriront… et peut-être quelque pêcheur qui surveille des nasses. Nous pourrons laisser les barques à Tarichée. Nous y arriverons à l'aube et nous filerons rapidement au-delà du gué. Il est facile d'y passer en ce moment.” “C'est bien. Nous ferons ainsi…” “Le monde te dégoûte, Toi aussi, hein? Tu préfères les poissons et les moustiques, hein? Tu as raison.” “Je n'éprouve pas de dégoût. Il ne faut pas en avoir. Mais je veux éviter que vous fassiez des scandales et je veux me consoler en votre compagnie pendant ces heures de sabbat.” “Mon Maître!…” Pierre le baise au front et s'éloigne en essuyant une grosse larme qui veut vraiment couler de l'œil et descendre vers la barbe. Il revient à son timon et met le cap au sud avec décision pendant que la lumière de la lune décroît au coucher de la planète qui descend au-delà d'une colline, en dérobant son large visage à la vue des hommes, mais en laissant encore le ciel blanchi par sa lumière et une lueur d'argent sur la plage orientale du lac. Le reste est couleur d'indigo foncé qu'on distingue à peine à la lumière des fanaux de proue.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/
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