Un jour, Jésus priait à l'écart. Comme ses disciples étaient là, il les interrogea : « Pour la foule, qui suis-je ? » Ils répondirent : « Jean Baptiste ; pour d'autres, Élie ; pour d'autres, un prophète d'autrefois qui serait ressuscité. » Jésus leur dit : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre prit la parole et répondit : « Le Messie de Dieu. » Et Jésus leur défendit vivement de le révéler à personne, en expliquant : « Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. » Il leur disait à tous : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix chaque jour, et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l'Evangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 5, Ch 31, p 208 - CD 5, piste 78 -
La plaine côtoie le Jourdain avant qu'il se jette dans le lac de Méron. Une belle plaine sur laquelle de jour en jour croissent plus luxuriantes les céréales et fleurissent les arbres à fruits. Les collines, au-delà desquelles se trouve Cédès, sont maintenant derrière des pèlerins qui, transis de froid, cheminent vivement aux premières lumières du jour, en jetant un œil d'envie sur le soleil qui s'élève et en le cherchant dès que ses rayons touchent les prés et caressent les frondaisons. Ils doivent avoir dormi à la belle étoile, ou au mieux dans un pailler, car les vêtements sont froissés et conservent des brins de paille et des feuilles sèches qu'ils enlèvent à mesure qu'ils les découvrent à la lumière plus forte. Le fleuve s'annonce par son bruissement, qui paraît puissant dans le silence matinal de la campagne, et par une rangée serrée d'arbres aux feuilles nouvelles qui tremblent à la brise légère du matin. Mais on ne le découvre pas encore, Enseveli comme il l'est dans la plaine plate. Quand ses eaux bleues, grossies de nombreux petits torrents qui descendent des collines à l'ouest, se voient scintillantes dans la verdure nouvelle des rives, on est presque sur le bord. “Suivons-nous la rive jusqu'au pont, ou bien passons-nous le fleuve ici?” demandent-ils à Jésus qui était seul, pensif, et qui s'est arrêté pour les attendre. “Voyez s'il y a une barque pour passer. Il vaut mieux aller par ici…” “Oui. Au pont qui est justement sur la route pour Césarée Panéade, nous pourrions rencontrer de nouveau quelqu'un envoyé sur nos traces” observe Barthélémy renfrogné en regardant Judas. “Non, ne me regarde pas de travers. Moi, je ne savais pas que l'on devait venir ici, et je n'ai rien dit. Il était facile de deviner que, de Séphet, Jésus serait allé aux tombes des rabbis et à Cédès. Mais je n'aurais jamais pensé qu'il voudrait pousser jusqu'à la capitale de Philippe. Eux l'ignorent donc, et nous ne les trouverons pas par ma faute, ni par leur volonté. À moins d'avoir Belzébuth pour les conduire” dit calme et humble l'Iscariote. “C'est bien, parce qu'avec certaines gens… Il faut avoir l'œil et surveiller les paroles, ne pas laisser de traces de nos projets, il faut faire attention à tout. Autrement notre évangélisation se changera en une fuite perpétuelle” réplique Barthélémy. Jean et André reviennent. Ils disent: “Nous avons trouvé deux barques. On passe pour une drachme par barque. Descendons sur le bord.” Et dans les deux petites barques ils passent, en deux fois, sur l'autre rive. La plaine plate et fertile les accueille aussi en cet endroit. Une plaine fertile mais peu peuplée. Seuls les paysans qui la cultivent y ont leur maison. “Hum! Comment allons-nous faire pour le pain? Moi, j'ai faim. Et ici… il n'y a pas même les épis philistins… De l'herbe et des feuilles, des feuilles et des fleurs. Je ne suis ni une brebis ni une abeille” murmure Pierre à ses compagnons qui sourient de sa remarque. Jude Thaddée se retourne - il était un peu en avant - et il dit: “Nous achèterons du pain au premier village.” “Pourvu qu'ils ne nous fassent pas fuir” termine Jacques de Zébédée. “Gardez-vous, vous qui dites de faire attention à tout, de prendre le levain des pharisiens et des sadducéens. Il me semble que vous êtes en train de le faire, sans réfléchir à ce que vous faites de mal. Soyez attentifs! Gardez-vous!” dit Jésus. Les apôtres se regardent l'un l'autre et chuchotent: “Mais que dit-il? Le pain nous a été donné par cette femme du sourd-muet et par l'hôte de Cédès. Et il est encore ici. Le seul que nous avons. Et nous ne savons pas si nous pourrons en trouver à prendre pour notre faim. Pourquoi donc dit-il que nous achetons aux pharisiens et aux sadducéens du pain avec leur levain? Peut-être ne veut-il pas qu'on achète dans ces villages…” Jésus, qui était de nouveau tout seul en avant, se retourne de nouveau. “Pourquoi avez-vous peur de rester sans pain pour votre faim? Même si tous ici étaient sadducéens et pharisiens, vous ne resteriez pas sans pain à cause de mon conseil. Ce n'est pas du levain qui se trouve dans le pain que je parle, par conséquent vous pourrez acheter où vous voudrez le pain pour vos ventres. Et si personne ne voulait vous en vendre, vous ne resteriez pas non plus sans pain. Ne vous souvenez-vous pas des cinq pains dont se rassasièrent cinq mille personnes? Ne vous rappelez-vous pas que vous avez. ramassé douze paniers pleins de restes? Je pourrais faire pour vous, qui êtes dix et qui avez un pain, ce que j'ai fait pour cinq mille avec cinq pains. Ne comprenez-vous pas à quel levain je fais allusion? À celui qui fermente dans le cœur des pharisiens, des sadducéens et des docteurs, contre Moi. C'est la haine et c'est l'hérésie. Or vous êtes en train d'aller vers la haine comme s'il était entré en vous une partie du levain pharisaïque. On ne doit pas haïr même celui qui est notre ennemi. N'ouvrez pas, même un soupirail, à ce qui n'est pas Dieu. Derrière le premier élément en entreraient d'autres contraires à Dieu. Parfois, pour vouloir combattre les ennemis à armes égales, on finit par périr ou être vaincu. Et une fois vaincus, vous pourriez à leur contact absorber leurs doctrines. Non. Ayez charité et réserve. Vous n'avez pas encore en vous suffisamment pour pouvoir les combattre, ces doctrines, sans en être infectés. Car certains éléments qu'elles ont, vous les avez vous aussi. Et la rancœur à leur égard en est un. Je vous dis encore qu'ils pourraient changer de méthode pour vous séduire et vous enlever à Moi, en usant de mille gentillesses, en se montrant repentis, désireux de faire la paix. Vous ne devez pas les fuir. Mais quand ils chercheront à vous donner leurs doctrines, sachez ne pas les accueillir. Voilà ce qu'est le levain dont je parle: l'animosité qui est contraire à l'amour, et les fausses doctrines. Je vous le dis: soyez prudents.” “Ce signe que les pharisiens demandaient hier, c'était du "levain", Maître?” demande Thomas. “C'était du levain et du poison.” “Tu as bien fait de ne pas le leur donner.” “Mais je le leur donnerai un jour.” “Quand? Quand?” demandent-ils, curieux. “Un jour…” “Et quel signe est-ce? Tu ne le dis pas même à nous, tes apôtres? Pour qu'on puisse le reconnaître tout de suite” demande Pierre désireux de savoir. “Vous, vous ne devriez pas avoir besoin d'un signe.” “Oh! ce n'est pas pour pouvoir croire en Toi! Nous ne sommes pas des gens à avoir de nombreuses pensées, nous. Nous en avons une seule: t'aimer” dit vivement Jacques de Zébédée.
“Mais les gens, vous qui les approchez si familièrement plus que Moi, et sans la crainte que je peux leur inspirer, que disent-ils que je suis? Et comment définissent-ils le Fils de l'homme?” “Certains disent que tu es Jésus, c'est-à-dire le Christ, et ce sont les meilleurs. D'autres t'appellent Prophète, d'autres seulement Rabbi, et d'autres, tu le sais, te disent fou et possédé.” “Quelques-uns pourtant se servent pour Toi du nom que tu te donnes et ils t'appellent: "Fils de l'homme".” “Et certains aussi disent que cela ne peut-être, parce que le Fils de l'homme c'est une chose bien différente. Et cela n'est pas toujours négation car, au fond, ils admettent que tu es plus que Fils de l'homme: tu es le Fils de Dieu. D'autres, au contraire, disent que tu n'es même pas le Fils de l'homme, mais un pauvre homme que Satan agite ou que bouleverse la folie. Tu vois que les opinions sont nombreuses et toutes différentes” dit Barthélémy. “Mais pour les gens, qu'est-ce donc que le Fils de l'homme?” “C'est un homme où sont toutes les vertus les plus belles de l'homme, un homme qui réunit en lui-même toutes les qualités requises d'intelligence, de sagesse, de grâce, dont nous pensons qu'elles étaient en Adam et certains, à ces qualités, ajoutent celle de ne pas mourir. Tu sais que déjà circule le bruit que Jean Baptiste n'est pas mort, mais seulement transporté ailleurs par les anges et qu'Hérode, pour ne pas se dire vaincu de Dieu, et plus encore Hérodiade, ont tué un serviteur et, après l'avoir décapité, ont présenté comme le cadavre du Baptiste le corps mutilé du serviteur. Les gens racontent tant de choses! Ainsi plusieurs pensent que le Fils de l'homme est Jérémie ou bien Élie, ou l'un des Prophètes et même le Baptiste en personne, en qui étaient grâce et sagesse et qui se disait le Précurseur du Christ. Le Christ: l'Oint de Dieu. Le Fils de l'homme: un grand homme né de l'homme. Un grand nombre ne peut admettre, ou ne veut pas admettre, que Dieu ait pu envoyer son Fils sur la terre. Tu l'as dit hier: "Ne croiront que ceux qui sont convaincus de l'infinie bonté de Dieu". Israël croit davantage dans la rigueur de Dieu que dans sa bonté…” dit encore Barthélémy. “Oui. En effet ils se sentent si indignes qu'ils jugent impossible que Dieu soit assez bon pour envoyer son Verbe pour les sauver. Ce qui fait obstacle à leur croyance c'est la dégradation de leurs âmes” confirme le Zélote, et il ajoute: “Tu dis que tu es le Fils de Dieu et de l'homme. En effet, en Toi, se trouve toute grâce et toute sagesse comme homme. Et je crois réellement que quelqu'un qui serait né d'Adam en état de grâce t'aurait ressemblé pour la beauté, l'intelligence et toute autre qualité. Et en Toi brille Dieu pour la puissance. Mais qui peut le croire de ceux qui se croient dieux et qui mesurent Dieu sur eux-mêmes, dans leur orgueil démesuré? Eux, les cruels, les haineux, les rapaces, les impurs, ils ne peuvent certainement pas penser que Dieu ait poussé sa douceur jusqu'à se donner Lui-même pour les racheter, son amour pour les sauver, sa générosité pour se livrer à l'homme, sa pureté pour se sacrifier parmi nous. Ils ne le peuvent pas, eux qui sont si impitoyables et pointilleux pour rechercher et punir les fautes.” “Et vous, qui dites-vous que je suis? Dites-le vraiment d'après votre jugement, sans tenir compte de mes paroles et de celles d'autrui. Si vous étiez obligés de me juger, qui diriez-vous que je suis?” “Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant” s'écrie Pierre en s'agenouillant, les bras tendus en haut, vers Jésus qui le regarde avec un visage tout lumineux et qui se penche afin de le relever pour l'embrasser en disant: “Tu es bienheureux, ô Simon, fils de Jonas! Car ce n'est pas la chair ni le sang qui te l'ont révélé, mais mon Père qui est dans les Cieux. Dès le premier jour que tu es venu vers Moi, tu t'es posé cette question, et parce que tu étais simple et honnête, tu as su comprendre et accepter la réponse qui te venait du Ciel. Tu n'avais pas vu les manifestations surnaturelles comme ton frère et Jean et Jacques. Tu ne connaissais pas ma sainteté de fils, d'ouvrier, de citoyen comme Jude et Jacques, mes frères. Tu n'as pas profité d'un miracle et tu ne m'as pas vu en accomplir, et je ne t'ai pas donné de signe de ma puissance comme je l'ai fait et comme l'ont vu Philippe, Nathanaël, Simon le Cananéen, Thomas, Judas. Tu n'as pas été subjugué par ma volonté comme Mathieu le publicain. Et pourtant tu t'es écrié: "Il est le Christ!" Dès la première heure que tu m'as vu, tu as cru et jamais ta foi n'a été ébranlée. C'est pour cela que je t'ai appelé Céphas, et pour cela c'est sur toi, Pierre, que j'édifierai mon Église et les puissances de l'Enfer ne prévaudront pas contre elle. C'est à toi que je donnerai les clefs du Royaume des Cieux. Et tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les Cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les Cieux, ô homme fidèle et prudent dont j'ai pu éprouver le cœur. Et ici, dès cet instant, tu es le chef auquel il faut donner l'obéissance et le respect comme à un autre Moi-même. Et c'est tel que je le proclame devant vous tous.”
Si Jésus avait écrasé Pierre sous une grêle de reproches, les pleurs de Pierre n'auraient pas été aussi forts. Il pleure et éclate en sanglots, le visage sur la poitrine de Jésus. Des pleurs qui n'auront leur égal que dans ceux incoercibles de sa douleur d'avoir renié Jésus. Maintenant ce sont des pleurs faits de mille sentiments humbles et bons… Un peu encore de l'ancien Simon -le pêcheur de Bethsaïda qui, à la première annonce de son frère, avait dit en riant: “Le Messie t'apparaît!… Vraiment!” incrédule et plaisant mais un peu de l'ancien Simon s'effrite sous ces pleurs pour faire apparaître, sous la couche mince de son humanité, toujours plus nettement le Pierre, Pontife de l'Église du Christ. Quand il lève son visage, timide, confus, il ne sait faire qu'un geste pour dire tout, pour promettre tout, pour se donner tout entier à son nouveau ministère: celui de jeter ses bras courts et musclés au cou de Jésus et de l'obliger à se pencher pour l'embrasser, en mêlant ses cheveux et sa barbe un peu hérissés et grisonnants, aux cheveux et à la barbe soyeux et dorés de Jésus, le regardant ensuite d'un regard adorant, affectueux, suppliant de ses yeux un peu bovins, luisants et rougis par les larmes qu'il a versées, en tenant dans ses mains calleuses, larges, épaisses, le visage ascétique du Maître penché sur le sien, comme si c'était un vase d'où coulait une liqueur vivifiante… et il boit, boit, boit douceur et grâce, sécurité et force, de ce visage, de ces yeux, de ce sourire… Ils se séparent enfin, reprenant leur route vers Césarée de Philippe et Jésus dit à tous: “Pierre a dit la vérité. Beaucoup en ont l'intuition, vous vous la connaissez. Mais vous, pour l'instant, ne dites à personne ce qu'est le Christ, dans la vérité complète qui vous est connue. Laissez Dieu parler dans les cœurs comme Il parle dans le vôtre. En vérité je vous dis que ceux qui, à mes affirmations et aux vôtres apportent la foi parfaite et le parfait amour, arrivent à savoir le vrai sens des mots: "Jésus, le Christ, le Verbe, le Fils de l'homme et de Dieu".”
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/
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