Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 15,21-28.
Jésus s'était retiré vers la région de Tyr et de Sidon.Voici qu'une Cananéenne, venue de ces territoires, criait : « Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. »Mais il ne lui répondit rien. Les disciples s'approchèrent pour lui demander : « Donne-lui satisfaction, car elle nous poursuit de ses cris ! »Jésus répondit : « Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues d'Israël. »Mais elle vint se prosterner devant lui : « Seigneur, viens à mon secours ! »Il répondit : « Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens. -C'est vrai, Seigneur, reprit-elle ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »Jésus répondit : « Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! » Et, à l'heure même, sa fille fut guérie.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 5, Ch 19, p 125 - CD 5, piste 46 -
“Le Maître est-il avec toi?” demande le vieux paysan Jonas à Jude Thaddée qui entre dans la cuisine. Déjà le feu est allumé pour chauffer le lait et réchauffer la pièce, car il fait un peu froid dans ces premières heures d'une matinée de fin janvier, je crois, ou de début février. La matinée est très belle mais le froid est un peu piquant. “Il doit être sorti pour prier. Il sort souvent à l'aube, quand il sait qu'il peut être seul. Il va bientôt arriver. Pourquoi le demandes-tu?” “Je l'ai demandé aussi aux autres, qui maintenant se sont dispersés pour le chercher, car il y a une femme à côté, avec mon épouse. C'est une femme d'un village d'au-delà de la frontière et je ne sais pas vraiment dire comment elle a su que le Maître est ici, mais elle le sait et elle veut Lui parler.” “C'est bien. Elle Lui parlera. Peut-être est-elle celle qu'il attend, avec une fillette malade. C'est son esprit qui l'aura conduite ici.” “Non. Elle est seule, elle n'a pas d'enfant avec elle. Je la connais bien, parce que les villages sont si voisins… et la vallée appartient à tous. Et puis, moi je pense qu'il ne faut pas être cruel avec les voisins, même phéniciens, pour servir le Seigneur. Je peux me tromper mais…” “C'est aussi ce que dit toujours le Maître, qu'il faut avoir pitié de tous.” “C'est ce qu'il fait, n'est-ce pas?” “Oui.” “Anna m'a dit aussi, que même maintenant on le traite mal. Mal, toujours mal!… En Judée, comme en Galilée, partout. Pourquoi donc Israël est-il si mauvais avec son Messie? Je veux parler des plus grands parmi nous d'Israël, car le peuple l'aime.” “Comment sais-tu ces choses?” “Oh! je vis ici, au loin, mais je suis un fidèle israélite. Il me suffit d'aller au Temple pour les fêtes d'obligation pour savoir tout le bien et tout le mal! Et le bien on le connaît moins que le mal, parce que le bien est humble et ne fait pas de réclame. Les bénéficiaires devraient le proclamer, mais peu nombreux sont ceux qui sont reconnaissants après avoir reçu des grâces. L'homme reçoit le bienfait et il l'oublie… Le mal, au contraire, fait résonner ses trompettes et il fait retentir ses paroles, même aux oreilles de ceux qui ne veulent pas entendre. Vous, qui êtes ses disciples, ne savez-vous pas à quel point, au Temple, on dénigre et on accuse le Messie? Les scribes ne font plus d'instructions que sur son compte. Je crois qu'ils se sont fait un recueil d'instructions sur la manière d'accuser le Maître et de faits qu'ils présentent comme des motifs valables d'accusation. Et il faut avoir la conscience très droite et ferme et libre, pour savoir résister et juger avec sagesse. Lui, est-il au courant de ces manœuvres?” “Il les connaît toutes. Et nous, plus ou moins, nous sommes aussi au courant, mais Lui ne s'en frappe pas. Il continue son travail et le nombre des disciples ou des croyants augmente chaque jour.” “Que Dieu veuille qu'ils tiennent jusqu'à la fin, mais l'homme est instable dans ses pensées. Il est faible… Voici le Maître qui vient vers la maison avec trois disciples.” Et le vieillard sort, suivi de Jude Thaddée, pour vénérer Jésus qui, plein de majesté, se dirige vers la maison.“La paix soit avec toi, aujourd'hui et toujours, Jonas.” “Gloire et paix avec Toi, Maître, toujours.” “La paix à toi, Jude. André et Jean ne sont-ils pas encore revenus?” “Non, et je ne les ai pas entendus sortir. Personne. J'étais fatigué et j'ai dormi comme une souche.” “Entre, Maître. Entrez. L'air est frais ce matin. Dans le bois il devait faire très froid. Il y a ici du lait chaud pour tout le monde.” Ils sont en train de boire le lait et tous, sauf Jésus, y trempent de bons morceaux de pain, quand surviennent André et Jean avec Anna, le berger. “Ah! tu es ici? Nous revenions pour dire que nous ne t'avions pas trouvé…” s'écrie André.Jésus donne le salut de paix aux trois, et ajoute: “Vite, prenez votre part et partons car je veux être, avant le soir, au moins au pied de la montagne d'Aczib. Ce soir commence le sabbat.” “Mais, mes brebis?” Jésus sourit et répond: “Elles seront guéries après que je les aurai bénies.” “Mais je suis à l'orient de la montagne! Et Toi, pour cette femme, tu vas au couchant…” “Laisse faire Dieu, et Lui pourvoira à tout.” Le repas est fini, et les apôtres montent prendre les sacs de voyage pour le départ. “Maître… cette femme qui est là… tu ne l'écoutes pas?” “Je n'ai pas le temps, Jonas. La route est longue et, du reste, je suis venu pour les brebis d'Israël. Adieu, Jonas. Que Dieu te récompense de ta charité. Ma bénédiction est sur toi et sur tous tes parents. Allons.” Mais le vieillard se met à crier à tue-tête: “Enfants! Femmes! Le Maître part! Accourez!” Et comme une nichée de poussins éparpillés dans un pailler accourent au cri de la mère poule qui les appelle, ainsi de tous les côtés de la maison accourent femmes et hommes occupés à leurs travaux ou encore à moitié endormis, et les enfants à moitié nus qui sourient avec leurs visages à peine éveillés… Ils se serrent autour de Jésus qui est au milieu de l'aire, et les mères enveloppent les enfants dans leurs jupes pour les garantir de l'air, ou bien les serrent dans leurs bras jusqu'à ce qu'une servante accoure avec des petits vêtements qui sont vite passés.Mais voilà qu'accourt une femme qui n'est pas de la maison, une pauvre femme en pleurs, honteuse… Elle marche courbée, presque en rampant et, arrivée près du groupe au milieu duquel se trouve Jésus, elle se met à crier: “Aie pitié de moi, ô Seigneur, Fils de David! Ma fillette est toute tourmentée par le démon qui lui fait faire des choses honteuses. Aie pitié parce que je souffre tant et que je suis méprisée par tous à cause de cela. Comme si ma fille était responsable de faire ce qu'elle fait… Aie pitié, Seigneur, Toi qui peux tout. Élève ta voix et ta main et commande à l'esprit impur de sortir de Palma. Je n'ai que cette enfant et je suis veuve… Oh! ne t'en va pas! Pitié!…”En effet Jésus qui a fini de bénir les membres de la famille et qui a réprimandé les adultes d'avoir parlé de sa venue - et eux s'excusent en disant: “Nous n'avons pas parlé, crois-le, Seigneur!” - s'en va montrant une dureté inexplicable envers la pauvre femme qui se traîne sur les genoux en tendant des bras suppliants, haletante alors qu'elle dit: “C'est moi, moi qui t'ai vu hier pendant que tu passais le torrent, et j'ai entendu qu'on te disait: "Maître". Je vous ai suivis parmi les buissons et j'ai entendu leurs conversations. J'ai compris qui tu es… Et ce matin, je suis venue alors qu'il faisait encore nuit, pour rester ici sur le seuil comme un petit chien jusqu'au moment où Sara s'est levée et m'a fait entrer. Oh! Seigneur, pitié! Pitié! D'une mère et d'une petite!” Mais Jésus marche rapidement, sourd à tout appel. Ceux de la maison disent à la femme: “Résigne-toi! Il ne veut pas t'écouter. Il l'a dit: c'est pour ceux d'Israël qu'il est venu…”Mais elle se lève, à la fois désespérée et pleine de foi, et elle répond: “Non. Je le prierai tant qu'il m'écoutera.” Et elle se met à suivre le Maître ne cessant de crier ses supplications qui attirent sur le seuil des maisons du village tous ceux qui sont éveillés et qui, comme ceux de la maison de Jonas, se mettent à la suivre pour voir comment la chose va finir.Les apôtres pendant ce temps se regardent entre eux étonnés et ils murmurent: “Pourquoi agit-il ainsi? Il ne l'a jamais fait!…” Et Jean dit: “A Alexandroscène il a pourtant guéri ces deux.” “C'étaient des prosélytes, pourtant” répond le Thaddée. “Et celle qu'il va guérir maintenant?” “Elle est prosélyte, elle aussi” dit le berger Anna.“Oh! mais que de fois il a guéri aussi des gentils ou des païens! La petite romaine, alors?…” dit André désolé, qui ne sait pas se tranquilliser de la dureté de Jésus envers la femme cananéenne.“Je vais vous dire ce qu'il y a” s'exclame Jacques de Zébédée. “C'est que le Maître est indigné. Sa patience est à bout, devant tant d'assauts de la méchanceté humaine. Ne voyez-vous pas comme il est changé? Il a raison! Désormais il ne va se donner qu'à ceux qu'il connaît. Et il fait bien!” “Oui. Mais en attendant, elle nous suit en criant, avec une foule de gens à sa suite. Lui, s'il veut passer inaperçu, a trouvé moyen d'attirer l'attention même des arbres…” bougonne Mathieu.“Allons Lui dire de la renvoyer… Regardez ici le beau cortège qui nous suit! Si nous arrivons ainsi sur la route consulaire, nous allons être frais! Et elle, s'il ne la chasse pas, ne va pas nous lâcher…” dit le Thaddée fâché, qui de plus se retourne et dit à la femme: “Tais-toi et va-t-en!” Et ainsi fait Jacques de Zébédée. Mais la femme ne s'impressionne pas des menaces et des injonctions et continue de supplier.“Allons le dire au Maître, qu'il la chasse, Lui, puisqu'il ne veut pas l'écouter. Cela ne peut pas durer ainsi!” dit Mathieu, alors qu'André murmure: “La pauvre!” et Jean ne cesse de répéter: “Moi, je ne comprends pas… Moi, je ne comprends pas…” Il est bouleversé, Jean, de la façon d'agir de Jésus.Mais désormais, en accélérant leur marche, ils ont rejoint le Maître qui s'en va rapidement comme si on le poursuivait. “Maître! Mais renvoie cette femme! C'est un scandale! Elle crie derrière nous! Elle nous fait remarquer de tout le monde! La route se remplit toujours plus de passagers… et beaucoup la suivent. Dis-lui qu'elle s'en aille.” “Dites-le-lui, vous. Moi, je lui ai déjà répondu.”“Elle ne nous écoute pas. Allons! Dis-le-lui, Toi. Et avec sévérité.”Jésus s'arrête et se retourne. La femme prend cela pour un signe de grâce, et elle hâte le pas, elle élève le ton déjà aigu de sa voix et son visage pâlit car son espoir grandit.“Tais-toi, femme, et retourne chez toi! Je l'ai déjà dit: "Je suis venu pour les brebis d'Israël". Pour guérir les malades et rechercher celles d'entre elles qui sont perdues. Toi, tu n'es pas d'Israël.”Mais la femme est déjà à ses pieds et les baise en l'adorant et en tenant serrées ses chevilles, comme si elle était une naufragée qui a trouvé un rocher où se réfugier, et elle gémit: “Seigneur, viens à mon secours! Tu le peux, Seigneur. Commande au démon, Toi qui es saint… Seigneur, Seigneur, tu es le Maître de tout, de la grâce comme du monde. Tout t'est soumis, Seigneur. Je le sais. Je le crois. Prends donc ce qui est en ton pouvoir et sers-t-en pour ma fille.” “Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants de la maison et de le jeter aux chiens de la rue.” “Moi, je crois en Toi. En croyant, de chien de la rue je suis devenue chien de la maison. Je te l'ai dit: je suis venue avant l'aube me coucher sur le seuil de la maison où tu étais, et si tu étais sorti de ce côté là, tu aurais buté contre moi. Mais tu es sorti de l'autre côté et tu ne m'as pas vue. Tu n'as pas vu ce pauvre chien tourmenté, affamé de ta grâce, qui attendait pour entrer en rampant où tu étais, pour te baiser ainsi les pieds, en te demandant de ne pas le chasser…”“Il n'est pas bien de jeter le pain des enfants aux chiens” répète Jésus.“Mais pourtant les chiens entrent dans la pièce où le maître mange avec ses enfants, et ils mangent ce qui tombe de la table, ou les restes que leur donnent les gens de la maison, ce qui ne sert plus. Je ne te demande pas de me traiter comme une fille et de me faire asseoir à ta table. Mais donne-moi, au moins, les miettes…” Jésus sourit. Oh! comme son visage se transfigure dans ce sourire de joie!…Les gens, les apôtres, la femme, le regardent avec admiration… sentant que quelque chose va arriver.Et Jésus dit: “Oh! femme! Grande est ta foi. Et par elle tu consoles mon esprit. Va donc, et qu'il te soit fait comme tu veux. Dès ce moment, le démon est sorti de ta petite. Va en paix. Et comme de chien perdu tu as su vouloir être chien domestique, ainsi sache à l'avenir être fille, assise à la table du Père. Adieu.” “Oh! Seigneur! Seigneur! Seigneur!… Je voudrais courir pour voir ma Palma chérie… Je voudrais rester avec Toi, te suivre! Béni! Saint!” “Va, va, femme. Va en paix.” Et Jésus reprend sa route alors que la cananéenne, plus agile qu'une enfant, s'éloigne en courant, suivie de la foule curieuse de voir le miracle…“Mais pourquoi, Maître, l'as-tu faite tant prier pour ensuite l'écouter?” demande Jacques de Zébédée. “A cause de toi et de vous tous. Cela n'est pas une défaite, Jacques. Ici, je n'ai pas été chassé, ridiculisé, maudit… Que cela relève votre esprit abattu. J'ai déjà eu aujourd'hui ma nourriture très douce, Et j'en bénis Dieu. Et maintenant allons trouver cette autre qui sait croire et attendre avec une foi assurée.”“Et mes brebis, Seigneur? Bientôt je devrai prendre une autre route que la tienne pour aller à ma pâture…” Jésus sourit, mais ne répond pas.Il est beau d'aller, maintenant que le soleil réchauffe l'air et fait resplendir comme des émeraudes les feuilles nouvelles des bois et les herbes des prairies, changeant en chaton tout calice de fleur à cause des gouttes de rosée qui brillent dans les pétales multicolores des fleurettes des champs. Et Jésus va, souriant. Et les apôtres, qui ont subitement repris courage, le suivent en souriant…Ils arrivent au carrefour. Le berger Anna, mortifié, dit: “C'est ici que je devrais te quitter… Tu ne viens donc pas guérir mes brebis? Moi aussi, j'ai foi, et je suis prosélyte… Me promets-tu, au moins, de venir après le sabbat?” “Oh! Anna! Mais tu n'as pas encore compris que tes brebis sont guéries depuis le moment où j'ai levé la main vers Lesemdan? Va donc, toi aussi, pour voir le miracle et bénir le Seigneur.” Je crois que la femme de Loth, quand elle eut été changée en sel, n'a pas été différente du berger qui est resté comme il était, un peu incliné mais la tête relevée vers Jésus pour le regarder, un bras à demi tendu en l'air… Il semble être une statue. Et on pourrait lui mettre l'inscription: “Le Suppliant.” Mais ensuite il se redresse et se prosterne, en disant: “Béni, sois-tu! Toi, bon! Toi, saint!… Mais je t'ai promis beaucoup d'argent, et ici, je n'ai que quelques drachmes… Viens, viens chez moi après le sabbat…” “Je viendrai, non pour l'argent mais pour te bénir encore pour ta simple foi. Adieu, Anna. La paix soit avec toi.” Et ils se séparent…
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/
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