"Lisez cette œuvre et faites-la lire"
Jésus (Chapitre 38, Volume 10 ) à propos de
l’Évangile tel qu’il m’a été révélé.

L'Évangile de la Messe Paul VI
et l’Évangile tel qu’il m’a été révélé de Maria Valtorta.
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Dimanche 6 avril 2014, Cinquième dimanche de Carême

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 11,1-45.
Un homme était tombé malade. C"était Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de sa soeur Marthe. (Marie est celle qui versa du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux. Lazare, le malade, était son frère.) Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. » En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura pourtant deux jours à l'endroit où il se trouvait ; alors seulement il dit aux disciples : « Revenons en Judée. » Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment, les Juifs cherchaient à te lapider, et tu retournes là-bas ? » Jésus répondit : « Ne fait-il pas jour pendant douze heures ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu'il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n'est pas en lui. » Après ces paroles, il ajouta : « Lazare, notre ami, s'est endormi ; mais je m'en vais le tirer de ce sommeil. » Les disciples lui dirent alors : « Seigneur, s'il s'est endormi, il sera sauvé. » Car ils pensaient que Jésus voulait parler du sommeil, tandis qu'il parlait de la mort. Alors il leur dit clairement : « Lazare est mort, et je me réjouis de n'avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais allons auprès de lui ! » Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) dit aux autres disciples : « Allons-y nous aussi, pour mourir avec lui ! » Quand Jésus arriva, il trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie était tout près de Jérusalem - à une demi-heure de marche environ - beaucoup de Juifs étaient venus manifester leur sympathie à Marthe et à Marie, dans leur deuil. Lorsque Marthe apprit l'arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. Mais je sais que, maintenant encore, Dieu t'accordera tout ce que tu lui demanderas. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » Marthe reprit : « Je sais qu'il ressuscitera au dernier jour, à la résurrection. » Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle répondit : « Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois ; tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. » Ayant dit cela, elle s'en alla appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : « Le Maître est là, il t'appelle. » Marie, dès qu'elle l'entendit, se leva aussitôt et partit rejoindre Jésus. Il n'était pas encore entré dans le village ; il se trouvait toujours à l'endroit où Marthe l'avait rencontré. Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie, et lui manifestaient leur sympathie, quand ils la virent se lever et sortir si vite, la suivirent, pensant qu'elle allait au tombeau pour y pleurer. Elle arriva à l'endroit où se trouvait Jésus ; dès qu'elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. » Quand il vit qu'elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus fut bouleversé d'une émotion profonde. Il demanda : « Où l'avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Viens voir, Seigneur. » Alors Jésus pleura. Les Juifs se dirent : « Voyez comme il l'aimait ! » Mais certains d'entre eux disaient : « Lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? » Jésus, repris par l'émotion, arriva au tombeau. C'était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du mort, lui dit : « Mais, Seigneur, il sent déjà ; voilà quatre jours qu'il est là. » Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l'ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m'as exaucé. Je savais bien, moi, que tu m'exauces toujours ; mais si j'ai parlé, c'est pour cette foule qui est autour de moi, afin qu'ils croient que tu m'as envoyé. » Après cela, il cria d'une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains attachés, le visage enveloppé d'un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. » Les nombreux Juifs, qui étaient venus entourer Marie et avaient donc vu ce que faisait Jésus, crurent en lui.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris 
Correspondance dans "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 8, Ch 3, p 15 - CD 8, piste 4 - 
(chapitre 8) Jésus vient à Béthanie par Ensémès. Ils doivent avoir fait une marche vraiment fatigante par les sentiers casse-cou des monts Adamin. Les apôtres, essoufflés, ont du mal à suivre Jésus qui va rapidement, comme si l'amour l'emportait sur ses ailes de feu. Jésus sourit radieux alors qu'il marche en avant de tous, la tête droite sous les rayons tièdes du soleil de midi. Avant qu'ils arrivent aux premières maisons de Béthanie, les voit un jeune garçon déchaussé qui va vers la fontaine près du village avec un broc de cuivre vide. Il pousse un cri, met le broc par terre et s'en va en courant, de toute la vitesse de ses petites jambes, vers le village. “Certainement il va prévenir que tu arrives” observe Jude Thaddée après avoir souri comme tous de la résolution… énergique du jeune garçon qui a même abandonné son broc à la merci du premier passant. La petite ville, vue ainsi d'auprès de la fontaine, qui est un peu en haut, paraît tranquille, comme déserte. Seule la fumée grise qui s'élève des cheminées indique que dans les maisons les femmes sont occupées à préparer le repas de midi. Quelque grosse voix d'homme parmi les oliviers et les vergers vastes et silencieux avertit que les hommes sont au travail. Malgré cela Jésus préfère prendre un petit chemin qui passe en arrière du village pour pouvoir arriver chez Lazare sans attirer l'attention des habitants. Ils sont presque à moitié route quand ils entendent derrière eux le jeune garçon de tout à l'heure qui les dépasse en courant et puis s'arrête au milieu de la route pour, pensif, regarder Jésus… “Paix à toi, petit Marc, tu as eu peur de Moi que tu t'es enfui?” demande Jésus en le caressant. “Moi, non, Seigneur, je n'ai pas eu peur. Mais comme pendant plusieurs jours Marthe et Marie ont envoyé des serviteurs sur les routes qui viennent ici pour voir si tu venais, maintenant que je t'ai vu, je suis accouru pour dire que tu venais…” “Tu as bien fait. Les sœurs vont préparer leurs cœurs à me voir.” “Non, Seigneur. Les sœurs ne vont rien se préparer car elles ne savent rien. Ils n'ont pas voulu que je le dise. Ils m'ont pris quand j'ai dit, en entrant dans le jardin: "Il y a le Rabbi", et ils m'ont chassé dehors en disant: "Tu es un menteur ou un sot. Lui désormais ne vient plus car il est certain désormais qu'il ne peut pas faire le miracle". Et comme je disais que c'était bien Toi, ils m'ont donné deux gifles comme je n'en avais encore jamais reçues… Regarde ici mes joues rouges. Elles me brûlent! Et ils m'ont poussé dehors en disant: "Cela pour te purifier d'avoir regardé un démon". Et je te regardais pour voir si tu étais devenu un démon. Mais je ne le vois pas. Tu es toujours mon Jésus beau comme les anges dont parle maman.” Jésus se penche pour baiser ses petites joues souffletées en disant: “Ainsi va passer la démangeaison. Je suis peiné que tu aies souffert pour Moi…” “Moi, non, Seigneur, car ces gifles m'ont valu deux baisers de Toi” et il s'attache en en espérant d'autres. “Dis un peu, Marc, qui t'a chassé? Ceux de Lazare?” demande le Thaddée. “Non. Les juifs. Ils viennent pour le deuil tous les jours. Il y en a tant! Ils sont dans la maison et dans le jardin. Ils viennent tôt, et s'en vont tard. Ils semblent les maîtres. Ils maltraitent tout le monde. Tu vois qu'il n'y a personne dans les rues? Les premiers jours, on venait pourvoir… mais ensuite… Maintenant il n'y a que nous les enfants qui tourniquons pour… Oh! mon broc! Maman qui attend l'eau… Elle va me battre elle aussi!…” Tous sourient de sa désolation devant la perspective d'autres claques et Jésus lui dit: “Va vite alors…” “C'est que… je voulais entrer avec Toi et te voir faire le miracle…” et il termine. “… et voir leurs figures… pour me venger des gifles…” “Cela non. Tu ne dois pas désirer la vengeance. Tu dois être bon et pardonner… Mais ta mère attend l'eau…” “Moi, j'y vais, Maître. Je sais où habite Marc. J'expliquerai à la femme et je te rejoindrai…” dit Jacques de Zébédée. Et il s'en va en courant. Ils se remettent en marche lentement et Jésus tient par la main l'enfant ravi… Les voilà à la grille du jardin. Ils la suivent. De nombreuses montures y sont attachées, surveillées par les serviteurs de chaque propriétaire. Le chuchotement qui vient d'eux attire l'attention de quelques juifs qui se tournent vers le portail ouvert, juste au moment où Jésus pose le pied à la limite du jardin. “Le Maître!” disent les premiers qui le voient, et ce mot court comme le bruissement du vent d'un groupe à l'autre, se propage, s'en va, comme une vague venue de loin et qui se brise sur la rive, jusque contre les murs de la maison et y pénètre, apporté certainement par de nombreux juifs présents ou par quelques pharisiens, rabbi ou scribe ou sadducéen, répandus çà et là. Jésus y entre très lentement alors que tous, tout en accourant de tous côtés, s'écartent du sentier où il marche. Et comme personne ne le salue, Lui ne salue personne comme s'il ne connaissait même pas un grand nombre de ceux qui sont rassemblés là pour le regarder la colère et la haine dans les yeux, sauf un petit nombre qui sont secrètement ses disciples ou qui du moins ont le cœur droit et qui, s'ils ne l'aiment pas comme disciples, le respectent comme juste. De ce nombre sont Joseph, Nicodème, Jean, Eléazar, un autre Jean scribe, vu à la multiplication des pains, et encore un autre Jean, qui rassasia les gens à la descente de la montagne des béatitudes, Gamaliel avec son fils, Josué, Joachim, Manaën, le scribe Joël d'Abia, rencontré au Jourdain dans l'épisode de Sabéa, Joseph Barnabé disciple de Gamaliel, Chouza qui regarde Jésus de loin, un peu intimidé de le revoir après sa méprise, ou peut-être retenu par le respect humain et n'osant pas s'avancer comme ami. Il est certain qu'il n'est salué ni par les amis, ni par ceux qui l'observent sans rancœur, ni par ses ennemis, et Jésus ne salue pas. Il a seulement fait une vague inclination en mettant le pied dans l'allée. Puis il a continué tout droit comme s'il était étranger à la foule nombreuse qui l'entoure. Le jeune garçon marche toujours à son côté, dans ses vêtements de petit paysan, avec ses pieds nus d'enfant pauvre, mais le visage lumineux de quelqu'un qui est en fête, avec ses petits yeux noirs, vifs, bien ouverts pour tout voir… et pour défier tout le monde… Marthe sort de la maison au milieu d'un groupe de juifs venus pour rendre visite et parmi lesquels se trouvent Elchias et Sadoc. De sa main elle protège ses yeux las de pleurer, gênés par la lumière, pour voir où est Jésus. Elle le voit. Elle se détache de ceux qui l'accompagnent et court vers Jésus à quelques pas du bassin rendu tout brillant par les rayons du soleil. Elle se jette aux pieds de Jésus après s'être inclinée et elle les baise et, en éclatant en sanglots, elle dit: “Paix à Toi, Maître!” Jésus aussi, dès qu'il l'a vue près de Lui, lui a dit: “Paix à toi!” et il a levé la main pour la bénir, en laissant aller celle de l'enfant que Barthélemy a prise tout en l'attirant un peu en arrière. Marthe poursuit: “Mais il n'y a plus de paix pour ta servante.” Elle lève son visage vers Jésus en restant encore à genoux. Et dans un cri de douleur que l'on entend bien dans le silence qui s'est fait elle s'écrie: “Lazare est mort! Si tu avais été là il ne serait pas mort. Pourquoi n'es-tu pas venu plus tôt, Maître?” Elle a un ton involontaire de reproche en posant cette question. Puis elle revient au ton accablé de quelqu'un qui n'a plus la force de faire des reproches et dont l'unique réconfort est de rappeler les dernières actions et les derniers désirs d'un parent auquel on a cherché à donner ce qu'il désirait et pour qui on n'a pas de remords dans le cœur: “Il t'a tant appelé, Lazare, notre frère!… Maintenant, tu vois! Je suis désolée et Marie pleure sans pouvoir se donner la paix. Et lui n'est plus ici. Tu sais si nous l'aimions! Nous espérions tout de Toi!…” Un murmure de compassion pour la femme et de reproche à l'adresse de Jésus, un assentiment à la pensée sous-entendue: “et tu pouvais nous exaucer car nous. le méritions à cause de l'amour que nous avons pour Toi, et Toi, au contraire, tu nous as déçues” court de groupe en groupe parmi des hochements de tête ou des regards moqueurs. Seuls quelques secrets disciples, disséminés dans la foule ont des regards de compassion pour Jésus qui écoute, très pâle et affligé, la femme désolée qui Lui parle. Gamaliel, les bras croisés dans son ample et riche vêtement de laine très fine, orné de nœuds bleus, un peu à part dans le groupe de jeunes où se trouve son fils et Joseph Barnabé, regarde fixement Jésus, sans haine et sans amour. Marthe, après s'être essuyée le visage, recommence à parler: “Mais même maintenant j'espère car je sais que tout ce que tu demanderas à ton Père, te sera accordé.” Une douloureuse, héroïque profession de foi, dite d'une voix que les larmes font trembler, avec un regard qui tremble d'angoisse, avec l'ultime espérance qui lui tremble dans le cœur. “Ton frère ressuscitera. Lève-toi, Marthe.” Marthe se lève tout en restant courbée en vénération devant Jésus auquel elle répond: “Je le sais, Maître. Il ressuscitera au dernier jour.” “Je suis la Résurrection et la Vie. Quiconque croit en Moi, même s'il est mort, vivra. Et celui qui croit et vit en Moi ne mourra pas éternellement. Crois-tu tout cela?” Jésus, qui d'abord avait parlé d'une voix plutôt basse uniquement à Marthe, élève la voix pour dire ces phrases où il proclame sa puissance de Dieu, et son timbre parfait résonne comme une trompette d'or dans le vaste jardin. Un frémissement presque d'épouvante secoue l'assistance. Mais ensuite certains raillent en secouant la tête. Marthe, à laquelle Jésus semble vouloir transfuser une espérance de plus en plus forte en tenant la main appuyée sur son épaule, lève son visage qu'elle gardait penché. Elle le lève vers Jésus, en fixant ses yeux affligés dans les lumineuses pupilles du Christ et serrant ses mains sur sa poitrine, elle répond avec une angoisse différente: “Oui, Seigneur. Je crois cela. Je crois que tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant, venu dans le monde. Et que tu peux tout ce que tu veux. Je crois. Maintenant, je vais prévenir Marie” et elle s'éloigne rapidement en disparaissant dans la maison. Jésus reste où il était, ou plutôt il fait quelques pas en avant et s'approche du parterre qui entoure le bassin. Le parterre est tout éclairé de ce côté par la fine poussière du jet d'eau qu'un vent léger pousse de ce côté comme un plumet d'argent, et il paraît se perdre, Jésus, dans la contemplation du frétillement des poissons sous le voile de l'eau limpide, dans leurs jeux qui mettent des virgules d'argent et des reflets d'or dans le cristal des eaux frappées par le soleil. Les juifs l'observent. Ils se sont involontairement séparés en groupes bien distincts. D'un côté, en face de Jésus, tous ceux qui Lui sont hostiles, habituellement divisés entre eux par esprit sectaire, maintenant d'accord pour s'opposer à Jésus. À côté de Lui, derrière les apôtres, auxquels s'est réuni Jacques de Zébédée, Joseph, Nicodème et les autres d'esprit bienveillant. Plus loin, Gamaliel, toujours à sa place et avec la même attitude, est seul, car son fils et ses disciples se sont séparés de lui pour se répartir entre les deux groupes principaux pour être plus près de Jésus. Avec son cri habituel: “Rabboni!” Marie sort de la maison en courant, les bras tendus vers Jésus. Elle se jette à ses pieds qu'elle baise en sanglotant. Divers juifs, qui étaient dans la maison avec elle et qui l'ont suivie, unissent à ses pleurs leurs pleurs d'une sincérité douteuse. Maximin aussi, Marcelle, Sara, Noémi ont suivi Marie ainsi que tous ses serviteurs et de fortes lamentations s'élèvent. Je crois que dans la maison il n'est resté personne. Marthe, en voyant pleurer ainsi Marie, redouble elle aussi ses pleurs. “Paix à toi, Marie. Lève-toi! Regarde-moi! Pourquoi ces pleurs semblables à ceux des gens qui n'ont pas d'espérance?” Jésus se penche pour dire doucement ces paroles, ses yeux dans les yeux de Marie qui, restant à genoux, reposant sur ses talons, tend vers Lui ses mains dans un geste d'invocation et ne peut parler tant elle sanglote: “Ne t'ai-je pas dit d'espérer au-delà de ce qui est croyable pour voir la gloire de Dieu? Est-ce que par hasard ton Maître est changé pour que tu aies raison d'être ainsi angoissée?” Mais Marie ne recueille pas les mots qui veulent déjà la préparer à une joie trop forte après tant d'angoisse, et elle crie, finalement maîtresse de sa voix: “Oh! Seigneur! Pourquoi n'es-tu pas venu plus tôt? Pourquoi t'es-tu tellement éloigné de nous? Tu le savais que Lazare était malade! Si tu avais été ici, il ne serait pas mort, mon frère. Pourquoi n'es-tu pas venu? Je devais lui montrer encore que je l'aimais. Il devait vivre. Je devais lui montrer que je persévérais dans le bien. Je l'ai tant angoissé, mon frère! Et maintenant! Maintenant que je pouvais le rendre heureux, il m'a été enlevé! Tu pouvais me le laisser, donner à la pauvre Marie la joie de le consoler après lui avoir donné tant de douleur. Oh! Jésus! Jésus! Mon Maître! Mon Sauveur! Mon espérance!” et elle s'abat de nouveau, le front sur les pieds de Jésus qui se trouvent de nouveau lavés par les pleurs de Marie, et elle gémit: “Pourquoi as-tu fait cela, ô Seigneur?! Même à cause de ceux qui te haïssent et se réjouissent de ce qui arrive… Pourquoi as-tu fait cela, Jésus?!” Mais il n'y a pas de reproche dans le ton de la voix de Marie comme dans celui de Marthe, il y a seulement l'angoisse de quelqu'une, qui outre sa douleur de sœur, a aussi celle d'une disciple qui sent amoindrie dans le cœur d'un grand nombre l'opinion de son Maître. Jésus, très penché pour entendre ces paroles qu'elle murmure la face contre terre, se redresse et dit à haute voix: “Marie, ne pleure pas! Ton Maître aussi souffre de la mort de l'ami fidèle… car il a dû le laisser mourir…” Oh! quelles railleries et quels regards de joie livide il y a sur les visages des ennemis du Christ! Ils le voient vaincu, et s'en réjouissent, alors que les amis deviennent de plus en plus tristes. Jésus dit encore plus fort: “Mais, je te le dis: ne pleure pas. Lève-toi! Regarde-moi! Crois-tu que Moi qui t'ai tant aimée j'ai fait cela sans motif? Peux-tu croire que je t'ai donné cette douleur inutilement? Viens. Allons vers Lazare. Où l'avez-vous mis?” Jésus, plutôt que Marie et Marthe, qui ne parlent pas prises comme elles le sont par des pleurs plus forts, interroge tous les autres, surtout ceux qui, sortis avec Marie de la maison, semblent les plus troublés. Ce sont peut-être des parents plus âgés, je ne sais pas. Et ceux-ci répondent à Jésus, visiblement affligé: “Viens et vois” et ils se dirigent vers l'endroit où se trouve le tombeau à l'extrémité du verger, là où le sol a des ondulations et des veines de roche calcaire qui affleurent à la surface du sol. Marthe, à côté de Jésus qui a forcé Marie à se lever et il la conduit, car elle est aveuglée par ses larmes, montre de la main à Jésus où se trouve Lazare et quand ils sont près de l'endroit elle dit aussi: “C'est ici, Maître, que ton ami est enseveli” et elle indique la pierre posée obliquement à l'entrée du tombeau. Jésus pour s'y rendre, suivi de tout le monde, a dû passer devant Gamaliel. Mais ils ne se sont pas salués. Ensuite Gamaliel s'est uni aux autres en s'arrêtant comme tous les pharisiens les plus rigides à quelques mètres du tombeau, alors que Jésus s'avance tout près avec les sœurs, Maximin et ceux qui sont peut-être des parents. Jésus contemple la lourde pierre qui sert de porte au tombeau et forme un lourd obstacle entre Lui et l'ami éteint, et il pleure. Les larmes des sœurs redoublent et de même celles des intimes et familiers. “Enlevez cette pierre” crie Jésus tout d'un coup, après avoir essuyé ses larmes. Tous ont un geste d'étonnement et un murmure court dans le rassemblement qui a grossi de quelques habitants de Béthanie qui sont entrés dans le jardin et se sont mis à la suite des hôtes. Je vois certains pharisiens qui se touchent le front en secouant la tête comme pour dire: “Il est fou!” Personne n'exécute l'ordre. Même chez les plus fidèles, on éprouve de l'hésitation, de la répugnance à le faire. Jésus répète plus fort son ordre, effrayant encore davantage les gens pris par deux sentiments opposés et qui, après avoir pensé à fuir, s'approchent tout à coup davantage pour voir, défiant la puanteur toute proche du tombeau que Jésus veut faire ouvrir. “Maître, ce n'est pas possible” dit Marthe en s'efforçant de retenir ses pleurs pour parler: “Il y a déjà quatre jours qu'il est là dessous. Et tu sais de quel mal il est mort! Seul notre amour pouvait le soigner… Maintenant la puanteur est certainement plus forte malgré les onguents… Que veux-tu voir? Sa pourriture?… On ne peut pas… même à cause de l'impureté de la corruption et…” “Ne t'ai-je pas dit que si tu crois tu verras la gloire de Dieu? Enlevez cette pierre, je le veux!” C'est un cri de volonté divine… Un “oh!” étouffé sort de toutes les poitrines. Les visages deviennent blêmes, certains tremblent comme s'il était passé sur tous un vent glacial de mort. Marthe fait un signe à Maximin et celui-ci ordonne aux serviteurs de prendre les outils pouvant servir à remuer la lourde pierre. Les serviteurs s'en vont rapidement pour revenir avec des pics et des leviers robustes. Ils travaillent en faisant entrer la pointe brillante des pics entre la roche et la pierre, et ensuite ils remplacent les pics par des leviers robustes et enfin ils soulèvent avec attention la pierre en la faisant glisser d'un côté et en la traînant ensuite avec précaution contre la paroi rocheuse. Une puanteur infecte sort du sombre trou et fait reculer tout le monde. Marthe demande tout bas: “Maître, tu veux y descendre? Si oui, il faut des torches…” mais elle est livide à la pensée qu'il doit le faire. Jésus ne lui répond pas. Il lève les yeux vers le ciel, met ses bras en croix et prie d'une voix très forte, en scandant les mots: “Père! Je te remercie de m'avoir exaucé. Je le savais que Tu m'exauces toujours, mais je le dis pour ceux qui sont présents ici, pour le peuple qui m'entoure, pour qu'ils croient en Toi, en Moi, et que Tu m'as envoyé!” Il reste encore ainsi un moment et il semble ravi en extase tellement il est transfiguré alors que, sans plus émettre aucun son, il dit des paroles secrètes de prière ou d'adoration, je ne sais. Ce que je sais, c'est qu'il a tellement outrepassé l'humain, qu'on ne peut le regarder sans se sentir le cœur trembler dans la poitrine. Il semble devenir lumière en perdant son aspect corporel, se spiritualiser, grandir et même s'élever de terre. Tout en gardant la couleur de ses cheveux, de ses yeux, de sa peau, de ses vêtements, au contraire de ce qui se passa à la transfiguration du Thabor durant laquelle tout devint lumière et éclat éblouissant, il paraît dégager de la lumière et que tout ce qui est de Lui devient lumière. La lumière semble l'entourer d'un halo, en particulier son visage levé vers le ciel, certainement ravi dans la contemplation du Père. Il reste ainsi quelque temps, puis redevient Lui: l'Homme, mais d'une majesté puissante. Il s'avance jusqu'au seuil du tombeau. Il déplace ses bras - que jusqu'à ce moment il avait gardés ouverts en croix, les paumes tournées vers le ciel - en avant, les paumes vers la terre, et par conséquent les mains se trouvent déjà à l'intérieur du tunnel du tombeau, toutes blanches dans ce tunnel obscur. Il plonge le feu bleu de ses yeux, dont l'éclat miraculeux est aujourd'hui insoutenable, dans cette obscurité muette, et d'une voix puissante, avec un cri plus fort que celui par lequel il commanda sur le lac aux vents de tomber, d'une voix que je ne Lui ai jamais entendue dans aucun miracle, il crie: “Lazare! Viens dehors!” L'écho répercute sa voix dans la cavité du tombeau et se répand ensuite à travers tout le jardin, se répercute contre les ondulations du terrain de Béthanie, je crois qu'il s'en va jusqu'aux premiers escarpements au-delà des champs et revient de là, répété et amorti, comme un ordre qui ne peut faillir. Il est certain que de tous les côtés, on entend à nouveau: “dehors! dehors! dehors!” Tous éprouvent un frisson plus intense, et si la curiosité les cloue tous à leurs places, les visages pâlissent et les yeux s'écarquillent alors que les bouches s'entrouvrent involontairement avec déjà dans la gorge le cri de stupeur. Marthe, un peu en arrière et de côté, est comme fascinée en regardant Jésus. Marie tombe à genoux, elle qui ne s'est jamais écartée de son Maître, elle tombe à genoux au bord du tombeau, une main sur sa poitrine pour calmer les palpitations de son cœur, l'autre qui inconsciemment et convulsivement tient un pan du manteau de Jésus, et on se rend compte qu'elle tremble car le manteau a de légères secousses imprimées par la main qui le tient. Quelque chose de blanc semble émerger du plus profond du souterrain. C'est d'abord une petite ligne convexe, puis elle fait place à une forme ovale, puis à l'ovale se substituent des lignes plus amples, plus longues, de plus en plus longues. Et celui qui était mort, serré dans ses bandes, avance lentement, toujours plus visible, fantomatique, impressionnant. Jésus recule, recule, insensiblement, mais continuellement à mesure que Lazare avance. La distance entre les deux reste donc la même. Marie est contrainte de lâcher le pan du manteau, mais elle ne bouge pas de l'endroit où elle est. La joie, l'émotion, tout, la cloue à l'endroit où elle était. Un “oh!” de plus en plus net sort des gorges d'abord fermées par la douleur de l'attente. C'est d'abord un murmure à peine distinct qui se change en voix, et la voix devient un cri puissant. Lazare est désormais au bord du tombeau et il s'arrête là, raide, muet, semblable à une statue de plâtre à peine ébauchée et donc informe, une longue chose, mince à la tête, mince aux jambes, plus large au tronc, macabre comme la mort elle-même, spectrale, dans la blancheur des bandes contre le fond sombre du tombeau. Au soleil qui l'enveloppe, les bandes paraissent çà et là laisser couler la pourriture… Jésus crie d'une voix forte: “Débarrassez-le et laissez-le aller. Donnez-lui des vêtements et de la nourriture.” “Maître!…” dit Marthe, et elle voudrait peut-être en dire davantage, mais Jésus la regarde fixement, la subjuguant de son regard étincelant, et il dit: “Ici! Tout de suite! Tout de suite, apportez un vêtement. Habillez-le en présence de tout le monde et donnez-lui à manger.” Il commande et ne se retourne jamais pour regarder ceux qui sont derrière et autour de Lui. Son œil regarde seulement Lazare, Marie qui est près du ressuscité sans souci de la répulsion que donnent à tous les bandes souillées, et Marthe qui halète comme si son cœur allait éclater et qui ne sait si elle doit crier sa joie ou pleurer… Les serviteurs se hâtent d'exécuter les ordres. Noémi s'en va en courant la première et la première revient avec les vêtements qu'elle tient pliés sur son bras. Quelques-uns délient les lacets des bandelettes après avoir retroussé leurs manches et relevé leurs vêtements pour qu'ils ne touchent pas la pourriture qui coule. Marcelle et Sara reviennent avec des amphores de parfums, suivies de serviteurs les uns avec des bassins et des brocs fumants d'eau chaude, les autres avec des plateaux, des bols pleins de lait, du vin, des fruits, des fouaces recouvertes de miel. Les bandelettes étroites et très longues, de lin, me semble-t-il, avec des lisières des deux côtés, certainement tissées pour cet usage, se déroulent comme des rouleaux de ganse d'une grande bobine et s'entassent sur le sol, alourdies par les aromates et la pourriture. Les serviteurs les écartent en se servant de bâtons. Ils ont commencé par la tête, et là aussi il y a la pourriture qui s'est écoulée du nez, des oreilles, de la bouche. Le suaire placé sur le visage est tout trempé de ces souillures et le visage de Lazare que l'on voit très pâle, squelettique, avec les yeux tenus fermés par des pommades mises dans les orbites, avec les cheveux collés et de même la barbiche du menton, en est tout souillé. Le drap descend lentement, le suaire mis autour du corps, à mesure que les bandelettes descendent, descendent, descendent, libérant le tronc qu'elles avaient comprimé pendant de nombreux jours, et rendant une forme humaine à ce qu'elles avaient d'abord rendu semblable à une grande chrysalide. Les épaules osseuses, les bras squelettiques, les côtes à peine couvertes de peau, le ventre creusé, apparaissent lentement. À mesure que les bandes tombent, les sœurs, Maximin, les serviteurs, s'empressent d'enlever la première couche de crasse et de baume, et s'y appliquent en changeant continuellement l'eau rendue détergente par les aromates qu'on y a mis jusqu'à ce que la peau apparaisse nette. Lorsqu'on a dégagé le visage de Lazare et qu'il peut regarder, il dirige son regard vers Jésus avant même de regarder ses sœurs. Il oublie tout et s'abstrait de tout ce qui arrive pour regarder, avec un sourire d'amour sur ses lèvres pâles et une larme lumineuse au fond des yeux, son Jésus. Jésus aussi lui sourit et a une lueur de larme dans le coin de l'œil, mais sans parler il dirige le regard de Lazare vers le ciel. Lazare comprend et remue les lèvres dans une prière silencieuse. Marthe croit qu'il veut dire quelque chose sans avoir encore de voix et elle demande: “Que me dis-tu, mon Lazare?” “Rien, Marthe. Je remerciais le Très-Haut.” La prononciation est assurée, la voix forte. Les gens poussent de nouveau un “oh!” étonné. Désormais ils l'ont dégagé jusqu'aux hanches, libéré et propre, et ils peuvent le revêtir de la tunique courte, une sorte de chemisette qui dépasse l'aine pour retomber sur les cuisses. On le fait asseoir pour dégager ses jambes et les laver. Quand elles apparaissent, Marthe à Marie poussent un grand cri en montrant les jambes et les bandelettes. Sur les bandelettes qui serraient les jambes, et sur le suaire posé par dessous, les écoulements purulents sont si abondants qu'ils forment des grosses gouttes sur les toiles, mais les jambes visiblement sont tout à fait cicatrisées. Seules les cicatrices rouges-bleuâtres indiquent où elles étaient gangrenées. Tous les gens crient plus fort leur étonnement. Jésus sourit et aussi Lazare qui regarde un instant ses jambes guéries, puis s'abstrait de nouveau pour regarder Jésus. Il semble ne pouvoir se rassasier de le voir. Les juifs, pharisiens, sadducéens, scribes, rabbis, s'approchent avec précaution pour ne pas souiller leurs vêtements. Ils regardent de tout près Lazare, ils regardent de tout près Jésus. Mais ni Lazare ni Jésus ne s'occupent d'eux: ils se regardent et tout le reste est inexistant. Voilà que l'on met les sandales à Lazare. Il se lève, agile, sûr de lui. Il prend le vêtement que Marthe lui présente et l'enfile tout seul, lie sa ceinture, ajuste les plis. Le voilà, maigre et pâle, mais semblable à tout le monde. Il se lave encore les mains et les bras jusqu'aux coudes après avoir retroussé ses manches. Et puis avec une nouvelle eau il se lave de nouveau le visage et la tête, jusqu'à ce qu'il se sente tout à fait net. Il essuie ses cheveux et son visage, rend la serviette au serviteur et va tout droit vers Jésus. Il se prosterne, Lui baise les pieds. Jésus se penche, le relève, le serre contre son cœur en lui disant: “Bien revenu, mon ami. Que la paix soit avec toi et la joie. Vis pour accomplir ton heureuse destinée. Lève ton visage pour que je te donne le baiser de salutation.” Il dépose un baiser sur les joues et Lazare Lui rend son baiser. C'est seulement après avoir vénéré et embrassé le Maître que Lazare parle à ses sœurs et les embrasse, puis il embrasse Maximin et Noémi qui pleurent de joie, et certains autres dont je crois qu'ils lui sont apparentés ou amis très intimes. Puis il embrasse Joseph, Nicodème, Simon le Zélote et quelques autres. Jésus va personnellement trouver un serviteur qui a sur les bras un plateau avec de la nourriture et il prend une fouace avec du miel, une pomme, une coupe de vin et il offre le tout à Lazare, après les avoir offerts et bénits, pour qu'il se restaure. Et Lazare mange avec l'appétit de quelqu'un qui se porte bien. Tout le monde pousse encore un “oh!” d'étonnement. Jésus semble ne voir que Lazare, mais en réalité il observe tout et tout le monde. Voyant qu'avec des gestes de colère Sadoc avec Elchias, Canania, Félix, Doras et Cornelius et d'autres sont sur le point de s'éloigner, il dit à haute voix: “Attends un moment, Sadoc. J'ai un mot à te dire, à toi et aux tiens.” Ils s'arrêtent avec une figure de criminels. Joseph d'Arimathie fait un geste effaré et fait signe au Zélote de retenir Jésus. Mais Lui est déjà en train d'aller vers le groupe haineux, et il dit à haute voix: “Est-ce que cela te suffit, Sadoc, ce que tu as vu? Tu m'as dit un jour que pour croire tu avais besoin, toi et tes pareils, de voir recomposé, en bonne santé, un homme décomposé. Es-tu rassasié de la putréfaction que tu as vue? Es-tu capable de reconnaître que Lazare était mort et que maintenant il est vivant et sain comme il ne l'était pas depuis des années? Je le sais. Vous êtes venus ici pour les tenter, pour mettre en eux plus de douleur et le doute. Vous êtes venus ici pour me chercher, espérant me trouver caché dans la pièce du mourant. Vous êtes venus ici, non par un sentiment d'amour et le désir d'honorer celui qui s'était éteint mais pour vous assurer que Lazare était réellement mort, et vous avez continué de venir, vous réjouissant toujours plus à mesure que le temps passait. Si les choses étaient allées comme vous l'espériez, comme désormais vous croyiez qu'elles iraient, vous auriez eu raison de vous réjouir. L'Ami qui guérit tout le monde, mais ne guérit pas l'ami. Le Maître qui récompense la foi de tout le monde, mais pas celle de ses amis de Béthanie. Le Messie impuissant devant la réalité de la mort. Voilà ce qui vous donnait raison de vous réjouir. Mais voilà: Dieu vous a répondu. Nul prophète n'a jamais pu rassembler ce qui était décomposé, en plus que mort. Dieu l'a fait. Voilà le témoignage vivant de ce que je suis. Il y eut un jour où Dieu prit de la boue, lui donna une forme et y insuffla l'esprit de vie et ce fut l'homme. J'y étais pour dire: "Que l'on fasse l'homme à notre image et à notre ressemblance", car je suis le Verbe du Père. Aujourd'hui, Moi, le Verbe, j'ai dit à ce qui était encore moins que de la boue: à la corruption: "Vis" et la corruption s'est faite de nouveau chair, une chair intègre, vivante, palpitante. La voici qui vous regarde. Et à la chair j'ai réuni l'esprit qui gisait depuis des jours dans le sein d'Abraham. Je l'ai rappelé par ma volonté car je puis tout, Moi, le Vivant, Moi, le Roi des rois auquel sont soumises toutes les créatures et toutes les choses. Maintenant, que me répondez-vous?” Il est devant eux, grand, fulgurant de majesté, vraiment Juge et Dieu. Ils ne répondent pas. Lui insiste: “Ce n'est pas encore assez pour croire, pour accepter l'inéluctable?” “Tu n'as tenu qu'une partie de la promesse. Ce n'est pas le signe de Jonas…” dit brutalement Sadoc. “Vous aurez aussi celui-là. J'ai promis et je tiendrai ma promesse” dit le Seigneur. “Un autre présent ici, attend un autre signe, et il l'aura. Et comme c'est un juste, il l'acceptera. Vous non. Vous resterez ce que vous êtes.” Il fait un demi-tour sur Lui-même et il voit Simon, le synhédriste, fils d'Éli-Anna. Il le fixe, le fixe. Il laisse de côté ceux de tout à l'heure et, arrivé en face de lui, il lui dit, à voix basse mais nette: “C'est heureux pour toi que Lazare ne se rappelle pas son séjour parmi les morts! Qu'as-tu fait de ton père, Caïn?” Simon s'enfuit en poussant un cri de peur qui se change en un hurlement de malédiction: “Sois maudit, Nazaréen!” à laquelle Jésus répond: “Ta malédiction monte vers le Ciel et du Ciel le Très-Haut te la renvoie. Tu es marqué du signe, ô malheureux!” Il revient en arrière, parmi les groupes étonnés, presque effrayés. Il rencontre Gamaliel qui se dirige vers la route. Il le regarde et Gamaliel le regarde. Jésus lui dit sans s'arrêter: “Tiens-toi prêt, ô rabbi. Le signe viendra bientôt. Je ne mens jamais.” Le jardin se vide lentement. Les juifs sont abasourdis, mais la plupart giclent de la colère par tous leurs pores. Si leurs regards pouvaient le réduire en cendres, Jésus serait complètement pulvérisé. Ils parlent, discutent entre eux en s'en allant, si bouleversés maintenant par leur défaite qui ne peuvent plus cacher sous une apparence hypocrite d'amitié le but de leur présence à cet endroit. Ils s'en vont sans saluer ni Lazare ni ses sœurs. Il reste en arrière certains qui ont été conquis au Seigneur par le miracle. Parmi eux se trouve Joseph Barnabé qui se jette à genoux devant Jésus et l'adore. Un autre est le scribe Joël d'Abia qui fait la même chose avant de partir à son tour, et d'autres encore que je ne connais pas mais qui doivent être influents. Pendant ce temps, Lazare, entouré de ses plus intimes, s'est retiré dans la maison. Joseph, Nicodème et les autres bons saluent Jésus et s'en vont. Partent avec de profondes salutations les juifs qui étaient restés auprès de Marthe et Marie. Les serviteurs ferment la grille. La maison redevient tranquille. Jésus regarde autour de Lui. Il voit de la fumée et des flammes au fond du jardin, dans la direction du tombeau. Jésus, seul, debout au milieu d'un sentier, dit: “La putréfaction qui va être annulée par le feu… La putréfaction de la mort… Mais celle des cœurs… de ces cœurs, aucun feu ne l'annulera… Pas même le feu de l'Enfer. Elle sera éternelle… Quelle horreur!… Plus que la mort… Plus que la corruption… Et… Mais qui te sauvera, ô Humanité, si tu aimes tant d'être corrompue! Tu veux être corrompue. Et Moi… Moi j'ai arraché au tombeau un homme par une seule parole… Et avec un flot de paroles… et de douleurs, je ne pourrai arracher au péché l'homme, les hommes, des millions d'hommes.” Il s'assoit et avec ses mains se couvre le visage, accablé… Un serviteur qui passe le voit. Il va à la maison. Peu après Marie sort de la maison. Elle va trouver Jésus, légère comme si elle ne touchait pas le sol. Elle s'approche, Lui dit doucement: “Rabboni, tu es las… Viens, ô mon Seigneur. Tes apôtres fatigués sont allés dans l'autre maison, tous, sauf Simon le Zélote… Tu pleures, Maître? Pourquoi?…” Elle s'agenouille aux pieds de Jésus… l'observe… Jésus la regarde. Il ne répond pas. Il se lève et se dirige vers la maison, suivi de Marie. Ils entrent dans une salle. Lazare n'y est pas, ni non plus le Zélote, mais il y a Marthe, heureuse, transfigurée par la joie. Elle s'adresse à Jésus pour expliquer: “Lazare est allé au bain pour se purifier encore. Oh! Maître! Maître! Que te dire!” Elle l'adore de toute elle-même. Elle remarque la tristesse de Jésus et elle dit: “Tu es triste, Seigneur? Tu n'es pas heureux que Lazare…” Il lui vient un soupçon: “Oh! Tu es réservé avec moi. J'ai péché. C'est vrai.” “Nous avons péché, ma sœur” dit Marie. “Non, pas toi… Oh! Maître. Marie n'a pas péché. Marie a su obéir, moi seule ai désobéi. Je t'ai envoyé appeler, parce que… parce que je ne pouvais plus les entendre insinuer que tu n'étais pas le Messie, le Seigneur… et je pouvais plus le voir souffrir… Lazare te désirait tant. Il t'appelait tant… Pardonne-moi, Jésus.” “Et toi, tu ne parles pas, Marie?” demande Jésus. “Maître… moi… Je n'ai souffert alors que comme femme. Je souffrais parce que… Marthe, jure, jure ici, devant le Maître que jamais, jamais tu ne parleras à Lazare de son délire… Mon Maître… je t'ai connu tout à fait, ô Divine Miséricorde, dans les dernières heures de Lazare. Oh! mon Dieu! Mais comme tu m'as aimée, Toi, Toi qui m'as pardonnée, Toi, Dieu, Toi, Pur, Toi… si mon frère, qui pourtant m'aime, mais qui est homme, seulement homme, au fond de son cœur ne m'a pas tout pardonné?! Non, je m'exprime mal. Il n'a pas oublié mon passé et quand la faiblesse de la mort a émoussé en lui sa bonté que je croyais oublieuse du passé, il a crié sa douleur, son indignation pour moi… Oh!…” Marie pleure… “Ne pleure pas, Marie. Dieu t'a pardonnée et a oublié. L'âme de Lazare aussi a pardonné et a oublié, a voulu oublier. L'homme n'a pas pu tout oublier, et quand la chair a dominé par son dernier spasme la volonté affaiblie, l'homme a parlé.” “Je n'en éprouve pas d'indignation, Seigneur. Cela m'a servi à t'aimer davantage et à aimer encore plus Lazare. Dès lors moi aussi je t'ai désiré, car j'étais trop angoissée de penser que Lazare était mort sans paix à cause de moi… et ensuite, ensuite, quand je t'ai vu méprisé par les juifs… quand j'ai vu que tu ne venais pas même après la mort, pas même après que je t'avais obéi en espérant au-delà de ce qui est croyable, en espérant jusqu'à ce que le tombeau s'ouvre, alors mon esprit aussi a souffert. Seigneur, si j'avais à expier, et certainement je l'avais, j'ai expié, Seigneur…” “Pauvre Marie! Je connais ton cœur. Tu as mérité le miracle et que cela t'affermisse dans ton espérance et ta foi.” “Mon Maître, j'espérerai et je croirai toujours désormais. Je ne douterai plus, jamais plus, Seigneur. Je vivrai de foi. Tu m'as donné la capacité de croire ce qui est incroyable.” “Et toi, Marthe, as-tu appris? Non, pas encore. Tu es ma Marthe mais tu n'es pas encore ma parfaite adoratrice. Pourquoi agis-tu au lieu de contempler? C'est plus saint. Tu vois? Ta force, parce qu'elle était trop tournée vers les choses terrestres, a cédé à la constatation de faits terrestres qui semblent parfois sans remède. En vérité les choses humaines n'ont pas de remède, si Dieu n'intervient pas. La créature, à cause de cela, a besoin de savoir croire et contempler, d'aimer jusqu'au bout des forces de l'homme tout entier, avec sa pensée, son âme, sa chair, son sang, avec toutes les forces de l'homme, je le répète. Je te veux forte, Marthe. Je te veux parfaite. Tu n'as pas su obéir parce que tu n'as pas su croire et espérer complètement, et tu n'as pas su croire et espérer parce que tu n'as pas su aimer totalement. Mais Moi, je t'en absous. Je te pardonne, Marthe. J'ai ressuscité Lazare aujourd'hui. Maintenant je te donne un cœur plus fort. À lui j'ai rendu la vie. À toi, j'infuse la force d'aimer, croire et espérer parfaitement. Maintenant soyez heureuses et en paix. Pardonnez à ceux qui vous ont offensé ces jours-ci…” “Seigneur, en cela j'ai péché. Il y a un instant j'ai dit au vieux Canania qui t'avait méprisé les autres jours: "Qui a triomphé? Toi ou Dieu? Ton mépris ou ma foi? Le Christ est le Vivant et il est la Vérité. Moi, je savais que sa gloire aurait resplendi plus grande, et toi, vieillard, refais ton âme si tu ne veux pas connaître la mort".” “Tu as bien parlé. Mais ne discute pas avec les méchants, Marie. Et pardonne. Pardonne si tu veux m'imiter… Voici Lazare. J'entends sa voix.” En effet Lazare rentre, vêtu à neuf et bien rasé, bien peigné et la chevelure parfumée. Avec lui se trouvent Maximin et le Zélote. “Maître!” Lazare s'agenouille encore pour l'adorer. Jésus lui met la main sur la tête et sourit en disant: “L'épreuve est surmontée, mon ami. Pour toi et pour tes sœurs. Maintenant soyez heureux et forts pour servir le Seigneur. Que te rappelles-tu, ami, du passé? Je veux parler de tes derniers moments?” “Un grand désir de te voir et une grande paix au milieu de l'amour des sœurs.” “Et qu'est-ce qui t'affligeait le plus de quitter en mourant?” “Toi, Seigneur, et mes sœurs. Toi parce que je ne pouvais plus te servir, elles parce qu'elles m'ont donné toute joie…” “Oh! moi, frère!” soupire Marie. “Toi, plus que Marthe. Tu m'as donné Jésus et la mesure de ce qu'est Jésus. Et Jésus t'a donnée à moi. Tu es le don de Dieu, Marie.” “Tu le disais aussi en mourant…” dit Marie et elle étudie le visage de son frère. “Parce que c'est ma constante pensée.” “Mais moi, je t'ai donné tant de douleur…” “La maladie aussi m'a donné de la douleur. Mais, par elle, j'espère avoir expié les fautes du vieux Lazare et d'être ressuscité, purifié pour être digne de Dieu. Toi et moi: tous deux ressuscités pour servir le Seigneur, et Marthe au milieu de nous, elle qui fut toujours la paix de la maison.” “Tu l'entends, Marie? Lazare dit des paroles de sagesse et de vérité. Maintenant je me retire et vous laisse à votre joie…” “Non, Seigneur, reste avec nous. Ici. Reste à Béthanie et dans ma maison. Ce sera beau…” “Je resterai. Je veux te récompenser de tout ce que tu as souffert. Marthe, ne sois pas triste. Marthe pense m'avoir affligé. Mais ma peine n'est pas autant pour vous que pour ceux qui ne veulent pas se racheter. Eux haïssent de plus en plus. Ils ont le venin dans le cœur… Eh bien… pardonnons.” “Pardonnons, Seigneur” dit Lazare avec son doux sourire… et sur cette parole tout prend fin.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

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