Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l'on immolait l'agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour ton repas pascal ? » Il envoie deux disciples : « Allez à la ville ; vous y rencontrerez un homme portant une cruche d'eau. Suivez-le. Et là où il entrera, dites au propriétaire : 'Le maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? 'Il vous montrera, à l'étage, une grande pièce toute prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. » Les disciples partirent, allèrent en ville ; tout se passa comme Jésus le leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque. Pendant le repas, Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit, et le leur donna, en disant : « Prenez, ceci est mon corps. » Puis, prenant une coupe et rendant grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, répandu pour la multitude. Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu'à ce jour où je boirai un vin nouveau dans le royaume de Dieu. » Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 9, Ch 17, p 142 - CD 9, piste 52 -
Un nouveau matin. Si serein! Si joyeux! Il n'y a même plus les rares nuages qui hier erraient lentement sur le cobalt du ciel; il n'y a pas non plus la lourde chaleur qui hier était si accablante. Une brise légère souffle sur les visages. Elle a quelque chose du parfum des fleurs, du foin, de l'air pur. Elle remue lentement les feuilles des oliviers. On dirait qu'elle veut faire admirer la couleur argentée des petites feuilles lancéolées et répandre des fleurs petites, candides, odorantes sur les pas du Christ, sur sa tête blonde, le baiser, le rafraîchir, car chaque fin calice a sa gouttelette de rosée, le baiser, le rafraîchir et puis mourir avant de voir l'horreur menaçante. Et s'inclinent les herbes des pentes pour remuer les clochettes, les corolles, les palmettes de mille fleurs. Étoiles au cœur d'or, les grosses marguerites sauvages se dressent sur leurs tiges comme pour baiser la main qui sera transpercée, et les pâquerettes et les camomilles baisent les pieds généreux qui ne s'arrêteront de marcher pour le bien des hommes que quand ils seront cloués pour donner un bien encore supérieur; les églantines répandent leur parfum et l'aubépine qui n'a plus de fleurs agite ses feuilles dentelées. Elle semble dire: “Non, non” à ceux qui s'en serviront pour tourmenter le Rédempteur. Et “non” disent les roseaux du Cédron. Eux aussi ne veulent pas frapper, leur volonté de petites choses ne veut pas faire de mal au Seigneur. Et peut-être les pierres des pentes se félicitent d'être hors de la ville, sur l'oliveraie pour, de cette façon, ne pas blesser le Martyr. Et ils pleurent les fins liserons rosés que Jésus aimait tant et aussi les corymbes des acacias candides comme des grappes de papillons groupés sur une tige. Peut-être ils pensent: “Nous ne le verrons plus.” Les myosotis fins et purs laissent retomber leurs corolles quand ils touchent le vêtement pourpre que Jésus a mis de nouveau. Il doit être beau de mourir quand cela vient de Jésus qui frappe. Toutes les fleurs, même un muguet perdu, tombé là peut-être incidemment et qui s'est enraciné entre les racines saillantes d'un olivier, est heureux d'être aperçu et cueilli par Thomas et offert au Seigneur… Et heureux sont les mille oiseaux dans les branches de le saluer avec des chants de joie. Oh! ils ne le blasphèment pas les oiseaux que Lui a toujours aimés! Jusqu'à un petit troupeau de brebis qui semble vouloir le saluer malgré leurs pleurs, privées qu'elles sont de leurs petits vendus pour le sacrifice pascal. C'est une lamentation de mères qui parcourt l'air, en bêlant et en appelant leurs petits qui ne reviendront plus elles se frottent contre Jésus en jetant sur Lui leur doux regard. La vue des brebis rappelle aux apôtres la pensée du rite pascal et ils demandent à Jésus quand ils sont presque au Gethsémani: “Où irons-nous consommer la Pâque? Quel endroit choisis-tu? Dis-le, et nous irons tout préparer.” Et Judas de Kériot: “Donne-moi des ordres et j'irai.” “Pierre, Jean, écoutez-moi.” Les deux, qui étaient un peu en avant, s'approchent de Jésus qui les a appelés. “Précédez-nous et entrez dans la ville par la Porte du Fumier. À peine rentrés vous rencontrerez un homme qui vient de En-Rogel avec un broc de cette bonne eau. Suivez-le jusqu'à ce qu'il entre dans une maison. Vous direz à celui qui s'y trouve: "Le Maître dit: 'Où est la pièce où je puis manger la Pâque avec mes disciples?' ". Il vous montrera un grand cénacle prêt. Préparez-y tout ce qu'il faut. Allez vite et ensuite rejoignez-nous au Temple.” Les deux partent en toute hâte. Jésus , au contraire, avance lentement. La matinée est encore si fraîche et les routes qui mènent à la ville montrent tout juste les premiers pèlerins. Ils franchissent le Cédron sur le petit pont qui est avant le Gethsémani. Ils entrent dans la ville. Les portes, peut-être à la suite d'un contre-ordre de Pilate, rassuré par l'absence de discussions autour de Jésus, ne sont plus surveillées par des légionnaires. En effet le plus grand calme règne partout. Oh! on ne peut pas dire que les juifs n'ont pas su se contenir! Personne n'a molesté le Maître ni ses disciples. Respectueux, bien élevés, à défaut d'être affectueux, ils l'ont toujours salué, même quand ceux qui le saluaient étaient les plus haineux du Sanhédrin. Une patience sans égale a accompagné même le réquisitoire d'hier. Et voilà que justement maintenant aussi, car la maison de campagne de Caïphe est justement près de cette porte, voilà que justement maintenant passent, venant de cette maison, un groupe nombreux de pharisiens et de scribes, parmi lesquels le fils d'Anna et Elchias avec Doras et Sadoc. Ce sont des courbettes de personnages aux amples manteaux, qui saluent au milieu d'un ondoiement de vêtements et de franges et de très amples couvre-chefs. Jésus salue et passe, royal dans son vêtement de laine rouge et son manteau d'une teinte plus foncée, le couvre-chef de Sintica à la main, le soleil qui fait de ses cheveux rouge-cuivre une couronne d'or et un voile qui descend brillant jusqu'aux épaules. Les échines se relèvent après son passage et apparaissent des visages d'hyènes enragées. Judas de Kériot, qui ne cessait pas de regarder tout autour de lui avec sa figure de traître, sous prétexte de relacer une sandale, s'écarte sur le bord de la route et, je le vois bien, il fait un signe à ces gens qui l'attendaient… Il laisse avancer le groupe de Jésus et des disciples, toujours occupé après la courroie de sa sandale pour se donner une contenance, puis, rapidement, il passe près de ces gens et murmure: “A la Belle, aux environs de sexte. Un de vous” et il file rapidement pour rejoindre ses compagnons. Franc, effrontément franc!… Ils montent au Temple. Peu d'hébreux encore, mais beaucoup de gentils. Jésus va adorer le Seigneur. Puis il revient en arrière et ordonne à Simon et Barthélemy d'acheter l'agneau en se faisant donner de l'argent par Judas de Kériot. “Mais moi, je pouvais le faire!” dit ce dernier. “Tu auras autre chose à faire. Tu le sais. Il y a cette veuve à laquelle il faut porter l'obole de Marie de Lazare et dire qu'après les fêtes elle aille à Béthanie chez Lazare. Sais-tu où elle est? As-tu bien compris?” “Je sais, je sais! L'endroit m'a été montré par Zacharie qui la connaît bien.” Et il ajoute: “Je suis très content d'y aller, plutôt que d'aller pour l'agneau. Quand est-ce que j'y vais?” “Plus tard. Je ne vais pas m'arrêter longtemps ici. Aujourd'hui je me reposerai car je veux être fort pour ce soir et pour ma prière de la nuit.” “C'est bien.” Voici, je me demande: Jésus qui avait ainsi gardé le silence les jours précédents sur ses intentions pour ne pas donner de détails à Judas, pourquoi maintenant dit-il, répète-t-il ce qu'il va faire dans la nuit? La Passion est-elle déjà commencée par l'aveuglement de sa prévoyance, ou bien cette prévoyance a-t-elle tant grandi qu'il lit dans les livres des Cieux que c'est “cette nuit-là” et que par conséquent il faut le faire savoir à celui qui attend de le savoir pour le livrer à ses ennemis, ou bien a-t-il toujours su que c'est la nuit où doit commencer son Immolation? Je ne sais pas me donner de réponse. Jésus ne me donne pas de réponse. Et je reste avec mes pourquoi pendant que j'observe Jésus qui guérit les derniers malades. Les derniers… Demain, d'ici peu d'heures, il ne le pourra plus… La Terre sera privée du puissant Guérisseur des corps. La Victime, cependant, sur son gibet commencera la série ininterrompue depuis vingt siècles de ses guérisons spirituelles. Aujourd'hui je contemple plus que je ne décris. Mon Seigneur me fait projeter ma vue spirituelle à partir de ce que je vois arriver dans le dernier jour de liberté du Christ jusque dans les siècles… Aujourd'hui je contemple davantage les sentiments, les pensées du Maître que les évènements qui l'entourent. Déjà je comprends, angoissée, sa torture du Gethsémani… Jésus est pressé comme à l'ordinaire par la foule qui a déjà augmenté, qui maintenant est en majorité hébraïque et qui oublie de se hâter vers l'endroit où on sacrifie les agneaux pour s'approcher de Jésus, Agneau de Dieu qui va être immolé. Et elle demande encore, elle veut encore des explications. Nombreux sont les hébreux venus de la Diaspora qui, ayant entendu parler du Christ, du Prophète galiléen, du Rabbi de Nazareth, sont curieux de l'entendre parler et anxieux de s'enlever tout doute possible. Et ceux-ci s'ouvrent un passage en suppliant ainsi ceux de Palestine: “Vous l'avez toujours. Vous savez qui il est. Vous avez sa parole quand vous voulez. Nous sommes venus de loin et nous allons repartir tout de suite après avoir accompli le précepte. Laissez-nous aller à Lui!” La foule s'ouvre difficilement pour leur céder la place. Ils s'avancent vers Jésus et l'observent avec curiosité. Ils parlotent entre eux, groupe par groupe. Jésus les observe aussi tout en écoutant un groupe venu de la Pérée. Quand ils Lui ont offert de l'argent pour ses pauvres comme le font beaucoup, argent qu'il a passé comme toujours à Judas, il les congédie et il se met à parler. “Unis dans la religion, mais de provenances diverses, beaucoup parmi ceux qui sont présents se demandent: "Qui est celui que l'on appelle le Nazaréen?", et leurs espoirs se mêlent à leurs doutes. Écoutez. Il est dit de Moi: "Un rejeton sortira de la racine de Jessé, une fleur viendra de cette racine et sur Lui reposera l'Esprit du Seigneur. Il ne jugera pas selon ce qui apparaît aux yeux, il ne condamnera pas pour ce que l'on entend avec les oreilles, mais il jugera les pauvres avec justice et prendra la défense des humbles. Le rejeton de la racine de Jessé, placé comme un signe parmi les nations, sera invoqué par les peuples et son tombeau sera glorieux. Lui, après avoir élevé sa bannière pour les nations, réunira les réfugiés d'Israël, les gens dispersés de Juda, il les rassemblera des quatre points de la Terre". Il est dit de Moi: "Voici, le Seigneur Dieu vient avec puissance, son bras triomphera. Il porte avec Lui sa récompense, Il a son œuvre devant ses yeux. Comme un berger, Il fera paître son troupeau". Il est dit de Moi: "Voici mon Serviteur avec lequel Je serai, en qui se complaît mon âme. En Lui J'ai répandu mon esprit. Il amènera la justice parmi les nations. Il ne criera pas, il ne brisera pas le roseau fêlé, il n'éteindra pas la mèche qui fume encore, il fera justice selon la vérité. Sans être triste ou turbulent, il arrivera à établir sur la Terre la justice, et les îles attendront sa loi". Il est dit de Moi: "Moi, le Seigneur, Je t'ai appelé dans la justice, Je t'ai pris par la main, Je t'ai préservé, Je t'ai fait alliance du peuple et lumière des nations pour ouvrir les yeux aux aveugles et tirer de la prison les prisonniers, et de la prison souterraine ceux qui gisent dans les ténèbres". Il est dit de Moi: "L'Esprit du Seigneur est sur Moi, car le Seigneur m'a oint pour annoncer la Bonne Nouvelle à ceux qui sont doux, pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour annoncer la liberté aux esclaves, la libération aux prisonniers, pour annoncer l'année de grâce du Seigneur". Il est dit de Moi: "Il est le Fort, il fera paître le troupeau avec la force du Seigneur, avec la majesté du nom du Seigneur son Dieu. Ils se convertiront à Lui, parce que dès à présent il sera glorifié jusqu'aux derniers confins du monde". Il est dit de Moi: "J'irai Moi-même à la recherche de mes brebis. J'irai à la recherche des égarées, je ramènerai celles qui ont été chassées, j 1 attacherai celles qui ont des fractures, je restaurerai les faibles, je surveillerai celles qui sont grosses et robustes, je les ferai paître avec justice". Il est dit: "Il est le Prince de la paix et il sera la paix". Il est dit: "Voici que vient ton Roi, le Juste, le Sauveur. Il est pauvre, il chevauche un ânon. Il annoncera la paix aux nations. Sa domination ira d'une mer à l'autre jusqu'aux extrémités de la Terre". Il est dit: "Septante semaines ont été fixées pour ton peuple, pour ta cité sainte afin que soit enlevée la prévarication, que le péché prenne fin, que soit effacée l'iniquité, que vienne l'éternelle justice, que soient accomplies les visions et les prophéties, et que soit oint le Saint des Saints. Après sept plus soixante-deux viendra le Christ. Après soixante-deux, il sera mis à mort. Après une semaine, il confirmera le testament, mais au milieu de la semaine feront défaut les hosties et les sacrifices et ce sera dans le Temple l'abomination de la désolation et elle durera jusqu'à la fin des siècles".Il n'y aura donc plus d'hosties en ces jours? L'autel n'aura pas de victimes? Il aura la grande Victime. Voilà que la voit le prophète: "Quel est celui qui vient avec les vêtements teints en rouge? Il est beau dans son vêtement et il marche dans la grandeur de sa force". Et comment, Celui qui est pauvre, a-t-il teint son vêtement de pourpre? Voilà que le dit le prophète: "J'ai abandonné mon corps à ceux qui le frappaient, mes joues à celui qui m'arrachait la barbe, je n'ai pas éloigné mon visage de celui qui m'outrageait. Ma beauté et ma splendeur se sont perdues, et les hommes ne m'ont plus aimé. Les hommes m'ont méprisé, considéré comme le dernier! Homme de douleurs, mon visage sera voilé et méprisé et ils me regarderont comme un lépreux, alors que c'est pour tous que je serai couvert de plaies et mis à mort. Voici la Victime. Ne crains pas, ô Israël! Ne crains pas! L'Agneau pascal ne fait pas défaut! Ne crains pas, ô Terre! Ne crains pas. Voici le Sauveur. Comme une brebis il sera conduit à l'abattoir parce qu'il l'a voulu, et il n'a pas ouvert la bouche pour maudire ceux qui le tuent. Après sa condamnation, il sera élevé et consumé dans les souffrances, il aura ses membres déboîtés, ses os découverts, ses pieds et ses mains transpercés. Mais après l'angoisse par laquelle il justifiera un grand nombre, il possédera les multitudes parce que, après avoir livré sa vie à la mort pour le salut du monde, il ressuscitera et gouvernera la Terre, il nourrira les peuples avec les eaux vues par Ézéchiel, qui sortaient du vrai Temple qui, s'il est abattu, se relève par sa propre force, avec le vin dont s'est aussi empourpré le blanc vêtement de l'Agneau sans tache, et avec le Pain venu du Ciel". Assoiffés, venez aux eaux! Affamés, nourrissez-vous! Épuisés et vous malades, buvez mon vin! Venez, vous qui n'avez pas d'argent, vous qui n'avez pas de santé, venez! Et vous qui êtes dans les Ténèbres! Et vous qui êtes morts, venez! Je suis la Richesse et le Salut. Je suis la Lumière et la Vie. Venez, vous qui cherchez le Chemin! Venez, vous qui cherchez la Vérité! Je suis le Chemin et la Vérité! Ne craignez pas de ne pas pouvoir consommer l'Agneau parce que manquent les hosties vraiment saintes dans ce Temple profané. Tous vous aurez à manger de l'Agneau de Dieu venu pour enlever les péchés du monde, comme l'a dit de Moi le dernier des prophètes de mon peuple. De ce peuple auquel je demande: Mon peuple, que t'ai-je fait? En quoi t'ai-je contristé? Que pouvais-je te donner de plus que ce que je t'ai donné? J'ai instruit tes intelligences, j'ai guéri tes malades, j'ai comblé de bienfaits tes pauvres, j'ai rassasié tes foules, je t'ai aimé en tes enfants, j'ai pardonné, j'ai prié pour toi. Je t'ai aimé jusqu'au Sacrifice. Et toi, que prépares-tu pour ton Seigneur? Une heure, la dernière, t'est donnée, ô mon peuple, ô ma cité royale et sainte. Reviens en cette heure au Seigneur ton Dieu!” “Il a dit les vraies paroles!” “C'est ainsi qu'il est dit! Et Lui fait vraiment ce qui est dit!” “Comme un berger, il a eu soin de tous!” “Comme si nous étions des brebis dispersées, malades, dans le brouillard, il est venu nous amener au vrai chemin, nous guérir âme et corps, nous éclairer.” “Vraiment tous les peuples viennent à Lui. Regardez là ces gentils comme ils sont dans l'admiration!” “Il a annoncé la paix.” “Il a donné l'amour.” “Je ne comprends pas ce qu'il dit du sacrifice. Il parle comme si on devait le tuer.” “C'est ainsi, s'il est l'Homme vu par les prophètes, le Sauveur.” “Et il parle comme si tout le peuple devait le maltraiter. Cela n'arrivera jamais. Le peuple, nous, nous l'aimons.” “C'est notre ami. Nous le défendrons.” “Il est galiléen, et nous de Galilée, nous donnerons notre vie pour Lui.” “Il vient de David, et nous ne lèverons notre main que pour le défendre, nous de Judée.” “Et nous qu'il a aimés comme il vous a aimés vous, nous de l'Auranitide, de la Pérée, de la Décapole, pourrions-nous l'oublier? Tous, tous nous le défendrons.” Telles sont les paroles dans la foule désormais très nombreuse. Fragilité des intentions humaines! D'après la position du soleil, je juge qu'il doit être environ neuf heures du matin. Vingt-quatre heures plus tard, ces gens seront depuis plusieurs heures autour du Martyr pour le torturer par la haine et les coups, et hurler pour demander sa mort. Peu, très peu, trop peu parmi les milliers de personnes qui se pressent de tous les endroits de la Palestine et d'au-delà, et qui ont eu lumière, santé, sagesse, pardon du Christ, seront ceux qui non seulement ne chercheront pas à l'arracher à ses ennemis, parce que leur petit nombre par rapport à la multitude de ceux qui le frappent les en empêche, mais aussi ne sauront pas le réconforter en Lui donnant une preuve d'amour et en le suivant avec un visage ami. Les louanges, les marques de sympathie, les commentaires admiratifs se répandent dans la vaste cour comme les flots qui, de la haute mer, s'en vont au loin mourir sur le rivage. Des scribes, des pharisiens, des juifs tentent de neutraliser l'enthousiasme du peuple, et aussi la fermentation du peuple contre les ennemis du Christ, en disant: “Il délire. Sa lassitude est si grande qu'elle l'amène à délirer. Il voit des persécutions là où il y a des honneurs. Sa parole a des torrents de sa sagesse habituelle, mais mêlés à des phrases de délire. Personne ne veut Lui faire du mal. Nous avons compris, compris qui il est…” Mais les gens se méfient d'un pareil changement d'humeur et quelqu'un parmi eux se révolte en disant: “Il a guéri mon fils dément. Je sais ce que c'est que la folie. Ce n'est pas ainsi que parle quelqu'un qui est fou!” Et un autre: “Laisse-les dire. Ce sont des vipères qui ont peur que le bâton du peuple leur brise les reins. Ils chantent pour nous tromper le doux chant du rossignol, mais si tu écoutes bien, il y a le sifflement du serpent.” Et un autre encore: “Sentinelles du peuple du Christ, garde à vous! Quand l'ennemi caresse, il a le poignard caché dans sa manche et il allonge la main pour frapper. Les yeux ouverts et le cœur prêt! Les chacals ne peuvent devenir des agneaux dociles.” “Tu dis bien: le hibou réjouit et enchante les oiseaux naïfs par l'immobilité de son corps et la gaieté menteuse de son salut. Il rit et invite par son cri, mais il est déjà prêt à dévorer.” Et c'est ainsi d'un groupe à l'autre. Mais il y a aussi les gentils, ces gentils qui toujours plus nombreux ne manquent pas d'écouter le Maître en ces jours de fête. Toujours en marge de la foule, car l'exclusivisme hébreu-palestinien est très fort et il les repousse, voulant les premières places autour du Maître, mais eux désirent l'approcher et Lui parler. Un groupe nombreux d'entre eux aperçoit Philippe que la foule a refoulé dans un coin. Ils s'approchent de lui pour lui dire: “Seigneur, nous voudrions voir de près Jésus, ton Maître, et Lui parler au moins une fois.” Philippe se dresse sur la pointe des pieds pour voir s'il découvre quelqu'apôtre plus près du Seigneur. Il voit André et lui crie après l'avoir appelé: “Il y a ici des gentils qui voudraient saluer le Maître. Demande-lui s'il veut les accueillir.” André, séparé de Jésus par quelques mètres, serré dans la foule, se fraie un passage sans beaucoup d'égards, travaillant généreusement des coudes et criant: “Faites place! Faites place, dis-je! Je dois aller vers le Maître.” Il le rejoint et Lui transmet le désir des gentils. “Conduis-les dans ce coin. J'irai les trouver.” Et pendant que Jésus essaie de passer parmi les gens, Jean, qui est revenu avec Pierre, Pierre lui-même, Jude Thaddée, Jacques de Zébédée et Thomas, qui laisse le groupe de ses parents trouvés dans la foule pour aider ses compagnons, s'efforcent de Lui faire un chemin. Voilà Jésus là où sont déjà les gentils qui le saluent. “La paix à vous. Que voulez-vous de Moi?” “Te voir. Te parler. Tes paroles nous ont troublés. Depuis longtemps nous désirions te parler pour te dire que ta parole nous frappe, mais nous attendions de le faire à un moment propice. Aujourd'hui… Tu parles de mort… Nous craignons de ne plus pouvoir te parler si nous ne saisissons pas cette heure. Mais est-il possible que les hébreux puissent tuer leur meilleur fils? Nous sommes gentils, et ta main ne nous a pas fait du bien. Ta parole nous était inconnue. Nous avions entendu parler vaguement de Toi, mais nous ne t'avions jamais vu ni approché. Et pourtant, tu le vois! Nous te rendons hommage. C'est le monde entier qui t'honore avec nous.” “Oui, l'heure est venue où le Fils de l'homme doit être glorifié par les hommes et par les esprits.” Maintenant les gens entourent de nouveau Jésus, avec la différence que les gentils sont au premier rang, et les autres en arrière. “Mais alors, si c'est l'heure de ta glorification, tu ne mourras pas comme tu dis ou comme nous avons compris. Car ce n'est pas être glorifié de mourir de cette façon. Comment pourras-tu réunir le monde sous ton sceptre si tu meurs avant de l'avoir fait? Si ton bras s'immobilise dans la mort, comment pourras-tu triompher et rassembler les peuples?” “C'est en mourant que je donne la vie. En mourant, j'édifie. En mourant, je crée le Peuple nouveau. C'est dans le sacrifice que l'on a la victoire. En vérité je vous dis que si le grain de froment tombé sur la terre ne meurt pas, il reste infécond, mais si au contraire il meurt, voilà qu'il produit beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra. Celui qui hait sa vie en ce monde, la sauvera pour la vie éternelle. Moi, ensuite, j'ai le devoir de mourir pour donner cette vie éternelle à tous ceux qui me suivent pour servir la Vérité. Que celui qui veut me servir vienne: la place n'est pas limitée dans mon Royaume à tel ou tel peuple. Quiconque veut me servir qu'il vienne à Moi et me suive, et où je serai, sera aussi mon serviteur. Et celui qui me sert, sera honoré par mon Père, Unique, Vrai Dieu, Seigneur du Ciel et de la Terre, Créateur de tout ce qui existe, Pensée, Parole, Amour, Vie, Chemin, Vérité; Père, Fils, Esprit Saint, Un en étant Trin, Trin tout en étant Unique, Seul, Vrai Dieu. Mais maintenant mon âme est troublée. Et que dirai-je? Je dirai peut-être: "Père sauve-moi de cette heure"? Non, parce que je suis venu pour cela: pour arriver à cette heure. Et alors je dirai: "Père glorifie ton Nom!" Jésus ouvre les bras en croix, une croix pourpre contre la blancheur des marbres du portique, il lève son visage en s'offrant, en priant, en montant avec son âme vers le Père. Et une voix, plus forte que le tonnerre, immatérielle en ce sens qu'elle ne ressemble à aucune voix d'homme, mais très sensible à toutes les oreilles, emplit le ciel serein de la magnifique journée d'avril et elle vibre, plus puissante que l'accord d'un orgue géant, d'une très belle tonalité et elle proclame: “Et Moi, Je l'ai glorifié et Je le glorifierai encore.” Les gens ont eu peur. Cette voix si puissante qu'elle a fait vibrer le sol et ce qui s'y trouve, cette voix mystérieuse, différente de toute autre, qui vient d'une source inconnue, cette voix qui emplit tout l'espace, du nord au midi, de l'orient à l'occident, terrorise les hébreux et stupéfait les païens. Les premiers, quand ils le peuvent, se jettent sur le sol, murmurant dans leur crainte: “Maintenant nous allons mourir! Nous avons entendu la voix du Ciel. Un ange Lui a parlé!” et ils se battent la poitrine en attendant la mort. Les seconds crient: “Un tonnerre! Un grondement! Fuyons! La Terre a rugi! Elle a tremblé!” Mais il est impossible de fuir dans cette cohue qui augmente lorsque les gens, qui étaient encore en dehors des murs du Temple, accourent à l'intérieur en criant: “Pitié pour nous! Courons! Ici, c'est le lieu saint. Il ne se fendra pas le mont où s'élève l'autel de Dieu!” Et ainsi chacun reste où il est, bloqué par la foule et l'épouvante. Sur les terrasses du Temple accourent les prêtres, les scribes, les pharisiens, qui étaient éparpillés dans ses méandres et les lévites et les stratèges, agités, stupéfaits. Mais de tous ceux-là ne descendent, parmi les gens qui sont dans les cours, pas d'autres que Gamaliel avec son fils. Jésus le voit passer, tout blanc dans son vêtement de lin qui est si blanc qu'il resplendit jusque sous le soleil éclatant qui le frappe. Jésus regarde Gamaliel, mais comme s'il parlait pour tout le monde, il élève la voix pour dire: “Ce n'est pas pour Moi, mais pour vous que cette parole est venue du Ciel.” Gamaliel s'arrête, se retourne et il transperce par les regards de ses yeux profonds et très noirs - que l'habitude d'être un maître vénéré comme un demi-dieu rend involontairement durs comme ceux des rapaces - le regard de saphir, limpide, doux, dans sa majesté, de Jésus… Et Jésus continue: “C'est maintenant le jugement de ce monde. C'est maintenant que le Prince des Ténèbres va être chassé dehors. Et Moi, quand je serai élevé j'attirerai tout à Moi, car c'est ainsi que le Fils de l'homme opérera le salut.” “Nous avons appris des livres de la Loi que le Christ vit éternellement. Et Toi tu te dis le Christ et tu dis que tu dois mourir. Et encore tu dis que tu es le Fils de l'homme et que tu sauverais parce qu'on t'élèvera. Qui es-tu donc? Le Fils de l'homme ou le Christ? Et qu'est-ce que le Fils de l'homme?” dit la foule qui reprend de la hardiesse. “Ce sont une unique personne. Ouvrez les yeux à la Lumière. C'est encore pour peu que la Lumière est avec vous. Marchez vers la Vérité tant que vous avez la Lumière parmi vous, afin que les Ténèbres ne vous surprennent pas. Ceux qui marchent dans l'obscurité ne savent pas où ils vont aboutir. Tant que vous avez la Lumière parmi vous, croyez en Elle, pour être fils de la Lumière.” Il se tait. La foule est perplexe et divisée. Une partie s'en va en secouant la tête. Une partie observe l'attitude des principaux dignitaires: pharisiens, chefs des prêtres, scribes… et spécialement de Gamaliel, et ils règlent leurs propres gestes sur cette attitude. D'autres encore approuvent de la tête et s'inclinent devant Jésus avec des signes très clairs qui veulent dire: “Nous croyons! Nous t'honorons pour ce que tu es.” Mais ils n'osent pas se déclarer ouvertement en sa faveur. Ils ont peur des yeux attentifs des ennemis du Christ, des puissants, qui les surveillent du haut des terrasses qui dominent les magnifiques portiques qui entourent l'enceinte du Temple. Gamaliel aussi, après être resté pensif quelques minutes, et qui semble interroger le pavé de marbre pour avoir une réponse aux questions qu'il se pose à lui-même, se dirige de nouveau vers la sortie après un mouvement de la tête et des épaules semblant traduire son désappointement ou son mépris… et il passe tout droit devant Jésus, sans plus le regarder. Jésus, de son côté, le regarde avec compassion… et il élève de nouveau la voix avec force - c'est comme une trompette de bronze - pour dépasser tous les bruits et être entendu par le grand scribe qui s'en va déçu. Il semble parler pour tout le monde, mais il est évident qu'il parle pour lui seul. Il dit d'une voix très forte: “Celui qui croit en Moi ne croit pas, en vérité, en Moi, mais en Celui qui m'a envoyé, et celui qui me voit Celui qui m'a envoyé. Et Celui-là est bien le Dieu d'Israël! Car il n'y a pas d'autre Dieu que Lui. Aussi, je vous dis: si vous ne pouvez croire en Moi en tant que celui que l'on appelle fils de Joseph de David et fils de Marie, de la lignée de David, de la Vierge vue par le prophète, né à Bethléem, comme il est dit par les prophéties, précédé par le Baptiste, comme il est dit encore depuis des siècles, croyez au moins à la Voix de votre Dieu qui vous a parlé du Ciel. Croyez en Moi comme Fils de ce Dieu d'Israël. Que si vous ne croyez pas à Celui qui vous a parlé du Ciel, ce n'est pas Moi que vous offensez, mais votre Dieu dont je suis le Fils. N'ayez pas la volonté de rester dans les ténèbres! Je suis venu au monde comme Lumière afin que celui qui croit en Moi ne reste pas dans les ténèbres. Ne consentez pas à vous créer des remords que vous ne pourriez plus apaiser quand je serai retourné là d'où je suis venu, et qui seraient un bien dur châtiment de Dieu pour votre entêtement. Je suis prêt à pardonner tant que je suis parmi vous, tant que le jugement n'est pas fait, et en ce qui me concerne j'ai le désir de pardonner. Mais différente est la pensée de mon Père, car Moi, je suis la Miséricorde et Lui est la Justice. En vérité je vous dis que si quelqu'un écoute mes paroles et n'en tient pas compte, ce n'est pas Moi qui le juge. Je ne suis pas venu dans le monde pour le juger mais pour le sauver. Mais aussi si Moi je ne juge pas, en vérité je vous dis qu'il y a quelqu'un qui juge vos actions. Mon Père, qui m'a envoyé, juge ceux qui repoussent sa Parole. Oui, celui qui me méprise et ne reconnaît pas la Parole de Dieu et ne reçoit pas les paroles du Verbe, voilà ce qu'il a pour le juger: la parole même que j'ai annoncée, celle qui le jugera au dernier jour. On ne se moque pas de Dieu, est-il dit. Et le Dieu dont on s'est moqué sera terrible pour ceux qui l'auront jugé fou et menteur. Rappelez-vous tous que les paroles que vous m'avez entendu dire sont de Dieu. Car je n'ai pas parlé de Moi-même, mais le Père qui m'a envoyé, Lui-même, m'a prescrit ce que je dois dire et de quoi je dois parler. Et Moi, j'obéis à son commandement car je sais que son commandement est juste. Tout commandement de Dieu est Vie éternelle, et Moi, votre Maître, je vous donne l'exemple de l'obéissance à tout commandement de Dieu. Soyez donc certains que les choses que je vous ai dites et que je vous dis, je les ai dites et je les dis comme mon Père m'a dit de vous les dire. Et mon Père est le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob; le Dieu de Moïse, des patriarches et des prophètes, le Dieu d'Israël, votre Dieu.” Paroles de lumière qui tombent dans les ténèbres qui déjà s'épaississent dans les cœurs! Gamaliel, qui s'était de nouveau arrêté, la tête penchée reprend sa marche… D'autres le suivent en hochant la tête ou en ricanant. Jésus aussi s'en va… Mais avant il dit à Judas de Kériot: “Va où tu dois aller”, et aux autres: “Chacun est libre d'aller où il doit ou bien où il veut. Qu'avec Moi restent les disciples bergers.” “Oh! prends-moi aussi avec Toi, Seigneur!” dit Etienne. “Viens…” Ils se séparent. Je ne sais pas où va Jésus. Mais je sais où va Judas de Kériot. Il va à la Belle Porte, en montant des marches qui mènent de l'Atrium des Gentils à celui des femmes, et après l'avoir traversé, en montant à son extrémité d'autres marches, il jette un coup d'œil dans l'Atrium des Hébreux et, fâché, il frappe le sol du pied parce qu'il ne trouve pas celui qu'il cherche. Il revient sur ses pas. Il voit un des gardes du Temple. Il l'appelle et lui ordonne avec son arrogance habituelle: “Va trouver Eléazar ben Anna. Qu'il vienne tout de suite à la Belle. Judas de Simon l'attend pour des choses graves.” Il s'appuie à une colonne et attend. Après un moment, Eléazar fils d'Anna, Elchias, Simon, Doras, Cornelius, Sadoc, Nahum et d'autres, accourent avec leurs vêtements qui volent au vent. Judas parle à voix basse, mais excitée: “Ce soir! Après la cène. Au Gethsémani. Venez-y et prenez-le. Donnez-moi l'argent.” “Non. Nous te le donnerons quand tu viendras nous prendre ce soir. Nous ne nous fions pas à toi! Nous te voulons avec nous. On ne sait jamais!” raille Elchias. Les autres l'approuvent en chœur. Judas s'enflamme de dédain à cause de l'insinuation. Il jure: “Je jure sur Jéhovah que je dis la vérité!” Sadoc lui répond: “C'est bien. Mais il vaut mieux faire ainsi. Quand c'est l'heure, tu viens, tu prends ceux qui sont chargés de la capture et tu vas avec eux. Qu'il n'arrive pas que les gardes imbéciles arrêtent Lazare au hasard et fassent arriver des malheurs. Tu leur indiqueras l'homme par un signe… Tu dois comprendre! C'est la nuit… il y aura peu de clarté… les gardes seront fatigués, endormis… Mais si tu les guides!… Voilà! Qu'en dites-vous?” Il se tourne vers ses compagnons le perfide Sadoc, et il dit: “Je proposerais comme signal un baiser. Un baiser! Le meilleur signe pour indiquer l'ami trahi. Ah! Ah!” Tous rient: un chœur de démons ricanant. Judas est furieux, mais il ne recule pas. Il ne recule plus. Il souffre pour le mépris qu'ils lui montrent, non pas pour ce qu'il va faire, si bien qu'il dit: “Mais rappelez-vous que je veux l'argent compté dans la bourse avant de sortir d'ici avec les gardes.” “Tu l'auras! Tu l'auras! Nous te donnerons même la bourse pour que tu puisses garder l'argent, comme une relique de ton amour. Ah! Ah! Ah! Adieu, serpent!” Judas est livide. Il est déjà livide. Il ne perdra jamais plus cette couleur et cette expression d'épouvante désespérée. Au contraire, avec les heures, elle s'accentuera toujours jusqu'à être insoutenable à la vue quand il sera pendu à l'arbre… Il s'enfuit… Jésus s'est réfugié dans le jardin d'une maison amie, un jardin tranquille des premières maisons de Sion. Il est entouré de murs élevés et anciens. Il est silencieux et frais, couvert comme il l'est par les feuillages un peu agités des vieux arbres. Une voix de femme peu lointaine chante une douce berceuse. Il a dû se passer des heures car les serviteurs de Lazare, de retour après être allés je ne sais où, disent: “Tes disciples sont déjà dans la maison où on prépare la cène et Jean, après avoir apporté avec nous les fruits aux enfants de Jeanne de Chouza, s'en est allé prendre les femmes pour les accompagner chez Joseph d'Alphée, qui est venu seul aujourd'hui, alors que sa mère ne comptait plus le voir, et puis, de là, à la maison de la cène car c'est le soir.” “Nous irons nous aussi. Elles sont arrivées les heures des cènes…” Jésus se lève pour remettre son manteau. “Maître, il y a là dehors des personnes, des personnes fortunées. Elles voudraient te parler sans être vues par les pharisiens” dit un serviteur. “Fais-les entrer. Esther ne s'y opposera pas. N'est-ce pas, femme?” dit Jésus en se tournant vers une femme d'âge mûr qui accourt pour le saluer. “Non, Maître. Ma maison est la tienne, tu le sais. Tu ne t'en es servi que trop peu!” “Autant qu'il faut pour dire à mon cœur: c'était une maison amie.” Il commande au serviteur: “Conduis ceux qui attendent.” Il entre une trentaine de personnes bien mises. Elles le saluent. Quelqu'un parle au nom de tous: “Maître, tes paroles nous ont secoués. Nous avons entendu en Toi la voix de Dieu. Mais ils nous traitent de fous parce que nous croyons en Toi. Que faire alors?” “Ce n'est pas à Moi qu'il croit celui qui croit en Moi, mais il croit à Celui qui m'a envoyé et dont aujourd'hui vous avez entendu la voix très sainte. Ce n'est pas Moi que voit celui qui me voit, mais il voit Celui qui m'a envoyé, car je suis une seule chose avec mon Père. À cause de cela, je vous dis que vous devez croire pour ne pas offenser Dieu, qui est mon Père et le vôtre, et qui vous aime jusqu'à sacrifier son Fils Unique. S'il y a des doutes dans les cœurs que je sois le Christ, il n'y a pas de doute que Dieu est au Ciel, et la voix de Dieu que j'ai appelé Père, aujourd'hui, au Temple, en Lui demandant de glorifier son Nom, a répondu à Celui qui l'appelait Père, et sans Lui dire "menteur ou blasphémateur" comme disent plusieurs. Dieu a confirmé qui je suis: sa Lumière. Je suis la Lumière venue au monde afin que celui qui croit en Moi ne reste pas dans les Ténèbres. Si quelqu'un entend mes paroles et ensuite ne les met pas en pratique, Moi je ne le juge pas. Je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour sauver le monde. Celui qui me méprise et ne reçoit pas mes paroles a quelqu'un qui le juge. La parole que j'ai annoncée, c'est elle qui le jugera au dernier jour. En effet, elle était sage, parfaite, douce, simple, comme l'est Dieu. Car cette Parole, c'est Dieu. Ce n'est pas Moi, Jésus de Nazareth, appelé le fils de Joseph le menuisier de la race de David et fils de Marie, enfant hébraïque, vierge de la race de David mariée à Joseph, qui ai parlé. Non. Je n'ai pas parlé de Moi-même, mais c'est mon Père, Celui qui est dans les Cieux et dont le nom est Jéhovah, Celui qui aujourd'hui a parlé, Celui qui m'a envoyé, qui m'a prescrit de dire ce que je dois dire et de quoi je dois parler. Et je sais que dans son commandement il y a la vie éternelle. Les choses donc que je dis, je les dis comme me les a dites le Père, et en elles il y a la Vie. C'est pour cela que je vous dis: écoutez-les. Mettez-les en pratique et vous aurez la Vie. Car ma parole est Vie, et celui qui l'accueille, accueille, en même temps que Moi, le Père des Cieux qui m'a envoyé pour vous donner la Vie. Et celui qui a Dieu en lui a en lui la Vie. Allez. Que la paix vienne à vous et y reste.” Il les bénit et les congédie. Il bénit aussi les disciples. Il retient seulement Isaac et Etienne. Il embrasse les autres et les congédie et, quand ils sont partis, il sort le dernier avec les deux, et il va avec eux par les ruelles les plus solitaires et déjà sombres, à la maison du Cénacle. Arrivé là, il embrasse et bénit avec un amour particulier Isaac et Etienne, il les baise, les bénit de nouveau, les regarde partir, et puis il frappe et entre…
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/
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